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Papillon (Traducteur)
EAN : 9791030706239
224 pages
Au Diable Vauvert (08/02/2024)
3.42/5   13 notes
Résumé :
Esclave dans une plantation de canne à sucre, Moa vit sous la chaleur caniculaire, dans la crainte du fouet des maîtres. Mais la révolte gronde, conduite par le charismatique Tacky. Le jour du soulèvement approche, ils seront les guerriers de la canamelle.

Tragique, captivante et inoubliable, I’histoire véridique de la révolte de Tacky contre les esclavagistes britanniques de Jamaïque en 1760.
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Moa, c'est celui qui nous raconte la véritable révolte de ce printemps 1760 survenue dans sa plantation de Saint Mary en Jamaïque, et dans celles alentour. Il a quatorze ans, n'a pas encore sa taille d'homme mais a suivi courageusement ce mouvement de rébellion pour dire non à l'esclavage imposée par les démons blancs d'Angleterre, non à la peur et la cruauté du taille-échine des surveillants qui lacère les peaux jusqu'au sang.

Ces journées d'avril sont celles de la moisson de la canamelle, couper la canne à sucre, tant de jours, et tant d'heures tous les jours. le soleil cuit son corps. Les mouvements de la serpe endolorissent ses bras, son dos se casse sous les courbures répétées. La semoule de maïs et quelques os à ronger sont les seules nourritures pour apaiser les estomacs affamés.

Dernièrement, la mort de Missy Pam, en plein champ, a fait couler « l'eau des yeux » de tous ceux qui l'adoraient. Elle était celle qui guérissait, qui racontait les histoires de leur peuple, qui évoquait les esprits de leurs dieux et déesses. Ils n'ont pu lui chanter un air akan pour lui dire adieu, la faire reposer au pied d'un grand arbre où coulerait une rivière.
Alors, il faut profiter du dimanche de Pâques pour fuir, cesser de supporter ces conditions inhumaines. Mais pour fuir, certains d'entre eux, dont Moa, doivent « chouriner » les surveillants blancs, le Maître, sa femme, ses enfants. Les tuer tous pour qu'aucun ne donne l'alerte.
Les paroles de Moa nous montrent les marmaillons, les plus jeunes garçons, qui arrachent les feuilles sèches au pied des cannes à sucre. Les femmes et filles, dont Hamaya, tirent les charrettes jusqu'au moulin où le père de Moa broie et presse la canamelle. La crainte d'Hamaya tourne dans sa tête : bientôt, elle sera prise le soir, pour contenter les surveillants blancs.

Pourtant, cette révolte menée par Tacky, le frère de la pauvre Missy Pam, ne peut être sans danger. le père de Moa le met en garde, des sanctions mortelles attendent les fauteurs de troubles mais Moa est déterminé « Je préfère mourir en me battant que de mourir en travaillant pour les genses blancs. » Notre jeune esclave veut suivre son ami Keverton, se battre pour leur liberté à tous. C'est leur unique moyen, devenir guerriers, tuer pour faire valoir leurs droits.
Puissent les dieux et les déesses akans être favorables à leur révolte !
Nous, on se contente de trembler d'espoir pour ces combattants de la liberté.


L'auteur a choisi que les dialogues engagés entre Moa et les siens soient en patois jamaïcain, sûrement une sorte de créole de là-bas. Loin de déstabiliser, une fois cette originalité adoptée, ce langage confère un supplément de crédibilité au récit, semble même abolir les distances, nous donnant l'impression d'entendre ces voix qui retentissent dans toute leur authenticité.
Il y a, bien sûr, un peu de la Jamaïque dans ces pages avec ses fruits, son eau de coco pour se désaltérer, sa faune, un peu de sa flore. J'aurais pourtant aimé m'éblouir davantage, lire un peu plus sur cette île luxuriante des Caraïbes.
Cette lecture reste toutefois intense, tragique sur la barbarie humaine, sur la violence qui ne peut répondre qu'à la violence. L'exploitation de l'homme noir par l'homme blanc est toujours un sujet extrêmement révoltant, douloureux. En faisant parler Moa, Alex Wheatle en a fait un roman intime, qui émeut terriblement. le garçon, malgré son estomac souvent noué, accomplit ses tâches, ne renonce pas tout en étant traumatisé par la violence de ce combat. L'amitié entre Keverton et lui viennent illuminer cette rébellion pour être libre, mener sa vie sur un petit lopin de terre et manger à sa faim.

Un cri vient scander la révolte « le sang n'oubliera pas ». Alors même si, inévitablement, certains vont rejoindre les ancêtres, le sang qui coule et coulera chez ceux qui restent et ceux à venir ne peut oublier, ne doit oublier. Et l'auteur, qui pourrait très bien être un descendant de ces guerriers, le prouve ici en donnant voix à Moa.
Soutenu par Amnesty International, tout en dénonçant l'esclavage d'hier, ce roman est là pour penser aussi aux droits humains qui sont piétinés, ignorés aujourd'hui encore dans un grand nombre de pays. L'esclavage moderne est une réalité que les pays dits « d'égalité et de liberté » cautionnent avec le commerce international.

Merci aux Éditions Au Diable Vauvert et à Masse Critique.
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Un roman qui raconte la révolte, en 1760 à la Jamaïque, d'esclaves noirs contre l'oppression ignoble des colons britanniques dans les plantations de canne à sucre, moins connue que celle de Toussaint Louverture en Haïti, mais tout aussi emblématique.
Une révolte menée par Tacky, qui avait été, avant sa déportation aux Antilles, un roi noir en Afrique, un homme cultivé qui parlait anglais.
Une révolte qui, au départ, avait permis de se débarrasser des gardiens des plantations et des soldats d'un Fort voisin, mais qui fut anéantie par l'arrivée d'un contingent militaire qui tua tous les « guerriers de la canamelle », autre nom de la canne à sucre. La tête de Tacky fut tranchée et exposée en public sur une pique.

Le récit romancé de cet épisode véridique est raconté par Moa, un adolescent de 14 ans, qui participe aux combats.
C'est raconté à hauteur d'un jeune plein d'espoir et de peur. L' auteur, Alex Wheatle, un anglais d'origine jamaïcaine, a choisi une narration qui, je le suppose, doit être en patois jamaïcain, et que rend très bien la traduction française en un patois fleuri et savoureux que je ne sais à quelle région ou époque de notre France l'attribuer, mais ce n'est pas gênant. On ne dira jamais assez l'importance de la traduction pour faire vivre un livre.

Le récit est haletant, plein de rythme et de péripéties, d'émotions et d'humanité. On se met facilement dans la peau de ces êtres un peu frustes, épris de liberté.

J'ai trouvé que l'auteur a su parfaitement rendre les conditions de vie terribles et l'oppression inique subie par les esclaves, les croyances et la solidarité de ces derniers, et la découverte émerveillée par les révoltés du monde extérieur à leur plantation.

Ce récit m'a rappelé à quel point les humains, en l'occurrence ici les colons britanniques, mais ça s'applique à tous les colonisateurs, ont détruit le monde africain, comme d'autres ont détruit le monde des indiens d'Amérique, niant l'humanité de leurs frères et soeurs humains, comme le firent plus tard tous les génocidaires, les ségrégationnistes de l'Apartheid et les autres.
Et combien ce combat pour les droits humains fondamentaux est toujours d'actualité, d'ailleurs, je signale que ce livre a pu être édité avec le concours d'Amnesty International, ce qui n'est pas rien.

Je remercie Babelio de m'avoir retenu pour la lecture de ce roman,et les éditions Au Diable Vauvert pour leur envoi.
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Alex Wheatle est un auteur jamaïcain qui est très connu dans la littérature jeunesse grâce notamment à sa série « P'tit bout ». Personnellement, je ne le connaissais pas. Lorsque j'ai reçu cette masse critique privilégiée je n'ai pas hésité à m'y inscrire aimant découvrir de nouveaux auteurs ou nouvelles autrices.

1760. L'île de la Jamaïque. Depuis son enfance, Moa, quatorze ans, est esclave dans une plantation de canne à sucre de Frontier Estate. Il est employé comme son ami Keverton à la coupe des cannes à sucre. Sa mère est cuisinière pour les propriétaires et son père alimente le moulin qui broie les cannes. Comme tous les esclaves, ils vivent dans la crainte du coup de fouet des maitres. Certains en meurent, d'autres restent mutilés à vie.

La peur quotidienne règne également chez les toutes jeunes filles qui sont régulièrement choisies par les maitres afin de passer la nuit avec eux.

C'est dans ce contexte inhumain que Moa apprend qu'une révolte se prépare, conduite par le charismatique Tacky. Malgré son jeune âge et l'avis contraire de son père, Moa veut en être au côté de son ami Keverton. le jour J approche. La révolte sera menée par « Les guerriers de la canamelle ».

Avec courage et abnégation, Moa et ses compagnons (Midgewood, Louis, Barbe-de –Mais, Cudgemon….) vont se battre pour leur liberté et celle de leur famille, mais défier l'ordre établi par les maitres blancs ne sera pas sans conséquence.

« Les guerriers de la Canamelle » est un roman captivant sur le thème de l'esclavage et tout particulièrement sur l'histoire véridique de la révolte de Tacky contre les esclavagistes britanniques de Jamaïque. Moins célèbre que celle d'Haïti menée par Toussaint Louverture, elle n'en est pas moins sanglante et tragique.

A travers ce roman, Alex Wheatle rend un vibrant hommage à ses ancêtres qui ont vécu dans ces plantations. Il utilise même un dialecte jamaïcain pour les dialogues entre les différents protagonistes.
Malgré les descriptions des souffrances endurées par les esclaves, ce roman parfaitement écrit se lit facilement.

Voici donc un livre à mettre entre toutes les mains pour dire et crier « plus jamais ça ». Comme le fut la Shoa et autres évènements tragiques de l'histoire, l'esclavagisme est la honte de l'humanité et montre à quel point l'humain est capable du pire et de l'innommable.

Contrairement à ces différents mouvements « woke », je pense qu'il faut raconter, montrer… et ne pas détruire ni déconstruire ce que l'homme a été capable de faire de plus immonde avec l'espoir qu'un jour cela serve de leçon. Mais cela, ce n'est pas gagné !

Je remercie Babelio et les éditions « Au diable vauvert » pour cette masse critique privilégiée.
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La Liberté ou la Mort !

Je remercie vivement le site de Babelio et l'éditeur Au Diable Vauvert pour cette découverte dans le cadre de la masse critique privilégiée d'avril 2024.

Cette lecture m'a permis de connaître cette révolte d'esclaves en Jamaïque au XVIIIe siècle.

Un livre rédigé dans un patois jamaïquain (comme l'a précisé fort justement un autre chroniqueur) abordable et qui permet de s'immerger complètement dans cette révolte et dans la personnalité des personnages ; d'autant plus que le récit est rédigé à la première personne du singulier.

Je me suis attachée au petit Moa, un adolescent de 14 ans, qui s'insurge et à son ami Keverton, de deux ans son aîné. Moa est très courageux, même si des doutes germent dans son esprit et que son estomac se noue souvent…
J'ai également bien aimé les personnages féminins tellement courageux, comme la mère de Moa qui approuve son choix et la petite Amaya qui à l'âge de 11 ans tire la charrette remplie de cannes à sucre coupées à longueur de journée…

Un livre vraiment très émouvant !

J'ai beaucoup pensé à la révolte des esclaves en Saint-Domingue et au conventionnel Sontonax, qui le premier qui a aboli l'esclavage le 29 août 1793, avant que la Convention ne décide, à Paris, l'abolition de l'esclavage dans toutes les colonies, le 4 février 1794 !

Alex Wheatle précise dans une postface que sa mère était originaire des villages décrits en Jamaïque. Un bel hommage pour elle et ces guerriers qui luttaient pour leur liberté et n'hésitèrent pas à préférer la mort que l'enchaînement, un bel hommage aux révolutionnaires de 1792, dont c'était leur devise.

Cet ouvrage est soutenu par Amnesty International : cet organisme précise qu'il existe encore 45 millions de personnes qui subissent l'esclavage moderne de nos jours…

Comment peut-on faire cela à d'autres humains ?
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Lorsqu'une Masse critique privilégiée m'a proposé la lecture du roman d'Alex Wheatle, "Les guerriers de la Canamelle", j'ignorais que cet auteur écrivait pour les adolescents et que j'aurais à commenter un roman historique pour jeunes lecteurs.

1760. Jamaïque. Plantation de canne à sucre. Moa a quatorze ans et il est esclave. Depuis l'enfance, il travaille dur dans les champs pendant des journées chaudes et interminables de quatorze heures , et reçoit des coups de fouet à la moindre pause non autorisée. Il vit dans une cabane minuscule avec une dizaine d'hommes et ne voit ses parents que très rarement. Sa mère travaille aux cuisines dans la maison du maître et son père au moulin. Une nuit, il apprend l'existence d'un soulèvement, mené par le charismatique Tacky. Moa veut être un guerrier de la canne et se battre pour sa liberté, et celle de tous les esclaves des plantations voisines. Mais avant de pouvoir s'échapper, Moa et son ami Keverton doivent affronter leur première mission : tuer l'un des surveillants , Misser Donaldson.

La mère d'Alex Wheatle vivait dans un village proche de la plantation où s'est produit le soulèvement, et l'auteur a passé son enfance à rêver d'être le descendant d'un des esclaves qui a participé à la révolte.
Bien évidemment, cette rébellion fut violente et sanglante et il ne dissimule pas la cruauté des rebelles qui vont jusqu'à tuer les marmaillons ( les enfants). Il justifie toutefois ces crimes en invoquant la nécessité de ne pas être dénoncé et minore la violence en montrant les rebelles affligés par cette nécessité.

La description des souffrances endurées par les esclaves et la mention des viols subis par les très jeunes filles sont sans doute nécessaires pour informer les jeunes lecteurs de cette réalité historique. Si les mots sont saisissants, il n'y aucune complaisance, ni volonté de choquer dans le déroulement des différentes scènes. le ton reste essentiellement didactique.

La narration est chronologique et ne présente aucune difficulté de compréhension.
Cependant pour les dialogues, l'auteur a fait le choix d'un patois jamaïcain très imagé et poétique, savoureux pour les adultes, mais qui peut perturber un jeune lecteur peu habitué à ce type d'expression. le décryptage peut alors s'avérer trop difficile.
Quelques jolis exemples : s'escamper, s'embéguiner, jaspinante, gambilles, défunter, quiétance, icitte...

La postface de l'auteur apporte quelques précisions sur le contexte historique, et on apprend que le livre est soutenu par Amnesty International qui évoque l'esclavage moderne et incite les jeunes lecteurs à se mobiliser pour la défense des droits humains.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
On a grimpé la pente et on s'est alignés tout en haut. D'abord, je n'ai vu qu'une brume bleue. Puis mes yeux se sont adaptés à la lumière et j'ai pu contempler l'eau bleue gigante. Elle s'étendait sans fin jusqu'au bout de l'horizon. C'était une vision merveilleuse. Quelque chose a remué dans ma poitrine, comme si mon sang se rappelait la perte de nos ancêtres. J'avais du mal à croire que les pères et mères d'avant moi avaient pu traverser une si grande quantité d'eau ; ça ne paraissait pas possible.
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"C'est quoi, cet endroit où qu'on est ?
- C'est là où les genses blancs gardaient leurs fusils. Ils étaient dedans une pièce du sous-sol.
- Hein ? Ils ont des pièces sous le sol ? Ils vivent comme les crabes de terre, les couleuvres et le vers, ces bougres-là ?
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Un jour, les dieux akans se revancheront, disait-il souvent. Ils nous laisseront pas souffrir comme ça pour toujours. ça aurait pu être moi. C'est de ça que Papa voulait m'avertir. Mais au moins Vieux-Cliff a défunté en se battant pour la liberté.
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Je n'ai pas honte d'avouer qu'écrire cette histoire m'a souvent fait pleurer ; mais cela a également amplifié mon admiration pour ceux qui ont vécu avant moi et ont combattu la barbarie impériale avec une immense bravoure.
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Tacky, il se souvient encore des terres au-delà de l'eau bleue gigante. Une terre de paradis, comme il dit. Et il se souvient de mots et de coutumes que les genses blancs ont jamais su qu'ils existaient.
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