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Citations de Alexandre Lenot (35)


Peut-être qu'il nous faut de nouveaux rites pour en finir avec nos peurs, de nouvelles forêts pour nous abriter du regard du ciel, de nouveaux faisceaux pour éclairer nos nuits, de nouvelles phalanges pour nous garder de nos ennemis. De nouvelles pluies pour nous faire reverdir, enfin.
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Des questions ressassées des centaines de fois, au creux des jours et au soir avant de s'endormir, par ces hommes fatigués et brutaux, avides et peinés, qui sentent leur vieux monde s'embrumer peu à peu, parcouru par les vents et la mort, raviné par les pluies, isolé par les contreforts noirs, des routes trop peu nombreuses et difficiles à entretenir, des voies ferrées déficitaires et sans cesse menacées par des comptables dont les visages ignorent tout de la morsure du vent. Un vieux monde qui leur a été légué mais que leurs doigts gourds et tordus n'arrivent plus à retenir. Un monde qui semble ne plus faire partie de rien, un pays entier relégué en périphérie.
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Et puis, il avait laissé passer un délai acceptable et il était parti, il avait quitté la ville pour la gendarmerie dans les montagnes, pour les longues marches avec ses chiens, pour les silences imposants, pour les nuages qu'on peut voir arriver de loin.
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Le capitaine Laurentin a mal en permanence. Toutes les circonstances de la vie le lui rappellent. Mais il se souvient que cette douleur n’est que résiduelle. Elle n’est pas grand-chose par rapport à sa lointaine cousine, celle qui s’était installée à demeure au temps où des chirurgiens s’acharnaient sur son genou désarticulé pour en refaire quelque chose d’à peu près fonctionnel, et où des infirmières la nuit venue se montraient généreuses en morphine.
Dans les souvenirs de ce temps-là, il y a ceux de Jeanne. Elle avait décidé de ne pas le lâcher. Cette belle femme au front calme et aux joues rosées l’avait agrippé avec douceur et fermeté pour l’empêcher de sombrer. 
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Elle entend le murmure du pays, tout près d’elle. Des questions ressassées des centaines de fois, au creux des jours et au soir avant de s’endormir, par ces hommes fatigués et brutaux, avides et peinés, qui sentent leur vieux monde s’embrumer peu à peu, parcouru par les vents et la mort, raviné par les pluies, isolé par des contreforts noirs, des routes trop peu nombreuses et trop difficiles à entretenir, des voies ferrées déficitaires et sans cesse menacées par des comptables dont les visages ignorent tout des morsures du vent. Un vieux monde qui leur a été légué mais que leurs doigts gourds et tordus n’arrivent plus à retenir. Un monde qui semble ne plus faire partie de rien, un pays entier relégué en périphérie. Tous ces murmures s’enroulent autour d’elle, autour de la maison, autour de la ferme jusque au-delà des arbres et de la rivière, autour des enfants, autour de ses mains, comme autant de liens effilochés. Elle regarde ses poignets, incapable de déchiffrer ses propres envies, ses désirs et son jugement obscurcis, sa raison un caillou englouti par la rivière, juste là sous la surface et tout à fait inatteignable.
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Le spectacle des arbres gonflés de feuilles me réjouissait. tout comme les contours de montagnes enneigés qu'on entrevoyait par les journées limpides et que l'orange du soleil faisait fondre puis disparaître dans la soirée.
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Elle a le visage de quelqu'un qui a passé trop d'années à se plaindre, la mâchoire alourdie, les paupières gonflées, des rides comme des ronces, des dents de vieille chose abîmée.
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Il s'endort épuisé, chaque soir, en écoutant tomber les feuilles de ses arbres intérieurs.
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Mais pendant ce temps, Laurentin sent en lui comme une machine qui revient à la vie. Des courroies qui entraînent des roulements. Des engrenages qui s'emboîtent. Des pistons qui s'enclenchent. Toute la vieille mécanique qui n'était que dormante, pas même vraiment abîmée.
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Je n'ai jamais vraiment été à la hauteur de mes rêves.
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Et puis vint un adulte dont les gestes déplacés ne s’arrêtèrent pas au premier refus, ni au deuxième, ni plus jamais. Pas un inconnu, évidemment. Pas un monstre venu de la nuit, faisant irruption dans une vie fragile simplement parce que c'était là son trajet. Non. Un visage connu, elle ne dirait jamais qui, là depuis des années, comme en embuscade. Quelqu'un qui l'avait encouragée, qui la voyant peindre l'avait emmenée à Paris avec sa propre fille voir des expositions, qui lui avait offert des pinceaux dans une boutique rouge juste à la sortie de la station appelée Filles-du-Calvaire, ça l'avait marquée.
( p 21)
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..., ils ont l'air de maquisards et seuls les yeux affûtés de quelques bêtes des sous-bois peuvent les suivre. Un tout petit oiseau dont ils ne savent pas le nom fête leur départ en se laissant tomber les ailes repliées. On dirait qu'il joue à être une bombe et il ne les déploie qu'au dernier instant, rase le sol et regagne sa branche. Eli salue du poing cet exploit aérien. Louise note le petit bec légèrement crochu, la tête et le croupion gris, le large bandeau noir autour des yeux, le dos marron tirant vers le roux, les ailes marron tendant vers le brun, le menton blanc et la poitrine rosée.
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Nous dirons que nous sommes devenus mauvais. C'est l'alcool. C'est le labeur qui effrite les hanches et brise le dos. C'est qu'on se souvient de nous tous les cinq ans, et que le reste du temps il faut se taire, se terrer et se taire, en espérant que le vent mauvais nous laissera du répit. (...) C'est que plus aucun docteur n'accepte de venir jusqu'à nous, et que c'est à nous de franchir des cols et traverser des plateaux pour espérer qu'on soigne nos rages de dents et qu'on prenne des clichés clairs de nos articulations rompues. (...) C'est d'être de la montagne mais plus vraiment, forcés de quitter les contreforts pour s'agglutiner au pied de l'autoroute d'où devait nous arriver la prospérité, à quelques jets de pierre de la frontière du département et pourtant déjà à l'étranger. C'est de constater que la chimie nous a menti, qu'elle a empuanti nos sols et détruit de l'intérieur même les plus fort d'entre nous. (...) C'est de se prendre à guetter l'avènement de temps catastrophiques, partagés entre la peur et l'envie que tout brûle enfin. (...) C'est de savoir que nos fils et nos filles partis servir servent encore et serviront toujours demain, maintenus des deux mains dans la servilité, et que s'ils reviennent c'est uniquement parce qu'ils ont été brisés, rejetés, jugés inaptes. C'est que tout le monde a démissionné. C'est qu'on nous abandonne. (pp.106-107)
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Ce n’est que maintenant, dans les débris de sa vie, en comptant ses plaies et en remontant le fil de ses cicatrices, qu’il sait enfin tendre l’oreille vers le silence caché dans l’illusion du monde.
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Ils s'étaient séparés comme on fend une bûche, en trois ou quatre coups bien puissants.
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Il lui raconte cette grand-mère yankee qui portait un large chapeau de paille, fumait des Marlboro rouges et savait aimer comme on doit aimer les enfants, sans condition.
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Je ne suis pas née pour avoir peur ainsi d’un homme évanoui, se dit-elle. Je suis née pour gravir des montagnes, traverser des mers, voir fleurir des déserts et dompter des fauves.
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Elles tiennent leurs têtes droites et le seul indice de leur peur, à cette distance, serait leurs épaules qui se haussent, le bras de l'une qui prend celui de l'autre.
" Salopes!" crie quelqu’un.
La première réponse de la foule est un soupçon de désapprobation, quelques-uns là-dedans qui se retournent vers leurs voisins, l'air de dire quand même faut pas pousser. Mais les insultes redoublent vite. Aux premiers rangs, pas de cris, des visages impassibles, curieux, réservés, mais des rangs arrière, c'est toujours des rangs arrière que vient la bassesse, les voix montent, "Salopes", encore. "Salopes", de plus en plus fort. "Trainées. Lesbiennes"
( p 140)
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Nous dirons, nous sommes devenus mauvais. C’est l’alcool. C’est le labeur qui effrite les hanches et brise les dos. C’est qu’on ne se souvient de nous que tous les cinq ans, et que le reste du temps il faut se taire, se terrer et se taire, en espérant que le vent mauvais nous laissera du répit. C’est qu’après le gel venu du nord qui engloutit tout et qui rend fou viennent les boues rouges et le ciel gris. C’est que plus aucun docteur n’accepte de venir jusqu’à nous, et que c’est à nous de franchir les cols et traverser des plateaux pour espérer qu’on soigne nos rages de dents et qu’on prenne des clichés clairs de nos articulations rompues. C’est l’odeur de l’essence qu’il faut brûler chaque jour pour arracher au monde de quoi survivre.
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[...] Il se relève, tous se sont dressés, on dirait des chiens d'attaque. Elle se souvient, aussi, ce n'est pas la première fois et là encore elle se sent inexplicablement coupable, de la colère qui s'empare de certains hommes quand une femme les frappe.
Elle a la main parcourue de petits picotements. On dirait une arme qui veut réciter sa malédiction aux vents, qui veut qu'on l'use, qui chante le goût du sang, l'envie d'entrer les chairs et de marquer les âmes. Frapper, c'est mettre sa main dans un trou noir et profond, un trou de mort, et l'en ressortir plus vivante que jamais. Frapper, c'est palpiter. Frapper un homme, c'est rejeter le sortilège de sa naissance, réclamer sa part de l'histoire. C'est peser, c'est faire son poids. Frapper une fois, c'est faire naître le désir de recommencer.
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