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Citations de Alfred Döblin (93)


La vie est un tapis - usé jusqu'à la corde qui montre sa trame pelée.
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Où trouver de l'aide? Où? Les livres sont muets. Les grands esprits montrent l'abîme, mais qui nous aide à le franchir? Ce malaise, ce trouble, cette peur physique. Ce remous au fond de moi, comme si ma poitrine était un chaudron d'eau bouillante léché par les flammes. Vers qui me tourner? Mon cerveau est une masse inerte. Je n'ai pas de cerveau. J'ai une pierre dans le crâne. Ce n'est pas humain. Ce doit être mon démon qui s'est emparé de moi. Mais je ne peux pas vivre avec lui. S'il me veut, qu'il me prenne tout entier.
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Réjouissons-nous, que le soleil se lève et que la belle lumière arrive. La lumière du gaz peut s’éteindre, l’électrique. Les hommes se lèvent, quand leur réveil ronronne, un jour nouveau a commencé. Si nous étions le 8 avril, c’est désormais le 9, si nous étions un dimanche, c’est désormais un lundi. L’année n’a pas changé, le mois non plus, mais un changement s’est opéré. Le monde a continué de tourner. Le soleil s’est levé. On ne sait pas exactement ce qu’est le soleil. Les astronomes ont fort à faire avec ce corps.

C’est qu’il est, nous disent-ils, au centre de notre système planétaire, car notre Terre n’est qu’une petite planète, et nous-mêmes, au vrai, que sommes-nous donc ? Quand le Soleil se lève ainsi et que nous nous réjouissons, ne devrions-nous pas au vrai nous affliger, car que sommes-nous donc, le Soleil est 300 000 fois plus grand que la Terre, et combien encore de chiffres et de zéros pour nous dire que nous sommes nous-mêmes des zéros ou peut-être rien du tout, absolument rien. Ridicule au vrai, de se réjouir alors.

Et pourtant l’on se réjouit, quand la belle lumière est là, blanche et forte, et vient dans les rues, dans les chambres toutes les couleurs s’éveillent, et les visages sont là, les traits. C’est une volupté, de palper les formes avec les mains, mais c’est un bonheur, de voir, de voir, voir les couleurs, les lignes. Et l’on se réjouit et l’on peut montrer ce qu’on est ce qu’on fait, ce qu’on vit. Nous nous réjouissons aussi en avril du surcroît de chaleur, comme les plantes se réjouissent de pouvoir pousser. Il faut qu’il y ait une erreur, une faille dans tous ces nombres terribles aux innombrables zéros.

Lève-toi, Soleil, tu ne nous effraies pas. Tous les kilomètres nous sont indifférents, le diamètre, ton volume. Soleil chaud, lève-toi, lumière claire, lève-toi. Tu n’es pas grand, tu n’es pas petit, tu es une joie. (pp. 290-291)
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Maudit est l’homme, parle Jérémie, qui met sa confiance dans l’humain, qui fait de la chair son état et dont le cœur se retire de Dieu. Il est pareil à un être abandonné dans la steppe et il ne verra point le bien lorsqu’il sera arrivé. Il a séjour dans la sécheresse du désert, sur un sol salin et dépeuplé. Béni, béni, béni est l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur et dont le Seigneur est l’assurance. Il est pareil à un arbre planté sur le bord de l’eau et qui étire ses racines dans la rivière. Il ne remarque pas quand vient la chaleur, mais ses feuilles restent vertes, au temps de la sécheresse il n’aura point de souci, il ne cesse jamais de porter du fruit. Le cœur est fourbe par-dessus tout et corrompu ; qui pourra le connaître ? (pp. 270-271)
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Il dit : « Que tu veuilles, ô être humain, devenir sur cette terre un sujet masculin, alors réfléchis à deux fois, avant que la sage-femme vers le jour te convoie ! La terre est un nid de misère ! Crois-en l’auteur de ces lignes, qui goûta bien souvent de ce plat dur et indigne ! Citation piquée au Faust de Goethe : L’homme de toute sa vie n’est heureux, d’ordinaire, qu’au seul stade embryonnaire !... Voici le bon État nourricier, il te régente de l’aube au coucher. Il te pince et te rudoie allègrement de ses articles et de ses commandements ! Le premier te dit : humain, paie ! le second : ferme ton clapet ! Ainsi vis-tu dans ton couchant, en un état d’accablement. Et tu cherches parfois à noyer l’ennui coriace, dans la bière, voire dans la vinasse, alors promptement tu chois et tu es schlass. Pendant ce temps les années s’accumulent, les mites boulottent ta chevelure, ça craque sinistre dans la charpente, les membres se flétrissent et débandent ; la jugeote fermente dans la cervelle, et toujours plus mince la ficelle. Bref tu remarques que c’est déjà l’automne, tu casses ta pipe et abandonnes. Et maintenant je te demande, tremblant, ô mon ami, qu’est-ce que l’homme, qu’est-ce que la vie ? Déjà notre grand Schiller souverain : ‘’Ce n’est point le plus grand des biens.’’ Pour moi je dis : la vie est comme une échelle de poulailler, courte et pleine de fumier. »

Ils sont tous silencieux. Après une pause Franz dit : « Oui, voilà ce qu’il a écrit, un gars d’Hanovre, mais j’l’ai bien retenu. C’est beau, pas, ça t’accompagne dans la vie, mais amer. » (pp. 122-123)
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Et l'on ne doit mépriser aucune bête sur cette terre que Dieu a faite, elles nous donnent leur viande, et elles nous prodiguent encore beaucoup d'autres bienfaits, songez au cheval, au chien, aux petits oiseaux du ciel, les singes je n'en ai vu qu'à la foire, il fallait qu'ils fassent des tours au bout d'une chaîne, un sort bien dur, aucun homme n'en a de semblable."
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La volonté de l'homme est son royaume céleste, et ce que l'homme veut, ma foi, il le veut.
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La guerre al' arrête pas, aussi longtemps qu'nous respirons, l'essentiel c'est bien d'rester encore sur ses arpions.
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Le bon Dieu a fait la terre, j'aimerais qu'un curé m'explique pourquoi. Mais il l'a faite tout de même meilleure que les curés ne la connaissent.
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Ma foi, qu'a-t-on de mieux à faire que de lâcher sa fiente sur la terre et disparaître sans demander son reste.
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Le champ de bataille nous appelle, le champ de bataille ! Nous partons en enfer avec tambours et trompettes, nous n'avons rien pour ce monde-là qu'il aille au diable avec tout ce qu'il porte.
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L'homme dit toujours apprendre, s'il n'apprend rien, il ne sait rien. Alors on tourne en rond comme un con et on ne sait rien du monde.
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J'suis heureux, c'est tout.
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Alfred Döblin
Comment obtiendrons-nous la paix si les cyniques qui nous considèrent comme leur propriété, leur bien héréditaire, se retrouvent en haut ? Te taire, c'est te rendre complice.
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Cette passion amoureuse pour la Bende qui s'éveillait en Elli n'était pas un instinct puissant jusqu'alors endormi : mais une passion engendrée, créée justement par ces circonstances-là. Elles firent lever quelque chose qui végètait, tapi au fond d'elle, un ancien mécanisme au bout du rouleau. Comme chez les naufragés qui en viennent à commettre des actes monstrueux dont on peut difficilement dire qu'ils leur ressemblent, ce qui germa en Elli, prit possession d'elle, effroyablement, pendant toute une période, elle ne put y échapper. C'était cet homme terrible, elle l'avait assimiler et maintenant devait l'expulser.
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Que tu veuilles, ô être humain, devenir sur cette terre un sujet masculin, alors réfléchis à deux fois, avant que la sage femme vers le jour te convoie ! la terre est un nid de misère ! Crois-en l'auteur de ces lignes, qui goûta bien souvent de ce plat dur et indigne ! Citation piquée au Faust de Goethe : L'homme toute sa vie n'est heureux d'ordinaire, qu'au seul stade embryonnaire... Voici le bon Etat nourricier, il te régente de l'aube au coucher. Il te pince et te rudoie allègrement de ses article et ses commandements ! Le premier dit : humain, paie ! le second : ferme ton clapet ! Ainsi vis-tu dans ton couchant, en un état d'accablement. Et tu cherches parfois à noyer l'ennui coriace, dans la bière, voire dans la vinasse, alors promptement tu chois et tu es schlass. Pendant ce temps le années s'accumulent, les mites boulottent ta chevelure, ça craque sinistre dans la charpente, les membres se flétrissent et débandent ; la jugeotte fermente dans la cervelle, et toujours plus mince la ficelle. Bref, tu remarques que c'est déjà l'automne, tu casses ta pipe et abandonnes. Et maintenant, je te demande, tremblant, ô ami, qu'est-ce que l'homme, qu'est-ce que la vie ? Déjà notre grand Schiller souverain : "Ce n'est point le plus grand des biens". Pour moi je dis : la vie est comme une échelle de poulailler, courte et pleine de fumier.
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"Je pense, donc je suis", disait Descartes. "Je pèche, donc je suis", raisonnait Anny. Sans le scintillement d'une aventure, les murmures de la séduction, la journée était perdue, noire, morne.
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Guerre ou paix, victoire ou défaite, jamais l'esprit humain ne chôme. Nous gisons au fond des ténèbres, mais telle une luciole dans la nuit, notre esprit se lève et observe.
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"Je vous envie d'avoir l'école. De pouvoir enseigner, de rencontrer de jeunes êtres, de leur parler. [...] Quel métier que l'enseignement - malgré les choses que vous racontez! Il existe d'autres choses dont on peut parler, des vérités.
- Auxquelles pensez-vous, Becker?
- Il y a la vie, l'existence, la mort qui y met un terme et la hante. Et la peur, la joie, l'amour, l'honneur, la dignité, la fierté."
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- [...] L'homme de Francfort-sur-le-Main, tu sais, Goethe, il est venu chez nous, de ce côté du Rhin, et s'il n'a pas fait un seul enfant, même pas à sa Charlotte, il a mis au monde toute une génération de Marguerite et de Charlotte, au point d'en peupler l'Alsace et de l'encharlotter pour des années... jusqu'à hier!
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