Alison Allen-Gray

Tout ce que je désirais, c’était avoir une famille heureuse, la paix et la liberté d’être moi-même.

C'est toujours un horrible moment que celui où on dévoile son travail. L'espoir, la crainte, la confiance, le doute, tout cela se mélange comme les couleurs sur votre palette. Il y a alors en vous de l'entêtement, de l'obstination, mais aussi de la peur. Et, même si l'on vous affirme que c'est très bien, vous n'y croyez pas.

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Je suis fatiguée de jouer, Dominic. Le monde a le droit de connaître cette belle histoire. Je vais presser cette touche, et tout ce que j'ai appris va filer dans toutes les rédactions des grands journaux du monde entier. C'est dommage d'en arriver là, mais, comme tu ne me parais pas disposé à collaborer, je vais devoir lâcher les chiens. Les poids lourds des médias. Ils vont t'écraser comme un œuf, mon petit chéri !

Tout ce que tes sens ont enregistré, toutes les émotions que tu as vécues, tous les liens que tu as établis pour comprendre le monde autour de toi... c’est ça qui fait de toi ce que tu es : toi et personne d’autre. Et ça, c’est une chose que j’aurais été bien incapable de reproduire. Personne ne le pourra jamais. Le cerveau humain est le mécanisme le plus complexe qui existe, Dominic, et nous avons chacun notre propre vie à mener.

L'aube est un moment étrange. Les gens devraient en profiter davantage, parce que c'est un curieux mélange de paix et d'impatience. On éprouve le sentiment que tout se met en branle, comme un orchestre qui s'accorde avant le concert. Rien n'a encore commencé, mais tout est là, tout près. Les oiseaux se tiennent prêts. La lumière chasse la pénombre. Dans l'air, quelque chose change. Quelque chose se dévoile lentement sous vos yeux et vient se ranger de lui-même en bon ordre.

p.152

J’avais la gorge serrée.
« Souviens-toi toujours de cet instant, me dis-je. Garde-le à jamais dans ton cœur. »

On ne pouvait plus continuer à faire semblant que tout allait bien.

C’est toujours un horrible moment que celui où on dévoile son travail. L’espoir, la crainte, la confiance, le doute, tout cela se mélange comme les couleurs sur votre palette. Il y a alors en vous de l’entêtement, de l’obstination, mais aussi de la peur. Et, même si l’on vous affirme que c’est très bien, vous n’y croyez pas.

Qu'est-ce que ça voulait dire? Son corps était-il le mien, ses poings les miens? N'étais-je qu'une réplique? Comment pourrais-je parler de "moi" après ça?

Une photo est une empreinte dans un temps qu'on ne peut faire revenir. On ne peut pas poser de questions aux morts, on ne peut qu'essayer de deviner ce que cache l'image.

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La voiture ronronna jusqu'au grand portail de fer de notre demeure, et Face de granit actionna son passe électronique. Les grilles s'ouvrirent lentement. La maison était neuve, une grande résidence privée entourée de murs que baignait le soleil. Je m'étais souvent demandé ce que signifiait ce mot:"privé". Privé de vie, peut-être, car il n'y avait ni oiseaux ni insectes, pas de vers de terre non plus, pas d'abeilles voletant de fleur en fleur. Rien ne gâchait l'ordonnance des lieux.

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En dépit de leur couleur bleu piscine, ses yeux étaient ceux d'un faucon, et j'étais le mulot cloué au sol qu'il s'apprêtait à déchiqueter.

p.13

Je me surpris à étudier les gens, leurs corps, leurs visages. Je ne pouvais m'en empêcher. Ils avaient des hanches larges, des jambes maigres, des têtes chauves, de grands nez, des faces réjouies, des visages sombres, des nez cassés... Chaque personne était un hasardeux mélange de gènes, mûri par un mélange tout aussi hasardeux d'expériences. Que se passerait-il si le monde cessait de dépendre du hasard ? Qu'est ce que cela signifierait ?

- Ce que je veux dire, repris-je en souriant, c'est que Nick voyait, pensait et ressentait quand il était en vie a fait de lui ce qu'il était. Maintenant, tout ce que je vois et ressens fait de moi ce que je suis. Tout change, tout évolue chaque jour. Bref, on ne peut pas faire de copie de tout cela, contrairement aux gènes.

Deux heures plus tard, notre petit avion décollait, en emportant ce qui me restait de ma famille : un chat n'avait qu'une oreille, un clone et un vieil homme un peu fou.

Tous uniques et non imitables, comme les flammes d'un feu ou les ombres des nuages sur les montagnes.

- (...) D’ailleurs, il n’y a pas d’explications possibles ; c’est ce qui arrive à tous ceux qui deviennent parents. Soudain, tu n’es plus seul dans la vie ; il y a avec toi une autre personne dont la vie est plus importante que la tienne. Tu mourrais pour elle, et même tu tuerais s’il le fallait. Cet amour est incommensurable, Dominic.

Le cerveau ne fait pas tout, dit-elle. Il faut aussi de l'intuition, une grande curiosité, une aptitude technique, de l'instinct, et tant d'autres qualités encore. Il y a, chez un véritable esprit créatif, une alchimie complexe qui transforme l'ordinaire en extraordinaire et propulse en avant la compréhension que nous avons du monde.

Tout ce que tes sens ont enregistré, toutes les émotions que tu as vécues, tout les liens que tu as établis pour comprendre le monde autour de toi... C'est ça qui fait de toi ce que tu es ; toi et personne d'autre. Et ça, c'est une chose que j'aurais été bien incapable de reproduire. Personne ne le pourra jamais.

" C'était mon visage qui me regardait. Mon visage avec quelques années de plus. Ce n'était pas possible ! " (p.25)

"-Qu'est ce qui se passe, Pops ?
Il se mit a trembler
-C'est Dominic, dit-il
Je regardai à nouveau la photo
-Non, Pops c'est impossible ! Dominic c'est moi. Et personne d'autre ! " (p.26)

Pauline