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Critiques de Amy Jo Burns (90)
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Le titre est une énigme. Comment imaginer que les femmes ne puissent pas avoir d’histoire ? On pourrait supposer que ces histoires seraient tellement insignifiantes, sans importance qu’il faudrait les négliger, les ignorer. Sous prétexte que les femmes seraient dévolues à vivre toute leur existence dans l’ombre d’un père, d’un frère ou d’un mari, elles ne pourraient pas écrire leur propre légende. C’est là toute l’ironie que développe Amy Jo Burns dans son livre, le paradoxe, en racontant tout au long de son roman l’une des plus grandes histoires universelles que puisse vivre un individu, une histoire d’amitié à la vie, à la mort.

Le texte peut au début déstabiliser car il donne une impression de confusion et la narration est hachée, mais rapidement on entre dans le vif du sujet. Dans un coin perdu d’Amérique du Nord, au cœur de la Virginie-Occidentale, deux amies inséparables, Ivy et Ruby, grandissent et meurent au milieu d’une nature sauvage, dans une contrée minière où les hommes noient leur quotidien dans la drogue et le « moonshine » (whisky de contrebande).

L’atmosphère est pesante, grise comme une pluie d’automne, étrange mélange de magie noire, croyances et superstitions. Les gens sont presque arriérés, dans la survivance, la débrouillardise et les instincts primaires. Ils n’ont pas le luxe d’avoir des attentions, des bonnes manières ou de bons sentiments. La rudesse de leur existence ne le leur autorise pas. La seule lumière dans ce récit est cette amitié sans faille entre Ruby et Ivy, cette promesse qu’elles se sont faites…

Mais il y a aussi cette phrase de Wren qui éclaire : « Je ne voulais pas être une histoire, je voulais vivre. » car on porte son histoire quand on y a écrit le mot « Fin » et qu’une histoire est souvent embellie d’illusions et de mensonges arrangés.

« Les femmes n’ont pas d’Histoire » est une très belle histoire de femmes pour qui penserait encore aujourd’hui qu’elles n’en ont pas.

Traduction d’Héloïse Esquié.

Editions Sonatine, 297 pages.

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Les femmes n'ont pas d'histoire

Dans un coin perdu des Etats-Unis, Wren est une adolescente solitaire qui vit dans une cabane délabrée avec ses parents. Vêtue de longues robes cousues à la main et maintes fois rapiécées, ses cheveux longs tressés lui descendant jusqu'à la taille, elle n'est pas scolarisée et fréquente bien peu de monde. Son entourage proche se limite à son père, un prêcheur charismatique et possessif, à sa mère Ruby qui rêvait de liberté mais s'est retrouvée coincée dans son mariage avec cet homme égocentrique, à Ivy, l'amie d'enfance de sa mère, qui subit à peu près le même sort, en y ajoutant le fait qu'elle doit s'occuper de sa ribambelle d'enfants et qu'en plus, son mari est alcoolique. Comme la plupart des hommes de la région, d'ailleurs, qui boivent, produisent ou trafiquent le « moonshine », un whisky artisanal de contrebande.

Vu ce contexte de patriarcat incurable et de conditions matérielles précaires, on pourrait croire que ce roman se situe il y a quelques siècles. Et pourtant, il s'agit d'une histoire bien contemporaine, qui se déroule dans la région Appalaches, au coeur de la tristement nommée Rust Belt, naguère prospère grâce à son activité industrielle et minière florissante, et aujourd'hui sinistrée économiquement, polluée chimiquement, abandonnée et oubliée de tous. Wren et les siens font partie d'une petite communauté vivant isolée dans les montagnes, à l'écart du progrès et du confort. Vingt ans plus tôt, cela n'a pas empêché Ruby et Ivy de vouloir s'enfuir loin de cette vie oppressante pour les femmes, juste avant que l'illusion de l'amour ne les piège pour les clouer sur place (« Etre la femme de quelqu'un, c'est la même chose qu'être la propriété de quelqu'un »). Et aujourd'hui, cela n'empêche pas Wren de rêver elle aussi d'autre chose et d'avoir envie de se révolter contre son père qui la tient enfermée dans une vie étriquée. L'étau autour d'elle est serré, et il faudra le déclencheur d'un accident tragique pour ébranler le carcan et peut-être précipiter son départ vers la liberté.



Raconté par Wren dans sa première partie, le roman remonte ensuite le temps d'une génération pour revenir sur la jeunesse de Ruby et Ivy, expliquant le passé pour éclairer rétrospectivement le présent. Il décrit l'atmosphère lourde, menaçante, mélancolique dans laquelle vivent Ruby, Ivy et Wren, au milieu des superstitions, de la pauvreté, de l'alcoolisme, de la misère intellectuelle. Il raconte le destin brisé de deux femmes et la tentative d'émancipation d'une troisième, au sein d'une curieuse petite communauté chrétienne où l'on pratique la manipulation rituelle de serpents venimeux (dont je n'avais jamais entendu parler).

Les personnages de « Les femmes n'ont pas d'histoire » sont complexes, forts, pas nécessairement attachants, et ce roman cruel mais pas entièrement désespéré est assez touchant et prenant.



En partenariat avec les Editions 10/18 via Netgalley.

#Lesfemmesnontpasdhistoire #NetGalleyFrance
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Cette toute jeune fille, aux vêtements recyclés, à la grande tresse démodée, et au regard brulant, vit à distance d’une petite ville de Virginie occidentale, dont les sources ont été polluées par l’industrie chimique qui fait vivre et mourir ceux qu’elle emploie. Dans la masure familiale, mais peut-on parler de famille, la mère voudrait lui parler, la mettre en garde, pour lui éviter le même destin misérable que le sien, épouser un homme que l’alcool détruira corps et âme jusqu’à en faire un monstre. Cet être hors norme s’est construit sur un coup de foudre. Pas de ceux qui font vibrer les amoureux, non, un vrai foudroiement, qui a blanchi un de ses yeux. Son art de manipuler les serpents a fait le reste : l’’homme rassemble les fidèles autour de lui pour répandre la bonne parole, celle du livre sacré.

L’activité n’est cependant pas assez lucrative pour assurer la subsistance de la famille , d’autant qu’une bonne partie des gains finance l’alcool de maïs clandestin distillé dans les collines.



S’ils vivent hors du temps, quelques indices montrent que l’histoire se déroule bien de nos jours. La technologie n’a pas atteint les cabanons isolés, mais les ordinateurs et les téléphones existent à deux pas.



Le décor, les personnages, l’intrigue centrée autour de la personnalité de ce gourou, tout m’a plu. Le destin de ces femmes, conscientes d’être des esclaves, mais incapables de s’extraire de leur geôle, avec de génération en génération l’espoir que leur propres filles s’en sortiront est à la fois révoltant et émouvant.



C’est une Amérique que l’on entrevoit guère que dans la littérature, trop politiquement incorrecte, et pourtant elle existe, encore et toujours. Alors merci à ce roman de sortir ces destins brisés de l’anonymat général.





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Les femmes n'ont pas d'histoire

Quand le patriarcat brise les destins féminins

*

J'ai lu quelques romans se situant dans la région où se passe cette histoire. Les Appalaches, cette partie montagneuse qui traverse le Sud des Etats-Unis. Par exemple, Ron Rash en a fait son lieu d'écriture favori.

Cet endroit sauvage, brut, un mode de vie rural et aussi d'isolement.

C'est là que vit la jeune héroine, ainsi que sa mère, son père et sa tante d'adoption. L'adolescente, fille d'un manipulateur de serpents (une croyance religieuse bien ancrée et très singulière) essaie tant bien que mal de vivre sa vie de recluse. Entourée de femmes fortes mais résignées (la mère et sa meilleure amie), elle nous conte son désir d'émancipation, de liberté au-delà de ces montagnes hostiles.

Et puis la construction du récit nous ramène à une autre narratrice, la meilleure amie de sa mère au temps de ses premiers amours. Et puis encore un ami prétendant , un autre point de vue.

*

Dans un style très fluide, le récit se déroule parfaitement sous plusieurs trames temporelles, avec beaucoup de sincérité et surtout d'émotions. Plusieurs fois, j'ai eu les larmes aux yeux. Les personnages sont touchants, très nuancés, imparfaits et torturés.



L'atmosphère sombre est très bien retranscrite. J'ai ressenti pleinement chaque sentiment des protagonistes et pour cela , il faut un certain talent de conteuse. Il est certain que je lirais son prochain roman.



Comme de bien entendu, les éditions Sonatine nous ont encore une fois gâtés et déniché une nouvelle romancière américaine spécialisée dans cette ruralité des laissés-pour-compte (notamment avec les excellents David Joy et Michael Farris Smith)

*

Merci au Picabo River Bookclub pour la sélection.

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Les femmes n'ont pas d'histoire

Les femmes n’ont pas d’histoire… parce que ces histoires sont secrètes, parce qu’il faudrait sonder le coeur et les âmes des femmes pour les connaître, parce que les histoires de ces femmes sont évincées derrière celles des hommes. C’est ce que nous raconte ce livre dont l’histoire est au premier abord vue et revue. Pourtant elle va se révéler complexe, notamment grace à la psychologie des personnages qui n’a cessée de m’étonner.



Ces femmes ont bien une histoire et elle est à fleur de peau. Elle met en avant une sororité à tout épreuve, une amitié indefectible, bien plus puissante et inébranlable que n’importe quelle histoire d’amour. C’est l’histoire d’Ivy et de Ruby, deux femmes nées dans un trou paumé où les superstitions et le wiskey rythment les jours. Un mode de vie qui ne laisse place qu’au pragmatisme au détriment d’absolument tout le reste. De quoi rendre les coeurs arides et vides. De rêves avortées en désir d’émancipations étouffés ces femmes, désormais résignées, vont faire de leur amitié le coeur de leurs vies.

Wren la fille de Ruby ressent jusque dans ses tripes ce lien si particulier. Il faut dire que Wren s’interroge beaucoup. Sur son père notamment.



Il faut dire que Ruby a peut être poussé le cliché à l’extrême en épousant Briar,un prêtre montreur de serpent. Une vieille pratique pentecôtiste typique des villes minières des Appalaches où les prêtes manipulent les serpents et consomment de la strychnine. Charmant.



Alors quand un jour tout bascule et que le fragile équilibre de ces vies est rompu, Wren va lentement assembler les morceaux du puzzle de ces existences dont on se demande si elles n’ont pas été plus subies que vécues. Le récit alterne entre passé et présent, plusieurs narrateurs sont à l’oeuvre et nous révèlent petit à petit une galerie de personnages tout en subtilité. Forts et touchants. Détestables parfois, étonnants toujours.



La plume est délicate et fluide et nous tient par la main jusqu’à ce que l’histoire prenne fin nous laissant à la fois ému et un peu esseulé.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Wren, jeune adolescente, raconte sa mère et sa meilleure amie. Comment des jeunes filles pleines de promesses se retrouvent coincées dans un coin isolé des Appalaches avec maris, enfants, pauvretés, alcoolisme, religion ? Une belle prose profonde avec des moments forts.

Merci à Stelphique qui a écrit dans la dernière phrase de sa critique : Laissez-vous charmer. C’est ce que j’ai fait.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Les femmes qui vivent dans les montagnes des Appalaches, dans la rust belt ont une vie bien particulière. Elles vivent sous l'emprise et dans l'ombre des hommes, père et mari. Elles n'ont aucun droit. A travers ce roman, on suit la vie de Ruby, Wren sa fille et Ivy son amie. Elles vivent dans des cabanes délabrées, sans électricité, isolées dans la montagne, loin de la ville la plus proche. Les hommes sont alcooliques, sans emploi pour la plupart, fabriquant de wisky de contrebande, récupérateurs de ferraille. Le mari de Ruby est prêcheur,. Les femmes vivent avec deux siècles de retard, sous le joug des hommes et de la religion imposée par les hommes, évidemment qui les contraint et les corséte. Les femmes doivent porter des robes longues pour ne pas dévoiler leurs jambes, qu 'elles cousent elles même. Elles passent des mains du père au mari, et vivront une vie prédestinée à s'extenuer aux tâches ménagères et à faire des enfants.

Ce récit m' a effarée. Je savais que les habitants des Appalaches étaient isolés, en marge de la société mais en lisant ce roman, on réalise l 'ampleur du problème, une région abandonnée par l' État, peu d'infrastructures, écoles ou hôpitaux, des habitants analphabètes, alcooliques, des enfants déscolarisés. L'Etat a belle et bien oublié toute cette partie du pays.

Amy Jo Durns signe un premier roman percutant, elle s'érige dans la lignée de Ron Rash et David Joy pour parler de cette région oubliée, rayée de la carte, en déshérence. Elle nous captive avec cette histoire passionnante où on s'attache au sort de ces femmes si émouvantes.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Ce que j’ai ressenti:



Je suis née femme aussi, et il me faudra raconter ce ressenti mieux que personne, pour que cette histoire de femmes-là, reste. Reste avec peut-être un goût de moonshine sur les lèvres, mais au pire avec la saveur suave du secret partagé entre filles…Parce que naître femme, des fois, empêche les histoires de s’écrire, surtout si ces mêmes femmes rêvent de libertés et d’évasions…Amy Jo Burns nous offre un roman noir superbe, où l’échappatoire est un vœu qui flamboie dans le cœur de ces dames…Et en tant que femme, ce récit d’émotions au féminin, a réussi à m’hypnotiser…



Alors pour commencer cette histoire, il faut que je vous replace le décor: la région des Appalaches, ses montagnes, l’isolement et la désolation… Et puis, il y avait des hommes et des dimanches. Des hommes égarés, imbibés, qui recherchaient Dieu un peu partout, dans les bois ou à l’Eglise, dans un fond de verre ou dans l’Oeil-Blanc, mais quand même des hommes déchirés et convaincus de leurs suprématies sur la nature et les femmes…Et des dimanches qui revenaient, inlassablement…



Et puis, il y a eu le feu, le pain, le buisson ardent, la guérison miraculeuse, et même des serpents. La foi est au cœur de leurs vies, mais le désarroi aussi….Et toujours, les hommes qui veulent que les femmes ne leur fasse surtout pas trop d’histoires, sinon ils deviendront vite fous…Je n’en dirai pas plus, je laisse les confessions et les murmures des fantômes faire leurs chemins jusqu’à vous…



Amy Jo Burns nous distribue une histoire chorale intense enivrante, où les destins se tortillent, les yeux se blessent et les luttes sont multiples…Elle a l’art de raconter, le cœur de la déchéance des laissés-pour comptes tout en laissant passer une certaine lumière de bienveillance…Si certains hommes peuvent saisir des serpents, il semblerait que les femmes manipulent les chants d’amours malheureux, mieux que personne…Mais même dans un monde de ténèbres et de solitudes, il en ressortira toujours, une histoire…



Il faut que je vous dise…Laissez-vous charmer par celle-ci…
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Les femmes n'ont pas d'histoire

On pourrait croire, au premier abord, que cette histoire se déroule depuis des temps lointains. Or, quelques indices nous prouvent le contraire. C’est bien de nos jours que ce récit prend vie. En Virginie Occidentale, au milieu des Appalaches, vit mais peut-être devrais-je dire survit dans une grande pauvreté, une petite communauté dont les seules ressources tournent autour de la fabrication et la vente de whisky de contrebande -le moonshine- et où la religion pèse de tout son poids sur les habitants.

C’est là que le lecteur fera connaissance de Wren, une jeune fille dont le père est le guide spirituel de la communauté (prédicateur-guérisseur et manipulateur de serpents venimeux) et dont la mère a depuis longtemps laissé ses illusions de bonheur de côté. Heureusement pour cette dernière, son amie Ivy vit et demeure près d’elle et rien jamais ne pourra les séparer...



Voilà une lecture qui bouscule ! Les femmes n’ont pas d’histoire, seuls les hommes peuvent créer la légende. Un système patriarcal bien établi, où la femme la fille ne vivent qu’à travers les yeux du mari du père. Et où les habitants montent en épingles tout ce qui se dit ou fait dans les environs. Il faut bien enjoliver la vie, lui donner un relief qu’elle n’a pas malgré le paysage montagnard autour : le panorama est grandiose et pourtant on y vit en huis-clos (religion, obscurantisme, alcoolisme). Une histoire de rêves et de vies brisées mais aussi d’amitié sincère.



Et une lecture intéressante pour la découverte de la Virginie occidentale, un état dont la ressource principale fut longtemps l’extraction minière mais dont il ne reste rien, sinon des villes fantômes, les eaux polluées par des industries et une population vivant dans une grande pauvreté et oubliée du monde. Et paradoxalement une situation géographique, avec ses nombreuses montagnes et forêts, qui renforce ce sentiment d’isolement.



Un roman construit en trois parties et en trois époques différentes permettant la découverte en profondeur des personnages, leurs espoirs, leurs attentes, la naissance de leur amitié et leur point de rupture : une peinture qui acquiert sa précision au fil des pages.

Mais un roman dont l’écriture m’a gênée sans en comprendre pourquoi et dont les personnages ne m’ont jamais touchée. Dommage !

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Les femmes n'ont pas d'histoire

On se retrouve ici dans un trou paumé de l'Amérique, où la seule ambition des enfants est de boire autant que leur père pour les fils, et être des épouses sans illusions mais obéissantes pour les filles. C'est l'histoire de deux amIS, mais surtout finalement de deux amIES, Ivy et Ruby. Comme le dit parfaitement l'autrice : une vie de misères faite de tous ces petits deuils quotidiens, de résignations, mais où l'amitié garde une valeur essentielle : à la vie, à la mort. Si ce roman tarde à se mettre en place, et si vous poussez sa lecture, vous vous approcherez d'un final où les liens, les secrets des uns et des autres, les paroles données qui font l'honneur, et tous les détails de la première moitié, viendront s'imbriquer avec brio.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Derrière ce titre intriguant, « Les femmes n’ont pas d’histoire », se cache un roman âpre, d’une terrible violence. Mais il s’en dégage aussi un étrange charme, un peu envoûtant, qui en a fait pour moi une lecture (d’été) captivante.



En Virginie-Occidentale, région désolée de la Rust Belt américaine régie par la religion et le moonshine (whisky de contrebande), la vie de Wren se passe dans une certaine dureté entre son père Briar, une espèce de prédicateur dont le prêche religieux se fait en levant des serpents venimeux dans les bras, et sa mère Ruby, dont la vie tourne autour d’Ivy, son amie d’enfance. On comprend rapidement que le couple que Ruby forme avec Briar ne fonctionne plus très bien, notamment parce que celui-ci est enfermé dans sa foi, forgée après un accident réputé dû à la foudre qui lui a laissé un œil blanc, le faisant être un mari et un père défaillant. Mais le jour où un accident terrible arrive à Ivy, c’est le début d’un enchaînement de catastrophes qui signera la fin de l’enfance de Wren, et qui lui apprendra — à la dure — que la vérité a toujours de multiples facettes…



Cette vérité à facettes vaut également pour le lecteur : le récit est partagé en plusieurs parties racontées par différents personnages qui donneront chacun leur version de l’histoire, venant éclairer celle de Wren, forcément partielle.

Pourquoi Briar a-t-il exilé sa femme puis sa fille loin dans les montagnes, les forçant à vivre à l’ancienne (troublante sensation quand on comprend que l’action se passe dans les années 2000 et non pas dans les années 1930 !) et obligeant Wren à étudier en cachette ? Pourquoi Ruby et Ivy, si avides de liberté plus jeunes, se sont laissées enfermer dans les montagnes de Virginie-Occidentale pour ne plus jamais en sortir ? Pourquoi les femmes sont-elles condamnées à être fille ou femme d’un homme, au point que leurs histoires personnelles voire même leur nom, sont oubliées ?



« Les hommes de la montagne pouvaient se soûler n’importe où […]. Mais s’ils voulaient un morceau de la montagne, tiré du sol sur lequel ils se tenaient et de l’eau qu’ils buvaient, un alcool de maïs blanc doux de Virginie-Occidentale, égrené et moulu à maturité par les mains d’un père aimant, avant d’être cuit jusqu’à ce qu’il né en reste que le plus robuste, alors il leur fallait le moonshine de Sherrod. C’est pour ça qu’ils le choisissaient : pour y trouver le goût de la vie qu’ils menaient. »

Si la religion et le moonshine, domaines jalousement masculins en Virginie-Occidentale, donnent un cadre (écrasant) à cette histoire, ce sont bien aux personnages féminins qu’Amy Jo Burns donne le premier rôle, pour contrer cette vie faite d’obligations et de contraintes que les hommes réservent aux femmes, dont Ruby : « Nous, les femmes, on est pas aussi libres que vous de faire ce qui nous chante. Pour vous autres, ça va tellement de soi que ça m’écœure. Mais je peux pas dire que ça m’étonne. Toi et Briar, tous les deux, vous faites toujours exactement ce qui vous plaît, sans prendre qui que ce soit en considération. […] Tous les deux, vous pensez que je suis un bestiau qu’on marchande, parce qu’on vous apprend que le monde est à vous, que vous avez qu’à vous servir. Et que mon monde à moi, c’est de me faire prendre. »

Car malgré tout, qu’on ne s’y trompe pas, malgré son titre, « Les femmes n’ont pas d’histoire » est un roman aux accents féministes : si l’histoire ne se souvient pas d’elles, les légendes si, prouvant que malgré tout ce sont les femmes qui œuvrent en sous-main, notamment pour que les choses changent peu à peu. Wren aura-t-elle le choix que sa mère Ruby et Ivy n’ont pas eu, celui de mener sa vie comme elle le veut ?



« Les femmes n’ont pas d’histoire » est un premier roman impressionnant de maîtrise, notamment dans sa structure qui vient éclairer peu à peu l’histoire de Ruby, d’Ivy et de Briar. Une histoire pleine de croyances, de fatalité, de désespoir et d’amertume, seuls sentiments qui restent quand la foi est partie. Les mots sont secs et durs comme cette terre montagnarde arrosée de soleil et de foi, seules richesses qu’elle possède, mais parfois aussi doux et remplis de poésie que le moonshine que les hommes produisent à partir de son maïs et de son eau. Liquide qui semble avoir le pouvoir de rendre fou ou de remplir d’amour.

La lecture de ce roman n’est pas des plus simples, par les thématiques traitées que par la construction adoptée par l’auteur, qui révèle ses vérités au fur et à mesure. Mais il constitue un roman saisissant, et fait partie de ces lectures que l’on n’oublie pas.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Dans cette semaine découlant du 8 mars, on a envie de mettre en avant des romans écrits par des romancières qui nous ont profondément marqué ces derniers temps cest le cas pour ce roman " Les femmes n'ont pas d'histoire "



Il est l'oeuvre dune romancière, l'américaine Amy Jo Burns qui pour son premier roman , frappe très juste fort en situant l'intrigue de son roman dans les Appalaches entre rivière et montagnes, une terre chère à un écrivains comme Ron Rash qui en a fait son royaume.







Ici, dans le roman Amy Jo Burns on est en plein coeur de Appalaches dans une zone un peu désoeuvrée que l'on appelle la Rust Belt, mais plus qu'aux romans de Rash, on pense surtout pendant notre lecture à ces romanciers américains plutôt récents qui sondent l'’Amérique profonde, des laissés pour compte comme les formidables David Joy ou Michael Farris Smith, romanciers publiés en France chez Sonatine comme la primo romancière américaine.



Elle n'a pas vraiment belle mine, cette terre des Rust Belt vue par le prisme du regard d'Amy Jo Burns, cette terre dans laquelle le whisky de contrebande et les hommes, souvent très pieux, qui le trafiquent font la loi, où comme le titre du roman lindique, les femmes n'ont pas d'histoire.



Élevée dans l'ombre de son père, un prêcheur charismatique mais violent la jeune Wren, comme du reste sa mère avant elle, semble suivre un destin tout tracé dans l'ombre des hommes .



Jusqu'au jour où un évenement particulier va lui faire prendre son destin en main . Est-ce que finalement tout ne serait pas écrit à l'avance? Dans cet épatant roman initiatique, on suit deux générations de femmes qui tentent de devenir elles-mêmes dans un pays en pleine désolation, et régie par des société patriarcales .



Dans ces paysages sauvages et magnifiques, nagent en eaux troubles des protagonistes aussi abîmées que prometteuses.



Amy Jo Burns décrit ces vies brisées et corsetées qui tentent de s'accrocher aux branches et de s'affranchir des diktats avec énormément de talent, avec une plume pleine de désillusions, et en même temps pleine d'une poésie qui ne dit pas son nom.



Surtout, la romancière réussit largement à éviter l'écueil du sensationalisme et du misérabilisme et son récit fulgurant annonce à coup sûr la naissance d’une auteure au talent incontestable.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Wren vit dans un coin perdu dans les Appalaches , c’est son père qui a décidé de leur mode de vie loin de tout confort moderne , on comprendra le pourquoi de cette décision radicale un peu plus tard dans le roman . C’est un monde violent où la jeune fille devra trouver sa place .

Elle est jeune , a des rêves et un jour se rend compte qu’avant elle , sa mère et la meilleure amie de cette dernière ont été jeunes et avaient des rêves d’une vie meilleure qui ne se sont jamais réalisés .

Mais la vie de Wren va voler en éclats , elle devra quitter ses montagnes , affronter les secrets de sa famille et pourra enfin écrire sa propre histoire .

Un roman sombre qui ne m’a pas vraiment conquise , je ne me suis pas attachée aux personnages .
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Les femmes n'ont pas d'histoire

C'est une histoire d'adolescente coupée du monde moderne dans une montagne des Appalaches, de moonshiners, d'un père prêcheur et manipulateur de serpents, d'une femme immolée par accident et soignée par miracle, de deux familles en proie à la religion, aux drogues, à la déchéance... La quatrième de couverture annonce la révélation de secrets et de non-dits, mais je n'ai pas été jusque là... J'ai abandonné à la page 86, n'arrivant à m'attacher ni à l'histoire, ni aux personnages, ni au style. Ce n'est pas mal écrit, au contraire, mais trop lent à mon goût. Je l'ai emprunté dans le cadre d'un club de lecture ayant pour thème "Le droit des femmes", mais je n'y ai pas trouvé ce que je cherchais. Les thèmes auraient pu m'intéresser mais la lassitude a eu raison de ma curiosité...
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Les Appalaches… Je n’y ai jamais mis les pieds, mais j’ai l’impression de les connaître par cœur, tant je les ai découvertes au travers de la littérature.



Pas avec de la littérature joyeuse, mais au travers de la Noire, celle qui parle de conditions sociales miséreuses, de gens qui boivent, qui distillent leur alcool, qui se droguent, qui vivent chichement, certains étant à la limite des hommes des bois tellement ils vivent dans un isolement quasi total.



Ici, le patriarcat fait loi. Comme partout ailleurs, vous me direz… Oui, mais ici, c’est pire qu’ailleurs !



Comparées aux femmes qui vivent là-bas, nous sommes des reines pourvues de multiples droits, car celles du livre n’ont souvent que le droit de la fermer et de se taire, tout en pondant des chiards et en s’occupant de leurs maris, pauvres petits gamins qui ont besoin d’une mère pour essuyer leur merde.



Dans ce récit, on se prend la ruralité de plein fouet. Et la religion dans la gueule. Les gens vont à l’église le dimanche et certains pratiquent encore le culte avec des serpents.



Bizarrement, même si les femmes sont résignées, ce ne sont pourtant pas des femmes faibles, sans volonté. Elles auraient voulu changer de vie, mais les montagnes des Appalaches ne leur ont pas permis de se libérer et celles qui voulaient foutre le camp se retrouvent mariées avec des enfants, vivant dans un mobile-home ou dans une cabane en rondins.



Ce qui marque le plus, dans ce roman noir profond, c’est la puissance des personnages, qu’ils soient adultes ou adolescente, comme Wren, la fille du manipulateur de serpent qui la garde dans sa cabane, perdue au fond des bois, régnant tel un dictateur sur ce petit territoire et sur deux sujets : son épouse et sa fille.



Malgré le fait que je ne me sois pas vraiment attachée à Wren, malgré le fait que le récit soit assez lent, qu’il n’y ait pas vraiment d’action, j’ai apprécié cette lecture en apnée, cette descente dans l’intimité de deux familles où les hommes ne foutent pas grand-chose et où ce sont les femmes qui portent tout à bout de bras.



Dans d’autres romans, je me serais ennuyée, mais ici, jamais. L’atmosphère est oppressante, sans jamais l’être trop et la construction du récit est intelligente. Si la première partie concerne le récit vu aux travers des yeux de Wren, les parties suivantes seront pour les récits de sa mère, Ruby et de sa meilleure amie, Ivy, avant de passer à Flynn, le moonshiner (il distille de l’alcool).



Ces différentes trames temporelles apportent un éclairage intéressant sur le récit, nous apporte des réponses sur le pourquoi ses deux femmes sont restées sur ces collines boisées, sur leur vie d’avant et d’après, leurs rêves…



Un roman puissant, sans pathos aucun, avec des personnages tout en nuance, désespérés, perdus, cherchant leur voie dans cette "Rust Belt" qui ne fait de cadeau à personne et n’offre pas du travail à tous. Alors on boit pour oublier, parce que c’est plus simple de se laisser porter par la vie, que d’être acteur de la sienne.



Un roman noir porté par une belle écriture, simple, sans fioritures, trempée dans une encre très sombre, décrivant ces vies fracassées, cette Nature imposante, cette société où le fait de naître femme vous condamne déjà à être ce les hommes voudront que vous soyez et ne vous laissera aucune opportunité de changer de vie (à moins qu’une bite ne vous pousse).



Une histoire ancrée dans un réalisme qui fait frissonner, car nous avons beau être dans une fiction, elle n’est guère éloignée de la réalité.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Un premier roman qui aborde la condition des femmes et l'abandon d'une région.

Cela se déroule dans les Appalaches. C'est une histoire de pauvreté, de désolation, d’alcool, d'emprise et de violence.

C'est aussi l'histoire d'une amitié qui brave tout.

Il y a beaucoup de noirceur dans ce récit.

Il est néanmoins difficile de s'attacher aux personnages.

Les paysages sont poétiquement décrits.

L'écriture est sombre et pesante.

Un réussite pour une première.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Je suis beaucoup plus mitigé sur ce récit que les avis précédemment mentionné, nous sommes ici dans un roman noir ce n'est pas mon genre favori, avec une ambiance glauque et poisseuse de l'Amérique profonde des moonshiners.



J'ai eu beaucoup de mal avec l'ensemble des personnages et surtout le père de Wren prêcheur qui a une cabane aux serpents et qui passe sa vie dedans tout en étant constamment imbibé d'alcool à longueur de journée.



Nous suivons aussi d'autres personnages féminin que sont ceux d'Ivy et Ruby qui vient également à proximité de chez Wren et dont la vie est tout autant difficiles pour elles.



Beaucoup y ont vu un roman d'émancipation des femmes dans ce récit mais je n'ai pas du tout eu ce ressenti à aucun moment de mon côté, voir même j'ai eu le ressenti contraire.



Un récit court mais qui m'a paru interminable, dans la veine de ce qui marche actuellement.











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Les femmes n'ont pas d'histoire

Dans la même veine que Betty, ce roman raconte les femmes des Appalaches, leur force muselée, leur corps et leur cœur au service des hommes là où leur âme voudraient s'évader. Le père de Wren est un prêcheur dangereux aux paroles plus étincelantes que les écailles des serpents qu'il manie pour ravir les foules et se rapprocher de Dieu. De la même manière, il est parvenu à capturer Ruby, son épouse, et Wren, à les hypnotiser, jusqu'à ce que les secrets enflent et éclatent... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/03/03/les-femmes-nont-pas-dhistoire-amy-jo-burns/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Dans les montagnes de la Virginie-Occidentale, les hommes distillent encore leur whisky, poison presque moins nocif que les eaux polluées par les mines de charbon, et les femmes passent de leur père à leur mari. « J'ai pas tellement d'occasions de boire, mais j'ai un tas de raisons de le faire. » (p. 134) Wren, la fille du prédicateur et manipulateur de serpents, veut échapper à cette vie, lire des livres et voir au-delà de sa maison cachée dans les bois. Quand son père réalise un miracle en sauvant une femme du feu, tout se précipite et plus rien ne sera comme avant. « Son accident avait ouvert en grand mon monde désert. Il m'avait rendue téméraire. Vivante. »(p. 52) Le récit explore alors l'amitié indéfectible de Ruby et Ivy, résolue à ne pas subir le destin de leurs mères dans cette région perdue. « Les hommes de la montagne tenaient la barre de leur propre histoire, et les femmes leur tenaient lieu de rames. » (p. 12) Des secrets lovés dans le passé se déploient soudainement et les crocs de la vengeance ont des conséquences terribles sur les vivants.



Entre Betty et My Absolute Darling, ce roman dresse le portrait d'une jeune femme qui combat son destin en l'embrassant pleinement. « Nous, les femmes, on est pas aussi libres que vous de faire ce qui nous chante. Pour vous autres, ça va tellement de soi que ça m'écœure. » (p. 12) La relation profonde entre Ruby et Ivy est l'illustration même de la sororité : chacune sait les frayeurs de l'autre, ses fautes et ses failles, mais reste loyale en dépit de tout. « Dans un monde d'hommes méchants, nous nous sommes battues pour être bonnes l'une envers l'autre. » (p. 154) L'histoire est racontée par Wren, adolescente à un point de bascule. Son propos est sincère, sans concession et généreux : tous les protagonistes seront cités, même les moins glorieux, même les plus honteux. En se délestant de son récit, Wren se donne la chance de poursuivre sa vie. « La vérité s'aigrit si elle s'attarde trop longtemps dans nos bouches. Les histoires, comme les bouteilles de moonshine, sont faites pour être distribuées. » (p. 10)



Je tiens sans doute là mon premier coup de cœur de l'année. La plume est forte et très évocatrice. « Par-delà ces collines, les miens sont connus pour le mordant de leur gnôle et la pauvreté de leur cœur. » (p. 8) Et, surtout, les personnages féminins sont puissants, inoubliables.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Lorsque j'ai commencé ce roman qui se situe dans les Appalaches, dans un petit village de montagne très pauvre, je me suis demandée à quelle époque se passait l'histoire. J'aurais dit 19 ème siècle à cause des vêtements portés par les femmes et de la pauvreté, de la mentalité des hommes. mais non, cela se passe de nos jours. Wren est la fille d'un prêcheur qui manipule les serpents et aurait le pouvoir de guérir les gens et de Ruby, femme au foyer. Elle a 15 ans et n'aspire qu'à découvrir le monde situé au-delà des montagnes. Sa vie est rude, la vie des femmes en général puisqu'elles sont vouées à rester auprès d'hommes qu'elles n'aiment pas ou plus et ne savent rien faire elles-mêmes pour gagner leur vie.

C'est un roman éprouvant. Le sujet principal est l'amitié très forte entre Ruby (mère de Wren) et Ivy, son amie d'enfance. Des secrets et des histoires nous seront révélés au fil du roman. C'est noir, violent, assez désespérant. Mais fort.
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