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Critiques de Amy Jo Burns (90)
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Typiquement le genre de roman que j’aime !

Virginie-Occidentale, à une heure d’une ville minière, deux femmes piégées par les montagnes et le temps, jurent de se protéger à tout prix - et une jeune fille défie son père pour survivre.



Wren, 15 ans, vit dans une cabane de montagne des Appalaches, isolée avec ses parents. Ils n'ont pas de voiture, pas de boîte aux lettres, pas de visiteurs, à l'exception de la meilleure amie de sa mère, Ivy. Le père de Wren est un pasteur charismatique, manipulateur de serpent, une pratique pentecôtiste qui lui confère une forte emprise sur sa communauté et sa famille. Tous les dimanches il prononce des sermons dans une station-service abandonnée. Un été, le père de Wren réalise un miracle qui va rapidement se transformer en tragédie. Alors que l'ordre de son monde commence à se déliter, Wren doit découvrir la vérité sur la mystérieuse légende de son père, l'histoire déchirante de sa mère et le lien complexe qui l’unit à Ivy.



L’autrice a trouvé une très bonne histoire à nous raconter. Une histoire qui s’installe petit à petit, sans brusquer le lecteur mais en captant son attention immédiatement. D’abord parce qu’on plonge dans des côtés méconnus de l’Amérique, des résidus qui semblent venir d’une autre époque. Ensuite parce que l’on sent bien que quelque chose ne tourne pas rond. On perçoit les croyances toxiques, l’isolement des femmes, on veut savoir ! Les voix des protagonistes alternent pour nous délivrer des fragments de secrets cachés derrière deux générations de chagrin.



Sans jamais sombrer dans l’écueil de la sensiblerie à outrance ou le misérabilisme, Amy Jo Burns réussit un premier roman tendu sur des femmes au cœur d’un pays d’hommes. Une très belle découverte, un vrai beau roman noir américain.



Traduit par Héloïse Esquié.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Trap, dans les Appalaches. C’est dans une petite ferme reculée de cette localité que vivent Briar, un prêcheur, sa femme Ruby et leur fille Wren. Un peu plus loin, Ivy, la meilleure amie de Ruby, vit auprès de son mari et de leurs fils. Wren et sa mère sont totalement isolées du monde, de par la décision de Briar. Pour quelles raisons cet homme vit-il ainsi isolé auprès de sa famille ?



C’est un roman très puissant que j’ai découvert ici. Je ne m’attendais pas à un récit aussi fort, que ce soit au niveau des personnages comme au niveau de l’intrigue. Pourtant, le début m’a paru compliqué à aborder, l’auteure prenant vraiment le temps de camper le décor et d’esquisser ses personnages avec brio.



Ce roman met en avant des personnages forts. J’ai beaucoup apprécié le changement temporel que propose l’auteure vers le quart de son récit. Avec des retours en arrière, le passé des personnages prendra forme, et les secrets pourront s’éclaircir.



Ce récit, c’est avant tout une histoire de femmes. J’ai apprécié avoir des personnages féminins forts, qui doivent se battre pour s’émanciper. Les personnages de Ruby et Ivy sont bouleversants, et Wren n’est pas en reste.



La plume de l’auteure est très élégante. J’ai apprécié le style percutant, qui permet de créer un roman d’atmosphère. Les chapitres sont de taille moyenne et le roman est divisé en plusieurs parties, abordant chacune une époque dans le quotidien des personnages.



Un roman très profond, servi par une belle plume. Une histoire bouleversante. À découvrir sans hésiter.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Les femmes n'ont pas d'histoire

#Lesfemmesnontpasdhistoire #NetGalleyFrance

Avant tout merci à NetGalleyFrance et aux éditions 10/18 de m'avoir permis de lire ce livre.

Lorsque j'en ai fait la demande auprès de NetGalleyFrance, c'est le titre avant tout qui m'a interpelé.

Amy Jo Burns nous présente ici un vrai roman noir. Grâce à la traductrice Héloïse Esquié, le style et fluide et envoutant. On se détache difficilement de ce livre. La vie de cette partie de la Pennsylvanie, proche des Appalaches, nommée la "Rust Belt", semble comme si le temps s'était arrêté il y a 50 ans. Wren, seize ans, est la fille d'un prêcheur, manipulateur de serpents, et de Ruby une femme forte mais silencieuse. De terribles évènements vont conduire Wren à ouvrir les yeux. Une prise de conscience douloureuse mais nécessaire.

Un livre très fort qui mêle croyances, ignorance et enfermement, Un livre à la frontière du bien et du mal, des frissons du danger et de l'interdit, des moonshiner et des manipulateurs de serpents, entre apparences et réalité d'une vie dans ces montagnes, où seule les mines de charbon tentent de donner une sorte de normalité à la vie.

Des personnages manipulés , par la vie ou par leurs croyances, entre amour et haine, entre avouer ou se cacher, entre la honte et la peur. Un roman composé en 4 parties, quatre histoires pour bien revenir sur le titre en français, bien différent du titre en anglais. Un roman très fort où les hommes sont prisonniers de leurs propres appétits, et où les femmes doivent se libérer de leur histoire pour pouvoir enfin vivre.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Même si l'ensemble du pays n'est pas en reste, c'est dans la région des Appalaches que l'on trouvera cette Amérique de la marge que dépeint de nombreux auteurs issus de la dizaine d'Etats qu'englobe cette immense chaîne montagneuse. La plupart de ces romanciers ont la particularité d'emprunter les codes du roman noir afin d'évoquer les ravages de la drogue et de l'alcool qui pèsent sur ces étendues sauvages où la population subit les affres d'une déshérence économique sans fin tandis que les quelques industries lourdes restantes achèvent de polluer les sols et cours d'eau de la région. Du côté de la Georgie, on découvrira avec Bull Mountain (Actes Sud 2016) de Brian Panowich, la confrontation entre deux frères, l'un shérif et l'autre trafiquant de drogue, que tout oppose. En Caroline du Sud, c'est Ron Rash qui dresse un portrait social sans fard évoluant dans un environnement somptueux qu'il dépeint à la perfection tout comme David Joy qui nous entraîne dans sa région de la Caroline du Nord avec des récits conjuguant noirceur et verve poétique dans un époustouflant mélange des genres. Il en va de même pour Chris Offutt qui nous invite à découvrir le Kentucky au détour de romans où la tragédie s'inscrit dans le cadre d'une nature indomptée à couper le souffle. Des récits âpres, imprégnés d'une violence sourde qui éclate soudainement en vous empoignant le coeur et les tripes avec, à la clé, ces terribles confrontations entre des hommes rudes que la vie n'a pas épargné. Toujours dans les Appalaches, native de Pennsylvanie, c'est pourtant dans l'état voisin de la Virginie-Occidentale qu'Amy Jo Burns choisit de planter le décor de son premier roman traduit en français, Les Femmes N'ont Pas D'histoire, titre que le récit va démentir, en mettant en scène, sur fond d'alcool de contrebande et de religion, des femmes admirables évoluant dans un environnement brutal où les hommes déchus règnent en maitre au sein de cette région désolée de la Rust Belt.



Du côté de Trap, en Virginie-Occidentale, Wren a entendu beaucoup d'histoires au sujet de son père, Briar Bird, un manipulateur de serpents prêchant la parole de Dieu dans une station-service désaffectée. Elle en sait beaucoup moins sur sa mère Ruby dont l'histoire s'est effacée derrière celle de son mari charismatique. Mais à la suite d'un drame qui touche Ivy, la meilleure amie de Ruby, la jeune fille va découvrir ce qui se cache derrière les légendes de la région et entendre la voix de ces femmes qui se sont tues depuis trop longtemps. Une quête d'émancipation, Wren va mettre ainsi à jour les secrets qui lient Ruby à Ivy et découvrir les dissensions qui opposent Briar Bird à Flynn Sherrod le fabriquant de moonshine, ce whisky de contrebande qu'il distille dans la montagne. Dans cette région reculée des Appalaches, il est difficile de tracer son propre destin, surtout lorsque l'on est une femme qui veut s'affirmer au sein de cette communauté d'hommes déchus.



Les Femmes N'ont Pas D'histoire nous donne l'occasion de découvrir la voix des femmes au sein de ces régions désolées des Appalaches. Ravages de la drogue et de l'alcool, chômage endémique, mines de charbon désaffectées dont les rejets imprègnent les terres et les rivières, Amy Jo Burn dépeint avec une grande justesse les difficultés auxquelles Ruby et Ivy doivent faire face en tentant d'élever leurs enfants tant bien que mal. Au cours de la lecture de ce texte, on saluera l'équilibre qui rejaillit de l'ensemble d'un récit ne cédant jamais à la caricature ou au pamphlet pour laisser place à une intrigue où la beauté sauvage de la région se conjugue avec les aléas de la vie de personnages simples mais extrêmement attachants à l'instar de Flynn Sherrod, ce moonshiner taiseux dont Wren va découvrir l'histoire en lien avec sa famille. Débutant avec le témoignage de cette jeune fille en quête d'émancipation, qui dépeint les contours de sa famille vivant dans une cabane vétuste soigneusement éloignée de la ville, comme si son père voulait entretenir dans cet éloignement l'aura de sa légende qui fascine encore ses fidèles. Pour compléter le tableau, on adoptera le point de vue de Ruby et d'Ivy, de leur serment de jeunesse qui n'aboutira pas et de leurs mariages respectifs qui sonnent le glas du renoncement. Il faudra adopter également le point de vue de Flynn Sherrod qui va achever de lever les contours de la légende de Briar Bird s'estompant peu à peu pour laisser place à un homme profondément attaché à sa femme Ruby qui devient, avec ses serpents, son unique possession que nul autre que lui ne devrait approcher pas même sa fille Wren.



Derrière cette somme de secrets et de non-dits, au-delà de cette volonté d'émancipation pour échapper à cet environnement brutal, Amy Jo Burns décline la rudesse d'une vie simple oscillant entre attachement des lieux et crainte de cette absence d'avenir au gré d'un texte abouti et sensible qui nous permet d'entrevoir la dure réalité de la condition des femmes à l'exemple de ce droit de cuissage qu'avait les cadres des entreprises minières sur les épouses ou les filles des mineurs lorsque ceux-ci ne pouvaient pas travailler suite à un accident, en échange de provisions pour nourrir la famille. Le paradoxe réside dans la forte personnalité qu'incarne Ruby qui, malgré les aléas d'une vie ne faisant pas de cadeaux, s'attache à faire en sorte que sa fille Wren devienne autre chose que "la fille du prêcheur et manipulateur de serpents".



Entre trafic d'alcool et profession de foi aux contours inquiétants, on navigue avec Les Femmes N'ont Pas D'histoire dans un monde obscur qu'Ami Jo Burns éclaire avec un texte éclatant de sincérité et de sobriété qui nous entraine dans les méandres d'une belle histoire de femmes.



Amy Jo Burns : Les Femmes N'ont Pas D'histoire (Shiner). Editions Sonatine 2021. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Héloïse Esquié.



A lire en écoutant : Tennessee Whisky de Chris Stapleton. Album : Traveller. 2015 Mercury Records.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Les femmes n'ont pas d'histoire

« Le moonshine doit son nom au fait qu'il passe sa vie dans la pénombre, et personne ne comprend ce destin mieux que moi ». Ainsi s'exprime la narratrice du roman, Wren, adolescente de quinze ans qui a grandi dans l'ombre de son père, un influant prêcheur qui officie dans les montagnes des Appalaches.



L'atmosphère est lourde et poisseuse dans cette région reculée de Virginie Occidentale, où la fermeture des mines de charbon a laissé dans son sillage la misère et le désespoir. Au milieu de cette désolation, les habitants tentent de trouver un réconfort illusoire dans l'alcool de contrebande local fabriqué par les moonshiners, et dans leurs croyances.

« Par delà ces collines, les miens sont connus pour le mordant de leur gnôle et la pauvreté de leur cœurs. Overdoses, opiacés, chômage. Les gens nous préfèrent comme ça, la bouche anesthésiée, les dents jaunies par la clope, l'esprit engourdi par les bonbonnes de whisky et les bibles cornées ».



Pour guider ses ouailles vers Dieu, Briar Bird alias « Œil Blanc », qui a bâti sa légende sur le miracle qui l'aurait sauvé de la foudre, prêche dans son église tous les dimanches, en tenant entre ses mains des serpents, selon une vieille tradition dont le danger fascine autant qu'il effraie les habitants.



Mais ce manipulateur de serpents est un manipulateur tout court qui agit au sein de sa famille comme un gourou tout puissant et qui impose sa loi à sa femme et sa fille. Isolées dans une cabane au fin fond de la montagne et coupées du monde moderne, Wren et sa mère Ruby parviennent parfois à voler quelques instants de liberté durant les absences de Briar, et se rendent en ville, où Ruby va au cinéma avec sa meilleure amie Ivy pendant que Wren essaye d'apprendre à se servir d'un ordinateur à la bibliothèque.



Si le cas de Wren et Ruby est plutôt extrême au point qu'elles sont souvent considérées comme des « arriérées » aux yeux des gens de la ville, le sort des femmes en général n'est guère enviable dans cette contrée des Appalaches où celles-ci doivent vivre sous le joug des pères puis sous celui des maris. Le titre « Les femmes n'ont pas d'histoire » marque le fait que les femmes de cette région de la Rust Belt n'ont que peu voix au chapitre et sont la plupart du temps condamnées à faire des choix par défaut.

« Les hommes de la montagne tenaient la barre de leur propre histoire, et les femmes leur tenaient lieu de rames ».



Ce récit est l'histoire de deux générations de femmes fortes qui ont tenté de reprendre leur destin en main.

D'abord celle de deux amies fusionnelles, Ruby et Ivy, qui rêvaient dans leur jeunesse de s'échapper ensemble vers un avenir meilleur, mais dont les projets ont tourné court lorsque Ruby s'est laissée prendre au piège des belles paroles de Briar. Elles vivront le reste de leur vie dans le regret et l'amertume, tentant de maintenir le secret pour protéger leurs enfants.

Puis celle de Wren qui, suite à un terrible drame, parviendra à s'extraire de sa condition et lèvera peu à peu le voile sur l'histoire de ses parents.



J'ai beaucoup aimé ce roman sombre, dans lequel l'auteure dépeint avec talent les désillusions et les contradictions des personnages. Amy Jo Burns a su insuffler de la poésie dans l'art de la fabrication du moonshine et a fait ressortir la beauté de cette terre inhospitalière, malgré les ravages de l'industrie minière.



Merci à lecteurs.com, aux éditions « Voir de près » ainsi qu'à la Librairie des Grands Caractères pour la découverte de ce beau roman.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Coup de cœur pour ce récit qui m’a totalement transportée grâce à une écriture divine et des personnages mémorables, dans une quête féministe sombre et émouvante. Partons dans les Appalaches, région d’Amérique désertée suite au déclin industriel. Au cœur de ces terres désolées, les hommes guidés par l’alcool, la drogue et la religion, font la loi, condamnant les femmes au silence et à une vie recluse et soumise. Dans ce pays où les légendes se transmettent oralement, Wren, la narratrice, nous conte son histoire et celle de sa mère Ruby.



Le père de Wren, Briard, rebaptisé Oeil-Blanc après avoir été frappé par la foudre, est prêcheur et manipulateur de serpent. Il a choisi de vivre dans les montagnes, loin de la petite ville de Trap, dans une cabane de fortune. Il y a entrainé Ruby, son épouse, et « surprotège » jalousement sa fille adolescente, Wren, en lui interdisant tout accès à la culture et aux activités de son âge. Ruby ne semble vivre que pour son amie de toujours, Ivy, mariée et mère de quatre enfants, qui par amour et par solidarité pour Ruby, a choisi de vivre auprès d’elle dans un mobil-home loin de tout. Leur vie s’étire des années durant et semble suivre un destin tout tracé. Jusqu’au jour où Ivy se brûle gravement, le père de Wren connu dans la région pour accomplir des miracles la guérit de ses brûlures, mais elle tombe grièvement malade, ce qui va entraîner une succession d’évènements et remettre en cause le destin de Wren.



Le destin de ces deux familles vivant en communauté est éprouvant et sombre, chacun a ses secrets et ses convictions, joue un rôle dans la vie de son prochain. J’ai eu l’impression d’être plongée dans une époque autre que la notre, tant les deux familles vivent dans le dénuement le plus total, et pourtant au détour du récit on parvient à comprendre que l’histoire se déroule en 2015 : je suis sceptique, interloquée, est-ce possible de « préserver » ainsi sa famille du monde actuel dans un pays développé? Etrangement, plutôt que de sembler irréaliste, c’est ce qui va justement séduire le lecteur car l’ambiance liée à l’isolement est très particulière, quasi hypnotique : la nature omniprésente, les relations entre les personnages réduites au strict minimum, le silence exacerbé puisqu’il n’y a pas de distraction possible, de ce fait le récit conté par Wren gagne en valeur. De ces vies enchevêtrées, imbriquées les unes dans les autres par des secrets, des non-dits jusqu’à se consumer, naît un récit très riche où sont évoqués plusieurs sujets : la religion, la violence, l’émancipation des femmes, la vengeance… Il y est aussi et surtout question d’amitiés fortes, incroyables et destructrices qui couvrent deux générations. Se déroulent une succession d’évènements, qui en remontant le fil du temps vont venir boucler une intrigue que l’on pressent dès le départ et dont on prendra pleinement conscience dans les toutes dernières pages.



Je remercie vivement la plateforme NetGalley et les Editions Sonatine de m’avoir confié cet excellent roman. Je n’ai qu’un seul regret : l’avoir déjà terminé!
Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Quelle chouette lecture !...



Deux parties dans ce livre, la première raconte l'histoire de Wren qui vit, dans une région isolée des Appalaches, loin de tout entre une mère désabusée et un père prêcheur, manipulateur de serpents, véritable légende locale qui suscite crainte et attraction.

La vie est âpre dans ce coin reculé, rythmée par les saisons et les hommes y sont les maîtres. Moonshine,religion et superstition règnent.

Wren est spectatrice du couple dysfonctionnel que forment ses parents, elle raconte le mélange d'amour, de passion, de désillusions, entre compromis et colère.

Sa mère Ruby partage tout avec Ivy, sa meilleure amie de toujours. Elles ne se sont jamais quittées et ont choisi de vivre dans un périmètre proche afin de continuer à se voir quotidiennement. Son père Briar a beaucoup de mal à partager sa femme, à accepter cette amitié fusionnelle.

Ces deux femmes tentent de survivre dans ce monde d'hommes qui leur laisse bien peu de place.

Un grave incident et tout le fragile équilibre s'écroule...



La deuxième partie est absolument passionnante, elle va remonter le temps et expliquer les relations si particulières entre les personnages.



Secrets, mensonges, choix personnels, tout le parcours intime de chacun s'enchaîne inéluctablement, une jeunesse prise au piège de la terre, des illusions, du moonshine et de la religion.. Wren doit parvenir à s'émanciper de ce monde destructeur.



Une histoire terriblement bien construite autour de personnages singuliers, denses, pétris de contradictions et d'humanité et un superbe roman noir où la tension enfle, s'étire au fil des pages et que l'on a bien du mal à lâcher.
Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Avant-propos



Il y a quelques mois je suis tombée sur la chaine Youtube de Mark Laita, photographe américain qui, auparavant, travaillait pour de grandes marques de luxe américaines. Depuis 2007 il a abandonné tout ce monde pour aller photographier les plus pauvres des pauvres d'Amérique, dans les "skid rows" de Los Angeles, New York, les habitants des "cours des miracles", et les écouter, parler de ce qui les avait amenés là. Et il est aussi parti filmer et photographier les gens des montagnes des Appalaches, situées en Virginie Occidentale et au Kentucky.

Ces Hillbillies sont les plus pauvres des pauvres, et il est connu pour sa série sur "Appalachian People", et surtout la famille Whittaker. (Je mettrai le lien en bas). le film "Délivrance" de John Boorman caricature la brutalité de certaines communautés des Appalaches, mais c'est presque ça, parfois. Viols, incestes et tout le bazar. Tout dépend des traditions ou des pasteurs leaders de chaque communauté, qui reste hermétique aux autres, à tout ce qui leur est étranger.

J'ai découvert un monde oublié des autres. Les gens des montagnes. Des Appalaches. Et je continue à les découvrir, ils sont peu connus.Des descendants de pionniers n'ayant pas pu aller plus loin. Qui n'ont eu ni l'électricité ni eau courante avant les années 70. Qui vivent de ce qu'ils peuvent faire pousser sur ces montagnes. Dans une misère physique, morale, mentale, intellectuelle. Avec beaucoup de consanguinité, parce que "ces gens-là" ne se mêlent pas à ceux du monde moderne. Parce qu'ils ont leurs croyances toujours vivaces des prêcheurs manipulateurs de serpents, une dérivation absconse de la foi protestante, ils croient en Dieu, aux miracles et au "Moonshine". Parce que cet alcool se fabrique la nuit, dans la montagne, près de petits ruisseaux qui sillonnent les 'Appalaches.

Et je suis tombée sur ce livre, aux editions Sonatine, déjà le titre me tentait, et lorsque j'ai lu la 4e de couverture, j'ai foncé !

"Dans cette région désolée des Appalaches que l'on appelle la Rust Belt, la vie ressemble à une damnation. C'est un pays d'hommes déchus où l'alcool de contrebande et la religion font la loi, où les femmes n'ont pas d'histoire. Elevée dans l'ombre de son père, un prêcheur charismatique, Wren, comme sa mère avant elle, semble suivre un destin tout tracé."

Wren, 15 ans, n'a que sa mère comme seul horizon, comme seul amour. Son père, Briar, est le pasteur de cette petite communauté autocentrée des Appalaches. Depuis toujours, les hommes admis et reconnus comme portant la parole de Dieu sont des manipulateurs de serpents. Briar en a chassé dans sa jeunesse dans les montagne, il les retient dans un petit cabanon à un ou deux kilometres de la maison, au bord d'une crête. La maison est une cabane aussi, comme la plupart dans cette région. Wren craint son père, idolâtre sa mère, qui lui apprend tout : comment retailler des robes pour elle dans ses vieux vêtements, comment aller se laver dans les ruisseaux, prendre le frais, comment cuisiner le peu qui pousse sur la terre si peu accueillante du Kentucky.

La mère de Wren a une "âme-soeur", sa meilleure amie , Ivy, depuis son enfance. Ivy qui vit avec son mari et leurs enfants dans un vieux mobile home déglingué. Et comme Ricky son mari ne fait rien d'autre que boire le moonshine local, ou se droguer au Fentanyl, c'est Ivy qui fait bouillir la marmite, d'une façon ou d'une autre, en vendant ses conserves ou ses productions au marché local qui se tient au bord de la ville. Ivy et Ruby sont toujours ensemble. S'entraident. Passent leur temps l'une avec l'autre, à se chuchoter des secrets, à parler, à rire, à se détendre. Wren a toujours vu sa mère et Ivy partager leur temps à deux, le plus possible. Les maris sont absents. Et les femmes ne vont pas en ville. Si les hommes y vont, c'est pour se chercher "des ennuis" . Les hommes sont dans la montagne, aussi. Pour chasser, pêcher, prêcher, ou pour fabriquer leur moonshine, de l'eau du ruisseau, du maïs frais, du sucre et de la levure. Les alambics sont bien cachés, car c'est de la contrebande.

Un jour, en descendant avec son chaudron de savon qu'elle veut vendre au marché, Ivy s'enflamme. Près du brasero, dehors. Elle prend feu. Les autres autour veulent appeler le medecin, mais Briar arrive, et impose les mains sur Ivy, pendant que d'autres étouffent le feu. Ruby essaie aussi d'étouffer le feu, et ses mains et ses bras sont atteints.

C'est l'histoire de Ruby et d'Ivy qui va devenir le centre de l'intérêt de Wren, qui va découvrir leur histoire.

Ce livre est une ode à ces gens des montagnes, les Hillbillies. Une ode aux femmes de ces communautés, qui vivent ou survivent sous la coupe de cette religion insensée. Qui ne connaissent rien du monde extérieur. Qui parfois meurent de faim. Qui ont pourtant une vie faite de secrets, d'amour, et d'amitié.

Ce livre est là pour faire pendant à "Délivrance" un peu. Remettre un peu d'aplomb l'image des ces gens des montagne. C'est juste âpre et magnifique. Un énorme coup de coeur.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Envoûtant ! Ce roman avait tout pour me plaire. Du titre à la quatrième de couverture, c'était la promesse d'une histoire pas comme les autres. Et bien le charme a complètement opéré et j'ai été captivée de la première à la dernière ligne!

À Rust Belt, dans la région minière et pauvre des Appalaches, Wren, 15 ans et ses parents, Ruby et Briar Bird dit Œil blanc vivent dans une cabane isolée, cachée des regards extérieurs. Leur vie est rythmée par les visites d'Ivy, la meilleure amie de Ruby et les prêches illuminés de Briar Bird qui officie chaque dimanche dans une station service. Manipulateur de serpents et des âmes perdues, ce père charismatique et auréolé d'une légende tenace, laisse peu de place à l'émancipation. Un environnement pesant et hostile marqué par un évènement révélateur qui va faire grandir chez Wren cette envie de liberté et d'écrire sa propre histoire.

Le livre est rythmé par les récits des protagonistes dont les révélations distillées au compte gouttes nous éclairent sur le déroulé des évènements et dissipent les faux-semblants. On est happé par l'histoire de ces femmes qui échappe aux clichés et ne tombe jamais dans la sensiblerie. J'ai beaucoup aimé la relation qui unit Ruby et Ivy dans l'adversité et dans ce milieu d'hommes. Un roman noir fascinant qui m'a procuré un immense plaisir de lecture et donné envie de suivre Amy Jo Burns dans ses prochains écrits!
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Les femmes n'ont pas d'histoire

"Les femmes n'ont pas d'histoire" est le premier roman de cette autrice américaine et c'est magistral.

Nous sommes en 2015, en Virginie Occidentale, dans la Rust Belt, où la désindustrialisation n'a laissé que misère, pauvreté et désolation.

Vivent ou plutôt survivent là, Ruby mariée à Briar, qui s'est auto-proclamé prêcheur car il a survécu à la foudre à 18 ans et parce qu'il soulève les serpents venimeux dans une sorte d'incantation, avec leur fille Wren, 15 ans.

Ruby est liée comme une sœur à Ivy, depuis l'âge de 7 ans; elles se soutiennent, se protègent; elles ont renoncé, la mort dans l'âme, toutes deux à leurs idées de liberté, d'évasion en se mariant. Briar, quant à lui, avait un ami, Flynn avec lequel il partageait la chasse aux serpents, la pêche jusqu'à ce que tous les deux tombent amoureux de Ruby et qu'un terrible drame les sépare. Le destin de ces personnages est intimement lié par des secrets, des sentiments tus, des actions cachées que l'on découvre petit à petit.

Ce roman dépeint magnifiquement l'âpreté de la vie misérable dans une cabane sans eau, sans électricité, sans téléphone où le seul revenu sont les quelques aumônes faites au prêcheur; Wren ne va pas à l'école, ce qu'elle apprend, c'est ce que sa mère lui enseigne, elle porte les vêtements de sa mère. Mais cette désolation est adoucie par la nature grandiose des Appalaches, écrin somptueux des rares moments de bonheur.

Il donne corps également au combat perdu d'avance de ces deux femmes, Ivy et Ruby, pour échapper à leur destinée toute tracée, à la chaleur qu'elles trouvent dans la sororité, dans les moments partagés entre femmes.

L'autrice sait également superbement dépeindre la fierté des moonshiners, ceux qui distillaient illégalement le whisky, qui savaient tirer de la nature un breuvage aux couleurs et aux saveurs incomparables; elle nous fait rentrer dans cette communauté prête à croire aux légendes et aux miracles, prête à se raccrocher à n'importe quoi et à suivre n'importe quel berger pour donner un sens à leur vie.

Amy Jo Burns nous immerge dans un monde dur, âpre, à l'atmosphère oppressante et inquiétante, où les femmes sont considérées comme des proies ou des choses à s'approprier. Son style très imagé, son écriture puissante, le décor, m'ont rappelé Ron Rash ou Delia Owens mais avec son empreinte propre.

Une lecture prenante, une histoire poignante, un souffle romanesque puissant, un magnifique roman.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Les femmes n'ont pas d'histoire. En tout cas c'est ce qu'on voudrait leur faire croire dans ces montagnes de Virginie occidentale. Wren et Ruby sa mère, vivent à l'écart de tout car le père de la jeune fille en a décidé ainsi. Elles ont heureusement Ivy, la meilleur amie de Ruby qui vit à proximité. Et leur isolement aurait pu rester comme ça si Ivy n'avait pas eu un accident et si Oeil-blanc, le père de Wren, n'avait pas utilisé son pouvoir venu de Dieu pour la guérir.

Les femmes n'ont pas d'histoire quand on ne veut pas la voir. Ivy et Ruby ont une histoire, une histoire forte, une histoire principalement guidé par les choix que des hommes ont fait pour elles. Ruby a imposé cette domination de l'homme à sa fille. Mais ces femmes ont définitivement une voix, des choses à raconter, et c'est superbement fait dans ce roman. L'univers de ces montagnes de Virginie est assez glauque, entre isolement, pauvreté et pollution, mais raconté très sobrement.

J'ai beaucoup aimé les trois personnages féminins Wren, Ruby et Ivy, que l'on a toujours voulu faire taire mais qui arrivent tout de même à porter leurs destins jusqu'à nous. L'amitié entre Ruby et Ivy est très très belle.

Merci à Netgalley et Sonatine pour cette très belle lecture.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Dans un coin reculé des Appalaches, les femmes n'ont pas d'histoire. Les femmes n'ont pas d'histoires, mais elles les racontent. Filles puis épouses, leurs pas suivent le même chemin depuis des générations, contenues par les collines.    Celui de celles qui admirent, écoutent et obéissent. Celui de celles qui sont oubliées, mais qui gardent intacte la légende de leurs hommes. Celui de celles dont les pensées et les envies d'ailleurs bouillonnent derrière des visages toujours sereins. Celui de celles dont la force reste toujours cachée. Et ce chemin tout tracé, Wrenn, adolescente de quinze ans, sait qu'elle devra le suivre. Malgré l'éducation reçue de deux femmes fortes : Ruby, sa mère et Ivy, la meilleure amie de celle-ci. Mais peu à peu Wrenn devient la dépositaire d'une autre histoire. Celle des rêves enterrés de sa mère. Celle des sacrifices de cette lignée de femmes prisonnières de la communauté patriarcale dans laquelle elles évoluent. L'histoire des femmes qui n'en ont pas...

Je n'en dirai pas davantage de peur de vous gâcher le plaisir de la lecture. Mais ce que je peux vous dire, c'est que j'ai été sous le charme de ce premier roman du fait de ses personnages attachants et de la beauté de l'écriture. La symbolique y est très présente (la foudre, le serpent, les brûlures), ce qui donne au lecteur la possibilité d'avoir plusieurs niveaux de lectures et ouvre la porte aux interprétations. Je vous le conseille donc, si vous aimez le genre du nature writting (je ne suis pas convaincue de son classement en roman policier) , la littérature américaine, et suis pour ma part impatiente de découvrir les prochains ouvrages d'Amy Jo Burns.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Les femmes n'ont pas d'histoire... Ou comment les hommes se mêlent de la destinée des femmes.



Wren, 15 ans, vit avec sa mère et son père, dans une forêt retirée des Appalaches. Ses seules interactions sociales sont avec Ivy, la meilleure amie de sa mère, et la famille de celle-ci. Jusqu'au jour où tout bascule. Un accident, qui fera remonter à la surface bien des secrets, et qui mettra en perspective la destinée de ces femmes, qui ont une histoire bien plus marquée qu'il n'y paraît.



Cette histoire semble se dérouler dans un autre temps. Il y a longtemps. Et pourtant il n'en est rien. Le début de la narration est quelque peu hachée, on se demande de quoi on parle. Mais heureusement, on rentre rapidement dans le sujet.



Le récit est divisé en plusieurs parties, qui vont alterner les points de vue, et livrer les histoires des différentes femmes du roman. Car c'est principalement de femmes qu'il s'agit ici. D'hommes aussi, et surtout de l'influence qu'ils ont sur ces femmes qui avaient leurs attentes, leurs envies pour leur vie et leur histoire.



Une fois l'histoire lancée, l'écriture est ensuite fluide et les chapitres s'enchaînent facilement. L'ambiance est loin d'être joyeuse. Rituels étranges entre magie et religion, mensonges, pauvreté, meurtre... et pourtant, malgré tout cela c'est bien écrit, c'est touchant et on a vraiment envie de voir comment Wren va réussir à se démarquer de tout son héritage culturel et familial pour réussir à écrire son histoire, et surtout vivre.



J'ai vraiment beaucoup aimé cette découverte grâce à Netgalley et j'ai d'ores et déjà prévu d'offrir et de recommander ce livre.









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Les femmes n'ont pas d'histoire

Très bonne découverte que ce premier roman, choisi évidemment pour son titre énigmatique!

Wren est une adolescente élevée par ses parents au beau milieu d'une forêt dans les Appalaches. Coupée du monde, elle ne va pas à l'école et vit dans l'ombre de son père, qui communique avec Dieu en manipulant des serpents.

Lecture très surprenante sur un mode de vie que je croyais disparu, loin du monde, en autarcie, avec un mode de pensée assez restreint.

Une autrice à suivre!
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Les femmes n'ont pas d'histoire

La semaine dernière j’ai lu Les femmes n’ont pas d’histoire de Amy Jo Burns chez 10 /18.

Ce roman m’a séduit par son titre et sa couverture et j’ai hésité plusieurs fois avant de le solliciter car après avoir lu le résumé, je savais que je sortais de ma zone de confort avec ce roman.

Je pensais à la lecture du résumé que l’on situé dans les Etats Unis de la fin du 19éme siècles, mais pas du tout l’histoire se passe de nos jours, dans une Amérique peu connue du grand public.

Pourtant je ne suis absolument pas déçu de ma lecture. L’écriture est belle et le récit est poignant, et dès les premières pages j’ai été prise dans l’histoire.

J’ai beaucoup aimé suivre la vie de ces femmes au cœur de la Virginie-Occidentale et leur lutte pour survivre dans ce paysage désolé.

Je vous le recommande et je remercie Netgalleyfrance et 10/18 pour cette belle lecture.

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Les femmes n'ont pas d'histoire

Le titre résume le roman, c'est l’histoire de femmes qui n’ont pas d’histoires car toujours dans l’ombre d’un père ou d'un mari.

Cela se passe dans un coin montagneux et perdu des États Unis. L’héroïne Wren est la fille d’un manipulateur de serpent, une religion dans ce pays, elle nous raconte sa vie dénué de tout confort moderne et sous le joug de ce père qui prêche une vie pure et sans pêchés dans ce pays où l’alcool de contrebande coule à flot. On suit également la jeunesse de la mère de Wren et son mariage à travers les yeux de sa meilleure amie Ivy qui se retrouve coincée dans ses montagnes alors qu'elle ne revait que de partir. Pour changer de point de vue, Flynn le meilleur ami du manipulateur de serpent nous raconte également sa vie.



C'est très sombre, j’ai apprécié le personnage de Wren et du coup j'ai eu un peu de mal avec le changement de point de vue de l’auteure. Surtout que je ne me suis pas attachée aux personnages d’Ivy et de Ruby, j’ai ressenti un mélange de pitié et d’envie de les secouer pour leur dire de se sortir de là. L’amitié entre les deux femmes est une belle histoire d’amitié entre femmes mais cela ne m’a pas suffit à les apprécier.



Une partie intéressante de ce roman est la description de la manipulation de serpent dans la religion, une pratique que je ne connaissais pas et sur laquelle je me suis renseignée du coup. Le roman fait froid dans le dos quand il évoque cette pratique religieuse qui semble responsable du malheur des personnages de l’histoire.



Il y a donc deux thèmes importants dans ce roman, la vie des femmes sous le joug des hommes et ce que peut provoquer une foi aveugle en certains miracles et pratiques religieuses.

Un roman intéressant mais qui ne restera pas dans mes meilleures lectures.
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Les femmes n'ont pas d'histoire



La narratrice, Wren Day, raconte des histoires.

L'histoire de sa vie, croise le point de vue de l'enfant qu'elle était et celui de l'adulte qu'elle est devenue

L'histoire de ses parents : Ruby Day sa mère (jeune femme intelligente autrefois pleine de vie, très liée à Ivy amie de toujours) et Briar son père (prêcheur charismatique qui pratique la religion avec les serpents qui vit retiré et a eu la révélation après avoir été frappé par la foudre)

L'Histoire de Flynn ami de Briar et amoureux éconduit par Ruby.



Le destin de ces quatre personnages permet à Wren de décrire la société dans cette région désolée des Appalaches en Virginie Occidentale.

Le roman s'articule autour de la vie de sa mère, saccagée par les hommes, (son père d'abord, un étranger ensuite puis son mari) et ravagée par les traditions, (le patriarcat, les habitudes, la religion).

Le propos du livre s'universalise rapidement. Il raconte toutes les femmes qui souffrent : celles qui plient et acceptent pour les enfants, par habitude et celles qui résistent, restent libres, comme Ivy, mais qui alors le paient très cher.

Les femmes de cette histoire, dépossédées de leur libre arbitre, sont exploitées, abusées, violentée, engluées entre leurs aspirations et leurs contradictions. Les hommes n'ont pas le beau rôle, mais le propos n'est pas manichéen. Flynn, est un magnifique personnage, un bel humain, les enfants portent également l'espoir du changement.



Un livre qui m'a passionné par son écriture, sa construction, ses personnages et les thèmes abordés (liberté, exploitation, choix...).
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Les femmes n'ont pas d'histoire

Dès les premières pages, j'ai été emportée par un style et une histoire qui m'ont rappelé "Histoire de Bone" (Dorothy Allison) et "Une éducation" (Tara Westover). Et c'est bien évidemment un compliment.



On découvre Wren, une adolescente qui vit avec ses parents dans une cabane isolée de tout - ou presque, car la religion, l'alcool et la sensation d'être oubliés du reste du pays sont omniprésents. Les légendes entourent cette famille, les rumeurs aussi.



Heureusement, pour tenir, il y a la solidarité, et surtout l'amitié indéfectible entre Ruby, la mère de Wren, et Ivy, son amie d'enfance. On sent la tension monter, mais jamais je n'aurais imaginé que les drames iraient aussi loin.



Dans une deuxième partie, le narrateur change et on découvre alors d'autres pièces du puzzle : celles du passé. Que s'est-il passé avant d'en arriver là ? Pourquoi Ruby et Ivy, qui voulaient fuir la montagne et vivre à la ville, sont-elles restées ? De nouveaux secrets apparaissent, des liens se découvrent. J'ai de nouveau été très touchée, car on sent bien que cette histoire aurait pu être totalement différente, si d'autres choix avaient été faits.



Ainsi de suite, on comprend de mieux en mieux le décor, et on ressent l'étouffement des personnages. La fin est très belle, pleine d'espoir malgré la tristesse : il faut vivre avec son histoire, ses légendes de famille, et espérer que justice se fasse seule un jour.
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Les femmes n'ont pas d'histoire

10/18 nous offre ici une fresque digne d’un roman de Gallmeister ! On va d’abord suivre la jeune Wren, qui vit au milieu des montagnes avec sa mère Ruby et son père prêcheur influent dans la région. Au milieu de la nature, Wren est seule, elle n’a jamais été scolarisée, n’a aucun ami. Seule la meilleure amie de sa mère, Ivy vient rendre visite à la famille avec ses fils, eux aussi vivant assez éloigné de la société. A travers le récit la jeunesse de Ruby et Ivy va nous être dévoilée petit à petit.



Un récit émouvant sur l’émancipation presque impossible des femmes dans ces régions reculées, où les hommes, les croyances, l’alcool et la drogue ont une place prépondérante. Il m’aura peut-être manqué un peu de rythme à certains moments mais cela reste néanmoins un très beau récit, sombre et poignant.



En bref, un roman d’atmosphère, un roman de femmes à qui on ne laisse pas la place de vivre leur histoire.
Lien : https://lecturesda.wordpress..
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Les femmes n'ont pas d'histoire

"Les Femmes N'ont Pas D'histoire" nous donne l'occasion de découvrir la voix des femmes au sein de ces régions désolées des Appalaches. Ravages de la drogue et de l'alcool, chômage endémique, mines de charbon désaffectées dont les rejets imprègnent les terres et les rivières, Amy Jo Burn dépeint avec une grande justesse les difficultés auxquelles Ruby et Ivy doivent faire face en tentant d'élever leurs enfants tant bien que mal.

Au cours de la lecture de ce texte, on saluera l'équilibre qui rejaillit de l'ensemble d'un récit ne cédant jamais à la caricature ou au pamphlet pour laisser place à une intrigue où la beauté sauvage de la région se conjugue avec les aléas de la vie de personnages simples mais extrêmement attachants à l'instar de Flynn Sherrod, ce moonshiner taiseux dont Wren va découvrir l'histoire en lien avec sa famille.

Débutant avec le témoignage de cette jeune fille en quête d'émancipation, elle dépeint les contours de sa famille vivant dans une cabane vétuste soigneusement éloignée de la ville, comme si son père voulait entretenir dans cet éloignement l'aura de sa légende qui fascine encore ses fidèles. Pour compléter le tableau, on adoptera le point de vue de Ruby et d'Ivy, de leur serment de jeunesse qui n'aboutira pas et de leurs mariages respectifs qui sonnent le glas du renoncement. Il faudra adopter également le point de vue de Flynn Sherrod qui va achever de lever les contours de la légende de Briar Bird s'estompant peu à peu pour laisser place à un homme profondément attaché à sa femme Ruby qui devient, avec ses serpents, son unique possession que nul autre que lui ne devrait approcher pas même sa fille Wren.

Derrière cette somme de secrets et de non-dits, au-delà de cette volonté d'émancipation pour échapper à cet environnement brutal, Amy Jo Burns décline la rudesse d'une vie simple oscillant entre attachement des lieux et crainte de cette absence d'avenir au gré d'un texte abouti et sensible qui nous permet d'entrevoir la dure réalité de la condition des femmes à l'exemple de ce droit de cuissage qu'avait les cadres des entreprises minières sur les épouses ou les filles des mineurs lorsque ceux-ci ne pouvaient pas travailler suite à un accident, en échange de provisions pour nourrir la famille. Le paradoxe réside dans la forte personnalité qu'incarne Ruby qui, malgré les aléas d'une vie ne faisant pas de cadeaux, s'attache à faire en sorte que sa fille Wren devienne autre chose que "la fille du prêcheur et manipulateur de serpents".

Un récit âpre, poétique imprégné d'une violence sourde qui éclate soudainement en vous empoignant le cœur et les tripes...

Entre trafic d'alcool et profession de foi aux contours inquiétants, on navigue avec Les Femmes N'ont Pas D'histoire dans un monde obscur qu'Ami Jo Burns éclaire avec un texte éclatant de sincérité et de sobriété qui nous entraine dans les méandres d'une belle histoire de femmes.

Je le recommande!
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