Copenhague, année 1990: deux frères, séparés par leur mode de vie avant de l'être par la mort. L'un, Jens, sent toujours son ombre jusqu'à un jour de septembre où il la perd.... car son frère, Soren, est revenu.
Un texte court, alternant le point de vue des deux protagonistes, Jens et Soren.
Un champ lexical coloré de rouge (celui du soleil, du sang ...) qui entraîne le lecteur dans l'appréhension de l'implosion finale.
Sur fond de crise financière et pétrolière, Bodelsen témoigne de la transition politique, opérée à cette époque par le gouvernement danois et, de la crainte d'une menace terroriste internationale incarnées l'une par Jens, l'autre par Soren.
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Que se passe t-il derrière le doux visage de la « petite sirène » ? Est-elle nostalgique des océans ?
Voilà une histoire épurée, sans complications extrême, ce sont généralement les plus réalistes, en tous les cas celles auxquelles j'adhère le plus aisément. Pas de super héros, mais monsieur « tout le monde » qui va devoir prendre des décisions impliquant ses proches et qui pourraient bouleverser leurs vies à tous...L'auteur à partir de descriptions méticuleuses vous invite dans son récit, vous transporte dans sa ville de Copenhague au son « d'imagine » de john lennon et où semble ne jamais apparaître la lumière du jour. C'est un roman nostalgique des jeunes années d'insouciances qu'il faut bien finir par laisser derrière nous. Ce n'est pas un roman policier au sens propre du terme, personnellement je trouve qu'il tend davantage vers l'ambiance du roman d'espionnage. En tous les cas, j'ai pu l'apprécier pour sa « sobriété ». Voici un auteur dont je suivrai avec intérêt les prochaines traductions. Un viking de plus, et pas le moindre !
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Anders Bodelsen...
"après avoir étudié le droit, l'économie et la littérature à l'université de Copenhague. Il travaille tout d'abord comme journaliste-pigiste avant de devenir entre 1963 et 1965 rédacteur en chef de la revue "Perspective". C'est à la même période qu'il commence à écrire des romans. Associé à la vague du nouveau réalisme danois, prolifique auteur, il privilégie un style d'écriture social et réaliste pour des thrillers mettant en scène des personnages de la classe moyenne qui font face à des conséquences matérialistes, souvent en confrontation avec leurs valeurs morales.
Après vingt années où il n'écrit rien, en 2009, il fait paraître son vingt-septième roman, "Varm luft"."
Compliqué de suivre les productions de ce monsieur, elles changent de titre suivant les différentes éditions.
Déjà avec "mauvais calcul" à l'origine "Hændeligt uheld" paru en 1968, publié en français sous le titre "Crime sans châtiment" en 1970, on a un peu tendance à s'y perdre!
Pour ce livre paru au Danemark en 1991, en France aux éditions Autrement en 2013 sous le titre “Rouge encore” puis aux éditions Folio Policier en octobre 2014 sous le titre “Septembre rouge”,
Plongeon dans les années de l'activisme rouge au Danemark.
Allusions au Blekinge Street Gang (en danois le Blekingegadebanden), groupe d'environ une douzaine de militants politiques communistes qui, au cours des années 1970 et 1980, ont commis un certain nombre de vols hautement professionnels au Danemark et ont envoyé de l'argent au Front populaire pour La Libération de la Palestine. La bande s'est référée comme le noyau interne de trois organisations nommées KAK, KUF et KA / M-KA, formée par des militants exclus du Parti communiste danois ou/et par des jeunes maoïstes.
Au Danemark comme en France, explosion d'une extrême gauche incapable de s'écouter, de se supporter les uns et les autres, chacun étant persuader de détenir la vérité et la solution à imposer aux masses populaires.
Alors nous suivons trois itinéraires de trois jeunes convaincus de se battre pour les intérêts majeurs du peuple.... on voit ce que cinq ans après, ils sont devenus, comment ils ont intégré la vie de tous les jours, ce qu'ils avaient envie de faire, de vivre.
Trois itinéraires trois évolutions, trois compromissions, ce qui reste des convictions de la jeunesse.
Le style est certes agréable mais l'intrigue est à la limite de la réalité ... on peut y croire ou pas.
Pas de jugements de valeurs sur les choix des uns ou des autres alors livre à lire et après,
À chacun de voir !
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Histoire d'un livre :
"Crime sans châtiment",
Livre paru au Danemark en 1969,
Édité en français par les éditions STOCK en 1970.
Livre et auteur évaporés aux éditions STOCK !
Réédité par les éditions Famot en 1976,
Livre disparu des catalogues !
Diffusé en France par François BEAUVAL,
Livre disponible en occasion.
FRANÇOIS BEAUVAL, ÉDITEUR, entreprise créée par Jean-Pierre Mouchard, homme d'affaires comme on disait puis gestionnaire de fortune, français, citoyen helvétique. Proche d'un certain Jean Marie Le Pen avec lequel il s'associe dans la création de plusieurs maisons d'édition. Il devient trésorier de deux associations de collecte de fonds du Front National. Il est le père du journaliste Laurent Joffrin.
Le livre que j'ai récupéré fait partie d'une collection "Les Grands Maîtres du Roman Policier". Le net nous révèle que :
"Ce sont des ouvrages de bonne facture, bien reliés, bien imprimés. Dans ces années-là, ils se vendaient environ 40 francs pièce, ce qui représentait une belle somme. À la fin de chaque ouvrage, l’éditeur délivre une notice bibliographique sur l’auteur...
Tous ces ouvrages sont par définition, des classiques du roman policier et présentent une qualité d’écriture et d’intrigue au-dessus de la moyenne."
Tout au long de cette lecture je me disais .... ça me dit quelque chose .... j'ai déjà lu ça !
Après recherche :
"Crime sans châtiment"
Livre paru au Danemark en 1969
Édité en français par les éditions STOCK en 1970
Réédité par les éditions Famot en 1976
Diffusé en France par François BEAUVAL.
Livre réédité par les éditions Autrement avec une nouvelle traduction en 2014 sous le titre "Mauvais calcul".
Eh oui cet auteur a une malédiction ou une bénédiction .... deux de ces livres ont été publiés et republiés sous deux titres différents !
Alors débrouillez vous comme vous pouvez, ce sont des titres à lire !
Des livres d'atmosphère, on se retrouve enfermé dans un cauchemar et on se demande comment s'en sortir !
Pour nous c'est facile, il suffit de fermer le livre .... enfin c'est ce qu'on croit, car à vrai dire la pression continue à exister et on se demande quand et comment cela va s'arrêter !
Du même auteur, il me reste à découvrir,
"Pense à un chiffre" traduit en français en 1969,
"Le Point de congélation" traduit en français en 1971,
Et pour finir, "Éclipse" traduit en français en 2003.
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Dans la littérature de "genre", le polar en l'occurrence, les romans dits "classiques" vieillissent-ils bien?
Cela dépend, répondra l'homme avisé.
Mauvais calcul nous raconte les péripéties d'un homme, meurtrier par hasard, par malchance, qui choisit de faire profil bas en se disant qu'on ne le retrouvera pas. Le lecteur suit d'abord les méandres de l'esprit de cet homme, tentant de se rassurer, de se persuader qu'il n'est pas fautif, encore moins coupable. Ensuite, le lecteur assiste à plusieurs tentatives pour éluder, esquiver l'enquête, en changeant de tête... Hélas rien ne marche vraiment et Henrik Morck est finalement retrouvé et harcelé par la seule personne qui a compris qu'il était le meurtrier.
S'ensuit (sur un gros tiers du roman) une sorte de jeu du chat et de la souris, cynique et décalé. Avec une fin, qui plaît ou pas... Inutile d'en dire plus pour l 'instant.
Le roman est vieux... il date de 1968, et de 1970 pour la première traduction française, revue pour la réédition du livre en 2014.
Cette nouvelle traduction est sans doute une bonne chose. Difficile de juger, je manque de comparatif, mais la langue est fluide, aisée et l'ensemble se lit sans heurt, ce qui n'est pas toujours le cas pour des romans aussi datés.
C'est important, toutefois, de se replacer dans le contexte. On peut juger la fin assez amorale, avec un doute qui plane... Morck a-t-il commis un second meurtre, un assassinat prémédité, ou a-t-il été devancé par la chance...? Vouloir tuer, est-ce tuer? Je sais que certains n'aiment pas la fin un peu trop simple, rapide. Je la trouve agréablement cynique, à l'instar du livre. Car finalement, celui qui meurt est celui qui a fait le plus mauvais calcul...
Cette fin me fait penser à un film de Woody Allen, Crimes and Misdemeanors, où le personnage principal joué par Martin Landau commet un meurtre au début et passe tout le film à essayer d'évacuer sa culpabilité en se raisonnant. A la fin du film, il dit quelque chose comme "un jour, tu te réveilles et tu n'y penses plus". C'est exactement ce qu'on trouve dans Mauvais Calcul. Finalement, le crime paie. J'ai même pensé à American Psycho... Evidemment, comparaison n'est pas raison, et Mauvais Calcul reste très sage et quasiment politiquement correct par rapport au romand de Brett Easton Ellis.
Mais le vrai sujet n'est pas là, à mon avis. Au-delà de ce suspense psychologique bien rendu, Anders Bodelsen nous livre une critique acerbe de la société danoise, entre alcool, sexe libre, convenances et gros salaires. C'est vitriolé, juste ce qu'il faut, et cela a dû faire l'effet d'une petite bombe en 1968.
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Ça va mal finir. C'est ce qu'on se dit tout au long de ce roman noir danois qui met en scène un jeune cadre trentenaire occupé à bâtir sa carrière dans le milieu de la construction automobile. Entre sa femme Berit et sa petite fille Charlotte, Mörk vivait bien tranquille, parfait exemple de la réussite sociale à la danoise. Une belle maison à construire sur le terrain marécageux d'un quartier élégant, une promotion inattendue qui fait de lui un tout nouveau directeur au salaire plus que confortable, des collègues-amis avec qui il se sent en parfaite osmose : mais qu'est-ce qui cloche chez lui ?
Justement, cet équilibre est peut-être précaire, marécageux lui aussi. Il va suivre, sans trop savoir pourquoi, un groupe de « jeunes » (lui qui, a trente ans et quelque se sent de la génération d'avant!) pour une fête bien arrosée au cours de laquelle il ne se sentira jamais accepté. Un vieux, de trente ans !
Et tout déraille : sa montre ne marque jamais la bonne heure, la bière à la framboise coule à flots, tout comme le whisky, les choses dérapent quand il renverse un vieillard sur son vélo et veut sauver à tout prix son petit bonheur confortable.
Le jeune de 22 ans qui lui a prêté sa voiture le retrouve, devient son cauchemar, sa conscience, l'objet de sa haine et de sa tendresse frelatée. Un rapport toxique s'établit, fait de haine et de fascination réciproques. Mörk s'accroche à la défense de tout ce qui faisait sa vie avant. Mais rien ne sera plus jamais comme avant. A moins que...
Un thriller au suspens soutenu, qui analyse avec une précision de scalpel les réactions psychologiques des uns et des autres, traquant des réalités troubles sous des apparences bien lisses, le tout sur fond d'espionnage industriel dans le milieu des prototypes automobiles.
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Devant une vieille station service, Jens pense avoir croisé son frère Soren ... or il est mort depuis 5 ans ! Jens ne va avoir de cesse de retrouver son frère
Le lecteur apprend que les 2 frères , lors de leur jeunesse étaient impliqués à mettre en oeuvre leurs idéologies politiques, surtout Soren... Jens est devenu un haut fonctionnaire, Vera, sa belle-soeur est devenue médecin mais est un personnage plus ambigü
Comme d'autres lecteurs , je reste sur ma faim, j'aurais aimé une intrigue plus approffondie ainsi que des personnages plus fouillés
Un bon moment de lecture car un roman interessant qui repose sur des faits politiques réels, "leurs erreurs" de jeunesse les poursuivent encore longtemps après.
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