Presentation by Professor Anders Winroth to the followers of Grimfrost.
Le roi chrétien Harald de Norvège, briseur d’idoles, était mort. Le nouveau dirigeant, le jarl Håkon, revint aux vieux rituels et…, voyez ! soudain « la terre fructifia à nouveau ». En osant « porter atteinte auxtemples », l’ancien roi avait provoqué la colère des dieux, qui avaient envoyé le mauvais temps, ruinant les moissons et chassant les harengs de leur lieu habituel de reproduction. La Norvège avait connu la faim.
Maintenant, dans les années 970, sous le règne du jarl païen Håkon Sigurdsson, les sanctuaires pouvaient rouvrir et les dieux manifester leur joie avec un temps idéal et de riches prises de harengs. Tel est message que Håkon voulait faire entendre au peuple de Norvège : dans sa grande sagesse, il avait remis les anciens dieux à leur place, contrairement aux chefs précédents qui avaient récemment tenté d’introduire en Norvège cette nouvelle religion étrangère, le christianisme. Comme le dit Einar skálaglam, le poète de Håkon :
L’homme sage [Håkon] permit,
D’honorer d’Einriði [= Thor],
Les célèbres temples ruinés,
Tous les sanctuaires des dieux
Pour assurer cette protection, les rois médiévaux scandinaves mirent en place, comme ailleurs en Europe, des moyens militaires mais aussi bureaucratiques et administratifs pour collecter, gérer et utiliser les impôts et les redevances. L'Église joua un rôle de premier plan dans ce processus, fournissant son savoir-faire en matière d'éducation et d'administration, en plus d'une idéologie qui considéraient que les rois régnaient, avec l'approbation de Dieu, depuis le sommet d'une hiérarchie bureaucratique. (p181)
Les premiers temps du Moyen Âge sont une époque globalement violente, en particulier dans les sociétés sans État. La violence jouait un rôle essentiel dans l’économie politique de ce temps-là, y compris chez des dirigeants considérés comme civilisés : l’empereur Charlemagne et les premiers rois anglais ont fait usage de la même violence que les Vikings, et parfois à plus grande échelle. (p19)
Lorsque les lycéens se lancèrent à sa poursuite, le lapin de Garenne se réfugia dans un terrier. Un des enfants, déterminé, passa sa main dans le trou du lapin. Allait-il le sortir par les oreilles ? Non, mais il devait rapporter quelque chose de bien plus intéressant : de vieilles pièces de monnaie. Les lycéens téléphonèrent au musée local qui envoya des archéologues fouiller le terrier. Ceux ci retrouvèrent 1 452 pièces d'argent cachées au Xe siècle, donc au temps des Vikings, dont 1 440 étaient des dirhams, la monnaie d'argent du lointain califat arabe, à l'autre extrémité de l'Europe.
En 782, en un seul jour, Charlemagne ordonna de décapiter pas moins de 4500 Saxons. L'exécution par les Vikings de 111 prisonniers, en 845, fait pâle figure en comparaison... Les Vikings sont pourtant ceux dont la réputation de violence et de soif de sang perdure.A l'opposé, Charlemagne est aujourd'hui généralement considéré comme un des pères fondateurs de l'Europe.
L'expression traduite par « princes » [...] est, dans la version originale, une circonvolution de quatre mots typique de la poésie scaldique, un kenning : « le destructeur de la parole du généreux homme de la grotte ». L'« homme de la grotte » est un géant, car les géants vivent dans des grottes. La « parole du géant » est de l'or, depuis l'histoire mythologique norroise du riche géant Ölvaldi, dont les trois fils avaient reçu en héritage tout l'or qu'ils pouvaient tenir dans leur bouche. Quelqu'un qui « détruit l'or » le distribue, un comportement approprié pour un chef de guerre ou un prince dont on s'attend à ce qu'il « détruise » sa propre richesse en la distribuant à ses guerriers. (p159)
Comme tout chrétien du Moyen Âge, [Snorri, auteur de l'Edda,] était convaincu que le Déluge avait réellement eu lieu, et quand il repérait une allusion à ce fait dans un vieux poème, il saisissait l'occasion d'harmoniser l'histoire païenne avec ce qu'il pensait être la véritable histoire. (p220)
Les chefs vikings qui devinrent des dirigeants en Europe adoptèrent très vite les formes du pouvoir alors en vigueur. L'alliance avec l'Église, ou encore l'usage de l'écrit pour gouverner, en faisait partie. (p65)
Quelle que soit leur classe sociale, les hommes et les femmes avaient un point commun : ils étaient souvent malades. Estrid et l'homme de grande taille enterré près d'elle avaient de graves problèmes dentaires, comme tous ceux qui vivaient jusqu'à un âge mûr au temps des Vikings. Leurs molaires étaient usées quasiment jusqu'à la gencive parce qu'ils mangeaient du pain, du gruau et d'autres produits à base de céréales battues à même le sol.
Quant les Scandinaves devinrent des sujets de rois et des serviteurs de l’Église universelle, ils cessèrent d'être des Vikings. Le temps des Vikings avait pris fin.