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Critiques de André-Joseph Dubois (22)
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Le septième cercle

Voilà un livre qui constituait une parfaite découverte pour moi : que ce soit par la maison d’édition (honte sur moi puisque je suis moi-même belge), l’auteur (il s’agit de son septième livre pourtant) que du livre en lui-même que je ne connaissais pas du tout. Moi qui aime les surprises et faire de nouvelles explorations en matière de littéraire, c’était l’exemple rêvé! Et bien, je n’ai pas été déçue…



Tout d’abord au sujet de l’histoire. Quel plaisir qu’elle soit implantée (dans sa première partie tout du moins), en Belgique et plus particulièrement, du côté de Liège. Vous qui me lisez et qui ne connaissez que peu la Belgique et sa géographie, sachez que cela se trouve en Wallonie, oui, donc dans la partie francophone soit le sud du pays. Pour les gourmands et les gastronomes, vous connaîtrez sûrement les fameuses gaufres de Liège, les boulets à la sauce lapin et les lacquemants. L’auteur, André-Joseph Dubois nous conte une partie de cette région liégeoise et notamment, Herstal. Cette ville est connue à l’étranger surtout grâce à son usine de fabrication d’armes : la FN d’Herstal.



Ensuite, après les décors, c’est toutes des expressions et des termes bien de chez nous que j’ai retrouvés. C’est marrant de les parcourir car, malgré mon énorme goût pour les livres, je me rends compte que j’ai d’énormes lacunes en matière de littérature belge. Je ne feuillette que trop peu à mon goût ces auteurs si proches de moi.



« Le septième cercle » est un livre très dense. En effet, en plus de compter plus de 500 pages, le style d’écriture fait que le lecteur n’a pas envie de survoler trop rapidement les phrases. Ces pages sont en plus très remplies et ce n’est pas un livre à «expédier » en moins de deux.



André-Joseph Dubois vous fera ainsi découvrir mon plat pays mais pas seulement car il vous fera, en plus, voyager en Afrique, en Amérique latine ainsi qu’en Amérique du Sud. Par les confessions depuis la naissance du héros, Léon, étendues sur une durée de 16 jours, c’est près de 80 années d’histoire, où se mêleront fiction et réalité avec, par ailleurs, la rencontre de personnages célèbres. Chacun des chapitres représentent une journée d’aveu car Léon est un tueur. Pourquoi? Comment en est-il arrivé là? Rien ne sera épargné, que ce soit les faits mais aussi les états d’âme assumés de cet anti-héros.



Jouant sur le paradoxe de ce personnage, vous ne saurez plus finalement si vous l’avez aimer ou au contraire vous l’abhorrez. Cynique et parfois piquant, c’est un personnage qui vous marquera indubitablement tout comme cette fresque historique.



Je remercie les éditions Weyrich pour leur confiance et l’auteur pour sa très gentille dédicace qui m’a beaucoup touchée.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Le septième cercle

Que voilà un roman furieux et intelligent comme je les aime ! Je remercie vivement BABELIO et les Editions Weyrich pour cet envoi.



Itinéraire d'un salaud : Léon Bourdouxhe, 85 ans, raconte sa vie hors du commun, de la seconde guerre mondiale (pendant laquelle son père, boucher, s'enrichit grâce au marché noir) aux tueries du Brabant, en passant par la légion étrangère, la guerre d'Algérie, la décolonisation du Congo belge, et les multiples coups d'état militaires en Amérique du Sud. Car Léon Bourdouxhe, grandi à l'ombre de la FN d'Herstal (usine d'armement belge) et des églises, aime l'ordre, et il oeuvre avec application à "la préservation des valeurs spirituelles de la civilisation occidentale et chrétienne". Pas étonnant, donc, qu'il ait si peu d'états d'âme à éradiquer les communistes.

J'ai adoré cette histoire, la façon dont André-Joseph Dubois entremêle sur 35 années les noms et événements réels avec sa fiction. On croise Julien Lahaut, Maurice Audin, Patrice Lumumba, Che Guevara, Carlos Prats ; on en découvre plus sur les circonstances de leur mort ( ! ). On entre dans les arcanes des services secrets et de sécurité, que ce soit au G.R.E. à Alger, ou à l'Ecole des Amériques au Panama où enseignent des professionnels aussi réputés qu'Aussaresses.

Et tout s'imbrique parfaitement pendant ces 500 pages, qui ne sont jamais lourdes ni ennuyeuses, tant l'auteur insuffle légèreté et ironie dans son récit. J'ai même trouvé un côté célinien dans cette épopée, avec un personnage secondaire qui apparaît et disparaît sporadiquement, à l'instar du Léon Robinson du "Voyage" (d'ailleurs, l'auteur glisse une allusion à ce roman). En outre, le style est élégant et plaisant.

Mais ce qui m'a le plus fascinée, c'est que Dubois ne fait jamais de son personnage un monstre : malgré ses innombrables exactions, il reste un homme, jusqu'à sa façon de n'avoir aucun regret : "Aux droits de l'homme, ces lampions de la modernité, nous préférions des hommes droits." Un zéro plutôt qu'un héros, mais avant tout un homme.

Je ne peux donc qu'encourager les amateurs d'Histoire, d'aventure, et de littérature de qualité, à se précipiter sur ce roman, pépite de finesse, d'érudition et de drôlerie.
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Le septième cercle

Le narrateur, en fin de vie, raconte ses souvenirs à une journaliste dont il ne sait si elle est bienveillante ou si elle n’est là que pour le piéger.

Né le 12 mai 1934 dans l’arrière-salle d’une boucherie, sur la table-même où son père dépeçait les morceaux de viande, notre anti-héros, Léon Boudouxhe, va participer, de près ou de loin, à quelques-uns des événements les plus marquants du XXe siècle. Il assume ses actes, rappelant que celui qu’on juge comme un salopard aujourd’hui était peut-être estimé comme un héros hier ou le redeviendra demain.



L’arrestation de son père, en pleine nuit par des « résistants », suivie par sa disparition, va profondément métamorphoser le petit Léon. Il étouffe à Herstal (Liège) et il sait qu’il partira, qu’il quittera ce coin où il s’asphyxie, tôt ou tard.

Après la disparition de son père, sa mère se voit réduite à travailler à la FN (Fabrique Nationale) où elle changera de physionomie et de caractère. Fabriquer des munitions toute la journée, au milieu du vacarme des machines, n’est pas une sine cure. C’est de la FN que surgira « Parrain », l’homme qui lui remettra de magnifiques brochures exposant tous les articles de qualité fabriqués par l’usine belge mondialement connue : pistolets, mitraillettes, mais aussi moteurs d’avion et d’autres objets plus paisibles qu’armes et munitions.

C’est ce même parrain qui le poussera à fuir hors de Belgique après que Léon ait frappé un jeune homme qui courtisait celle qu’il estimait être sa promise. Un coup ! Un coup sec ! Un coup très fort ! Cela suffit parfois pour changer un destin…



Critique :



Vu l’âge du narrateur, son entrevue avec la journaliste qui l’enregistre, dure plusieurs jours. Nous suivons sa narration au jour le jour. Une narration qui remonte jusqu’à sa naissance. Un récit qui nous fait découvrir bien des aspects de la vie durant la Seconde Guerre mondiale, les déboires d’une famille de « collabos » au lendemain de celle-ci, une malencontreuse mésaventure qui amène notre personnage à s’engager dans la Légion étrangère, seule issue apparente, et puis, à partir de là, les événements de la seconde moitié du XXe siècle vont s’enchaîner dans la vie de Léon. Dans la Légion, il va faire la connaissance d’un autre belge, Lucien. Un homme qui s’est battu dans la Légion wallonne à l’Est contre les « cocos » qu’il hait plus que tout, en Indochine contre les « cocos » qu’il hait plus que tout, en Algérie contre les… Serais-je en train de me répéter ? Enfin, bref ! Vous l’aurez compris, Lucien, un compatriote va se lier avec Léon et ils partageront quelques rares aventures ensemble, le but visé par Lucien est de dézinguer… des « cocos », des communistes ! Mais Léon aspire à rester indépendant alors que l’uniforme colle à la peau de Lucien. Léon va démarrer en Afrique une carrière de tueur à gages, reconnu et apprécié, avant de migrer sur un autre continent…

Alors ? Polar ? Thriller ? Roman historique ? Mais on s’en fout ! Il suffit de s’abandonner en suivant le déroulé de la vie de Léon. Mais que voilà un récit très agréable à lire tandis que Léon se raconte.



Ah, encore une chose : dans le récit de ses exploits, Léon utilise le mot « nègre ». Inutile de demander l’interdiction de la vente de ce livre. Pour rappel, Léon est foncièrement raciste et à l’époque des faits en Afrique, on ne disait pas « Monsieur le Sub-Saharien »…



Avertissement : Si vous êtes occupé à lire un livre passionnant, Le septième cercle par exemple, et qu’un chouette copain passe chez vous, voit le livre et vous demande : « C’est quoi ? C’est bien ? », ne jamais ! Jamais ! Jamais ! Lui vanter les qualités de l’histoire avant de l’avoir terminée car il est capable de vous dire qu’il le lirait bien et que, comme vous en avez plein d’autres à lire, ce n’est pas grave s’il vous l’empruntait… Vous ne le reverrez plus ! Pas grave ! Vous en recommandez un autre exemplaire car vous aimeriez bien terminer l’histoire… Méfiez-vous du bouche-à-oreille… Une copine va forcément vous en parler et vous faire comprendre qu’elle a hâte de le lire… Et qu’ELLE, ELLE vous le rendra… Bref ! Commencé en février, j’ai enfin terminé le 1er novembre la lecture de ce magnifique roman, après en avoir acheté cinq exemplaires… Oui, je sais, c’est une bonne chose pour les libraires indépendants… Moins pour mon portefeuille… 

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L'oeil de la mouche

Sujet de philo : peut-on être et avoir été ? Dans ce court récit, André-Joseph Dubois couche les réflexions d'un homme sans identité, tiraillé entre ses origines et son statut actuel.

Suite à une dépression, un professeur de lettres se met à tenir un journal où passé et présent se mélangent. Il relate son enfance au pied d'un terril, là-haut en Wallonie, au sein d'une famille ouvrière, et comment il a pu quitter son milieu grâce à ses brillantes études littéraires. Mais malgré ses efforts, son milieu continue de lui coller au corps ; peut-on vraiment se réinventer ?

Evidemment, Bourdieu est cité en exergue de ce roman écrit en 1981. Mais le coeur du livre est la langue française, et Dubois démontre combien sa maîtrise, pour le narrateur, devient un marqueur social et le symbole de son ascension -surtout, oublier le patois familial et effacer son accent. Mais ce qu'il relate du présent dans son beau langage est vide de sens et d'émotion, comme s'il était étranger à sa propre vie, trop occupé à trainer le boulet de son passé -ou de la culpabilité de sa réussite ?

Dans ce roman, il est donc question de névrose de classe, mais je n'adhère plus à cette vision trop sombre du positionnement face à l'héritage culturel. Ce que j'ai le plus apprécié est la façon dont la langue française est valorisée dans sa forme la plus pure, surtout à une époque où nos Présidents de la République se piquent de parler "peuple" ("On se demande c'est à quoi ça leur a servi").

Pour les amoureux de la belle langue...
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Le septième cercle

Quelle déception et je ne suis pas un contempteur de l'auteur !

Je n'en veux pour preuve que tous ses romans (à l'exception de "Celui qui aimait le monde" paru en 1983 et introuvable même chez les bouquinistes) figurent en bonne place dans ma bibliothèque.

Je m'autorise donc, appliquant ainsi l'adage nous enseignant que "qui aime bien châtie bien", à pousser une petite gueulante : Que m'avez-vous donc foutu André-Joseph Dubois ? Seriez-vous vraiment décédé en 2017 ? (petit clin d’œil à "Quand j'étais mort" son avant-dernier et brillantissime opus).

En effet, à aucun moment, hormis dans la séquence herstallo-liégeoise du début, et encore ! l'épisode s'inspirant de l'assassinat du dirigeant communiste wallon Julien Lahaut commençait déjà à être du n'importe quoi, je n'ai retrouvé la finesse, l'acuité, la qualité d'observation et d'écriture qui le caractérisent habituellement.

Pour suivre, 400 pages durant sur 500, nous sommes conviés à ingurgiter les souvenirs planétaires de son anti-héros Léon, fils unique d'un modeste et pitoyable collaborateur économique en 40/45, tour à tour légionnaire, soldat de fortune, tueur à gage, instructeur de la contre-guérilla, magouilleur et trafiquant.

Quelle soupe ! Que tout cela m'a paru poussif, laborieux voire indigeste !

Oserai-je même ajouter que j'ai cru y reconnaître la marque de fabrique de ces scénarios formatés dont usent et abusent certains "écrivains" velléitaires perpétuellement en mal d'inspiration ?

Qui plus est, cette immersion dans les arrière-cours de certains événements ayant marqué la seconde moitié du siècle passé, ne nous apporte, au final, aucune plus-value ni mises en perspective historiques un tant soit peu pertinentes ou, à tout le moins, originales.

Comment pourrait-il en être autrement quand on s'ingénie à accumuler les clichés, stéréotypes, lieux communs, redondances et invraisemblances ?

Je ne m'attarderai pas outre mesure sur des dialogues généralement insipides, globalement d'une grande indigence encore moins sur un baisser de rideau final digne d'un très médiocre mélodrame.

La quatrième de couverture nous suggère d'en apprécier l'humour, la satire, la gravité.

J'y ai, pour ma part, plutôt très subjectivement trouvé du grotesque, du Grand-Guignol, de la vacuité.

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Le septième cercle

Un grand merci à Babélio et aux Editions Weyrich pour ce gros livre gagné lors de la dernière Masse critique. Je n’avais pas lu la présentation jusqu’au bout, de plus je coche toujours pas mal de livres étant très curieuse et aimant me laisser surprendre. Je ne sais pourquoi, j’ai choisi ce livre en croyant qu’il s’agissait d’un polar belge du genre Mémé Cornemuse mais j’étais loin du compte. D’abord en le déballant et en découvrant qu’il s’agissait d’un pavé de plus de cinq cent pages, j’étais un peu inquiète, espérant que j’allais l’apprécier, car c’est long pour un livre qu’on n’aime pas, mais je n’ai pas été déçue du tout.



Léon est un tueur, mais pas du tout dans le style burlesque, même si son récit ne manque pas d’humour noir. Il raconte sa vie en seize chapitres, seize jours, à une femme dont on ne sait si elle est journaliste, policière ou quoi que ce soit d’autre, elle ne parle jamais, on sait juste par Léon que certaines choses la font tiquer, tout ce qui n’est pas politiquement correct en fait, et cela ne manque pas dans ce long monologue. Léon est né en 1935 près de Liège, ses parents tiennent une boucherie qui marche bien. Durant la guerre, le père collabore au moins sur le plan économique et soutient Léon Degrelle, un politicien partisan de la collaboration. Il ne sent pas le vent tourner et se fait arrêter en 1944, c’est le début de la catastrophe pour Léon. Il subit les moqueries de ses camarades de classe, sa mère doit travailler à l’usine d’armement de la ville, le père est en prison, sa mère a un amant qui prétend être son parrain et se mêle de son éducation, ils vivent pauvrement. Il passe beaucoup de temps avec Hanna, la fille de Parrain et en tombe amoureux. Le père sort de prison et participe avec son fils et d’autres militants à l’assassinat de Julien Lahaut, un communiste, la scène marquera l’adolescent. Hanna tombe amoureuse du fils de son patron et Léon le frappe, Parrain saute sur l’occasion pour l’envoyer une semaine en France, le temps que l’histoire se tasse. Mais Léon décide de s’engager dans la Légion étrangère, on est en 1953, au début de la guerre d’Algérie. On suit toute la carrière de notre héros, qui sera aussi déserteur, associé dans un bordel de Tunisie, puis mercenaire et tueur professionnel en Afrique, et en Amérique du Sud. Son ami et collègue Lucien, un autre belge de la légion l’entraînera dans ces diverses aventures.



Ce long roman est très bien documenté, nos deux héros fictifs rencontreront de nombreux personnages historiques ou pas, ils nous feront voyager dans des évènements des années 1950 à 1980 aujourd’hui assez oubliés, comme l’assassinat de Patrice Lumumba et de Che Guevarra, la sécession du Katanga ou les dictatures militaires d’Amérique du Sud, soutenues par les USA. Leur grande affaire est la lutte contre le communisme, et tous les moyens sont bons. Ils forment des hommes à la guérilla pour lutter contre les mouvements révolutionnaires et se chargent des basses oeuvres sans état d’âme. Le récit est épique et absolument passionnant, avec une plume magnifique. J’ai beaucoup aimé ce voyage dans la deuxième moitié du vingtième siècle, j’ai souvent pensé aux Mémoires de Jean François Deniau en lisant ce livre, non que ce grand homme soit un assassin, mais parce qu’il parle aussi de certains de ces évènements avec une plume superbe.



Malgré ses mauvaises actions, Léon est un personnage plutôt attachant, qui sera victime de sa femme et de son beau-père nettement plus pourris que lui, et aussi des folies de son ami Lucien. J’ai beaucoup aimé ce livre qui se lit facilement, sans aucune longueur ni temps mort malgré son épaisseur. C’est un passionnant voyage géopolitique sur une époque que l’on a connue (je suis de 1963), à la fois proche et quand même si lointaine. Le monde a bien changé et on peine à se souvenir de la peur du communisme et de l’URSS que l’on pouvait éprouver à l’époque, maintenant que l’ennemi a changé de visage et que la guerre froide est un vieux souvenir. J’ai aimé l’écriture de ce roman historique et surtout son originalité, cette période n’est pas souvent traitée dans la littérature contemporaine et on peut le faire avec plus de recul que les livres de l’époque qui parlaient de ses évènements.
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Quand j'étais mort

Un tout grand coup de cœur à la lecture de ce sixième roman de l'écrivain wallon André-Joseph Dubois.

Et pourtant, dès l'entame on s’interroge.

Où tout cela va-t-il bien nous mener ?

Que retirer de cette rencontre bien improbable entre trois OVNI de l'existence, trois étoiles si dissemblables qui jamais n'auraient dû se retrouver dans la même galaxie ?

Et pourtant, contre toute attente, la magie opère, la mayonnaise ne tarde pas à prendre et se révèle être d'une fort belle texture, d'un goût exquis.

Trois personnages principaux :

ZERNA : Sicilienne - petit bout de femme obstinée, pressée d'arriver quelque part à quelque chose avec son air de gamin mal poussé, agaçant, insupportable et irrésistible ;

CYRIL ROBIN (alias Cecil Capita) : Francilien - bien né - père absent - mère plutôt castratrice - dès l'enfance, voyeur froid du monde qui l'entoure - imposteur par défaut - tétanisé par un prix Goncourt obtenu pour un premier roman au titre si éloquent "Maldonne" - échoué par hasard à Liège en quête de soi (en fuite de lui-même ?) aux attentes éparses, diffuses, erratiques;

AJD : Wallon liégeois - vieux con de prof - misanthrope - radoteur pontifiant - archétype d'une certaine cuistrerie universitaire - loser affectif (trois divorces et bien plus d'aventures sans lendemain) - père défaillant - écrivain du dimanche plus velléitaire qu'inspiré -obsédé par la médiocrité ambiante au regard lucide de la sienne - à la vieillesse stérile pétrie d'affligeantes habitudes.

Ces trois largués de la vie se rencontrent, se croisent, s'évitent, se rapprochent, s'apprivoisent, s'aiment (à leur façon), se repoussent, se parlent (parfois) ou s'écoutent parler (souvent).

De ce choc des cultures, de façons de penser, d'être, d'agir, jaillit, au départ tout en douceur, à petites touches (pointillisme littéraire ?), par la suite, à un rythme de plus en plus soutenu, une fulgurance de réflexions tous azimuts aussi succulentes que pertinentes.

Que de thèmes subtilement abordés : l'utilité de la littérature, la vacuité d'écrire, la fatuité du monde de l'édition, des écrivains, des médias, l'immigration italienne et extra-européenne, le consumérisme touristique, l'histoire de Belgique, de la Wallonie, le sentiment d'appartenance, d'identité, la pseudo belgitude, les affres du ressenti amoureux (narcissisme dévoyé) ...

L'écriture, quant à elle, est à l'aune du propos : incisive, caustique, quelquefois vitrioleuse, mêlant le burlesque au trivial, la finesse à la tendresse.

On est en empathie, on sourit, on rit même si ce rire est généralement plutôt jaune.

Pour conclure, nous est ici offert un bel exercice d’autoflagellation (peut-être mais pas sûr), d'autodérision (assurément).

A déguster sans modération et, pour les connaisseurs et amoureux de Liège, un petit plus plein de connivences.

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L'oeil de la mouche

Ce livre est raconté comme un journal. Le journal d'un homme, fils de mineur, qui attiré très tôt par les belles lettres, devient professeur de littérature. Pour y parvenir, il va lire, étudier, tenter de s'élever socialement par la culture générale qu'il acquiert. Bien que son métier lui prouvera son ascension sociale (pour çà, il s'est éloigné de ses parents et de ses origines), il finira par se rendre compte que jamais, il ne fera parti de la bourgeoisie tant convoitée, tout simplement parce qu'il n'y est pas né.

Lorsqu'il réalisera qu'il a tout sacrifié pour l'amour des lettres, qu'il a renié ses parents, qu'il a fait choix d'une vie de solitaire, la douleur le mènera au suicide.

J'ai trouvé ce livre très intéressant pour l'étude sociale des personnages. Attention, ce n'est pas un livre de sociologie, c'est bien un roman (peut-être un peu autobiographique). Il ne manque pas d'humour, et qu'est-ce que c'est bien écrit !
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Quand j'étais mort

Quand j'étais mort, un livre diesel qui fini dignement!



André-Joseph Dubois nous livre une histoire très belge avec cet ouvarage, quand j'étais mort!

En effet, l'auteur nous entraine dans les rues pavées du pays de Liège. AJD comme il se fait appeler, est mort! Triste nouvelle que Zerna apprend au narrateur de l'histoire, alias Cyril Robin. Celui-ci reçoit une proposition, avoir accès à l'ordinateur d'André Joseph Dubois afin de trouver des bribes d'histoires susceptibles d'être publiées.

Cyril Robin sera piqué par la curiosité, les secret de la vie de son ami lui donnent envie d'en savoir plus!

Cyril Robin découvre alors un dossier nommé "n'importe quoi". Au fil de la fouille de cet ordinateur, son ami comprend mieux la vie d'AJD.



Les descriptions de la ville de Liège sont tellement justes que nous esquissnos un sourire à chaque allusion d'un lieu precis. Est ce que les non connaisseurs de la ville ne se sentiront pas perdu au milieu de ce roman?



Le personnage de Zerna ajoute du piment à cette histoire, grâce au restaurant qu'elle ouvre, elle apporte de l'action à ce roman.

Quels sont les derniers moments de vie d'AJD ? Nous le découvrons avec beaucoup de curiosités.

Quand j'étais mort nous fait découvrir ou redécouvrir la sublime ville de Liège. Les descriptions collent parfaitement à la réalité de la cite ardente!

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Vie et mort de saint Tercorère le Maudit

Je remercie Babelio et la Masse Critique, ainsi que l'auteur et l'éditeur pour l'envoi de ce roman.

Honnêtement, je ne m'attendais pas à ça mais plutôt à l'histoire d'un anachorète comme il y en eut tant aux débuts du christianisme. J'ai été aussi très perturbée par le langage grossier du saint dans l'écriture de l'auteur, jusqu'au milieu du livre... et là, tout à fait par hasard, mes yeux se sont posés sur la 4° de couverture où il est écrit "ce roman... fait la part belle à l'ironie et à la satire". A partir de là, la lecture en a été grandement facilitée ! Mais je n'ai cependant pas été sensible à cet humour et n'ai pas compris le sens de ce roman ni où l'auteur voulait nous emmener...
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Le septième cercle

Léon Bourdouxhe naît en 1935, de parents bouchers à Herstal en Belgique wallonne, près de Liège. Le marché noir profite aux Bourdouxhe, mais la libération beaucoup moins, puisque le père est emprisonné et Léon et sa maman obligés de vivre beaucoup plus chichement, mal vus des autres. Catherine Boudouxhe, la mère, est même contrainte de travailler à l'usine d'armement de la ville, la FN. Léon est amoureux d'Hanna, la fille de Parrain, un ami de la famille. Devenus plus grands, Hanna choisit un autre garçon et Léon doit fuir le coin pour un mauvais coup. Ce sera la Légion en Algérie, puis d'autres pays africains. La vie de Léon prend alors une direction pas commune.



Ce roman est une brique dont il a le format et le poids : 500 pages (relativement aérées), pratique pour se défendre s'il est dans un sac. Outre la plaisanterie éculée, s'il a l'aspect d'une brique, l'usage ne sera pas le même, car vous ne penserez ni à le mettre dans un mur ni à caler un meuble tant vous ne pourrez pas le lâcher. Long, certes mais passionnant. André-Joseph Dubois crée un personnage fictif qui va côtoyer du beau et moins beau monde : Patrice Lumumba, Che Guevarra, Klaus Altman (Barbie), Pinochet, et des gens moins connus qui ont fait beaucoup pour l'art de la guerre, la justification de la torture. Des dictateurs, des mercenaires, des têtes brûlées,... des personnes ayant existé et d'autres fictives. Léon raconte sa vie en seize journées à une mystérieuse interlocutrice et s'y dévoile totalement. L'homme a traversé la seconde moitié du siècle dernier et toutes ses turpitudes, ses violences. Un homme homophobe, raciste, sexiste, réactionnaire pour ne pas aller jusqu'à facho qui ne jure que par la tradition et dont le principal mot d'ordre est tout sauf le communisme. Et malgré tout cela, loin d'être sympathique, il n'est pas totalement antipathique.



André-Joseph Dubois écrit un roman d'aventure auquel il donne des accents céliniens, toute comparaison gardée, son Léon Bourdouxhe m'a fait souvent penser à Ferdinand Bardamu. Entre des tranches aventureuses, Léon se livre plus intimement, car histoire d'amour il y a. Il est parfois un peu lourd lorsqu'il raisonne et tente de justifier ses actes au regard du monde actuel, mais c'est intéressant et grâce à lui, on comprend -sans être en accord- le raisonnement de tous ces gens qui craignent la différence, la rencontre avec l'autre, qui votent extrême droite par peur préférant rejeter la faute sur l'autre et ne pas se remettre en cause.



Je ne peux que conseiller sincèrement la lecture de ce gros roman, absolument inlâchable, d'une qualité d'écriture irréprochable -j'ai même noté quelques mots rares dont j'ai scrupuleusement recueilli la définition pour des emplois futurs. Lorsque le roman d'aventure -qui a dû nécessiter un travail de documentation considérable- raconte les pires intrigues politiques du siècle dernier avec cette qualité, ce serait un tort de passer à côté
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Quand j'étais mort

Ce livre raconte les derniers mois d'AJD, un professeur en retraite, un peu cuistre, un peu misanthrope (et même beaucoup), qui vieillit seul. Les trois femmes qu'il a épousées n'avaient rien en commun avec lui, surtout la dernière (une amusante petite scène se passe à Disneyland). Il a commis avec ses filles des erreurs assez impardonnables. Il a peu d'amis. Il pourfend la médiocrité, et compte même écrire un ouvrage sur ce thème ! Il fréquente quelques confrères et consoeurs écrivains, mais au fond, chez eux tout l'agace. Il écrit, mais ses livres ne rencontrent pas de succès, faute de chercher à plaire certainement. Il lit beaucoup, il joue aux échecs sur son ordinateur, la routine s'est installée dans son quotidien. Un « mal entendu » assez intrigant fait entrer dans sa vie Zerna. Avec elle, André-Joseph Dubois dresse un portrait de jeune femme très original. Zerna n'a rien d'une romantique, elle ne fait pas de sentiment, pour elle un sou est un sou. Elle va réveiller le vieux prof, on ne sait pas trop si c'est pour le pire ou pour le meilleur…

Le narrateur est un jeune écrivain qui ne peut plus écrire. Il a été chargé de fouiller le disque dur de l'ordinateur d'AJD (« à travers le plastique je sentais les arêtes du boîtier ; dans la lumière assombrie de cette fin d'été, j'avais l'impression d'emporter l'urne qui contenait les vraies cendres d'AJD »), et de voir si un contenu publiable pourrait en ressortir. On ne sait pas tout de suite jusqu'à quel point, et c'est amené assez habilement, il a beaucoup fréquenté AJD avant sa mort. Peut-être sera-t-il, au bout du compte, celui qui l'aura le mieux compris, s'il est possible de vraiment connaître quelqu'un.

J'ai apprécié ce roman dont les personnages même secondaires sont tous crédibles et bien dessinés. J'ai aussi aimé le style, l'ironie, les parenthèses sur la Belgique. Je ne regrette pas de l'avoir coché lors d'une « masse critique ».

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Vie et mort de saint Tercorère le Maudit

Heureusement qu'il n'était pas plus long , je l'aurai fini en diagonale ....Je m'attendais à lire la vie d'un saint qui aurait peut être dérapé à un moment donné , pas de quelqu'un qui dérape tout au long de sa vie . C'est un affreux bonhomme qui part dans le désert et devient ermite . La couverture est belle mais on passe rapidement sur l'épisode du lion , ce qui est dommage . Il se martyrise pour faire plaisir à Dieu (?) , il parle comme un charretier et je n'ai rien vu de saint dans cette vie . Je me suis demandée s'il avait vraiment existé ? apparement , il serait né en 370et mort en 431 ?

Le personnage ne m'a pas plu mais la plume satyrique de de A J Dubois m'a fait penser à Jean Teulé . Pour cette raison , je lui mets la moyenne

Merci à Masse critique pour la découverte de cet auteur

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Le septième cercle

Difficile entrée en matière, ce roman, Le Septième Cercle aurait mérité un titre plus provocateur mais plus réaliste, tel que : Itinéraire d’un salaud. De fait un octogénaire décide de relater ses périples à une interlocutrice, bien silencieuse, sur une période de seize journées ! Attention cependant car celui-ci par bravache indique : que celui qui raconte une histoire est le maître de la vérité.



Ainsi, notre « héros », Léon Bourdouxhe, fils de parents boucher à Herstal en Belgique, va devoir quitter son pays et intégrer la Légion étrangère. En effet, leur vie bourgeoise va se heurter aux vicissitudes de la vie : son père qui pratique le marché noir et participera à un meurtre, sera ainsi emprisonné, ce qui obligera sa femme à travailler à la FN Herstal (importante fabrique d’armes belge). Pour Léon, un drame amoureux, la trahison de son amour de jeunesse, Hanna, qui a choisi un autre prétendant le met en fureur et sera prétexte à une sauvage agression, l’obligeant à fuir.



La rencontre avec un coreligionnaire, l’adjudant Lucien Fagan, va le faire bifurquer vers l’ineffable, l’horreur, l’irrépressible folie meurtrière, et ce, sans émotion ! En effet, Fagan, anti-communiste viscéral, fervent adepte du maccarthysme, va l’entraîner dans les nuits de la noirceur humaine…



Ainsi, commence le long récit, des pays traversés et de même des rencontres pour le moins surprenantes : l’Algérie : où il va se livrer à la torture et l’assassinat, la Tunisie, le Congo belge : afin d’éliminer discrètement Patrice Lumumba, Port-au-Prince à Haïti, Rio de Janeiro au Brésil. Et des figures emblématiques de l’histoire de l’humanité : Paul Aussaresses, Ernesto « Che » Guevara, klaus altmann alias barbie…



Difficile de suivre avec sympathie, son parcours semé de meurtres, avec pour seule motivation l’argent ! Il sera de la sorte, le bras armé des services spéciaux des États-Unis, dont l’unique but sera la mainmise économique sur les pays d’Amérique Central et du Sud, et se fera par l’intervention de mercenaires dont Léon fera partie. Notons, le clin d’œil, suggérée par la photo de couverture de ce roman – l’arrestation du « Che » Guevara -.



André-joseph Dubois, s’attaque par le biais d’une satire, aux vices de ses contemporains. Cependant les pérégrinations de Léon, par la mise en proximité de tels faits de l’histoire, ne peut emporter mes suffrages ; car trop d’opportunités, de poncifs et d’invraisemblances, mettent en exergue l’incongruité des faits mentionnés, et me laisse à quia.



Merci à Babelio et aux Éditions Weyrich, de m’avoir donné l’opportunité de découvrir cet auteur ainsi que son roman.




Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Les années plastique

Dans ce récit tout en petites touches, André-Joseph Dubois raconte l'histoire de deux couples qui se croisent, se font, se défont dans les années soixante à Liège. Sur fond de révolution soixante huitarde et de féminisme, il évoque le changement, le temps qui passe et les occasions manquées qui font nos vies à tous.



Le bouquin est touchant et efficace à la fois. Un bon moment de lecture.

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L'oeil de la mouche

Œuvre de jeunesse, l’œil de la mouche est paru en 1981. André-Joseph Dubois y raconte, à travers le journal imaginaire d’un jeune professeur de français, la honte de celui qui s’est élevé au dessus de sa condition. Le narrateur, s’enfonce dans le désespoir parce que son projet de s’éloigner absolument de ses parents lui semble voué à l’échec malgré de bonnes études et une place enviable dans la société. Durant près de deux-cents pages, il s’apitoie sur son sort, méprise la terre entière, et juge tout ce qui l’entoure avec cynisme et mépris. Ce pessimisme à la Cioran, décrit à grand renfort de subjonctifs imparfaits, de références littéraires et de mots rares, lasse assez vite. En revanche, la question qui est au centre du livre mérite qu’on s’y attarde. Peut-on nier ce qu’on était à la naissance ? L’anti héros de cette fable se comporte comme s’il n’avait pas été fils de mineur, comme s’il n’avait ni habité un coron ni compris le dialecte rude des hommes du peuple. Au fond, l’ouvrage met en lumière l’impossibilité de ce refus. Transfuge de classe, le personnage finit par mépriser les siens, ne le supporte pas, s’abîme dans ses contradictions.

Cela aurait pu faire un texte vraiment passionnant s’il avait eu un peu plus de distance, s’il l’auteur était parvenu à rendre le propos plus universel. Au lieu de cela, il nous livre un journal narcissique, agaçant et bouffi de narcissisme.

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Le septième cercle

Où se raconte l'histoire d'une franche crapule satisfaite de l'être et où se pose la question de savoir qui, de celle-ci ou du système qui l'a produite et l'utilise, est réellement coupable.





Léon Bourdouxhe est un homme déjà âgé, passablement usé, lorsqu'il entame sa confession. Un récit livré seize jours durant à une dame dont on ne sait s'il s'agit d'une journaliste, d'un juge ou d'un flic... Qu'importe. Léon est un vieillard, certes, mais qui n'a rien de désabusé... du moins, ce sont là les apparences qu'il voudrait laisser. Son récit, c'est son panache. Une dernière bravade qu'il déverse presque obligeamment, dans une sorte de narcissisme jubilatoire.





Car Léon, c'est un destin. Une vie bien remplie, réellement extraordinaire. Mais dont on s'aperçoit très vite qu'elle s'apparente aux abysses noirs et cruels que l'âme humaine peut atteindre alors que tout la prédisposait à une vie normale et bien rangée. Dans une famille catholique prospère et se pensant bien pensante. Affichant, à l'aube de la Seconde Guerre mondiale déjà, une dilection sans scrupule pour les idées rexistes. Ce qui, rapidement, deviendra source de jalousies d'abord, et d'avanies ensuite.





Son destin, Léon s'y ancre lorsque jeune adolescent, il assiste plus passivement qu'activement à l'assassinat de Julien Lahaut. Là, à cet instant précis, il s'arrime à quelque chose. Une nature dont il ne prendra que progressivement conscience, dans une rocambolesque succession d'événements qui le guident de Liège en Algérie, puis au Congo belge et en Amérique latine...



Une vie virile, marquée d'aventures et d'actions, de tribulations menées là où se jouent les épisodes et où se croisent les destins qui vont construire le XXe siècle. Tout un monde dont il se trouve le témoin, le complice, l'acteur et la marionnette. En fait, un univers de crapules, assumées et décomplexées, stipendiées selon les opportunités qui motivent les États occidentaux à cette époque...





Le Septième Cercle, c'est un récit magistral et sans concession qu'André-Joseph Dubois élabore avec le talent sublime qu'on lui connaît. Sans jamais nous donner un seul moment de déception. Avec, en amont, un travail considérable de recherche et de documentation, la plume se fait mordante, acérée, un peu à la Audiard. Un ton, des couleurs, des timbres qui façonnent un roman à la fois exaltant et profond ; une ambiance atypique, insaisissable où le malaise est épais et la tension palpable. Léon, ce parfait antihéros, décoiffe, dégomme, égratigne aux encoignures, heurte et choque. le regard qu'il porte sur l'Homme et le monde est à la fois cynique, méprisant et pessimiste. Il ne perçoit aucune ouverture sur une quelconque résilience. Mais toute cette noirceur est pour lui banale. D'ailleurs, sa conscience morale s'en est à ce point accommodée qu'il affiche un certain détachement. C'est son quotidien, son fonds de commerce ; et il s'y meut avec aisance. Il y brille même. le tout dans une parfaite désinvolture. Jusqu'à sa chute... lâché par de plus cyniques que lui.





Et pourtant, Léon, on s'y attache. Ses contrastes, ses paradoxes, l'enchaînement des événements qui le conduisent; ses forces, ses faiblesses, son humour noir. Mais aussi les 'espaces de salut', des moments de grâce, de beauté et de tendresse dans les rencontres avec Hanna et avec sa mère. Ou encore sa coquetterie qui le pousse à étaler naïvement sa culture par le recours à des mots rares ou à des références historiques souvent confuses... Tout cela le rend finalement très humain. Mais surtout, devant cette déchéance sur laquelle porter un jugement pourrait s'avérer aisé, se pose une question : à qui profite le crime ? Cette société qui, pour notre plus grand bien, produit ces monstres et ces monstruosités, nous offre-t-elle vraiment la dignité, la liberté et l'harmonie ? Et là, André-Joseph Dubois nous invite peut-être à différents degrés de lecture. Et le vertige n'est jamais loin.



Un style qui est un régal, une plume imparable, un regard dessillé, un humour décapant et une profondeur qui interroge ; le Septième Cercle, c'est du grand Art (avec majuscule) par un (très) grand auteur !




Lien : https://www.weyrich-edition...
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Quand j'étais mort

Titre : Quand j'étais mort



Auteure : André-Joseph Dubois



Genre : roman



Editions : Weyrich



Année : 2017



Cote : 8/10



1. Le titre :



Quand j'étais mort, moi, l'écrivain AJD, sur demande de l'éditeur, « on » a trifouillé mon ordinateur pour y trouver un quelconque projet à publier.



2. L'auteur :



André-Joseph Dubois, Liégeois de naissance, a obtenu avec L'Oeil de la mouche, son premier roman édité en 1981, le Prix Félix Denayer de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Un deuxième roman sort deux ans plus tard et puis plus rien jusqu'en 2012. Quand j'étais mort est son sixième roman.



3. Les idées :



Cyril Robin, écrivain, est chargé de rechercher dans l'ordi de son ami écrivain AJD récemment décédé des textes qui pourraient intéresser le lecteur. C'est aussi l'occasion de jeter un œil sur le monde de l'édition, les à-côtés « coups de griffes ». Qu'il est plaisant de cheminer le long des rues de Liège ! Le Prix Goncourt fait toujours rêver ainsi que la vie littéraire parisienne ! L'amitié est au rendez-vous avec son pote Paul. Et de plus, Zerna, la Sicilienne, nous fait entrer dans la Trattoria, le Ristorante avec ses cousins aux humeurs maffieuses.



4. Le style :



Au fil des chapitres, le lecteur passe d'un personnage à l'autre et s'enrichit du contexte à imaginer, de la vie de ces héros.



Didier D'HALLUIN .
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Ma Mère, par exemple

André-Joseph Dubois raconte l'histoire de sa mère. Une vie ordinaire faites d'espoirs déçus et de moments de bonheur, comme toutes les vies. Ce récit intimiste est assez touchant parce qu'il raconte une existence ordinaire, décrite de manière assez froide et distancée, comme pour en décrypter le sens. Et finalement, c'est une histoire universelle que l'auteur nous offre. Celle de l'absurdité de toutes les vies et du sens que nous décidons de leur donner. Ou pas.
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L'oeil de la mouche

Je viens de découvrir ce roman qui est une réédition de 1981 ou l'on suit les pensées d'un homme de moins de 30 ans, prof de lettre qui décide de tenir un journal intime. Il sort d'une maison de repos et ne veut plus suivre de séance chez son psy. Il décide d'écrire. Il s'interroge sur le fait d'écrire un journal au lieu d'un roman, il s'interroge sur son parcours, sur sa famille et sa vie en général. Il est assez lucide, ironique mais n'est pas toujours compris. Il s'interroge sur son rapport à la langue française, lui qui est belge, fils de mineur dont les grand-parents parlaient des dialectes locaux. Dans ce récit se mêlent son passé et son présent. J'ai beaucoup aimé ce journal intime. J'ai été très sensible à cette introspection. Belle découverte.
Lien : http://ramettes.canalblog.co..
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