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EAN : 9782930646503
217 pages
Espace Nord (14/03/2013)
3.92/5   6 notes
Résumé :
Et si la conquête de la « belle langue », quand on est d’origine modeste, était une forme de trahison ? C’est cette question, celle de l’identité sociale, que pose le narrateur de L’Œil de la mouche.

Un homme en crise compartimente son regard, multiplie les points de vue sur son propre parcours : celui d’un enfant de mineur devenu prof, mais aussi celui de ses proches et d’anonymes croisés au hasard.

Par le jeu d’une ironie lucide et im... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Sujet de philo : peut-on être et avoir été ? Dans ce court récit, André-Joseph Dubois couche les réflexions d'un homme sans identité, tiraillé entre ses origines et son statut actuel.
Suite à une dépression, un professeur de lettres se met à tenir un journal où passé et présent se mélangent. Il relate son enfance au pied d'un terril, là-haut en Wallonie, au sein d'une famille ouvrière, et comment il a pu quitter son milieu grâce à ses brillantes études littéraires. Mais malgré ses efforts, son milieu continue de lui coller au corps ; peut-on vraiment se réinventer ?
Evidemment, Bourdieu est cité en exergue de ce roman écrit en 1981. Mais le coeur du livre est la langue française, et Dubois démontre combien sa maîtrise, pour le narrateur, devient un marqueur social et le symbole de son ascension -surtout, oublier le patois familial et effacer son accent. Mais ce qu'il relate du présent dans son beau langage est vide de sens et d'émotion, comme s'il était étranger à sa propre vie, trop occupé à trainer le boulet de son passé -ou de la culpabilité de sa réussite ?
Dans ce roman, il est donc question de névrose de classe, mais je n'adhère plus à cette vision trop sombre du positionnement face à l'héritage culturel. Ce que j'ai le plus apprécié est la façon dont la langue française est valorisée dans sa forme la plus pure, surtout à une époque où nos Présidents de la République se piquent de parler "peuple" ("On se demande c'est à quoi ça leur a servi").
Pour les amoureux de la belle langue...
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Ce livre est raconté comme un journal. le journal d'un homme, fils de mineur, qui attiré très tôt par les belles lettres, devient professeur de littérature. Pour y parvenir, il va lire, étudier, tenter de s'élever socialement par la culture générale qu'il acquiert. Bien que son métier lui prouvera son ascension sociale (pour çà, il s'est éloigné de ses parents et de ses origines), il finira par se rendre compte que jamais, il ne fera parti de la bourgeoisie tant convoitée, tout simplement parce qu'il n'y est pas né.
Lorsqu'il réalisera qu'il a tout sacrifié pour l'amour des lettres, qu'il a renié ses parents, qu'il a fait choix d'une vie de solitaire, la douleur le mènera au suicide.
J'ai trouvé ce livre très intéressant pour l'étude sociale des personnages. Attention, ce n'est pas un livre de sociologie, c'est bien un roman (peut-être un peu autobiographique). Il ne manque pas d'humour, et qu'est-ce que c'est bien écrit !
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Oeuvre de jeunesse, l'oeil de la mouche est paru en 1981. André-Joseph Dubois y raconte, à travers le journal imaginaire d'un jeune professeur de français, la honte de celui qui s'est élevé au dessus de sa condition. le narrateur, s'enfonce dans le désespoir parce que son projet de s'éloigner absolument de ses parents lui semble voué à l'échec malgré de bonnes études et une place enviable dans la société. Durant près de deux-cents pages, il s'apitoie sur son sort, méprise la terre entière, et juge tout ce qui l'entoure avec cynisme et mépris. Ce pessimisme à la Cioran, décrit à grand renfort de subjonctifs imparfaits, de références littéraires et de mots rares, lasse assez vite. En revanche, la question qui est au centre du livre mérite qu'on s'y attarde. Peut-on nier ce qu'on était à la naissance ? L'anti héros de cette fable se comporte comme s'il n'avait pas été fils de mineur, comme s'il n'avait ni habité un coron ni compris le dialecte rude des hommes du peuple. Au fond, l'ouvrage met en lumière l'impossibilité de ce refus. Transfuge de classe, le personnage finit par mépriser les siens, ne le supporte pas, s'abîme dans ses contradictions.
Cela aurait pu faire un texte vraiment passionnant s'il avait eu un peu plus de distance, s'il l'auteur était parvenu à rendre le propos plus universel. Au lieu de cela, il nous livre un journal narcissique, agaçant et bouffi de narcissisme.
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Je viens de découvrir ce roman qui est une réédition de 1981 ou l'on suit les pensées d'un homme de moins de 30 ans, prof de lettre qui décide de tenir un journal intime. Il sort d'une maison de repos et ne veut plus suivre de séance chez son psy. Il décide d'écrire. Il s'interroge sur le fait d'écrire un journal au lieu d'un roman, il s'interroge sur son parcours, sur sa famille et sa vie en général. Il est assez lucide, ironique mais n'est pas toujours compris. Il s'interroge sur son rapport à la langue française, lui qui est belge, fils de mineur dont les grand-parents parlaient des dialectes locaux. Dans ce récit se mêlent son passé et son présent. J'ai beaucoup aimé ce journal intime. J'ai été très sensible à cette introspection. Belle découverte.
Lien : http://ramettes.canalblog.co..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi, je vis dan une sorte d'entrepôt. J'ai juste déballé mes livres parce que je ne saurais me passer, sinon de leur commerce, du moins de leur présence; Comme je ne dispose pas de rayons, je les ai dressés en colonnes éparses qu'il me faut contourner pour me déplacer. Cela m'amuse.
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Je reconnaissais le chef-d'oeuvre. Mais cette reconnaissance en impliquait une autre. Celle de ma propre trahison. Car la langue de Céline, puisée au caniveau, ressemblait à ma langue naturelle, objet de haine et de honte, dont je m'étais débarrassé à grand peine : en me reniant moi et les miens.
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Mon mépris du journal remonte loin. sans doute au temps où ma soeur, ayant reçu un gros cahier toilé de rose et marqué en lettres d'or enjolivées d'arabesques et de fioriture : Journal, où ma soeur donc se mit en devoir de le remplir en reniflant chaque page, chaque ligne, comme un chien aveugle.
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Quand j'étais petit et qu'on exigeait de moi que j'engouffre de grandes quantités de nourriture, je faisais remarquer que mon père mangeait moins que moi. Il me répondait qu'il avait l'estomac à moitié rempli de charbon.
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Il est ingénieur, a-t-elle répondu, ce qui voulait dire ; c'est normal qu'il habite un quartier chic. Elle prononçait ingéni-eur, avec une diérèse, comme si le gain d'une syllabe ajoutait au prestige du métier.
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Video de André-Joseph Dubois (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André-Joseph Dubois
André-Joseph Dubois nous parle de son roman L'Oeil de la mouche.
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