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Citations de Andrée A. Michaud (395)


Mon père avait posé une main sur mon épaule. Ça va, punaise ? Il me donnait ce surnom dans les moments graves, punaise. J'aurais pu m'en offusquer, mais je savais que la punaise qu'il voyait en moi n'avait rien à voir avec la bestiole. Il s'agissait d'une punaise pas vraiment punaise, qui ne sentait pas le diable et savait grimper aux arbres. Punaise n'était qu'un synonyme de la puce, pas tellement plus flatteur, si on y pense bien, qu'un mot gonflé d'affection, et rien ne me faisait plus plaisir que de l'entendre m'appeler ainsi. Tant qu'il m'appellerait punaise, je saurais qu'il m'aimait.
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Appuyé sur l'aile droite de sa voiture, une Volvo d'une quinzaine d'années dont il avait en partie refait la mécanique, Lavoie les avait regardés s'éloigner, trois adolescents dont le soleil matinal allongeait les ombres, trois corps animés de cette force brute qui vous donne l'illusion que vous pouvez déplacer des montagnes et que l'éternité vous est promise. Il avait aussi connu ça, ainsi qu'il avait connu les désenchantements qui s'ensuivent, et il était heureux que sa fille ne se doute pas à quel point l'éternité pouvait sembler longue.
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On croit toujours que ça n'arrive qu'aux autres, ces histoires d'horreur. On compatit avec les parents éplorés quand on voit le visage d'un gamin ou d'une gamine reproduit dans le journal ou placardé sur un mur, mais on n'imagine pas que ce visage puisse un jour être celui de notre enfant. Si cette idée nous traverse l'esprit, on la repousse immédiatement en se disant que ça ne peut pas se produire, qu'on est là pour protéger le petit, la petite, que rien ne peut l'atteindre tant qu'on monte la garde. On plaint les pauvres types qui se promènent avec la photo de première communion de leur fillette (…). On plaint les femmes aux yeux cernés abruties par les somnifères, les antidépresseurs, le gros gin caché dans l'armoire de la cuisine (…) mais on n'arrive pas à s'associer réellement à leur détresse. Ce type de fatalité ne frappe que ceux dont le destin est programmé pour le malheur et on ne fait pas partie de ces gens. C'est ce qu'on croit.
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Maheut était assez intelligent pour comprendre que la mort inadmissible de cette enfant, seize, câlisse, presque sa fille, venait d'éveiller en lui l'infinie tristesse des pères aux mains inutiles.
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Le mal ne pouvait survenir d’un être isolé. Il venait toujours du nombre et du surnombre, de l’accumulation des haines avec le nombre, de la proximité de trop de destins orchestrant férocement leur accomplissement.

(p.161)
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La douleur est compréhensible dans toutes les langues.
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Puisque j'étais vivant et pas encore totalement cinglé, j'avais pris mes jambes à mon cou, inconscient que la bête que je tentais de semer avait fait son nid dans mes entrailles, que l'homme est un putain de cheval de Troie transportant dans ses tripes tout ce dont il a besoin pour s'auto-détruire et s'empoisonner la vie.
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La mort de Zaza Mulligan, comme toute autre mort, ne parviendrait pas à étouffer éternellement le rire des survivants. La vie se réorganiserait autour de cette absence et tous, sauf les proches et les flics de son espèce [Michaud], incapables de repousser les fantômes, oublieraient que dans l'espace occupé par l'absence, se tenait autrefois une jeune fille. Il devait en être ainsi, le jeu n'autorisait pas la participation des disparus.
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Je n'ai rien oublié des forêt de Bondrée, d'un vert à ce point pénétrant qu'il me semble aujourd'hui issu de la seule luminosité du rêve. Et pourtant, rien n'est plus réel que ces forêts où coule encore le sang des renards roux, rien n'est plus vrai que ces eaux douces dans lesquelles je me suis baignée longtemps après la mort de Pierre Landry, dont le passage au cœur des bois continuait de hanter les lieux.
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Les drames s'amorcent ainsi, dans l'imprécise lourdeur d'instants dont nous ne saisissons l'importance qu'après coup, quand il n'y a plus rien à faire.
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Il ... se demandait comment on vieillit, si on s’enlaidit lorsqu’on a personne à qui confier sa peur de mourir ou d’arrêter de bander, personne devant qui on peut cracher la bile qui vous bloque les mâchoires si elle reste dedans

(p. 132)
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N’importe qui sait que la mort tache, qu’elle laisse des marques partout où elle passe, de grosses traces sales qui nous font trébucher....

(p. 234)
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C'est ce désir de vivre aussi longtemps que possible dans une illusion les protégeant de l'immensité du monde et de l'incohérence du temps qui pousse les enfants à réclamer Les trois petits cochons quatre soirs de suite. Enfin, je suppose. On oublie tellement de choses essentielles quand on vieillit qu'on se demande parfois ce que ça donne d'avoir été petit si on est trop con pour se souvenir de quoi peut être constituée la joie, la vraie joie, celle qui éclate devant un cornet de crème glacée à trois boules surmontée d'une cerise siliconée.
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Il faisait tournoyer au fond de son verre la petite goutte d'alcool qui avait échappé à notre cul sec, en suivant le sens de la rotation de la terre, puis il changeait de direction, prenait le temps à rebours et recommençait. Peut- être se disait- il que si le verre pivotait assez longtemps vers l'arrière, il pourrait remonter vers le passé et obliger la terre à replier ses nuits les unes après les autres. Il aurait pourtant dû savoir qu'il ne faut pas davantage plier la nuit que le jour, qu'il faut au contraire courir et retenir ses cris, que c' est l'unique façon de sauver sa peau.
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ils n'avaient que vingt ans quand mon frère Bob est né, vingt-trois quand je suis arrivée à mon tour, vingt-huit lorsque Millie s'est pointée et, s'ils n'étaient pas pour autant devenus vieux, leur vision du bonheur s'était rétrécie, elle avait pris la forme d'une véranda et d'un jardin fou où poussaient pêle-mêle le persil et les glaïeuls.
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Elle aurait bien voulu retrouver sa naïveté d'alors, mais les six années qui la séparaient de la candeur de ses dix ans lui avaient appris à se méfier non pas de la forêt, non pas des mystères, mais des hommes enfiévrés qui la traversent, en proie à des désirs qui blessent et qui profanent, des hommes avides demeurant sourds aux supplications qu'arrache leur sauvagerie.
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Le malheur des autres, vous n'aviez pas besoin de vous y frotter pour le recevoir en pleine face. Il entrait chez vous par la télé, par la radio, au gré des milliards d'images charriées sur Internet, il se glissait dans votre cuisine avec le livreur de journaux, et la limite acceptable se situait là, entre l'image et la réalité.
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Boundary était enveloppé du calme succédant au drame, de l'engourdissement des jours de deuil, quand tout le monde se croit tenu de chuchoter, de baisser le volume de la radio, de garder les enfants à l'intérieur. Ce silence durerait tout au plus une journée ou deux, puis le bruit reprendrait ses droits. La mort de Zaza Mulligan, comme toute autre mort, ne parviendrait pas à étouffer éternellement le rire des survivants. La vie se réorganiserait autour de cette absence et tous, sauf les proches et les flics de son espèce, incapables de repousser les fantômes, oublieraient que dans l'espace occupé par l'absence, se tenait autrefois une jeune fille.
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J'avais regardé [ma mère] monter vers le chalet, même pas fâchée que j'ai bousillé sa séance de bronzage, et j'avais ressenti un pincement au cœur, un pincement d'amour, en voyant sa jupette voleter sur ses hanches. Je vieillissais, il n'y avait pas d'autre explication, et prenais lentement conscience que ça pouvait être aussi douloureux que chiant.
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Ceux qui croient que la pluie est grise n'ont jamais vraiment vu la pluie.
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