Anne Bourrel -
L'invention de la neige .
A l'occasion de la 6e édition du Polar se met au vert à Vieux Boucau (Landes), rencontre avec
Anne Bourrel autour de son ouvrage "
L'invention de la neige" aux éditions La Manufacture de Livres. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/75298/anne-bourrel-l-invention-de-la-neige Notes de musique : Whats that by David Szesztay. Free Music Archive Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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Le soleil chauffe, déjà haut, et la lumière explose, joyeuse, vivifiante. Sous l'eau, Xavier souffle avec régularité, ça bouillonne autour de lui et il s'enfonce dans les bulles et la mousse qu'il créé. Sans plus aucune pensée, longtemps il crawle et brasse dans tout ce bleu.
Dans toute la chaîne de vos ancêtres, ces gens auxquels vous tenez tant, vous là, regardez : il y aura au moins un mensonge. Minimum. Comptez deux chaque cent ans et votre généalogie, elle vole en éclats. Et vos certitudes. Et votre aplomb. Et votre envie, que je lis si clairement dans vos yeux, de me jeter la première pierre.
Les gendarmes savent que cette petite finit toujours par revenir, mais ils ont bien expliqué que, si elle tardait encore à rentrer, ils devraient en référer aux services sociaux. Il faudrait placer Marielle, dans un foyer, loin de la maison, la séparer de ses parents, incapables d’élever correctement leur enfant adolescente, incapables de la tenir chez eux. Ça ne peut plus durer, avait dit le chef de brigade, vous le comprenez bien que ça ne peut plus durer, ça va mal finir. Il faut trouver une solution.
Alors, d’entendre ce type qu’il avait pris pour un client ordinaire lui parler de sa fille, Jean-Louis, blême, s’adosse au mur jaune de la station et supplie le Boss de lui en dire davantage.
Le Boss ne sait pas par où commencer. Alors c’est moi qui parle la première. Jean-Louis sursaute, je crois qu’il ne m’avait pas encore remarquée.
– Elle dort, elle est avec nous dans la voiture, sur le parking.
Sylvie arrive à ce moment-là. Elle regarde Jean-Louis. Jean-Louis montre le bout de la piste. On se met à courir jusqu’au parking, là où est garée la voiture.
Elle se promet de dire oui, oui à la mairie, elle martèle le oui dans sa tête par-dessus le bruit du papier qui se déchire. Oui, oui, oui. Elle s’encourage à dire oui. Pour une fois ce sera oui et leur journée sera parfaite.
Ludovic bâille, le Chinois l’imite bruyamment, la sueur coule en grosses larmes entre mes seins et sur mes tempes. Le Chien fait sa vie un peu plus loin, la truffe dans le sable, il semble chercher la sortie.
J’ai la bouche pâteuse et des torsades dans le ventre. Le Boss à peine réveillé se lève, il marche tout droit vers la mer. Les pieds dans l’eau, il pisse longtemps. De notre place, on regarde le jet d’urine couler en un demi-cercle parfait dans le bleu de la mer, et ça nous suffit pour le moment comme spectacle.
Son petit chapeau de cuir noir et ses lunettes de soleil font bien ressortir son côté italien. Le Chinois marmonne un truc incompréhensible.
– Quoi ? Qu’est-ce que t’as dit ?
– Dire que c’est le seul type avec qui on pouvait taper la causette.
– Le… le Catalan ?
On reste silencieux.
Ludovic revient vers nous et, avant qu’il ne soit trop près, le Chinois en rajoute une couche :
– On n’aurait peut-être pas dû.
La petite fille tombe de la balançoire. Pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas de bras.
Ferrans a voulu partir juste après la cérémonie. Je pensais que Laure aurait préféré passer la soirée avec nous à Bram, mais elle n’a rien dit. Ils sont rentrés chez eux par l’autoroute dans le Cayenne bleu nuit que Ferrans venait tout juste d’acheter. A côté, notre vieille Laguna avait un air de vie triste et ratée.
Deux heures et demie plus tard, Laure m’a envoyé un message lapidaire, deux mots à peine, un texto vite fait, comme si, vu les circonstances, elle n’avait pas pu prendre le temps de faire des phrases entières.
Ils étaient bien arrivés.
Je ferme la porte, ça recommence.
Ils sourient tous de la même manière quand ils s’approchent de moi après avoir déposé l’argent dans le parcmètre : là, à cet instant, ils montrent leur visage en pleine lumière, pour que je voie jusqu’à quel degré d’hilarité et d’horreur ils se prennent pour les maîtres du monde. Ils me croient soumise mais, c’est sûr, ils ne paient que l’ouverture des jambes, le reste, ma haine qui les pénètre, ils ne la sentiront que plus tard. C’est avec cette pensée-là que je supporte, en général.
Sauf que chez les Malaval, c'est trop tard. la chaleur des premiers soleils est entrée. Bertrande se plaint: sa maison est la plus étouffants de tout le village, elle en est certaine.
Il entre, s’affale, son souffle s’accélère, ses coups aussi, ça va durer longtemps, je suis secouée comme un arbre, secouée, secouée, secouée. J’ai mal au cœur tellement il me secoue, ça va bientôt finir cette affaire ? Mentalement, je m’encourage, je gémis un peu, il s’en fout, il reste dans son délire, pas la peine que je fasse mon numéro, il continue seul sur la lande, ah, il vient, non, toujours pas, toujours pas, toujours pas, il a dû prendre un truc pour que ça dure aussi longtemps