AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anne Cathrine Bomann (68)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Agathe

A soixante-douze ans, le narrateur, psychanalyste à Paris, en est réduit à compter à rebours les consultations qui le séparent de son départ en retraite, lorsqu’une nouvelle patiente à l’accent allemand, Agathe, vient bouleverser l’ennuyeuse routine et les grises perspectives du vieux praticien. Pour la première fois, le mal de vivre épanché dans son cabinet va éveiller chez lui d’inattendus échos personnels, et la thérapie agir autant sur lui que sur sa cliente dépressive.





Sur un rythme vif, à coups de phrases sobres et dirigées vers l’essentiel, ce court roman happe d’emblée le lecteur, piquant sa curiosité et le tenant désormais sous son charme. L’histoire assène les vérités sans avoir l’air d’y toucher, révélant en quelques mots l’âme de ses personnages, avec une simplicité et une précision non dénuées de poésie. Sans pathos et toute en pudeur, elle immerge dans l’intime et l’émotion, sans même laisser le temps de s’en rendre compte. Vous vous pensiez en terrain neutre, et vous voilà soudain au bord d’un gouffre. Tout paraissait écrit, mais la vie vous entraîne pourtant encore dans l’espoir de ses incertains possibles.





Il suffisait pour cela d’une rencontre que rien ne laissait présager, entre une jeune femme incapable d’affronter sa peur de la vie, et un vieil homme insidieusement emmuré dans l’aliénante protection de la routine et de la solitude. Alors, chacun miroir de l’autre, peut-être oseront-ils quitter la berge pour enfin suivre le flux de leur existence.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          8013
En dehors de la gamme

Shadi est une étudiante en master qui doit soigner son anxiété et ses TOC ; à l'Université elle est très soucieuse de bien faire. Anna est au contraire virevoltante, désinvolte, fêtarde. Elles sont contraintes à travailler ensemble leur mémoire de master pour pouvoir avoir le directeur de recherches qu'elles souhaitent, Thorsten. Leur mémoire porte sur le deuil, et notamment la question de savoir s'il peut être dans certains cas considéré comme une maladie. Ce mémoire va se trouver associé à un projet de recherche de l'Université sur un médicament découvert par Danish Pharma, la Callocaïne, censée traiter le deuil pathologique, dont les effets secondaires ont pu être largement sous-estimés. ● le sujet de ce roman et son traitement sont très originaux. La question du deuil et de son éventuelle médicalisation est bien posée, et rejaillit sur un questionnement philosophique de plus grande ampleur : peut-on effacer la tristesse en prenant des médicaments ? Souffrir fait-il partie de la vie ou non ? Sommes-nous encore vivants si on annihile en nous toute possibilité de souffrance morale ? C'est très intéressant. ● Mais la mise en place de l'intrigue est vraiment beaucoup trop longue. Dans les trois premiers quarts, on a l'impression de tourner en rond, les répétitions sont nombreuses. Ce n'est que dans le dernier quart que l'intrigue démarre vraiment – et encore, j'ai trouvé la fin très décevante, pas du tout à la hauteur des questionnements soulevés ni de l'intrigue pourtant laborieusement construite. ● En conclusion, il y avait là matière à un superbe roman, mais l'autrice a en partie raté son coup, dommage.
Commenter  J’apprécie          503
Agathe

Voilà un petit livre très curieux qui ne ressemble à aucun autre que je connaisse – merci à Sabine59 qui attiré mon attention sur ce récit par sa chronique.



La seule chose qui me soit rapidement venue à l’esprit c’est la série « En thérapie » diffusée sur ARTE il y a quelques temps.



Nous sommes dans la tête du personnage principal - un psychanalyste qui va prendre sa retraite dans quelques jours – avec 688 consultations à venir au début du récit. Nous sommes aussi à Montpellier, peut-être dans les années 30, mais ce récit est intemporel et la situation pourrait tout aussi bien se situer de nos jours.



La vie de ce psychanalyste est réglée comme du papier à musique : sous la houlette de Mme Surrugue, sa secrétaire qui organise son emploi du temps minutieusement, il reçoit des analysants qui semblent être là depuis des lustres, sans grand espoir de guérison, où tout simplement la perspective d’aller un peu mieux.



Sa vie serait donc plutôt marquée par l’ennui, si une nouvelle patiente ne s’était pas présentée à lui pour qu’il accepte de s’occuper de son cas. Elle s’appelle Agathe et présente a priori un dossier plutôt lourd et complexe. Comme il va prendre sa retraite bientôt, il décline dans un premier temps.

Mais celle-ci insiste auprès de Mme Surrugue et réussit à lui extorquer un premier rendez-vous … qui sera bientôt suivi de beaucoup d’autres.

Contre toute attente, l’existence morne et routinière de notre personnage principal va être bouleversée par la présence répétée d’Agathe. Insidieusement, Agathe se révèle un cas étonnant, qui pique sa curiosité et va l’entraîner là où il n’avait aucune envie de se rendre.



Pas de pathos pour autant. On suit l’analyse d’Agathe et l’hypothèse qui se forme peu à peu dans l’esprit de notre analyste pour expliquer le comportement étrange de sa patiente. Et entre les deux protagonistes que rien ne prédispose a priori à se rencontrer, une curieuse connexion va se nouer entre eux, bien malgré notre psychanalyste qui sait pertinemment qu’il ne saurait y avoir de relation personnelle avec une analysante …



On ne dira rien du final – qui n’atteindra peut-être pas le suspense de la rencontre entre la belle Mélanie Thierry et Frédéric Pierrot dans « En thérapie » - mais ce qui est certain c’est que la vie millimétrée que mène notre héros va être fortement perturbée : il suffit par exemple que Mme Surrugue prenne un congé maladie pour s’occuper de son mari malade en suppliant son employeur de passer le voir, pour que tout se dérègle…





Etonnant premier roman qui m’a laissée plutôt perplexe. Et si, pour un personnage de psychanalyste j’ai préféré la lecture de « La patience des traces » de Jeanne Benameur, « Agathe », par la sécheresse de son style qui colle au personnage, n’est pas dénuée d’un intérêt certain.

Commenter  J’apprécie          503
Agathe

Drôle de petit livre d'une psychologue danoise, acheté par hasard. L'action se passe dans les années trente, quarante, à Montpellier mais l'endroit importe peu, en fait.



La narration est faite à la première personne par un psychanalyste de 72 ans, qui n'a qu'une hâte: être en retraite. Il ne supporte plus ses patients, son travail. Il compte à rebours le nombre de séances qu'il doit encore effectuer. Dans cet univers terne, routinier, solitaire qui est le sien , un élément perturbateur va souffler un tourbillon de vie...



Il s'agit d'une jeune femme, Agathe, pourtant dépressive, auto-destructrice. Il avait d'abord refusé de la suivre en tant que patiente, prétextant sa prochaine cessation d'activités. Mais l'insistance d'Agathe l'a emporté.



Peu à peu, le vide de sa vie va lui apparaître, grâce à elle, et l'espoir d'être enfin lui-même se dessiner...



On peut considérer ce livre comme une fable métaphysique, un conte philosophique, ou tout autre chose,c'est en cela qu'il est atypique, intrigant. Mais le fait qu'il soit si court ne permet pas de pénétrer en profondeur dans les âmes tourmentées des personnages, de creuser leurs souffrances. C'est ce que j'ai regretté. On reste un peu en surface. Et qu'elle est sombre, l'existence du psychanalyste, avant l'éclaircie !
Commenter  J’apprécie          374
Agathe

Le moins que l’on puisse dire c’est que le psychanalyste qui nous parle ici n’attire, de prime abord, aucune sympathie de notre part.

Monsieur va bientôt avoir soixante-douze ans et a donc décidé de prendre sa retraite, une décision tout a fait légitime sans aucun doute. Il lui reste cinq mois à se rendre dans son cabinet et il entame alors le compte à rebours des consultations restantes avec soupirs, indifférence, ennui et même agacement. Il nous évoque ses douleurs articulaires, ses pensées sur le vieillissement, ses petits croquis d’oiseaux caricaturaux dont il orne les dossiers de ses patients. Enfoncé dans son vieux fauteuil en cuir, il écoute d’une oreille distraite les différentes souffrances.

Il est célibataire, entretient avec sa secrétaire, madame Surrugue, une relation routinière pleine de déférence, purement professionnelle, sans aucune profondeur humaine.

Et puis Agathe se présente, très déterminée, et force sa réticence à prendre une nouvelle patiente. L’image de son regard puissant, de sa pâleur extrême, le déstabilise.



Ce petit roman surprend par le portrait de ce thérapeute qui a passé cinquante ans de sa vie à soigner des êtres en détresse psychique mais qui, en dehors de son cabinet, n’a jamais eu un geste, ni une parole vers quiconque, y compris son voisin immédiat. Il séduit par ses interrogations sur la façon de saisir sa vie, sur les difficultés de s’y couler sans qu’elle nous échappe.

Quelques aveux, portés par une très jolie plume, ouvrent sur les difficultés de vivre et de mourir. Au début, complètement résigné et indifférent, le narrateur éprouve ensuite des émotions de plus en plus confuses. Une interrogation ressort : Y a-t-il un mode d’emploi de la vie ? On glisse alors vers des réflexions sur l’existence tout en assistant à une évolution des relations.

Qui psychanalyse qui ?



J’aurais aimé rester plus longtemps plongée dans l’écriture sobre et plaisante d’Anne Cathrine Bomann qui décrit précisément les expressions physiques et morales des personnages et qui fait planer les impuissances de chacun.

La fin arrive trop vite et laisse dans son sillage un goût de trop peu. Je suis sûre que, tout en préparant ses tasses de thé, ce thérapeute pouvait encore nous parler des incertitudes de la vie.

Le sujet de la psychanalyse d’Agathe est également passionnant et ma curiosité aurait supporté plus d’approfondissement. C’est cependant un premier roman qui invite fortement à suivre l’évolution de cette auteure danoise.

Commenter  J’apprécie          377
Agathe

« Phénomène littéraire international », dit la description. De quoi créer des attentes…



Alors non, ce n’est pas l’enthousiasme. Mais en même temps, il y a vraiment une émotion qui passe dans ce roman.

Car il me met un peu mal à l’aise, ce psychanalyste tourmenté qui tient le décompte du nombre d’entrevues qui lui restent avant la retraite.



Un homme qui n’a aucune vie à lui, pas de famille, aucun ami. Il habite depuis toujours dans le même appartement où ont vécu ses parents, aucun décor personnel, rien. Une terrible solitude ? Et pourtant, il est là à écouter et à soigner des personnes dépressives, suicidaires ou mal dans leur peau.



Et Agathe ? C’est une patiente, qui souffre depuis des années. Elle a déjà été internée, a subi des électrochocs et autres traitements barbares. Elle veut disparaître…



Alors, lire c’est parfois habiter un moment d’autres vies et pour moi, celles-ci sont aussi autres que possible, mais j’en ai vécu un instant la misère…

Commenter  J’apprécie          340
Agathe

Ce que j’ai ressenti:



Et si vous vous installiez sur vos canapés et qu’on discutait un peu de lecture, un peu de la vie aussi, et personnages de romans? J’ai ouvert Agathe, un peu par hasard, parce qu’en ce moment, c’est difficile de trouver de l’engouement, même pour la lecture…Là, on dirait que c’est Agathe qui m’a choisie pour passer une petite consultation-introspection qui donne un peu de profondeur, à ce temps ralenti…



Première approche, un psychanalyste ronchon…Sans trop spoiler, on va dire que lui et moi, c’est pas possible…J’évite ce genre de personnes, qui comptent…Les personnes qui comptent le temps qu’ils donnent, le temps qu’ils reçoivent, le temps qu’il reste…Mais j’imagine que cette antipathie pour ce docteur est bel et bien voulue pour que Agathe puisse prendre sa place dans ce petit univers d’heures vides…



En revanche, Agathe et moi, c’est le coup de foudre. Tout à la différence du docteur, c’est une personne qui donne, ses émotions, ses failles et son désarroi. Sa fragilité est tellement apparente qu’on a presque peur qu’elle se désagrège sous nos doigts pendant que l’on tourne les pages…Plonger dans les yeux d’Agathe, c’est rencontrer l’abîme, mais c’est aussi voir une délicatesse touchante.



En ce temps de confinement, on a plus de temps pour réfléchir au sens de nos vies. Grâce à cette lecture, à l’élégance de la plume de Anne Cathrine Bomann, on fructifie nos esprits. Avec la pertinence de ces questions existentielles, elle a réussi à me toucher et à me faire apprécier ce duo étrange de patient/docteur…C’est un texte qui aborde beaucoup d’émotions, et notamment les vertiges de la solitude, l’ultime sursaut d’éveil avant l’implacable renoncement…



C’était peut-être juste ce qu’il me fallait, ce temps enrichi par la sobriété et l’intelligence de l’essentiel…Merci Anne Cathrine Bomann pour ce temps gagné à vous lire.





Ma note Plaisir de Lecture 8/10
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          316
Agathe

Pas complètement emballée par ce court roman… Et pourtant tous les ingrédients étaient réunis pour que je m’attache à Agathe et à son thérapeute : le thème, le fait qu’il soit écrit par une experte en la matière et que mon attention ait été attirée par une personne dont les goûts littéraires s’apparentent au miens.

Pourquoi donc cette déception ? Les chapitres ne font que se succéder nous laissant la plupart du temps sur notre faim. De l’un à l’autre, pas de lien : ce sont les réflexions d’un psychanalyste au bord de la retraite dont la vie est aussi peu épanouie que celle des patients qui le consultent, une sorte de carnet de bord, relatant ses propres doutes voire ses angoisses et ses perversions. (Cet anti-héros m’a fait penser à celui du Pigeon de Patrick Süskind).

Je ne me suis pas ennuyée pour autant mais j’y ai vu une sorte d’ébauche, peut-être un scénario pour un court-métrage.à

En bref, je dirais que c’est pour moi une œuvre non aboutie…
Commenter  J’apprécie          210
En dehors de la gamme

Traiter le deuil comme une maladie, une pilule dure à avaler ?



C’est l’idée maîtresse du deuxième roman traduit de l’écrivaine danoise Anne Cathrine Bomann, En dehors de la gamme, après le succès international de son premier livre, Agathe.



Cette trame est fameuse, un formidable concept pour une histoire qui plonge dans la psyché de ceux qui ont la douleur de perdre un proche. Avec la question existentielle de savoir si un deuil prolongé peut être qualifié de maladie chronique au sens médical du terme, et donc être traité à coup de cachets.



L’autrice invente un traitement révolutionnaire qui va lui donner l’occasion de poser de passionnantes questions éthiques et psychologiques.



Plutôt que de se placer directement du côté des personnes touchées, le roman s’appuie sur ceux qui gravitent autour des tests de ce médicament expérimental. Un psychologue renommé, deux étudiantes qui rédigent leur thèse en commun, et l’inventrice de la molécule.



Pour ceux qui, comme moi, sont intéressés par la psychologie autant que par les questions sur la souffrance mentale, voilà un sujet qui s’annonçait aussi original que passionnant.



Et le récit l’est, à la limite du roman noir (surtout dans sa dernière partie qui flirte avec le thriller). 400 pages qui se lisent rapidement, à coups de chapitres courts, et dont la densité du propos happe le lecteur.



Le récit est avant tout un drame, le roman servant aussi à développer des personnages forts. Des protagonistes qui luttent pour trouver leurs places dans le monde, à l’image des deux étudiantes aux profils antagonistes.



Voilà une histoire à la thématique puissante, traitée autant pour rendre le roman prenant que pour pousser le lecteur à la réflexion.



L’autrice est psychologue de métier et ses investigations pour ce livre sont à la pointe des dernières recherches sur le sujet.



Le deuil, maladie et non ressenti, qui peut être traité comme un cancer ? Les portées éthiques, morales, scientifiques sont nombreuses, surtout quand Big Pharma dépasse la ligne jaune.



Peut-on effacer la tristesse par la chimie ? Le traitement novateur dans le livre pose bien des questions, surtout quand un important effet secondaire apparaît, modifiant le comportement même des personnes.



Perte de contrôle ou changement de personnalité ? La question se pose depuis des décennies avec les psychotropes. Le sujet est ici poussé bien plus loin et se révèle l’intérêt premier du livre. Rajouté à la complexité intérieure des personnages, le roman se lit avec engouement.



A vouloir gommer l’affliction du deuil, peut-on perdre son âme ? La pharmacologie comme l’avidité des grandes sociétés pharmaceutiques sont questionnées avec brio par Anne Cathrine Bomann dans cette fiction originale et questionnante qu’est En dehors de la gamme.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
Commenter  J’apprécie          151
Agathe

Il y a des livres que vous choisissez parce que vous en avez entendu parler ou ceux dont vous aimez l'auteur, ceux qu'un ami ou un libraire, ou un libraire-ami, vous conseille et il y a ceux dont vous ne savez rien et qui vous choisissent.

Agathe a fait partie pour moi de cette dernière catégorie. Sans doute le visage froid, insistant et mystérieux de la couverture m'avait interpellée et avait eu raison de ma curiosité. Choisi sans même regarder la quatrième de couverture, une première pour moi, il a séjourné quelque temps dans ma pile de livres à lire. Puis le visage a réapparu un jour sur le dessus de la pile. Il me fallait en découdre et procéder à une analyse plus approfondie en me plongeant dans sa lecture.



D'analyse, il en est justement question dans ce petit roman qui n'a l'air de rien. A 72 ans et en fin de carrière, un homme aux articulations douloureuses, dont on ne sait ni le prénom ni le nom, mène une vie solitaire et routinière uniquement accaparée par son métier de psychanalyste. Il compte les jours et le nombre de patients qui le séparent de la retraite. Quand survint Agathe, insistante et déterminée à le rencontrer. Ce n'est pas vraiment le moment pour prendre une nouvelle patiente et encore moins pour entreprendre une analyse, compte tenu de ses antécédents psychologiques. Et pourtant… lequel a le plus besoin de l'autre ? Une rencontre va se faire révolutionnant ces êtres en mal d'existence.



En écrivant ces quelques mots sur ce roman, je ne sais pourquoi le prénom Agathe m'a fait penser à agate, la pierre. Je voyais bien les couches colorées et concentriques de cette pierre mais n'en savait guère plus.

En faisant quelques recherches, oh surprise, j'ai découvert ceci : "En lithothérapie, la pierre agate a pour principale propriété d'être une pierre de chance et une pierre d'ancrage. Ses propriétés et vertus s'articulent autour d'un apport au niveau de l'équilibre physique, émotionnel et intellectuel… La pierre agate est une pierre calmant les angoisses, elle apaise et harmonise... Elle aide chaque être à prendre de la confiance en soi et à s'accepter tel qu'il est. Elle apporte du courage dans les moments difficiles... La pierre agate offre en lithothérapie des vertus d'autopsychanalyse et des perceptions extra-sensorielles d'éléments dissimulés… La pierre agate permet d'apporter également plus de sincérité et incite à dire le fond de sa pensée. Cette pierre naturelle développe la concentration et favorise les souvenirs. C'est aussi une pierre favorisant la clairvoyance, l'enregistrement des différentes expériences vécues et la contemplation. Toujours dans cette optique de calme et de plénitude, la pierre agate permet de désarmer la colère intérieure. Elle a pour rôle de dissiper tous les éléments intérieurement perturbants et chocs émotionnels pour instaurer un sentiment de sécurité".

Tout y est dit sur Agathe et des interactions entre elle et son psychanalyste. Je ne sais si le choix du titre et le prénom du personnage du roman, sont un hasard ou une volonté éclairée de l'auteur...



Bref, un petit roman et des personnages qui n'ont l'air de rien, mais qui en disent plus qu'il n'y paraît.



Comme quoi une couverture peut vous attirer et vous emmener plus loin que vous ne pensiez.

Commenter  J’apprécie          140
Agathe

« Lorsque je fixai le miroir pour voir mon visage, il était vide, il n’y avait personne ! Et bien que je sache parfaitement que nous n’avions là aucun miroir, en prendre conscience me prit juste assez de temps pour que la pensée surgisse : c’est exactement ça ! »

Tous, nous vieillissons. C’est soit ça, soit mourir. Inéluctable, donc. Lorsque le narrateur en prend réellement conscience, lorsque ça fait sens pour lui, dont le métier est justement de tirer du sens de ce que les gens lui confient, de les amener à le voir par eux-mêmes (il est psy-quelque-chose-clinicien), ça le fait vaciller. Il a décidé que (peut-être) lorsqu’il aurait 72 ans il prendrait sa retraite. Quelques six mois à tirer encore, ça représente 800 entretiens à assurer. La pesanteur du renoncement se faisant sentir comme jamais, notre psy va lentement faire l’expérience (mieux vaut tard que jamais) du lien…

Que voici un étrange premier roman. L’autrice, Anne Cathrine Bomann, est danoise, mais situe son roman à Paris, en 1948. Par petites touches, elle esquisse un monde désuet et charmant, qui flirte avec la désespérance sans jamais y sombrer. Une fantaisie indéniable rythme l’ensemble et on se soumet comme sans y penser au charme de ces trop courtes pages. Une réussite !
Commenter  J’apprécie          140
Agathe

Au crépuscule de sa longue vie professionnelle, un psychiatre prend en charge, à contre-cœur, une dernière patiente. Sans le soupçonner, Agathe, jeune femme fragile comme du verre, va amener un peu de flamme dans la vie assoupie du vieil homme.

Résumer comme cela, l’histoire pourrait ressembler à un très mauvais roman de gare. Il n’en n’est rien tant le style de l’écriture est raffiné. Il y a aussi cette manière de prendre le temps, de jouer avec lui, en le regardant faire ses effets sur les êtres, à la fois simple et complexe qui n’est pas sans rappeler certaines pages de Virginia Woolf ou d’Henry James.

A mille lieux d’un monde en pleines convulsions, « Agathe » nous invite à suspendre le temps et mener une introspection intime tout en douceur et en silence. Atypique et solaire.

Commenter  J’apprécie          120
En dehors de la gamme

Proposant un aujourd'hui possible et effrayant (l'histoire se déroule, pour l'essentiel, entre septembre 2024 et février 2025), tant la fiction trouve ici d'échos dans notre réalité, le deuxième texte traduit de la danoise Anne Cathrine Bomann se dévore à la fois comme un thriller parfaitement construit et comme un passionnant roman de critique sociale, qui invite le lecteur à réfléchir aux terrifiantes dérives d'une idéologie du bien-être universel, cherchant à éliminer toutes les formes de malaise personnel, dès lors qu'elles sont susceptibles de nuire au bon fonctionnement de la communauté, pour soigner les troubles délinquants à coup de médicaments, quitte à priver l'humanité d'amour... C'est cette dimension apologétique que l'on retient surtout, une fois le livre refermé, et qui devrait faire de cette oeuvre une des parutions les plus intéressantes de cette rentrée littéraire de l'automne 2023.

L'Université d'Aarhus a accepté de mener des recherches sur la possibilité de considérer le deuil comme une pathologie, pour conforter la mise au point d'un médicament destiné à soigner cette dernière par l'important groupe industriel Danish Pharma. Dans ce cadre, deux étudiantes en psychologie se voient proposer, par leur professeur, de réaliser ensemble un mémoire de Master autour de la question : faut-il traiter le deuil comme une maladie ? Tout pourtant semble devoir contrarier ce travail commun, tant leurs tempéraments s'opposent. Face à la timorée Shadi, hantée par ses angoisses et ses TOCs, fragilisée aussi par sa rupture avec l'infidèle Émil, Anna se montre extravertie, sinon extravagante, combattant par sa pratique de la boxe le souvenir de la mort de sa mère et ses difficultés à aider son père à surmonter son deuil. C'est elle, Anna, qui, en dépit de la problématique de leur sujet d'étude, refuse d'emblée, le diagnostic de deuil pathologique et l'éventualité d'un traitement médicamenteux, et c'est elle qui, la première, va conforter les doutes de Thorsten, leur professeur, qui a découvert que certains des tests préliminaires à l'usage de la Callocaïne, le fameux remède mis au point par Danish Pharma, semblent prouver que son emploi pourrait entraîner chez les utilisateurs une disparition de l'empathie, voire l'apparition de sinistres symptômes de psychopathologie… Les recherches du trio, gagnées par l'urgence, prennent dès lors une tournure conflictuelle, l'étude scientifique s'ouvrant sur des enjeux très politiques !

Dans un récit qui fait alterner les différents points de vue, ceux des jeunes femmes et de leur mentor, mais aussi celui d'Elisabeth, la redoutable cheffe de projet au sein de Danish Pharma, Anne Cathrine Bomann, elle-même psychologue, utilise (comme elle l'avait déjà fait dans « Agathe », un premier roman très réussi autour de la pratique psychanalytique) tout son savoir professionnel pour mieux scruter l'âme de ses personnages, décrire chacune de leurs tragédies intimes, en montrant comment ces troubles égoïstes suscitent les meilleures des motivations, ou les pires… Son talent de romancière s'affirme aussi dans sa manière de ménager le suspense et d'utiliser des coups de théâtre à bon escient, mais ce que l'on retiendra surtout c'est cette interrogation qu'elle suscite et qui s'épanouit au coeur de sa fable : à quoi bon une humanité sans empathie, sans amour ? Son texte entre ainsi, par cette dimension philosophique, dans le cercle des meilleures dystopies scandinaves : on pense au « Kallocaïne » (auquel le nom du médicament dans le récit fait un évident clin d'oeil, le récit semblant d'ailleurs s'inscrire dans une relation de filiation spirituelle avec ce texte mythique) de Karin Boye ou, plus près de nous, à l'« Épidémie » d'Asa Ericsdotter. Alors, lecteurs, peut-être vous-mêmes « en dehors de la gamme », n'hésitez pas à écouter les notes bleues, vaguement disharmoniques, d'Anne Cathrine Bomann, pour mieux continuer à lutter contre toutes les formes de cauchemars climatisés !

Commenter  J’apprécie          110
Agathe

Le narrateur compte...... Il n'est pas comptable mais psychanalyste et ce qu'il compte c'est le nombre de consultations qu'il lui reste à faire (800) avant de prendre sa retraite. Il n'a qu'une hâte c'est d'en finir mais il va se voir contraint d'ajouter une nouvelle patiente, Agathe, sur l'insistance de sa secrétaire Madame Surrugue. Agathe est une jeune femme d'origine allemande âgée de 25 ans, mariée ayant subi de nombreux traitements dont certains très lourds pour des troubles psychiatriques et qui tient absolument à être suivie par lui.



Alors qu'il pensait que cette dernière ligne droite allait être sans surprise et l'alléger d'un poids, l'arrivée dans son cabinet de cette jeune femme va bouleverser la routine de ses journées, l'amenant, lui le psychanalyste, à porter un autre regard sur les autres et sur lui-même. 



Lui qui écoute les troubles de chacun semble n'avoir jamais porté aucune attention sur sa propre vie, sur ses relations aux autres, ayant peu de compassion pour ces voisins, secrétaire. Peu à peu on le découvre comme un solitaire qui attend avec impatience sa retraite sans avoir une idée précise de ce qu'il va en faire, un peu bougon et l'analyse du mal-être de cette jeune patiente va presque inverser les rôles le poussant à revoir son présent, sa relation aux autres et même son futur.



Au fur et à mesure des consultations avec sa patiente, le psychanalyste va se pencher sur sa propre existence et les questions d'Agathe vont finir par mettre le doigt sur ses propres souffrances, ses propres manques. A force d'écouter les autres il ne s'entendait plus lui-même.



C'est un roman qui aborde de nombreux thèmes : la mort, la vie, la solitude, le rapport aux autres et rejoint la cohorte des romans écrits pour donner des réponses à ceux qui les cherchent. Une sorte de petite histoire philosophique, particulièrement bien écrite, je dois le reconnaître, tellement on ressent la mélancolie du narrateur, sa tristesse, la routine de ses journées et sa misanthropie parfois, mais je suis restée à distance de cette lecture. L'originalité du récit tient par le narrateur, un psychanalyste, spécialiste du mal-être des autres, dont on peut penser qu'il a toutes les clés et pourtant :



"J'ignore totalement comment fonctionnent les gens ! Alors qu'en dites-vous ? Tout cela n'est qu'un grand spectacle ! (p127)"



Une agréable lecture, douce, mélancolique, je la recommande pour la sobriété de l'écriture, pour une psychanalyse accessible et rapide, un petit côté positivisme à la manière feel-good.  Je ne regrette pas de l'avoir lu, dans le genre il est réussi mais j'en attendais peut-être beaucoup plus vu la façon dont ma bibliothécaire me l'avait recommandé. 
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          110
Agathe





Agathe est un roman que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire, je l'ai lu quasiment d'une seule traite, ne faisant que de courtes pauses. J'ai été très touchée par cette tranche de vie, cette rencontre entre deux solitudes. Le narrateur a 72 ans et est sur le point de prendre sa retraite. J'ai envie de dire : il était temps. Je ne dis pas ceci à cause de son âge, je dis ceci à cause de son manque criant d'investissement. Il écoute ses patients, distraitement, tout en dessinant, et en ne retenant pas grand chose de ce qu'ils lui disent, comme en un bruit de fond. Il compte les rendez-vous qui le séparent de la retraite. Oui, il pense à sa succession, il pense aussi à sa fidèle secrétaire madame Surrugue qui, il faut bien le dire, outrepasse son travail au tout début du roman : elle a accepté une nouvelle patiente, une allemande. Jamais, vu le temps qui le sépare de la retraite, il ne pourra effectuer un travail sérieux avec elle ! Il ne se rend pas compte qu'il n'effectue plus vraiment de travail sérieux avec personne.

Et puis... l'impensable se produit, lentement. Comme si la vie du vieux psychanalyste revenu de tout, qui se préparait à attendre seulement la mort, en contemplant peu à peu le temps affaiblissement de son corps, la perte de ses moyens, se mettait tout à coup à repenser les tenants et les aboutissants de son métier. Pour la première fois aussi, il s'intéresse à la vie personnelle de madame Surrugue, parce que, pour la troisième fois au cours de leurs longues années de travail commun, elle lui demande un congé, pour prendre soin de son mari, atteint d'un cancer en phase terminale. C'est comme si, pour la premi-ère fois, il prenant conscience de ce que signifiait veiller sur l'autre, prendre soin de lui, se préoccuper de lui. Monsieur Surrugue est toujours, malgré la maladie, l'homme qui aime sa femme, et sait que, si le présent est douloureux, le futur le sera aussi.

Et Agathe ? Elle se raconte, peu à peu. Elle raconte celle qu'elle n'est pas, celle qu'elle n'a pas voulu être. Qui Agathe est-elle vraiment, alors ? A elle de se (re)construire.
Commenter  J’apprécie          100
Agathe

Un psychanalyste au bout de cinquante ans de carrière, quelque peu désabusé, sur sa pratique et sur sa patientèle, égrène les huit cents entretiens qui lui restent à assume ravant la fermeture de son cabinet.

Une ultime nouvelle patiente, Agathe, va venir briser la tranquille routine dans laquelle il s'était enlisé, aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle.

Agathe, en effet, met quelque peu à mal l'autorité distanciée derrière laquelle se retranche le psychanalyste. Ce dernier sortira alors de sa zone de confort et se confrontera au plus près des angoisses et des peurs que nous partageons tous, psychanalyste ou pas.

Un roman profondément bienveillant, empli d'humanité, écrit par une psychologue danoise.
Commenter  J’apprécie          90
Agathe

Allongez-vous sur le divan...

Vous serez l'un des derniers patients, la retraite approche, et les séances défilent comme un long compte à rebours. Il n'est pas sûr que votre mal-être passionne notre thérapeute. Désabusé, lui aussi en proie à la sensation tenace de n'avoir rien fait de sa vie, il vous écoutera patiemment mais sans passion. Sa secrétaire aura préparé votre dossier. Il est dans la pile qu'elle lui tend tous les matins depuis si longtemps. Toute une vie...



Agathe, elle, va tout faire basculer. Elle s'impose dans ce cabinet, ignorant délibérément la retraire qui vient. Six mois seront bien suffisants, à la guérir d'une vie sûrement pas, mais à bouleverser la suite, c'est certain. Les séances s'enchaînent, de courts chapitres où elle ne dit pas grand chose sur elle, on devine un trauma d'enfance, et des émotions enfouies traitées scarifications après scarifications. En confiant sa part sombre, Agathe, interroge le psychanalyste en face d'elle, et le pousse dans ses propres retranchements. Vacuité d'une vie contre vacuité d'une autre.



Ce court texte est une plongée dans la psychologie par le biais d'un praticien. On appréhende les personnages avec finesse et le parcours professionnel de l'autrice n'y est pas pour rien. Une économie de mots mais tout sonne juste. Et deux personnages qui se comprennent à travers leur incapacité à vivre.



J'ai la chance de recevoir Anne Cathrine Bomann à la bibliothèque jeudi dans le cadre @lesboreales et j'ai hâte de pouvoir échanger avec elle autour de ce roman et du suivant En dehors de la gamme dont je vous parle très vite. En attendant, j'ajoute ma recommandation aux nombreuses croisées ici. Allongez-vous sur le divan et lisez Agathe.



Commenter  J’apprécie          71
Agathe

Nous sommes dans les années 40. Le narrateur est un psychanalyste français de 72 ans qui va prendre sa retraite 5 mois plus tard. Il fermera son cabinet après les huit cent entretiens qu'il va assurer pendant cette période, un compte à rebours dont il suit scrupuleusement le décompte.



C'est un solitaire qui n'a établi aucune relation avec les gens qu'il côtoie depuis des années, que ce soit sa secrétaire ou son voisin, car il se dit incapable de parler aux gens en dehors de son cabinet. Il n'a ni famille, ni amis, il dit n'avoir jamais aimé quelqu'un et a la musique classique pour seul intérêt. Avec une certaine anxiété il voit la vieillesse arriver sans aucun projet pour sa retraite même s'il vit la fin de sa carrière comme une libération. Mais que faire de sa vie quand on a passé sa vie à écouter celle des autres?



L'arrivée impromptue d'une dernière patiente allemande, Agathe Zimmermann, qui a perdu le goût de vivre et qui se définit comme "enterrée vivante dans sa propre existence" va tout bouleverser. Le psychanalyste ne veut plus recevoir de nouveaux patients mais Agathe réussit à forcer sa porte. Elle veut apprendre à vivre sa vie " La vie m'échappe tout le temps. Elle est juste là, si proche que je peux la sentir. Mais je n'arrive tout simplement pas à découvrir comment on y entre"



Ces deux êtres qui ne parviennent pas à trouver un sens à leur vie vont lentement évoluer, au fil des rendez-vous. Agathe va être la seule patiente à pousser le médecin dans ses retranchements en lui demandant " Comment allez-vous, vous ?" , " Mais enfin, docteur, comment pouvez-vous passer votre vie à soulager la souffrance des autres sans avoir un regard sur la vôtre ? ".



Anne Cathrine Bomann utilise dans ce roman son expérience de thérapeute pour nous proposer une réflexion sur l’importance de trouver un sens à sa vie. Elle aborde de nombreux thèmes universels, la solitude, la vieillesse et l'angoisse de la mort qui approche, l'impression qu'on peut ressentir d'avoir raté sa vie. Le roman porte le nom d'Agathe mais c'est le psychanalyste qui en est le personnage principal, la jeune femme va le mettre face à lui même, face à sa souffrance, le faire réfléchir et le révéler à lui-même "Était-ce moi qui me lisais en elle ?" . Les rôles s’inversent et le psychanalyste se met à attendre et désirer la venue de la patiente qu'au départ il ne voulait pas recevoir. Ces deux êtres déprimés vont aller à la rencontre l'un de l'autre et se remplir de vie. Par petites touches, tout en douceur, avec des petites scènes du quotidien, des petits changements, cette histoire toute simple se déroule sur un rythme doux et lent. Un roman original, intimiste et émouvant.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
Commenter  J’apprécie          70
Agathe

Ce livre m'a été conseillé par un critique littéraire, et... quelle surprise !

Un roman concis et intelligent pour évoquer les angoisses de vie, qui vous prend par la main pour explorer les petits mouvements de l'âme. Par petits chapitres, le narrateur nous emporte dans ses obsessions de psychanalyste proche de la retraite : comment écouter encore avec attention quand la pensée se dérobe ? Comment venir en aide à une personne en détresse ? Comment retrouver le mouvement du désir ?

Ces thèmes, délicatement abordés, m'ont vraiment intéressée car l'écriture est subtile et le propos sans détour : tout invite à l'empathie.

Un moment de lecture très agréable...

Commenter  J’apprécie          70
En dehors de la gamme

Quoi de plus terrible que le deuil ? Cette douleur qui vous foudroie quand vous perdez un être cher. Quoi de plus normal aussi ? Sentiment universellement partagé, le deuil accompagne nos vies. Il est même reconnu depuis peu comme un trouble psychologique quand il se prolonge. Anne Cathrine Bomann imagine dans ce roman qu'une pilule pourrait tout changer. Elle nous sauverait de cet état de latence, nous donnerait l'occasion d'aller mieux, de passer à autre chose, quitte à perdre toute empathie.



C'est un drôle d'objet littéraire. S'il a tout d'un thriller médical, il porte en lui une réflexion philosophique et sociétale. Deux étudiantes, différentes mais liées par la perte, vont avancer ensemble. Elles trouveront sur leur chemin un professeur méfiant qui ne voit pas d'un si bon œil ce remède miracle, une femme démunie face à la disparition de son enfant, et des hommes prêts à tout pour l'argent. Comment monnayer l'absence de douleur ? Comment faire dans une société qui renierait un de ses fondements depuis des siècles, le rituel funéraire et le long travail pour accepter le manque, la nostalgie, les vêtements qu'il faut se décider à donner, mille petites choses de rien qui font l'humanité.



Les pages se tournent aussi vite que la recherche avance, les histoires de coeur succèdent aux cœurs qui ne battent plus. C'est intelligent et angoissant. Légère anticipation, 2024 n'est plus si loin, et il se trame bien des choses dans les laboratoires pharmaceutiques et nous sommes capables de tout pour apaiser les pleurs, pour le repos de l'esprit, combler le trou béant dans la poitrine.

L'autrice, psychologue, a cette acuité pour parler de l'être humain et de ses troubles. Elle fait de son texte, un thriller avec un gros supplément d'âme et d'humanité. Et un roman médical à suspens. Peut-être aussi un essai de psychologie romancé. Inclassable, ce qui devrait être l'argument de plus pour le découvrir.



Après ces deux lectures dans le cadre des Boréales, j'ai hâte de voir ce que l'autrice danoise nous réserve pour la suite, en attendant je ne peux que vous conseiller de la lire. Et comme toujours de faire un tour dans le catalogue de la Peuplade !
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anne Cathrine Bomann (297)Voir plus

Quiz Voir plus

la mythologie grecque

Qu i sont les premiers enfants d'Ouranous et de Gaia ?

les titans
les cyclopes
les titans et les titanides
les titanides

50 questions
880 lecteurs ont répondu
Thèmes : mythologie grecqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}