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Critiques de Anne-Laure Reboul (28)
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La tomate

Cette BD m'a séduit surtout pour son aspect graphique que j'ai trouvé très réussi, les traits marquent bien le désarroi des protagonistes, les couleurs mêlent différents tons qui s'harmonisent, du jaune au bleu, du ocre au vert, avec également des noirs profonds et les yeux bleu mauve de l'héroïne, jusqu'au rouge de la tomate.



J'ai également apprécié que ce fruit ait été choisi par les auteurs pour illustrer la faute commise par Anna, cette Eve des temps futuristes, elle ne croque ni la pomme, ni la tomate, se contente de faire pousser et fructifier ses graines et cela est un péché mortel...



Pour le reste, l'histoire m'a paru assez confuse, ce monde a des similitudes avec celui de 1984, le vocabulaire n'est pas toujours très clair, les relations humaines naturellement sans empathie, le dénouement inévitable.



Je me souviendrai néanmoins de la tomate et de sa jardinière.
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Pensées profondes

Non est le point de départ d’un chemin rempli d’opportunités.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2024. Il a été réalisé par Anne-Laure Reboul pour le scénario, et par Régis Penet pour les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-dix-neuf pages de bande dessinée.



Préambule : Louise écrit dans son journal. Elle a un quart de siècle aujourd’hui et un immense élan de gratitude envers la vie. Si elle doit établir un bilan, à vingt-cinq ans, elle a un emploi stable, une amie fidèle et fantasque et un compagnon amoureux comme au premier jour. Certes elle ne nie pas que l’on peut toujours s’améliorer. Il ne s’agit pas de se reposer sur ses lauriers : ce serait verser dans la paresse ou l’orgueil, et elle ne veut ni l’un ni l’autre. Non, elle doit tendre vers le meilleur tout en restant une belle personne. Par exemple, ce travail à la mairie, il faut avouer qu’elle s’y encroûte un peu. Ne serait-elle pas plus utile si elle mettait ses qualités professionnelles au service d’une boîte de com, par exemple ? C’est comme Rozanne. Elle l’adore, mais il faut bien convenir que ça ne vole pas très haut. Elle écrit ces lignes avec beaucoup d’amour. Mais elle est consciente de ses limites et s’ouvrir à d’autres cercles que son groupe d’alcooliques altermondialistes (à leur âge, c’est ridicule) contribuerait à l’élever un peu plus. Ils ne sentent pas toujours très bon. En vérité, pourquoi devrait-elle perdre son temps avec ces révolutionnaires d’arrière-cuisine ? Qu’est-ce qui l’oblige à écouter leurs diatribes incohérentes et leurs petits trucs et astuces pour conserver le RSA ? C’est tellement petit ! Et en parlant de petitesse, c’est la transition parfaite pour faire un état des lieux sur sa vie de couple. Petitesse des conversations ! Petitesse des repas dans la belle-famille ! Petitesse de leur appartement si pratique et si laid, il ne faut pas avoir peur des mots ! Petitesse de leurs aspirations communes, qui se limitent à décider où l’on va diner ce soir ! Elle a vingt-cinq ans aujourd’hui, et, pour des questions de survie, elle doit s’extirper de cette existence de nul ! Allez, en selle, Louise ! Aujourd’hui c’est le premier jour du reste de sa vie



Rester bons amis : Louise et son amoureux transi sortent du restaurant où ils ont dîné, et ils rentrent à pied vers son immeuble. Dans son for intérieur, elle s’admoneste : échec cuisant, très chère. Elle se parle à elle-même : elle avait pourtant tout bien préparé, et ce, depuis des jours. Mais non, la lâcheté a pris les rênes de la conversations (d’un ennui, d’un ennui !) de l’entrée jusqu’au digestif. Mille fois, elle aurait eu l’occasion d’annoncer la fin de cette histoire, et mille fois, elle a préféré se taire. À ce train-là, elle va finir par porter ses enfants. Cette perspective est-elle envisageable ? Non. Il faut qu’elle se décide à agir. L‘amoureux interrompt ses pensées en lui disant qu’il a bien remarqué son air et qu’il est sûr qu’elle pense à Véronique du service urbanisme. Elle lui répond qu’il la connaît bien, et elle repart dans son monologue intérieur en se morigénant d’être aussi nulle.



D’un côté un titre évoquant une forme de réflexion sur soi, de l’autre un dessin avec des annotations plutôt sur le ton de la dérision. En quatrième de couverture, un dessin de Louise perdue dans ses pensées profondes, entourée de termes évoquant les différentes formes de pression auxquelles elle est soumise : sororité douloureuse, victime de l’univers, conquête du monde, belle personne, ambition dévorante, surmoi tyrannique, injonctions sociétales, plans machiavéliques, échecs retentissants, stratégie bienveillante, affirmation de soi. Le préambule de deux pages montre Louise en train d’écrire dans son journal, d’abord allongée sur le lit, puis assise à une table. Le lecteur la voit commencer sereine, puis s’échauffer au fur et à mesure qu’elle devient plus critique envers elle-même, ou qu’elle aborde des sujets qui l’énervent. Pour enfin arborer un air résolu : c’est le premier jour du reste de sa vie. L’ouvrage se compose ensuite de cinq chapitres et d’un épilogue. Dans le premier, le lecteur peut voir Louise faire tout ce qu’elle peut, surtout dans sa tête, pour rompre avec son amoureux, transi et stupide comme le précise la couverture. Puis elle plonge dans les affres de l’angoisse parce qu’elle a menti sur ses toutes les lignes dans un curriculum pour répondre à une offre d’emploi. Ensuite elle se retrouve dans des toilettes nauséabondes alors qu’elle essaye de faire bonne impression dans une soirée chez un potentiel employeur très influent. Elle se retrouve après à voyager dans un bus avec une très grosse dame qui s’assoit à côté d’elle. Et enfin, elle savoure sa liberté reconquise avec le pouvoir de dire non.



De prime abord, les dessins présentent une forme épurée, très facile à saisir par l’œil, avec une légère touche féminine dans la délicatesse des personnages, et une discrète influence manga très bien assimilée dans les visages, avec l’œil un peu plus grand. Le lecteur remarque rapidement que le dessinateur se plaît à ne pas dessiner la bouche de Louise. Cela fait sens : ce choix donne plus d’importance à son flux de pensée, en soulignant le fait qu’elle n’exprime pas à haute voix ce flux de doutes et de réflexions. Il est impossible de résister aux mimiques de Louise, qui, elles aussi, traduisent plus son état d’esprit qu’elles ne sont descriptives de la réalité physique de ses expressions de visage. Cela vient encore renforcer le ressenti de l’héroïne par comparaison avec les visages des autres personnages, qui restent dans une gamme d’expression modérée. L’artiste utilise une direction d’acteurs qui reste dans un registre naturel pour les mouvements et les postures, sans caricature comique, même quand Louise se retrouve dans des toilettes empuanties et qu’elle ne veut, pour rien au monde, être rendue responsable de ces effluves nauséabonds dont elle n’est pas à l’origine. Il sait donner une forme spécifique à chaque tenue vestimentaire en quelques lignes élégantes : le manteau clair de Louise et celui foncé de son amoureux avec des coupes bien distinctes, un sweatshirt avec une écharpe bariolée (même si la mise en couleurs se limite à la bichromie) pour Rozanne, le short et le long teeshirt de Louise devant son ordinateur chez elle, sa belle petite robe pour la soirée, la tenue décontractée de hôte, son sweatshirt noir et pantalon noir pour se rendre à entretien, son élégant tailleur pour promouvoir son livre, etc.



Le lecteur remarque que l’artiste représente avec la même précision légère les différents décors : la façade d’un restaurant, une rue avec ses immeubles, une terrasse de café, le bureau de Louise, sa voiture, la maison de son hôte, sa salle à manger et bien sûr ses toilettes, l’intérieur d’un bus, ou encore la salle de bain de l’appartement de Louise. Il note, ici et là, quelques accessoires du quotidien : le panneau des boutons de la cabine de l’ascenseur, la table de chevet avec ses pieds incurvés, le plan de travail de la cuisine de Louise, le panier en osier dans la salle de bain de son hôte, les barres de maintien dans le bus, ou encore le meuble de salle de bain de Louise dans lequel elle range tous ses produits. D’une certaine manière, Louise présente la nudité de son esprit au lecteur : son flux de pensées, sans filtre ni fard, ses pensées plutôt intimes que profondes, ou alors profondes dans le sens où elles proviennent des profondeurs de sa personnalité. Il découvre également la nudité de son corps dans la première histoire lors d’une relation sexuelle avec son stupide amoureux transi et dans la dernière histoire alors qu’elle prend un bain. Ces représentations ne génèrent pas de ressenti érotique, dans la mesure où son corps est représenté avec des traits de contour rapide, sans s’appesantir sur ses organes sexuels, quasiment chastement.



Le lecteur prend immédiatement Louise en sympathie, avec une petite pointe de pitié, parce qu’elle ne sait pas dire non, ou plutôt elle ne parvient pas à exprimer son désaccord, et même plus simplement sa volonté. Elle se met toute seule dans une situation intenable en ne parvenant pas à dire à son amoureux qu’elle souhaite le quitter. Pour se faire pardonner à l’avance de la souffrance qu’elle va lui occasionner, elle décide de lui offrir une partie de jambe en l’air mémorable, allant même jusqu’à lui demander d’entrer par la petite porte. Elle se laisse convaincre par sa meilleure amie de mentir effrontément sur son curriculum vitae en se vantant de compétences dont elle n’a pas le moindre début (spécialiste de l’art persan du Xe siècle, parlant couramment le mandarin). Elle se retrouve acculée dans les toilettes empuanties de la propriété d’un potentiel employeur. Sa voisine de bus est persuadée que Louise souffre d’incontinence urinaire. Pour couronner le tout, elle finit par accepter la présence de squatteurs envahissants dans son propre appartement, faute de n’avoir pas su dire non, ou au moins imposer des limites.



Le lecteur ressent une forte empathie pour cette jeune femme voulant bien faire, ne souhaitant pas faire du mal à autrui, tout en étant conscience de ses propres limites, de la médiocrité moyenne de sa vie. En même temps, il ne parvient pas à la plaindre car dans le préambule, elle brosse un portrait très positif de sa situation : emploi stable, amie fidèle, compagnon très amoureux, et un appartement confortable. Il se reconnaît bien en elle quand elle s’empêtre dans des raisonnements alambiqués qui la conduise à l’autodénigrement, à se conduire en dépit du bon sens, à rendre une situation désagréable de plus en plus humiliante pour elle et pour son amour propre. Il identifie bien ce sentiment très particulier : avoir conscience de sa propre gêne, et la sensation que chaque effort, chaque action pour s’en défaire ne fait qu’aggraver la situation.



Les auteurs donnent accès aux pensées profondes d’une jeune femme ayant tout pour être heureuse, sauf la confiance en elle, et le recul nécessaire pour éviter de s’enfoncer toute seule. Le lecteur se trouve immédiatement séduit par les dessins fluides et faciles d’accès, par l’intimité avec Louise à la fois émotionnelle et physique. Il compatit de tout cœur, partagé entre un vague sentiment de supériorité sur cette jeune femme qui se fait des nœuds au cerveau, et celui d’être lui aussi passé par ces pensées profondes qui participent à rendre la situation plus humiliante. Trop navrant, trop vrai.
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La marche

En marge de la retraite napoléonienne, un groupe de neuf personnes fuit et tente de survivre à l’hiver russe et une nature hostile. Ce périple nous est présenté à travers de beaux dessins en noir et blanc qui cadrent bien avec cette marche dans la neige, le froid, exposée aux loups... Ces conditions extrêmes poussent l’homme dans ces derniers retranchements et certains sont prêts à tout pour survivre... Une bonne et glaçante histoire racontée en parallèle d’une partie d’échecs.
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La tomate

Anne Bréjinski comparaît devant un tribunal. Elle est accusée d'un crime abominable. Elle va nous en donner sa version.

Cet album, je l'ai lu dans une sorte d'état second.

Lorsqu'on l'ouvre, on est face à une planche sur le fond blanc de laquelle se découpe un magnifique et immense plant de tomates aux couleurs vert et rouge éclatantes . Quel choc, en tournant la page, de se retrouver plongé dans un univers noir et ocre, aux tons ternes et à la géométrie anguleuse. Le personnage central, vêtu d'une marinière à lignes et d'un pantalon noir semble enfermé dans un cube de verre dominé par deux cercles gigantesques.

Nous voici entraînés dans une dystopie effrayante où le monde froid et dépouillé est divisé en secteurs numérotés et la population en trois catégories.

Anne travaille au service de l’État. Elle est agent d'épuration. Elle est chargée d'aller chercher des objets interdits afin de les « retrancher », c'est-à-dire les détruire dans un incinérateur. Ces articles sont des vestiges de notre monde actuel : tableaux, œuvres d'art, livres...

Lors de cette mission, Anne voit tomber du volume qu'elle va éradiquer, un sachet de graines de tomates. Son crime : au lieu de le brûler, elle va semer et soigner les plantes.

Dans ce monde terrifiant, l'eau est devenue une denrée rare et précieuse. Lorsque le mari d'Anne rentre, ils ne boivent pas un apéritif, mais un simple verre de cette boisson de luxe réservée aux élites de la société.

Quand Anne met en terre les semences qu'elle a trouvées, rien ne se passe, car pour germer, la vie a besoin d'eau. Or, arroser les pousses, c'est détourner une partie de cet élément vital.

Il y a une forte opposition entre l'univers inhumain qui est représenté ici : d'une part, « le troisième cercle, secteur 28 Nord », bâtiments en ruines, êtres déguenillés, confinés dans une sorte de bunker ouvert aux quatre vents, l'appartement, chic, sans doute, du deuxième cercle, où vivent Anne et Boris, mais sévère, glacé, sans âme, et le manteau rouge vif de la jeune femme, seule tache de vie qui évoque le fruit du titre.

Dès qu'elle a trouvé la pochette, l'attitude d'Anne évolue. Un sourire se dessine sur son visage, elle attend avec impatience le moment où elle retrouvera le verre caché dans son bureau où elle a enfoui son trésor sacrilège et le bonheur qu'elle éprouve à voir la tomate germer, puis pousser, porter des fruits. Elle s'anime enfin, connaît diverses sensations, devient vivante, elle aussi.

En même temps, elle se fait remarquer par ses supérieurs, car elle oublie des missions.

Ce monde affreux est celui de la délation, de la sécheresse du cœur et des sentiments. Il fait peur car il montre où nous pourrions en arriver si nous ne changeons rien à nos habitudes : un univers gris, déshumanisé, désincarné. On y retrouve des allusions à des ouvrages tels que « 1984 » ou « Le meilleur des mondes », mais cette bande dessinée m'a paru plus effrayante encore, car elle met des images sur ce système cauchemardesque.

Un album à lire malgré son pessimisme.
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Pensées profondes

Vous êtes un peu timide, vous n’arrivez pas à dire « NON », vous culpabilisez sans cesse, vous vous laissez envahir ?



Cette bande dessinée est là pour vous !



Oh ! Elle ne vous proposera aucun traitement, aucune solution. Tout au plus, vous sentirez vous moins seul-e-s



C’est drôle (très), léger, un peu sexy, et ça raconte les affres de Louise qui, c’est décidé, commence à s’affirmer ! Maintenant !
Lien : https://www.noid.ch/pensees-..
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La tomate

Dans cette oeuvre d'émancipation, on est dans un Paris qui a été détruit par un cataclysme planétaire et qui tente de se reconstruire dans une société qui contrôle le moindre faits et gestes dans un style qui rappelle Fahrenheit 451 ou encore l'excellent Bienvenue à Gattaca. Il n'y a plus assez d'eau pour les habitants. La pénurie doit être gérée par des fonctionnaires zélés.



L'héroïne va se rendre compte à ses dépends que le simple fait de faire pousser un plant de tomate peut conduire à la peine de mort car cela met en péril la sécurité de toute la communauté.



Il est dommage que le style graphique tout comme l'héroïne soit si froid. Cela est sans doute voulu mais cela n'emporte pas l'adhésion. Pour le reste, c'est plutôt bien vu.
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La marche

Ce roman graphique nous plonge au coeur de la Russie en 1812, neuf personnes se retrouvent confrontées à devoir survivre face à des conditions extrêmes.

Les relations entre les personnages sont très bien décrites et nous permettent de vivre avec eux les difficultés des situations rencontrées dans cette époque de froid, de faim, d'insécurité...

Ils nous permet également de nous confronter aux choix que chacun doit prendre pour assurer sa propre survie. Aurions-nous fait les mêmes choix au détriment d'une part d'humanité ?

Seul point négatif à la lecture, les visages des personnages qui me sont apparus parfois trop proches les uns des autres et qui ont nécessité un retour en arrière pour effectivement arriver à les différencier.
Lien : https://passionlecture1204.b..
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La marche

Ce récit nous entraîne dans la Russie de 1812 où les armées napoléoniennes se retirent face à un hiver beaucoup plus meurtrier que les armées du Tsar. On va surtout suivre la fuite d'une famille d'aristocrates qui sera confrontée non seulement aux éléments de la nature mais également à la folie des hommes. Cette famille était proche de l'empire et voulait surtout éviter les terribles représailles des cosaques.



La préface nous prévient d'avance que l'issue sera forcément tragique. On aurait aimé avoir un peu plus de suspense mais bon. La neige avec de grandes étendues blanches sera très présente. On ressent avec le dessin presque le froid nous glacer les os. Il y a une certaine maîtrise du noir et blanc qu'on peut relever.



Le récit ne nous épargnera rien à commencer par le cannibalisme pour survivre. A noter que cette oeuvre est ponctuée par une partie d'échecs qui reflète les différents évènements de cette marche laborieuse.
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La tomate

La tomate est une bande dessinée de science fiction au propos original et terriblement actuel : dans un futur proche est née une société neuve, aseptisée et contrôlée ou chaque trace du passé est méthodiquement détruite... jusqu'au dernier brin d'herbe. Mais un jour une employée à "l'effacement du passé" (en clair, brigade de destruction de tout objet issu du passé) trouve un sachet de graines et décide de les faire germer. Un acte profondément révolutionnaire et criminel selon certains... car oui, dans cette ville nouvelle la nature n'a pas le droit de cité. En bref, une anticipation glaçante de la folie humaine.
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La tomate

Son monde classé en niveau n'est pas sans rappeler les cercles de l'enfer de Dante. Chaque espace donne droit à des privilèges. Plus on est haut plus le champ des possibles s'ouvrent. On parle d'effacement du passé avec la destruction systématique de toute trace. Ce qui ne laisse pas de trace n'existe pas. Qui va se souvenir de la force des végétaux et de leur aspect nutritif? Toute personne essayant sera sévèrement puni et rejeté de la communauté. Pour éviter les déviances, on exclut et on met la science en marche pour lire dans les pensées. Un monde de conformisme est le plus rassurant. Et à l'opposé, les plus aisés on le droit à tout le luxe en excès. Le contraste est flagrant et percutant. Pourtant, on aurait aimé que la psychologie des personnages soient plus approfondie, en lien avec une forme de conscience et d'éthique. De même comment en est-on arrivé là? Pourquoi n'y a t'il aucune opposition? On reste un peu en surface avec une dualité assez simple. Pourtant la structure qui mélange le présent avec le procès et des flashs du passé se voulait dynamique. Tout comme la nuance du tour de page qui est noir ou blanc, pour bien insister sur deux rapports au temps différent. On finit l'album mi-figue mi-raisin car on aurait aimé rester moins sur notre faim.
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La marche

La Campagne de Russie tourne au désastre.

La Grande Armée de Napoléon n'est plus que l"Ombre de ce qu'elle était... si fièrement.



La retraite est désordonnée, les traînards se font massacrer par les cosaques, ou tombent morts de froid, ou encore sous les attaques des loups.



C'est dans ce contexte qu'un groupe improbable de neuf fuyards se forme, aussi hétéroclite que disproportionné.



Un leader-né, Hughes Baroux, des serviteurs russes, les Collard, un couple de bourgeois parisiens, un prêtre orthodoxe, Aurore et Arnaud de Saint-Venant, nés avec une particule... bref rien d'engageant.



Dehors, c'est le froid, la neige, des conditions extrêmes, alors quand une calèche se retrouve hors d'état, et qu'on perd un cheval en plus... les choses se compliquent tout naturellement.



Ils sont 9.

Ils sont sortis des sentiers battus pour éviter les incursions ou autres embuscades cosaques, mais ils se sont enfoncés dans des bois bien plus hostiles encore...



Ils étaient 9 au départ....

Combien seront-ils à l'arrivée ?

A quelles horreurs vont-ils être confrontés ?

Vont-t'ils succomber aux instincts les plus primaires ?

Vont-ils faire ce que l'homme ne pensait même jamais oser un jour...



Que La Marche commence...
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La tomate

Cette BD s’inscrit dans un traitement froid et chirurgical de science fiction. En jouant sur les lignes épurées, les auteurs assèchent l’univers décrit et renforcent l’émotion provoquée par cette tomate. Les décors ont des lignes droites, les couleurs sont sombres et éteintes. Même les personnages ont une sorte de retenue qui les efface du paysage. D’autres vivent cachés rendant le paysage à première vue complètement vide. Toute la mise en place de cet univers est réussie. Quand apparaît la tomate, c’est un vrai bouleversement car on ne voit qu’elle. Ce petit végétal a une existence réelle et défigure tout ce monde rigide. Le scénario, au ton très sec, se tient jusqu’au bout. La relation entre Anne et son mari est très bien traité tout en fragilité et maladresse. Cette BD montre l’assèchement de tout un monde dans les moindres détails. Un travail rigoureux, exigeant et réussi.
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La tomate

La tomate. C’est un titre plutôt sobre qu’a choisi le duo formé par Anne-Laure Reboul et Régis Penet pour intituler leur dernier ouvrage collectif. Les deux auteurs unissent leur talent respectif aussi bien aux dessins qu’au scénario pour livrer une bande dessinée qui navigue entre les eaux de la dystopie et du récit d’anticipation. Lettres it be est allé découvrir cette tomate et vous en dit un peu plus.





# La bande-annonce





Dans un futur aseptisé et indéterminé, la société est hiérarchisée en trois classes sociales distinctes. L’alimentation est devenue entièrement réglementée par des multinationales. Ce sont elles qui produisent et fournissent tout ce dont se nourrissent les citoyens, si bien qu’il est devenu strictement interdit de cultiver ses propres semences. Aujourd’hui, pour avoir découvert des graines de tomate et avoir osé les faire pousser chez elle, une jeune femme est emmenée devant les tribunaux. Ceci est l’histoire de son procès.





# L’avis de Lettres it be





C’est véritablement autour de l’appropriation du vivant sous toutes ses formes que s’articule cette bande dessinée. Même si le titre n’évoque pas véritablement tout cela, nous plongeons dès les premières planches dans une époque complexe, où les droits de tous ont (encore plus) été restreints. Dans un futur pas très lointain, l’alimentation est désormais sous le règne des multinationales qui régissent et répartissent tout. Celui qui s’oppose à ce cloisonnement des approvisionnements en subira les conséquences. Sauf que la menace viendra de l’intérieur, d’Anne, le personnage principal de ce récit à qui nous n’allons pas lâcher les basques un seul instant, que ce soit dans sa vie privée au côté de son compagnon, que dans sa vie professionnelle auprès de tous les malheureux dont la jeune femme doit s’occuper, du moins essayer.





C’est dans une salle d’audience que démarre ce récit. Une salle d’audience où se multiplient les clins d’œil plus ou moins directs à d’autres récits, d’autres œuvres, d’autres situations. A titre d’exemple, on apprend dès les premières cases le nom de famille du personnage principal : Bréjinski. Pourquoi ne pas y voir par là une homonymie (presque) parfaite avec Zbigniew Brzeziński, politologue célèbre à travers le monde pour son livre Le Grand Echiquier (réactualisé en Le Vrai Choix en 2004) et à qui l’on doit l’idée « que l'amélioration du monde et sa stabilité dépendent du maintien de l'hégémonie américaine. Toute puissance concurrente est dès lors considérée comme une menace pour la stabilité mondiale. » Et en effet, cette idée va vite se vérifier page après page, au fur et à mesure de l’apprivoisement d’Anne dans notre esprit où nous allons vite apprendre que cette dernière soutient un système qu’elle s’apprête bientôt à ronger de l’intérieur. Un soutien qui va dans le sens d’une hégémonie de façade à maintenir en vue de conserver la stabilité du système dans lequel elle vit … C’est peut-être tiré par les cheveux sur cette interprétation, mais force est de constater que le récit nous amène à repenser à bon nombre d’autres œuvres du genre, des grands classiques comme 1984 inévitablement, jusqu’à d’autres œuvres peut-être moins évidentes.





Sans tomber dans l’idéologie écologique plutôt facile (ce qui semble déjà être un grand point positif tant la chose se fait rare), Anne-Laure Reboul et Régis Penet délivrent un ouvrage plutôt réussi, un récit dystopique très proche de nous et qui amène à plusieurs réflexions. Même si l’absurdité semble l’emporter dans les premières pages (difficile de croire que le sujet principal ne sera autre qu’une … tomate), les différentes pièces du puzzle se mettent bien en place et on sombre délicatement du côté obscur de la force.





Retrouvez la chronique dans son intégralité sur le site de Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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La marche

La grande déroute ou quand un groupe d'aristocrates doit fuir la Russie en hiver avec leurs serviteurs. Nous suivons ces hommes et femmes qui avancent dans la neige et la tempête. Quand la marche devient survie, les règles changent rapidement...
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La tomate

Anne Bréjinski, membre du deuxième cercle, service d’épuration d’objets, comparaît devant le tribunal pour répondre du crime qu’elle a commis, qui « a mis en péril les fondements de la société ».

Interrogée, elle fait le récit de la journée avec laquelle tout a commencé. Comme d’habitude, elle s’est rendu dans le troisième cercle, où remontent régulièrement à la surface des objets d’avant, désormais interdits de séjour : œuvres d’art, livres etc. Ils lui sont signalés par la population locale, terrée dans des immeubles abandonnés et son rôle consiste à les « retrancher », c’est-à-dire à les rapporter à son bureau pour les éliminer, ce qu’elle a grand plaisir à faire (« Et une merde de moins sur cette terre ! »). Ce jour-là, elle a récupéré un sachet de graines et, bien que se sachant dans l’illégalité, elle l’a conservé…

De l’environnement dans lequel vit Anne, si tant est qu’on puisse appeler vivre ce mode de fonctionnement où la marge de manœuvre individuelle se restreint jusqu’à devenir inexistante, on ne saura que ce qui nous est donné à voir, à travers un graphisme qui en saisit parfaitement l’implacable rigueur. Rien sur le comment on en est arrivé là, ce qui donne au récit un caractère de fable hors du temps (la même impression que j’avais eue en lisant « La loterie »), où il faut plutôt ressentir, avec une espèce de fascination morbide, le message de fond que chercher la vraisemblance.

Ici, la mise en garde est pour le moins claire, avec ce système totalitaire qui scinde la population en couches (cercles) bénéficiaires ou pas de ses « largesses » et la prive de sa liberté de penser-décider-créer, en n’hésitant pas à s’abriter derrière des motifs de sauvegarde des personnes (je pense au rationnement de l’eau, devenue une denrée ultra protégée). On notera aussi la conviction de certains, comme le mari d’Anne, du bienfondé des dispositifs de contrôle mis en place, qu’ils n’ont de cesse d’ « améliorer ». Anne elle-même, personnage pas très sympathique quand on y regarde de plus près, ne trouve pas grand-chose à redire, au contraire, à la situation existante : elle semble ne commencer à s’inquiéter du contrôle psychique envisagé à grand échelle que lorsqu’il risque de l’amener à être percée à jour, et si elle joue le rôle d’un grain de sable dans les engrenages du système, c’est presque malgré elle.



Impitoyable et glaçant !


Lien : https://surmesbrizees.wordpr..
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La tomate

(LX971) Voilà un récit d'anticipation assez subtil et concis qui, à travers les doutes d'une jeune femme, dénonce un monde utopique inégalitaire, formaté et sous contrôle. Avec une grande économie de moyens, de nombreux sujets de réflexion sont abordés dans cet album : une dystopie qui devrait plaire à nos élèves. Oui en lycée !

(IK971) Un récit d'anticipation simple et efficace autour de sujets d'actualité : le rationnement en eau, le contrôle des semences et des naissances d'une société aseptisée. Certaines planches sont très réussies avec des angles de vue très originaux. Conviendrait bien pour la sélection lycée.

(Elève971) J'ai beaucoup aimé. Cet album pose énormément de questions tout en étant facile d'accès.

(BMA971) Oui pour le prix

(SC971) Un grand oui pour cet album en effet très subtil et en même temps efficace, qui nous happe dès la première page. Conviendrait également en collège
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La tomate

Cet album nous entraîne dans une société futuriste, divisée en trois catégories sociales appelées cercles, où tout est sous contrôle et régit par des firmes privées. L’eau et l’alimentation sont rationnées par les autorités. On commande également son enfant en choisissant ses options.



Anne fait partie de la classe moyenne et travaille au service d’épuration d’objets. La jeune femme est chargée de détruire tous les objets du passé, des résidus qui nuisent à la société comme les livres par exemple.



Lorsqu’elle trouve un sachet de graines de tomate, elle choisit de ne pas le détruire et de faire pousser le plant chez elle en dépit de l’interdiction, en cachant son geste à son mari. Le récit s’ouvre sur le procès d’Anne qui expose aux juges les circonstances de son acte illégal.



Cette dystopie sort de l’ordinaire grâce à une intrigue surprenante et elle nous dépeint un monde futuriste tout à fait plausible. Cette société aseptisée qui a perdu toute son humanité est loin d’être réjouissante.



Si la lecture de ce one-shot s’est révélée intéressante, j’ai refermé l’album avec de nombreuses questions en suspens. On ignore notamment comment cette société s’est instaurée et pourquoi de telles règles ont été mises en place. D’autre part, j’aurais aimé en savoir plus sur ce qui a poussé Anne à agir ainsi.



Du côté graphique, j’ai trouvé l’ensemble réussi et les couleurs en concordance avec l’atmosphère froide du récit.



Un récit d’anticipation insolite qui nous dépeint un monde déprimant, inquiétant et oppressant. Même si j’ai achevé cette lecture avec quelques interrogations, l’originalité de l’intrigue m’a permis de passer un bon moment.




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Pensées profondes

Il y a 15 ans, naissaient et fleurissaient sur le net des Blog BD où de jeunes autrices comme Pénélope Bagieu, Margaux Motin ou Diglee nous narraient avec un humour caustique leur quotidien. J’ai eu l’impression de retrouver cela dans cet album d’histoires courtes composées par le duo Anne-Laure Reboul et Régis Penet.



La première s’est lancée en 2018 dans la BD avec La Tomate, puis très vite le succès et les collaborations sont venus et elle a enchaîné, rencontrant ainsi Régis Penet avec qui elle officie ici. Ce dernier a eu de nombreuses collaborations avec des grands noms comme Jean-BLaise Dijian ou Frédéric Lhomme et c’est intéressé aussi bien à des titres historiques, classiques, que plus mainstream. De ce duo naît une lecture des plus rafraîchissante mais également assez caustique où le regard posé sur la vie d’une jeune femme et les gens qui l’entourent est assez rude.



En à peine 5 chapitres, Anne-Laure capture le quotidien assez heurté de Louise, cette jeune femme qui en a marre de son quotidien où rien n’est exactement ce qu’elle aimerait et mériterait : son petit ami est fadasse, sa meilleure amie une profiteuse toxique, ses collègues de vrais beauf. Alors elle voudrait changer tout cela, mais cela demande une énergie qu’elle n’a peut-être pas.



Il ne faut clairement pas être déprimé ou mal dans sa peau et sa vie quand on lit Pensées profondes, car le texte est là pour faire écho à un quotidien peut-être vécu par le lecteur et peut faire mal. Rien de ce que cherche à faire Louise de réussit et elle se retrouve en quelque sorte coincée dans sa vie de merde. Mais cela est drôle à lire pour le lecteur car derrière les mésaventures de l’héroïne, il y a le ton et les dessins caustiques des auteurs. On rit des déboires crus de l’héroïne, de ce soir où elle souhaite rompre et finit par donner un plaisir inégalé à son conjoint en n’osant rien dire, en passant par cette scène rocambolesque dans les toilettes d’un diner d’entreprise où elle ne veut pas qu’on croit que c’est elle qui a tout dégueulassé, en passant par cette sortie en bus où sa voisine crie partout qu’elle a des fuites urinaires. C’est d’un drôle ! Ça décape.



Après, c’est quelque chose que j’ai déjà vu et je trouve que l’ensemble manque un peu de relief pour marquer sur la longueur. J’aimais suivre ce genre d’histoires autrefois parce que les autrices avaient développer un attachement entre elles et les lecteurs, c’était leur quotidien qu’elles racontaient. Ici, ce n’est pas le cas et ça se sent. On flirte avec des thèmes actuels comme la libéralisation sexuelle, la critique des amitiés toxiques, la non ambition professionnelle, et les problèmes dits féminins, mais ça manque de quelque chose en plus. Qui plus est, la lecture m’a semblé inachevée, comme si ce n’était que le premier épisode des aventures de Louise, or le volume est présenté comme un oneshot, ce qui m’a laissée sur une pointe de frustration.



Les dessins de Régis Penet, même s’ils sont parfaitement adapté au style du texte, ne m’ont pas marqué plus ça non plus. Ils sont assez lisses et passe partout, sans identité visuelle particulière. Et je ne suis pas fan du parti de tout teinter en gris bleu/vert rappelant le fameux Blue Monday, qui avait justement lieu 2 jours avant la sortie de l’album ^^!



Caustique album qui m’a rappelé mes lectures bloguesques de BD féminines des années 2010 où j’aimais suivre le quotidien railleur de certaines jeunes autrices. Ici, l’essai n’est pas totalement confirmé. J’ai aimé la rugosité des aventures et mésaventures de cette héroïne reine des déconfitures. J’ai moins aimé la forme qui m’a semblé un peu fade et passe-partout, m’empêchant de le trouver mémorable. Qui plus est je m’interroge : une suite est-elle prévue ?
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Pensées profondes

La révolution selon Louise



Anne-Laure Reboul et Régis Penet nous entraînent dans une comédie intimiste totalement barrée dans laquelle une jeune femme de 25 ans se remet profondément en question et décide d’envoyer valdinguer son petit ami trop gentil et attentionné, son boulot trop plan-plan et sa copine quelque peu toxique… Mais Louise ne choisit jamais la facilité et a un don pour élaborer des stratégies foutraques et alambiquées qui la mettent dans des situations improbables et rapidement inextricables…



Le dessin épuré et élégant colle parfaitement à cette histoire découpée en cinq courts récits délicieusement décalés qui nous donnent mille et une recette pour, à coup sûr, rendre sa vie plus désastreuse qu’elle ne l’est…


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La tomate

Une forme de 1984 en graphique mais aussi en beaucoup plus pauvre.

Le problème principal de lire cette BD c'est que cela n'apporte pas grand chose. Une femme cultive en secret une tomate dans une société dystopique. C'est tout. Il n'y a pas d'autre histoire. La psychologie du personnage n'est pas explicitée et est plutôt incompréhensible. On ne comprend pas d'où vient cette société, quelles sont ses valeurs, ses règles, pourquoi cultiver une tomate est si dangereux ? Quelques éléments sont disséminés ici et là, sur le thème du contrôle totalitaire, mais c'est peu subtil et incomplet. Et la fin tombe réellement à plat. Au lieu d'une cerise sur le gâteau, plutôt une tomate sur une tarte.
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