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Biographie :

Titulaire de deux doctorats en lettres, Anne-Marie Thiesse est depuis 1991 directrice de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Outre ses nombreux articles dans des revues scientifiques et ses contributions tout aussi nombreuses à des ouvrages collectifs, elle a écrit en 20 ans pas moins de six livres traitant - au sens large - la culture populaire passée en France et les ressorts du patriotisme, avec un intérêt particulier pour les questions liées au régionalisme.
Ancienne élève de l'Ecole Normale Supérieure et docteur ès Lettres, Anne-Marie Thiesse est aujourd'hui directrice de recherche au CNRS en philosophie et littérature. Ses domaines de recherche sont l'histoire et la sociologie de la littérature, l'histoire culturelle, et les identités culturelles nationales et régionales.



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Source : http://www.checkpoint-online.ch/CheckPoint/Forum/Livre-ThiesseIdentitesNationales.html
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Que signifie aujourd?hui être écrivain national ? On en parle avec Anne-Marie Thiesse, directrice de recherches au CNRS, et le philosophe Régis Debray. La Grande table d?Olivia Gesbert ? émission du 30 septembre 2019 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/saison-26-08-2019-29-06-2020 Abonnez-vous pour retrouver toutes nos vidéos : https://www.youtube.com/channel/UCd5DKToXYTKAQ6khzewww2g/?sub_confirmation=1 Et retrouvez-nous sur... Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture

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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Pas de véritable nation sans littérature, pas de véritable littérature qui ne soit nationale. Ce double principe qui s'est imposé depuis le romantisme européen a fait de l'écrivain une figure hybride entre culture et politique, individualité créatrice et identité collective.
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La nation a été intellectuellement construite comme un organisme immuable, toujours identique à lui-même à travers les vicissitudes de l'histoire. Le passage de la nation comme principe intemporel à l'État-Nation, organisation qui ne peut perdurer qu'en s'adaptant, met au jour cette contradiction entre fixité et évolution. Et fait naître une angoisse : la disparition de la nation. La nation éternelle, en s'incarnant, devient sujette à la morbidité et à la mortalité. C'est au moment où triomphe l'État-nation comme forme d'organisation politique par excellence, à la fin du XIXe siècle, que le discours sur la décadence de la nation prend toute sa force. Contemporain du biologisme social, il dénonce un effondrement interne qu'il attribue à une pathologie affectant le corps de la nation. Et il lance une exhortation : il faut régénérer la nation. Avec en arrière-plan deux perspectives médicales sur l'étiologie et le traitement des maladies : invasion de l'organisme par des agents agressifs ou consomption. Soit – c'est la version du nationalisme intégral, souvent xénophobe et antisémite – il y a dénonciation des germes délétères ou des parasites qu'il convient d'expulser du corps national. Soit – c'est la version la plus commune – l'affaiblissement est attribué à un oubli criminel par les nationaux de leurs origines, de leur tradition, de leur âme dans lesquelles ils doivent de toute urgence se retremper. La renaissance nationale est alors donnée comme un retour aux sources. Révolutions nationales et nationalismes réactionnaires se nourrissent de ces fantasmatiques diagnostics de décadence, récurremment prononcés au cours du siècle.
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En complément ou en substitution du discours religieux qui formulait antérieurement les identités personnelles et communautaires, la littérature devient au XIXe siècle un mode majeur d'expérimentation du "moi" et de "nous. Parce qu'elle propose des explorations qui vont du plus intime au plus général du monde social et physique, elle participe à la conscience de soi et à la conscience du collectif. Elle prépare et enrichit l'élaboration par les individus d'une "identité narrative" qui met une en récit et lui donne un sens. Inscrivant des expériences personnelles dans un collectif, elle participe à l'expansion de la "société des individus".
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L'association intime entre nation, littérature et écrivain résulte d'un processus engagé en Europe au XVIIIe siècle. La mise en cause de l'Ancien Régime fait apparaître une nouvelle référence politique, la nation porteuse de souveraineté et définie par une culture spécifique. [....] La littérature, comme la musique et la peinture, participe à l'avènement et à la stabilité des nations par la créations des représentations, transmises, apprises, constamment renouvelées. Puissance démiurgique du Verbe profane, en phase de sécularisation : les références culturelles, plutôt que religieuses sont désormais posées au fondements des affiliations collectives. Le sacre de l'écrivain, selon l'expression de l'historien Paul Bénichou, marque ce transfert. La littérature s'émancipe de l'autorité de la religion et même s'y substitue comme mise en forme et en sens des expériences individuelles et collectives.
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Le principe herdérien d'incarnation de la nation dans sa langue, toujours actif, ne laisse cependant pas de faire problème à la fin du XVIIIe siècle. Roumain, estonien, finnois : ces appellations, alors, ne désignent ni une nation, ni une langue, mais une population définie par son statut social. Roumain, finnois, estonien sont en fait synonymes de « paysan ». Et il serait aussi incongru pour les maîtres des domaines de parler le langage de leurs paysans que de labourer les terres ou de garder les bestiaux.
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Herder énonce un nouveau critère d'appréciation des oeuvres : la valeur d'une littérature, c'est son imprégnation par l'esprit national. L'écrivain doit s'immerger dans son peuple, s'en faire l'élève. La vraie culture n'est pas le privilège de quelques privilégiés que leur naissance et leur formation vouent aux raffinements : elle vient du peuple et doit lui revenir.
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Les Gaulois étaient-ils des Celtes comme les autres ? Assurément non pour leurs descendants, qui jugent que la nation française ne peut avoir d'autre place que la première, dans le passé comme dans le présent. L'abandon d'un modèle culturel classique à bout de course [l'empire romain] et son remplacement par un nouveau ne conduisent pas au renoncement à la prééminence.
[...]
[Un auteur] affirme que les Gaulois ont constitué le plus ancien des peuples européens, que les mégalithes de Bretagne étaient leurs anciens lieux de culte et que le breton contemporain est du celte authentique. Grâce à la Bretagne, la France opère donc la conversion des antiquités gréco-latines aux celtiques sans perdre sa prééminence européenne. Et la presqu'île qu'on avait pu croire le haut lieu d'une insurrection dangereuse pour la République devient le prestigieux conservatoire de la plus glorieuse tradition ancestrale.
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Comme l'a souligné la sociologue Nathalie Heinich, le romantisme postrévolutionnaire promeut un nouvel élitisme, fondé non sur la naissance dans un ordre social privilégié, mais sur le don créatif ou intellectuel. L'écrivain, comme l'artiste ou le savant se distingue par des dons innés qui n'ouvrent pas des privilèges mais des devoirs. Parce que cet accomplissement individuel, éventuellement sacrificiel, bénéficie à la communauté, celle-ci doit en retour reconnaissance à la nouvelle élite. Le grand écrivain, le grand artiste, le grand savant sont de nouveaux modèles héroïques, proposés à l'admiration publique dans des sociétés qui promeuvent des principes méritocratiques.
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Pendant la première phase, pluridécennale, de la construction identitaire, le leitmotiv constant est qu'il faut unir toutes les composantes de la nation et leur faire prendre conscience de leur commune origine. Et si l'accent, dans la détermination de l'appartenance à la nation, est mis essentiellement sur le critère linguistique, c'est qu'il est en fait remarquablement souple. [...] Et la filiation avec les grands ancêtres se traduit alors essentiellement en termes culturels. Le critère biologique, en revanche, marque des limites intangibles. On peut se convertir à une langue comme à une religion, mais pas à une race ; on peut acquérir une culture, on ne peut changer son sang. L'invocation à la race permet donc de trancher radicalement entre ceux qui appartiennent à la nation et ceux qui, quoi qu'ils fassent, lui seront toujours hétérogènes.
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À l'aube du XIXe siècle, les nations n'ont pas encore d'histoire. Même celles qui ont déjà identifié leurs ancêtres ne disposent que de quelques chapitres incomplets d'une narration dont l'essentiel est encore à écrire. À la fin du siècle, elles sont en possession d'un récit continu qui retrace un long cheminement dont le sens, malgré toutes les vicissitudes, tous les obstacles, est donné par le génie national. Histoire achevée si la nation a accédé à son indépendance, histoire qui annonce un prochain avenir radieux si le combat pour la liberté est encore à mener.
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