Citations de Anne Steiner (19)
On ne peut pas, fût-on enfermé dans la plus épaisse tour d’ivoire, ne pas souffrir au moins dans son être intime de ce qui se passe .
Je suis avec les loups, les loups qu’on chasse, qu’on affame, qu’on traque et qui mordent ! Et je suis avec les en-dehors et les bandits, justement parce que j’aime l’entraide ; et ces loups vivent en lisière de la société précisément parce qu’aimant l’entraide, la vie libre, la libre collaboration des forces généreuses, ils détestent la chaîne, l’usine, le salariat […] Nous revendiquons, vous le voyez, toute la vie.
Mais ces lois qu’ils respectent, je les sais destinées à garrotter les plus faibles, à sanctionner leur asservissement par la force brutale ; cette honnêteté dont ils se revendiquent, je la sais mensongère, voilant les pires turpitudes, permettant, honorant même le vol, le dol, la duperie, quand ils sont commis à l’ombre des codes. Ce prétendu « respect de la vie humaine » dont ils ne manquent point de parler à propos de chaque meurtre, je le sais ignoblement hypocrite, puisque l’on tue en son nom, par la faim, par le travail, par la prison.
On ne bâtit pas un édifice solide avec des matériaux pourris.
Et tout ce que vous ferez contre eux sera vain. Ceux qui tomberont seront inévitablement remplacés.
Une aveugle et sombre nuée de forces en révolte qui ne veut que se révolter, et sans même chercher son bien ! Cela n’aura servi à rien toute cette belle énergie hachée de mitraille et criblée de balles, ces beaux corps florissants percés de trous et qu’un rien, la simple prédiction d’une idée juste à la place d’une idée fausse, eût métamorphosés en héros passionnés, en nobles victimes, en serviteurs sacrés de tout ce qu’on peut imaginer de beau et de bon !
La paresse, on le sait, est mère de tous les vices !
Les individualistes ne craignent pas de critiquer l’ouvrier, ils le rendent en partie responsable de son exploitation. C’est un langage qui lui plaît. Elle, la bêtise du pauvre, elle y a goûté ! Elle en a soupé ! L’alcool, les superstitions, les préjugés, la servilité à l’égard du patron, la résignation, le mépris de la culture, Rirette ne peut les excuser.
Être en dehors des morales est très bien à condition que ce soit au-dessus.
Mais même si nous savons aujourd'hui qu'il y a eu davantage de contacts et de services rendus que ce que nous envisagions alors, ainsi que de probables tentatives d'instrumentalisation, nous continuons d'affirmer que l'apparition de la RAF ne doit rien à l'action d'un deus ex machina, mais tout au contraire au contexte historique, politique et sociologique de la société ouest-allemande qui a déterminé la forme spécifique prise par le mouvement étudiant de capes et par ses prolongations, armés ou non.
Préface à l'édition de poche, p. 10
Tout être venant au monde a droit à la vie, cela est indiscutable puisque c’est une loi de la nature. Aussi, je me demande pourquoi sur cette terre, il y a des gens qui entendent avoir tous les droits. Pourquoi cette minorité qui possède est-elle plus forte que la majorité qui est dépossédée ? (Octave Garnier)
Imposer à sa compagne la maternité, c’est la considérer comme inférieure à soi. Tout individu respectueux de la personnalité de la femme qui se donne à lui agirait comme un inconscient ou un autoritaire s'il n'indiquait pas à cette dernière qu'il est des procédés mécaniques destinés à empêcher la maternité. (E. Armand)
Ils n'attendent rien du vote, ni de la révolution, ni du syndicalisme, tant que les hommes resteront tels qu'ils sont. […] ils s'efforcent d'œuvrer à leur propre transformation en se libérant des contraintes internes que sont les préjugés et les habitudes, comme des contraintes externes que sont les lois et les servitudes économiques. Ils sont persuadés que seule l'émergence d'individualités conscientes ouvrira la voie à une transformation sociale.
(Libertad) dénonce le leurre que constitue le suffrage universel qui ne permet en aucun cas aux électeurs de remettre en cause la domination et l'exploitation mais seulement d'en définir les modalités, et donc de les légitimer.
Tous, enfin, se sont efforcés de maîtriser leurs besoins en éliminant toute consommation de produits jugés inutiles ou nuisibles, comme l’alcool, le tabac, la viande, les excitants, les vêtements sophistiqués et incommodes.
Les femmes sont nombreuses et ne se tiennent pas dans l’ombre des hommes : elles écrivent, argumentent, s’emportent s’il le faut, et ne craignent pas de faire le coup de poing contre les agents des forces de l’ordre ou contre les adversaires politiques.
L’ennemi à combattre, c’est le gouverné autant que le gouvernant, l’exploité autant que l’exploiteur, dès lors qu’il est soumis.
La vie anarchiste doit être une vie de réfractaire, sans compromis aucun. Il faut avoir le courage d’être des en-dehors ».
Plutôt l’amour sans le mariage que le mariage sans l’amour.