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Citations de Antoine Sénanque (258)


Antoine Sénanque
Il n’y a pas de livre important. L’important, c’est le prêche. Les livres ne convertissent personne.
—Et la Bible ?
—Qui l’a lue à part les clercs ? Tous prennent des verrues au cul en la recopiant pendant qu’on court après celui des vilains qui dansent sur la musique du diable.
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Le prieur le répétait : l’Église n’aurait jamais dû laisser s’échapper la médecine de ses couvents. Ni les autres trésors qu’elle avait sauvés de l’oubli : le savoir grec, volé par les universités, les livres, la musique, l’art. Tout ce que le monde sans reconnaissance devait aux moines.
Mais sans Dieu, la médecine est boiteuse. Apprends à soigner avec les secrets de la nature mais n’oublie jamais d’ajouter une prière à tes décoctions et à tes purges.
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Tous ceux qui prétendaient que l’Église était inutile, qui méprisaient le pape, les moines, et les sacrements. Tous ceux qui ne comptaient que sur leur propre force spirituelle qui se sentait capables de Dieu, tous ceux-là étaient fils d’Eckhart.
L’inquisiteur avait pour suivit les insoumis qu’on accusait de posséder les écrits du maître. Il avait brûlé des centaines de pages de ses sermons mais il n’avait pas eu accès aux bibliothèques des grands du royaume, ni à celles des intellectuels et des universitaires qui en gardaient des copies. l’enseignement d’Eckhart était à présent une hérésie de riche.
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Eckhart ne mesurait pas l’inquiétude du pape devant la montée des hérésies qui touchait l’Allemagne et le pouvoir de plus en plus souverain qu’il déléguait à son archevêque. Eckhart pensait que l’on devait corriger l’hérétique par la parole, l’archevêque suggérait qu’on lui tranche d’abord la gorge avant de l’écouter.
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l s’arrêtait pour goûter les parfums et prolongeait de longues pauses de les paysages. Il n’exigeait aucune prière, aucun rituel. Il me demandait de laisser faire la nature, de la laisser prier pour nous et pour le monde car sa beauté était action de grâce. C’était la première leçon du maître, Antonin, voir dans la nature une action de Dieu
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Les peaussiers turcs avaient envahi la périphérie des villes où on les prélevait en temps d’épidémie comme victimes expiatoires en compagnie des usuriers juifs. Les bûchers réunissaient ces pêcheurs et réconciliaient leurs croyances dans les flammes. Depuis les années de peste, ils s’en allumaient partout. Les prophètes des rues appelaient à une grande purification car les dernier jours de la terre étaient proches. Il était écrit qu’aucun juif ni aucun Turc ne connaîtrait la fin du monde en Europe, tant on les massacrait pour les priver d’apocalypse.
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François avait donné l’exemple d’une vie de pauvreté et d’amour, Dominique avait inspiré la sainte Inquisition qui convertissant les indécis par le feu.
La voix de François parlait au cœur des hommes égarés, celle de Dominique à leurs cendres. C’est la sienne qui portait le mieux.
La promesse du bûcher avait repeuplé les églises et redressé les erreurs théologiques. On avait simplifié les débats et prier et les bonnes âmes qui s’interrogeaient sur une religion purifiée et libérés de l’autorité du pape de méditer leurs erreurs dans le silence l’isolement. Conseil à suivre.
Le monastère avait servi de forteresse aux cathares assiégés par les chevaliers français. Ces pierres avaient été baptisées par le sang des renégats qui prétendaient a une pureté impie.
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Son père ne lui avait pas donné le choix. À douze ans il l’avait traîné chez les frères et en guise d’au revoir avait scellé sa vocation par ces mots : « Comme tu es bon à rien, tu seras bon à Dieu. »
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Languedoc, Monastère de Verfeil. 11 février 1357
– On se gèle les couilles, frère Antonin.
– Ce ne sont pas des paroles de moines.
– Ce ne sont pas les paroles qui font le moine, mais la vérité … et la vérité c’est qu’on se gèle les couilles.
– Il fait effectivement très froid.
– « Effectivement très froid… » . C’est sûr on n’a pas été élevé dans les mêmes et étables, frère Antonin. Maudit froid d’anglais.
– Je dirais plutôt « froid de Franciscain ».
– Ces merdeux .
– Arrête, Robert.
– Heureusement, Dieu ne les protège pas plus que nous et donne bonne récompense à leur leçon de misère. Hiver maudit mais juste, on dit qu’ils crèvent comme des sauterelles, sous la bénédiction de leur chère mère nature, cette cargne…
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- Un jour, ce monde sera petit, Guillaume. Ce seront les petits, les vrais maîtres du monde, les pauvres, les médiocres, les laides, les idiots qui formeront des armées.
Regarde-nous, solitaires et défendus l'un comme l'autre. Regarde-les, en clans soudés, unis pas des liens de survie.
Ils crient plus fort ensemble et leurs mâchoires rapportées à leur envergure infligent les morsures les plus profondes. Ils n'obtiendront pas de grand triomphe, mais mille petites victoires; sans honneur, qui finiront par imposer leur loi.
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-Quel est le but d'une existence terrestre, Guillaume ? me demanda-t-il.
-Le bonheur.
-Bien sûr, mais quel bonheur? La santé, la bonne humeur, la paix intérieure, le confort pour toi et pour les tiens?
-Je ne vois rien de plus désirable.
-Non? Alors pourquoi ceux qui les obtiennent désirent-ils encore? Si l'assouvissement du désir n'exigeait rien au-delà de ses limites, à quoi servirait cette force en nous qui ne s'apaise jamais? Non, Guillaume, notre désir est fait pour Dieu, puisqu'il est infini.

( celui qui interroge est Maître Eckhart )
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- Et qu'espériez-vous ? Une meilleure santé ? Un meilleur sort ? Une résurrection? Qu'est-ce qui différencie la Vierge du génie de la lampe qu'on frotte et qui nous exauce pour nous remercier ?
- A part son impuissance, rien.
- Si. Sa compassion. Si la Vierge partage mes douleurs, si Dieu compatit, cela me suffit. Je n'ai pas besoin qu'il me rende service.
- Vous lui demanderez de verser une larme sur vous ?
- Sur nous. Je ne veux pas vous inquiéter mais le monde spirituel vous a envoyé un message, pas un cadeau. Bernadette s'appelait soeur Marie Bernard au couvent de Saint-Gildard à Nevers où elle a fini ses jours avec la tuberculose, dans de grandes soufirances. La Vierge l'a laissée. La Vierge nous laisse. C'est un autre mystère, cet abandon de ceux qui ont été choisis. Pas de voyant heureux. La Vierge a été claire avec Bernadette: « Je ne vous promets pas le bonheur dans ce monde, mais dans l'autre. »
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- Pourquoi moi ?
- Pourquoi vous ? Pourquoi les petits bergers sont-ils choisis ? Ceux qui ne demandent rien au monde ? Je sais que vous avez souffert et prié peut-être. Vous croyez avoir été écouté ? Au bout de votre grande douleur d'homme veuf et seul ? Je vous le confie amicalement et sans vouloir vous blesser, mais vos drames occupent une moyenne finalement très acceptable sur l'échelle des tragédies humaines. Je dirais même que votre élection sur des critères purement doloristes, serait le signe d'un manque d'équité flagrante. Rendez-vous à ce pèlerinage où vous trouverez peut-être un certain repos. Vous serez d'ailleurs le seul pèlerin qui marchera vers Lourdes avec le grand désir de n'y rien voir.
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C'est difficile d'aimer son frère. On y parvient. C'est un sentiment obligatoire que la vie finit par obtenir avec le temps, même auprès des couples les plus récalcitrants. Quand l'enfance n'a pas créé de lien, l'âge réussit parfois. L'amour arrive peu à peu à se sculpter dans le rien, en pierre d'absence, à force de retrouvailles aux sinistres cérémonies familiales, aux drames qui réunissent au café d'un hôpital ou d'un cimetière. Ça se passe difficilement, avec des mots quil faut remonter à la main, autour d'une boisson qu'on a commandée pour êre là, sans envie, sans soif. On a dans nos têtes les spectres perdus de notre enfance qui cherchent des corps à hanter, hésitant au bord des silhouettes qui leur ressemblent. On finit alors par aimer sans la personne, l'idée du frère, de la soeur, du familier. La fonction crée l'affection qui ne s'incarne plus.
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Quand je viens, je vérifie que ma douleur est bien là. Je m'assure de la que fraicheur de mon chagrin. C'est avec lui que je rends visite à Blanche. C'est lui que je dépose à la place réservée aux ornements, aux dons pour embellir la pierre grise du tombeau. Je vérifie, car plus tard en vieillissant, on souffre avec plus d'ambiguité et pour soi seul. On finit par trouver de l'utilité à ses souffrances. Elles habillent les vieux remords, les maquillent, les rendent méconnaissables. On prie pour en être débarrassé, mais on y tient aussi et c'est pour cela que nos prières d'adulte ne sont jamais exaucées.
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Je me souviens que l'on m'a encouragé à "faire mon deuil". Je n'ai pas compris ce qu'on entendait par là. Faire mon deuil, j'ai l'habitude, j'ai un esprit doué pour le noir. J'enterre régulièrement tout un lot de rêves déçus, d'espérances inutiles et de désirs inaccomplis. Faire du deuil, c'est à la portée de n'importe qui. Le meilleur conseil serait plutôt de le laisser faire par quelqu'un d'autre, de le sous-traiter et d'encourager celui qui pleure à faire son espérance, celle que ne partage pas tout le monde, qui demande des capacités spirituelles et mène à la certitude qu'il est possible de retrouver les morts.
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- La Trinité aurait mieux tenu sur ses bases si Marie avait remplacé le Saint-Esprit, un personnage flou qui ne nous sert à rien. La Vierge aurait apporté de la féminité dans cette triade agressivement masculine et devenue l'égale du père, elle aurait pu peser sur l'épilogue de la tragédie. Jésus n'aurait jamais demandé « Mère pourquoi m'as-tu abandonné ? ». La question ne se serait pas posée. Quelle mère aurait laissé faire ça? Marie aurait décroché son fils de la croix en un claquement de doigts et arrêté cette boucherie.
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Je note sur un carnet, à la date du 2 avril :
Question: La Vierge existe-t-elle ?
Réponse : Oui, j'en ai la preuve, la seule digne de foi, l'expérience personnelle.
Pourquoi m'informer de son existence ? Le mystère est là.
Pourquoi m'avoir choisi ? J'ai un bilan au passif lourd d'à peu près tous les péchés véniels recensés plus quelques péchés mortels qui n'ont pas fait couler de sang. Je suis aussi déméritant que n'importe lequel de nes prochains en liberté. Pourquoi ? J'ai lu que Dieu recherchait parfois la performance avec des âmes perdues, mais il me semble que je manque d'infamie pour le séduire. Sous un angle purement matériel, la Vierge pourrait aussi entretenir l'espoir de rentabiliser son apparition, pour relancer sa carrière faiblissante par une visite inattendue. Mais elle doit savoir que je suis un mauvais porte-parole, porte-murmure tout au plus.
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Antoine Sénanque
Toute sa vie, l'inquisiteur avait lutté contre le Libre Esprit, les béguines, les mystiques de tout bord. Mais il n'avait, en vérité, jamais combattu qu'un seul homme. La voix des hérésies était celle d'Eckhart, le plus grand Judas de la chrétienté qui promettait Dieu à tous. Sa folie continuait d'alimenter les pires impiétés pour lesquelles il avait fait brûler des hommes qui n'étaient pas les vrais coupables. Tous ceux qui prétendaient que l'Église était inutile, qui méprisaient le pape, les moines, les sacrements. Tous ceux qui ne comptaient que sur leurs propres forces spirituelles, qui se sentaient capables de Dieu, tous ceux-là étaient fils d'Eckhart.

L'inquisiteur avait poursuivi les insoumis qu'on accusait de posséder des écrits du maître. Il avait brûlé des centaines de pages de ses sermons mais il n'avait pas eu accès aux bibliothèques des grands du royaume, ni à celles des intel- lectuels et des universitaires qui en gardaient des copies.
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Les déviances qui séduisaient les pauvres étaient bruyantes et faciles à écraser, elles entraînaient des foules dont les cris grésillaient bien dans les flammes, mais aucun son ne s'échappait des cabinets secrets des érudits qui étudiaient sa pensée malsaine. Elle diffusait lentement par le haut. Ses racines étaient au ciel du monde, trop hautes pour être tranchées. Jamais un homme ne lui avait paru plus dangereux. Les mots... les mots d'Eckhart cachaient leur corruption. Ils n'infectaient pas l'esprit comme les remords ou les souvenirs honteux qui tournent en roues dans nos profondeurs. Leurs miasmes ne se formaient pas sur les marécages et sur les lieux de pourriture. La mort ne les accompagnait pas et ils ne terrifiaient personne. Ils ensorcelaient. Leurs vapeurs montaient subtilement pour éveiller un désir luxurieux. Leur charme était celui des ribaudes qui vous mènent sur les chemins de damnation. Les mots d'Eckhart avaient une telle beauté, pensait l'inquisiteur, leur peau une telle douceur, leur parfum vous enlaçait, irrésistible. Ils excitaient les désirs les plus enfouis, plus voluptueux que ceux du corps. Ils troublaient l'âme. Ils l'attiraient comme le chant des sirènes pour la fracasser ou l'engloutir dans les illusions de l'union divine.

Au temps de la grande pestilence, les rats annonçaient l'arrivée du mal, leurs cohortes fuyaient devant l'ennemi invisible avant d'être anéanties. Les mots promettaient une épidémie plus dévastatrice. La peste des rats tuait les créatures mais épargnait Dieu.
La peste d'Ekhart le tirait vers la terre, le coupait du ciel en le rendant a portée d'homme, autrement dit à portée d'arme. Sans la distance de majesté, le cœur de Dieu était ouvert. Il suffisait de l'ajuster.
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