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Citations de Antonio R. Damasio (353)


L'émotion est de l'ordre de la transition et de la commotion, parfois du vrai bouleversement corporel.
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... lorsque Spinoza disait que l'amour n'est rien d'autre qu'un état agréable, la joie, accompagné de l'idée d'une cause extérieure, il séparait très clairement le processus qu'est le sentiment de celui qui consiste à avoir une idée d'un objet qui peut causer une émotion. La joie était une chose ; l'objet qui la causait une autre. Elles pouvaient parfois se trouver ensemble dans l'esprit, bien sûr, mais elles constituaient pour commencer des processus distincts au sein de notre organisme.
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Le point principal dans ma conception actuelle, est que les sentiments sont l'expression de l'épanouissement humain et de la détresse humaine, tels qu'ils se produisent dans l'esprit et le corps. Les sentiments ne sont pas un simple ornement qui viendrait s'ajouter eux émotions, quelque chose qu'on pourrait conserver ou éliminer. Ils peuvent être et sont souvent des révélations de l'état vécu au sein de l'organisme tout entier - ils lèvent le voile au sens littéral du terme. La vie étant un acte complexe, la plupart des sentiments sont l'expression de la lutte pour atteindre l'équilibre ; ce sont des idées de corrections et des ajustements délicats sans lesquels tout l'acte s'effondre, une erreur suffit. Si quelque chose dans notre existence peut être révélateur à la fois de notre faiblesse et de notre grandeur, ce sont donc bien les sentiments.
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Ils sont bel et bien là, ces sentiments liés à une foule d'émotions et d'états connexes ; ils sont la musique qui habite sans cesse notre esprit, le bourdonnement impossible à arrêter des mélodies universelles qui ne meurent que lorsque nous allons dormir, et ce bourdonnement se fait chant d'allégresse lorsque nous sommes envahis par la joie ou bien requiem quand la tristesse nous gagne. -9-
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Il y a une présence de vous dans une relation particulière à un certain objet. S'il n'y avait pas une telle présence, comment vos pensées pourraient-elles vous appartenir ? Qui pourrait vous dire que c'est le cas ? [...] La présence doit être là, ou bien alors il n'y a pas de vous.
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à son niveau le plus simple et le plus fondamental, la conscience nous permet de reconnaître un désir irrésistible de rester en vie et de développer un intérêt pour soi. à son niveau le plus complexe et le plus élaboré, la conscience nous aide à développer un intérêt pour d'autres Soi et à améliorer l'art de la Vie.
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Aucun aspect de l'esprit humain n'est facile à étudier. [...] Si élucider l'esprit constitue l'ultime frontière pour les sciences du vivant, la conscience apparaît bien souvent comme le dernière mystère dans l'élucidation de l'esprit. Certains le tiennent même pour insoluble.
Pourtant, on peut difficilement songer à un défi plus séduisant pour la réflexion et la recherche. La question de l'esprit en général, et de la conscience, en particulier, permet aux êtres humains d'exercer, jusqu'à plus soif, leur désir de comprendre et leur appétit d'émerveillement sur leur propre nature, qu'Aristote tenait pour l'apanage de l'humanité.
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Le vivant nourrit un désir non réfléchi et involontaire : celui de persister et d'avancer vers l'avenir, contre vents et marées.
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(77%) Machines sensibles et machines conscientes
L’expression ultime de la robotique a un nom : intelligence artificielle (IA). Et avant toute chose, je tiens à souligner le terme « artificiel », qui ne saurait être plus approprié. L’intelligence des appareils qui rendent notre quotidien plus efficace et confortable n’est absolument pas « naturelle », et leur mode de construction n’a rien de « naturel » non plus. Il n’en reste pas moins que les inventeurs et les ingénieurs brillants qui ont donné naissance à la robotique et à l’intelligence artificielle ont bel et bien trouvé leur source d’inspiration dans les organismes naturels, vivants, et tout particulièrement dans la débrouillardise avec laquelle les êtres vivants surmontent leurs problèmes, et par l’économie et l’efficacité de leurs mouvements.
On aurait pu s’attendre à ce que les pionniers de l’IA et de la robotique puisent leur inspiration dans la totalité que constituent des êtres tels que nous : avec nos ressources d’efficacité et d’organisation, mais avec aussi la ressource des sentiments concernant les objets auxquels s’appliquent notre efficacité et notre organisation ; toute la joie, voire l’euphorie que nous procure ce que nous faisons (et ce que les autres nous font) ; la frustration, la tristesse et la douleur, aussi, selon les cas.
Ces brillants pionniers n’en ont rien fait : ils ont privilégié une approche économique, sont allés droit au but. Ils ont essayé de simuler les caractéristiques jugées les plus essentielles et utiles – l’intelligence de base, pourrait-on dire – et ont laissé de côté tout ce qu’ils jugeaient probablement superflu, voire problématique : tout ce qui touche au sentiment. De leur point de vue, l’affect était sans doute une chose légèrement surannée, voire complètement démodée, un vestige abandonné sur le bord du chemin dans la marche triomphante vers la clarté de pensée, l’exactitude dans la résolution des problèmes et la précision de l’action.
Au regard de l’histoire, leurs priorités étaient compréhensibles. Il est indéniable que ce choix a engendré d’excellents résultats, et une richesse non moins impressionnante. J’émets toutefois une réserve : en procédant de cette manière, les pionniers ont montré qu’ils avaient mal compris l’évolution humaine et, ce faisant, ils ont limité la portée de l’intelligence artificielle et de la robotique qui en dérive, du point de vue du potentiel créatif comme du niveau maximal d’intelligence.
L’erreur, dans cette conception de l’évolution, devrait apparaître clairement, au vu des sujets explorés dans ce livre. L’univers de l’affect – l’expérience des sentiments qui découlent des pulsions, des motivations, des ajustements homéostatiques et des émotions – est un précurseur historique de l’intelligence, efficace et particulièrement flexible. C’est grâce à l’affect que la créativité humaine a pu naître et grandir. L’univers de l’affect était nettement au-dessus des compétences aveugles et dissimulées des bactéries, mais il demeure un cran en dessous de l’intelligence humaine au sens propre. Et pour cause : il a servi de tremplin à l’intelligence supérieure qui s’est peu à peu développée et étendue dans les esprits conscients. L’univers de l’affect demeure une source et un instrument pour le développement de l’autonomie que nous autres humains avons progressivement conquise.
Le moment est venu d’admettre ces faits et d’ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de l’intelligence artificielle et de la robotique. Nous pouvons à l’évidence développer des machines capables de fonctionner selon la logique générale des « sentiments homéostatiques ». Pour ce faire, il nous faudra équiper les robots d’un « corps » devant être régulé et ajusté pour subsister. Autrement dit, nous devons ajouter – presque paradoxalement – un degré de vulnérabilité à la robustesse tant désirée par les professionnels de la robotique. Nous pouvons aujourd’hui y parvenir en plaçant des sondes d’un bout à l’autre de la structure du robot, qui peut ainsi détecter et enregistrer l’état (plus ou moins optimal) de son propre corps, et assimiler les informations correspondantes. Le nouveau domaine de la « robotique molle » rend cette évolution possible en remplaçant les structures rigides par des structures flexibles et modulables. Autre nécessité : transférer cette influence du corps « sentant et senti » aux composantes de l’organisme qui traitent les informations relatives aux conditions extérieures à la machine et y répondent de façon à sélectionner la réaction la plus efficace (intelligente) possible. Autrement dit, ce que la machine « ressent » dans son corps aura son mot à dire dans le comportement à adopter face au contexte extérieur. Ce « mot à dire » améliore la qualité et l’efficacité de la réaction : il donne au robot un comportement plus intelligent qu’il ne l’aurait été sans les indications issues de son monde intérieur. Les machines sensibles ne sont pas des robots froids et prévisibles. D’une certaine manière, elles prennent soin d’elles-mêmes et parviennent à compenser leurs déficiences.
Ces machines « sensibles » finissent-elles par devenir des machines « conscientes » ? Pas si vite ! Elles développent bel et bien des éléments fonctionnels liés à la conscience, les sentiments étant l’une des étapes de l’apparition de la conscience. Mais les « sentiments » de ces machines sensibles ne ressemblent pas à ceux des êtres vivants. Le « degré » de conscience potentiel dont elles pourraient jouir dépendra de la complexité de leurs représentations internes, qui portent à la fois sur l’« intérieur de la machine » et sur son « environnement ».
Si le contexte s’y prête, une nouvelle génération de « machines sensibles » pourrait bien devenir les assistants efficaces d’humains réellement sensibles ; ils seraient alors des hybrides, mi-naturels, mi-artificiels. Fait tout aussi important : cette nouvelle génération de machines constituerait un laboratoire unique pour l’étude du comportement et de l’esprit humains dans toutes sortes de contextes réalistes.
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Antonio R. Damasio
Quand on a la possibilité de savoir ce qui se passe dans notre corps, on peut réguler nos émotions.
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Les virus nous tiennent toujours en échec du point de vue scientifique et médical, et c'est une humiliation majeure. Face aux épidémies virales, notre préparation est négligente et notre ignorance est patente : la science actuelle est insuffisante pour parler clairement des virus et combattre efficacement leurs effets.
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Certaines des cellules de notre corps survivent aussi peu qu'une semaine, pas plus d'une année pour la plupart d'entre elles ; il y a des exceptions : ce sont les précieux neurones de notre cerveau, les cellules musculaires du cœur, et les cellules du cristallin. La plupart des composantes qui ne sont pas remplacées - telles que les neurones - sont modifiées par l'apprentissage.
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Chaque jour, nos connaissances s'accroissent et s'affinent simultanément, à la lumière grandissante de la conscience.
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... si le besoin de gérer la vie a été l'une des raisons expliquant pourquoi la musique, la danse, la peinture et la sculpture sont apparues, l'aptitude à améliorer la communication et à organiser la vie sociale a aussi pesé lourdement et a conféré aux arts plus de poids pour s'imposer.
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... il existe deux types de contrôle des actions, conscient et non conscient, mais le contrôle non conscient peut en partie être façonné par le contrôle conscient. Si l'enfance et l'adolescence durent aussi longtemps, c'est justement parce qu'il faut beaucoup, beaucoup de temps pour éduquer les processus non conscients de notre cerveau et pour créer, au sein de l'espace cérébral non conscient, une forme de contrôle pouvant, de façon plus ou moins fiable, opérer en fonction d'intentions et d'objectifs conscients.
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La conscience humaine exige à la fois le cortex cérébral et le tronc cérébral. A lui tout seul, le premier ne suffit pas.
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Dans le coma et l'état végétatif, la dégradation [de la conscience] est radicale, comme si on avait donné un coup de marteau de forgeron précisément et fortement sur un territoire cérébral.
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Les états conscients exigent un engagement sensoriel primaire et celui des cortex associatifs, car, selon moi, c'est de là que les maîtres des marionnettes peuvent diriger le spectacle.
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Nous rêvons à profusion, plusieurs fois par nuit, quand nous sommes en état de sommeil à mouvements oculaires rapides (rapid eye movement sleep ou REM), et nous rêvons aussi, mais moins, même quand nous sommes plongés dans un réveil à ondes lentes (slow-wave sleep ou N-REM).
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En conclusion, le schéma des ZCD [Zone de Convergence et de Divergence] postule deux "espaces cérébraux" distincts. L'un construit des cartes explicites des objets et des événements pendant la perception et les reconstruit dans la remémoration. Dans les deux cas, il y a correspondance manifeste entre les propriétés de l'objet et la carte. L'autre espace contient des dispositions plutôt que des cartes, c'est-à-dire des formules implicites commandant la façon de reconstruire les cartes dans l'espace des images.
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