Gérard Apfeldorfer, psychothérapeute discute avec le psychiatre Serge Hefez de la relation entre alimentation et émotion, une approche thérapeutique largement développée dans linecoaching.com
Dis-moi comment tu manges et je te dirais qui tu es! La façon dont vous mangez est un fidèle reflet de votre personnalité - avec ses forces et ses faiblesses -, de vos croyances, plus ou moins rationnelles, mais aussi de votre histoire familiale et personnelle. Vos comportements alimentaires trahissent encore votre adhésion à des traditions culturelles et religieuses ou votre rejet de celles-ci, votre appartenance à une communauté, un pays, une époque, une classe socio-économique. On y décèle votre parcours social, vos fidélités et vos révoltes.
La personne en restriction alimentaire se fixe des règles impératives : "Je ne dois absolument pas manger de ceci ou de cela." Le fait d'en avoir mangé, ne serait-ce qu'une bouchée, est compris comme une transgression qui rend toutes les règles caduques : "Puisque j'en ai mangé, c'est donc que j'ai d'ores et déjà échoué dans le contrôle de mon alimentation. Dans ces conditions, j'abandonne toute idée de limitation et je cède à mes pulsions dévorantes."
(Car) donner et recevoir de la nourriture, la manger ensemble, sont des actes sociaux fondamentaux. Partager le pain, c'est devenir co-pains, inviter ou être invité à partager un repas donnent l'occasion de tisser ou réaffirmer des liens, de cesser d'être étrangers les uns aux autres. Refuser la nourriture offerte, ne pas en offrir lorsqu'on est censé le faire, constituent des refus de communication, des offenses difficilement pardonnables.
Il n'est pas rare que les accros de la balance soient en même temps des phobiques du miroir. Mais faire de l'énoncé d'un nombre l'alpha et l'oméga de sa vie, se cantonner dans cette abstraction sont peut-être des moyens de se protéger contre une vision terrifiante : sa propre image, telle que la reflète le miroir.
Augustin d’Hippone, au IVe siècle, tente de s’élever contre la recherche du martyre qui saisit les chrétiens, dans leur ardeur à accéder à la vie dans l’au-delà promise par le Christ. Il s’appuie sur le commandement biblique "Tu ne tueras point", qui doit s’appliquer aussi à soi-même. Notre vie ne nous appartient pas, mais appartient à Dieu. Aussi, décider soi-même de son sort est un péché. Le concile d’Arles, un siècle plus tard, avalise ce point de vue.
Faire du mal à son corps, c'est se faire du mal et, inversement, prendre soin de son corps est une démarche positive, permettant d'augmenter la conscience d'exister.
En racontant des histoires vraies, glanées au cours de ma pratique quotidienne, je voudrais mettre au jour les fondements élémentaires de la relation humaine afin d’en définir, pour chacun, le bon usage au quotidien.
J'aborde donc dans ce livre les règles de base de la communication: donner et recevoir constituent les fondements du lien social. Mais pour que l’échange soit satisfaisant, il convient de donner aux autres de telle sorte qu'ils nous rendent la pareille. Cela nécessite qu'on comprenne les enjeux de ces échanges. Cela se vérifie dans la vie professionnelle, les relations amicales et, bien sûr, les relations amoureuses.
La voila donc, notre première croyance irrationnelle, cause de bien des souffrances, conduisant à des vains efforts: si tout va mal entre moi et les autres, c’est ma faute ou bien la leur.
Tout devient diffèrent dès los qu’on pose le problème, non pas au niveau de la nature des personnes, mais au niveau de la relation. Si, entre moi et cet autre, les choses ne se passent pas comme je le souhaite, ce n’est pas parce que l’un d’entre nous est défectueux, c’est parce que nous (moi, l’autre, les deux) ne nous y prenons pas de la bonne façon.
Il ‘y a donc pas à changer sa nature, mais sa façon de faire, son système relationnel.
Le niveau d’études, le niveau culturel et le niveau économique sont, pour les femmes, à classer plutôt parmi les handicaps: les hommes, qui sont sociologiquement encore terriblement machistes, même s’ils prétendent le contraire, aiment choisir des partenaires qui, si elles ne leur sont pas forcement inférieures sur ces critères, ne leur sont pas non plus supérieurs.
Or, il n’est pas rare, dans la pratique, que ce soient les petites aventures qu’on croyait sans lendemain qui évoluent en relations durables, ou bien qu’une camaraderie se colore de désire. Un petit torrent de montagne aura alors fini en Mississippi.