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Citations de Ariane Audouin-Dubreuil (21)


Le 12 juillet, les autochenilles du deuxième groupe s'accrochent aux premières pentes de l'Himalaya. L'épreuve se déroule sur vingt-neuf jours.
Au fur et à mesure de l'avance, les obstacles sont plus difficiles à surmonter.
Entre Tragbal et Gourais, sept ponts branlants au-dessus de précipices nécessitent un tractage par filin à la main, moteur arrêté, sans pilote.
Des blocs de rocher sont déblayés, on les déplace au levier, on les décortique à la masse.
Il n'est pas question de se servir de dynamite, cela risquerait de provoquer des avalanches.
Les virages des sentiers muletiers sont très serrés, les voitures les abordent après des manoeuvres préalables au bras ou au cric.
Ces manoeuvres répétées immobilisent le convoi au bord des précipices.
Tout dépassement est impossible en raison de l'étroitesse du sentier.
On stationne debout, les hommes s'épuisent dans l'attente, les bêtes lèchent les roches....
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Tarbes jeudi 6 août 1914
Ma chère tante
Que c’est beau la guerre, les régiments partent avec courage, force, calme, les populations vibrent. Partout des ovations, la France est debout.
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Redécouvrez la croisière jaunes au travers des souvenirs inédits des explorateurs de l'époque.
L'expédition Citroën "Centre-Asie" constitue l'une des aventures les plus exceptionnelles du XXème siècle.
42 hommes courageux, prêts à affronter tous les obstacles de la nature, tous les dangers, s'engagèrent délibérément dans une Asie centrale alors profondément troublée, sur un parcours de 13.000 kilomètres entre Beyrouth, Pékin et Saïgon.
Ils remontèrent ainsi l'antique route de la soie en franchissant les hauts cols du Karakorum, dans l'Himalaya.
Pour raconter cette expédition, il fallait la plume alerte et émouvante d'Ariane Audouin Dubreuil....
(extrait du 10ème numéro de la revue "Histoires de France")
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Les indigènes, chaque nuit, détruisent ainsi la forêt. Est-ce pour se protéger des bêtes sauvages, pour se réchauffer ou pour éclairer les ténèbres ? Le matin, avant l’aube, on rencontre des indigènes se promenant avec un tison à la main. Ils le portent tourné vers la poitrine et soufflent continuellement dessus pour en aviver l’éclat. Ce tison les protège des bêtes fauves la nuit et leur permet, au lever du jour, d’allumer un feu rapide pour se sécher de l’humidité de la nuit et se réchauffer.
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À Mogroum, les explorateurs découvrent le monde fétichiste chez les Sara-Massas. Sur les rives du Logone. Les hommes, de très belle stature, ne portent qu’une peau de chat-tigre fixée sur les reins ; les femmes sont nues ou simplement parées d’une ficelle rougeâtre comme cache-sexe. Elles arborent les déformations rituelles : un plateau métallique de 5 à 6 cm de diamètre incrusté verticalement dans les lèvres ; une paille implantée dans la narine gauche. Plus impressionnantes encore, les Sara-Djingués ont les lèvres déformées par des plateaux de bois dont le diamètre peut atteindre 24 à 26 cm. Toutes leurs dents sont tombées sous la pression du plateau. Lorsqu’elles les ôtent, leurs lèvres pendent, réduites à deux anneaux de chair. Elles se nourrissent de boulettes de viande corrompue qu’elles lancent au fond de leur gosier et boivent de l’eau versée délicatement sur le plateau inférieur.
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Dans son harem des Mille et Une Nuits, Barmou retient cent femmes et supporte cent belles-mères. (…) Les épouses sont conviées à assister au repas de leur seigneur, mais massées dans un coin de la cour et le visage tourné vers le mur de tob. Elles se tiennent silencieuses. Seules leurs hautes coiffures en cimier, cloutées de cabochons d’argent, attirent le regard. Des musiciens rendus aveugles – car tout regard d’un serviteur est une insulte – accompagnent les agapes du souverain de sons très doux, tirés d’instruments à cordes grattées par une plume. L’eunuque musqué Kaka et l’ancienne favorite Iaogari (…) sont autorisés à faire rire le sultan. Poirier, trouvant le profil de Kaka intéressant, lui fait signe de détourner légèrement la tête. Le sultan entre dans une terrible colère : inciterait-on son serviteur à enfreindre la loi du harem et à oser regarder le seigneur ? Le malentendu se dissipe, mais notre cinéaste ressort violemment ému de cette séance.
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Nous avons rencontré partout des sauvages qui semblaient heureux, nous avons aussi rencontré des dits « civilisés » qui portaient fort mal le costume européen et semblaient ne plus savoir chanter et danser. J’ai aimé ces mots de Pierre Loti : « Comme le monde sera banal et triste lorsque nous l’aurons rendu partout pareil. »
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Seuls le Scarabée d’Or, le Croissant d’Argent, le Soleil en Marche et le Centaure vont s’engager dans le tunnel de 500 km percé dans la forêt vierge de Stanleyville jusqu’à Buta. Le gouverneur, Adolphe Meulenmeester, rencontré à Bruxelles voici un an, s’était engagé à créer une piste pour permettre à nos explorateurs d’atteindre sa capitale, où il les attend. Quarante mille défricheurs, cinq mois d’un labeur surhumain : les travailleurs recrutés dans la région des Falls sont les Boula Matari du fleuve Congo. Ils ont vaincu la forêt.
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La forêt équatoriale ? L’homme s’y sent étranger dans un monde hostile. Là, c’est la domination absolue, impérieuse, de toutes les formes d’enlacement. La sève exacerbée n’y connaît plus de loi, elle enfante dans la démence. Cette forêt-là, sombre et silencieuse car à l’exception du reptile et de l’insecte les animaux ne peuvent y survivre, est un véritable temple de l’horreur, un organisme monstrueux qui prolifère sans repos ni trêve, pisant éternellement dans sa propre décomposition les éléments d’une renaissance sans cesse renouvelée. L’arbre y devient la proie de l’arbre. Celui qui meurt chargé de siècles est aussitôt saisi par les cryptogames, dont la chair épaisse et visqueuse sécrète des sucs destructeurs : les mousses et les fougères, qui lui tissent un linceul vivant, hérissé d’innombrables tentacules taraudant son cadavre. Devenu poussière, celui-ci est pompé jusqu’à sa dernière molécule par les jeunes pousses avides de croître à leur tour, et de monter aussi de la nuit qui les enveloppe vers la libération des sommets, vers l’air libre, vers le soleil. Mais elles-mêmes sont enlacées par les lianes. Les orchidées s’y suspendent, des graines étrangères se gonflent dans chaque gerçure de leur écorce, elles retombent et l’humus leur donne une nouvelle forme : la branche devient racine, engendre de nouveaux bourgeons, recommence son effort de libération. Cette lutte pour la vie est la plus cruelle, la plus âpre, la plus obstinée qu’on puisse concevoir. Il en résulte un chaos prodigieux dans lequel les espèces confondues deviennent un seul et même monstre aux formes colossales : cette masse verte, chaude, spongieuse, morbide, pleine de parfums et de puanteurs, est le décor où opère l’homme panthère poussé par son instinct, et qui s’est identifié à son totem le félin.

(Julien Maigret, pour Louis Audouin Dubreuil)
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La tornade quotidienne nous (…) surprend par son extrême violence, nous met en danger d’être foudroyés. La glorieuse mission perd ainsi chaque jour sa belle allure, les éléments tuent sa superbe. Quinze hommes vaincus font l’apprentissage de l’humilité. Au cours des nuits, l’humidité froide tombe de plus en plus pénétrante et, tout comme dans les grandes cités où chaque minute meurent des hommes, des arbres tombent, sinistres dans la nuit.
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L’humanité entière doit pouvoir jouir de la richesse totale répandue dans l’univers. Et c’est une des premières justifications d’une appropriation, quelle que soit la légitimité de ses origines, d’utiliser les richesses offertes à la satisfaction des besoins multiples de nos civilisations. Il y a là un grand devoir, qui est de mettre en circulation des valeurs que des peuplades primitives détenaient sans avantage pour elles-mêmes et pour tous.

(Albert Ier de Belgique)
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Nous alerterons le ministère. C’est un véritable cri d’alarme qu’il faut pousser. (…) Si la chasse aux grands fauves n’est pas organisée et sévèrement limitée dans toute l’Afrique française, on verra disparaître certaines espèces. Que les pouvoirs publics s’inspirent de l’exemple de nos voisins. Par la création de vastes réserves, les Anglais ont favorisé dans l’Ouganda, le Kenya, le Tanganyika, la reproduction de la girafe, du zèbre, du gnou. Il existe en Afrique une fièvre de l’ivoire aussi grande que la fièvre de l’or.

(Louis Audouin Dubreuil, 1925, juste après avoir tué deux lions, trois hippopotames et brûlé vifs je ne sais combien d‘éléphants.)
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Haardt est pris d’une irrésistible envie de scotch whisky. Mais qui détient la dernière bouteille ? Minutes de lourd silence, regards accusateurs qui finissent par se porter sur Bergonier, dont la mine est suspecte.
— Monsieur, dit-il à Haardt, la science n’est-elle pas plus importante que la satisfaction de nos plaisirs immédiats ? J’ai pris la liberté de disposer de cette bouteille car l’urgence était grande de préserver un spécimen exceptionnel. Sa main droite ramène de derrière son dos un bocal où flotte dans notre whisky un fœtus de biche-cochon.
— Seriez-vous un empoisonneur, Bergonier ?
Haardt fait-il allusion à la dégustation au déjeuner d’un plat confectionné par Bergonier ? Plat exquis, mais dont il a maladroitement commenté la qualité, révélant ainsi son secret aux consommateurs ahuris :
— Pour que des épinards soient aussi fins et parfumés, il suffit qu’ils aient séjourné quelques heures dans une panse d’animal. (…)
Pour l’heure, Haardt, frustré du plaisir de déguster un whisky, (…) fait allusion au dramatique incident de la veille. En effet, quatre Noirs ont bu dans les boîtes qui renfermaient les produits destinés à la taxidermie. Des douleurs fulgurantes les ont abattus au sol, gémissant, hurlant, se contorsionnant. Personne ne comprenait la cause de cette tragédie jusqu’au moment où on vit, serrée dans la main d’un boy, une des fameuses boîtes. Par solidarité, seize hommes qui n’avaient rien bu se roulaient au sol avec leurs camarades. De fortes doses d’ipéca rétablirent l’ordre.
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[Haardt] a expliqué à notre trop généreux Baba [le cuisinier] qu’une pipe, tout comme une femme, ne se prête pas. Baba, vexé, s’est mis en grève. Je suis informé que le dîner sera perturbé.
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Avec les flagellants, la mystique religieuse reparaît. Chez les Peuls, c’est une coutume rituelle de grande importance que l’on pratique chez les jeunes parvenus à l’âge de la puberté et qui veulent acquérir le droit de se marier. Les femmes chantent et battent des mains à la cadence des tam-tams. Les jeunes gens se présentent nus jusqu’à la ceinture. Un homme muni d’une branche flexible s’approche, tandis qu’un autre s’accroupit aux pieds de celui qui sera flagellé pour surveiller ses mouvements. Un violent coup de baguette cingle le jeune sur la poitrine et sur le dos. Il ne doit pas esquisser un geste, pas laisser échapper un frémissement de souffrance, et continuer à chanter la gloire de Dieu. Dix coups tombent ainsi sur chacun, le sang gicle, les femmes encouragent et applaudissent. Ceux qui ont supporté vaillamment l’épreuve sont consacrés hommes et jouissent désormais de toutes les prérogatives attachées à ce nouveau statut. Cependant, la cérémonie n’est pas terminée. Les anciens briguent la faveur d’être flagellés à leur tour afin de témoigner que la souffrance n’a pas de prise sur eux. Honneur suprême sur un Peul.
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Le sultan nous convie dans sa résidence d’été à Madaroufna, au bord d’un lac artificiel. Des enfants défilent devant nous, portant sur la tête d’énormes poissons juste saisis par les pêcheurs. À l’ombre du baobab, silencieux comme le veut l’étiquette, nous vivons les impressions de l’instant près de Serki Moussa immobile. Si la gesticulation des Noirs est bouffonne pour les occidentaux, au royaume de Serki Moussa, dignité et langueur sont de mise, le mot courir n’existe pas en langue haoussa.
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Les Maouris de Dogondoutchi forment une population farouche, un curieux noyau fétichiste sous la tyrannie de leurs griots qui, pour maintenir leur odieux prestige, font croire que la mort n’est jamais naturelle et qu’il faut l’attribuer à de criminelles pratiques de sorcellerie. Lorsqu’un homme meurt, le griot charge son cadavre sur ses épaules et erre à travers le village. L’esprit du mort est censé le pousser irrésistiblement vers la case de celui qui l’a fait mourir. Le pauvre innocent est aussitôt saisi, décapité et sa maudite dépouille est pendue aux branches d’un arbre.
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Adossé à une porte en bois, un homme est occupé à extraire d’une de ses jambes, énorme et tuméfiée, un long filament blanchâtre qu’il enroule lentement sur une baguette.
Le professeur, ravi, s’approche de lui. Ménageant ses effets comme un vieil acteur, il nous donne de curieux détails touchant les mœurs de ce répugnant parasite.
— Vous connaissez ce crustacé presque microscopique qui pullule dans certaines eaux stagnantes et qu’on appelle le cyclope ? Son intestin est habité par la larve filaria medinensis, ou ver de Guinée. Si vous buvez de l’eau parasitée, ces larves voyagent dans les replis de votre intestin, qui deviendra leur lit nuptial. Ayant alors assuré la conservation de l’espèce, la larve mâle meurt tandis que la larve femelle, négligeant vos voies naturelles, perce, taraude, perfore. Son corps filiforme chemine à travers vos muscles, glisse entre vos aponévroses et gagne votre tissu cellulaire. Il ne lui reste plus alors qu’à vaincre un dernier obstacle : votre peau. Un coup d’emporte-pièce et c’est fait !
Nous écoutons tous, horrifiés.
— Le traitement de cette affection consiste à extirper le ver à la manière dont cet homme le fait. Travail de patience, le parasite peut atteindre plus d’un mètre, et s’il se brise, les conséquences sont graves : phlegmon, gangrène, voire tétanos…
Bergonier s’apprête à nous parler de la filaire de Bancroft, mais Haardt l’interrompt :
— Cher docteur, cela suffit !
Et, tandis que Bergonier déçu s’éloigne, il me glisse :
— Je soupçonne cet homme d’être un pervers.
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Kadi se détache alors de la foule, courbée, main tendue, tête légèrement renversée. Elle danse, gracieuse, poursuivie par Songo. Songo la rattrape. Le couteau glisse le long des seins, le long du ventre, court sur la gorge de Kadi, redescend sur le ventre puis, à la hauteur du sexe, donne un coup nerveux. Les musiciens, saisis de frénésie, avancent, reculent, intensifient le rythme. Songo tourne sur elle-même les bras ouverts :
- Diaram, diaram, diaram !
C’est le kouli-kouta, parodie des anciens sacrifices humains du royaume du Dahomey.
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Bientôt, les chenilles traversent des champs de mil cernés à gauche et à droite de feux de brousse. Il est courant que les indigènes allument des feux la nuit pour éloigner les animaux. Ces murailles d’un rougeoiement intense dans lesquels se tordent et éclatent les arbres sont d’une stupéfiante beauté.
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