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Critiques de Arundhati Roy (179)
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Au-devant des périls

Ecrivaine et militante, Arundhati Roy fait partie de ses femmes, avec Vandana Shiva, qui plaident pour plus de justice sociale et écologique en Inde.



Ce tract est la retranscription d’un discours alarmant sur l’état de l’Inde aujourd’hui, le pouvoir nationaliste hindoue de Narendra Modi menace le caractère laïc du pays, à l’exclusion des minorités musulmanes (victimes de persécutions de la part de milices d’extrême-droite, et dont les droits sont plus que jamais menacés, comme d’ailleurs en Chine ou en Birmanie).



Le système des castes, largement dilué par une politique de discrimination positive depuis des années, est en train de faire son retour et les différentes composantes autonomes de l’Inde voient leurs Constitutions malmenées. l’Etat Assam, à l’est du pays, a récemment produit, du fait des nouvelles règles arbitraires en place, près de deux millions d’apatrides.



« Une seule place pour les musulmans le cimetière ou le Pakistan. » Le Cachemire a vu en 2019 son autonomie historique disparaitre par suite d’une annexion brutale (coupure d’électricité, interdiction de quitter le Cachemire, mise en prison de la classe politique locale).

S’emparer du Cachemire, région aux enjeux géostratégiques et écologiques majeurs n’est pas neutre pour les entreprises privées indiennes proche du pouvoir, Google Trends a même noté une augmentation en Inde des recherches pour « épouser une Cachemire » et « acheter de la terre au Cachemire ». Les répressions antimusulmanes, ne sont pas nouvelles, en 1992 déjà une mosquée vieille de quatre siècles et demi avait été détruite sous prétexte qu’elle fut édifiée sur les ruines d’un temple hindoue.



« Tandis que Modi recevait les honneurs de la Fondation Bille Gates pour avoir éradiqué de l’Inde la défécation en plein air, deux enfants dalit, qui vivaient sous une bâche, étaient frappés à mort pour avoir chié dehors. » Les castes intouchables « dalit » sont de nouveau menacées et les musulmans sont les nouveaux intouchables du régime en place. 
Pour preuve, Roy nous apprend dans son « tract de crise » que des nouvelles se répandent en Inde, accusant les musulmans d’être à l’origine du coronavirus et de le propager dans une forme de « jihad ».



Qu’en pensez-vous ?

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Le Dieu des Petits Riens

Quel foisonnement de petits riens, de grandes questions et de souffrance dans ce roman ! Système des castes, innocence des enfants, condition des femmes, portraits de doux dingues, traditions indiennes, complicité des jumeaux, amour filial et familial, jeux de mots, lâcheté et médiocrité devant l’adversité, histoire politique, cinéma, perversité, petites anecdotes de l’entreprise… tout se mêle et s’emmêle ici.



J’avoue que j’ai souffert pendant ma lecture, tant j’ai eu de mal à dérouler la pelote de ce récit touffu, dense, sans chronologie, sans fil conducteur. Heureusement j’ai pu m’accrocher aux sons, aux goûts, aux odeurs et aux couleurs de l’Inde. Car ce roman est incroyablement pittoresque et incroyablement sensuel. M’accrocher également aux émotions de Rahel, petite fille rêveuse et joueuse, pleine d’imagination et d’amour pour sa mère, son jumeau Estha ou l’Intouchable Velutha, qui a peur qu’on l’aime moins quand elle fait une bêtise ou quand une autre petite fille arrive dans la famille.



On comprend vite qu’il y a eu un drame dans cette famille, car les jumeaux devenus adultes sont séparés, muets, écorchés, déchirés. Un drame autour de cette fameuse petite fille qui arrive, Sophie Mol. Un drame qui n’épargne personne, sauf peut-être la vénéneuse et ridicule grande-tante Baby Kochamma. Mais le drame pourrait se résumer en quelques lignes, alors que le livre s’enroule et se déroule sur des centaines de pages, évoquant tous les personnages secondaires, les thèmes secondaires et les émotions un-finies.



J’ai entendu dire que l’Inde était magnifique et grouillante, de vie, d’activité, de gens. Si c’est le cas, alors le livre est simplement à son image. Peut-être difficile à appréhender pour les voyageurs occidentaux comme moi, mais néanmoins magnifiquement beau.



Challenge PAL et challenge Atout Prix 2/xx
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Le Dieu des Petits Riens

J’ai attaqué cette lecture ne connaissant ni le livre ni l’auteur : Totale découverte.

J’étais un peu intrigué par le titre, et j’avais envie de découvrir ce type de littérature. Quelques expériences précédentes concernant le monde Hindou m’avaient laissé un peu dubitatif.



Au début du livre, le texte donne une impression de désordre total. Et il m’a fallu plus de soixante dix pages d’efforts afin de ne rien abandonner et d’entrer enfin dans l’histoire.

D’autant, et c’est logique, que les noms d’origine Indienne ne sont pas facile à retenir et l’on se perd dans la gestion des personnages .

De plus le récit est chronologiquement déstructuré : On est au présent, puis on saute cinquante ans en arrière, et on revient à une autre époque, de chapitre en chapitre.



Pourtant, petit à petit l’histoire s’installe et l’on va entrer dans la vie de ces deux jumeaux qui ont vécu un épisode traumatisant dans leur enfance. Un épisode qui conditionnera totalement leur avenir.



Ce livre ne fait pas que raconter une histoire : Il décrit également un pays, un peuple, une civilisation avec sa culture, ses habitudes et ses façons de penser et c’est ce qui le rend intéressant. C’est une Inde sans concession qui est présentée, avec ses saletés, ses castes, un pays dans lequel on bat sa femme avant de réfléchir…. !



Le style est alerte, agréable. On ne s’ennuie pas. Il y a parfois des descriptions presque poétiques et en même temps on use de mots très crus, ou on décrit des situations très réalistes. Tout cela reste finalement agréable et pourtant très déstabilisant.



Il faut saluer le beau travail du traducteur qui au-delà du texte essaie de nous rendre les jeux de mots, les subtilités orthographiques ou grammaticales accessibles et amusantes.

Bref, c’est une belle expérience de lecture, même si cette découverte demande quelques efforts.

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Le Dieu des Petits Riens

Pour où commencer ? Tout est tellement intriqué, la chronologie explosée... Elle suit le fil des souvenirs de Rahel, Indienne revenue au pays, dans son village d'enfance après avoir appris que son jumeau, Estha, était revenu sur les lieux du drame. Du drame de leur enfance, qui a tué leur vie d'adulte. Du drame qui leur fit perdre leur mère et un homme qu'ils ont profondément aimé, comme un père. Par jalousie et arriération.

Le roman de Roy met en évidence une certaine Inde : castes, saleté, condition des femmes. Mais aussi certaines constantes universelles : enfance, amour impossible (mais...), retour de bâton de l'Histoire (ou de l'homme ?), intimidation et chantage des adultes envers les enfants, racisme... C'est souvent triste, à la limite du désespéré, mais jamais larmoyant : des traits d'humour discrets et désespérés viennent sauver temporairement les jumeaux qui tentent de survivre entre les aspirations contraires des adultes qui les entourent. Mais le Saccage, annoncé depuis le début adviendra, violemment, truqué.

Cependant le roman se termine sur une belle scène, un petit message d'espoir. Demain est toujours possible.
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Le Ministère du Bonheur Suprême

J'avais beaucoup aimé «  Le Dieu des Petits riens » , il y a peut - être une quinzaine d'années .

C'est pourquoi j'ai emprunté cet ouvrage à la médiathèque.



Nous voilà emportés en Inde , des quartiers surpeuplés du Vieux Delhi, festival d'odeurs , de couleurs , brouillard et brouhaha , vacarme ,turbulence , enfants en surnombre , corruption et compagnie vers la nouvelle métropole en plein essor et , au- delà, la vallée du Cachemire et les nombreuses forêts de l'Inde centrale , où sévissent guerre et paix où de temps en temps , le retour à l'ordre s'avère utile .



Tout commence par une envolée de corbeaux, un vieil imam aveugle, et une référence à l'histoire d'amour de Laila et Majnu , l' équivalent de Roméo et Juliette en pays musulman.



Puis vient le destin d'Aftab, attendu depuis six ans par sa mère Jahanara Bégun ( , et son père, Mulaqat Ali) ,ce fut la nuit la plus heureuse de sa vie .



Lorsqu'elle explora son corps minuscule , elle découvrit terrifiée, qu'Aftab possédait des caractéristiques masculines et féminines .

Les premières années de la vie d' Aftab, le secret fut bien gardé .



Mais à quatorze ans ,il grandissait , prenait du muscle et des poils , sa pomme d'Adam devint de plus en plus visible. Sa voix évoluait si bien qu'il devint de plus en plus silencieux et qu'il ne chantait plus,

Ses parents l'avaient fait opérer afin qu'il devienne un garçon mais Aftab se sent femme.

Il se retire alors dans «  la Maison des Rêves » , l'endroit où vivent les hommes habillés en femme .

Il est , bien sûr, initié aux règles et aux rituels de la Maison,

Il devient Anjum , il vécut alors , à la Khwabghah avec son corps rapiécé et ses rêves partiellement concrétisés durant plus de trente ans .

À quarante - six ans Anjum décide qu'elle désire partir , elle vivra désormais dans le cimetière derrière l'hôpital, dormira sur un tapis persan qu'elle volera la nuit entre les tombes …

Mais elle rêve d'être mère .

Y a t - il une véritable trame narrative dans ce récit incroyablement foisonnant ? . Difficile à dire ….



Nous avons deux héroïnes Anjum, transgenre et Tilo , femme rebelle , très indépendante..



Une histoire qui aurait mérité d'être plus structurée , ça ressemble à un désordre organisé tellement le lecteur est décontenancé par le patchwork de personnages, de récits , écriture poétique échevelée , luxuriante, récit tentaculaire où se multiplient les points de vue , labyrinthe complexe débordant de personnages bigarrés , cheminement d'un tas d'évènements passés , présents ou futurs de la corruption à la presse censurée, aux musulmans stérilisés ou empoisonnés , à l'insurrection —— , les pages consacrées au Cachemire sont pour le moins terribles——-et je n'oublie pas la fuite mortelle de l'usine de pesticides de Bhopal avec son cortège de milliers de morts .



L'auteure est une militante depuis des années, en colère , une combattante ardente pour la liberté , pour la paix , contre les Castes, pour les femmes !

Elle écrit une histoire brisée ,pétrie de métaphores , tragique , nous décrit une nation déchirée , foisonnante , à l'image de ce pays - continent où ethnies , classes sociales se mélangent intimement en tentant de retrouver leur propre identité .



Une Inde où le lecteur se noie un peu à la lecture de certains passages, leurs multiples ramifications , une Inde multiple ,changeante et éternelle .

C'est un ouvrage labyrinthique , brûlant , incandescent, tentaculaire , difficile à appréhender et à lire !

Je ne suis pas certaine d'avoir tout maîtrisé , il m'a fallu de la patience !









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Le Ministère du Bonheur Suprême

Vingt ans après ... La première fiction d'Arundhati Roy a été suivie de nombreux essais mais l'auteure indienne n'étais pas revenue au roman depuis Le Dieu des petits riens pour lequel elle avait obtenu le prix Booker. C'est donc avec une impatience gourmande que l'on attendait son nouvel opus au titre alléchant : Le ministère du bonheur suprême. Et là, c'est le drame. Ou presque. S'il est indéniable que Arundhati Roy reste une styliste hors pair, la déception n'en est pas moins au rendez-vous quant à la construction du livre et surtout à l'identification d'une véritable trame narrative. Certains lecteurs anglophones l'ont déjà souligné : c'est un livre sans histoire ! Ou il serait plutôt mieux de dire : avec des multitudes de scènes et d'évocations mais qui ont du mal à former une intrigue lisible et cohérente. Il y a bien deux héroïnes identifiables : Anjun (une transgenre) et Tilo (femme indépendante et rebelle) mais leurs destins sont enchevêtrés dans tout un tas d'événements dont on se demande parfois s'ils appartiennent au présent, au passé ou au futur. Et les personnages sont multiples, pas toujours reliés à ces deux figures centrales. Il en résulte une sorte de confusion et un sentiment de perdition pour le lecteur, même si celui-ci a quelques notions de l'histoire contemporaine de l'Inde. Et c'est sans parler de plusieurs passages que l'on qualifiera d'allégoriques, métaphoriques, voire amphigouriques. Il n'est pas question de remettre en cause l'action d'Arundhati Roy, militante depuis des années pour la paix, les femmes et contre les castes. mais ce combat imprègne trop le livre qui se rapproche de l'essai en s'éloignant du roman. Mais pour être juste, il faut tout de même préciser que les pages, nombreuses, consacrées au conflit au Cachemire sont puissantes et terribles. Malgré son titre, le livre ne raconte pas un pays heureux mais bien une nation déchirée et soumise à toutes les violences.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Le Ministère du Bonheur Suprême

Il y a longtemps, très longtemps (une quinzaine d’années?), j’ai lu Le dieu des petits riens et je l’avais adoré. Je connaissais peu la littérature indienne et je m’étais promis de pousser plus loin. Mais, comme c’est souvent le cas, cette belle intention a vite disparu devant les dimensions toujours plus vertigineuses ma PAL. Puis, récemment, je suis tombé à nouveau sur son auteure, Arundhati Roy, et sur un de ses romans plus récents, Le ministère du bonheur suprême. Je me suis dit : « C’est le moment. » Le début m’a agréablement intrigué : une envolée de corbeaux, un vieil imam aveugle, une référence à l’histoire d’amour de Laila et Majnu (l’équivalent de Roméo et Juliette dans les pays musulmans), Anjum, cette dame au passé trouble…. Ça me semblait prometteur. Puis, rapidement, retour dans le passé. Aftab naît hermaphrodite. Sa mère tente de cacher la situation un moment, on se doute que ça ne fonctionnera pas longtemps. Je connais encore moins bien la littérature LGBT+ que la littérature indienne, aussi, j’ai lu très peu d’œuvres traitant des gens marginalisés, des laissés-pour-compte. Ce ne sont pas des thèmes qui m’interpellent particulièrement. Incidemment, j’étais curieux de savoir où Le ministère du bonheur suprême allait m’amener.



Malheureusement… À partir du moment où son père et la communauté découvrent le secret d’Aftab/Anjum, les choses se gâtent. L’enfant se retrouve séparé des siens et tout s’embrouille. Beaucoup de nouveaux personnages font leur apparition et je me suis rapidement embrouillé. Pourtant, je suis un habitué des longs romans-fleuve aux galeries de personnages multiples. À cela s’ajoute le fait qu’Aftab/Anjum est désigné, repris autant par des pronoms masculins et féminins (il/elle). Aléatoirement. C’était mélangeant. Dans tous les cas, son histoire s’est retrouvée noyés dans celle des multiples autres personnages de ce roman dont certains lui volaient la vedette. Malgré cela, j’ai poursuivi ma lecture du Ministère du bonheur suprême. Je n’aime pas laisser un bouquin inachevé et je gardais toujours l’espoir de démêler cette intrigue. Hélas. Néanmoins, ce ne fut pas une perte de temps complète. J’ai appris plusieurs choses sur l’histoire récente de l’Inde (les conflits avec les pays frontaliers, les conséquences des attentats de 9/11, le quotidien des communautés musulmanes de cette grande nation, etc.). Les descriptions des quartiers du Vieux-Delhi et d’autres endroits comme la Vallée du Cachemire étaient réussies. Je pouvais facilement visualiser les lieux, comprendre comment ils pouvaient avoir un impact sur la vie des gens qui y vivaient. Sérieusement, j’aime bien la plume d’Arundhati Roy. Il est dommage qu’elle ait été mise au service d’une histoire qui aurait gagné à être plus centrée sur son/sa protagoniste.
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Le Dieu des Petits Riens

L'histoire se passe au Kerala, partie assez riche de l'Inde, chez des chrétiens "touchables". Deux jumeaux, un garçon et une fille (de faux jumeaux en conséquence) vivent une enfance à peu près heureuse auprès de leur famille maternelle jusqu'à ce qu'ils soient séparés par une tragédie : le garçon retourne chez son père et la fille demeure auprès de sa mère. La jeune femme, de retour dans son pays, retrouve son frère et évoque le passé.

Ce terrible roman nous donne un aperçu de la société indienne de la fin des années soixante et de son évolution toute relative. La condition féminine est déplorable, les femmes divorcées ou séparées sont ostracisées, les enfants soumis à un autoritarisme parfois absurde, les préjugés sont omniprésents. Je ne savais d'ailleurs pas qu'il existait des chrétiens intouchables.

L'autrice nous décrit avec pittoresque les divers membres de cette lignée de petits entrepreneurs, l'amour inconditionnel de leur malheureuse mère, l'affectueuse grand-mère "confitures", l'oncle amoureux éconduit, la vieille tante aigrie,... Les personnages sont prisonniers des conventions et de leur désir d'imiter à tout prix le mode de vie des anglais, ainsi que de leur servilité envers eux.

La mythologie hindoue tient une large place dans ce récit (d'où le titre).

J'ai aussi apprécié les belles descriptions des différentes sortes de vêtements des femmes et des hommes de ce pays.

J'ai trouvé ce livre un peu moins complet que "L'équilibre du monde" sur le même sujet que j'ai lu après (cf. ma critique) - d'où le demi-point en moins - et légèrement embrouillé mais il reste intéressant pour la connaissance de l'Inde et de ses habitants. De plus il est bien écrit et bien traduit, autant que je puisse en juger.

Par ailleurs, la fin du roman m'a choquée (l'ai-je vraiment comprise ?)

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Le Dieu des Petits Riens

Un drame, comme une déflagration, va détruire à tout jamais des vies.

Rahel revient sur les lieux de son passé. Et les souvenirs émergent, précis, vivants, teintés de l’innocence de l’enfance. La douleur aussi. 15 quinze jours vont marquer à tout jamais la destinée de Rahel, Estha son frère jumeau et Ammu leur mère.

On ne transige pas avec l’Histoire. Chacun sa place : l’Intouchable marche à reculons et efface les traces de ses pas d’un coup de balai. Et au grand jamais il ne se fourvoie avec une Touchable, car le prix à payer pourrait aller jusqu’à…

Arundhati Roy nous livre un texte percutant, violent, poétique, onirique. Dès les premières pages nous apprenons la nature du drame. Le récit n’est pas linéaire comme les souvenirs lorsqu’ils remontent par bribes, sans logique apparente. Regards d’enfants emprunts de spontanéité, de créativité puis meurtris par la réalité des adultes. Pendant presque 400 pages, l’auteur nous plonge dans les profondeurs d’âme de ses personnages. Un très beau roman.

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Le Ministère du Bonheur Suprême

Delhi, Aftab est un spécimen rare, il possède les caractéristiques masculines et féminines. Ses parents veulent le faire opérer pour qu'il ne soit qu'un garçon, mais Aftab se sent femme. Mais ses poils poussent, sa pomme d'Adam est de plus en plus visible, sa voix devient grave.Un jour Aftab entre dans la Maison des Rêves, là où vivent les Hijra les hommes habillés en femme. On l'initie aux règles et aux rituels de la maison et Aftab devient Anjum. À 46 ans Anjum annonce qu'elle veut partir. Elle vit désormais dans le cimetière derrière l'hôpital. Elle dort sur un tapis persan qu'elle déroule la nuit entre les tombes. Anjum rêve d'être mère, elle découvre qu'il est possible pour un être humain d'en aimer un autre.



Dans ce roman, l'auteur nous conte l'histoire de l'Inde, l'état d'urgence, la presse censurée, des musulmans emprisonnés et stérilisés, les émeutes, les massacres en représailles, l'insurrection au cachemire, la fuite mortelle de l'usine de pesticides de Bhopal avec ses milliers de morts.



Un patchwork de récits, de personnages, d'enfants perdus, une construction un peu déroutante avec une écriture parfois laborieuse, un récit chaotique et animé comme les rues de Delhi, mais si le lecteur persévère il va vivre l'histoire fascinante des deux héroïnes: la femme transgenre Anjum (née Aftab), qui est parti vivre dans un cimetière de Delhi, et Tilo, une ancienne étudiante en architecture,une combattante de la liberté, constamment en danger et constamment en fuite.

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Le Dieu des Petits Riens

C'est un roman assez court mais qui foisonne, c'est vrai. De personnages mais surtout d'impressions, de couleurs, de mille images sur l'Inde. Le premier roman que j'ai lu sur ce pays était "La Mousson" de l'Américain Louis Bromfield et j'en étais sortie (j'étais pourtant très jeune à l'époque) avec la certitude qu'on ne pouvait faire pays plus coloré, plus chaud que l'Inde. Bromfield, qui n'y était jamais allé, dépeignait cette contrée avec un amour que je n'ai pas trouvé par exemple dans E.M. Forster. Avec Arundhati Roy, qui est Indienne, cette passion, qui se combine souvent à une exaspération latente envers le système de castes par exemple, est bien au rendez-vous.


Mais c'est un drame qui se vit ici, dans cette atmosphère lourde et paresseuse, où le passé et le présent entremêlent leurs lents tissages d'araignées. Dès le départ, on sait que ce drame tourne autour de la mort de Sophie, la fille de Chacko et de son épouse anglaise, Margaret. La petite fille, "Sophie Mol" comme on l'appelle lorsqu'elle arrive en Inde pour y retrouver son père biologique, est morte noyée une quinzaine d'années plus tôt, dans un accident qui fut maquillé en kidnapping et en meurtre par la grand-tante des héros, Baby Kochama.


Avec leur mère, Ammu, elle aussi disparue et morte dans la déchéance, les jumeaux Rahel (la fille) et Estha (le fils) sont les personnages-clefs du livre. Deux enfants nés de l'union d'un père fonctionnaire qui s'adonnait trop à la bouteille pour que son épouse, un jour, ne finisse pas demander le divorce.


En ces années 60 qui s'achèvent (le drame se place en 1969), Ammu a en effet osé divorcer pour revenir chez elle, auprès de sa mère, Mammachi et de sa tante, Baby. Pour ces femmes qui ont connu l'époque où les Intouchables se devaient de s'éloigner à reculons en balayant jusqu'à leurs propres traces sur le sol, Ammu n'a pas de "statut légal" - ce que les jumeaux, voletant entre l'Hindi et l'Anglais, déforment en "Statue L'Egale." Certes, elles la tolèrent mais elles n'en pensent pas moins : Ammu a en elle quelque chose d'incontrôlable et de masculin.


Aussi la grand-mère et la grand-tante ne ressentent-elles pas un amour extraordinaire pour les jumeaux. Baby surtout semble vraiment les détester. Il est vrai que Baby est une aigrie ...


Quand Margaret, qui a jadis divorcé elle aussi de Chacko pour se remarier avec un Anglais, devient veuve de celui-ci, son premier mari lui propose de venir passer la Noël dans sa famille, à Ayanemen. Il espère ainsi revoir la seule femme qu'il ait jamais aimée et, bien entendu, la fille qu'elle lui avait donnée, la petite Sophie.


Et, en dépit des espoirs de Baby Kochama, Sophie sympathise très vite avec ses jumeaux de cousins.


A partir de là, tout est en place et la pièce peut se jouer avec, en toile de fond, l'amour que Velutha, l'Intouchable, ressent pour Ammu. Amour partagé mais amour voué à la Mort, on s'en doute.


Le drame final entraînera la désagrégation de la famille Kochama. Chacko s'exilera au Canada. Margaret ne se pardonnera jamais d'avoir amené sa petite fille avec elle pour ce fameux Noël. Ammu sera chassée de la maison de ses ancêtres. Velutha ... Velutha, vous verrez bien, hélas ! Quant à Rahel et à Estha, ils seront séparés. La première restera auprès de sa grand-mère, le second sera, selon l'expression de Baby Kochama, "renvoyé à l'expéditeur", c'est-à-dire à son père divorcé.


A 31 ans, Estha reviendra à la demeure familiale. Mais il sera devenu muet, comme si la mort de Sophie, la liaison d'Ammu et surtout la disparition de celle-ci l'avaient figé quelque part, entre le Passé et le Présent. Il faudra tout l'amour de Rahel, revenant elle des USA où elle avait émigré à sa majorité, pour le ramener - un peu, un tout petit peu et d'une façon très particulière - à la réalité, une réalité où Baby Kochama, maintenant âgée de 83 ans, fait plus que jamais figure de parasite borné et haineux, dans la droite ligne de ces fondamentalistes de tout poil qui, au nom de Dieu, ne savent qu'infliger malheur et torture à leurs semblables.


Un beau livre dont il ne faut guère s'étonner qu'il ait connu un tel succès. Oui, il y a des méandres mais l'Inde, dans toute ses beautés et dans toutes ses hideurs, n'est-elle pas, justement, que méandres - nos méandres originels peut-être ? ;o)
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Le Ministère du Bonheur Suprême

« Bonjour les Babelionautes! Aujourd’hui, on part en Inde avec un roman intitulé Le Ministère du bonheur suprême, signé Arundhati Roy.



Or donc Aftab naît avec des organes génitaux masculins et féminins. Il est élevé comme un garçon, mais se sent fille. Devenu grand, il quitte sa famille, prend le prénom d’Anjum et s’intègre dans une communauté de hijra*.



-Et ?



-C’est tout.



-Oh bah ça va alors ! C’est vite lu !



-Non. Ce n’est pas vite lu. Alors… comment vous décrire ce texte ? Le plus simple, c’est d’utiliser des comparaisons.



J’ai déjà lu des romans à tiroirs, qui contiennent des histoires dans l’histoire, comme Loin de Chandigarh, ce roman construit en forme de matriochka.



-De matchi-quoi ?



-Ma-tri-och-ka. Les poupées russes qui en renferment une autre plus petite à l’intérieur. Loin de Chandigarh possède plein d’intrigues imbriquées les unes dans les autres. Tu ouvres une histoire, puis une autre, puis une autre, puis une autre… jusqu’à revenir à la toute première.



Vernon Subutex est lui aussi un roman à histoires multiples, mais il ressemble plus à une toile d’araignée dont Vernon est le centre. Tous les personnages possèdent un lien avec lui, ténu, distant parfois, mais un lien.



Le Ministère, lui, me fait penser à un tissage. Un personnage, d’autres personnages, ils s’éloignent, se rapprochent… comme les fils d’une trame. Les vies s’enchevêtrent les unes à côté des autres, se croisent, les liens se nouent, se dénouent ou se renouent… bref, un tissage, une natte. C’est une structure admirable de complexité.



-Je me suis ennuyée, mais grave. Et je n’ai rien, mais alors rien, pigé à l’histoire.



-Ben déjà, il n’y en a pas qu’une, d’histoire, donc ça ne sert à rien de dire « j’ai rien pigé à l’histoire ». C’est comme regarder une étoile et dire que tu ne comprends rien au ciel : il ne se limite pas qu’à cette étoile. Cependant, tu as raison : ce foisonnement n’aide pas à garder le fil.



-Et puis, cette prose ! Là encore, j’ai rien compris !



-Beeen… je comprends que tu ne comprennes pas.



Arundhati Roy, pour raconter ses histoires, se sert d’une prose fortement imprégnée de poésie. J’ai trouvé également de l’humour sarcastique, de l’ironie. J’ai facilement pu repérer des pointes acides sur le sexisme ou la bêtise de nos contemporains. Hélas, je me suis perdue dans l’aspect poétique pour une raison fort simple : je n’ai aucune maîtrise de l’histoire contemporaine indienne. Rien. Zéro.



-T’exagères, Déidamie. On a vu Devdas, quand même. Et The Lunchbox, aussi**.



-Waaah. Cette remarque est tellement inepte que je ne vais même pas m’attarder dessus. Continuons.



Les faits historiques, les émeutes ne portent pas de noms et ne sont que fort peu situés dans le temps. Je ne savais donc pas trop où je me trouvais. L’histoire est racontée au travers d’un filtre de poésie. Les bourreaux s’appellent « les perroquets safran », par exemple. Cela me donne la sensation de lire un texte splendide tout en conservant l’impression que beaucoup de données m’échappent, parce que la narration fonctionne par allusions et métaphores. D’un côté, cela pose une distance rassurante-inquiétante sur les massacres et les horreurs…



-Et d’un autre côté, si c’est pour ne rien comprendre au conflit, ça ne sert à rien ! Moi, j’aime quand je comprends !



-Bon, après, certaines choses sont limpides, hein… Ce roman possède un important arrière-plan politique, violent et effrayant. Quoi qu’il en soit, la grande force de ce texte réside dans ce style puissant et original. C’est… beau. Magnifique. Et tendre aussi : la compassion pour les souffrances des personnages est nettement perceptible, sans pourtant en faire des tonnes. Le roman est empli d’une colère froide qui se manifeste par petites piques glissées entre deux phrases. Un procédé très intéressant, m’est avis.



-Ben moi, je trouve que la grande faiblesse de ce roman, c’est son style : abscons et c’est mal. Sérieusement, tu conseillerais ce bouquin ?



-Oui, mais pas à n’importe qui. Je le conseille aux lecteurs qui adorent la poésie et qui s’intéressent à l’histoire et à la politique indiennes. Je pense que cela rend les choses plus faciles de le lire comme un gigantesque poème en prose, engagé, poignant comme une tragédie et long comme une épopée sur le sujet, c’est parfait.



Comme dit plus haut, je me suis perdue pendant la vie de Naga. J’ai pris le parti d’avancer sans me poser de questions, d’attendre de reprendre pied quelques pages plus tard. Je ne l’ai pas regretté : l’œuvre se voit ensuite dans son ensemble lors de la conclusion. Je ne prétends pas avoir saisi toutes les subtilités de la trame, oh non, mais l’ensemble devient plus visible et cohérent.



-Moi je le conseille pas aux lecteurs qui cherchent un petit moment de détente tranquille. Ca va pas durer un petit moment et vous allez pas l’être, tranquille. Et je déconseille aussi si vous êtes très sensibles à la violence. Elle n’est jamais représentée de façon insoutenable, mais il y en a tout de même assez pour vous glacer jusqu’au tréfonds de vos moelles. »



*D’après la page Wikipedia anglophone, plus fournie que la francophone, le transgendérisme ne définit pas exactement la condition de hijra. Certaines le sont, en effet, à différents niveaux de transformation, mais il s’agirait plus d’un troisième genre que d’un changement total vers le genre opposé.



**Devdas : film emblématique de l’industrie bollywoodienne. Attention les yeux. The Lunchbox : film moins à succès, plus… intello on va dire.

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Le Dieu des Petits Riens

C'est un roman dans lequel il n'est pas facile d'entrer.

Tout au début semble confus.

Pas de repères temporels.

Des noms indiens difficilement mémorisables.

Une famille assez compliquée dont on peine un bon moment à se rappeler qui est qui.

Bref, un flou artistique qui fait travailler les méninges.

Heureusement, le fil conducteur, ce sont deux enfants, deux jumeaux dizygotes.

Rahel, la fille et Estha, le garçon.

Tout au long de la lecture on sent qu'un drame a frappé la famille.



Plus on tourne les pages et plus on se prend de passion pour cette histoire.

Les phrases se succèdent comme des vagues qui déroulent les souvenirs.

Le langage de jumeaux, les rituels de certains personnages forment parfois une mélopée poétique, parfois une ritournelle réjouissante.



C'est un roman d'ambiance.

Ambiance de l'Inde, de son climat, de ses traditions, de ses castes, de ses religions.....

C'est un roman familial qui montre antre autre l'importance des paroles et des actes des adultes sur le développement d'un enfant.

C'est un roman d'amour

C'est un roman d'une grande poésie.

C'est un roman unique à l'écriture envoûtante.



Bien qu'il soit long, j'aurais aimer continuer encore avec Rahel et Estha.

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Le Ministère du Bonheur Suprême

J’ai emprunté ce livre à la bibliothèque, car j’ai entendu tout et son contraire à son propos. Même ma libraire était sceptique. Mais bon, l’avantage de pouvoir emprunter un livre numérique ou pas (numérique) à la bibliothèque fait que vous lisez des livres que vous n’auriez sans doute pas achetés.



J’ai apprécié la première partie du livre et laissé tomber à la deuxième, car je ne m’y retrouvais plus. J’ai beaucoup aimé Anjum, le personnage principal de la première partie, né homme, mais se sentant femme.



Tout se complique dans la 2ème partie. On perd ses repères et cela n’a plus queue ni tête. JE me suis perdue et en l’occurrence L’AUTEUR aussi m’a perdue. En tout cas, c’est mon ressenti. J’ai renoncé à environ la 160ème page…

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Le Dieu des Petits Riens

Nous sommes en Inde, au Kerala, dans une famille chrétienne. Plusieurs générations vivent dans la même maisons et sont invoquées. Le centre de gravité du roman se situe au moment de la venue de Sophie Mol, la fille du fils de la maison, Chacko, qu’il a eu d’un mariage avec une Anglaise, mariage rompu très vite après la naissance de l’enfant. Sophie vient avec sa mère, suite au décès du nouvel compagnon de cette dernière. Et nous découvrons très vite qu’un drame a eu lieu et que la petite fille est morte pendant son séjour indien. Le livre explore progressivement, en prenant son temps, en faisant des sauts dans le temps, ce qui s’est passé. Le récit est fait en grande partie par Rahel, la fille d’Ammu, la sœur de Chacko. Rahel est très meurtrie par les événements et par la séparation qu’ils ont provoqués avec son frère jumeau, Estha. Elle revient dans la maison de famille à l’annonce du retour de son frère, et se souvient de la catastrophe et de ses conséquences, tout en décrivant la situation présente.



Auréolé du prestigieux Booker Prize, encensé par la critique, j’attendais beaucoup de ce livre. Et j’ai été fortement déçue. Dès le début, que j’ai trouvé inutilement compliqué. Il y a des livres dans lesquels il est difficile de rentrer, comme Ulysse de Joyce par exemple, mais cette difficulté tient à une écriture, à une structure particulière, qu’il s’agit d’apprivoiser, pour se voir récompensé par des fulgurances. En relisant cela devient lumineux. Ici on est sur un autre registre, un registre factuel, il n’est pas possible de comprendre ce qui est dit parce que nous ne disposons pas de faits suffisants. Certes, cela va venir dans le suite du récit et c’est sans doute voulu par l’auteure, mais j’ai trouvé que c’était une sorte de coquetterie inutile. D’autant plus que la trame principale du texte se dévoile relativement rapidement, car au final elle est assez simple : à partir de la moitié du roman, ce qui est arrivé est assez évident, et le reste du texte ne nous apprend plus que quelques détails de l’histoire. Ce qui fait que le roman m’a paru long. A l’opposé de nombreux lecteurs du livre, j’ai été peu touchée par le récit, sauf dans certains passages, car il me paraissant vouloir justement trop jouer sur la corde sensible. Je pense aussi que l’auteure a voulu jouer sur trop de registres à la fois : la situations des Intouchables, le statut de la femme, les relations complexes avec les anciens colonisateurs et leur culture, la religion, la relation particulière entre jumeaux, les relations familiales pathologiques, la violence de la société indienne, la corruption, le dysfonctionnement du politique etc



Du coup, beaucoup de thématiques sont survolées, comme par exemple l’épisode pédophile, dont on se demande ce qu’il apporte à la construction générale de l’ensemble. Comme si Arundhati Roy voulait cocher toutes les cases. Ce qui n’est pas rare pour un premier roman, mais qui souvent abouti à survoler, à ne pas aller au-delà du cliché et du convenu.



Je réalise que ce commentaire est très sévère, alors que ce n’est au final pas un mauvais roman, et qu’il a des qualités, une vraie ambition. Mais à mon sens, ce n’est pas le chef d’oeuvre incontournable auquel je m’attendais, d’où peut-être une déception à la mesure de l’attente.
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Le Dieu des Petits Riens

Rahel Kochamma revient chez elle, en Inde, alors qu'elle vit désormais depuis plusieurs années aux Etats-Unis : son frère jumeau, Estha, est rentré à la maison, et elle veut s'occuper de lui, alors qu'il est mutique et coupé du monde qui l'entoure depuis très longtemps.



De retours en arrière en arrière en retours en arrière, qui alternent avec le présent et les actions et sentiments de Rahel, nous découvrons le passé des jumeaux, ce qui les a séparés alors qu'ils avaient huit ans, et nous découvrons aussi, par leur entremise, le passé de toute la famille : père, mère, tante, oncle…, dans un tourbillon de souvenirs à la narration parfois déroutante, qui oscille entre des moments de gravité intense, des scènes terribles à imaginer, et des moments racontés avec une drôlerie décalée, au côté enfantin bien représentatif des jumeaux, personnages principaux de ce roman semi-autobiographique.



Derrière l'histoire de la famille Kochamma, des drames qui la ponctuent et qui causeront sa déchéance, notamment sociale, à partir de « petits riens » s'accumulant, est aussi racontée avec beaucoup de réussite l'Inde des castes, des Intouchables non considérés comme des humains par le reste de la population, jusqu'aux familles les plus fortunées, qui ont seulement en estime leur propre existence, et qui peuvent tout se permettre sans daigner penser un seul instant aux conséquences de leurs actes.



Malgré un temps d'adaptation nécessaire à la fragmentation du récit, le Dieu des Petits Riens m'a finalement happée, perturbée, bouleversée : c'est un grand roman, une histoire riche, narrée d'une main de maître, dont je comprends mieux la place au sein de la littérature indienne contemporaine.
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Le Ministère du Bonheur Suprême

Un livre dans lequel le foisonnement des personnages est à l'image de ce pays continent où les religions, les ethnies et les classes sociales se mélangent à la façon d'une émulsion dans laquelle chacun des constituants n'aspire qu'a retrouver sa propre identité. Un pays ou la tolérance naturelle peut se transformer subitement en animosité, en oppression, avec tous ses excès. Des excès que dénonce l'auteur tout comme la montée des nationalistes hindous, ou le scandale de la répression au Cachemire. Un éclairage critique de l'Inde, à la fois spirituelle et violente, vu par les opprimés du bas de l'échelle du pouvoir. La lecture du livre est cependant difficile, impliquant une certaine connaissance de l'histoire de l'Inde et de ses traditions. Le texte est aussi parsemé de mots intraduisibles, dont il faut laisser l'imagination deviner le sens. Enfin, je reconnais m'être trouvé un peu perdu et déconcerté à la lecture de certains passages allégoriques, ou dont le sens m'échappait. Sans doute me manque t'il encore quelques clefs pour apprécier totalement cet ouvrage.
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Le Dieu des Petits Riens

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, perdue dans la chronologie, qui n'arrête pas de promener le lecteur à tous les âges de ses protagonistes, et le style, parfois un peu déboussolant, mais une fois que j'étais dedans, impossible de reposer le Dieu des Petits Riens, jusqu'à la dernière goutte de la tragédie. Les jumeaux Rahel et Estha et leur mère Ammu sont revenues chez la mère de celle-ci après le divorce, fuyant un mari et père alcoolique. Le tableau pourrait sembler parfait, l'oncle, la grand-mère, la grande tante, dans la maison avec ces deux vérandas, tout près du fleuve; mais c'est la petitesse des âmes qui va précipiter, non pas le drame, mais aggraver les conséquences de celui-ci.

Car oui, dès le début le lecteur sait qu'il n'y aura pas ici d'histoire heureuse. Dès le début, on sait que la petite cousine d'Angleterre est morte, que ce drame a éclaté la famille et que nul ne s'en est remis. Ceci posé, reste à voir la mécanique, la bêtise humaine, l'inexorable emmêlement des vies, la violence de la société indienne envers les plus faibles, qu'ils soient femmes ou de caste inférieure....

Un grand roman !
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Le Dieu des Petits Riens

Il faut être concentré pour pouvoir suivre cette histoire. On change d’époque, de lieu, de personnage, souvent, très souvent. Ce sont des histoires de petits riens qui font une famille, une famille de petits riens qui vit au bord d’un fleuve. Le mois de Mai n’est pas très beau dans cette région. Rahel revient dans la maison familiale retrouver son jumeau Estha qu’elle n’a pas revu depuis des années, depuis que leur oncle a décidé de les séparer suite à la mort de Sophie sa fille. Estha est resté dans son mutisme toutes ces années. Les jumeaux, à cette époque, étaient sans surveillance et accumulaient les bêtises. Leur mère, divorcée était revenue vivre chez ses parents avec ses enfants sous les bras. Ce n’était peut être pas la bonne solution, mais une femme, dans ce pays, sans travail, sans mari, et sans réelle instruction n’a pas vraiment le choix. l’auteure nous livre une belle description de la société indienne, avec les castes, la violence conjugale, familiale, la place des femmes, celle des enfants et le pouvoir des hommes. C’est une histoire surprenante, parfois dérangeante, semée d’humour, de drames, de cris, de joie, qui va vers le meilleur et le pire.
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Le Dieu des Petits Riens

Je viens de lire les dernières lignes... Tout le long de ma lecture, je me suis demandé si j'aimais ou pas... et même encore en fermant le livre, je ne saurais le dire... Ma note le démontre... C'est une lecture exigeante, dans le sens où, et ça n'engage que moi, il n'y a pas de fil conducteur et c'est plutôt déstructuré... sans chronologie réelle. Beaucoup de choses sont dites dans ce roman, des Petits Riens, mais jamais l'essentiel. Le lecteur est toujours dans la sensation de sentir qu'il y a bien un truc, un gros truc dans cette famille, mais l'autrice ne le dévoile jamais. Ou bien, c'est moi qui est passé à côté... Et j'avoue que ça laisse au final un sentiment de vide, de pas abouti...



Mais.... il y a l'Inde... magnifique. Avec ses odeurs, ses couleurs, ses rites, son système de caste, ses traditions, ses goûts, ses saveurs. Heureusement qu'elle était là... Grouillante de vie, de gens, la preuve en est de tous les personnages secondaires qui se trouvent dans ce roman. Mais à un moment, j'ai lâchée prise avec cette histoire que je n'arrivais pas cerner... et j'ai lu, juste pour le plaisir d'être ailleurs, dans cette Inde que je rêve d'un jour visiter...
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