Citations de Asne Seierstad (28)
" Étant correspondante de guerre et ayant couvert quatre guerres, je sais que les guerres ne résolvent que très rarement des problèmes. "
Åsne Seierstad dans une interview à la télévision japonaise en 2015.
Et l’adultère?
—S’ils sont mariés, ils sont tués à coups de pierre. S’ils sont célibataires, la peine est de cent coups de fouets et ils doivent se marier. Si l’un des deux est marié et que c’est l’homme, alors que la femme est célibataire, il doit la prendre pour seconde épouse. Si elle est mariée et lui célibataire, la femme est tuée et l’homme fouetté et emprisonné. (p. 287)
Le désir d’amour d’une femme est tabou en Afghanistan. Il est interdit aussi bien par le strict code de l’honneur des clans que par les mollahs. Les jeunes gens ne peuvent prétendre à aucun droit de se rencontrer, de s’aimer, de choisir. L’amour a peu à coir avec la romance, qui bien au contraire peut constituer un crime grave, puni de mort. Les indisciplinés sont assassinés de sang-froid. Quand un seul des deux subit la peine de mort, c’est toujours, sans exception, la femme.
Les jeunes femmes sont avant tout un objet d’échange ou de vente.
Le mariage est une sorte de petite mort. Pendant les premiers jours qui le suivent, la famille de la mariée est endeuillée comme lors d'un enterrement. On a perdu, vendu ou donné une fille. C'et surtout les mères qui portent le deuil, elles qui ont toujours tout su sur leur fille, où elle allait, qui elle rencontrait, ce qu'elle mangeait. Elles ont passé la plus grande partie de chaque journée ensemble, elles se sont levées en même temps, ont balayé la maison ensemble, ont cuisiné ensemble. Après le mariage, la fille disparaît, elle passe d'une famille à l'autre. Complètement. Elle ne vient pas rendre visite à sa famille quand bon lui semble, mais uniquement quand son mari l'y autorise, et sa famille non plus ne peut pas se rendre chez elle sans y être invitée.
Aux yeux de Sharifa, cette maladie imaginaire était bien moins honteuse que d'avouer que c'était elle, la mère de ses enfants, qui n'était plus assez bien pour lui. C'était presque sur recommandation médicale qu'il s'était remarié. Quand elle souhaitait vraiment en rajouter, elle racontait les yeux brillants qu'elle aimait Sonya comme sa propre soeur et Latifa, son bébé, comme sa propre fille.
Le pays n'a quasiment pas de matériel d'enseignement en ce printemps où les écoles ouvrent à nouveau. Ceux que les gouvernements moudjahed et taleb avaient édités sont inutilisables, les enfants du cours préparatoire apprenaient l'alphabet de la manière suivante :
"D comme Djihad, notre but en ce monde,
I comme Israël, notre ennemi,
K comme Kalachnikov, nous allons vaincre,
M comme Moudjahidin, nos héros ..."
Même dans les livres de maths, la guerre jouait un rôle central. Les écoliers - les taliban ne faisaient pas de livres pour les filles - ne comptaient pas en pommes et en gâteaux, mais en balles et en kalachnikovs. Les exercices pouvaient ressembler à quelque chose comme :
"Le petit Omar a une kalachnikov avec trois magasins. Dans chaque magasin, il y a 20 balles. Il utilise deux tiers de ses balles et tue soixante mécréants. Combien de mécréants tue-t-il avec une balle?"
Une femme prie dieu que dans sa prochaine vie elle soit pierre plutôt que femme.
Parfois, le tragique de la réalité prend des allures de dessin animé ou peut-être plutôt de thriller violent.
Ce récit est avant tout l'histoire d'une famille afghane. Il en existe des millions d'autres et celle-ci n'est pas même représentative. Elle est issue d'une sorte de classe moyenne, si l'on peut parler d'une telle classe dans la société afghane. Certains de ses membres ont fait des études, plusieurs savent lire et écrie. Ils ne manquent pas d'argent et ne meurent pas de faim.
Les femmes en burkha sont comme des chevaux avec des œillères, elle ne peuvent voir que dans une direction.
Les jeunes femmes sont avant tout un objet d’échange ou de vente. Le mariage est un contrat conclu entre les familles ou au sein des familles. Son utilité pour le clan est un facteur décisif – les sentiments entrent rarement en ligne de compte.
Décret n°7 : Interdiction des jeux de cerf-volant :
Les jeux de cerf-volant ont des conséquences inutiles comme les paris, les morts d’enfants et l’absentéisme a l’école. Les magasins vendant des cerfs-volants seront éliminés.
( extrait des seize décrets énoncés par Radio Charia à l’arrivée des taliban à Kaboul en septembre 1996)
p44. De toutes parts, les pierres sifflaient contre les poteaux. La plupart atteignaient la cible. La femme ne criait pas, mais bientôt un hurlement s'éleva de la foule. Un homme solide avait trouvé une pierre particulièrement belle, grosse et anguleuse , et la lança de toutes ses forces, après avoir visé avec précision son corps. Elle l'atteignit en plein ventre, avec une telle violence, que le premier sang versé cet après-midi traversa sa burkha. C'est ce qui entraîna les vivats de la foule. Une autre pierre de même dimension la toucha à l'épaule. Elle fit jaillir du sang et des applaudissements. James A. Michener, Caravanes
J’ai voulu donner à ce récit l’aspect de la fiction
p123. L'arrivée des taliban vit disparaître tous les visages féminins des rues de la ville.
On ne peut pas nous posséder, on peut seulement nous louer, disent les Afghans eux-mêmes à propos de leurs fréquents virements de bord en situation de guerre.
On ne peut pas nous posséder, on peut seulement nous louer, disent les afghans eux-mêmes à propos de leurs fréquents virements de bord en situation de guerre.
P. 311
Il est peu de gens dont il soit aussi facile de se moquer que d’un voleur qui s’est fait pincer.
p39. La guerre était terminée. Une autre allait commencer : la guerre contre les joies du peuple.
Notre prière est le fikr. Elle se danse en rond. Elle nous a aidés durant des siècles. C'est Hadji Kounta qui l' ramenée de ses voyages, il est allé à La Mecque et à Bagdad. Il est né vers 1830 et connaissait le Coran par coeur à dix ans. A cette époque nous étions en guerre contre les Russes. Les Tchétchènes ont combattus hardiment. Nous avons dû aller chercher notre force auprès de Dieu, et Hadji Kounta nous a initiés au fikr, avec le chant et la danse. Imam Chamil, qui nous dirigeait à ce moment-là, préférait la prière à voix basse. Le fikr nous permet de trouver Dieu. Le soufisme ne dépend pas de l’État et n'a pas besoin de mosquées. Tout est dans l'être humain, c'est pourquoi il a résisté à tout - à l'invasion du tsar, à l'oppression de Staline, à la déportation, aux guerres. C'est pour cette raison que la scène à la mémoire de mon frère dont nous avons été aujourd'hui était si importante. Le soufisme, c'est la proximité entre les êtres, l'amour et le respect de l'autre et l'absence de violence."p.227