D’amour et d’acier de Francis Jr Brenet
La révolution industrielle a détruit la Terre et les quelques humains ont réussi à survivre en trouvant refuge sur des îlots flottant dans le ciel. Ce monde parfait a pour nom Olympires dans lequel les privilégiés consomment tout ce dont ils ont envie en échange de quelques battements de coeur. Walter Dickens est l’héritier d’une des plus grandes familles qui a conçu les humainciers, sorte de machines humanoïdes qui besognent à la place des hommes. Il est très épris de Jeanne issue d’une condition inférieure à la sienne mais qu’importe! Il coule des jours heureux avec elle jusqu’à ce qu’elle disparaisse subitement…
J’ai adoré cette nouvelle notamment pour son univers immersif que l’auteur a réussi à mettre en place en très peu de pages. Si le personnage principal n’est pas très sympathique au départ (prétentieux, sûr de sa valeur, consumériste), il connaît une belle évolution en s’enfonçant dans les arcanes de ce monde un peu trop parfait de prime abord. L’écriture est également très agréable et la chute douce-amère est très bien maîtrisée.
Beautés d’Audrey Pleynet
Maureen est une épouse et mère de famille menant une vie morne sans arriver à s’épanouir complètement dans son travail au Secrétariat général du progrès et des inventions. Elle n’a pas vraiment réussi à évoluer ni à faire reconnaître ses compétences par ses homologues masculins qui l’invisibilisent. Alors qu’un jour, elle passe par Oxford Street comme à son habitude pour se rendre au travail, elle décide de franchir le seuil de la boutique Bellamore qui va la transformer du tout au tout…
D’Audrey Pleynet, j’avais déjà lu une autre nouvelle Citoyen+ pour laquelle, j’avais eu un coup de coeur. Là encore, Beautés est un petit chef d’œuvre et il s’agit de mon texte favori du recueil. Il faut avouer que l’autrice possède un très belle plume, très engageante et très fluide. Si je n’ai pas eu beaucoup de mal à m’identifier à Maureen au départ et si je me suis réjouie pour elle lorsqu’elle prend confiance grâce à sa nouvelle apparence, je m’en suis ensuite détachée lorsque j’ai compris qu’elle faisait fausse route. Et en cela, j’ai beaucoup apprécié la critique sous-jacente de notre société et le sexisme dans le monde professionnel : au regard des hommes, il ne suffit donc pas qu’une femme ait des compétences mais elle se doit d’être également agréable à regarder… Maureen, en voulant donc se conformer à ces injonctions, se perd complètement.
L’homme sans rivage d’Emmanuel Chastellière
Erland Nordenskjöld est issu d’une longue lignée de pêcheurs et a grandi sur les rivages de la Russie. Lorsqu’il était adolescent, sa première chasse aux cétacés l’avait complètement traumatisé. Mais poussé par son père et sa communauté, il y a pris goût malgré tout et est devenu l’un des meilleurs de sa génération. Le duc Nikolaï qui dirige la célèbre cité de Célestopol, décide alors de le convoquer sur la lune…
Inutile de vous présenter Emmanuel Chastellière puisque ses deux recueils de nouvelles Célestopol et Célestopol 1922 sont bien représentés sur mon blog. L’homme sans rivage fait donc partie de cet univers et pour celles et ceux qui ne le connaîtrait pas encore, cette nouvelle peut-être une première porte d’entrée. Pour ma part, je n’ai pas été surprise par ce texte car en réalité, je l’avais déjà lu! En effet, j’avais été bêta-lectrice pour Célestopol 1922 et il en faisait partie. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié ce texte pour sa plume évidemment mais aussi pour cet univers que j’adore. Il permet également d’en savoir un peu plus sur la personnalité très complexe d’un de mes personnages préférés de Célestopol : le duc Nikolaï et de ses idées de grandeur. Bref, j’ai passé un bon moment.
Fengshui et vapeur de jade de Romain d’Huissier
En Chine, le maître géomancien Ming Zhi a été mandaté avec sa garde du corps Li Zhan dans la région du Henan, à Caifu. En effet, les travaux de la route qui permettent l’acheminement du précieux jade rouge ont été fortement perturbés par des phénomènes étranges. Lorsque Ming Zhi débute alors son enquête, il se rend compte que ce sont les esprits locaux qui en sont la cause…
J’ai trouvé cette nouvelle uchronique très intéressante car elle permet d’expliquer l’origine de l’énergie steampunk utilisée dans la société chinois qui a supplanté l’Occident. En effet, la découverte du jade rouge a permis de fabuleuses avancées technologiques et de mettre au point des machines très efficaces que ce soit dans les domaines de la guerre (les arbalètes à vapeur, les chars) mais aussi agricole et industriel. L’univers est également très dépaysant grâce à l’emploi de mots chinois et des références à toute une philosophie que je ne connaissais que de nom. Les deux personnages principaux sont également très intéressants et Ming Zhi m’a fait penser à Hercule Poirot.
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