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Critiques de Audrey Pleynet (117)
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Par-delà l'horizon

« Par delà l’Horizon » est un ouvrage collectif de science-fiction française, mais pas que, publié et édité par Sébastien Guillot (2022, Actusf, 512 p.).

Assez intéressant de voir que ce domaine est en pleine expansion, après une période faste avant la Grande Guerre, puis un long déclin phagocyté par les « Space Operas » à la suite de la conquête spatiale. C’était devenu un monde d’extra-terrestres, vaisseaux spatiaux et planètes lointaines. Avec cependant un anthropomorphisme non dissimulé. Puis les fictions sont revenues aux vieux démons des utopies et uchronies dans un monde plus ou moins terrestre, avec un souci d’écologie et finalement replongé dans un monde ultra-connecté, dominé par la technologie.

L’idée de regrouper une vingtaine de nouvelles toutes passionnantes de ce qu’est la science-fiction aujourd’hui est une bonne chose avec des auteurs confirmés comme Léo Henry, Pierre Bordage, luvan ou Jean-Laurent Del Socorro, mais aussi des auteurs moins mis en lumière.

Je dois reconnaitre que ce retour à ce domaine est en partie dû à Hughes Robert alors à la librairie Charybde, puis à Ground Control derrière la Gare de Lyon. Il fut un temps où je mettais des critiques sur son bloc plus ou moins en fonction de mes lectures parfois erratiques. C’était suite à des pratiques similaires sur le « Clavier Cannibale » de Christophe Claro. Le seul problème était l’indexation des illets qui ne suivaient ni la ligne littéraires des libraires blogueurs, ni même les tendances du marché du livre. Ce qui fait que j’ai perdu un certain nombre de critiques, mal sauvegardées dans mes archives lors des changements de matériel. Auparavant j’avais découvert les débuts de la SF française grâce à un petit libraire assez farfelu installé rue Grégoire de Tours à Saint Germain des Prés. Ah les séries blanches et les couvertures en couleurs des Editions Lafitte. Tout un monde d’avant la Première Guerre.

Il est toujours difficile de commenter une anthologie ou plus simplement un recueil de nouvelles.

Dans l’ « Introduction », Sébastien Guillot prévient d’emblée. « Les auteurs et autrices de SF parlent du réel, de ce qu’ils connaissent, comme n’importe quel écrivain ».



« La parfaite équation du bonheur » de Emilie Querbalec introduit tout de même une idée positive quant au futur. Du moment que l’on a l’équation….A deux variables, « Manal et moi »revenant d’un séjour à Dubaï en 2014. Cela commençait bien. C’étaient en fait deux voyages professionnels. Dont une conférence sur les écosystèmes du futur. Il y a plus soft comme sujet surtout aux Emirats Arabes Unis, où par écosystème, il faut entendre économie et non écologie. Une rencontre de deux individus, cornaqué par Meetiel, un site de rencontres connecté. Et c’est à partir de là que l’équation du bonheur part en asymptote. Non pas que l’on s’envole vers un xième ciel à l’aide de super navettes spatiales ou de doses chimiques. Non tout reste très terre à terre c’est selon le bon vouloir de Meetiel. Qu’en aurait dit Baruch Spinoza, lui qui prônait un libre-arbitre permanent. Et la tendresse, bordel !!



« Deimocratos » de Stéphane Beauverger. Titre ambigu, qui navigue entre démocratie et théocratie. Si c’est celà l’avenir, une société non laïque régie par des curetons, quelle qu’en soit la couleur…. De lui on avait déjà « Le Déchronologue » (2011, Gallimard, 560 p.), roman d’aventures maritimes, ce qui parait normal pour un breton né à Morlaix, mais dont l’action se passe dans les Caraïbes. Le capitaine Henri Villon, quitte Port -Margot avec une frégate, armée de canons temporels. Il est aussi muni d’un fort lot de désespoir existentiel et de fioles de rhum pour y survivre. « La malchance n'est qu'un autre nom pour l'inaptitude. L'homme véritablement libre apprend à plier le destin à sa volonté ». Le marin boit, l’équipage trinque. Mais cela permet de décrire les geôles de Carthagène, les sombres couloirs de Noj Peten du royaume de Peten Itza au Guatemala.

« Deimocratos » débute à Bialowieza. « Le festival de grimasques aurait dû être un moment agréable ». On suppose que cela ne fut pas le cas. Les enfants ont disparu dans la forêt. Honnêtement, je préfère la forêt décrite par Jennifer Croft dans « The Extinction of Irena Rey » (2024, Bloomsbury Publishing, 320 p.). Livre où l’auteur, traductrice et amie d’Olga Tokarczuk, prix Nobel en 2018, avec qui elles ont reçu le Man Booker International Prize en 2018. Elle vit actuellement entre Los Angeles et Buenos Aires. Elle s’est fait connaitre en tant que traductrice pour la traduction de « Flights », du titre polonais « Bieguny », paru en français sous le titre de « Les Pérégrins » traduit par Grazyna Ehrard (2010, Éditions Noir sur Blanc, 386 p.). Dans ce roman, elle réuni huit traducteurs dans une maison au cœur de la forêt de Bialowieza, au nord-est de la Pologne, à la frontière avec la Bielorussie. Là aussi la romancière Irena Rey disparait. Sans doute dans un piège de l’espace-temps, où d’une balle perdue des canons d’Henri Villon. Mais on apprend que ces enfants se sont privés chimiquement du sentiment de peur, grâce à des « émosuppresseurs », donc tout va bien.



On en arrive à « Pa On » de luvan. « Une terre spécifique, réservée au caillou » précise l’exergue. En fait une « ile [qui] a plusieurs cotés ». J’aurais préféré une Ile à un seul côté, ce qui topologiquement est plus dur à réaliser. Une ile à la Möbius, les mathématiciens doivent avoir cela en stock. Mais « nous sommes en automne. Il pleut ». par ailleurs « l’exposition septentrionale » de la chambre de Hilma fait que parquet y grince plus qu’ailleurs.

Il se trouve que j’ai voulu lire ce livre à la suite de la parution de « Splines », également de luvan (2022, La Volte, 256 p.) avec des illustrations de Nacha Vollenweider. Autant ce roman m’avait surpris pas des jeux de mots et une écriture assez spécifique. « Cromlech s'élève sur l'îlot le plus austral, frappant de contre-jour au levant, dans la brillance nébuleuse. L'îlot est un caillou âpre. Autrefois, il était blanchi chaque saison par la fiente des oiseaux migrateurs. Curieusement, c'est le seul caillou de la baie à ne jamais avoir eu de nom. Aujourd'hui, il s'appelle simplement Cromlech. Si ce terme a une signification, je ne la connais pas ».



« Le Pack » de Laurent et Laure Koetzer qui signent collectivement LL Koetzer. Ils sont apparus avec « Cleer: Une fantasy corporate » (2010, Denoël, 2010) dans laquelle Cleer est une corporation multinationale,. chargée de résoudre des problèmes mettant en jeu l’image du groupe qui est son bien le plus précieux. Vinh et Charlotte forment la Cohésion interne, l'élite d'un monde parfait. « Demain vous appartiendrez à la Cohésion Interne, vous serez consultant, enquêteur professionnel aux limites du surnaturel, membre de l'élite, de l'inquisition d'un monde parfait. Quelque chose s'ouvre devant vous, une nouvelle perspective, une révélation ».

« Le Pack » c’est notre jeu. Nous y jouons depuis des années », en fait « sept saisons d’aventures sur la planète aux vents de folie, six arcs narratifs complets, le septième est en cours ». Et pourquoi pas ne pas essayer un autre jeu en ligne ?



« Espoir » de Silène Edgar.se passe dans un vaisseau spatial dont « la coque est effilée comme un couteau ». Mais « il n’y a pas de passager à bord. Il n’existe plus personne ayant connaissance de sa destinaton ». On se demande qui raconte. En fait, la mission a été conçue par des un space opéra qui signe le début de la renaissance de la science-fiction fançaise dans les années 90. Avec trois romans « Les Guerriers du silence » (1993, L’Atalante, 574 p.), « Terra Mater » (1994, J’ai Lu, 576 p.) et « La Citadelle Hyponéros » (1995, J’ai Lu, 667 p.). La Confédération de Naflin compte une centaine de mondes parmi lesquels la somptueuse et raffinée Syracusa. Cependant, il y a aussi les mystérieux Scaythes d'Hyponéros. « Le souffle était le symbole de la vie, or les Scaythes ne respiraient pas, n’avaient pas besoin d’oxygène, d’eau, de nourriture, et cette différence fondamentale avec les hommes montrait qu’ils n’avaient pas été conçus pour vivre sur les mondes humains mais pour les affaiblir et préparer l’avènement du vide. Ils n’étaient pas adaptés à leur environnement – ou l’environnement n’était pas adapté à eux ». Ils comptent bien faire de l'ombre à la famille régnante. « Le pouvoir. Que ne ferait-on pas pour le pouvoir ! Ils ont beau être cardinaux de l'Eglise, des hommes en principe tournés vers le divin, il se métamorphosent en fauves enragés dès qu'ils flairent l'odeur du pouvoir ».



« Et le Verbe se fit cher » de Pierre Bordage. Dans un futur proche absurde, l’écrivain doit payer une taxe sur les mots qu’il utilise. Il doit alors utiliser son imagination pour soit trouver des mots non taxés, si il en reste soit en inventer de nouveaux. Libre à lui de débrider son imagination et d’utiliser ceux qui ne sont pas soumis à un droit de péage. Ce droit de péage est désormais nécessaire pour publier un texte. Mais l’écrivain créatif, et radin invente une nouvelle orthographe. Il utilise des mots simples et des synonymes bon marché. Sa création littéraireet d’autant plus mise en valeur et devient un véritable plaidoyer pour la liberté de création. On voit donc aparaitre des phrases types. « Sétait duh tan hou laith jan hétaient geunes ». On n’est pas loin du singe dactylographe de Jorge Luis Borges dans « La Bibliothèque de Babel ».

L’idée avait déjà été proposée par Alain Damasio dans la nouvelle « Les Hauts® Parleurs® ». Fatalement c’est toute la liberté d’expression et la pensée qui se retrouvent normées par le pouvoir économique. Car si l’usage des mots copyrightés n’est interdit pour personne, chacun sera poursuivi jusqu’à règlement des sommes dues s’il les utilise. Quand cela a été écrit, cela n’existait pas encore dans la réalité ; aujourd’hui, on se rend compte que certaines peuvent acheter des mots pour le bienfait d’une marque ou que d’autres entreprises privatisent un slogan.

Dans cette nouvelle, une loi sur la propriété du Lexique a privatisé une série de mots du vocabulaire courant. Pour les utiliser en public, comme c’est le cas aujourd’hui pour certaines expressions comme « non mais allo quoi t’es une fille et t’as pas de shampoing ? » Pour les utiliser en public, donc, il faut s’acquitter des droits d’exploitations. La nouvelle conte l’itinéraire d’un groupuscule de gauche créateur d’une novlangue dont la fonction permet d’échapper aux diverses taxes que l’utilisation de certains mots entraîne.



« Carne » de Lauriane Dufant. C’est sans doute le texte le plus abouti de l’anthologie. A la fois novateur et jusqu’auboutiste.

Sur une planète cramée et cramoisie par la chaleur les terres fertiles sont mortes. Comment pourrait-on survivre. Heureusement, il y a l’homo arboralis. Le retour aux forêts. Non pas le « Back to the Trees » de l’oncle Vania dans « Pourquoi j’ai mangé mon père » de Roy Lewis traduit par Rita Barisse (1993 Actes Sud, 240 p.). Non retour aux forêts, transformer les corps en cultures, vivre en communion dans les derniers îlots de nature. Le rêve écolo qui élimine la pénurie alimentaire. Les graines et même les fruits poussent à l’intérieur des chairs et nourrissent les collectivités humaines. Mais, si les manipulations génétiques ont du bon, elles engendrent aussi des monstres. « Tout en esquivant ces lianes contorsionnistes qui serpentent et s’aggrippent aux chevillse dès que l’on marche dessus ». C’est ainsi que Oryz, petit grain de riz va tenter de comprendre ce qu’elle est. Si le grain de riz se mt à penser. Avec tout le risque de se condamner soi-même.

Lauriane Dufant a travaillé plusieurs années en tant qu’assistante éditoriale. Lle connait donc les arrières boutiques de l’édition. Puis elle a publié sa première nouvelle, « A crocs perdus », dans l’anthologie « Sauve qui peut : Demain la santé » (2020, La Volte, 416 p.). Une sélection de 15 textes sur près de 250 reçus. Quinze auteurs et quinze textes pour envisager l'avenir de nos systèmes de santé. « On avait changé de lunettes et un continent immense avait surgi ». Sa nouvelle « À crocs perdus » dans ce recueil « Demain la santé » (2020) est sa première publication. Elle se pose des questions plus philosophiques que métaphysiques sur le monde dansla lignée d’une anthologie qui se propose d'extrapoler sur le sujet du système de santé dans le futur.



« Le Juge, le bot et l’écureuil » de Christian Léourier ou les complexes interactions de pouvoir entre l’homme et l’intelligence artificielle (IA). Tout commence par un étrange procès pour homicide . Un « bot » a tué un humain. Dysfonctionnement acte colatéral ou acte volontaire  il fautinterroger le « coupable ». Cela rappelle les questions de responsabilités lors des accidents de véhicule dits intelligents. En cas de conflit avec un cycliste et deux automobiles, qui vaut-il mieux éviter ? La tôle froissée, les personnes en danger. Sur quels crières Strictement éconmiques, moraux. Pourvu qu’il n’y ait pas en plus un chat évité alors qu’il traversait. Et le bien être animal ? « Paradoxalement, c’est en mettant au point des individus tels que nous qu’ils ont commencé à comprendre leur vraie nature, admettre que leur esprit n’était pas forcément d’un autre ordre que n’importe quelle sécrétion de leur organe, la sueur, la bile, la morve ». etite fable amusante sur les fameux préceptes d’Asimov et Campbell qui disent qu’un robot de ne peut délibérément tuer son propriétaire.

Très bonne nouvelle que l’on a du plaisir à lire. Réflexions sur la nature humaine et sur l’évolution d’une société. On dirait une fable, et si le bot s’appelait Esope ?

Son premier roman de science-fiction, « Les Montagnes du soleil » (1972, Robert Laffont, 256 p.) rappelle les premiers romans de Henry Rider Haggard comme « La Vierge du Soleil » (1922) republié plus tard (1983, Oswald, 302 p.).

Les hommes ont quitté la Terre pour s'installer sur Mars. Cohabitation des Terriens et des Martiens. La tribu vit paisiblement, et préserve dans ses contes la trace confuse des exploits des Ancêtres. Ces Ancêtres, que Cal le chasseur, l'audacieux et l'astucieux, voudrait mieux connaître pour percer le secret de leurs magies. Mais, il lui faut braver les tabous, quitter la vallée, passer les Montagnes du Soleil. De l’autre côté, la terre porte encore les marques du cataclysme ancien. Il faut être prêt à rencontrer Ceux Qui Descendent du Ciel et qui sont peut-être les Ancêtres revenus.



« Projet Cerebrus » de Floriane Soulas. Retour vers le futur. On est dans le Consortium interplanétaire, un peu en haut à droite. La course au progrès a déjà bien démarrée et est maintenant une affaire de gros sous.est lancée. Annabelle est une scientifique sur le point d’atteindre des résultats avec le sujet B-104. En fait, la plupart des scientifiques sont assi sur le point de. Là il s’agit du modede fonctionnement du cerveau. Cela me rappelle le projet « eBrains », piloté par l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausnne (EPFL) qui a fait des pieds et des mains pour se faire offrir par l’UE d’un super ordinateur qui devait tout résoudre et modéliser les neurones. C’était oublier qu’ils étaient suisses, et francophones de plus.

B-104, c’est bien un nom de projet scientifique. Sauf que c’est un projet de la dernière chance. Les ressources s'amenuisent. Le groupe auquel appartient Annabelle s’amenuise. Le nombre des collaborateurs diminue. Alorsqu’on en est au jour 4436 soit une douzaine d’années. « Les courbes de B-1O4 sont de plus en plus anarchiques ».C’est dans ce contexte que parait le programme B-206 avec Ambre.-Le projet B-104 va-t-il permettre de changer la donne ? « Sacrifier une minorité pour le plus grand bien est une stratégie acceptable et qui a éjà fait ses preuves dans les milliers d‘années précédentes ». La création d’une intelligence absolue parait impossible. Le projet Cérébrus menace de fermer pour éviter l’épuisement des ressources terriennes. Mais Annabelle s’acharne, au point d’interférer avec B-104. Cela entraîne la jeune chercheuse à dépasser un peu le protocole initial. Elle va motiver davantage ses sujets en entrant en contact avec eux. « Ses théories sur l'apprentissage des intelligences par contact se vérifient » En effet, quand Annabelle va jouer avec B-104, la courbe de progrès de ce sujet d'expérience s'infléchit de façon nette. C’est ce qu'il convient pour démontrer l’avantage de ses idées. Surtout permettre de continuer à lui allouer des ressources. Mais, ce qui était présenti arrive. « Elle dit que je dois apprendre tout seul, uniquement en jouant, encore et encore, et encore. J’aimerais bien jouer plus. Parfois je joue tout seul ».



« Variations sur un poème de Borges » de Romain Lucazeau. Que vient faire Jorge Luis Borges (1899-1986) dans cet ouvrage si ce n’est que la philosophie rejoint parfois la science-fiction. Dommage que le texte soit aussi pompeux. « La plaine, matrice de potentialités innombrables, socle neutre, agnostique, infinie combinatoire que résoudra bientôt le choc des armes, tandis que l’écoulement du temps, tic, tac, tout après tout, métamorphosera une série de mouvements discrets, un à la fois, car rien ici n’est continu, par la confluence des choix tactiques, à chacun son tour, en un précipité d’audace et de destin ». même en relisant plusieurs fois, j’ai du mal à situer JL Borges ou le jeu d’échec, voire le libre arbitre dans cette logorrhée.

En exergue, la dernière strophe du poème. « Dios mueve al jugador, y éste, la pieza / ¿Qué Dios detrás de Dios la trama empieza / de polvo y tiempo y sueño y agonía ? » (Dieu déplace le joueur et le joueur la pièce / Quel Dieu derrière Dieu l'intrigue commence / de la poussière et du temps, du sommeil et de l'agonie ? ». Il aurait fallu commencer par le début. « En su grave rincón, los jugadores / rigen las lentas piezas ». (Dans leur coin grave, les joueurs / gouvernent les pièces lentes). On est effectivement devant des joueurs d’échec. C’est le poème « Ajedrez » (Echec) paru dans « La Proximité de la Mer », une anthologie de 99 poèmes traduits par Jacques Ancet (2010, Gallimard, 192 p.). En fait, c’est un sonnet avec des vers compté à 12 syllabes et rimé en il reprenant strictement le schéma à en deux quatrains et deux tercets de forme ABBA ABBA CCD EED du sonnet classique.

Le sonnet fait référence à Dieu, bien entendu, et au libre arbitre de l’homme. Le tout vu comme des joueurs d’échec. Pour Borges, le libre arbitre est une illusion. L'homme n'a pas une liberté totale pour diriger ses actions. Il y a toujours quelqu'un derrière lui qui décide de son sort. La vie est un jeu d'échecs dans lequel nous devons prendre des décisions. Chaque décision, que nous prenons ou pas, nous affectera d’une manière ou d’une autre. Cependant, Borges n'affirme ni ne nie l'existence de Dieu, ni ses attributs surnaturels.

La seule chose que cela démontre, c'est l'impossibilité d'atteindre Dieu uniquement par la raison. Il faut aussi tenir compte du facteur subjectif de la foi, que les croyants conçoivent comme un don surnaturel. En fin de compte, on arrive à la réalité essentielle de l'être humain, que sont le doute et sa conséquence immédiate, l'angoisse.



Avec « La solitude des Fantômes » de Audrey Pleynet, on change complètement de sujet. C’est la fuite vers les réalités virtuelles pour échapper au quotidien.

On est au début des années 2030 dans une maison de retraite. Evelyne, une vieille dame, se réveille d’un coma qui a duré deux ans. Mais quand elle sonne pour appeler un infirmier, personne ne vient. Elle sort dans le couloir et ne croise que des employés qui marchent dans les couloirs sans la voir. Ils semblent absents, ou drogués, et l’ignorent ostensiblement. C’est sa petite-fille, Anna, qui lui explique que ceux-là sont « dans le ReZeau, en mode Z ». Il s’agit en fait d’un programme baptisé « Watts » dans lequel on peut vivre, agir et penser tout en faisant partie d’une sorte de réseau so
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Rossignol

La lecture de ce roman est plutôt mitigée. Elle est en demi-teinte.



Avec le recul, il m'a fait penser à une esquisse d’œuvre littéraire. Pourtant, l'univers semblait vaste. Il aurait été plaisant de voir certains thèmes plus développés.



L'héroïne et l’œuvre dans son ensemble sont très bien décrits. Ce qui renforce le sentiment d'insatisfaction.







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Rossignol

Je n'ai pas compris pourquoi je m'étais acheté ce livre.

Et après quelques pages, je ne comprends pas l'univers et ce roman : j'ai l'impression savoir pris un train en marche ou de débuter par le Tome 2 d'une série. Je suis perdue.

On est projeté dans un univers qui n'existe pas sans grandes explications.

J'ai laissé tomber. Avec beaucoup de regrets : je DETESTE au plus haut point me tromper dans mon choix de lecture.
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Rossignol

Qu'il est difficile de critiquer cette novella...



Il apparaît évident que le roman divise, tant sa lecture tient autant de l'expérience sensorielle qu'au récit social.

Presqu'au stade d'expérimentation, l'autrice nous amène dans un espace flou, la Station, où s'entremêlent des dizaines de peuples et de races différentes. Le thème de la diversité est ici poussé dans ses retranchements, puisque la plupart du temps, les conditions mêmes de vie séparent ces individus, ne cohabitant que grâce à l'action de "Paramètres", argument technologique adaptant l'environnement à l'individualité. Naturellement, des tensions apparaissent entre intégristes et progressistes, les uns aspirant à revenir à un concept d'espèce et de culture marqué, les autres à un panspécisme absolu..

Bref, je n'ai, j'imagine, pas vraiment d'intérêt à vous détailler la réflexion autour de ces thèmes qui apparaît assez claire dès la lecture du synopsis.



Engagé à coup sûr, le récit brille par son atypie : on est bien loin de l'essai, mais d'un récit d'expérience, d'un témoignage nous amenant dans un contexte volontairement vague vers des perspectives politiques.

Cela permet une réinvention politique d'une question qui a titre personnel, et par sa surreprésentation dans la media, a tendance à me lasser.



C'est un livre qui vaut vraiment le coup d'être lu. Je n'enlèverai pas une certaine perplexité à sa lecture, curieuse mais pas agréable pour autant.
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Ellipses: Recueil de nouvelles de science-f..

Ellipses nouvelles de science fiction est un ouvrage d'Audrey Pleynet qui propose autant d'univers que de nouvelles.

L'originalité est présente à chaque nouvelle lecture. Une reine, une renégate, une intelligence artificielle, une puce implantée, voici quelques-uns des personnages ou objets de réflexion de ce recueil.



Ce qui est intéressant c'est la psychologie des personnages de chaque nouvelle. L'auteur explore en effet la complexité de la palette des sentiments en proposant des scénarii différents, qui nous permettent d'avoir une réflexion sur les limites du progrès par exemple ou sur la démesure, l'orgueil de l'humain. C'est finement exploré et développé alors que les textes sont brefs.



Les rôles sont essentiellement tenus par des femmes. L'idée de transmission est assez transversale. C'est une œuvre parue en 2019, toutefois les récits font bien écho à des questions actuelles.



Ces 8 nouvelles explorent l'avenir de l'humanité. Bien des récits de science fiction se sont avérés visionnaires. Espérons que ceux-ci ne soient qu'une vision réjouissante pour notre cerveau au moment de la lecture mais du domaine de la seule fiction pour notre raison et notre pauvre espoir malmené en ces temps agités.



En conclusion, j'invite les curieuses et les curieux à franchir la porte de ces 8 mondes afin de se faire une idée personnelle d'une œuvre littéraire que j'ai trouvée riche, intelligente et questionnant notre humilité.
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Par-delà l'horizon

Un recueil hors norme, où les auteurs se lâchent et donnent libre cours à leur virtuosité. Dix huit auteurs, dix neuf textes, pour explorer des futurs probables ou trop lointains pour les comprendre complètement (certaines m’ont rappelé mes premiers instants de flottements à la lecture de « l’étoile et le fouet »)!

Je n’ai pas tout aimé, mais j’ai toujours été bluffée par la diversité des histoires. Mes préférées restent « la solitude des fantômes » et « Carne ». Et celle de Bordage évidemment « Et le verbe se fit cher ». Tout amoureux des livres ne pourra que frissonner devant l’avenir dépeint ici, où le héros se bat pour continuer mais où l’auteur y paraît bien désabusé… Pour moi un avenir pire que celui de Farenheit.

Dérangeantes, interpellantes, surprenantes. Au final, seule une histoire ose l’extinction totale de l’humanité. C’est assez rare pour être noté !

Et pourtant au fil des pages se tisse une certitude : la vie, elle, continue. Avec ou sans nous.
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Rossignol

Cette novella est typiquement le genre d'ouvrage à propos duquel il faut en savoir le moins possible avant la première lecture car l'intrigue prend la forme d'un brouillard dont on n'émerge qu'au fur et à mesure. Je me contenterai donc de dire qu'on suit une Humania qui se trouve au début dans une situation d'enfermement particulièrement inconfortable.



En à peine 130 pages, Audrey Pleynet réussit une réflexion brillante sur le transhumanisme et l'hybridation sans rien céder à l'action. L'univers est particulièrement riche et va jusqu'au bout de nos capacités de représentation. Comme dans les meilleurs ouvrages de SF, si les évènements se passent très loin et dans très longtemps, c'est un miroir tendu à notre société.

C'est un one-shot qui se suffit à lui-même mais qui pourrait être le début d'une série que j'adorerais lire.



Un prix des Utopiales largement mérité.
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Rossignol

Une plume féminine pour un roman SF, autrice française de plus, et récit lauréat du prix des Utopiales 2023.... Ce texte cumule tous les attraits qui me font me tourner vers un roman plutôt qu'un autre.

Notre jeune héroïne vit sur une station spatiale construite comme une utopie.

Toutes les espèces cohabitent en effet sans différence grâce à une technologie révolutionnaire qui permet aux morphologies de s'intégrer dans la station sans être embarrassées par leurs besoins différents de gravité, de pression et d'atmosphère.

Une belle utopie à laquelle elle est heureuse de contribuer.

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes sans compter les deux factions rivales, l'une souhaitant la mixité des espèces par l'intégration des gènes et l'autre prônant la pureté des races et la nécessaire conservation des gênes purs.

Un beau bazar en perspective...

L'autrice nous entraîne avec brio dans ce récit aux allures de polar SF.

Un bon rythme, une belle plume, une station comme une oasis dans le désert, un rêve trop beau, trop parfait pour les esprits chagrins qui rêvent de conquêtes et de domination.

Alors chante Rossignol, chante. Car toi tu as le coeur gai.
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Rossignol

J'ai eu besoin de temps pour me décider à écrire une critique sur ce livre.



Ce que j'ai apprécié était l'extrême richesse de l'univers dans lequel le lecteur est plongé, autant concernant les différentes espèces qui habitent ce monde, mais aussi les multiples mécaniques qui les rendent extraordinaires (communication, ce qu'elles voient ou non, leurs besoins, etc...).

Avec le style d'écriture que j'ai trouvé fluide et accessible, je dirais que la grande richesse précédemment mentionnée est ce qui a de mieux dans ce livre.



Effectivement, je n'ai malheureusement pas réussi à m'attacher ni au personnage principal (la narratrice), ni à l'histoire (des aliens qui apprennent à vivre ensemble sur une station spatiale, et qui font face à des conflits de pouvoir au sein de la station). Cela représente, il me semble, le plus gros du livre, qui n'est pas très épais.



Toutefois, je souhaite apporter une nuance à ma propre critique : même si je n'ai pas particulièrement aimé les personnages et la trame, je ne les trouve pas sans intérêts. Cependant, le seul moyen de comprendre ce que j'entends par là est de lire le livre.



Pour finir, je tiens absolument à vous partager mon affection pour le sentiment de mélancolie que j'ai ressenti dès les premières pages, mais en particulier pendant les derniers chapitres.

Est-ce que ce sentiment est partagé par d'autres lecteurs ?



Même si cette science-fiction n'est pas ma préférée, je la recommande vivement; car il me semble qu'elle est une bonne expérience de l'écriture de l'imaginaire.
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Rossignol

Une très belle plume, un sujet original, un traitement intelligent, on est avec ce Rossignol dans un texte de science-fiction tout en finesse et de grande qualité, comme on n'en croise pas si souvent.



Pas un coup de coeur cependant car il a manqué pour moi une histoire, une vraie, avec quelques surprises et des rebondissements. J'ai eu un peu de mal à m'intéresser jusqu'au bout au récit de cette narratrice qui m'a semblé assez linéaire et attendu. J'aurais trouvé sans doute plus captivant d'alterner les points de vue, et d'être mieux plongée dans les tenants et aboutissants des événements qu'on ne fait tout le long que survoler, ou en tout cas c'est l'impression qui me reste après avoir terminé cette lecture.



Mais rien que pour la très belle écriture, l'atmosphère unique et le thème original développé au fil des pages ('hybridation interespèces dans un futur lointain et ses conséquences), une lecture qui vaut le détour.

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Ellipses: Recueil de nouvelles de science-f..

Chaque fois que je vois paser des critiques dithyrambiques sur les textes plus récents de Pleynet, je me dis que je devrais lui donner une deuxième chance.



Mais voilà, je l'ai découverte avec ce recueil de nouvelles qui, franchement, est plutôt décevant. On y passe de la fantasy à la distopie au post-apo, sans réellement avoir quelque chose à en dire qui n'a pas été déjà dit une centaine de fois auparavant. On n'est pas ému, et on ne nous fait pas réfléchir.



Bref, quand je vois comment l'autrice est en train de s'imposer comme incontournable, je me dis que je n'ai lu que ses premiers textes auto-publiés, ce qui n'est probablement pas très représentatif de son œuvre.



(Je pense essayer son petit dernier sorti chez UHL un jour.)
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Rossignol

Sans vouloir parodier mon ami BazaR, je peux dire sans hésitation que j'ai bien apprécié aussi ce petit Rossignol. L'auteur Audrey Pleynet s'essaie à la science-fiction poétique comme Amal El-Mohtar dans les oiseaux du temps ou comme Sigbjørn Skåden avec son roman "Oiseau". La collection « Une Heure-Lumière » des éditions le Bélial sert de magnifique écrin à cette belle plume qui vous prend par la main en vous emportant loin, très loin…



Nous sommes dans une station spatiale perdue dans l'immensité du Cosmos. Après plusieurs guerres, les différentes races de l'univers ont décidés de s'unir pour mieux se connaître et vivre enfin en paix. Et pour cela rien de mieux que cette station qui sait réunir tout ce beau monde. La technologie qui avait servi dans un premier temps à créer des armes et par manipulations génétiques, des super guerriers ; permet aujourd'hui à toutes les espèces extra-terrestres de se croiser et de vivre ensemble. C'est cette explosion de races et de formes plus exubérantes les unes que les autres que l'auteur s'efforce de décrire avec un vocabulaire riche en diversité et précis dans les détails. Pierre Christin et Jean-Claude Mézières avec leur BD Valerian dans l'ambassadeur des ombres font bien pâle figure devant le récit d'Audrey Pleynet.



Dans cette nouvelle où les mélanges génétiques sont la norme, les êtres qui la parcourent sont souvent le produit d'une mixité interraciale faisant face aux espèces pures qui tentent souvent de s'opposer à celles métissées. Les Spéciens qui prônent un retour à la pureté, luttent contre l'universalité voulue par les Fusionnistes. C'est au travers d'une narratrice mi-humaine mi-alienne que cette bataille se révèle dans toute sa complexité. Et pour être complexe, Rossignol l'est par son univers étrange et exotique. La construction du récit qui s'appuie sur des Flash-back temporels comme dimensionnels désorientent fortement le lecteur en lui demandant un petit effort de concentration. Mais après les premières pages absorbées, le plaisir de les parcourir revient rapidement.



Audrey Pleynet est une autrice exigeante qui sait poser le problème de la diversité raciale avec des mots forts, biens choisis et d'une intensité exceptionnelle. La multitude des sentiments qu'elle arrive à transmettre dans le schéma aussi court de la novella, montre son professionnalisme. Sa réflexion se fait toujours de façon juste et sensible pour un sujet d'actualité qui reste toujours difficile à aborder. Les questions de race et de métissage sont exprimées sans tabous, avec conviction et sincérité. Elle se fait l'avocate d'un discours universaliste sur une échelle galactique. Elle va même plus loin en créant dans sa station spatiale une sorte de Melting-pot cosmique où se retrouve pêle-mêle toutes les essences du vivant, des êtres de chair humanoïde aux entités vaporeuses, des éthérées aux monstres tentaculaires en ignorant les contraintes biologiques ou physiques de la nature.



Le Rossignol d'Audrey Pleynet ne pourra pas vous laisser indifférent, il fait partie de ces livres que l'on aime ou que l'on déteste. Pour ma part, j'ai aimé son message plein de poésie et sans concession vis-à-vis de la xénophobie. C'est un vrai hymne à la diversité universel. C'est aussi le premier prix du meilleur roman de SF aux Utopiales 2023 pour une autrice qu'il faudra suivre désormais de plus près.



♫ Chante, rossignol, chante, toi qui as le coeur gai. Tu as le coeur à rire, moi je l'ai à pleurer… ♪

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Rossignol

Utopie dans l'espace.



La station est un lieu à part. Des espèces de toute la galaxie s'y trouvent. Ils cohabitent en bonne entente en grande partie grâce aux Paramètres. Ceux-ci permettent d'adapter l'environnement à tous. Mais un conflit menace de rompre la paix de la station.



C'est un coup de cœur. Audrey Pleynet place cette novella dans un univers incroyablement créatif servi par une plume d'une immense poésie. De très nombreuses espèces intelligentes vivent au sein de la station. Celle-ci est spécialisée dans l'extraction minière. Mais la spécificité de la station ne réside pas là. Non il s'agit d'un véritable havre de paix.



En effet, de nombreux individus y résidant sont des hybrides inter-espèces. Rejetés sur leurs mondes d'origines, ils sont venus s'installer sur la station. Néanmoins deux factions vont troubler cette quiétude. Les uns refusent le métissage, quant les autres le veulent à tous prix. Les Paramètres, contrôlant les conditions de vie dans la station, sont l'enjeu majeur de ce conflit.



La narratrice va se retrouver au centre de ce dernier. Humania avec 16 % de gênes d'autres espèces, elle ne se voit pas vivre ailleurs. La narration alterne entre sa vie d'avant le conflit, permettant un focus sur la vie dans la station et les espèces qui la peuplent, et sa situation présente lors du conflit. Le modèle de la station est-il pérenne ?



En somme, une magnifique surprise d'une nouvelle venue dans la SFFF française. Je suivrais la suite de ses publications avec intérêt.



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Rossignol

Malheureusement je n'ai pas du tout adhéré à ce livre d'Audrey Pleynet. Tout est trop vaporeux à mon goût, on a jamais assez de détails pour se faire une idée précise du monde où se déroule l'histoire, c'est flou, comme la plupart voire la totalité des personnages et j'ai faillí abandonner le livre plusieurs fois. Le livre est très court (heureusement) et c'est ce qui m'a motivé à poursuivre la lecture en me disant qu'au pire je ne perdrai pas trop de temps à m'ennuyer. Je crois que je serai incapable de résumer l'histoire tant tout cela m'a paru brouillon et décousu.
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Anthologie de nouvelles steampunk, tome 1 :..

Une bonne lecture.



J’ai beaucoup aimé les deux dernières nouvelles.



J’avais le fol espoir, moins de 24h après avoir fini Celestopol, que la nouvelle d’Emmanuel Chastellière (que j’attendais au tournant) porterait peut être sur la cité lunaire, mais je n’y croyais pas vraiment. Il arrive assez souvent que les auteurs écrivent des nouvelles en lien avec leurs œuvres existantes pour les recueils. En général je ne suis pas fan, car je sais que je manque les références à des œuvres que je n’ai pas lu.



Mais quand j’ai vu les mots « lune » et « automate », mon petit coeur sensible a fait un bond : Hourra ! Une nouvelle dans laquelle apparaît en plus mon chouchou numéro 3, mon automate favori, Ajax ! Ah, comme j’étais contente d’avoir ce bonus inespéré, qui m’a appris des choses sur la position de l’automate au côté du duc, et sur les aspirations de Nikolai. Le nom de la nouvelle est très bien trouvé.



J’ai également beaucoup aimé la nouvelle « Fengshui et Vapeur de Jade », qui est pour le coup ma préférée pour cette fois ci : j’ai adoré découvrir cette culture chinoise que je connais peu, et je réalise que ça passe vraiment très bien en version steampunk (mon seul autre exemple était jusqu’à hier le casino de Celestopol).



Dans tous les cas, le thème annoncé est respecté. Je recommande cette collection de petits livres qui est décidément bien sympathique.
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Ellipses: Recueil de nouvelles de science-f..

Audrey Pleynet est talentueuse : elle excelle aussi bien dans le très très mauvais et le très très bon ! Certains auteurs nous agacent en n'écrivant que des pépites (qui a parlé de Robert Charles Wilson ?), Audrey nous démontre qu'elle est humaine, et cela fait énormément de bien à mon ego !!!



Audrey Pleynet s'est fait connaître il y a quelques années par une nouvelle Citoyen+ et ce recueil en autoédition. Aujourd'hui Le Bélial lui fait confiance en publiant sa novella Rossignol (Prix Utopiales 2023) et son nom circule de plus en plus dans des anthologies. J'avais aussi lu son premier roman Noosphère, que je n'avais pas aimé. Ce recueil avait malgré tout bonne presse, pour une somme plus que modique, quoi de mieux que de s'y plonger avant d'aller observer un rossignol.





Les reines de Cyanira

La reine est morte, vive la reine. Mais cette dernière n'a pas le don de ses aïeuls, ce qui pourrait coûter la vie à son peuple.

Deux manières de commencer un recueil, soit mettre la plus nulle en premier, pour doucement, mais sûrement happer le lecteur dans une progression hyperbolique. Soit commencer par la meilleure histoire et frapper le lecteur par tant de talent. Ayant été très mitigé sur ces reines, j'espère que c'est la première hypothèse qui est la bonne... Même si l'autrice arrive à créer des personnages crédibles, l'intrigue est bien trop convenue et le twist éculé (alors que je suis très bon public ou pour le dire autrement assez con).





Tu t'en souviendra ?

Dans un monde en déliquescence, une tueuse à gages poursuivie par un gang tombe sur une fillette, démunie.

C'est important les leçons de choses, même si apprendre à connaître le fonctionnement du monde est différent d'apprendre à y survivre. Et lorsque l'élève dépasse le maître que se passe-t-il ? Peu de pages, mais l'univers est bien présent, la tranche de vie réaliste. Reste cependant un manque d'émotions pour tout à fait m'emporter.





Les questions que l'on pose

En d'autres temps pas si lointains, les choses étaient assez simples : une dénonciation, la fréquentation d'un lieu de culte, un nom suffisait pour te signaler. Et l'on pouvait s'en arranger, falsifier, les portes de sortie existaient. Mais aujourd'hui dans la même situation, que se passerait-il ?

C'est la question que pose Audrey. Le texte nous met dans la peau d'une IA qui analyse des données. Au début, rien de franchement tendancieux, ce que tu aimes, ce que tu aimerais et ce que tu pourrais aimer. Du marketing 2.0. mais face à l'afflux de bases de données et leur interconnexion, les possibilités de poser des questions et d'avoir des réponses peuvent servir de multiples façons.

Brillant, un texte qui fait froid dans le dos. Brrr





Dolores

Une idée brillante est elle toujours une bonne idée ?

Le bien être des patients, une cause noble. Et l'idée de diminuer leur souffrance en la partageant. Une idée altruiste qui va vite démontrer ses faiblesses et servir les intérêts autres que ceux des malades.

Un très bon texte qui prend de l'ampleur au fil des pages. Peut être juste une seconde partie trop démonstrative, et un peu rapide qui jure avec la sensibilité des premières pages et un final moins réaliste. Mais Audrey parvient à explorer de nombreuses thématiques et conséquences de son idée, c'est déjà pas si mal.





Icône

Arsène est laid et capture la beauté de ce qui l'entoure. Il est photographe. Mais qu'est-ce que la beauté ?

Une fable sur la chirurgie esthétique et la question du beau. La chute est délicieuse.





Alchimistes du rêve

Lorsque le rêve enchante le présent.

Dans un monde, il est possible de façonner son environnement via le couple veilleur alchimiste. L'un rêve, l'autre guide. Un duo excelle, mais ce n'est pas au goût de tous. Tandis que le rêve enchante le présent, l'amour déplace les montagnes. Trop gnangnan comme concept pour moi, j'ai l'impression que l'autrice reste en surface sans aucune thématique spécifique.





Tu étais pourtant si fier de moi

Un manque d'originalité pour moi, dans cet univers post apo ou un "père" s'occupe de sa fille. Sur la thématique du monstre, j'ai déjà lu mieux, cela manque d'épaisseur et d'un twist moins convenu.





Citoyen +

Tous pareils !

C'est par cette nouvelle que j'ai fait la connaissance d'Audrey Pleynet. Qui démontre qu'un texte court peut contenir un univers entier. L'intrusion technologique dans la vie privée, c'est un sujet rebattu, mais l'autrice parvient à le prendre de travers et nous offrir un magnifique twist. Un bijou d'orfèvrerie littéraire.
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Rossignol

J’allais écrire que ce livre est objectivement magnifique, mais je regarde la distribution des notes sur Babelio, et je découvre que c’est un sentiment très subjectif.



Perso, j’ai été emporté. Audrey Pleynet estime son lectorat. Elle ne le prend pas pour un benêt incapable de s'accrocher aux rochers glissants d'événements enchevêtrés. Elle décide donc de le plonger dans une histoire si difficile à suivre au premier abord. Il faut du temps pour établir des balises, distinguer le décor, jauger les personnages. On se débat dans ce brouillard, mais il ne faut pas paniquer. Il faut patienter. Apprécier la prose, le style si poétique.



Et les images – de fait un peu brouillées par l’ampleur du style qui semble parfois jouer contre elles – finissent par s’affiner. Les pixels rapetissent, se multiplient et la définition augmente. On est dans un univers de contact entre une multitude d’espèces extraterrestre, au sein duquel s’est construit la station : une zone où les espèces les plus éloignées vivent ensemble grâce à une adaptation technologique gérée par les Paramètres, multiforme, commerciale, bouillonnante. Une zone où les mélanges génétiques sont la norme, où les êtres qui y naissent contiennent des parts majoritaires et minoritaires d’espèces « pures » ; une sorte de monde opposé à notre éthique génétique. La station est un symbole : celui de la communication et du vivre ensemble possibles entre espèces jusqu’au niveau de l’ADN. Mais la face génère son profil, et les fanatismes se développent aussi, soit pour aller vers plus de mixité, soit pour refuser le mélange.



Le lecteur est plongé dans ce monde hallucinogène à travers le point de vue d’une héroïne Majo humania (aux gênes majoritairement humains), entre présent au présent et flashbacks à l’imparfait. Qui est-elle ? Sa jeunesse a été borderline, entre drogues, danses et contacts avec d’autres Majo-Minos. Elle a travaillé au dépeçage des astéroïdes. Elle a aussi joué les courtisanes. Elle a rencontré des êtres de tous bords politiques et génétiques.

Et peut-être a-t-elle appris des secrets qu’elle aurait mieux fait de ne pas connaître.



L’histoire est fascinante, complexe dans la façon dont elle est contée, imprévisible dans ses rebondissements. Mais c’est le décor de la station et ses habitants qui sont véritablement hors normes, dignes des plus grands auteurs de SF à l’imagination débordante. Et pourtant si peu abordés, seulement effleurés dans ce format court. J’en ressors avec une envie d’y revenir.



Je ne peux pas affirmer que vous apprécierez, vu la diversité des ressentis. Mais pour moi, Audrey Pleynet est désormais une auteure à suivre au GPS.

Tentez votre chance ?

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Rossignol

J'ai beaucoup aimé ce Rossignol avec une écriture qui a vraiment su faire naître en moi une vraie sensation presque palpable d'évocation, une écriture qui touche aux sens (au sens ?). J'imagine qu'on peut ne pas accrocher comme avec n'importe quel livre certains aspects sont un peu survolés, novella oblige, mais sur moi, ça a marché à plein.
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Rossignol

Il est tout en sensations, ce récit. Tout en souvenirs. Tout en équilibre sur le fil de la pensée. Eh oui, car il se retrouve face à la difficile question de décrire quelque chose non pas d'indescriptible, mais de visuellement difficilement imaginable pour les terriens et humains que nous sommes.

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Imaginez une station peuplée de centaines d'espèces intelligentes venues des quatre coins de l'espace. (Depuis quand ça a des coins, l'espace ?) Toutes ne sont pas bipèdes, très peu sont humanoïdes, certaines ne revêtent même aucun physique palpable, beaucoup communiquent par télépathie, nombreuses sont sensibles à une gravité différente, bref, nous voilà face à une multitude de vies plus différentes les unes que les autres, toutes intelligentes, toutes ayant des besoins pas toujours adaptables aux autres, et pourtant, pourtant, ensemble, elles ont construit la station qui les accueille, les héberge, les fait vivre.

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L'idée était séduisante.

J'ai aimé essayé de me figurer ces formes de vie, (pas toujours avec succès mais c'est pas grave, c'était agréable quand même), j'ai aimé imaginer la bonté passée qui les a fait s'unir dans cette station perdue au milieu de l'espace (après les coins, voilà qu'elle nous met un milieu à l'espace !), et bien évidemment, j'ai adoré envisager peu à peu, par petites touches d'abord, par événements tragiques ensuite, les problèmes qui s'y accrochent fatalement...

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Eh oui, pas d'enjeu si tout roule !

Avec en toile de fond, outre la thématique évidente de la tolérance, l'importance de la transmission, répondrons nous à la question : que laissé-je derrière moi, à ma mort ? Les actes minimes sont-ils condamnés à l'oubli ? A quoi bon ? ...

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Un très bon moment de lecture pour ma part, dans une ambiance un peu irréelle, un peu onirique, un peu volubile.

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Rossignol

Quelle déception ! Et pourtant cette novella a remporté le Prix Utopiales 2023.



La faute à une histoire dont je n’ai finalement pas compris grand-chose. Trop d’informations, trop de personnages, des allers-retours passé / présent qui s’enchaînent de manière déconcertante. Catapultée dans une station spatiale sans mode d’emploi et sans repères, ce n’est que la courte durée de l’expérience qui m’a amenée au bout.



La Station est peuplée de très nombreuses espèces différentes qui vivent en symbiose grâce à une gestion de leur environnement qui s’adapte à toutes leurs spécificités. Aqsanas, ‘Has, Spics, Rexlos, Aruntis, Mariths rouge, Migliores, c’est un univers foisonnant que nous propose Audrey Plenet mais qui aurait mérité un format plus long pour véritablement se déployer. Et pourtant quelle belle idée que ce lieu utopique dans lequel des espèces complètement différentes pourraient grâce à la technologie vivre et communiquer ensemble.



Suite à de profonds désaccords, les habitants de la Station se sont divisés en deux clans distincts : les Spéciens et les Fusionnistes.

L’opposition entre ces deux clans est la trame principale du récit et je n’en ai pourtant pas compris les enjeux. Difficile dès lors de s’intéresser à la suite du récit et aux intrigues annexes (relations de l’héroïne avec sa mère et son fils par exemple).

Le récit est inutilement complexifié par des flashbacks incessants : Des personnages apparaissent, disparaissent et réapparaissent dans l’histoire, à en donner le tournis !

Dommage que l’univers riche et inventif ne soit pas servi par un scénario à la hauteur.



Rendez-vous manqué avec Audrey Plenet.

Je resterai toutefois fidèle à la collection Une Heure Lumière des éditions Le Bélial’ dont j’apprécie le format et la ligne éditoriale.
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