« Par delà l’Horizon » est un ouvrage collectif de science-fiction française, mais pas que, publié et édité par Sébastien Guillot (2022, Actusf, 512 p.).
Assez intéressant de voir que ce domaine est en pleine expansion, après une période faste avant la Grande Guerre, puis un long déclin phagocyté par les « Space Operas » à la suite de la conquête spatiale. C’était devenu un monde d’extra-terrestres, vaisseaux spatiaux et planètes lointaines. Avec cependant un anthropomorphisme non dissimulé. Puis les fictions sont revenues aux vieux démons des utopies et uchronies dans un monde plus ou moins terrestre, avec un souci d’écologie et finalement replongé dans un monde ultra-connecté, dominé par la technologie.
L’idée de regrouper une vingtaine de nouvelles toutes passionnantes de ce qu’est la science-fiction aujourd’hui est une bonne chose avec des auteurs confirmés comme Léo Henry, Pierre Bordage, luvan ou Jean-Laurent Del Socorro, mais aussi des auteurs moins mis en lumière.
Je dois reconnaitre que ce retour à ce domaine est en partie dû à Hughes Robert alors à la librairie Charybde, puis à Ground Control derrière la Gare de Lyon. Il fut un temps où je mettais des critiques sur son bloc plus ou moins en fonction de mes lectures parfois erratiques. C’était suite à des pratiques similaires sur le « Clavier Cannibale » de Christophe Claro. Le seul problème était l’indexation des illets qui ne suivaient ni la ligne littéraires des libraires blogueurs, ni même les tendances du marché du livre. Ce qui fait que j’ai perdu un certain nombre de critiques, mal sauvegardées dans mes archives lors des changements de matériel. Auparavant j’avais découvert les débuts de la SF française grâce à un petit libraire assez farfelu installé rue Grégoire de Tours à Saint Germain des Prés. Ah les séries blanches et les couvertures en couleurs des Editions Lafitte. Tout un monde d’avant la Première Guerre.
Il est toujours difficile de commenter une anthologie ou plus simplement un recueil de nouvelles.
Dans l’ « Introduction », Sébastien Guillot prévient d’emblée. « Les auteurs et autrices de SF parlent du réel, de ce qu’ils connaissent, comme n’importe quel écrivain ».
« La parfaite équation du bonheur » de Emilie Querbalec introduit tout de même une idée positive quant au futur. Du moment que l’on a l’équation….A deux variables, « Manal et moi »revenant d’un séjour à Dubaï en 2014. Cela commençait bien. C’étaient en fait deux voyages professionnels. Dont une conférence sur les écosystèmes du futur. Il y a plus soft comme sujet surtout aux Emirats Arabes Unis, où par écosystème, il faut entendre économie et non écologie. Une rencontre de deux individus, cornaqué par Meetiel, un site de rencontres connecté. Et c’est à partir de là que l’équation du bonheur part en asymptote. Non pas que l’on s’envole vers un xième ciel à l’aide de super navettes spatiales ou de doses chimiques. Non tout reste très terre à terre c’est selon le bon vouloir de Meetiel. Qu’en aurait dit Baruch Spinoza, lui qui prônait un libre-arbitre permanent. Et la tendresse, bordel !!
« Deimocratos » de Stéphane Beauverger. Titre ambigu, qui navigue entre démocratie et théocratie. Si c’est celà l’avenir, une société non laïque régie par des curetons, quelle qu’en soit la couleur…. De lui on avait déjà « Le Déchronologue » (2011, Gallimard, 560 p.), roman d’aventures maritimes, ce qui parait normal pour un breton né à Morlaix, mais dont l’action se passe dans les Caraïbes. Le capitaine Henri Villon, quitte Port -Margot avec une frégate, armée de canons temporels. Il est aussi muni d’un fort lot de désespoir existentiel et de fioles de rhum pour y survivre. « La malchance n'est qu'un autre nom pour l'inaptitude. L'homme véritablement libre apprend à plier le destin à sa volonté ». Le marin boit, l’équipage trinque. Mais cela permet de décrire les geôles de Carthagène, les sombres couloirs de Noj Peten du royaume de Peten Itza au Guatemala.
« Deimocratos » débute à Bialowieza. « Le festival de grimasques aurait dû être un moment agréable ». On suppose que cela ne fut pas le cas. Les enfants ont disparu dans la forêt. Honnêtement, je préfère la forêt décrite par Jennifer Croft dans « The Extinction of Irena Rey » (2024, Bloomsbury Publishing, 320 p.). Livre où l’auteur, traductrice et amie d’Olga Tokarczuk, prix Nobel en 2018, avec qui elles ont reçu le Man Booker International Prize en 2018. Elle vit actuellement entre Los Angeles et Buenos Aires. Elle s’est fait connaitre en tant que traductrice pour la traduction de « Flights », du titre polonais « Bieguny », paru en français sous le titre de « Les Pérégrins » traduit par Grazyna Ehrard (2010, Éditions Noir sur Blanc, 386 p.). Dans ce roman, elle réuni huit traducteurs dans une maison au cœur de la forêt de Bialowieza, au nord-est de la Pologne, à la frontière avec la Bielorussie. Là aussi la romancière Irena Rey disparait. Sans doute dans un piège de l’espace-temps, où d’une balle perdue des canons d’Henri Villon. Mais on apprend que ces enfants se sont privés chimiquement du sentiment de peur, grâce à des « émosuppresseurs », donc tout va bien.
On en arrive à « Pa On » de luvan. « Une terre spécifique, réservée au caillou » précise l’exergue. En fait une « ile [qui] a plusieurs cotés ». J’aurais préféré une Ile à un seul côté, ce qui topologiquement est plus dur à réaliser. Une ile à la Möbius, les mathématiciens doivent avoir cela en stock. Mais « nous sommes en automne. Il pleut ». par ailleurs « l’exposition septentrionale » de la chambre de Hilma fait que parquet y grince plus qu’ailleurs.
Il se trouve que j’ai voulu lire ce livre à la suite de la parution de « Splines », également de luvan (2022, La Volte, 256 p.) avec des illustrations de Nacha Vollenweider. Autant ce roman m’avait surpris pas des jeux de mots et une écriture assez spécifique. « Cromlech s'élève sur l'îlot le plus austral, frappant de contre-jour au levant, dans la brillance nébuleuse. L'îlot est un caillou âpre. Autrefois, il était blanchi chaque saison par la fiente des oiseaux migrateurs. Curieusement, c'est le seul caillou de la baie à ne jamais avoir eu de nom. Aujourd'hui, il s'appelle simplement Cromlech. Si ce terme a une signification, je ne la connais pas ».
« Le Pack » de Laurent et Laure Koetzer qui signent collectivement LL Koetzer. Ils sont apparus avec « Cleer: Une fantasy corporate » (2010, Denoël, 2010) dans laquelle Cleer est une corporation multinationale,. chargée de résoudre des problèmes mettant en jeu l’image du groupe qui est son bien le plus précieux. Vinh et Charlotte forment la Cohésion interne, l'élite d'un monde parfait. « Demain vous appartiendrez à la Cohésion Interne, vous serez consultant, enquêteur professionnel aux limites du surnaturel, membre de l'élite, de l'inquisition d'un monde parfait. Quelque chose s'ouvre devant vous, une nouvelle perspective, une révélation ».
« Le Pack » c’est notre jeu. Nous y jouons depuis des années », en fait « sept saisons d’aventures sur la planète aux vents de folie, six arcs narratifs complets, le septième est en cours ». Et pourquoi pas ne pas essayer un autre jeu en ligne ?
« Espoir » de Silène Edgar.se passe dans un vaisseau spatial dont « la coque est effilée comme un couteau ». Mais « il n’y a pas de passager à bord. Il n’existe plus personne ayant connaissance de sa destinaton ». On se demande qui raconte. En fait, la mission a été conçue par des un space opéra qui signe le début de la renaissance de la science-fiction fançaise dans les années 90. Avec trois romans « Les Guerriers du silence » (1993, L’Atalante, 574 p.), « Terra Mater » (1994, J’ai Lu, 576 p.) et « La Citadelle Hyponéros » (1995, J’ai Lu, 667 p.). La Confédération de Naflin compte une centaine de mondes parmi lesquels la somptueuse et raffinée Syracusa. Cependant, il y a aussi les mystérieux Scaythes d'Hyponéros. « Le souffle était le symbole de la vie, or les Scaythes ne respiraient pas, n’avaient pas besoin d’oxygène, d’eau, de nourriture, et cette différence fondamentale avec les hommes montrait qu’ils n’avaient pas été conçus pour vivre sur les mondes humains mais pour les affaiblir et préparer l’avènement du vide. Ils n’étaient pas adaptés à leur environnement – ou l’environnement n’était pas adapté à eux ». Ils comptent bien faire de l'ombre à la famille régnante. « Le pouvoir. Que ne ferait-on pas pour le pouvoir ! Ils ont beau être cardinaux de l'Eglise, des hommes en principe tournés vers le divin, il se métamorphosent en fauves enragés dès qu'ils flairent l'odeur du pouvoir ».
« Et le Verbe se fit cher » de Pierre Bordage. Dans un futur proche absurde, l’écrivain doit payer une taxe sur les mots qu’il utilise. Il doit alors utiliser son imagination pour soit trouver des mots non taxés, si il en reste soit en inventer de nouveaux. Libre à lui de débrider son imagination et d’utiliser ceux qui ne sont pas soumis à un droit de péage. Ce droit de péage est désormais nécessaire pour publier un texte. Mais l’écrivain créatif, et radin invente une nouvelle orthographe. Il utilise des mots simples et des synonymes bon marché. Sa création littéraireet d’autant plus mise en valeur et devient un véritable plaidoyer pour la liberté de création. On voit donc aparaitre des phrases types. « Sétait duh tan hou laith jan hétaient geunes ». On n’est pas loin du singe dactylographe de Jorge Luis Borges dans « La Bibliothèque de Babel ».
L’idée avait déjà été proposée par Alain Damasio dans la nouvelle « Les Hauts® Parleurs® ». Fatalement c’est toute la liberté d’expression et la pensée qui se retrouvent normées par le pouvoir économique. Car si l’usage des mots copyrightés n’est interdit pour personne, chacun sera poursuivi jusqu’à règlement des sommes dues s’il les utilise. Quand cela a été écrit, cela n’existait pas encore dans la réalité ; aujourd’hui, on se rend compte que certaines peuvent acheter des mots pour le bienfait d’une marque ou que d’autres entreprises privatisent un slogan.
Dans cette nouvelle, une loi sur la propriété du Lexique a privatisé une série de mots du vocabulaire courant. Pour les utiliser en public, comme c’est le cas aujourd’hui pour certaines expressions comme « non mais allo quoi t’es une fille et t’as pas de shampoing ? » Pour les utiliser en public, donc, il faut s’acquitter des droits d’exploitations. La nouvelle conte l’itinéraire d’un groupuscule de gauche créateur d’une novlangue dont la fonction permet d’échapper aux diverses taxes que l’utilisation de certains mots entraîne.
« Carne » de Lauriane Dufant. C’est sans doute le texte le plus abouti de l’anthologie. A la fois novateur et jusqu’auboutiste.
Sur une planète cramée et cramoisie par la chaleur les terres fertiles sont mortes. Comment pourrait-on survivre. Heureusement, il y a l’homo arboralis. Le retour aux forêts. Non pas le « Back to the Trees » de l’oncle Vania dans « Pourquoi j’ai mangé mon père » de Roy Lewis traduit par Rita Barisse (1993 Actes Sud, 240 p.). Non retour aux forêts, transformer les corps en cultures, vivre en communion dans les derniers îlots de nature. Le rêve écolo qui élimine la pénurie alimentaire. Les graines et même les fruits poussent à l’intérieur des chairs et nourrissent les collectivités humaines. Mais, si les manipulations génétiques ont du bon, elles engendrent aussi des monstres. « Tout en esquivant ces lianes contorsionnistes qui serpentent et s’aggrippent aux chevillse dès que l’on marche dessus ». C’est ainsi que Oryz, petit grain de riz va tenter de comprendre ce qu’elle est. Si le grain de riz se mt à penser. Avec tout le risque de se condamner soi-même.
Lauriane Dufant a travaillé plusieurs années en tant qu’assistante éditoriale. Lle connait donc les arrières boutiques de l’édition. Puis elle a publié sa première nouvelle, « A crocs perdus », dans l’anthologie « Sauve qui peut : Demain la santé » (2020, La Volte, 416 p.). Une sélection de 15 textes sur près de 250 reçus. Quinze auteurs et quinze textes pour envisager l'avenir de nos systèmes de santé. « On avait changé de lunettes et un continent immense avait surgi ». Sa nouvelle « À crocs perdus » dans ce recueil « Demain la santé » (2020) est sa première publication. Elle se pose des questions plus philosophiques que métaphysiques sur le monde dansla lignée d’une anthologie qui se propose d'extrapoler sur le sujet du système de santé dans le futur.
« Le Juge, le bot et l’écureuil » de Christian Léourier ou les complexes interactions de pouvoir entre l’homme et l’intelligence artificielle (IA). Tout commence par un étrange procès pour homicide . Un « bot » a tué un humain. Dysfonctionnement acte colatéral ou acte volontaire il fautinterroger le « coupable ». Cela rappelle les questions de responsabilités lors des accidents de véhicule dits intelligents. En cas de conflit avec un cycliste et deux automobiles, qui vaut-il mieux éviter ? La tôle froissée, les personnes en danger. Sur quels crières Strictement éconmiques, moraux. Pourvu qu’il n’y ait pas en plus un chat évité alors qu’il traversait. Et le bien être animal ? « Paradoxalement, c’est en mettant au point des individus tels que nous qu’ils ont commencé à comprendre leur vraie nature, admettre que leur esprit n’était pas forcément d’un autre ordre que n’importe quelle sécrétion de leur organe, la sueur, la bile, la morve ». etite fable amusante sur les fameux préceptes d’Asimov et Campbell qui disent qu’un robot de ne peut délibérément tuer son propriétaire.
Très bonne nouvelle que l’on a du plaisir à lire. Réflexions sur la nature humaine et sur l’évolution d’une société. On dirait une fable, et si le bot s’appelait Esope ?
Son premier roman de science-fiction, « Les Montagnes du soleil » (1972, Robert Laffont, 256 p.) rappelle les premiers romans de Henry Rider Haggard comme « La Vierge du Soleil » (1922) republié plus tard (1983, Oswald, 302 p.).
Les hommes ont quitté la Terre pour s'installer sur Mars. Cohabitation des Terriens et des Martiens. La tribu vit paisiblement, et préserve dans ses contes la trace confuse des exploits des Ancêtres. Ces Ancêtres, que Cal le chasseur, l'audacieux et l'astucieux, voudrait mieux connaître pour percer le secret de leurs magies. Mais, il lui faut braver les tabous, quitter la vallée, passer les Montagnes du Soleil. De l’autre côté, la terre porte encore les marques du cataclysme ancien. Il faut être prêt à rencontrer Ceux Qui Descendent du Ciel et qui sont peut-être les Ancêtres revenus.
« Projet Cerebrus » de Floriane Soulas. Retour vers le futur. On est dans le Consortium interplanétaire, un peu en haut à droite. La course au progrès a déjà bien démarrée et est maintenant une affaire de gros sous.est lancée. Annabelle est une scientifique sur le point d’atteindre des résultats avec le sujet B-104. En fait, la plupart des scientifiques sont assi sur le point de. Là il s’agit du modede fonctionnement du cerveau. Cela me rappelle le projet « eBrains », piloté par l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausnne (EPFL) qui a fait des pieds et des mains pour se faire offrir par l’UE d’un super ordinateur qui devait tout résoudre et modéliser les neurones. C’était oublier qu’ils étaient suisses, et francophones de plus.
B-104, c’est bien un nom de projet scientifique. Sauf que c’est un projet de la dernière chance. Les ressources s'amenuisent. Le groupe auquel appartient Annabelle s’amenuise. Le nombre des collaborateurs diminue. Alorsqu’on en est au jour 4436 soit une douzaine d’années. « Les courbes de B-1O4 sont de plus en plus anarchiques ».C’est dans ce contexte que parait le programme B-206 avec Ambre.-Le projet B-104 va-t-il permettre de changer la donne ? « Sacrifier une minorité pour le plus grand bien est une stratégie acceptable et qui a éjà fait ses preuves dans les milliers d‘années précédentes ». La création d’une intelligence absolue parait impossible. Le projet Cérébrus menace de fermer pour éviter l’épuisement des ressources terriennes. Mais Annabelle s’acharne, au point d’interférer avec B-104. Cela entraîne la jeune chercheuse à dépasser un peu le protocole initial. Elle va motiver davantage ses sujets en entrant en contact avec eux. « Ses théories sur l'apprentissage des intelligences par contact se vérifient » En effet, quand Annabelle va jouer avec B-104, la courbe de progrès de ce sujet d'expérience s'infléchit de façon nette. C’est ce qu'il convient pour démontrer l’avantage de ses idées. Surtout permettre de continuer à lui allouer des ressources. Mais, ce qui était présenti arrive. « Elle dit que je dois apprendre tout seul, uniquement en jouant, encore et encore, et encore. J’aimerais bien jouer plus. Parfois je joue tout seul ».
« Variations sur un poème de Borges » de Romain Lucazeau. Que vient faire Jorge Luis Borges (1899-1986) dans cet ouvrage si ce n’est que la philosophie rejoint parfois la science-fiction. Dommage que le texte soit aussi pompeux. « La plaine, matrice de potentialités innombrables, socle neutre, agnostique, infinie combinatoire que résoudra bientôt le choc des armes, tandis que l’écoulement du temps, tic, tac, tout après tout, métamorphosera une série de mouvements discrets, un à la fois, car rien ici n’est continu, par la confluence des choix tactiques, à chacun son tour, en un précipité d’audace et de destin ». même en relisant plusieurs fois, j’ai du mal à situer JL Borges ou le jeu d’échec, voire le libre arbitre dans cette logorrhée.
En exergue, la dernière strophe du poème. « Dios mueve al jugador, y éste, la pieza / ¿Qué Dios detrás de Dios la trama empieza / de polvo y tiempo y sueño y agonía ? » (Dieu déplace le joueur et le joueur la pièce / Quel Dieu derrière Dieu l'intrigue commence / de la poussière et du temps, du sommeil et de l'agonie ? ». Il aurait fallu commencer par le début. « En su grave rincón, los jugadores / rigen las lentas piezas ». (Dans leur coin grave, les joueurs / gouvernent les pièces lentes). On est effectivement devant des joueurs d’échec. C’est le poème « Ajedrez » (Echec) paru dans « La Proximité de la Mer », une anthologie de 99 poèmes traduits par Jacques Ancet (2010, Gallimard, 192 p.). En fait, c’est un sonnet avec des vers compté à 12 syllabes et rimé en il reprenant strictement le schéma à en deux quatrains et deux tercets de forme ABBA ABBA CCD EED du sonnet classique.
Le sonnet fait référence à Dieu, bien entendu, et au libre arbitre de l’homme. Le tout vu comme des joueurs d’échec. Pour Borges, le libre arbitre est une illusion. L'homme n'a pas une liberté totale pour diriger ses actions. Il y a toujours quelqu'un derrière lui qui décide de son sort. La vie est un jeu d'échecs dans lequel nous devons prendre des décisions. Chaque décision, que nous prenons ou pas, nous affectera d’une manière ou d’une autre. Cependant, Borges n'affirme ni ne nie l'existence de Dieu, ni ses attributs surnaturels.
La seule chose que cela démontre, c'est l'impossibilité d'atteindre Dieu uniquement par la raison. Il faut aussi tenir compte du facteur subjectif de la foi, que les croyants conçoivent comme un don surnaturel. En fin de compte, on arrive à la réalité essentielle de l'être humain, que sont le doute et sa conséquence immédiate, l'angoisse.
Avec « La solitude des Fantômes » de Audrey Pleynet, on change complètement de sujet. C’est la fuite vers les réalités virtuelles pour échapper au quotidien.
On est au début des années 2030 dans une maison de retraite. Evelyne, une vieille dame, se réveille d’un coma qui a duré deux ans. Mais quand elle sonne pour appeler un infirmier, personne ne vient. Elle sort dans le couloir et ne croise que des employés qui marchent dans les couloirs sans la voir. Ils semblent absents, ou drogués, et l’ignorent ostensiblement. C’est sa petite-fille, Anna, qui lui explique que ceux-là sont « dans le ReZeau, en mode Z ». Il s’agit en fait d’un programme baptisé « Watts » dans lequel on peut vivre, agir et penser tout en faisant partie d’une sorte de réseau so
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