Marcher, près de chez soi ou au bout du monde, parcourir les rues de nos villes ou s'échapper dans des espaces aux horizons plus dégagés : quelle que soit la forme qu'elle prend, la marche est parée de mille vertus pour le corps et l'esprit.
Aurélie Luneau en parle avec deux écrivains randonneurs, Noëlle Bréham et Olivier Bleys, dans "De cause à effets, le magazine de l'environnement".
Visuel de la vignette : Jordan Siemens / Getty
#environnement #marche #nature
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Près de la vitre, deux jeunes officiers des divisions blindées ; l'un d'eux a un visage décidément sympathique. Pourtant, voici déjà une heure qu'ils parlent de meurtres. L'un voulait, avec ses camarades, faire disparaître dans un lac un habitant qu'il soupçonnait d'espionnage ; l'autre est d'avis qu'après chaque attentat contre nos troupes, il faudrait coller au mur cinquante Français. " On en aurait vite fini. "
[p234-236]
Souvent, quand une femme avait beaucoup d'enfants, j'ai donné ma ration du soir pour apaiser un tout petit peu la faim de ces pauvres gens. Je n'ai pas pu supporter ça, je ne voyais pas l'ennemi en eux, car ils n'y sont pour rien. Les coupables sont ailleurs et ne souffrent de rien, ils passent à côté de la misère et des souffrances de leur peuple, froidement et sans coeur...
[p48]
C'est vraiment étrange : le ciel,ici en France, exactement comme celui de l'Allemagne, et l'herbe et les arbred ont les mêmes couleurs, et les oiseaux chantent comme ceux de chez nous en Allemagne. Il n'y a que les qu'on ne peut pas comprendre. Si seulement tous les gens sur terre parlaient la même langue et pouvaient se parler !
Quel horrible barbouillage, qu'est-ce qu'elles sont maquillées, les femmes ici, tu n'as pas idée. Si je devais vois cela chez ma femme, je ferais aussitôt mes bagages et je partirais. Quelle folie! Je suis souvent obligé de penser à autre chose pour ne pas avoir la nausée. Ces lèvres rouge vif, ces visages peints en jaune, ces sourcils noirs comme du charbon, et puis ces ongles rouges, et en plus les ongles sales, quelle saloperie. On dirait vraiment que la France entière est un immense bordel.
Des milliards de lettres
On estime à environ 28 milliards le nombre de lettres et de cartes postales envoyées via la Feldpost, le service postal de la Wehrmacht, alors que 12 milliards de paquets furent expédiés pendant la guerre. Au regard du nombre des échanges de courriers en cette période, ce n’est qu’une part infime de ces témoignages de la vie quotidienne des soldats et de leur famille qui nous est offerte, mais ce sont là des archives d’une très
grande richesse.
En dehors du téléphone, exclusivement réservé aux administrations militaires, les lettres étaient le seul moyen de communication entre les soldats et leurs proches. Déposés dans un bureau de la Feldpost ou auprès du service de leur unité, ces envois étaient acheminés en Allemagne, gratuitement pour tout courrier ne dépassant pas 250 grammes, et au prix
de 20 pfennigs pour des colis de moins d’un kilogramme. De leur côté, les familles répondaient en postant leurs missives via les boîtes aux lettres « rouges » de la poste allemande.
A l’ouest, 29 janvier 1943
Dieu fait que cette guerre se termine et que l’Allemagne en sorte gagnante ; les Français ont imaginé une nouvelle vacherie qui, lorsque je l’ai vue pour la première fois, m’a frappé comme un coup de massue ! Vraiment, l’effet en est fou, ils inscrivent tout simplement la date 1918 aux murs, cette combinaison de chiffres sans aucun commentaire, un nombre déprimant…
Oh, je ne pense pas qu’il y aura un autre 1918, sûrement pas. Si cela tourne mal pour nous, ce sera sous une autre forme… Non, l’Allemagne ne mourra jamais, même si nous perdons la guerre, nous pouvons en être sûrs. Je n’ai pas changé… Je déteste le dressage indigne des Prussiens plus que toute autre chose, mais je voudrais que l’Allemagne gagne… Ce n’est peut-être pas logique, mais la haine et l’amour sont toujours illogiques, et c’est une bonne chose.
Heinrich Böll
28 août 1941
Les relations entre Français et Allemands ne sont pas mauvaises. Si les Français pouvaient manger à leur faim comme avant, on aurait très vite la meilleure des “collaborations” qui soit. Mais le problème de la nourriture reste un point qui détermine l’amitié ou l’hostilité… La ville est tellement tranquille qu’on a souvent l’impression de ne pas se trouver en pays ennemi. (…) On prend tout cela avec indifférence ou avec un peu de nonchalance. Seul le combat mené à l’Est éveille en nous un intérêt ardent. Ce que dit Churchill ou ce que prévoit Roosevelt… on l’enregistre et c’est tout. A côté de cela, il y a des petites choses qui nous occupent bien plus. Par exemple : savoir si le petit paquet avec les pêches est bien arrivé en Allemagne…
Arnold Nüssle
"L'appel du 18 juin est tout à la fois un texte, des mots, un esprit et un style; pour frapper les consciences et enlever les âmes, pour convaincre et rassembler autour de lui. Un moment fondateur, celui de la naissance de la France libre et d'une résistance inédite; le geste aussi d'un rebelle qui ouvre le chememin de la Victoire de la France et de ses alliés . Ce sont les débuts enfin de l'homme politique De Gaulle en un temps qui voit la geste gaullienne entrer dans l'histoire.
" [...] Qu'est-ce que vous imaginez, au fond, vous, les Allemands qui nous voyez, nous, les vaincus, à la maison avec nos femmes, travailler et gagner de l'argent. Vous devez jouer au soldat, vous devez risquer votre vie, et nous vivons bien, sûrement mieux que vous ! " Léon avait très bien compris la situation.
[p158-159]
Le 9 Novembre 1970, De Gaulle s'éteint dans sa maison de la Boisserie à Colombey-les-Deux-Eglises. La France est en deuil et l'attachement à celui qui voulut, sa vie entière, faire corps avec le pays et œuvrer pour son bonheur et sa grandeur, dépasse les seules divergences politiques ou partisanes. Lui qui a généré des oppositions farouches pendant ses mandats, lui qui fut dénoncé pour son incarnation du pouvoir et son usage dit " personnel " de la Ve République, devient un rassembleur dans cette union quasi unanime qui s'exprime.