Avant même de devenir flic , elle savait qu'on s'exposait beaucoup plus en ouvrant la bouche qu'en écoutant ce que les autres avaient à dire.
Je comprenais très bien l’intérêt de l’Oncle Sam. Il n’était pas indispensable de vivre au Japon pour savoir que les politiciens passaient plus de temps à se démener pour toucher leur part de pots-de-vin sur les travaux publics d’équipement et les commissions réservées aux yakuzas qu’à ressusciter l’économie moribonde. La pourriture se flaire de loin.
Nom de Dieu ! me dis-je en entendant son nom. Je n’arrivais pas à me débarrasser de ces gens-là. C’était comme un cancer. On croit s’en être sorti, mais ça revient toujours.
[ …] qui ne prenait pas de risque n’obtenait pas de récompense.
Tous les gumi traditionnels faisaient appel à ses services. La légitimité que leur garantissait ce système les rendait moins exposés aux poursuites judiciaires, et plus influents en politique ou dans les salles de conseil. Et donc plus influents dans la société en général. L’une de nos connaissances communes, Toshi Yamaoto, était devenue particulièrement dépendante des opérations de l’haltérophile.
- N'oublie pas que je connais ce type par coeur, reprit Horton en décrochant du mur un M4 qu'il accrocha à son cou. C'est moi qui l'ai formé. Il se déplace comme un chat, entend comme un chien et se cache comme un lapin. Et il attrape ses proies comme un putain de serpent à sonnette. Ils ne le verront pas tant qu'ils ne lui auront pas marché dessus.
- Allez, juste un petit bisou. Est-ce que c’est vraiment trop demander, après tout ce que j’ai fait pour toi ce soir ?
- Arrête, répéta-t-elle avec la même voix de crécelle. Je n’ai pas envie.
- Tu m’étonnes que t’as pas envie, murmura-t-il et c’était absolument parfait qu’elle ait peur et qu’elle lui résiste, c’était tout ce qu’il aimait depuis toujours, tout ce qu’il avait espéré et il allait se la faire ici et maintenant, dans le parc, sur l’herbe fraîche, il allait l’obliger à prendre tout ce qu’il avait à lui donner et elle ne dirait jamais rien à personne et elle ne l’oublierait jamais non plus.
Pour moi, garder l’anonymat au Japon n’était guère facile, vu que mes origines étaient de notoriété publique et m’avaient valu des moqueries dès le jardin d’enfants. Mais aujourd’hui, à moins de le savoir, vous auriez du mal à déceler la moindre origine caucasienne sur mon visage. Ma mère, américaine, ne s’en serait nullement offusquée. Elle avait toujours voulu que je m’intègre dans ce pays et était enchantée que les traits japonais de mon père l’aient emporté dès le départ, dans la lutte que les gènes se livrent pour la domination
-Non, vous vous trompez ! s’écria-t-elle subitement, le doigt pointé tout près de mon visage.
-Si c’était vrai, vous ne réagiriez pas ainsi, répliquai-je sans la quitter des yeux.
Contrairement à la capitale, où le centre de gravité financier, culturel et politique est si fort qu’il se dégage parfois d’elle une impression d’autosatisfaction proche du solipsisme, Osaka ne cesse de se comparer à d’autres villes, à commencer par sa grande cousine du Nord-Est, et s’en sort naturellement gagnante dans le domaine de la cuisine, de la sagacité financière et de la bonté humaine en général. Je trouvais quelque chose d’attachant dans cette course à la suprématie ouvertement pugnace.