Citations de Batya Gour (32)
Tout individu aspire à un idéal de beauté absolu. Son désir le conduit à en poursuivre les manifestations concrètes et, parfois, à leur témoigner une vénération excessive. En leur vouant un culte, en s’identifiant à elle, il a l’illusion de participer de leur beauté
(Fayard, p.219)
Les gens sont prisonniers de schémas et de comportements dans leurs rapports familiaux. Ils ne sont plus capables de distinguer entre leur moi individuel et leur moi familial, et toute nouvelle approche leur parait impossible. Au kibboutz, c’est la même chose, avec cette différence qu’il s’agit d’une famille de trois cents personnes.
(Fayard, p. 266)
En fait, des scandales de ce genre, il s’en produit souvent. Que voulez-vous, ces professeurs s’imaginent que leurs proclamations peuvent changer le cours de la littérature israélienne, voire influencer le destin du monde [...]
(Fayard, p.135)
La force de l’art réside dans sa capacité à exprimer, chaque fois de façon différente, les préoccupations communes à toute l’humanité. (Fayard, p.290)
« Nous allons aussi vérifier votre alibi à l’heure présumée du meurtre, reprit-il après un long silence. […] Nous n’avons pas l’intention d’employer la torture; en tout cas, pas si vous vous montrez raisonnable. » (Fayard, p.343)
Cela peut sembler paradoxal, mais le fait est que nous, analystes, connaissons tout de nos patients, sauf la façon dont ils se conduisent dans la vie quotidienne. Nous ne savons d'eux que ce qu'ils nous racontent ici, sur le divan.
Ce ne sont pas des psychotiques, des malades mentaux, avec qui, disons, tout peut arriver. Ce sont des gens sains d'esprit qui s'interrogent sur eux-mêmes et ont entrepris de se faire analyser.
Pas plus que n’importe qui, il n’était vacciné contre le spectacle qui s’offrit à ses yeux dans le bureau de Tsadik. Et cela, non seulement en raison du visage broyé – « pas besoin de se presser le citron pour découvrir l’arme du crime, hein ? » avait dit le médecin légiste avec une pointe de satisfaction dans la voix en désignant la perceuse qui baignait dans une flaque de sang avec le bleu de travail – et de l’expression de surprise figée autour de la bouche, du corps qui avait glissé par terre du fauteuil en cuir placé derrière son bureau, mais surtout à cause de tout ce sang qui donnait à la pièce l’aspect d’un abattoir.
De toutes les fêtes juives, Soukkot était celle qu'il préférait, peut-être parce qu'il gardait présent dans sa mémoire le souvenir de son père qui le juchait sur ses épaules: là-haut il agitait son petit drapeau en carton dont le manche était planté dans une pomme. Il sentait encore l'air d'automne sucré qui les accompagnait sur le chemin du retour et il se revoyait en compagnie de ses petits frères, tous transportant des casseroles et des plats en cuivre jusqu'à la soukka qui sentait bon le cédrat (chaque année, leur père les emmenait au marché et leur expliquait comment choisir des cédrats irréprochables). Leur grand-mère claudiquait derrière eux avec sa cane et veillait à ce que rien ne tombe, quant à leur mère, elle se chargeait toujours du mets qu'il préférait: de la compote de coing orange.
Il sortit de la synagogue. Du haut de la rue Naftali lui parvinrent les forts effluves des caroubiers en fleur dont il se souvenait depuis l'enfance.
Bien qu'il lui eût décrit en long et en large les obstacles qu'elle aurait à franchir, il n'avait pas réussi à la dissuader de poser sa candidature, car sa décision était déjà prise. En fait, il aurait dû savoir que ce n'est pas pour s'entendre dire qu'il vaut mieux renoncer qu'on sollicite un conseil, mais, au contraire, pour se sentir conforté dans sa décision. Lui-même avait fait pareil. Il n'aurait pas dû essayer de la faire changer d'avis.
Combien de temps un homme peut-il supporter de jouer à Dieu-le-Père ?
[...]
Jour après jour, j'essayais de m'endurcir et croyais même y être parvenu. Il le faut bien pour signer des ordres d'expulsion ou refuser des regroupements familiaux. Notez que je ne fais qu'appliquer les directives gouvernementales. Et puis, je suis constamment sous l'oeil du Shin Beth. Quelles que soient vos opinions politiques, cela ne change rien. Un gouverneur militaire aux idées libérales, ça n'existe pas ; c'est une contradiction dans les termes.
« Toutefois, il convient de dire, à sa décharge, que ce poème a été composé au Goulag il y a plus de trente ans et que son auteur, d'une part, n'avait pu achever ses études en hébreu et, d'autre part, se trouvait coupé des grands courants de la culture européenne. A vrai dire, ce sont les circonstances exceptionnelles et la période tragique dans lesquelles il a été écrit qui font de ce poème une œuvre remarquable. S'il avait été conçu ici, dans ce pays, au cours des années 50 ou 60, qui parmi nous l'aurait considéré comme un bon poème ? »
- Chacun à sa version, dit Michaël après un long silence, et chaque version mérite d'être entendue. Les différences sont toujours plus significatives que les points communs. A fortiori dans le cas présent.
.../...
Demandez-lui, on se sent orphelin à n'importe quel âge. Vous êtes encore jeune, vous ne savez pas, mais plus on vieillit, plus on regrette ses parents, son enfance... A la fin, elle nous apparaît comme la chose la plus importante de notre vie...
La télévision est le symbole, la plaque sensible de l’évolution des mentalités dans ce pays. Ceux qui comme moi sont ici ne peuvent que faire le triste constat d’une sclérose généralisée.
Là où nous avons raison
il ne poussera jamais plus
de fleurs au printemps.
Là où nous avons raison
Le sol est dur et piétiné
comme une cour.
- Il y a un certain nombres de choses que j'ai apprises, et il y a des livres.
- Des livres. Oui, c'est très important les livres, mais ce n'est pas la vie. Les livres ne sont que des livres.
- Je ne suis pas d'accord.
Combien de fois peut-on recommencer sa vie à zéro quand on a cinquante ans et qu'on est père d'un enfant de quatre ans ?
- Qu'est-ce que le Obe d'amore ? demanda Michaël.
- Un hautbois d'amour, plus grave que le hautbois normal. C'est un instrument magnifique, et vous voyez, il y a là quelque chose d'intéressant : la voix du soliste a été écrite au-dessous des portées, ce qui indiquerait que Vivaldi y a travaillé séparément.
Dans un tel climat de haine, comment voulez-vous que quelque chose fleurisse?