AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Benjamin Constant (330)


"Adolphe, me dit-elle, vous vous trompez sur vous-même ; vous êtes généreux, vous vous dévouez à moi parce que je suis persécutée ; vous croyez avoir de l'amour, et vous n'avez que de la pitié." Pourquoi me révéla-t-elle un secret que je voulais ignorer ? Je m'efforçai de la rassurer, j'y parvins peut-être ; mais la vérité avait traversé mon âme ; le mouvement était détruit ; j'étais déterminé dans mon sacrifice, mais je n'en étais pas plus heureux ; et déjà il y avait en moi une pensée que de nouveau j'étais réduit à cacher.
Commenter  J’apprécie          190
Nous vécûmes ainsi quatre mois dans des rapports forcés, quelquefois doux, jamais complètement libres, y rencontrant encore du plaisir, mais n’y trouvant plus de charme. Ellénore, cependant, ne se détachait pas de moi. Après nos querelles les plus vives, elle était aussi empressée à me revoir, elle fixait aussi soigneusement l’heure de nos entrevues que si notre union eût été la plus paisible et la plus tendre.
Commenter  J’apprécie          190
Benjamin Constant
A dater de ce jour , je vis Ellenore s 'affaiblir et dépérir . Je rassemblai de toutes parts des medecins autour d 'elle : les uns
m 'annoncèrent un mal sans remède , d 'autres me bercèrent d 'espérances vaines ; mais la nature sombre et silencieuse
poursuivait d 'un bras invisible son travail impitoyable .
Commenter  J’apprécie          190
Ellénore lui avait donné de telles preuves de dévouement, avait rejeté avec un tel mépris les offres les plus brillantes, avait partagé ses périls et sa pauvreté avec tant de zèle et même de joie, que la sévérité la plus scrupuleuse ne pouvait s'empêcher de rendre justice à la pureté de ses motifs et au désintéressement de sa conduite.
Commenter  J’apprécie          190
L’amour supplée aux longs souvenirs, par une sorte de magie. Toutes les autres affections ont besoin du passé : l’amour crée, comme par enchantement, un passé dont il nous entoure.
Commenter  J’apprécie          181
Je formais mille projets pour mon éternelle réunion avec Ellénore : je l'aimais plus que je ne l' avais jamais aimée ; tout mon cœur était revenu à elle ; j' étais fier de la protéger . J' étais avide de la tenir dans mes bras ; l'amour était
rentré tout entier dans mon âme ;j' éprouvais une fièvre de tête, de cœur , de sens , qui bouleversait mon existence . Si
Ellénore eût voulu se détacher de moi , je serais mort à ses pieds pour la retenir .
Commenter  J’apprécie          183
Cette situation se prolongea. Chaque jour, je fixais le lendemain comme l'époque invariable d'une déclaration positive, et chaque lendemain s'écoulait comme la veille. Ma timidité me quittait dès que je m’éloignais d'Ellénore ; je reprenais alors mes plans habiles et mes profondes combinaisons : mais à peine me retrouvais-je auprès d'elle, que je me sentais de nouveau tremblant et troublé. Quiconque aurait lu dans mon cœur, en son absence, m'aurait pris pour un séducteur froid et peu sensible ; quiconque m'eût aperçu à ses côtés eût cru reconnaître en moi un amant novice, interdit et passionné. L'on se serait trompé dans ces deux jugements : il n'y a point d'unité complète dans l'homme, et presque jamais personne n'est tout à fait sincère ni tout à fait de mauvaise foi.
Commenter  J’apprécie          180
Ellénore n'avait qu'un esprit ordinaire ; mais ses idées étaient justes, et ses expressions, toujours simples, étaient quelquefois frappantes par la noblesse et l'élévation de ses sentiments. Elle avait beaucoup de préjugés ; mais tous ses préjugés étaient en sens inverse de son intérêt. Elle attachait le plus grand prix à la régularité de la conduite, précisément parce que la sienne n'était pas régulière suivant les notions reçues. Elle était très religieuse, parce que la religion condamnait rigoureusement son genre de vie. Elle repoussait sévèrement dans la conversation tout ce qui n'aurait paru à d'autres femmes que des plaisanteries innocentes, parce qu'elle craignait toujours qu'on ne se crût autorisé par son état à lui en adresser de déplacées. Elle aurait désiré ne recevoir chez elle que des hommes de rang élevé et de mœurs irréprochables, parce que les femmes à qui elle frémissait d'être comparée se forment d'ordinaire une société mélangée, et, se résignant à la perte de la considération, ne cherchent dans leurs relations que l'amusement. Ellénore, en un mot, était en lutte constante avec sa destinée.
Commenter  J’apprécie          180
Nous parlions d’amour de peur de nous parler d’autre chose.
Commenter  J’apprécie          170
Adolphe ,me dit-elle ,vous vous trompez sur-vous même ; vous êtes généreux vous vous dévouez à moi parce que je suis persécutée ;vous croyez avoir de l' amour , et vous
n avez que de la pitié .
Commenter  J’apprécie          160
Les hommes se blessent de l'indifférence, ils l'attribuent à la malveillance ou à l'affectation ; ils ne veulent pas croire qu'on s'ennuie avec eux naturellement.
Commenter  J’apprécie          150
L'amour supplée aux longs souvenirs, par une sorte de magie. Toutes les autres affections ont besoin du passé : l'amour crée, comme par enchantement, un passé dont il nous entoure. Il nous donne, pour ainsi dire, la conscience d'avoir vécu, durant des années, avec un être qui naguère nous était presque étranger. L'amour n'est qu'un point lumineux, et néanmoins il semble s'emparer du temps.
Commenter  J’apprécie          150
... je pose ma tête sur la pierre froide qui devrait calmer la fièvre ardente qui me dévore .
Commenter  J’apprécie          141
Benjamin Constant
La reconnaissance a la mémoire courte
Commenter  J’apprécie          144
Adolphe, pourquoi vous acharnez-vous sur moi ? Quel est mon crime ? De vous aimer, de ne pouvoir exister sans vous. Par quelle pitié bizarre n'osez-vous rompre un lien qui vous pèse, et déchirez-vous l'être malheureux près de qui votre pitié vous retient ? Pourquoi me refusez-vous le triste plaisir de vous croire au moins généreux ? Pourquoi vous montrez-vous furieux et faible ? L'idée de ma douleur vous poursuit, et le spectacle de cette douleur ne peut vous arrêter! Qu'exigez-vous ? Que je vous quitte ? Ne voyez-vous pas que je n'en ai pas la force ? Ah ! C'est à vous, qui n'aimez pas, c'est à vous à la trouver, cette force, dans ce cœur lassé de moi, que tant d'amour ne saurait désarmer. Vous ne me la donnerez pas, vous me ferez languir dans les larmes, vous me ferez mourir à vos pieds.

Dites un mot. Est-il un pays où je ne vous suive ? Est-il une retraite où je ne me cache pour vivre auprès de vous, sans être un fardeau dans votre vie ? Mais non, vous le voulez pas. Tous les projets que je propose, timide et tremblante, car vous m'avez glacée d'effroi, vous les repoussez avec impatience. Ce que j'obtiens de mieux, c'est votre silence. Tant de dureté ne convient pas à votre caractère. Vous êtes bon ; vos paroles sont nobles et dévouées : mais quelles actions effaceraient vos paroles ? Ces paroles acérées retentissent autour de moi : je les entends la nuit ; elles me suivent, elles me dévorent, elles flétrissent tout ce que vous faites. Faut-il donc que je meure, Adolphe ? Eh bien, vous serez content ; elle mourra, cette importune Ellénore que vous ne pouvez supporter autour de vous, que vous regardez comme un obstacle, pour qui vous ne trouvez pas sur la terre une place qui ne vous fatigue ; elle mourra : vous marcherez seul au milieu de cette foule à laquelle vous êtes impatient de vous mêler ! Vous les connaîtrez, ces hommes que vous remerciez aujourd'hui d'être indifférents ; et peut-être un jour, froissé par ces cœurs arides, vous regretterez ce cœur dont vous disposiez, qui vivait de votre affection, qui eût bravé mille périls pour votre défense, et que vous ne daignez plus récompenser d'un regard.
Commenter  J’apprécie          140
Mais cependant les intérêts de la vie commune ne se laissent pas plier arbitrairement à tous nos désirs. Il m'était quelquefois incommode d'avoir tous mes pas marqués d'avance et tous mes moments ainsi comptés. J'étais forcé de précipiter toutes mes démarches, de rompre avec la plupart de mes relations. Je ne savais que répondre à mes connaissances lorsqu'on me proposait quelque partie que, dans une situation naturelle, je n'aurais eu point de motif pour refuser. Je ne regrettais point auprès d'Elénore ces plaisirs de la vie sociale, pour lesquels je n'avais jamais eu beaucoup d'intérêt, mais j'aurais voulu qu'elle me permît d'y renoncer plus librement. J'aurais éprouvé plus de douceur à retourner auprès d'elle, de ma propre volonté, sans me dire que l'heure était arrivée, qu'elle m'attendait avec anxiété, et sans l'idée que sa peine vînt se mêler à celle du bonheur que j'allais goûter en la retrouvant. Ellénore était sans doute un vif plaisir dans mon existence, mais elle n'était plus un but : elle était devenue un lien.
Commenter  J’apprécie          140
Les lois de la société sont plus fortes que les volontés des hommes.
Commenter  J’apprécie          140
Il s'établit donc, dans le petit public qui m'environnait, une inquiétude vague sur mon caractère. On ne pouvait citer aucune action condamnable ; on ne pouvait même m'en contester quelques-unes qui semblaient annoncer de la générosité ou du dévouement ; mais on disait que j'étais un homme immoral, un homme peu sûr : deux épithètes heureusement inventés pour insinuer les faits qu'on ignore, et laisser deviner ce qu'on ne sait pas.
Commenter  J’apprécie          132
La lettre de mon père me perça de mille coups de poignard. Je m' étais dit
cent fois ce qu' il me disait ; j' avais eu cent fois honte de ma vie s' écoulant
dans l' obscurité et dans l' inaction. J' aurais mieux aimé des reproches, des
menaces ; j' aurais mis quelques gloires à résister, et j' aurais senti la néces-
-sité de rassembler mes forces pour défendre Ellénore des périls qui
l' auraient assaillie. Mais il n' y avait point de périls : on me laissait libre et
cette liberté ne me servait qu' à porter plus impatiemment le joug que j' avais
l' air de choisir .
Commenter  J’apprécie          130
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
La mort des amants - Charles Baudelaire
Commenter  J’apprécie          130



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Benjamin Constant (2531)Voir plus

Quiz Voir plus

Adolphe par Benjamin Constant

Le roman "Adolphe" serait un/une

potin
anecdote
rumeur
auto-biographie

12 questions
102 lecteurs ont répondu
Thème : Adolphe de Benjamin ConstantCréer un quiz sur cet auteur

{* *}