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Citations de Bernard Noël (288)



devant le mur

leurs visages furent forcés

ils eurent des diarrhées de sang
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parfois

paroles sont
larmes
de silence

parfois
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le présent traverse le corps

la nuque regarde le passé
toi
au croisement

tu es l'instant propice
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celui qui touche la terre
sait la chair des gens

et l'air est le sang

qui bat dans les yeux
le sang que tu lèches

sur la peau des choses
quand tu dis leur nom
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alors
la
vie
est
devenue
le
mot
manquant
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on a brûlé la peau de la mort
on a mangé la boule des pleurs

mon corps repousse
a dit le passant

il a mâché de la terre douce
il a dit
je veux des yeux
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CONTRE-MORT

moi
qui chaque jour creuse sous ma peau
je n’ai soif
ni de vérité ni de bonheur ni de nom
mais de la source de cette soif
je ne promène pas mon petit démon bien policé
j’en ai dix mille me rongeant
et je leur souris
non pas comme une Joconde
non pas comme un bouddha satisfait de son détachement
non pas comme un yogi à l’âme soigneusement musclée
mais comme un homme
auquel tous les chemins ne sont pas bons
et
à mesure que le creux là-dessous va grandissant
d’étranges machines apparaissent dans mon corps
et d’abord cet oeil qui a percé à la racine du nez
et qui me fait douter de la valeur de mes yeux
condensation du regard
triangle à l’intérieur de mon crâne

triangle sans base
tel un entonnoir où s’engouffrent les cris
venus de la moelle épinière et du ventre
(du ventre dans lequel pousse
un énorme faisceau de racines flexibles
et dures comme des aiguilles d’acier)

triangle dont les parois incandescentes
tracent dans le cerveau une brûlure drainante
une brûlure qui est la présence même
la présence des choses
qui entrent en moi comme une décharge
une décharge brisant les écailles
brisant la paille et la poutre
brisant le filtre et les dents

il faudrait dire comment
dire la vision claire de cet oeil
qui n’a ni tendresse ni cynisme ni compassion
mais qui est vide et inexorable

tel un nuage d’abeilles au-dessus du gouffre
la présence approche
pattes de miel
douceur tiède
et
soudain
les mille piqûres des dards
il n’y a pas d’autre issue que le saut
mais

LE VIDE PORTE

les yeux regardent à travers le seul oeil
et dans l’épaisseur de midi
les choses entrent dans mon corps
l’espace se retrousse
dedans est immense
alors
tentation d’organiser aussitôt la conquête et d’en jouir
il fait soleil sous les épaules

[…]
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parfois
pétrifié
par le mystère
parfois
pareil à lui
plein d’une transparente
poussière
parfois
personne
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Bernard Noël
Il y a des mots qui nous font croire aux mots.
Ces mots-là, ou leur assemblage, n'expriment rien,
car l'utile en eux s'est défait,
mais ils forment un sens qui n'a pas de limites.

(L'Allure mentale)
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L'écriture, parce qu'elle joue à la fois du visible et de l'invisible, éclaire l'obscur.
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Comment ne pas se demander dès lors si le verre des Vacances de Hegel ne représentait pas, au sommet de son parapluie, une tempête dans un verre d'eau ?
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Teotihuacan.
Gouvernée par des prêtres, à la fois dieux par leurs pouvoirs et rois par leur puissance, ce fut la ville sainte des hauts plateaux, celle où les images s'intériorisèrent pour devenir des idées et où la pratique de la contemplation donna naissance à un art presque abstrait. (...)
Son histoire en fait nous échappe et nous ne savons même pas qui fonda Teotihuacan et l'habita ; il ne nous reste, durablement, que les témoignages de l'art : ces personnages aux yeux vivants, ces ornements qui parlent encore de pouvoirs et de connaissance, ces formes dont la beauté simple indique en soi une conception du monde.
Et puis il y a le visage des dieux : Huehueteotl, dieu du Feu ; Xipe, dieu de la Fertilité ; Xipe-Totec, "Notre-Seigneur l'Écorché" ; Quetzalcoatl, le Serpent à plumes ; Tlaloc, dieu de la Pluie et fécondateur de la Terre - Tlaloc aux canines saillantes, à la langue bifide, aux yeux entourés d'un cercle qui symbolise les nuages, car il est le maître de l'eau bleue.
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Tout visage immobile est une énigme - toute pierre devenue un visage. Nous passons, il n'en finit pas de durer - Le temps tourbillonne alentour, mais lui nous regarde à la fois de très loin et de très près. C'est qu'un horizon nous sépare : la mort franchie. Les pierres du Mexique ont cette fixité souveraine, même si nous ne savons pas qui dure en elles : le regard de quelle conscience ? Ici, nos sculpteurs ont voulu figer la permanence de la vie - la vie au-delà de la mort ; là-bas, au Mexique, leurs pierres parlent de la permanence de la mort - la mort au-delà de la vie...
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[...] que de greffes et d'accouplements dans ses oeuvres, mais toujours entre le métallique et le charnel comme pour féconder la pensée au moyen de l'impensable.
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Les souvenirs sont le mobilier de la durée : ils assurent qu'on a bien habité tout le temps de sa vie, alors que presque tout en est oublié.
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La discontinuité de la mémoire interdit que l'on prenne quelques souvenirs pour une vie. Il n'y a pas d'ordre, pas de chronologie dans la présence ; d'ailleurs, une relation est un tout. La temps ne vous retire pas ce tout, au contraire, seulement, il vous enlève la possibilité de le faire partager, car il ne vous permet d'en parler qu'en détail.
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François enseignait tout le temps parce que sa pensée était tout le temps le foyer d'une transformation, qui avait besoin d'échange et de partage, autant pour se nourrir que pour s'essayer. Il déliait l'espace mental et y soufflait je ne sais quelle insoumission en mêlant les vocabulaires contradictoires de la science moderne et de la Tradition.
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François parlait souvent de morphologie. Il aurait préféré qu'on l'appelât "morphologue" plutôt que peintre ou graveur. Le regard est l'instrument du morphologue, qui taille des formes dans la réalité ou bien les y prélève ; mais un moment vient où cet instrument se retourne contre son employeur, se plante dans sa chair mentale et la découpe.
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Mais à force de regarder, du temps a passé, et l'habitude vient de produire quelques mots à l'arrière du regard, et ils travaillent déjà à reproduire ce qui me suffisait à l'état de pur regard, et qui ne me suffit plus dès lors que j'essaie de l'exprimer [...]. Je vois la réalité se gommer dans ce que j'en dis; je la vois devenir seulement pratique.
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L'ordre moral est beaucoup moins obtus qu'on serait tenté de le croire. L'ordre moral, c'est l'ordre de l'esprit. Il peut fort bien se servir de ce qui, apparemment, le conteste : l'érotisme, par exemple. L'érotisme n'est pas un retour au corps, il n'est qu'une intensification narcissique de son image. Et cette image censure, dans le corps, tout ce qui est organique, tout ce qui est physique. On a jamais autant montré de corps, et ceux-ci n'ont jamais été aussi peu des corps. Ce sont des objets, toujours neufs, toujours beaux, et qui paupérisent également le désir en le stylisant. Quand l'ordre moral montre son cul ou ses poils, pas de problème, c'est encore l'idéalité qu'il nous montre.

Dans l'Outrage aux mots.
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