Je ne connaissais pas cet auteur, livre prêté par une amie,je rentrais de Norvège et je suis allée à Nidaros, et au cercle polaire, j’imagine les conditions invraisemblables subies par ces Hommes pour aller à la rencontre de ce peuple du nord , qui résiste..
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Critique de Vincent Landel pour le Magazine Littéraire
Sur un yacht, deux hommes mènent une lutte acharnée pour conquérir une femme. Un marivaudage nautique voué à la tragédie. Chaque roman de Bernard du Boucheron est un bûcher littéraire. Y flambent, roussis par la passion, des êtres en attente « d’orage mystique ». Là, une femme et deux hommes. Elle, la « Belle-à-ravir », « infâme coquette », perverse, manipulatrice, aime qu’on lui résiste. Avec le riche et insaisissable Marian, Madame est servie : il joue avec elle, lui demande de la rejoindre en Italie pour s’y marier ; après vingt heures de trajet en train, personne à la gare pour l’accueillir. Tout le contraire de L., dix-septième amant en date, employé de banque féru de voile, et fou d’elle. S’il la veut, « Dix-Sept » doit relever un défi : un périple en mer avec elle-même, Marian, qu’elle a fini par épouser, et un marin expérimenté, quelque part au large de l’Écosse. L’auteur jette tout son monde à bord du yacht du milliardaire et fait souffler sur la grosse goélette une tempête à décorner tous les cocus de la Terre. Mauvais signe retrace ce périple infernal, qui vire au duel entre les deux hommes liés par une haine qui irait jusqu’au meurtre si les éléments en furie ne les obligeaient à pactiser. Dix-Sept à la barre, le mari à la salle des machines démolies par la tempête, ils luttent pour survivre, sous le regard d’Elle, qui passe de l’un à l’autre tout en « branlant les pompes pour provoquer de longs éjaculats »...
Le sexe et la mer, obscur ménage que l’écrivain exalte. Sans oublier le drame : le marin est emporté par une déferlante. À qui la faute ? Au mari, « Torquemada des isobares », ou à L., habile skippeur dont la discrétion et la ferveur font peut-être mieux, dans le coeur de la jeune femme, que les audaces du « fumier de mari » ? « Le bateau abandonné à lui-même s’est couché et les deux hommes sont tombés devant moi dans le fond du cockpit, enlacés, ahanant comme des bêtes cherchant à tuer pendant que la mer s’écroulait sur nous. » C’est la Belle-à-ravir qui parle, en écho à la voix de L., qui conspue son rival dans un fracas de vergues et de cordages. Après ce dies irae, une nouvelle surprise, des années plus tard, attend Dix-Sept : elle l’invite à le rejoindre en Italie, dans une luxueuse propriété où elle vit avec Marian, désormais handicapé. Au lieu de s’offrir enfin, elle s’empale devant lui sur son mari. Avec ce commentaire : « On est toujours prisonnier de ses conquêtes, et je n’ai pas voulu t’enchaîner à celle que tu aurais pu faire de moi, alors que j’étais asservie à celle que j’ai faite de lui. » L. repartira, amer, non sans avoir senti « l’odeur de cadavre qu’exhalait sa bouche de petite vieille ».
Cette acide comédie à la Patricia Highsmith - on songe à Plein soleil, et aussi à la pièce Le Limier - échappe au marivaudage par le sabbat maritime, proprement homérique, du premier tiers du livre. Vrai morceau de bravoure, qui tient tout entier au creux du sexe de la « Belle », vengeresse, hermaphrodite, orante, dominatrice. Bernard du Boucheron la change en Perséphone, femme d’Adès, roi des Enfers, et parente, s’en souvient-on ? de Poséidon. Car c’est la mer, furieuse, déchaînée, qui est l’âme du roman, exaltée dans ce qu’elle a de féminin et de puissamment érotique, bercée par un vocabulaire nautique caressé comme une peau et réuni dans un insolite glossaire, comme pour accentuer la sécheresse de ton de l’ensemble. Si le lecteur est initié au lexique de la timonerie, avec ses bômes, ses bastaques et tout le gréement, il en saura moins sur les mobiles profonds des belligérants. Glaçant, avare de précisions, du Boucheron l’est aussi bien pour ses héros, épinglés dans ce qu’ils ont de plus sombre, que pour le lecteur, qu’il laisse souvent dans l’ignorance des effets et des causes. Inutile de chercher sur une carte l’île de la Vieille-Jument, but du périple : elle n’existe pas. Mystère, parmi d’autres, habituels à un écrivain qui cherche, sous l’ordinaire, le mythe. Classique, d’une poésie rêche et superbe, cet énarque, ex-patron d’industrie, transcende la médiocrité humaine qu’il aime fouiller, en remuant d’abyssales horreurs, de sibyllines splendeurs. Combien d’écrivains peuvent se targuer d’avoir un univers, une griffe, immédiatement reconnaissables, depuis son premier roman, Court serpent, qui a obtenu en 2004 le grand prix de l’Académie française ? Après ce coup de maître, quatre autres chaudrons sataniques ont suivi, Coup-de-Fouet, Chien des os, Vue mer, Salaam la France. Et voici ce Mauvais signe, qui est une bonne nouvelle. Bientôt une oeuvre. Qu’on espère pérenne.
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ce livre est très démodé,
il reprend les clichés ,de tout bord, des années 60.
Tous les thèmes éculés sont évoqués.
Je regrette cette lecture, ma dépense et mon temps perdu.
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De retour en Algérie après y avoir effectué ses premières années de médecin il y a 20 ans, Frédéric découvre un pays qui a fortement changé avec l'arrivée de la décolonisation. Ce retour dans un pays qu'il avait quitté brutalement du fait des tensions de plus en plus fortes entre le peuple algérien et les colons français va se transformer en une réminiscence tout aussi brutale des souvenirs qu'il garde de son premier voyage, et des trois femmes qui auront compté pour le jeune homme pendant ce voyage...
Bernard Du Boucheron met en exergue une situation problématique vécue par nombre de français qui sont arrivés en Algérie peu de temps avant que le pays ne se révolte totalement contre le colonisateur : le sentiment qu'un climat de haine viscérale contre la France règne, et que tout est justement sur le point d'exploser. Ainsi, lorsque Frédéric se remémore cette situation, la tension est on ne peut plus palpable dans la façon même de transcrire ses souvenirs. L'écriture est sèche, brutale afin de mieux faire sentir le malaise que ressent ce jeune homme de 20 ans, tout juste diplômé de médecine et envoyé en Algérie pour "faire ses classes", à la vue du désastre qui se profile. Ce qui importe également dans ce roman, c'est la présentation de l'Algérie avant décolonisation, autant le pays en soi que ses habitants. De nombreuses descriptions donnent à voir un univers à la fois chaud et oppressant, accueillant et hostile, qui ne fait que renforcer le malaise ressenti par Frédéric.
Ma foi, c'est un roman que j'ai lu avec beaucoup de plaisir, notamment car Bernard Du Boucheron a un style d'écriture vraiment singulier : on est comme accroché par ce qu'on lit, alors que tout ce qui est énoncé l'est fait de manière plutôt froide et distante, ce qui a a priori tendance à rebuter le lecteur... Un paradoxe somme toute très intéressant !
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Ce sont les illustrations de Nicole Claveloux qui m'ont attirée vers ce livre. je les trouve magnifiques. Et puis l'humour, la fantaisie, les situations déjantées ou cruelles du texte m'ont séduites. Au final un conte de bonne facture sauf la fin qui me parait trop abrupte et un peu bâclée.
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