de retour en Algérie après y avoir effectué ses premières années de médecin il y a 20 ans, Frédéric découvre un pays qui a fortement changé avec l'arrivée de la décolonisation. Ce retour dans un pays qu'il avait quitté brutalement du fait des tensions de plus en plus fortes entre le peuple algérien et les colons français va se transformer en une réminiscence tout aussi brutale des souvenirs qu'il garde de son premier voyage, et des trois femmes qui auront compté pour le jeune homme pendant ce voyage...
Bernard du Boucheron met en exergue une situation problématique vécue par nombre de français qui sont arrivés en Algérie peu de temps avant que le pays ne se révolte totalement contre le colonisateur : le sentiment qu'un climat de haine viscérale contre la France règne, et que tout est justement sur le point d'exploser. Ainsi, lorsque Frédéric se remémore cette situation, la tension est on ne peut plus palpable dans la façon même de transcrire ses souvenirs. L'écriture est sèche, brutale afin de mieux faire sentir le malaise que ressent ce jeune homme de 20 ans, tout juste diplômé de médecine et envoyé en Algérie pour "faire ses classes", à la vue du désastre qui se profile. Ce qui importe également dans ce roman, c'est la présentation de l'Algérie avant décolonisation, autant le pays en soi que ses habitants. de nombreuses descriptions donnent à voir un univers à la fois chaud et oppressant, accueillant et hostile, qui ne fait que renforcer le malaise ressenti par Frédéric.
Ma foi, c'est un roman que j'ai lu avec beaucoup de plaisir, notamment car
Bernard du Boucheron a un style d'écriture vraiment singulier : on est comme accroché par ce qu'on lit, alors que tout ce qui est énoncé l'est fait de manière plutôt froide et distante, ce qui a a priori tendance à rebuter le lecteur... Un paradoxe somme toute très intéressant !