Bertold Ulsamer

Le sourire [...] un signe important. [...] ...de tels signes involontaires ne constituent que très rarement des réactions personnelles des représentants. Tous les signaux doivent être pris au sérieux, surtout s'il ne s'agit plus du premier placement et que la phase initiale du séminaire est passée.
Grâce à ces signaux pris au sérieux, le placeur accède à des informations supplémentaires; Dans une situation de tension et d'agressivité, un sourire est souvent considéré comme une marque d'arrogance. En fait, il signifie ; "Je refuse d'entrer dans le combat. De toute façon, je suis supérieure à toi."Une intervention simple, également pratiquée en Gestalt, consiste à porter l'attention sur le signal en question en le renforçant même. Alors qu'en Gestalt, l'objectif est plutôt de permettre une décharge émotionnelle, il s'agit, dans un placement, d'entrer en contact avec les émotions véhiculées par le signal. 

La première personne à laquelle nous transférons notre image parentale est notre conjoint. Le regard transfiguré avec lequel se contemplent les amoureux exprime la conviction infantile d'avoir enfin trouvé celle ou celui qui nous comprendra et nous aimera jusqu'à la fin de nos jours en assouvissant tous nos désirs.

Ceux qui participent pour la première fois à un placement en sont étonnés. Comment les représentants peuvent-ils avoir de telles sensations, de telles réactions ? Tout ceci est-il authentique ? N'est-ce pas plutôt l'imagination des représentants qui se manifeste ? Ou une comédie bien sympathique ? D'ailleurs, les représentants, dans leurs perceptions, ne sont pas toujours gentils ou prévisibles.
Une femme fait un placement ; entre autres, elle place les représentants de sa grand-mère et du premier mari de celle-ci, disparu pendant la guerre? Les deux représentants se regardent. Je propose à la grand-mère de prononcer la phrase suivante : "Ce fut dur pour moi quand tu es mort à la guerre." La grand-mère regarde son mari. Puis, spontanément, elle lui dit  "Non, j'étais heureuse."

[Hellinger] "Je voudrais ajouter quelques réflexions sur le placement; En fait, il s'agit d'une méthode très simple. Vous choisissez quelques personnes, vous les placez et vous découvrez l'ordre. C'est un instrument très puissant. Il faut y recourir avec crainte et respect. Il est très facile d'échouer , par exemple, si vous ne découvrez pas le lieu de l'intrication et que vous attribuez à tort quelque chose à quelqu'un. Le thérapeute peut provoquer de graves dommages s'in l'est pas en accord avec le champ qui se manifeste.

Le fait d'enjoindre au représentant de quitter son rôle constitue la sommation la plus importante du placement. C'est ici que se manifeste l'importance des responsabilités du thérapeute. Certains représentants sont à tel point pris par leur rôle que le placeur a toutes les peines à les en sortir. Dans de rares cas, même des représentants expérimentés sont irrésistiblement investis par l'énergie du champ et incapables d'en sortir. C'est là qu'interviennent la responsabilité et l'intervention du thérapeute.

Au cours d'un placement, nous rencontrons le phénomène suivant : les représentants ont accès à un savoir que ne possèdent que les personnes concernées, à savoir les membres de la famille représentée. En d'autres termes, les représentants perçoivent les sentiments et les liens relationnels d'inconnus qu'ils représentent. Ce phénomène constitue le principal fondement du placement de famille, sans lequel ce travail serait impossible à réaliser.

... les clients confirment systématiquement la véracité de ce qu'expriment les représentants. "Dans ma famille, c'est exactement ainsi", ne cessent-ils de repérer. Il arrive même  qu'un représentant prononce des phrases souvent utilisées par la personne qu'il représente, adopte son attitude corporelle ou manifeste les symptômes de sa maladie alors qu'elle n'avait pas été mentionnée au préalable.

[Hellinger] "Dans les cas de boulimie, nous observons différents dynamiques. La boulimie peut résulter du fait que la mère dit aux enfants  "Tout ce qui vient de votre père ne vaut rien ; n'acceptez que ce qui vient de moi." Alors, l'enfant prend de sa mère et, par respect pour son père, il le recrache. Voilà l'une des dynamiques de la boulimie ; elle se guérit quand l'enfant prend de ses deux parents, en particulier du père. Il arrive très souvent que l'anorexie se transforme en boulimie. La dynamique est alors différente? L'anorexie signifie "je veux mourir". Et manger signifie "je veux vire". La patiente boulimique qui mange dit en fait ; "Je veux vivre." Lorsqu'elle vomit, elle dit : "Je veux mourir." Vomir est donc une continuation de l'anorexie; Pour la personne boulimique, la solution serait de dire tout simplement : "Je reste." Et les parents, par exemple le père, dut lui aussi ; "Je reste."

L'emploi de la première personne
Afin de l'inciter à assumer lui-même sa propre responsabilité, il est souvent utile de reformuler certaines phrases par lesquelles un représentant peut vouloir accuser un tiers."Je me sens blessé par toi" au lieu de : "Tu me blesses.""Je me sens écrasé par toi" au lieu de "Tu m'écrases."

Les enfants sont toujours fidèles à leurs parents et à leur famille
Le lien fort qui unit les enfants à leurs parents peut s'exprimer par le fait que l'enfant contracte parfois la même maladie que ses parents ou un autre membre important de sa famille. La loyauté de l'enfant le pousse à prendre sur lui-même la maladie.