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Citations de Blandine Rinkel (210)


Le retard culturel est un ogre, jamais rassasié, l’un de ces sacs sans fond qui se révèlent plus vides à mesure qu’on les remplit.
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Elle habite une commune neutre, en bordure de Nantes, une commune où le ciel a souvent la même teinte que le goudron.
( p 25)
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A bien y regarder, le bureau de Jeanine est le paysage d'une confiance en soi dévastée mais, si je le sentais, longtemps je n'en sus rien.
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Toutefois, si Jeanine trouve du plaisir à moquer l'hypocrisie des religions officielles, du culte communautaire, elle ne respecte rien tant qu'un croyant miséricordieux, individuel et pieux.
(p. 118)
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Dans 'Notes to self', Emilie Pine raconte qu'un homme ayant abusé d'elle le justifiera plus tard en lui disant : "C'est à cause de ces ondes que tu renvoyais." Puis elle ajoute avoir pleuré, des années plus tard en comprenant "que ces ondes qu'elle renvoyait, c'était seulement d'être jeune, vulnérable et femme".
(p. 14-15)
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M’endormant alors, mes yeux retournés sous leurs paupières, je songeais qu’on ne répondait pas à la violence par la violence, ou plutôt qu’on ne répondait pas à la violence par la même violence, mais par une autre, oui, sans doute ; une violence masquée, plus sourde peut-être, non pas moins sournoise, mais pas moins active – non pas moins radicale. Oui, comme Virginia Woolf parlait de sa chambre, il fallait, quand on était confronté à plus puissant, à plus cruel, à plus bestial que soi-même, il fallait se trouver une violence à soi. 
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Chère incertitude, savoir que tu existes — sans bruits, sans flash — me rassure. Je t'entends dans la musique, je te retrouve dans les films, les séries, je discute avec toi quand je lis un livre. Ta présence m'aide à vivre mieux. Et je crois que nous sommes bien plus nombreux qu'il n'y paraît à réclamer ta présence dans nos vies. C'est l'incertitude qui nous charme, tout devient merveilleux dans la brume.
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Pour dire la disparition d'un enfant, il n'y a pas de mot. Dans les langues européennes, du moins, il n'y a aucun mot. Celui qui perd ses parents est orphelin, celui qui perd son épouse est veuf, mais celui qui perd ses enfants n'est rien. Le mot existait par le passé, quand les morts infantiles étaient courantes, et qu'il fallait mettre au monde des enfants pour espérer que deux ou trois d'entre eux survivent. Depuis, la mort des enfants est devenue rare, inimaginable, et pour ne pas concevoir cette chose, sans doute, on a supprimé le terme.
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Je ne sais pas comment mieux résumer la qualité de ma relation avec Raphaël que par cette anecdote : il fut celui qui m’autorisait à avouer, dans un sourire pudique, que parfois j’avais mal.
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Quand je pense à nous,je pense à des braises. Ça crépite, mais on ne sait pas comment ça prendra.
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La mise en branle de l’imposture, c’est une tâche indélébile qu’on étale de plus belle en espérant la résorber. Et l’imposteur ajoute en permanence, de l’eau au moulin de son propre naufrage. p. 157
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Tu ne lui parlas pas tout de suite. Puis quand tu lui parlas, près de la machine à café-, elle y commandait un thé au citron- choix audacieux- tu n'eus pas le temps de bien le faire. Trois mots sur la disparition progressive des touillettes, une gêne partagée, puis sans rien dire, elle disparut. Tu enregistras néanmoins sa silhouette au nombre de celles qui, quand on les croise, font sens- tu ignorais lequel.
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Si proches que vous ayez pu l'être, vous ne l'avez jamais été que sous ce mode instable. Une complicité d'ectoplasmes. Entre vous, ni exigences ni promesses. Elle ne t'en voulait pas d'ignorer ses absences, de ne pas les interroger. Tu ne lui reprochais pas d'ignorer tes cernes, de les taire.
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De retour dans sa cuisine, le soir, ma mère feuilleta son numéro de « Marianne, Pourquoi les religions les rendent fous ? » avec un peu plus d’ironie qu’à l’accoutumée, avala nerveusement deux yahourts qu’elle regretterait, puis, dans son lit, avant que Morphée ne l’étreigne,se surprit à adresser à Adarsh une petite (oh toute petite !) prière.
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Un dernier mot sur le mérite et la confiance : depuis que j’écris ces pages s’accroît ma toute banale conviction que chaque vie, même et surtout la plus anodine en apparence, vaut d’être écrite et pensée ; chacun de ceux qui ont honnêtement traversé ce monde est digne qu’on lui construise, à tout le moins rétrospectivement, une destinée, et non seulement car celle-ci confère du poids aux gestes, mais aussi parce qu’elle renseigne sur la manière dont chacun, mis en confiance, peut être aimé. Il nous faudrait écrire un livre sur chacun de nos proches, pour apprendre, au gré des pages, combien, comment, nous les aimons.
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Parfois, au fond de vous, vous changez peut-être aussi d'opinion. Et ce n'est pas une honte. C'est tout à votre honneur : vous pensez.
Vous êtes vivant.
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Oser prendre le risque de comprendre l'ennemi.
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[ mère & fille ado ]
Nos disputes n'éclataient jamais frontalement qu'à ces endroits-là [hypermarchés], dissensus quant au lieu où se situe la liberté : pour Jeanine [la mère], c'était celle de dépenser, pour moi, celle de n'y être pas sommée.
(p. 53)
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Tandis qu’il se lamentait au pied de mon lit, je décelai en Gérard un
homme faible, un ivrogne occasionnel qui cachait ses lèvres violacées
derrière des poils humides. Comme cela, combien de morts ? Et surtout –
car par-delà le crime, intuitivement, c’est ça qui me glaçait – comme cela
combien de fuites et de détournements du regard ?
Après cette discussion, notre dialogue n’aurait d’autre réalité que lui-
même, comme les visions enfiévrées qu’ont parfois les saints, après cette
discussion, cette révélation de Gérard serait mon secret. Pas mon trésor,
mais ma plaie. Une plaie sale.
Ma candeur prit fin le soir où mon père se mit à me répugner. Tandis
qu’il geignait à mes pieds, je me mis à compter les secondes qui me
séparaient du moment où Annie remonterait de sa buanderie et, ouvrant ma
chambre pour s’assurer que j’étais bien couchée, tomberait non seulement
sur mon père, mais sur sa bassesse, celle qu’il me confiait en ce moment
même et qui, je le pressentais, me collerait longtemps à la peau. Je me
souviens d’avoir compté les secondes en fixant les poils sur les lèvres de
mon père. J’attendais là, immobile, que ma mère tombe sur Gérard et, avec
les restes de ma petite enfance, qu’elle emporte avec elle l’image de ce
corps veule.
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Ces accents outrés, comiques de n’être pas tout à fait maîtrisés,
paraissaient être une technique pour désamorcer les choses graves par plus
de gravité encore, une gravité excessive, qui ne pouvait plus qu’être risible
– un moyen de mettre de l’humour dans la douleur. Le seul humour dont il
ait jamais été capable : un rire tragique, interdit, plus noir que noir.
Quand j’y repense – et, parce que je porte aujourd’hui une boursouflure
rose au pied droit en souvenir de l’épisode, mon métier de danseuse m’y
fait repenser souvent –, une part de moi se glace au souvenir de l’accent
russe. Une autre sourit. Les deux ont leur raison. L’une est-elle plus juste
que l’autre ? Est-ce qu’une partie de ma mémoire est coupable de
sympathiser avec mon propre père tandis que la seconde serait innocente,
victime du même homme ? Suis-je à la fois un traître et un soldat ?
L’empathie à l’égard du crime est-elle elle-même un crime ?
Suis-je coupable d’être la fille de mon père ?
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