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Citations de Boris Cyrulnik (2335)


A la fin de sa vie, une personne sur deux aura subi un événement qualifiable de traumatisme, une violence qui l'aura poussée à côtoyer la mort. Une personne sur quatre aura été confrontée à plusieurs événements délabrants. Une personne sur dix ne parviendra pas à se débarrasser de son psychotraumatisme. Ce qui revient à dire que les autres, en se débattant et en s'engageant, seront parvenues à recoudre leur personnalité déchirée et à reprendre place dans l'aventure humaine.
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Ces coups-là sont presque toujours portés sans témoins : "Je regrette que tu ne sois pas mort le jour de ta naissance... le médecin aurait mieux fait de rater ta réanimation... j'aurais préféré que ce soit toi qui meure et non pas ton petit frère", ne sont pas des phrases rares. Prononcées dans l'intimité, l'effet correctif de l'entourage n'a pas été possible : "Tu exagères... Maman est énervée..." Alors l'enfant vit avec cette phrase dans sa mémoire et la colle au moindre événement quotidien.
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Les enfants maltraités physiquement acquièrent une intensité émotionnelle qu'à l'adolescence, ils auront du mal à maîtriser. Mais ils conservent un élan vers les autres qui plus tard les aidera à se socialiser. Les enfants maltraités verbalement fournissent la population des humiliés, de ceux dont l'estime de soi est écrasée. Mais c'est parmi eux qu'on trouve le plus de résiliences imaginaires, mythiques ou héroïques. Les enfants négligés sont les plus abîmés. C'est eux qui mettent en place le moins de défenses constructives. Sauf quand l'interaction reste encore possible avec un adulte négligent mais infantile, envers qui le petit résilient pourra tenter la stratégie de l'adultisme.
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Toute notre existence, nous nous engageons dans les événements avec le capital que notre histoire a imprégné en nous. Quand on accompagne pendant des décennies des enfants maltraités, on observe qu'ils s'engagent dans leur première rencontre amoureuse avec tout ce que leur passé leur a appris de douloureux mais aussi de défenses constructives.
Dans l'ensemble, les enfants maltraités acquièrent une grande vulnérabilité à toute perte affective parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'apprendre à garder l'espoir d'être aimés, ni la possibilité de se faire consoler. Ils se mettent en sécurité en évitant d'aimer, puis sont bien tristes de ne pouvoir aimer. Ils souffrent moins, c'est tout. Dans cette population d'attachements évitants, quelques sous-groupes s'individualisent. Un groupe de soixante-deux enfants maltraités a été suivi à la crèche, à l'école, puis dans leur institution d'accueil. A peu près un tiers de ces enfants avaient été violentés physiquement. A la crèche, après une courte période de périphérisation où ils ont eu du mal à entrer dans le groupe, ils ont finalement pris leur place de manière très présente, parfois un peu agressive. Les enfants violentés verbalement ont eu plus de mal à s'intégrer. Ils sont restés longtemps inhibés et désorganisés, n'établissant pas d'interactions avec leurs compagnons ou répondant de manière déroutante, non décodable. Ce comportement acquis à la maison, puis exprimé à la crèche et à l'école diminuait leurs chances de rencontrer un petit compagnon qui aurait eu l'effet d'un tuteur de résilience.
Les enfants négligés ont constitué le troisième groupe. Pour des raisons parentales variables (mère très jeune, très pauvre et terriblement seule), ces enfants se sont retrouvés dans une situation analogue à celle des isolements sensoriels en éthologie : pas de contact, pas de mimiques, pas de mots, pas de jeux, un minimum de soins rapides, silencieux, automatiques. C'est cette population qui a été la plus altérée. Jusqu'à l'âge de 6 ans, ils présentaient beaucoup de comportements de retrait, une glaciation affective, pas de jeux, pas de créativité, de nombreux gestes d'insécurité (protection de la tête en levant les bras au moindre bruit), ralentissement marqué des gestes et des mots, passivité face aux petites agressions des compagnons. C'est "la négligence parentale qui semble (...) avoir les conséquences les plus désastreuses sur le développement socio-émotionnel de l'enfant et sur son développement cognitif". A noter pourtant une petite braise de résilience : c'est dans ce groupe, que nous avons observé quelques scénarios adultistes, comme si ces enfants négligés avaient tenté de préserver un lien en prenant soin du parent maltraitant.
Il est donc possible que la forme de maltraitance organise autour de l'enfant un environnement sensoriel qui tutorise préférentiellement un type de trouble et un type de résilience.
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Notre soif de héros révèle nos points faibles que ces personnages compensent quand nous les admirons. Les enfants fracassés ont besoin de héros, ces délégués narcissiques qui plantent en eux l'espoir d'une identification réparatrice. Ca marche comme marchent les images de parents : dans l'enfance, on les vénère, à l'adolescence on les critique et, à l'âge adulte, on s'en différencie en reconnaissant leur héritage. Ce qui veut dire que tous les enfants ont besoin de héros puisqu'ils se sentent faibles. Ces personnages de théâtre ou de bande dessinées mettent en scène leurs désirs compensateurs : "Un jour, je serai fort comme lui." Ce qui veut dire aussi qu'une société fracassée ne propose pas à ses enfants le même type de héros qu'une société paisible.
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La rêverie est une défense qui protège de l'horreur du réel en créant un monde intime et chaleureux lorsque le monde externe est glacé et douloureux. Quand la fiction parvient à agir sur les faits, le réel en est poétisé, mais quand on se coupe trop du réel, la rêverie peut devenir un délire logique ou une mythomanie.
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Le chemin de l'homme normal n'est pas dépourvu d'épreuves : il se cogne aux cailloux, s'égratigne aux ronces. Il hésite aux passages dangereux et, finalement, chemine quand même! Le chemin du traumatisé, lui, est brisé. Il y a un trou, un effondrement qui mène au précipice. Quand le blessé s'arrête et revient sur son parcours, il se constitue prisonnier de son passé, fondamentaliste, vengeur ou soumis à la proximité du précipice. Le résilient, lui, après s'être arrêté, reprend son cheminement latéral. Il doit se frayer une nouvelle piste avec, dans sa mémoire, le bord du ravin. Le promeneur normal peut devenir créatif, alors que le résilient, lui, y est contraint.
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Personne ne pouvait deviner que c'était un fantôme. Elle était trop jolie pour ça, trop douce, rayonnante. Une apparition n'a pas de chaleur, c'est un drap froid, un tissu, une ombre inquiétante. Elle, elle nous ravissait. On aurait dû se méfier. Quel pouvoir avait-elle pour tant nous charmer, nous saisir et nous emporter pour notre plus grand bonheur? Nous étions piégés, au point de ne pas comprendre qu'elle était morte depuis longtemps.
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Un débat citoyen devrait avoir lieu pour redéfinir ce qu'est un parent et revoir dans notre droit les modes d'établissement de la filiation. Un groupe d'experts présidé par Irène Théry en 2013 proposait de souligner que devenir parents n'est jamais un donné mais un engagement et que celui-ci pouvait prendre trois formes : avoir fait l'enfant, avoir adopté l'enfant, et l'avoir engendré avec un tiers donneur, forme pour laquelle il faudrait instituer en droit une déclaration commune anticipée de filiation qui lierait le parent procréateur et son conjoint qui ne procrée pas, engagement solennel, inconditionnel et indissoluble comme l'est la filiation aujourd'hui.
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Aujourd'hui, père de quatre enfants, ce n'est pas la maltraitance qu'il répète.Bien au contraire ,ses rencontres avec des personnages signifiants ont transformé la flammèche affective en amour constant.Devenu apiculteur, il est bouleversé par les tordus, les cassés,et les handicapés qui lui donnent des leçons de courage Depuis, il se sert de son existence fracassée pour expliquer à tous les enfants, et surtout aux blessés, que l'amour et le pardon sont les ingrédients de sa résilience. "Je témoigne qu'il n'y a pas de blessures qui ne puissent être lentement cicatrisée par l'amour ."
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C'est à partir de la Seconde Guerre mondiale,et surtout à propos des enfants survivants de la Shoah qu'on a commencé à décrire les troubles attribuables aux persécutions et aux privations affectives. Le concept de " carence affective"a été vivement combattu par les féministes des années 1940. La grande anthropologue Margaret Mead notamment avait soutenu que les enfants n'avaient pas besoin d'affection pour se développer et que les descriptions cliniques de René Spitz et John Bowlby correspondent en fait au désir des hommes d'empêcher les femmes de travailler. Pour avoir une telle position en 1948 , il fallait s'appliquer à ne pas lire les travaux d'Anna Freud, Dorothy Birmingham, qui allaient être suivis par ceux de Myriam David, Geneviève Appel,Mary Ainsworth et beaucoup d'autres femmes qui ont réalisé exactement les mêmes descriptions comportementales et les mêmes prises en charge psychologiques.Aujourd'hui, cette critique n'a plus aucun sens.
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Guider un enfant, c’est lui donner des indications mais nous ne pouvons pas avancer pour lui. Nous donnons des appuis, aménageons l’espace, proposons du matériel et des activités qui soutiennent les expériences corporelles de l’enfant. L’enfant doit être acteur de son développement pour retrouver le chemin par lui-même. L’observation sera notre outil principal dans cet accompagnement.
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Accompagner signifie être avec, à côté, à la bonne distance pour la personne accompagnée ; soit ni devant pour tirer, ni derrière pour pousser. Il faut donc trouver un équilibre entre « absence » et « présence « ; entre «  passivité abandonnique » et « implication contrôlante ». Ces extrêmes sont peu propices au bon développement psychomoteur. Chaque individu a besoin d’une certaine liberté pour agir et s’exprimer mais aussi besoin de points de repères stables pour avoir la sécurité affective nécessaire à son bon développement.
Ainsi, accompagner le bébé se traduit dans la capacité de l’adulte de l’accepter où il en est de son développement et à ajuster son intervention en fonction. De fait, il évitera les situations et interventions qui provoqueraient des acquisitions que le tout-petit n’est pas prêt à faire.
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On est loin de la pensée binaire qui étudie un corps sans l’influence du milieu, et une âme sans amarres matérielles ou sociales.
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Les êtres humains ne sont pas séparables de leur milieu, comme nous fait croire un individualisme simplificateur. Leur corps est un carrefour de pressions écologiques et leur âme un carrefour de récits.
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Un organisme qui a été agressé au cours de son développement précoce a acquis une vulnérabilité qui l’entraîne à moins se défendre. Pourrait-on dire qu’il a appris à perdre espoir ?
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Les personnes les plus touchées par cette immense violence politique sont les enfants.Des millions d'orphelins, deux millions de morts,cinq millions de handicapés,dix millions de traumatisés, deux ou trois cent millions d'enfants qui apprennent que la violence est un mode de relation humaines!
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Le bonheur des vallées n'existe qu'en s'associant avec celui des sommets. L'un sans l'autre n'est que malheur. Quand le bonheur facile nous mène à la nausée, nous aspirons à la pureté des bonheurs difficiles. Mais dès que le bonheur de triompher du malheur nous mène à l'épuisement physique et à l'usure de l'âme, nous éprouvons soudain le plaisir de régresser. Alors, entre deux malheurs, nous connaissons le bonheur.
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Boris Cyrulnik. - Les conditions réelles d'existence d'un individu ont rarement à voir avec le sentiment de dépression. On peut avoir tous les signes du bien- être - emploi et famille stables - et déprimer. Et, à l'inverse, on peut vivre dans des conditions matérielles très difficiles et ne pas déprimer. Il n'y a pas de causalité directe de l'un à l'autre. On peut avoir un sentiment de tristesse et de dépression provoqué par une représentation coupée du réel.
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Tzvetan Todorov. - Très souvent, ces jeunes qui s'égarent dans le djihad cherchent un sens à donnerà leur vie, car ils ont l'impression que la vie autour d'eux n'a pas de finalité. S'ajoute à leurs échecs scolaires et professionnels le manque de cadre insitutionnel et spirituel.
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