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Citations de Brian Evenson (101)


Tous les lieux sont un même lieu, commença-t-il à penser.
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L'acier des murs était caché en grande partie par les sécrétions glissantes et humides que Kramm avait vues si souvent déjà, qui indiquaient les débuts d'une ruche alien. La surface en était irrégulière et tortueuse, comme celle d'un cauchemar en gestation : les formes sinueuses et noueuses suggéraient des organismes commençant à peine à se dissoudre ou peut-être à peine à se fendre. Une obscurité sans couleur, une couleur sans forme, une forme sans corps.
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Vous savez ce que c'est d'être curieux, monsieur Kramm? De vouloir savoir quelque chose à tout prix? C'est un sentiment terrible, une espèce de mort lente. Ca vous ronge de l'intérieur. Bien vite, vous ne pensez plus qu'à ça. Si vous n'y faites pas attention, vous en arrivez à un point où vous donneriez pour ainsi dire n'importe quoi pour savoir.
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On ne parle pas d'Aliens, ici, mais d'humains. Les Aliens opèrent toujours d'une manière à peu près prévisible. Les humains, c'est rarement le cas.
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Elle est peut-être morte, se dit-il, plein d'espoir.
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Alors qu'il gisait par terre en se tenant le côté, attendant qu'elle appelle l'ambulance, il avait déjà commencé à lui pardonner, à se dire que d'une certaine manière, en y réfléchissant bien, si elle l'avait poignardé, c'était de sa faute. Et elle n'avait pas vraiment voulu lui faire du mal - si elle avait vraiment voulu lui faire du mal, elle aurait pris le couteau de boucher.
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Je ne peux m'empêcher de me demander si je connais l'homme qui a été torturé. Pourquoi iraient-ils me menacer de torturer un inconnu? Pourtant, si je le connaissais, pourquoi omettraient-ils de m'informer de son identité? Si c'était mon père qu'ils torturaient, ou mon frère, ou encore un ami, ne serait-ce pas plus efficace que le simple fait de savoir qu'ils torturent un anonyme en mon nom?
On pourrait le penser, mais en réalité, ce n'est pas le cas. C'est pire pour moi de ne pas savoir qui est cet homme -ne pas savoir si je le connais, ne pas savoir si la punition est arbitraire - que d'être certain que c'est un de mes proches. Si c'est quelqu'un qui a été choisi au hasard, que l'on fait souffrir sans raison, alors nous sommes tous condamnés et cet endroit n'en est que plus terrifiant.
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C'est le même homme qui a dit à une de mes patientes battue par son mari que " la chose la plus importante, c'est que la famille reste unie ", convaincant la femme de retirer sa plainte et d'oublier que les coups avaient jamais existé puisque le mari avait promis de ne jamais recommencer. Maintenant elle est morte.
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Les hommes pour lui sont réels, tandis que la valeur des femmes semble venir dans leur relation secondaire aux hommes - les femmes, pour les hommes comme Fochs, ne sont pas des individus : elles sont des épouses, des mères, des filles.
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Le recteur voulait la voir excommuniée car elle avait écrit publiquement ce que Fochs appelait " l'opinion impensable" selon laquelle l'Esprit-Saint, troisième membre de la divinité, était peut-être une femme.
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La curiosité est vraiment quelque chose d'affreux, songeait-il. Comment peut-on s'empêcher d'avoir envie de savoir?
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- Deux hommes m'ont enlevé. Ensuite, la situation est devenue bizarre. J'avais l'intention de revenir plus tôt. C'est le loyer qui vous tracasse?
Mais le gardien levait les bras, comme pour se défendre de coups éventuels. " Non, je voulais parler de votre bras, protesta-t-il.
- Oh. Je l'ai perdu."
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" Ne vous inquiétez pas, camarade Kline, dit-il. Il faut bien que les os viennent de quelque part. Ceux-ci viennent de vous, c'est tout." Il tendit la main et souleva délicatement les os, les plaça dans le coffret, referma le couvercle. "Ils vivent leur propre vie désormais, camarade Kline."
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- Qui est soit mort, soit vivant.
- Exactement.
- ça fait une sacrée différence, dit Gous. C'est ce que nous comptons bien découvrir.
- Quoi? Fit Ramse.
- Ça, répondit Gous.
- Quoi? Dit Ramse, en regardant autour de lui. Qu'est-ce qui se passe?
- Exactement, intervint Kline. C'est ce que je voudrais savoir.
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De toute évidence, vous êtes votre pire ennemi, monsieur Kline.
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Ils se turent un moment. Le problème avec la foi, pensa Horkaï, c’est qu’on ne peut pas en discuter. Même problème concéda-t-il, pour l’absence de foi.
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Petit matin et de nouveau réveillé et après un instant de panique soulagé de constater qu’il était toujours lui-même, qu’il se rappelait toujours son nom. Horkaï, Josef. Ses doutes, ses cauchemars, tenus à distance, pour le moment.
Il reposait sur le lit étroit, les yeux rivés sur la luminescence du mur nu et décrépit qui révélait par endroits son armature de fer sombre. À quoi avait servi cette pièce ? Un grand débarras, peut-être, ou un petit bureau. Quelle heure était-il ? Difficile à dire, sous cette lumière artificielle? Il tendit le bras et passa ses doigts le long du mur ; quand il les ramena, ils étaient couverts d’une substance lumineuse. Un genre de bactérie ou de champignon phosphorescent.
Il se força à s’asseoir, puis fit pendre ses jambes inertes depuis le bord du lit. La pièce était meublée, à part son lit, d’une sorte de bureau de fortune: une étagère en métal attachée au mur à hauteur des hanches, une chaise glissée dessous. Il se dandina vers le pied du lit, discerna dans l’éclairage blême un carnet et une tige de couleur sombre, peut-être un crayon. Il n’y avait rien d’autre dans la pièce, pas un seul livre.
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– Vous souvenez-vous pourquoi vous avez été stocké ? lui demanda Rasmus.
Horkaï ne se donna pas la peine de répondre. Rasmus déglutit. Il avait l’air nerveux, curieusement. Pourquoi ? se demanda Horkaï. Qu’est-ce qui m’échappe ?
– Manifestement, il y a quelque chose qui cloche en vous, dit Olaf.
– Vos jambes, par exemple, fit Oleg.
Rasmus hocha la tête.
– Le problème ne se limite pas à vos jambes, admit-il.
Il se passa la langue sur les lèvres.
– C’est mon père qui m’a tout expliqué, ajouta-t-il en détournant les yeux un instant. De plus, c’était il y a de nombreuses années, alors que j’étais très jeune. Si je me trompe sur certains détails, en voilà la cause.
– Entendu, dit Horkaï.
– À un moment donné, vous avez été exposé, continua Rasmus. Et pas qu’un peu, pas juste exposé brièvement comme nous l’avons été à l’instant. Selon Lammert, vous étiez assez proche pour que l’éclat lumineux traverse votre peau. Si proche en fait que vous auriez dû y rester.
– Mais vous n’êtes pas mort, dit Olaf.
– En tout cas pas complètement, ajouta Oleg.
– Silence, vous deux, interrompit Rasmus. C’est moi qui parle. Il s’est passé que vous avez perdu tous vos cheveux, jusqu’au dernier, continua Rasmus en se tournant vers Horkaï. Sur le flanc exposé à la déflagration, votre peau s’est trouvée complètement calcinée. Puis vous êtes resté au sol. Pendant combien de jours et de nuits, personne ne sait. Jusqu’à ce que quelqu’un vous découvre.
– Votre père, fit Horkaï, tout en pensant : Est-ce vraiment ce qui s’est passé ? Que s’est-il vraiment passé ?
Rasmus acquiesça.
– Lammert. Il vous a d’abord pris pour un cadavre, mais vous avez remué. Il portait une combinaison, mais il ne fallait pas qu’il s’attarde trop longtemps s’il tenait à sa vie. Pourtant vous gisiez à ses pieds, le corps à moitié carbonisé, exposé des jours durant, inconscient, et toujours en vie.
– Et après il…, commença Oleg.
– La ferme, Oleg, interrompit Rasmus, avant de se tourner de nouveau vers Horkaï. Il vous a relevé et vous a porté sur ses épaules, voilà ce qu’il a fait. Il vous a installé dans un centre de soin sécurisé – nous en disposions encore à l’époque, ajouta-t-il, à l’intention d’Oleg et Olaf. Il vous a mis sous perfusion et a attendu votre mort.
– Mais je ne suis pas mort.
– Pas exactement. Dans un certain sens, vous n’êtes pas mort. Mais dans un autre, vous êtes mort répétitivement. Votre trachée s’engorgeait souvent. Votre respiration devenait d’abord sifflante puis grasseyante et finissait par s’interrompre complètement. Parfois des heures durant, il faut croire. Puis, quelques minutes plus tard, quelques heures plus tard, vous crachiez soudain des caillots de sang et vous respiriez de nouveau. C’était un spectacle affreux, selon mon père. Comme si la mort s’amusait avec vous, vous tuait pour vous ramener ensuite à la vie. Il m’a souvent raconté comment il veillait sur vous, qu’une fois même il avait traîné votre carcasse dans le but de s’en débarrasser avant de se rendre compte, au beau milieu du hall, que vous n’étiez pas mort. Ça s’est prolongé comme ça pendant des jours et des jours, et après des semaines d’hésitation et de cafouillage à la frontière entre la vie et la mort, quelque chose en vous s’est transformé. Ça l’a affolé. Rapidement, votre peau ravagée a mué pour révéler une chair sous-jacente rose, glabre et sans imperfection aucune. Un jour ou deux plus tard, vous ouvriez les yeux et vous causiez, comme si de rien n’était.
Horkaï hocha la tête.
– Qu’est-ce que vous avez pensé ? demanda-t-il.
– Moi ? Je n’en ai rien pensé. je n’étais pas là. Je n’étais qu’un enfant.
– Qu’est-ce que votre père en a pensé ?
– Mon père a été surpris, répondit Rasmus.
Son débit donnait l’impression qu’il récitait une histoire par cœur.
– Il s’est dit que cette exposition prolongée avait dû vous endommager l’esprit, que dans le meilleur des cas, ç’avait dû vous griller le cerveau et vous rendre fou.
– Mais votre esprit était intact, dit Olaf.
– Vous alliez bien, admit Rasmus. Vous aviez l’air d’être en bonne forme.
Il fixa ses mains.
– Si c’était arrivé aujourd’hui plutôt qu’à l’époque, vous auriez été dans le pétrin. On vous aurait décapité ou brûlé. Mais mon père n’était pas superstitieux.
– On disposait d’explications, dit Olaf.
– La science peut tout expliquer, ajouta Oleg.
– Ou le pouvait, maugréa Rasmus. De nos jours, qui sait ? La science n’existe plus vraiment, en tout cas pas comme auparavant. Elle n’a pas été conçue pour notre monde mais pour celui d’avant.
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La sensation de revenir à la vie, mais pas complètement, une semi-vie peut-être. Une obscurité encore totale, à moins qu’un soupçon de lumière ne pointe à l’horizon. Des fragments sonores coincés entre l’oreille et le cerveau et dégelant lentement pour devenir des mots, s’égouttant lentement, sans qu’il soit possible de distinguer les paroles du présent de celles du passé, les choses imaginées de celles vraiment entendues. Le mot bouffer, ou alors couver. Clamser ou clamer, quelque chose dans le genre, difficile à dire lequel exactement, sinon aucun des deux. Clap ? Non, pas vraiment, mais clap déclenchait quand même quelque chose, était proche d’un autre terme. Happe ? Laps ?
Déjà les ténèbres se mouchetaient, mais rien de très net encore, des silhouettes ne tranchant pas assez avec le sol pour qu’on les distingue pleinement. Un écoulement, une sensation étrange, des intuitions de formes et de mouvements. Presque comme revivre.
Puis, soudain, des phrases. Vaseuses mais compréhensibles et dans le bon ordre – probablement vraies cette fois et pas imaginées. Ça :

– Bon, on va devoir l’utiliser, dans ce cas.
Une voix d’homme, rauque et forte.
– Vous pensez que c’est une bonne idée ?
Un autre homme, sans doute plus jeune. Une voix plus douce, en tout cas, plus calme.
– On a vraiment le choix ?
– Comment va-t-on gérer le problème ?
– Je vais trouver quelque chose.
– Mais quoi ?
Les voix s’assourdissaient, devenaient plus graves, commençaient à s’évanouir.
– Je ne sais pas.
Long silence.
– Je verrai bien. On fera au mieux.
– Alors, je le réveille ?
Une hésitation si longue que la conversation semblait terminée. Puis finalement :
– Oui, réveille-le.

Transition vers un bruit blanc. Sans doute le souvenir d’une discussion passée plutôt que des paroles vraiment entendues, mais à quelle époque ? Et qui parlait ? Est-ce qu’on parlait de lui ? S’ils parlaient de lui et que lui dormait, comment aurait-il pu les entendre ? Et sinon, pourquoi cette impression d’être au centre de la conversation ?
Bizarre, ce qui s’insinue dans le cerveau d’un mort, songea une partie de lui. Ou est-ce mon imagination ? se demanda une autre. Il se racontait des histoires, il faisait un rêve.
Et à qui je pense exactement quand je dis « il » ? se demanda-t-il. Pourquoi pas « je » ? À qui je pense ?
Puis une lumière éclata avec une telle force que, alors qu’il commençait juste à se retrouver, il se perdit de nouveau.
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Je ne comprends pas vraiment le fonctionnement de ce corps, mais c’est bon d’en avoir un à nouveau, même empoisonné, voire mourant, plutôt que d’être englouti dans ce demi-sommeil et cet oubli vaseux, relégué à l’arrière d’une tête. Maintenant que je suis revenu aux avants-postes, là, juste derrière les yeux, il n’y a rien qui puisse me repousser vers l’arrière de cette tête.
Me lever m’a demandé un certain effort, or même la douleur engendrée par cette action m’a paru neuve, et je l’ai volontiers acceptée – du moins dans un premier temps. La combinaison sentait mauvais là où il avait vomi – là où j’avais vomi, devrais-je sans doute dire. Une fois debout, j’ai désanglé sa visière et l’ai soulevée tant bien que mal, tremblotant, jusqu’à ce qu’elle se détache et libère le haut de sa tête, avant de se fracasser au sol. Le corps était malade et j’en étais encore à apprendre comment manipuler correctement les bras, rien de tout cela n’était donc facile. Avec du temps, j’ai réussi à m’extraire du reste de la combinaison pour finir adossé contre un mur, exténué et tremblant.
Après un moment, je suis parvenu à me déplacer jusqu’à un miroir pour m’y regarder. C’était bizarre de voir quelqu’un qui me ressemblait comme deux gouttes d’eau mais n’était pas moi. Pas vraiment moi. Bizarre de voir sur ce visage les signes de la lutte que se livraient toutes ces mimiques, celles qui pendant longtemps l’avaient contrôlé et celles qui me venaient plus naturellement. Mais la chair apprendra bientôt à se soumettre à moi. Les traits qui l’animaient étaient grosso modo identiques, puisque nous avions tous deux été conçus à partir du même matériau sur la même tablature, mais le corps était constellé d’autres marques, d’autres flétrissures et cicatrices. Sur la poitrine, en plein milieu, se trouvait un tache de naissance qui ne ressemblait à rien tant qu’à une main. Sur un poignet, un bras, une jambe, des étendues de peau étaient abîmées, la chair se détachant au moindre contact pour révéler une couche de derme plus sensible, mouchetée de pus et de sang, à l’odeur faisandée.
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