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Critiques de Caitlin Kittredge (42)
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Coffin Hill, tome 3

Ce tome est le dernier de la série et il apporte une conclusion à l'intrigue. Il faut donc avoir lu les 2 premiers avant. Il comprend les épisodes 15 à 20, initialement parus en 2015, écrits par Caitlin Kittredge, dessinés et encrés par Inaki Miranda (aidé à l'encrage par Ande Parks pour 3 pages de l'épisode 19, et 3 de l'épisode 20), avec une mise en couleurs réalisée par Eva de la Cruz. Les couvertures ont été réalisées par Dave Johnson. Le tome se termine avec une postface de 3 pages rédigée par Kittredge.



Il y a quelques de siècles de cela, la populace a pendu la sorcière Emma Coffin dans les bois proches de Coffin Hill, après qu'elle eut été dénoncée par sa propre fille Evelyne. L'esprit d'Emma est encore bien présent, et Eve Coffin a établi un contact avec elle ce qui lui a permis d'apprendre contre qui elle doit lutter. Eve Coffin reprend conscience assise sur une chaise, au chevet du lit d'hôpital de Nate Finn. Dans les bois de Coffin Hill, la police a découvert les ossements d'un cadavre. Leland Starr fait office de shérif par intérim et il accueille la policière Anabelle Wilcox sur les lieux de l'enquête. Le médecin légiste leur indique que la jeune femme a dû être enterrée à la fin des années 1950, ou au début des années 1960. Il leur remet un médaillon double, avec d'un côté une photographie de la victime et de l'autre celle d'une autre femme. Les 2 policiers se rendent au manoir des Coffin où Eve leur ouvre la porte. Leland Starr indique qu'il souhaite parler à sa mère Eleanor Coffin, et il se dirige droit vers elle qui est assise dans son fauteuil roulant.



Eleanor Coffin se montre particulièrement odieuse, et déclare ne pas se souvenir de la jeune femme dans le médaillon, l'autre photographie étant la sienne. Anabelle Wilcox interrompt la conversation dont le ton monte, en indiquant que Nate Finn vient de reprendre connaissance à l'hôpital. À l'automne 1970, à Coffin Hill, dans une maison de repos pour malades mentaux, Eleanor Coffin (la mère d'Eve) est en train de pratiquer un petit sort de sorcellerie (un peu de lévitation d'objets) sur son lit, quand arrive sa nouvelle compagne de chambre. Elle s'appelle Lorelei Smith, et Eleanor lui offre Sammy, sa poupée de chiffon, ce qui lui permet de lui toucher les doigts. À ce contact, les 2 jeunes femmes perçoivent des images de pendaison et de mutilation. Lorelei fait une crise d'épilepsie et doit être calmée par injection de produit. Au temps présent, Eve Coffin se rend au chevet de Nate Finn et lui demande ce dont il se souvient. Elle perçoit plusieurs esprits d'individus décédés de mort violente autour d'elle.



Dans la postface, Caitlin Kittredge confirme qu'elle a dû réduire la voilure et terminer son histoire en moins d'épisodes que prévu, faute de ventes suffisantes. Elle précise également qu'elle a été avertie suffisamment longtemps à l'avance pour pouvoir clore son récit d'une manière qui la satisfasse. Elle ajoute même qu'elle a conscience d'avoir eu la chance de pouvoir faire publier une histoire qui lui tenait tellement à cœur, pour partie autobiographique en ce qui concerne les épreuves personnelles (mais pas surnaturelles) traversées par Eve Coffin, d'autres auteurs n'ayant pas eu cette possibilité. Du point de vue de l'intrigue, le lecteur a droit à une fin en bonne et due forme, il reçoit la confirmation de qui tire les ficelles à Coffin Hill, de ce que sont devenus les individus ayant disparu dans les bois, de qui est derrière les possessions d'humains. Dans le même ordre d'idée, la scénariste mène à bien la relation entre Eve Coffin et sa mère Eleanor, et entre ses différentes relations, à commencer par Dina Wilcox. Le lecteur peut ressentir la part de d'implication émotionnelle de l'auteure, dans la place donnée à Eve, dans le fait qu'elle soit à l'origine de la résolution des manifestations surnaturelles létales engendrées par son ancêtre Emma Coffin.



Eve Coffin se retrouve dans une situation où elle n'a plus d'emploi, mais elle n'est pas dans le besoin pour autant. Elle peut donc toute entière se consacrer à se battre contre la malfaisance de son aïeule. Pour autant, le lecteur ne plonge pas dans un récit égocentrique, enfermé dans un personnage entièrement focalisé sur lui-même. Caitlin Kittredge continue de développer d'autres personnages dans des scènes où son héroïne n'apparaît pas. Outre le fil narratif secondaire construit sur le tandem de Leland Starr & Anabelle Wilcox, il a le plaisir de retrouver Bianca Morelli, le temps d'une séquence. Au début de ce tome, il regrette qu'Eleanor Coffin soit confinée à son fauteuil roulant, et cantonnée au rôle de vieille femme acariâtre, au point d'en être caricaturale. Il apprécie d'autant plus qu'elle dispose d'un fil narratif centré sur sa relation avec Lorelei Smith, se déroulant dans les années 1970, et venant étoffer son personnage par son histoire personnelle. Eleanor Coffin dépasse alors complètement le stade de dispositif narratif vaguement irritant, pour s'étoffer et devenir une personne à part entière. Cela a également pour effet de donner un autre point de vue sur le récit, de faire exister un autre personnage, avec ses propres failles et ses propres motivations. Le récit sort complètement d'une impression nombriliste pour devenir l'histoire de plusieurs personnes, attestant qu'Eve Coffin n'est pas refermée sur sa petite personne, mais qu'elle est capable d'empathie et de s'ouvrir aux autres. En outre, le dessinateur a su concevoir des apparences spécifiques pour chacun des personnages, avec une morphologie normale, et une forte personnalité graphique.



En consultant la page de garde, le lecteur a le plaisir de voir qu'Inaki Miranda a pu assurer la mise en image de l'intégralité de cette troisième partie. Il retrouve donc les caractéristiques marquées de ses dessins, à commencer par une utilisation généreuse des aplats de noir, avec des formes souvent arrondies, mais qui peuvent aussi se faire plus effilées et plus tranchantes. Les pages prennent alors du poids sous cette surface de noir, se chargeant d'une noirceur en phase avec les crimes du récit, ainsi que le surnaturel tapi dans les ombres. Cette utilisation large du noir permet également à l'artiste de faire surgir le surnaturel comme une émanation d'un élément graphique déjà présent dans les pages. Ainsi les tentacules qui surgissent du manoir des Coffin ne relèvent pas d'un cliché visuel, mais plus d'une expression naturelle d'une noirceur déjà contenue dans les murs et la façade.



Inaki Miranda continue d'évoluer en tant qu'artiste et le lecteur se rend compte que ses rendus de décors sont devenus plus organiques. Il a conservé l'utilisation d'un logiciel de modélisation 3D pour quelques bâtiments. Il utilise un encrage beaucoup plus gras et allongé pour les arbres de la forêt. Il joue sur la variation d'épaisseur des traits de contour pour donner un peu plus de relief aux autres éléments de décors. De ce fait, le lecteur projette son regard dans des environnements plus organiques. Miranda a également conserver son habitude de construire une page ou deux en dans un sens qui nécessite de tourner le comics d'un quart de tour pour pouvoir le lire. Il tire alors parti de la largeur plus grande de la page, et d'un déroulé sur 2 pages qui se retrouvent l'une en dessous de l'autre, et plus l'une en vis-à-vis de l'autre. Régulièrement, le lecteur arrête un instant sa lecture pour apprécier un visuel marquant : le regard toujours aussi déstabilisant d'Eve Coffin avec un œil mort, un corbeau en train de picorer l'œil d'une autre Coffin, l'apparition de spectres ensanglantés, un enfant aux habits tâchés de sang bondissant d'un placard un tranchoir à la main, Emma Coffin avançant dans une mer de sang, les murs du manoir des Coffin prenant une texture de chair ensanglantée, les tentacules surgissant du manoir, une bibliothécaire mortelle, etc. Grâce à Inaki Miranda, le récit comporte une dimension morbide réellement spectaculaire.



Le lecteur découvre donc l'intrigue en bénéficiant de dessins immersifs établissant une atmosphère inquiétante à souhait. Alors même que Caitlin Kittredge indique dans sa postface qu'elle a intentionnellement construit un scénario labyrinthique, le lecteur ne s'y perd pas et prend plaisir à découvrir progressivement et dans le désordre les différents morceaux du puzzle, car l'auteure a pris soin de construire des morceaux comportant leur propre récompense de lecture. Elle ne s'attarde pas trop sur la nature des pouvoirs de sorcière, aux contours assez flous, et pourtant le lecteur ressent que lesdits pouvoirs incarnent les sentiments négatifs des individus, leurs ressentiments, leurs traumatismes, ce qui donne de la substance au récit. Celui-ci peut être lu au premier degré comme un thriller horrifique bien ficelé. Il peut également être ressenti comme une forme de thérapie vis-à-vis de sentiments négatifs, d'épreuves difficiles à surmonter dans une vie.



Ce troisième tome ne déçoit pas et apporte une conclusion à une saison riche en frissons, en horreur et en visuels marquants. Inaki Miranda a évolué tout au long de la série, avec une capacité impressionnante à donner de la consistance aux personnages, aux différents environnements, et aux manifestations surnaturelles, sans tomber dans les clichés visuels éculés. Cailin Kittredge a pris le pari risqué de ne pas tout expliquer dans l'ordre au lecteur en tissant un motif complexe de fils narratifs entremêlés, sans pour autant générer de la frustration. La postface vient expliciter la part biographique du récit qui lui donne une consistance ressentie à la lecture.
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Les ténèbres de Londres, tome 1 : Magie Urbaine

Pete était une jeune femme innocente, jusqu'à ce Jack, le petit ami de sa sœur, l'entraîne dans le monde magique. Des années après, Pete est devenue détective au Scotland Yard et travaille sur le kidnapping d'enfants. A la recherche d'une petite fille, elle va à la rencontre d'un informateur de la police, qui se révèle être... Jack. Mais il se révèle vraiment différent de l'image qu'elle en avait gardait. Il est accro à l'héroïne, à peine vivant, et vraiment très en colère de revoir Pete.

Pete et Jack, malgré le fait d'avoir réussi à retrouver la fillette, vont devoir collaborer car les disparitions n'ont pas cessé. La collaboration ne va pas être facile, car ce sont deux personnages qui ont un gros passé commun, deux caractères très forts. Jack Winter tente d'oublier ses maux dans la drogue, il lutte pour rester en vie et échapper à ses nombreux ennemis. De son côté, Pete a tenté pendant des années de refouler le souvenir de la prétendue mort de Jack et d'oublier qu'il existait un monde surnaturel.

(Suite de mon avis sur mon blog.)
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Les ténèbres de Londres, tome 2 : Le pacte du..

L'univers créé par l'auteure est toujours aussi sombre et oppressante : les mages, les esprits, les démons et autres évoluent autour de Jake et Pete. Jake a une manière particulière de tenir à sa relation avec Pete et en cela, découvrir le récit de son point de vue est vraiment un plus. Dans le volet précédent, il manquait ce petit quelque chose entre les personnages qui commence à se dessiner ici. Jake se sent vulnérable. Il n'est pas aussi sûr de lui qu'il le laissait apparaître dans Magie urbaine. Il n'est pas parfait. Il est......
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Lune de miel, lune de sang

Avec un titre comme « Lune de miel, Lune de Sang », il est logique de s'attendre à une anthologie de paranormal romance : eh bien non, râpé. Si, parmi les neuf nouvelles (d'une cinquantaine de pages chacune), certaines en sont bel et bien, la majorité ne font au mieux que frôler le genre. de quoi satisfaire plutôt les amateurs d'urban fantasy, donc. Si la branche la plus fleur bleue du lectorat risque fort d'être déçue, le recueil a donc le mérite de s'adresser à un public plus large.



Malheureusement, c'est inhérent aux anthologies, dedans, on trouve toujours du bon et du moins bon. En proportions variables, avec des différences de qualité plus ou moins prononcées... et celle-ci n'échappe pas à la règle. Si, globalement, le niveau des textes est plutôt bon, on a surtout méchamment l'impression que la majorité des auteurs ont oublié que les textes étaient destinés à un recueil. On se retrouve donc avec des spin-off de séries dont hélas très peu se suffisent à eux-mêmes. Parfois, le petit résumé en début d'histoire plante le contexte, mais on sent bien avoir affaire à une suite ou un bout d'autre chose, sans la moindre indication sur l'univers, aux côtés de personnages que l'on a l'impression de devoir connaître pour pouvoir en profiter.



Certains, pourtant, s'en tirent mieux que d'autres à ce petit jeu et, sans surprise, leurs nouvelles sont les meilleures du livre. « Heorot » et « Telle mère, telle fille » sont des enquêtes indépendantes tandis que l'excellente « Qui a peur de Sam Wulf ? » constitue une réelle histoire courte, qui plus est dotée d'une chouette ambiance.



Et les autres ? Au mieux, on débarque dans un train en marche et on se débrouille pour comprendre qui sont les persos (« Vacances à la romaine ou SPQ-aaargh », « Pour le pire », « Tu donnes ta langue au chat ? »), au pire, on reste tout simplement sur le bord de la route tant on y pige que dalle et que la narration, confuse, n'aide en rien (« Traque », « Mortelle lune de miel », « Les liens du coeur »).

Une confusion que l'on retrouve parfois dans les autres au point de ne pas toujours réussir à suivre ce qui se passe, mais qui rend ces trois-là particulièrement pénibles à lire.



Au moins, entre loups-garous, monstres du marais, fantômes, enquêteurs du paranormal ou pirate maudit, il n'y a aucune redondance entre les textes.



Un recueil à conseiller plutôt aux mordus (haha) d'urban fantasy familiers avec les auteurs présentés, qui n'a finalement rien du one-shot comme lequel il est présenté.
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Les ténèbres de Londres, tome 1 : Magie Urbaine

Magie Urbaine est un roman très différent de ce qui se vend principalement dans le genre en France. Sombre, violent, dur et avec peu de romance (pour ainsi dire pas du tout) j'ai adoré l'ambiance. De temps en temps, quitter des héros qui se sautent dessus à tout bout de champs ou qui trouve l'âme sœur après des siècles, ça repose.

Ici, rien d'évident. Londres est sombre et pleine de secrets.



Pete a vu Jack mourir sous ses yeux il y a douze ans, alors quand elle découvre que c'est lui l'informateur dans son enquête, elle a du mal à encaisser le choc.

Mais rapidement une autre petite fille disparaît et Pete comprends qu'elle va devoir forcer Jack à lui venir en aide.

Contraint et forcé, ce dernier cède à condition que Pete lui fasse confiance. Confiance, cette chose qui l'a déjà conduite au bord de la folie il y a douze ans.



Pete va plonger à la suite de Jack dans les recoins sombres de la ville, là où la magie vie et se dissimule, là où des gens meurent.

Petit à petit, le duo va comprendre qu'il y a plus derrière cette histoire qu'un simple esprit amateur d'enfant, et que c'est le passé qui vient leur claquer les talons.



J'ai tout aimé, l'atmosphère sombre et oppressante, la magie qui se terre dans Londres et la relation entre Pete et Jack.

Ces deux là se détestent, principalement par manque de confiance et de non-dits. Mais contraints de faire équipe, ils s'avoueront enfin la vérité sur ce qu'il s'est passé il y a toutes ces années.



Ce roman peut se rapprocher de La Folie des Anges en terme de mythologie mais également de la série Le dernier apprenti sorcier pour l'ambiance de la ville de Londres.

Bref, j'ai beaucoup aimé. C'est un roman plus complexe que bon nombre du genre.
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Les ténèbres de Londres, tome 1 : Magie Urbaine

Pourquoi ce livre ? Et bien, je suis faible. Dès que je vois un roman fantastique qui se passe à Londres je ne résiste pas. 400 pages, et 18€ ? Même pas peur ! Et surtout, aucun regret !



Je ne savais absolument pas à quoi m'attendre avec ce roman. Je savais juste que ça se passait à Londres, que le héros était un mage et que des Faés rôdaient dans les parages. Je m'attendais, je l'avoue, à lire un énième roman bit-lit, mêlant Faés et sorciers, et autres créatures de la nuit. Au final, rien de tout ça. Nous sommes ici face à un roman d'urban fantasy comme je les aime : la magie avant tout. Voilà d'ailleurs l'un des points forts du roman (et sans doute de la série) : pas de vampire, ni loup-garou. Juste Pete Caldecott, 28 ans, inspecteur de police et Jack Winter, 38 ans, puissante mage noir. Son pouvoir ? Les mots ! Incantations, invocations de démons et sortilèges celtes sont au rendez-vous. Mais on est plus dans la lignée de La Trilogie de Bartiméus que d'Harry Potter. On y retrouve aussi tous les trucs et astuces de la magie blanche (le sel comme élément protecteur par exemple)



Caitlin Kittredge a créé toute une société des ténèbres qui vit et survit dans La Pénombre - nom qui désigne le lieu, mais aussi le pouvoir magique qui sévit dans ce lieu. Le brouillard de Londres n'a été jamais aussi bien exploité que dans Magie Urbaine. Après l'avoir lu, deux idées nous viennent en tête : ne plus jamais sortir la nuit à Londres ou bien justement sortir la nuit à Londres pour "sentir" cette Pénombre.



Une des choses qui m'ont beaucoup plu dans Magie Urbaine est son habileté à mêler roman policier et fantastique et ce, à parts égales. Ici, le côté policier n'est pas qu'un prétexte aux retrouvailles entre Pete et Jack ou bien à la découverte de la Pénombre par Pete... il fait partie intégrante de l'histoire. Pendant tout le roman, Pete mène une enquête et Jack et ses pouvoirs ne font que l'aider dans cette enquête, ce n'est que lorsque celle-ci est résolue que le côté fantastique prend le dessus. L'intrigue est particulièrement bien ficelée, les évènements s'enchainent à tout va et toujours de façon cohérente. Le style de l'auteur est des plus agréables. Elle ne s'embarasse pas de descriptions inutiles et manie si bien les mots et les émotions des personnages que les pages se tournent d'elles-même. J'ai cependant remarqué quelques phrases bizarres, mais essentiellement dûes à un problème d'impression ou de traduction - rien de trop grave.



Côté personnages, que du bon ! Nous avons donc Pete Caldecott, inspecteur à Scotland Yard. C'est elle la chef, et ça se sent. Elle ne se laisse pas faire, et tout le monde la respecte. Elle prône le "on parle et on frappe ensuite", mais si la situation l'exige, l'inverse lui convient aussi. C'est un personnage fort qui n'accepte pas du premier coup tout ce qu'elle voit, mais qui ne cherche pas toujours à trouver une explication rationnelle. Disons qu'elle a les pieds sur terre et la tête dans la Pénombre. Jack Winter, lui, est le anti-héros par excellence. Il boit, fume, et ne peut passer sans sa dose d'héroine. Il a tous les vices et ne s'en cache pas. C'est un mage puissant qui a vu d'horribles choses au cours de sa vie. La nuit où il a failli mourir a été l'instant de trop et pendant 10 ans, il a essayé d'échapper à la Pénombre. Ses retrouvailles avec Pete vont le ramener 10 ans en arrière et réveiller tous ses vieux démons... au sens littéral du terme. Il n'est plus que l'ombre de lui-même, mais le "feu sorcier" continue de brûler dans ses yeux, aussi, comme Pete, on ne peut s'empêcher d'être attirés par le "magnétisme" qu'il dégage.



Ces deux là, c'est comme le jour et la nuit. Pete est calme et posée là où Jack est totalement imprévisible et désinvolte. Elle fait régner la loi, lui n'accepte que la sienne. Mais Pete ne se démonte pas pour autant, comme j'ai dit, c'est elle la chef, et Jack la respecte beaucoup trop pour n'en faire qu'à sa tête. Leur relation est d'ailleurs plus émotionnelle que physique : on sent la tension entre eux et à quel point ils sont proches, mais ça ne va jamais plus loin. Pete et Jack se connaissent depuis longtemps, et on vu et vécu beaucoup de choses... ensemble et séparément. Caitlin Kittredge nous offre là un duo crédible et attachant qu'on a envie de mieux connaitre et de suivre dans de nouvelles "aventures"...



Bref, un vrai coup de coeur qui ravira les amateurs du genre... et pas que ! Vivement la suite !
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Coffin Hill, tome 1 : Forest of the Night

Ce titre est très gothique dans son aspect graphique. L’histoire est d’ailleurs menée par une héroïne aux côtés très punky aux vêtements assez provocateurs. Rien à redire sur le dessin aux traits qui en jettent entre horreur et effroi.



Pour le reste à savoir le scénario, je n’ai pas été très emballé par ce récit sur fond de sorcellerie. Cela devient assez sanglant et sordide par moment. On peut se perdre très vite avec ses incessants flash-back qui interviennent à de mauvais moments. Cela manque également et singulièrement d’originalité avec une héroïne dénuée d'empathie.



Reste la qualité indéniable du dessin mais cela ne suffit pas pour combler nos attentes légitimes.
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Throwaways, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2016, écrits par Caitlin Kittredge, dessinés et encrés par Steven Sanders, avec une mise en couleurs de Paul Little. Il comprend un court texte d'introduction rédigé par Kittredge expliquant qu'elle a été contactée par Eric Stephenson, le responsable d'Image Comics. Ce dernier lui a proposé d'écrire une série sur un sujet de son choix, ce qui l'a un peu déstabilisée de prime abord. Mais elle assure qu'elle est très fière d'avoir la chance que son histoire qui lui tient le plus à cœur ait la chance d'être publiée.



Le récit commence en plein milieu de l'action. La lieutenant Abby Plamer et le jeune Dean Logan (facilement identifiable grâce à son iroquoise verte) sont adossés à une voiture qui leur sert de protection contre le tir nourri qu'ils essuient. Palmer riposte de temps à autre avec un pistolet. Excédé par la situation sans espoir, Dean Logan tente le tout pour le tout : il se relève visible par tous et projette les éclats de verre du pare-brise et des vitres sur les tireurs. 4 heures plus tôt, Abby Palmer assistait à une réunion de vétérans militaires, en compagnie du capitaine Charles Crandall. En plein échange, celui-ci s'est levé, a sorti son arme, a tué plusieurs personnes avant de la retourner contre lui pour se suicider.



Dean Logan a réussi à s'éloigner de l'affrontement, mais il est tombé sur Barrett Wilson, un des athlètes de l'université qu'il fréquente, qui l'insulte et le provoque, avec sa bande de copains. Dean s'en sort grâce à l'intervention de Kimiko Nakamura, une jeune femme à la répartie cinglante, et à la présence d'esprit providentielle. Elle l'emmène dans un endroit à l'écart de la ville pour qu'il soit en sécurité. Mais un groupe paramilitaire les retrouve et les attaque pour enlever Dean Logan. Ils sont lourdement armés. Fort heureusement Abby Palmer intervient et les sauve de la situation. Entretemps, elle s'est souvenu de bribes de son entraînement dans une base officieuse appelée Camp Cheshire, dans le cadre d'un mystérieux Programme.



Dans les années 2010, Image Comics pratique une politique éditoriale des plus séduisantes. Cet éditeur a diversifié son offre, laissant de côté les superhéros pour publier des séries s'inscrivant dans de nombreux genres différents, en faisant appel aussi bien à des nouveaux créateurs, qu'à d'autres possédant plus ou moins de notoriété. En ce qui concerne Caitlin Kittredge, le lecteur avait déjà pu apprécier sa série Coffin Hill publiée par Vertigo. Non seulement Image Comics publie ainsi de nombreuses séries constituant une incroyable alternative à l'hégémonie de DC et Marvel spécialisés dans les superhéros, mais en plus la majorité des premiers tomes est proposée à un prix très attractif ($9.99). Le lecteur est ainsi tenté d'essayer un maximum de nouvelles séries, dont celle-ci. Il faut un peu de temps pour réussir à discerner la direction générale de Throwaways. Le mot servant de titre renvoie à l'idée d'individus que l'on peut utiliser dans une mission et négliger par la suite jusqu'à les oublier, des agents jetables. La quatrième de couverture évoque un projet secret gouvernemental et des expériences parapsychiques.



La scénariste a pris le parti d'utiliser une structure narrative qui débute l'intrigue in media res, et de parsemer le récit au temps présent de quelques retours en arrière pour évoquer le passé d'un personnage ou d'un autre, assaisonné de quelques révélations sur les motivations ou les allégeances. Le lecteur doit donc fournir un petit effort de mémoire pour pouvoir accoler les pièces du puzzle entre elles. Heureusement les personnages ont des allures bien marquées qui permettent de les reconnaître aisément. À l'évidence, Dean Logan ne peut être confondu avec personne d'autre, grâce à crête vert vif. Comme son nom l'indique, Kimiko Nakamura est un peu typée asiatique, et l'artiste lui dessine une garde-robe avec un parti pris esthétique marqué. Par contraste, Abby Palmer ne porte que des vêtements basiques et fonctionnels, et une coupe de cheveux tout aussi pratique. Les 2 autres femmes ayant un rôle important se distinguent avec autant de facilité, que ce soit la docteure Elizabeth Ostrander, plus âgée, avec un chignon, ou Alice une femme d'un âge incertain, mais albinos. De ce point de vue, Steven Sanders effectue un très bon travail de conception graphique des personnages.



L'intrigue promène les personnages dans différents endroits : les rues de San Francisco, une salle de réunion communautaire, une zone autour d'un bâtiment désaffecté, une base secrète, un campement en Afghanistan, le parapet d'un barrage réservoir, une maison dans une forêt. Très régulièrement Steven Sanders s'avère très convaincant pour décrire l'endroit où se déroule une scène. La grande pièce dans laquelle se tient la réunion des vétérans est banale dans son fonctionnalisme dépouillé. La zone urbaine laissée à l'abandon montre le béton craquelé et les tentes des personnes à la rue. Il y a quelques vues des rues San Francisco avec des devantures détaillées et des passants déambulant sur les trottoirs. L'état de la chambre de Colin (le fils de la docteure Elizabeth Ostrander) montre son état d'esprit. Les séquences en dehors de la zone urbaine montrent la route qui serpente au milieu des bois et des étendues d'eau. Par contraste, le lecteur soupire en voyant de nombreuses cases dans une scène, dépourvues d'arrière-plan, ou avec un rappel trop fruste d'un élément du décor. Il se lasse également du tangage incessant des angles de prise de vue, comme si le dessinateur était intimement convaincu que seuls des angles de vue changeants et improbables peuvent amener la variété nécessaire à une narration graphique. Le lecteur se lasse d'autant plus vite de cet artifice de la narration visuelle, que régulièrement les proportions sont malmenées, et la perspective est mise à mal. En outre ces déplacements réguliers de l'angle de la prise de vue n'apportent rien au récit, ne viennent pas en souligner ou en renforcer un passage ou une idée.



Le lecteur s'engage dans le récit assez confiant dans les capacités à Caitlin Kittredge à raconter son histoire, et assez alléché par l'idée qu'elle a choisi un récit qui lui tient à cœur. Il constate donc une composante action, à base d'affrontements à l'arme à feu, ou d'affrontements physiques. En plus de ces séquences d'action, le récit participe du genre espionnage, avec une organisation gouvernementale qui a conduit des tests sur des agents n'ayant plus de valeur opérationnelle, avec une dose de pouvoirs parapsychiques, à commencer par la télékinésie. Les personnages sont essentiellement définis par un trait de caractère majeur. Dean Logan est dans une phase de rébellion contre l'autorité sous toutes ses formes. Abby Palmer a conservé toute sa discipline militaire et est toute entière tournée vers l'efficacité. La scénariste prend le temps de les étoffer un peu avec la relation conflictuelle entre Dean et son père, et les expérimentations douloureuses subies par Abby. Kimiko Nakamura a un caractère un peu plus joueur, moins psychorigide qu'Abby. Le lecteur éprouve quand même des difficultés à ressentir de l'empathie pour ces individus très humaines (= imparfaits) mais mis en scène de manière un peu superficielle. Abby Palmer est juste un bon soldat, transformée en victime impuissante aux mains d'un professeur sadique (Paul) totalement unidimensionnel, au point d'en être réduit à un simple artifice narratif sans crédibilité. Le face à face entre Dean Logan et son père suit des rails prédéterminés, sans que le lecteur n'éprouve l'envie de prendre parti pour l'un, ou même plus simplement contre l'autre.



Au cours de son récit, Caitlin Kittredge ne donne pratiquement aucune indication sur ces capacités parapsychiques. Certaines sont la conséquence d'expériences illicites et clandestines conduites par le gouvernement, mais ça ne dépasse pas ce stade du cliché éculé. Abby Palmer et Dean Logan constituent visiblement un enjeu majeur pour plusieurs factions ennemies, à commencer par ce mystérieux Programme du gouvernement américain. Le lecteur n'en apprend pas plus sur les autres factions. La scénariste ne résiste pas à l'emploi d'un autre cliché affadi par l'usage répété, qui est celui d'une femme mystérieuse (Alice) qui en sait plus long que tout le monde et qui n'hésite pas à assassiner pour atteindre son objectif. Le lecteur ne sait pas trop si Kittredge a voulu en mettre le plus possible en 4 épisodes pour être sûr que le lecteur reviendra lire la suite, et qu'elle n'a donc pas pu tout étoffer, ou si elle privilégie sciemment les mécanismes de l'intrigue aux dépends des personnages.



Il est difficile pour le lecteur de résister à l'envie de découvrir une nouvelle série Image Comics, du fait de la qualité globale de la production de cet éditeur et des prix attractifs pratiqués. Avec Throwaways, il découvre une nouvelle série relevant essentiellement du genre espionnage et complot, avec une touche de fantastique du fait des pouvoirs psychiques de certains personnages. La narration visuelle est compétente, mais avec quelques défauts de jeunesse, que ce soit dans le dosage des arrière-plans, ou dans une obsession de la variation du cadrage, sans justification narrative. L'intrigue est assez classique, avec des personnages différenciés, mais qui restent superficiels, et un enjeu qui reste bien mystérieux quant à l'affrontement de diverses factions qui restent aussi bien mystérieuses. Il n'est pas sûr que le lecteur ait envie de lire la suite, après ce premier tome.
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Les ténèbres de Londres, tome 1 : Magie Urbaine

Le synopsis explique pas mal la situation et nous donne une bonne base pour comprendre les premiers chapitres. Pete est inspectrice à Scotland Yard, elle débarque sur une affaire d'enlèvement d'enfants et puis, il y a Jack. Ah Jack ! Comment ne pas craquer ? C'est un tel connard arrogant, complètement camé, un anti-héros à la Dr House ou à la Holmes de Elementary. Une fois qu'on le rencontre, on est comme Pete (Petunia), on le suivrait en Enfer s'il nous le demandait. Nous plongeons dans un monde de magie, de la Pénombre, démons, en y croisant d'autres créatures comme les faé, les égrégore ou le dullahan.



Pete est personnage assez bien modéré, ni trop badass, ni trop sentimentale… ce qui la rend plutôt réaliste et humaine. Elle s'en veut depuis douze ans de ce qui est arrivé à Jack, on la voit donc se démener entre son envie de le sauver et celui d'arrêter les enlèvements. Jack est tellement tourmenté et déchu, qu'on se demande comment il va évoluer dans la saga.



Leur relation est intéressante, ils ont dix ans d'écart, se sont connus jeunes et se sont séparés brutalement. Il était le petit ami de sa soeur, elle avait le béguin pour lui, pour la rockstar qu'il était à l'époque. Nous voilà donc entre un mélange de respect, d'amitié, de méfiance, de suspicion et cela pendant tout le long du roman. Les autres personnages secondaires ne sont pas vraiment développés, ils sont là et on les verra certainement toujours autour de notre héroïne comme des éléments du décor.



Pendant ce temps-là, il est surtout question d'échapper aux attaques et de sauver les enfants d'un triste sort. Il y a donc beaucoup d'action, le rythme est soutenu, en faite on ne se repose jamais. Parfois, on croit que c'est fini et il y a encore ! C'est ce qui fait que cette saga s'adresse avant tout aux amateurs d'urban fantasy et d'aventure. La romance est absente, bien qu'on espère que leur rapprochement donnera lieu à quelque chose d'intéressant vu que leurs échanges sont souvent explosifs.



On aime l'univers magique avec ses créatures sombres à la lisère de la Pénombre, un Londres en journée comme on le connait et quand vient le moment, les ombres apparaissent. On aime surtout le personnage mâle torturé et bestial, une héroïne qui n'a plus seize ans et qui est tout aussi retorse. La plume est fluide, son style peut être parfois déstabilisant si on n'a pas l'habitude des petites phrases italiques intérieures ou des flash-back, mais je trouve que ça donne du cachet et rend ainsi l'histoire plus en suspens.
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Coffin Hill, tome 2

Ce tome fait suite à Coffin Hill, tome 1 : Forest of the Night (épisodes 1 à 7) qu'il faut impérativement avant lu avant. Il comprend les épisodes 8 à 14, initialement parus en 2014/2015, écrits par Caitlin Kittredge, dessinés et encrés par Inaki Mianda pour les épisodes 8 à 13, et par Ryan Kelly pour l'épisode 14. La mise en couleurs est réalisée par Eva de la Cruz. Les couvertures sont réalisées par Dave Johnson.



En 2012 à Boston, la police est sur les dents à cause des meurtres d'un tueur en série, appelé Ice Fisher. Les 2 inspecteurs affectés à l'enquête sont Doyle Donovan et Greg Frost. Ils se rendent sur lieu de la découverte du dernier cadavre, celui d'Ada Davenport, retrouvé comme les autres sous la glace, à proximité de l'Université de Boston. Un périmètre de sécurité a été établi par 2 policiers en uniforme : Eve Coffin et Eddie Wachowski. Les 2 inspecteurs laissent Eve Coffin jeter un coup d'œil au cadavre, et elle repère une marque surprenante sous la paupière inférieure de l'œil gauche de la victime. Au temps présent à Coffin Hill, dans le Massachussetts, devant la demeure familiale des Coffin, Bianca Morelli et Lacey se mettent au défi de pénétrer dans le bâtiment. Elles finissent par y entrer et Lacey s'allume un petit pétard pour se détendre. En 2012 à Boston, après avoir accepté de faire partie de l'équipe chargée de traquer Ice Fisher, Eve Coffin rentre chez elle. Dans l'escalier, elle croise Kimmy, sa voisine, battue par son mec. Elle lui propose de d'établir un ordre de restriction contre cet individu. Elle consent à contre cœur à lui donner quelques somnifères.



Toujours en 2012, le lendemain, en uniforme, Eve Coffin se présente au bureau des inspecteurs Greg Frost et Doyle Donovan, où elle commence à examiner les documents punaisés sur un panneau. Greg Frost arrive et la félicite sur sa motivation. Puis Donovan arrive et commence à asticoter son collègue avec une conversation pleine de sous-entendus. Après le départ de Donovan, Eve explique à Greg Frost que le symbole sur l'intérieur de la paupière de la victime est un signe utilisé par les sorcières. L'inspecteur ne la croit pas vraiment. Ils partent tous les deux inspecter le quartier avoisinant l'endroit où a été retrouvé le corps. Eve Coffin suggère de rentrer dans un immeuble d'habitation abandonné et ils y découvrent une pièce ayant été occupée par le tueur en série. Eve Coffin appelle Donovan pour l'avertir. Au temps présent, Bianca a abandonné Lacey dans la demeure des Coffin et a décidé de rentrer chez elle à pied. Une voiture s'approche d'elle et Patrick Finn (le frère de Nate) lui propose de la raccompagner. Une voiture de police arrive.



Caitlin Kitittredge avait accroché l'attention du lecteur dans le premier tome avec une histoire moderne de sorcières pratiquant finalement peu la magie, des meurtres dont certains ritualisés, un fort poids de l'ascendance familiale, une demeure isolée, et de nombreux mystères quant aux épreuves traversées par les personnages principaux par le passé. Elle raconte son récit sur une base un peu complexe en suivant 3 lignes temporelles différentes. Dans ce deuxième tome, la scénariste continue de faire progresser son intrigue, tout en donnant des réponses à certains des mystères. En particulier, le lecteur assiste à l'enquête d'Eve Coffin en 2012, la découverte du coupable qui lui a valu une notoriété qu'elle n'avait pas recherchée. Pour ce fil narratif, Kittredge réalise un thriller bien troussé, en jouant avec les nerfs du lecteur. Le tueur en série s'attaque à des jeunes femmes choisies par une méthode qui reste à découvrir. Son mode opératoire est assez horrible et macabre pour frapper l'imagination. Du fait de sa nature de sorcière, Eve Coffin dispose d'un avantage sur les 2 inspecteurs. Mais cet avantage constitue également un point faible car l'individu qu'elle traque est assez habile pour s'en servir contre elle.



L'auteure ajoute un niveau dans l'enquête avec une tension palpable entre Greg Frost et Doyle Donovan qui travaillent ensemble, mais les sarcasmes fusent. Kittredge instille discrètement une forme de tension sexuelle entre Eve Coffin et Doyle Donovan, et une forme d'attention de nature plus fraternelle entre Eve et Greg Frost. Le lecteur se rend compte qu'il prête une attention particulière aux interactions personnelles dans ce trio, avec Donovan un peu plus cynique et très conscient de l'impact qu'aura la résolution potentielle de ces meurtres sur sa carrière, Frost moins carriériste et plus posé, Eve impliquée émotionnellement dans l'affaire. Ainsi racontée, l'enquête ne se limite pas à un simple exercice intellectuel, elle devient également un jeu psychologique tendu, le lecteur devenant de plus en plus soupçonneux au fur et à mesure des pages. Cette fibre psychologique est bien entretenue par les dessins qui montrent les postures très rigides et strictes d'Eve, des mouvements un peu plus désinvoltes pour Donovan, et des attitudes plus réservées et dans l'observation de Frost. Inaki Miranda a un peu allégé ses dessins par rapport au premier tome, avec un amalgame de traits fins et de traits épais donnant un rendu parfois un peu froid en phase avec l'ambiance du récit, tout en restant très organique. Il réalise des cases avec un fort niveau de détails, ce qui participe au réalisme et la plausibilité de l'enquête. Cette approche clinique et descriptive renforce le malaise dans la mesure où tout est montré, et pourtant les indices restent hors de portée du regard des personnages.



En alternance avec cette enquête de 2012, l'auteure montre ce qui passe au temps présent, en suivant plusieurs personnages différents, répartis essentiellement 3 fils narratifs : Eve Coffin qui est en prison, Bianca Morelli qui ne sait pas trop quoi faire de sa condition de sorcière, et Patrick Finn de retour à Coffin Hill. Ces personnages sont amenés à se croiser, et à croiser la route du shérif Nate Finn et de l'inspectrice Lenore Ingersoll. L'auteure tisse donc une tapisserie sophistiquée sur la base d'un nombre de fils narratifs maîtrisés, installant un suspense dans chacun d'entre eux. Elle joue sur la curiosité du lecteur de sa voir comment tel personnage se sortira de telle situation : Lacey enfermée dans la demeure des Coffin et suivie par une force maléfique, Nate Finn voyant revenir son frère Patrick et ses magouilles, Eve Coffin soumise à un environnement carcéral agressif. Les personnages se croisent de manière organique, évitant une construction artificielle d'alternance systématique de chapitre.



Les dessins un peu chargés d'Inaki Miranda donnent beaucoup de consistance à ces différents environnements et ces différents personnages. Le lecteur admire la tenue vestimentaire bigarrée de Bianca Morelli, la chapka de Lacey, le débardeur viril de Patrick Finn, la chemise à carreaux des plus fonctionnelles de Nate Finn, et l'uniforme tout aussi fonctionnel des détenues. Il se rend compte de la complémentarité de la mise en couleurs d'Eva de la Cruz, souvent effectuée dans une approche naturaliste, parfois virant vers l'onirisme avec une teinte déclinée en plusieurs nuances pour installer une ambiance un peu décalée. Régulièrement, le lecteur est surpris par un visuel ou une composition de page originale. Il peut s'agir d'une scène banale, comme les façades dans une rue, ou d'une manifestation surnaturelle comme les nuées de corbeaux. Il peut aussi bien s'agir d'un geste banal (Greg Frost cherchant un briquet dans ses poches), ou d'un geste soudain comme l'agression d'Eve par une autre détenue dans sa cellule. Inaki Mirande réalise également des compositions à l'échelle de 2 pages qui se lisent alors en tournant le recueil d'un quart de tour, pour profiter de la dimension la plus grande de la page. Il sait aussi faire ressortir la dimension horrifique des scènes, qu'elle soit naturelle comme une blessure à l'œil, ou que ce soit la manifestation de créatures surnaturelles dans la demeure des Coffin.



Pour le dernier épisode, Inaki Miranda cède la place à Ryan Kelly, artiste à la personnalité graphique moins forte et habitué de jouer les bouche-trous dans les séries longues où le dessinateur attitré a besoin d'un mois de repos pour tenir le rythme. Il illustre une histoire d'invasion de domicile (la demeure des Coffin) en 1970, par un groupe de 4 voyous (Jack, Janie, Jill, Josiah van Allyn) bien décidé à neutraliser la maîtresse des lieux, et à l'assassiner après lui avoir fait cracher où se trouvent ses possessions de valeurs. Ils ne s'attendent pas à ce que leur hôtesse ait du répondant. Kelly se montre impressionnant dans sa mise en images. Les décors sont consistants et comportent assez de détails pour que le lecteur puisse regarder dans chaque pièce. Les voyous disposent d'une bonne personnalité graphique, avec des expressions visuelles qui reflètent leur état d'esprit, entre le goût pour la violence pour Josiah, et le manque d'empathie pour les 2 jeunes femmes. Au fur et à mesure qu'ils se rendent compte qu'ils ne maîtrisent pas la situation et que leur hôtesse marque des points, le lecteur peut voir leur assurance diminuer sur leur visage, remplacée par la surprise, puis par la peur, ou par la colère et la rage pour Josiah.



Avec ses traits de contour un peu gras, Ryan Kelly donne une forte présence aux personnages et aux décors, et transforme une intrusion en une épreuve de force et un jeu de cache-cache macabre. Au fil des dialogues, Caitlin Kittredge insuffle une personnalité différente dans chaque intrus, et établi une partie de leurs cries antérieurs, ainsi que de leur motivation, et des différents degrés de leur implication. Même s'il n'est pas tout à fait capable de mesurer les implications de cet interlude dans l'histoire principale, le lecteur apprécie un thriller haletant et bien rythmé.



Ce deuxième tome confirme le démarrage intriguant de la série, la capacité des auteurs à mêler un récit policier avec un récit d'horreur surnaturelle, dans un savant entrelacement des fils narratifs, concernant des époques différentes, ou des personnages différents. Caitlin Kittredge dépeint des individus dotés de motivations personnelles découlant de leur histoire personnelle et du poids du passé. Inaki Miranda se montre inventif et investi dans la narration visuelle, et Ryan Kelly effectue un travail très efficace dans le dernier épisode.
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Les ténèbres de Londres, tome 1 : Magie Urbaine

Je viens de finir ma lecture je ne sais même par où commencer…



Le récit est écrit à la 3éme personne ce qui nous permet d’avoir les sentiments d’un peu tous les personnages mêmes-ci on est le plus souvent avec Pete.



Ce livre n’est pas comme les autres, il est noir… rempli de magie et de démon.

Nos héros ont des passés pas glorieux, l’un est devenu drogué l’autre est un inspecteur de police qui ne sait pas dans quel monde elle a débarqué malgré elle, même-ci elle a eu un aperçu au début de sa jeunesse…



Suite à une mauvaise expérience, Pete a cru avoir perdu Jack. Ah Pete et Jack un couple rempli de haut et de bas, c’est le je t’aime moi non plus.

Ce qui rend leur rencontre assez marrante par moment. Le tome est assez lourd des fois je me perdais.



Ma tête est encore remplie de question après avoir tourné la dernière page. On ne sait pas plus sur ce monde magique, c’est de l’Urban Fantasy pure, un vrai délice, mais sur ce coup je suis mitigé. La fin du tome donne juste envie de connaitre la suite.
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Les ténèbres de Londres, tome 2 : Le pacte du..

Contrairement au premier tome, nous suivons ici principalement les pensées de Jack. On voit Pete par ses yeux, ce qui nous permet de mesurer à quel point il peut tenir à elle, à sa manière très particulière.



Associés, ils tentent de survivre dans les Ténèbres. Jack essaye d'enseigner quelques tours à Pete tout en lui "prêtant" son talent, comme lorsqu'un notable vient les voir pour élucider le mystère de la demeure de famille.

Alors que son talent tourmente Jack, se dernier croise le chemin d'une connaissance...une connaissance démoniaque avec qui il a passé un pacte il y a de ça treize ans. Déterminé à protéger Pete et à s'en tirer, Jack accepte alors de partir à Bangkok.



Dans ce tome, nous avons un approfondissement des relations qui unissent Jack et Pete, mais on en apprend également plus sur le passé et les motivations du mage. Rien n'est tout blanc ni tout noir dans le monde de ce dernier, et on en prend vraiment la pleine mesure ici. Il enchaîne les mauvaises décisions dans des situations où il n'y en a pas de bonne... Pourtant il aime Pete, et cette dernière le lui rend bien, à leur manière violente et maladroite.



J'ai vraiment adoré voir une autre région du monde, tout aussi poisseuse et collante du monde des Ténèbres, mais d'une manière bien distincte de Londres. Être dans la tête de Jack est indéniablement le point fort de ce deuxième tome. On découvre avec lui que la ville est remplie d'ennemis mais cache peut-être la solution au problème du mage.

Avec un rythme trépidant, l'auteur nous emmène partout, nous fait voir le monde, le passé de Jack mais également ce qui se cache derrière le voile.



Mon seul regret, c'est le côté un peu haché de cette intrigue. Elle se découpe nettement en parties, et les transitions entre chaque sont un peu maladroite. Pourtant, on est tellement happé par cette histoire, qu'on le pardonne aisément.



La fin est pleine de tension et de questions, et on ne peut que vouloir la suite !
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Coffin Hill, tome 1 : Forest of the Night

La série de bandes-dessinées COFFIN HILL : l'ambiance visuelle est à la hauteur du genre (suspense d'horreur fantastique), mais le scénario laisse quelque peu à désirer malheureusement.

Aspect visuel : *** Scénario : **
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Coffin Hill, tome 2

Si la partie enquête du tome fait plutôt bonne figure, l’impression laissée par l’intrigue principale demeure elle beaucoup plus mitigée.
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Les ténèbres de Londres, tome 1 : Magie Urbaine

J'aurai eu bien du mal à aller au bout de Magie Urbaine. L'auteure ne manque pourtant pas de bonnes idées, mais la sauce ne prend pas, et pour plusieurs raisons.



La première, c'est tout d'abord le duo principal, une incroyable paire de têtes à claques aussi insupportables l'un que l'autre. La première chose que l'on remarque chez Pete, c'est son agressivité hors normes dés qu'elle ouvre la bouche. Alors certes, elle en a vu de dures, certes, elle est flic donc c'est "une dure", mais non, trop, c'est trop. Avec un tempérament aussi violent que le sien, on se demande comment une fille pareille peut travailler à Scotland Yard... Bref, le personnage n'est pas crédible pour un sou et horripilante tout au long de l'histoire. Elle aurait pourtant pu être sympathique si elle avait été un poil plus nuancée.

Et puis, il y a Jack. C'est un drogué, qui se comporte en drogué, mais ça, c'est encore l'aspect le plus agréable du personnage. Jack est aussi sacrément orgueilleux, et donc énervant, mais niveau charisme, le résultat est malheureusement très loin de l'effet escompté. Et sachant que ces deux-là ne peuvent pas discuter ensemble sans s'aboyer dessus avant le dernier quart du volume, la lecture est vraiment tout sauf agréable.



Il y a aussi le début du roman, très décousu. Des chapitres courts (de parfois deux pages et demi!), posant certes les bases de l'histoire mais entachant sérieusement l'immersion. Le récit devient bien plus fluide dans sa seconde moitié, et l'on retrouve l'envie d'aller au bout, en dépit d'un autre défaut bien présent qui ne cesse de gâcher la lecture.



Si l'auteure a développé un univers intéressant et distille parfois quelques éléments vaguement glauques, elle pêche malheureusement dans les scènes d'action et, un peu plus grave, dans les passages mettant en scène la magie ou les rêves, nous offrant des descriptions plus que sommaires, donnant l'impression qu'elle-même n'a pas une idée bien précise de ce qu'elle essaie de nous décrire. C'est définitivement la plus grosse lacune de l'ouvrage, celle qui rend le tout fade, vague, imprécis.



Bref, suivre des héros plutôt antipathiques dans des aventures certes intéressantes, mais dont ce qui en ferait vraiment le sel a été bâclé, ça ne rend pas la lecture particulièrement agréable. Seul le fait que les 400 pages de l'ouvrage se lisent vite parvient à atténuer un peu le sentiment de déception.

Espérons que la suite relève le niveau, puisqu'il ne manquait pourtant pas grand-chose pour que Magie Urbaine soit bien plus que de l'urban fantasy très moyenne. Celà dit, avoir affaire à de l'urban fantasy pure, c'est déjà un bon point en soi...
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Sensation Comics Featuring Wonder Woman, to..

Ce tome fait suite à Sensation comics featuring Wonder Woman 2 qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Une connaissance superficielle du personnage suffit pour apprécier les histoires contenues dans ce tome. Il comprend des épisodes initialement parus en 2015/2016, d'abord sous format dématérialisé, puis sous format papier. Il comprend 10 histoires indépendantes, réalisées par autant d'équipes créatrices différentes.



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- Vendetta (28 pages, scénario de Josh Elder, dessins de Jamal Igle, encrage de Juan Castro) - Wonder Woman est une ambassadrice des Nations Unies. Elle doit intervenir pour empêcher une guerre civile dans la République d'Itari. Les ethnies Uwange et Mbindi s'apprêtent à s'affronter. Wonder Woman s'assoit à la table des négociations pour servir de modératrice entre le président Dikembe N'Tansi et le chef du front de libération Jean-Pierre Ilongo. Malheureusement Ares a pris pied dans la région.



Bonjour, vous devez écrire une histoire sur Wonder Woman, vous avez 28 pages ! Josh Elder se concentre sur le cœur du personnage tel qu'il le perçoit : une origine trouvant ses racines dans la mythologie grecque et une femme qui est à la fois une guerrière et une ambassadrice de la paix. Il l'insère au milieu d'un processus de paix, dans un pays au bord de la guerre civile et il y a joute Arès pour un affrontement physique. Les dessins de Jamal Igle sont propres sur eux, descriptifs avec un petit niveau de simplification. Il montre une Wonder Woman avec un costume plus adapté aux combats que d'habitude, sans en trahir l'esprit.



L'histoire se lit facilement et est divertissante, mais le fond ressemble à une redite de plusieurs autres aventures, sans que la qualité graphique n'arrive à ajouter quelque chose au récit. 2 étoiles.



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- Return to Gaia (20 pages, scénario de Derek Fridolfs, dessins et encrage de Tom Fowler) - Sur Themyscira (l'île des Amazones), un volcan est en phase de réveil, causant des dégâts et des victimes dans la cité. En plus Diana doit affronter Pamela Isley (Poison Ivy) présente sur l'île. À elles deux, elles vont devoir combattre la source réelle de la menace.



Le lecteur constate tout de suite que le registre graphique est un peu différent, avec une apparence griffée plus personnelle. Il apprécie la surprise de l'armure végétale de Poison Ivy. Le récit commence avec un thème écologique qui sied bien à Poison Ivy et Wonder Woman, puis il se transforme en un combat physique sans grande originalité. 2 étoiles.



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- A moment of peace (10 pages, scénario de Matthew K. Manning, dessins de Georges Janty, encrage de Karl Story & Dexer Vines) - Batman et Wonder Woman viennent de triompher du Docteur Destiny. Mais ce dernier a eu le temps de faire des victimes. Batman envoie Wonder Woman se changer les idées dans un village en province.



Ce récit plus court repose sur une narration plus visuelle que les précédentes, les auteurs préférant montrer plutôt qu'expliquer. Georges Janty dispose des aplats de noirs plus consistants que les 2 précédents dessinateurs. L'encrage est plus fin. Les images surprennent plus avec une virée dans les bois, une petite ville et un affrontement rapide. Le scénariste a décidé de raconter une histoire s'appuyant moins sur la mythologie personnage, avec une conclusion des plus inattendues. Le thème n'est donc pas celui présupposé par le lecteur et le traitement du récit est original et de bonne facture. 4 étoiles.



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- Besties (30 pages, scénario de Barbara Randall Kessel, dessins d'Irene Koh, Emmma Vieceli, Laura Braga) - 3 jeunes filles s'entraînent à la course sur la plage elles se font dépasser par Wonder Woman qui s'entraîne également à la course. Elle fait demi-tour et revient parler avec elles en les exhortant à s'entraîner plus dur, en refusant de reconnaître qu'elle dispose d'un avantage sur elle. Leur conversation est interrompue par l'arrive de Super Woman (Lois Lane) qui attaque Wonder Woman.



Wonder Woman n'est pas qu'une superhéroïne, c'est aussi une femme, ce qui en fait un modèle à suivre pour les adolescentes. Barbara Randall Kessel choisit de développer son récit sur ce thème, d'une manière inattendue. Elle trouve un moyen pour que Diana reste un idéal inatteignable par le commun des mortels, tout en lui faisant dispenser des leçons de vie et de courage. La première partie fonctionne à merveille, comme un récit pour un jeune lectorat féminin, avec des dessins très simplifiés à destination d'enfants, et un discours ambitieux, sur le rôle d'un modèle et son importance même s'il place la barre trop haut.



Passé ce premier tiers, la scénariste fait intervenir une supercriminelle, et c'est parti pour un affrontement physique poussif, avec des dialogues manquant de conviction. Le lecteur en vient à regretter cette course à pied prosaïque sur la plage, et à compter les pages qui restent encore avant le dénouement. 5 étoiles pour le premier tiers, 2 étoiles pour la suite.



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- Nine days (30 pages, scénario de Karen Traviss, dessins d'Andres Guinaldo, encrage de Raul Fernandez & Dexter Vines) - Wonder Woman intervient pour négocier la paix, alors que 2 pays s'apprêtent à s'affronter sur leur frontière commune. Malheureusement la déesse Eris s'immisce dans ce conflit en faisant surgir du pétrole au niveau de la frontière.



Le lecteur est tout de suite emporté par des dessins beaucoup plus détaillés et précis, permettant de se projeter dans chaque environnement et de ressentir les flux d'énergie magique. La scénariste reprend le dispositif de départ : Diana comme ambassadrice de la paix et comme guerrière. Elle le développe avec plus de consistance et de finesse que Josh Elder dans la première histoire, en y intégrant mieux un mythe grecque, sans utiliser Arès, personnage tellement puissant qu'il en devient encombrant. 5 étoiles pour une version concise de Wonder Woman qui en respecte l'essence.



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- Both ends of the leash (10 pages, scénario, dessins et encrage de Carla Speed McNeil) - Dennis habite en Afrique du Sud et il a élevé un lionceau comme animal de compagnie. Celui-ci est devenu un lion adulte et Dennis l'affame pour l'affaiblir afin d'éviter qu'il n'agresse des personnes. Un beau jour, il découvre Wonder Woman blottie contre son lion.



Carla Speed McNeil (auteure d'une série indépendante très personnelle Finder) raconte une histoire de Wonder Woman à la dimension très humaine et restreinte. Le lecteur retrouve ses dessins un peu grossiers, manquant un peu de finesse, mais portant bien la narration de manière visuelle. L'auteure déjoue les attentes du lecteur avec une histoire courte (10 pages, l'équivalent d'une nouvelle) mettant en lumière comment le lien établi par une laisse peut s'avérer réciproque. Le discours n'est pas entièrement convainquant, mais l'histoire est très originale. 4 étoiles.



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- Our little dance (20 pages, scénario d'Adam Beechen, dessins de José-Luis Garcia-Lopez, encrage de Kevin Nowlan & Scott Hanna) - Cheetah (Debbi) a encore réussi à s'échapper et à faire des victimes à New York. Wonder Woman l'a capturée une nouvelle fois, mais elle doit assister à une audience où un avocat très remonté, s'interroge sur la bonne solution pour éviter que cela ne se reproduise et que d'innocents humains soient égorgés par Cheetah.



Le lecteur apprécie la possibilité de retrouver les dessins de José-Luis Garcia-Lopez, surtout avec une partie de l'encrage réalisé par Kevin Nowlan. Le dessinateur n'a rien perdu de l'influence de Neal Adams pour le dynamisme de ses compositions mettant en valeur la force et la grâce de Wonder Woman, sans qu'elle ne devienne un objet (même s'il a conservé les bottes à talon haut). Ses dessins sont chargés, avec un bon niveau de détails, et un petit degré de simplification.



L'histoire commence de manière ambitieuse, avec un avocat mettant en évidence les conséquences des destructions occasionnées par les combats en pleine ville, entre individus dotés de superpouvoirs, et mettant Diana devant les faits. Puis Chetetah parvient à se libérer et 6 pages d'affrontement physique s'en suivent. Le lecteur parvient à la fin de ce récit à la narration un académique assez dubitatif. Il lui faut un petit moment pour se rendre que l'auteur a conçu son récit de manière à mettre à l'épreuve les valeurs humanistes de Diana, ce qu'il parvient à faire de façon pas tout à fait gracieuse. 4 étoiles.



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- Echidna (20 pages, scénario de Caitlin Kittredge, dessins et encrage de Scott Hampton) - À Gotham, Echidna (une femme serpent) vient trouver Wonder Woman pour lui demander de l'aide car ses enfants ont été enlevés. Diana remonte la piste mais se retrouve au milieu d'une enquête de Batgirl dans laquelle Harley Quinn est impliquée car elle a enlevé une jeune fille, exigeant la remise d'une rançon pour la libérer.



Caitlin Kittredge raconte une histoire policière en plaçant Diana dans un rôle intermédiaire entre l'enquêtrice, et le personnage manipulé par les ceux qui tirent les ficelles. Les dessins de Scott Hampton sont éthérés comme à son habitude, avec une fibre gothique en harmonie avec le récit. La scénariste n'oublie pas quelques touches d'humour, en particulier quand Harley Quinn ironise sur le fait que le seul personnage à avoir anticipé le retournement de situation est une blonde. Il s'agit d'une histoire divertissante, un peu déstabilisante, originale, à la conclusion qui laisse songeur. 4 étoiles.



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- A day in our lives (10 pages, scénario, dessins, et encrage de Jason Badower) - Wonder Woman et Superman passent une journée ensemble, tuant dans l'œuf une agression militaire, détruisant un barrage, officiant dans un mariage. À la voir, Superman se demande pourquoi il perd du temps à être Clark Kent.



En seulement 10, cet auteur complet raconte une histoire de Wonder Woman avec un point de vue original, des actions inattendues (la destruction d'un barrage), et un souci de la beauté plastique des images. La relation avec Superman est bien utilisée pour mettre en évidence les valeurs sur la base desquelles l'une a choisi de vivre sans double identité, et l'autre a choisi de créer son double Clark Kent. 5 étoiles.



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- Island of lost souls (28 pages, scénario de Trina Robbins, dessins et encrage de Chris Gugliotti) - Cheetah (Barbara Minerva) se meurt faute de disposer d'un plant de baies, celles qui lui permettent de se transformer. Elle va demander l'aide de Wonder Woman, et elles se rendent ensemble (à bord de l'avion robot invisible) sur une île où se trouve le dernier plant de bais répertorié Elles y découvrent des êtres mi humains, mi animaux, ainsi qu'un certain docteur Herbert George.



Trina Robbins reprend la trame de L'île du docteur Moreau d'Herbert George Wells, transposée au temps présent, en confrontant Cheetah (humaine transformée en animal) aux animaux transformés en êtres humains. Les dessins sont à destination d'enfants, avec des formes très simplifiées et des couleurs vives. Le résultat est un bel hommage au personnage de Wonder Woman, respectant ses valeurs, pour une lecture divertissante. 4 étoiles.



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Le tome se termine avec les couvertures de Stéphane Roux, Emanuela Lupacchino, Giuseppe Camuncoli, Nei Ruffino, Jenny Frison, Doug Mahnke & Christian Alamy, Anna Dittmann.
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Coffin Hill, tome 1 : Forest of the Night

Ce tome contient les épisodes 1 à 7 d'une nouvelle série publiée par Vertigo, et indépendante de toute autre. Ces épisodes ont initialement été publiés en 2013/2014. Ils sont écrits par Kaitlin Kittredge, dessinés et encrés par Inaki Miranda, sauf l'épisode 7 dessiné et encré par Steven Sadowski. La mise en couleurs a été réalisée par Eva de la Cruz, et les couvertures par Dave Johnson.



En 2013, Eve Coffin fait partie de la police à Boston. À peine sortie de l'académie, elle arrête un tueur en série. De retour dans son appartement, elle se fait tirer dessus à bout portant. À la sortie de l'hôpital, elle rentre chez elle, dans la résidence familiale où se trouve encore sa mère en fauteuil roulant, à Coffin Hills dans le Massachussetts. En 2003, elle avait organisé une invocation dans les bois, avec 2 amies (Melanie Lefevre et Danielle) et un copain (Nate Finn, qui est maintenant le shérif du coin). Cette séance de spiritisme avait mal tourné.



Alors qu'Eve Coffin est de retour dans sa ville natale, elle reprend contact avec Nate Finn et l'aide contre sa volonté à retrouver le cadavre d'une jeune fille disparue. Elle retrouve d'ailleurs des ossements humains à plusieurs reprises, autant de preuves d'activités meurtrières et paranormales.



Kaitlin Kittredge est une romancière spécialisée dans la littérature d'horreur à destination d'un lectorat féminin jeune adulte (par exemple Les Ténèbres de Londres). Le passage du roman au comics n'est pas toujours une réussite pour des écrivains, même renommés. Le lecteur aborde donc avec circonspection cette nouvelle série Vertigo débutée en 2013.



Premier constat : Kittredge a choisi une narration composant un savant désordre chronologique entre présent et passé pour que le lecteur découvre petit à petit les liens et l'histoire unissant les différents protagonistes. Kittredge manie ce dispositif narratif avec habilité, aidée par les dessins de Miranda qui permettent de bien distinguer les différentes époques.



Deuxième constat : Kittredge inscrit son récit dans le genre de l'horreur contemporaine en y intégrant les éléments attendus : jeune femme au look gothique avec un œil dont le blanc a viré au noir, rituel occulte, vieux grimoire, individu couvert de sang, ossements en pagaille, nuée de plumes de corbeau, vieux grimoire, jeunesse dorée, possession, etc. De prime abord, le lecteur se dit qu'il ne manque pas un seul cliché à l'appel.



De page en page, le lecteur a la bonne surprise de voir que Kittredge ne se sert pas de ces codes narratifs de l'horreur comme des fins en soi, mais juste pour apporter de petites touches d'ambiance. Très rapidement, le lecteur ressent les traits saillants de la personnalité d'Eve Coffin, puis de Nate Finn. Il n'y a pas de monologue artificiel dans lequel un personnage débite sa profession de foi ou ses motivations. Il faut un peu de temps pour se rendre compte que Kittredge aborde chaque scène de manière naturaliste, dans une narration adulte. Les dialogues sonnent justes et naturels, les quelques cellules de pensée de Coffin sont rédigés avec des phrases simples. C'est l'accumulation des séquences, c'est le constat des actions et des réactions d'Eve Coffin qui finissent par dresser le portrait de sa personnalité. Dans chaque séquence, le lecteur assimile les faits en train de se dérouler, les informations que s'échangent les personnages, la façon dont ils formulent leur phrase qui donne des indications sur leur état d'esprit, leurs valeurs. Kittredge fait preuve d'une maîtrise exceptionnelle des spécificités de la narration en bandes dessinées, à un niveau qui a de quoi faire rougir de nombreux professionnels.



Kittredge conçoit avec habilité chaque scène pour que le lecteur puisse avoir l'impression d'être sur place, de voir les personnages évoluer, interagir et s'exprimer comme des individus normaux dans des situations extraordinaires, acquérant ainsi, petit à petit, une familiarité avec eux, éprouvant une empathie qui vient naturellement en côtoyant des individus adultes. Alors que le fond de l'histoire mêle sorcellerie et forces surnaturelles dans une forêt inquiétante (une trame de fond classique et un peu basique), l'épaisseur des personnages nuancés implique le lecteur dans leur état émotionnel rendant chaque scène unique, avec un déroulement découlant de la personnalité des individus présents.



Les 6 premiers épisodes sont dessinés par Inaki Mirandi qui avait déjà dessiné la deuxième histoire de la série "Fairest" : Hidden kingdom. Son travail sur "Coffin Hill" est très impressionnant. Elle réalise des images détaillées, qui portent toute les descriptions des environnements, des actions et des comportements des personnages. Cela peut sembler une litote, et comme la moindre des choses pour les dessins d'une bande dessiné. En fait, Inaki utilise une approche graphique descriptive, détaillée, tout en restant lisible. Grâce à elle, chaque endroit dispose immédiatement d'une forte personnalité visuelle. Elle sait adapter le niveau de détail à chaque scène.



Pour la superbe demeure familiale des Coffin, elle a conçu un bâtiment avec une architecture immédiatement reconnaissable, un grand parc, et une magnifique grille en fer forgé. Elle n'est pas loin d'un réalisme photographique. Pour les scènes dans les bois, les troncs forment plus une sorte de toile de fond à la limite de l'abstraction, installant une ambiance presque claustrophobe.



Chaque personnage dispose également d'une apparence graphique unique et spécifique, avec un grand soin apporté aux coiffures et aux tenues vestimentaires. La qualité des informations visuelles permet à Kittredge de limiter les dialogues, tout en assurant un bon niveau de densité narrative.



Les qualités de dessinatrice d'Inaki Miranda ne se limitent pas à la description. Sa sensibilité s'exprime avec la même force visuelle lorsqu'il s'agit d'introduire un élément surnaturel (la multitude de plumes de corbeau se manifestant lorsque qu'Eve saute sur le capot de la voiture de police, ou l'immonde créature possédant le corps du père de Danielle.



Le dernier épisode est dessiné par Augustin Padilla, dans une approche visuelle moins personnelle, et un sens du détail moins sûr que celui de Miranda. Ses dessins restent d'un bon niveau et la mise en couleurs d'Eva de la Cruz assure une continuité de tonalité telle que le lecteur n'est pas trop distrait par le changement de dessinateur.



À la première impression, le lecteur se dit que le récit va aligner tous les poncifs propres au récit d'horreur taillé sur mesure pour un lectorat féminin jeune adulte, sans grande imagination. De page en page, il découvre des personnages disposant d'une réelle épaisseur dramatique, des enjeux consistants, une ambiance malsaine qui ne se nourrit pas simplement de gore ou d'images chocs. Les éléments horrifiques utilisés ne présentent pas de grande originalité, mais leur intégration à l'histoire des protagonistes, ainsi que l'atmosphère développée par les images rendent le récit très personnel, émotionnellement chargé, sans que les auteurs ne se cantonnent aux traumatismes occasionnés par l'apparition de gros monstres baveux. En filigrane, il apparaît que ce récit évoque autant la difficulté pour l'individu d'accepter ses propres travers, ses défauts, ses péchés, que la difficulté de supporter la découverte des secrets honteux ou plus simplement des manies des adultes. En prime, le lecteur a le plaisir de constater que la scénariste et la dessinatrice s'adressent à lui comme à un adulte, sans s'appuyer pour autant sur une complexification de la narration pour paraître plus sophistiqué.
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Les ténèbres de Londres, tome 1 : Magie Urbaine

Pete Caldecott, seize ans, assiste à une séance de magie noire avec Jack Winter, petit ami de sa soeur et mage de son état. Mais l’expérience ...
Lien : http://autrecotedumiroir.net..
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Coffin Hill, tome 1 : Forest of the Night

Cette histoire moderne de sorcellerie m'intriguait alors j'ai finalement sauté le pas. Coffin Hill est une série en trois tomes originalement publiés par Vertigo et dont les deux premiers volumes sont disponibles en France chez Urban Comics. Eve Coffin est une ado appartenant à une ancienne famille aristocrate et mystérieuse de la petite ville de Coffin Hill en Nouvelle-Angleterre. À la suite d'un rite de magie noire dans la forêt, Eve se réveille dans une mare de sang et constate qu'une des ses amies a disparu tandis que l'autre est traumatisée.

Coffin Hill nous propose une histoire intéressante pleine de mystères sur le thème de la sorcellerie moderne et plus particulièrement la magie noire. Le déroulement global de ce premier tome monte crescendo que ce soit au niveau de la tension, des révélations ou de l'utilisation de la magie et arrive à nous tenir jusqu'au bout de la lecture. L'autrice rajoute une couche supplémentaire d'intrigue avec une enquête puisque dix ans après le drame de la forêt, une autre fille disparaît dans des conditions similaires et c'est un ancien ami d'Eve, lui aussi impliqué, qui est le shérif en charge de l'affaire....
Lien : http://pugoscope.fr/2923-cof..
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Les ténèbres de Londres, tome 1 : Magie Urbaine

J'adore découvrir des petites pépites oubliées dans ma PAL !

Deuxième découverte de l'été, après Slaves d'Amheliie.

La passion n'est pas le fil moteur de ce livre et encore... On a une très belle « relation » entre Jack et Pete (pour Petunia - et oui les auteures sont parfois durs avec leurs personnages). Elle est vraiment originale et rafraîchissante : désir, haine, peur, colère, regret, attirance. J'ai vraiment trouvé leur rapport très riche.

Il n'en reste que tout cela sert une intrigue qui tend vers le policier puisque notre héroïne est une inspectrice londonienne et que le couple est réuni pour sauver des enfants enlevés.

Autre originalité du livre, elle s'ouvre plus vers la magie puisque Jack est un mage. On délaisse vampire, loup- garou... On découvre la Pénombre !

Le livre est aussi plus sombre comme en témoigne le héros principal qui est héroïnomane et loin du cliché de l'amoureux transi.



Une belle découverte !
Lien : http://lachroniquedespassion..
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