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3.34/5 (sur 76 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Né en banlieue parisienne et vivant actuellement en Corse, Espedite (ou Camille Espedite) écrit des romans volontiers satiriques, mêlant le grotesque au noir et au tragique. Ses textes abordent des thèmes emprunts de dystopie, quelque part entre Kafka, Joyce Carol Oates et JG Ballard. Comme l'a écrit Alexandra Schwartzbrod dans Liberation : "Espedite est un fou furieux mais il écrit comme un Dieu".








Source : https://www.actes-sud.fr/contributeurs/espedite
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Vendredi 8 septembre 2017, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) recevait Camille Espedite à l'occasion de la publication de son troisième texte, "Se trahir", aux éditions Le Passage.


Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Elle en profite à sa manière, sa mère, s'affalant dans le sofa dès le retour du boulot pour une bombance d'acides gras saturés qu'elle ingère par poignées sans autre égard pour ses taux de cholestérol et de glucose que quelques pilules diluées dans du soda qu'elle biberonne à la bouteille, orgies se succédant sans interruption, les sachets de chips vides fleurissant tristement autour d'elle, cadavres d'aluminium luisant comme des écailles de poissons morts échoués sur le sable après un tsunami. Le salon peut sombrer dans la catastrophe sanitaire, elle s'en fiche, zombie errant immobile devant la télé, le teint éclaboussé des couleurs cathodiques se réfléchissant dans les dizaines de papiers usagés comme si une boule à facettes avait explosé au milieu de ce désastre.
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Bouche lippue pendouillant sous des joues molles, les yeux dégringolant dans des cernes gonflés d’un mélange de graisse jaune et de veines violacées, le cheveu rare, le ventre rond, l’air inoffensif du sympathique balourd endormi, Henri Triceps, éducateur depuis trente ans, incarne à ravir la fausse bonhomie des services de protection de la jeunesse contre la biodéviance. Son aspect invite immédiatement à l’empathie, son sourire obèse met tout le monde à l’aise. Avec lui, naturellement la camaraderie s’installe : ses « usagers » lui tapent sur l’épaule, partagent recettes de cuisine et bons plans maison, l’invitent à domicile en voisin, oublient qu’il incarne la Justice, l’Éducation et l’Hygiène, discutent sans crier gare autour d’un café dans le salon, le laissant divaguer sans gêne dans toutes les pièces, commentant pour lui la moindre babiole, lui présentant les enfants en confiance, quitte à verser dans la confidence. Quand Triceps évoque ces visites auprès des familles signalées, c’est toujours avec un bon mot et le sens du suspense. Il sait captiver son auditoire de ses cancans de fonctionnaire assermenté.
Aujourd’hui, au milieu d’un aréopage de collègues piapiatant à tout bout de champ, il capte l’attention, dossier brûlant, chaud devant :deux jeunes filles rachitiques, sans masse ni volume, l’épuisement à fleur de peau, la fatigue en la de l’existence, le souffle ténu sifflant perpétuellement en mode mineur. Les données biométriques le confirment : les courbes s’effondrent, les taux s’envolent, la tendance est clairement alarmante. Le tout révèle un profil typique d’anorexique. C’est comme si leurs corps se consumaient à vue d’œil, frêles allumettes se décharnant sous l’effet d’une flamme. Leur comportement est du même acabit : tout le temps ensemble, aussi brillantes sur le plan scolaire que hautaines et dédaigneuses envers leurs pairs, renfermées dans un mutisme méprisant et une discrétion feinte. Il paraît qu’en classe, rivées l’une à l’autre épaule contre épaule, bien droites sur leur chaise, la tête à peine penchée du même côté, tellement sérieuses dans le soin méticuleux qu’elles prennent pour écrire au même rythme, la même police, les mêmes codes couleurs venant surligner les titres, distinguer les paragraphes, la même façon d’organiser la page, elles se susurrent de petits mots à l’oreille, personne n’a jamais réussi à les saisir, elles les chuchotent à peine. Ce faisant, elles intriguent forcément, les professeurs l’ont remarqué ; leurs corps étrangement dédoublés, on dirait un animal mythique, une hydre aux pattes immensément échancrées et maigres, oui, c’est vrai, tellement maigres avec leur posture tout en os, genre antenne métallique. C’est ça qui énerve, leur côté brouillon hachurant l’atmosphère de gestes brindilles curieusement synchrones, épouvantails mal fichus tremblotant à l’unisson dans le vent. Elles sont bien plus visibles qu’elles ne le croient.
Triceps s’interrompt. Il mime l’air navré en s’affaissant un peu sur sa chaise, joue de son physique chamallow, puis reprend son souffle afin de murmurer les révélations les plus croustillantes : elles sont cousines germaines toutes les deux, portent le même nom de famille et quasiment le même prénom. Les parents baignent dans leur fierté nobiliaire et ne voient même pas ce qui se trame sous leurs yeux. Leurs filles ont pourtant poussé le mimétisme jusqu’à la décoration de leur chambre, mêmes affiches sur les murs, mêmes messages gravés, même disposition des meubles. Elles s’y enferment régulièrement l’une avec l’autre, pas besoin de vous faire un dessin, elles ont seize ans, fini la dînette.
Un des collègues feint de ne pas avoir compris. L’autre sourit déjà de son bon mot : disons que c’est une dînette un peu spéciale, avec des mets du genre oignon ouvert ou abricot fendu. Parmi l’assistance, les hommes partent d’un rire gras, les femmes prennent un air faussement outré. Le chef de service s’en félicite, la messe est dite. Demande de renforcement de la mesure d’investigation auprès de la juge, surveillance électronique rapprochée, convocation des membres de la famille pour entretiens psychologiques approfondis.
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Après un temps intervalle, tu es appelée à te rendre au bureau 17, bâtiment 2. À l’orée d’un box exigu matérialisé par trois panneaux en plastique, tu devines une voix qui te fait signe. Tu tâches de t’asseoir sur une des deux chaises. Elles sont pratiquement collées l’une à l’autre. Tu dois faire un effort pour te frayer un passage. Enfin installée, tu regardes ta conseillère, et c’est comme si tu lui dévorais le visage. Tu t’englues dans ses rides sans pouvoir la reconnaître. Tu détournes aussitôt les yeux pour ne pas céder à la panique et te concentres sur la raison de ta présence ici : l’opération chirurgicale que tu viens de subir et que Pôle emploi prend en charge. La probité se révèle si on présente bien, il faut savoir afficher sa personne, se mettre en valeur par un sourire éclatant débarrassé de ses impuretés et des marques de son vieillissement, magnifié dans son essence par la chirurgie et le maquillage, c’est fondamental, on ne marche qu’à visage découvert, sinon, c’est la suspicion de terrorisme, d’obscurantisme prosélyte, de trahison. Même les pires délinquants renoncent à se tatouer la face. Le visage est la clé de ton existence et tu le sais. Il faut que tu saches t’en servir, que tu assumes et puisses te regarder dans un miroir sans sourciller. C’est ainsi que tu trouveras ta place dans la société, et aussi, un job.
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Nous arrivons enfin. L’ivresse nous gagne, les produits font effet, la transe nous tient. Nous déboulons dans la cuisine, improvisons notre ascèse en traçant un triangle de sel à même le carrelage ; y tanguons en exagérant le moindre geste, marmonnons les mêmes paroles insensées à toute vitesse, en oublions notre langue maternelle, maltraitant le vocabulaire et la syntaxe pour en déposséder nos corps, basculons à chaque contact, déshabillées agitées ; complètement nues, nous accompagnons du bruit des appareils électroménagers que nous décidons de faire fonctionner à vide, four à micro-ondes, mixeur, hotte, la cuisine débordant de sons et de vibrations, nous dansons au milieu d’elles, peu à peu gagnées par l’envie irrépressible de nous goinfrer. Alors éventrons les sacs de farine blanche et debout, tout en titubant, en attaquons le contenu à la petite cuillère, l’ingurgitons à toute vitesse, pleines mains pleines bouches, mettons-en partout, y compris sur le sol, ça fait partie du rite, se salir avec du blanc, au-dehors comme en dedans. Pour déglutir la poudre, buvons de l’huile à même la bouteille. Notre transe devient orgiaque, du gluten et des graisses à foison. S’en oindre le corps. Au paroxysme de l’excitation, placées au-dessus de l’évier, enfournons nos mains dans nos gosiers et attendons que les spasmes prennent. Nos estomacs tremblent, se contractent. Une décharge électrique, ça monte, ça nous vrille l’échine, nous vomissons de concert. Nous vomissons tout ce qui a été ingéré, nous nous purgeons l’une l’autre, la joie de tout rendre, de se vider, jouissant par la bouche, éjaculant à torrents la glaire visqueuse de la graille honnie. Quand les convulsions s’apaisent, nous entortillons l’une sur l’autre, glissant sur les étagères et le plan de travail hors des limites que nous avons nous-mêmes fixées, pêle-mêle de jus, de muqueuses, de sucs et de succion.
Notre cérémonie ne dure pas. Nous avons millimétré l’affaire. L’ascèse a pris le dessus. Trahir pour entrer en transe mais ne pas trahir la transe. Rester secrètes, souterraines. Une heure, nous nous y sommes tenues. Au moment où retentit l’alarme programmée avec soin, nous aspirons la mixture artisanale préparée pour contrer les effets de la drogue, un mélange de calmants, d’acide hyaluronique et de pépins de citron. Zéro calorie. L’acidité nous brûle l’œsophage, le haut-le-cœur n’est pas loin, nous répugnons à avaler quoi que ce soit mais le jeu en vaut la chandelle. Les effets s’estompent. Nous retrouvons nos esprits. Alors clairvoyantes, effaçons précautionneusement les traces de notre passage et redevenons sages et discrètes, chacune chez soi. Les parents rentrent. L’ivresse noyée dans le sang, à peine quelques griffures sur les poignets, nous travaillons, studieuses, étrangères l’une à l’autre, nos corps essoufflés comme seul souvenir de notre voyage clandestin. Nos parents ne remarquent rien.
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Je vous le dis : on se voile la face. Depuis des décennies, loin des villes et de leurs flux incessants, à l’orée des dernières résidences pavillonnaires, la société a créé un trou noir dans l’espace-temps urbanistique en plaçant quelques-uns dans une situation maximale d’immobilité pour une durée déterminée. On se plaît à imaginer qu’ici, en rase campagne, s’agglutinent les détenus comme des rats au fond d’un trou, que bientôt ils perdront l’usage de leurs incisives à force de paralysie, sidérés par la peur et l’obscurité. On a du mal à se figurer que la prison fonctionne à l’inverse, que c’est dans le chaos perpétuel qu’elle enferme les gens : trocs, deals, changements de cellules, visites, hospitalisations, transferts, entrées, sorties, tout est négociable ici, tout peut s’échanger, à l’instar des produits illicites, qui vont et viennent, se vendent et s’achètent, drogue dans le cul, du parloir aux détenus, des détenus aux surveillants, des surveillants aux dealers, des dealers aux détenus, ou alors, sont envoyés directement de la rue au-dessus des grillages de la cour, passent dans la poche d’un agent, puis transitent par les cuisines, sur les chariots, ou carrément par les fenêtres, sous la forme de sachets pendouillant au bout d’un fil qu’on appelle « yoyo » car on les fait valser, le long des murs, au vu et au su des miradors. Bien sûr, la répression règne, elle bloque des accès, en autorise d’autres, contrôle les entrées, surveille les sorties, réglemente les passages, ralentit la cadence, un par un, deux par deux, attendez votre tour, en file indienne, finalement non, revenez demain. Mais au fond, elle épouse la vie des cellules : délinquants, pédophiles, trafiquants, criminels, chauffards, arnaqueurs, récidivistes s’agglomèrent et prolifèrent. La répression n’y fera rien, enlevez une tumeur, elle revient aussitôt. L’administration le sait. Aussi se plie-t-elle à leurs manières, en mégotant sur les peines, en rabotant les séjours, en fermant les yeux sur la haine, en négociant les retours. L’objectif est que ça usine là-dedans : violences, transactions, délits, produits, rapports, signalements ; peu importe si la colère y résonne, si la folie contagionne, et que le business prospère, il faut que cela vive, partout, tout le temps, comme si vivre et faire vivre pouvaient conjurer le pire, le suicide et la mort.
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La caméra de reconnaissance faciale de l’entrée de ton immeuble est momentanément désactivée. Tu dois composer ton code personnel pour y pénétrer. Tandis que tu ouvres la porte, tu te souviens avec effroi que le hall est tapissé d’une immense glace murale, t’interdisant ainsi le confort de l’invisibilité. Tu le franchis en déroute, comme s’il s’agissait d’un champ de bataille pilonné aveuglément par l’artillerie lourde du siècle dernier. Tu entends le bruit de la mitraille crépitant alentour, postillonnée sur les tronches des simples soldats dépassant des tranchées, casque limité à la surface du crâne mais visages nus, ces visages tout juste fièrement arborés sur les papiers d’état-civil grâce à l’invention conjointe de la photographie et de la Carte nationale d’identité, ces visages magnifiés en peinture dans les bonnes familles comme symboles de leur prestance bourgeoise et devenus populaires dans son grain noir et blanc bon marché, ces visages qu’on a livrés en pâture aux projectiles arasants de l’ennemi quand les maréchaux sifflent l’assaut, maréchaux qui se sont fait tirer le portrait après la victoire, avec monuments à leur propre gloire et gros plan sur leur regard, cinéma, c’est moi la star, en oubliant tous ceux qui n’étaient même pas morts, tous ces défigurés, bêtes de foire abandonnées dans le civil, avec obligation d’afficher leur tête monstrueuse sur leur carte d’invalidité. Tu te cloîtres dans l’ascenseur puis déboules dans l’appartement. Ton chat est là. Avec un air bovin, il chaloupe entre les lignes de ses trajectoires régulières sans faire attention à toi. Tu le trouves épais, beaucoup plus gros que d’habitude, des poils par millions, certains voletant autour de lui en une énorme crinière. Il te fait un peu peur. Tu le chasses d’une pichenette. Il déguerpit sur-le-champ. Ce geste ne t’apaise qu’à moitié. Tu réfléchis un instant, perdue au milieu de l’espace perclus de sifflements métalliques et de poussières en suspens, puis vises les miroirs disposés çà et là dans le salon. Tu les décroches un à un en évitant de les regarder. Ne pouvant ôter celui de la salle d’eau – car il est fixé sur le mur -, tu le recouvres d’un tissu. Le silence et la pesanteur reprennent peu à peu leurs droits.
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Je reste impassible, tente de masquer mon ennui. Ce jeune homme prétendument psychopathe s’avère absolument commun, un peu pervers et mégalo certes, mais ni plus ni moins que le multirécidiviste lambda.
Le délinquant parti, je m’accorde quelques soupirs râleurs. Les surveillants m’y invitent : ce sont les premiers à se moquer dans les couloirs, l’insulte à peine voilée, la maltraitance aux aguets. Je m’en méfie, évite de me prêter à ce jeu malsain, préfère jouer les timides, en taisant tout jugement à l’emporte-pièce. Ma réserve m’éloigne de leurs sarcasmes, elle me place du côté de la science, je suis Hermiane la psychologue, je me dois de rester invisible.
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Faciès entre parenthèses, un peu à l’étroit, les pommettes hautes et les joues droites, un menton qui file vers le bas, légèrement prognathe, et des cheveux bruns très courts ramenés sur le front. Un portrait accessoire, comme quelque chose que l’on utiliserait machinalement tous les jours. J’en prends soin, certes, mais passe vite dessus : khôl sur chaque paupière et puis basta. J’aime penser qu’en eux-mêmes mes traits sont neutres, que je suis capable d’en gommer le sens, a contrario de ceux des autres, que j’ai appris à déchiffrer sous l’épaisseur des discours. Mon visage ne doit rien laisser deviner, mes paroles ne doivent pouvoir y être arrimées d’une quelconque manière, seule compte l’attitude du patient dont le moindre geste trahit, pour qui sait le lire, le signe d’une pathologie cachée.
Ainsi invisible, je gère mes entretiens en respectant le protocole obséquieux du dépistage des risques psychosociaux en milieu fermé : toujours commencer par inviter poliment le mineur à décrire rapidement sa structure familiale, y déceler de petits traumas à peine refoulés, comme en rapportent souvent les enfants, afin de glisser subrepticement vers la confession d’éventuelles périodes prolongées d’angoisse ou de tristesse, voire d’épisodes délirants ou de conduites à risque (consommation excessive et régulière de psychotropes, fatigue, déprimes passagères, tentatives de suicide, etc.). Sans effraction, et avec son consentement, je dérobe ainsi sous ses yeux quelques morceaux choisis de son intimité que j’utilise pour évaluer la capacité du délinquant à revenir sur son acte et à prendre du recul sur celui-ci.
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Tu caches ta gêne à l’infirmière. Elle t’explique que quelques jours seront nécessaires pour que les modifications souhaitées soient définitives. De profil, le nez peut encore remonter, il descendra peu après, le temps que l’œdème se résorbe. Ils est possible également qu’un petit érythème disgracieux apparaisse. Il ne faut pas que tu t’inquiètes. Il pourra facilement être retouché au laser. Dans deux semaines tout au plus, ton visage se conformera parfaitement à ce qui était prévu. Elle conclut son propos en te félicitant de ta splendeur. Son éloquence ne te convainc guère. Tu demeures embourbée dans la vision de ta face saccagée hantant le verre réfléchissant. Dans un geste de commisération convenu, l’infirmière te prend par la main et te guide vers la sortie. Son contact augmente ton trouble mais tu ne dis rien. Tu quittes, hagarde, la clinique Cesari et ses allures de palais royal, embarques dans un taxi. Alors que tu t’installes, tu aperçois ton reflet dans la vitre ; tu l’évites aussitôt, tentes de te concentrer sur le paysage extérieur pour atténuer ton angoisse. Au milieu du lent défilé des buildings, dressés au garde-à-vous comme autant de généraux, tu ressasses la conviction que ta tête s’est étrangement alourdie, qu’on lui a ajouté de la matière au lieu d’en avoir ôté, apposition d’une greffe vivante, un animal, un chat, ou une tumeur, quelque chose qui enfle, se ramifie, chiendent aux radicules jaillissant de toutes parts, étamines en jouvence se pétrifiant peu à peu en densités morbides. Tu règles ta course d’un billet de vingt sans attendre la monnaie.
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Le bar de Robert s'ouvre sur un passage étroit qui longe le comptoir puis débouche sur une petite arrière salle avec tables et chaises en bois déposés ça et là (...) Le vin est lourd. La biere servie en bouteille. Tout le monde se connaît ou presque. Personne ne remarque les images et bibelots d'icônes décédées au siecle dernier qui ornent les étagères. La pièce est faiblement éclairées. Quelques lampes de chevet sont posées en équilibre précaire sur des socles mal bricolés. La clientèle est quinquagénaire grasse et masculine. Elle sent la solitude et le sexe mal lavé.
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