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Citations de Carlo Emilio Gadda (63)


Carlo Emilio Gadda
Qui est certain d'avoir raison par la force n'a même pas le doute de pouvoir avoir tort en droit.

L'AFFREUSE EMBROUILLE DE VIA MERULANA, Chapitre III.
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« Utiliser » l'événement — quel que soit l'événement que Jupiter Salopard, présidant aux nuages, t'a fienté d'vant l'nez, plaf, plaf — pour la magnification d'une activité pseudo-éthique personnelle, en fait protubéremment scénique et salement théâtralisée, est le jeu de quiconque, institution ou personne, veut attribuer à la propagande et à la pêche les dimensions et la gravité d'une activité morale. La psyché du dément politique exhibée (narcissiste à contenu pseudo-éthique) agrippe le crime d'autrui, réel ou supposé, et y rugit dessus comme un fauve couillon et furibard à froid sur une mâchoire d'âne : se conduisant de la sorte pour épuiser (pour détendre), sous la vaine apparence d'un mythe punitif, la sale tension qui le contraint à l'acte pratique : à la pratique quelle qu'elle soit, pourvu qu'il y ait pratique, à la pratique « coûte que coûte ». Le crime d'autrui est « utilisé » afin d'assouvir la Mégère à la crinière enserpentée, la multitude en folie : qui ne se laisse pas assouvir pour si peu : il est offert, le crime, comme bouc ou faon déchiré, aux échevelées qui le détruiront en lambeaux, suaves en leurs bonds par buissons ou mamelons, omniprésentes et voraces dans la bacchanale qui s'enflamme de leurs cris, et s'empourpre du massacre et du sang : une pseudo-justice, une pseudo-vérité, ou la pseudo-habilitation aux diktats acquérant ainsi cours légal.

Chapitre IV.
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Ce n'est pas uniquement le prix qui doit nous déterminer pour la transaction, le miroir aux alouettes du prix… la brutalité d'un chiffre.

Chapitre III.
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Madame Liliana, de temps à autre, on eût cru qu'elle soupirait. Ingravallo remarqua que, deux ou trois fois, à mi-voix, elle avait dit bah ! Cœur qui soupire n'a pas c' qu'il désire. Une étrange tristesse semblait teinter son visage, dans les moments où elle ne parlait ni ne regardait les convives. Une idée, un souci la retenaient-ils ? se cachant derrière le rideau des sourires, des attentions prévenantes ?

Chapitre I.
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Carlo Emilio Gadda
LE CROCODILE

Le crocodile était d'avis
qu'on l'avait appelé ainsi
pour lui reprocher de croquer.
Petite fable pour dire que quand
on est susceptible, on raisonne faiblement.
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Les yeux semblaient désirer et tout ensemble repousser une parole de consolation.
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L’hidalgo, peut-être, en était à se nier lui-même. A convoquer devant soi les motifs et la connaissance et la vérité de la douleur, plus rien ne restait, du possible. Sous ces violences répétées, tout s’épuisait. Ne demeurait sauf que le sarcasme, des formes et des apparences : tel un masque tragique sur une métope de théâtre.
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Incipit :
Étourdissant d'ubiquité, omniprésent à chaque ténébreuse affaire. Tous désormais l'appelaient donc Ciccio, de son vrai nom Francesco Ingravallo, détaché à la "mobile", un des plus jeunes fonctionnaires du bureau des enquêtes, et des plus jalousés, Dieu sait pourquoi.
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"Utiliser" l'événement - quel que soit l'événement que Jupiter Salopard, présidant aux nuages, t'a fienté d'vant l'nez, plaf, plaf - pour la magnification d'une activité pseudo-éthique personnelle, en fait protubéremment scénique et salement théâtralisée, est le jeu de quiconque, institution ou personne, veut attribuer à la propagande et à la pêche les dimensions et la gravité d'une activité morale.
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Tous l’appelaient désormais don Ciccio. C’était le dottor Francesco Ingravallo détaché à la garde mobile : l’un des fonctionnaires les plus jeunes et, on ne sait pourquoi, jalousés du bureau enquêtes : doué d’ubiquité, omniprésent dans les affaires ténébreuses. De taille moyenne, plutôt replet de sa personne, ou peut-être un peu trapu, les cheveux noirs, touffus et crépus qui semblaient sortir à mi-hauteur de son front, comme pour abriter du beau soleil d’Italie ses deux bosses métaphysiques, il avait un air un peu somnolent, une allure lourde et indolente, la façon d’agir un peu niaise de quelqu’un qui lutte avec une digestion laborieuse 
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Quelque collègue un brin jaloux de ses trouvailles, quelque révérend père mieux au fait des malpropretés du siècle, divers subalternes et ses supérieurs hiérarchiques assuraient qu'Ingravallo s'adonnait à d'étranges lectures : bouquins dont il tirait tous ces grands mots qui ne veulent rien dire, ou presque, mais utiles comme pas un pour en faire accroire aux primaires, aux innocents.
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De nouveau, cédant à une idée, il [Gonzalo, le fils] avait haussé le ton, rageur :
"Le monde des idées : joli monde! Eh : le moi, je : au milieu des amandiers en fleurs, au milieu des poires, des Battistina, des José : le moi, je... entre tous les pronoms le plus abject.
Le médecin sourit à l'algarade, sans comprendre. Il saisit cependant l'occasion de lénifier un peut les mots, sinon l'humeur et les pensées :
- Pourquoi diable? Que vous ont-ils fait de mal, les pronoms? Quand on pense quelque chose, il faut bien dire : je pense. Je pense que le soleil nous court la citrouille, de droit à gauche...
(...)
- I think, oui : but I'm ill of thinking, murmura le fils. Les pronoms sont les poux de la pensée. Quand la pensée a des poux, elle se gratte, comme tous les pouilleux : et sous les ongles, alors, on les retrouve : les pronoms : les pronoms personnels.
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Un caroussel ptoléméen de motocyclettes rampantes, un photomontage irisé de flamboiements rouges ou violets avec fumet de gazoline, assourdi d'éclats, d'explosions en chaîne, poussaient l'ultime caillot de la thrombose dans les lobes de la momie sabotante: l'embolie définitive dans les vases durs, tuméfiés, calcinés, violacés, dont s'était enchevêtrée, bouillie de tapioca, sa matière grise proprement ariostesque. Courant, dans le cosmos pirouettant de la Viscosa et des motos Guzzi, le danger de se voir renverser à chaque tour, lui-même et son coche, et le cocher, et sa patronne et dame: oh, jamais plus! Jamais plus! Joachim en train de plumeter sur son galop fastueux, jamais plus, jamais plus, ni Gérard, ni Gros, pour le peindre en train de grimper dans le vent, en montrant le blanc des yeux: les naseaux dilatés: par plus rien, rien du tout. La piétaille de la pétaradante mécanique du XXe siècle le plus trivial achevait de lui embrouiller ce petit ruban de vue libre devant ses yeux, entre les deux oeillères. Bolides maraîcheresques, laitiers dominicaux en flèche: avec un assemblage de cuisses féminines sur la selle arrière. Et taratatatapoum poum... Et l'écharpe rose ou bleu fumée (de ces femmes) s'envolait de leur cou avec les cheveux, un morceau de tulle ou de crêpe georgette s'allongeait, à l'horizontale, dans le vent, en course, comme court le panache d'une cheminée. En dessous, le sillage cendré et bleuté de la puanteur.
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Elle était superbe, à voir de près, malgré l'aspect sinistre du décor et les reflets croupis du carrelage; une blancheur liliale au minois, sur la gorge, entre les ramages et les festons de crasse; et des lèvres charnues, vermeilles, comme en aurait une sylphide enfant que travaillerait une puberté précoce; et plutôt onduleuse avec ça, dans la façon de se mouvoir ou de s'offrir, et comme affligée de rondeurs (un peu à la manière de certaines saintes, certaines nonnes tenues pour espagnoles), tels une imprescriptible mission, un fardeau éternel dont l'aurait surchargée, en des temps très anciens, le souverain vouloir de la Nature.
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Puis elles m’assurent et me jurent leurs grands dieux qu’à neuf heures elles sont toutes au lit, qu’aucune ne fait le mur ou ne rentre à une heure, pour aller le long des saules et des fossés, nuitamment, où chantent les grillons, où, dans les marécages, sanglotent les rainettes… « Certes… le dimanche…nous sommes jeunes… - m’ont-elles dit - … nous aimons danser ».

Et un petit harmonica suffit à les rendre folles : elles dansent avec leurs copines, ou avec un des gars qui font partie du dix pour cent, qu’elles ont emmené avec elles de leur village en souvenir de l’autre sexe… Les plus hardies, les plus chanceuses dansent avec quelques jeunes hommes du village le plus proche : elles parcourent des kilomètres à bicyclette, pour un bal, avec un jeune homme… avec celui de l’an dernier, puis, ensuite, avec l’un de ses cousins, qui est encore plus sympathique et qui vient juste de finir son service militaire…

« Nous avons vingt ans..., me dirent-elles.
-Toi aussi ?... dis-je à une petite blonde.
-Non, moi, je n’en ai que quinze, mais… je sais quand même danser… Et toutes se mirent à rire »
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Gonzalo se mit à table, et commença de porter la cuillère à sa bouche, sans que l'introït du liquide défigurât l'aimable profil du silence.
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Ma misère et mon dénuement vont croissant de jour en jour, et je ne sais où donner de la tête. Les manches de l'imperméable, les chaussettes, etc., s'effilochent en algues et sargasses, du fait qu'aucune femme charitable ne parvient à ravauder mes vêtements: il me semble être un Neptune couillon émergé du marécage de la connerie prédappienne.
Gianna et Falqui ont refusé le premier chapitre de «Eros & Priapo» à cause de son intolérable obscénité.
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Cueillir le baiser menteur de l'Apparence, sur la litière ensemble avec elle se vautrer, respirer son haleine, jusqu'à s'en gorger l'âme, s'abreuver de son rot, de son relent de maquerelle. Ou bien, la noyer au contraire, comme en une fosse d'excréments, dans la rancoeur et le mépris, nier, nier: pour se vouloir Seigneur et Maître au jardin privé de son âme.
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L' père à Liliana, mon pauv' beau-père, l'était 'n' homme sincère : l'un qu'avait du flair : lui, à la révolution, n'y croyait guère, ste fois c'est pas la bonne, qu'y disait, et y a pas d' quoi s' fier aux sociétés l'anonymes, du tout : d'abord… justement pacequ'elles sont l'anonymes : qu'on sait pas comment qu'elles s'appellent, qu'on sait pas c' qu'elles font, d'où qu'elles sont. Si qu'un jour par l'hasard leur vient fantaisie d'en dir' ste con-là j' me le roule, qu'esse-tu fais toi ? Va-t-ensuite les dénicher, toi, à Milan leur dire : « M'dam' l'anonyme, suis là, j' reveux mes sous en l'arrière ». Tu peux toujours t'asseoir !

Chapitre IV.
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Lui ne capiva poco de le donne. La donna è un gran mistero, diceva de domenica a le Frattocchie, dar marinese, seduto de traverso, e d'istate sotto frasca o fraschetta, cor gommito e co la fojetta sur tavolo. Le donne bisogna studialle bene prima de comincià, sentenziava a li Du Santi, a metà il bicchiere, davanti al beveratoio di marmo bianco striato: perché la donna è un mistero.
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