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Critiques de Caroline Valentiny (49)
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Il fait bleu sous les tombes

Alexis est mort depuis quelques semaines. Prisonnier dans sa tombe, il perçoit les bruits autour de lui, le bruissement des feuilles, le pas des visiteurs qui viennent se recueillir sur sa tombe, son père, sa mère, son petite amie et sa petite sœur qui fait l'école buissonnière pour venir le visiter en cachette. Il ne comprend pas comment il s'est retrouvé là, il ne se souvient de rien... Sa famille est aussi dans l'incompréhension car Alexis s'est jeté d'un pont... Alexis, étudiant de 20 ans, se serait donc suicidé sans laisser un mot d'explication.



L'auteure va nous raconter les pensées d'Alexis et le parcours de sa famille, en particulier de sa mère Madeleine qui après avoir fait " le vide de la chambre de son fils... qui la happe comme un trou d'air ", se réfugie dans une "bulle intérieure" dans laquelle Alexis l'appelle. Elle erre dans la maison, en oublie Noémie, sa fille de cinq ans, et se reproche de ne pas avoir su protéger son enfant. " Que n'avait-elle pas vu ? Que s'était-elle interdit de voir ?".



Madeleine va se souvenir de moments importants de leur vie et surtout de sa grossesse. Elle va éprouver le besoin irrépressible de mettre ses pas dans les traces d'Alexis, de retourner où le jeune homme a passé ses dernières journées à la recherche d'une réponse. "Pour les mères qui n'ont plus de fils, il n'y a pas de mot". Pendant ce temps là le père essaye de maintenir la famille à flots comme il le peut.



Alexis, quant à lui, se sent devenu "un poids sourd dans le ventre de la terre" dans une immense nuit, il attend un ange qui ne vient pas. En effet Alexis est coincé entre deux mondes car il ne comprend pas ce qui lui est arrivé.



Ce récit est essentiellement centré sur Madeleine et sa bouleversante quête. A travers les souvenirs de sa mère la personnalité d'Alexis se dessine peu à peu avec ses fragilités, son idéalisme, sa démesure... "un esprit de cristal". J'ai aimé les liens que fait l'auteure entre la naissance et la mort, j'ai aimé la façon dont elle explore le passage de la vie à la mort et les différentes façons de vivre un deuil à travers les réactions complètement opposées de l'entourage d'Alexis, j'ai aimé la belle innocence de Noémie et son regard d'enfant sur la mort. J'ai aimé la façon dont l'auteure explore l'infinité d'émotions qu'elle prête à ses personnages tous très attachants.

Caroline Valentiny, psychologue de métier, nous livre un premier roman très réussi, un roman intimiste d'une grande justesse et d'une infinie douceur. Un roman très lumineux malgré son thème très sombre. Un récit délicat, doux et subtil au rythme lent dont on ressort étonnamment apaisé.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Il fait bleu sous les tombes

Les mots me manquent. Depuis plusieurs jours, plusieurs heures je repousse le moment d’écrire cette critique. Non par indifférence, bien au contraire, Caroline Valentiny a su me toucher comme peu d’auteur ou autrice jusque-là. Son oeuvre, son écriture m’ont bouleversée. Tout en simplicité mais avec une force d’écriture impressionnante elle nous parle d’une expérience universelle, celle que tout un chacun vivra au cours de sa vie, celle qui inévitablement crée un avant/après. Celle qui crée en nous son lot de questionnements auxquels nous ne saurions répondre avec certitude. Que deviennent ceux qui nous ont quitté et qu’en est-il de ceux qui restent ? Comment surmonte-t-on ce genre d’épreuves ? S’en relève-t-on vraiment un jour ? Et comment peut-on s’autoriser à vivre quand ceux que nous avons aimé n’ont plus cette possibilité ?



« Madeleine était envahie par le déroulement sans fin des saisons, par l’éternel retour du même sans lui. Les cycles n’emmenaient plus vers l’avenir, ils tournaient en rond dans un ciel sans lune. »



Caroline Valentiny souligne avec douceur l’apparition, souvent inévitable, d’une frontière entre ceux qui restent suite à une tragédie. Au fil d’une écriture poétique, elle dresse un portrait réaliste dépourvu de noirceur, invitant le lecteur à accompagner les personnages dans leurs introspections respectives, leurs tentatives de se fondre dans le monde malgré tout, leurs secrets et leurs échappées imaginaires.



« On débute en silence, sur terre, derrière le rideau des coulisses maternelle ; on termine en silence, sous des rideaux de terre, l’âme évanouie, distraite. s’il avait eu le choix, il aurait préféré être laissé sur une petite plage cachée et tranquille, où il n’aurait pas été dérangé, où sa chair aurait pu s’effacer lentement à l’air, au milieu des marées, des vents salés et des oiseaux. »



Alexis, ni endormi ni réveillé, sans aucun appui dans ce » monde de l’expérience palpable » ne peut que réfléchir, réfléchir à sa vie d’avant, à ce qui l’a amené où il est, à ce qu’il est à l’instant T, à ce qu’il va devenir. Il ne peut que penser à ses proches, à ce qu’ils doivent ressentir et devraient faire maintenant qu’il n’est plus. Maintenant qu’il est bloqué dans cette sorte d’horizon sans fin.



Quant aux réflexions de Madeleine, tantôt dans le brouillard, « seule vivante dans un monde de carton-pâte », tantôt prisonnière de cette envie de vivre, tantôt prise d’une envie de partir, partir à la recherche de son fils et de la vie qu’il a eu sans elle. Consciente qu’elle ne trouvera dans le fond de réelle réponse nulle part mais incapable de reprendre le cours de sa vie, ses sensations m’ont tiré des larmes. Quand la légèreté et la spontanéité de Noémie, sans tourments ni reproches face à la dureté de la vie me tirait des sourires et que l’attitude de Pierre le pragmatique ne faisait guère illusion à mes yeux. La faible voix de Juliette, elle qui était l’amie d’enfance d’Alexis, son amoureuse, la seule qui représentait dans ce spectre de l’entourage du disparu la vie extérieure au cercle familiale, Juliette la mise de côté de cette histoire m’a quant à elle attristé.



Dans cette contemplation des états d’esprit et sensations, au rythme lent de l’acceptation de la disparition une question demeure qu’est-ce que représente le bleu ici ? Tout au long de ma lecture je me suis demandée pourquoi choisir Il fait bleu sous les tombes. J’ai sondé la présence du bleu dans l’oeuvre, cherché s’il y avait une récurrence chez certains personnages, sondé les états d’esprit pour voir s’il revenait à des moments spécifiques et malgré tout je ne suis toujours pas sûre de bien comprendre. Pourquoi le bleu ? Est-il lié au ciel et à la mer qui ouvre les horizons, au rêve et à la sérénité ? Est-il à prendre dans son aspect symbolique ? Si tel est bien le cas, il devient alors juste de voir dans ce roman une volonté d’énoncer une vérité enveloppé d’une étrange quiétude.



« Il voulait que le bleu l’emporte mais le bleu se traînait. »



En bref, Il fait bleu sous les tombes effleure le bouleversement de nos vies quand la mort vient en perturber le cours. Il ne vous apportera de réponses mais vous aidera peut-être à accepte vos émotions et à être plus sensible à celles des autres. Ici, pas d’ouvrage cocooning pour passer l’hiver, simplement un très beau roman contemplatif à découvrir.



Je vous laisse sur une dernière citation et espère avoir vos avis sur cette lecture qui aura été ma première de 2020.



Amicalement vôtre,



« Il n’y a jamais de bonnes raisons pour s’excuser d’être là où on . Tenez vous droit. »


Lien : https://luniversdepoupette.w..
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Il fait bleu sous les tombes

J'ai été très étonnée par ce roman, tant par son écriture que par son histoire!

Un style d'écriture très poétique, oui poétique, c'est le mot adéquat, un français très beau et harmonieux.

Une lecture rythmée par les différents points de vu, d'une part, celui d'Alexis, jeune homme de 20 ans, mort prématurément, celui de sa mère, Madeleine, femme déchirée par le décès de son fils.

Au fil des pages, on découvre le chagrin, le questionnement, l'amour, la passion de deux vies différentes, l'une terminée trop tôt et l'autre qui doit s'habituer au vide et au manque de son enfant.

C'est une belle leçon de vie (ou de mort), de combat quotidien et d'acceptation.

C'est une plume magnifique, belle, douce et très agréable à lire!

J'ai beaucoup aimé.
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Il fait bleu sous les tombes

«  Ah, si Madeleine avait pu voir la douceur lissant l’âme soucieuse sur les traits de son fils. Elle aurait aimé ce retour de l’enfance sur la figure de son grand garçon qui avait si rapidement troqué l’innocence pour la marque de l’inquiétude .

Mais elle ne pouvait pas, trop occupée à sa détresse » ...

«  Son cœur ne battait plus. Le souffle de son désir s’échappait dans les graves. Ses yeux ne cherchaient plus. Le monde battait encore , mais en-dehors de lui. En lui , petit à petit , montait le silence » ....

Deux Extraits de ce livre si touchant que l’on lit la gorge serrée tellement la douleur nous étreint , et ternit quelque peu l’incroyable beauté de ses mots à la fois douloureux , aériens , si pudiques et bienveillants !



J’ai failli arrêter ma lecture car j’ai vécu de près ces faits choquants , fulgurants , une impuissance intolérable . ....des questions infinies sans aucune réponse. ....



Jusqu’à il y a peu , Alexis , vingt ans , étudiant brillant était vivant .



À présent , puisqu’il a décidé de mettre fin à ses jours, il est entre deux , dans le cimetière de son village natal , son corps termine en silence , dans un espace minuscule , prisonnier de son corps mort.....il est en marge, ni vivant ni mort puisqu’il parle au lecteur.



L’auteure nous oblige à réfléchir à propos de ce sujet macabre , s’il en est mais l’écriture douce, pudique, poétique joue un rôle clinique .



Pour ses parents , sa petite sœur Noémie , cinq ans , c’est un séisme !

Pour sa maman, un déchirement douloureux, un anéantissement palpable à tel point qu’elle néglige sa petite fille !

Les mots légers , aériens résonnent comme un léger bruit, un effleurement, un frôlement dans les feuilles , depuis le carré d’herbe étanche à la lumière .

Les thèmes du deuil , de la culpabilité , de la mort , de la résilience , de l’amour accompagnent une très jolie plume , une écriture absolument magnifique , d’une douceur subtile , impressionnante, quête d’une mère submergée par le chagrin inouï, fulgurant, à fleur de peau , hypersensible !



Avec son amour de mère et son torrent d’explications , ces questions sans réponse , les pas sautillants de sa petite sœur , échappée de l’école qui vient le visiter en cachette !

Le texte ne juge pas, laisse entendre , sous- entend, effleure , le lecteur joue le rôle d’un témoin attentif , compréhensif même s’il est impuissant !

Un très joli récit tout en retenue et pudeur !
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Le jour où ma tête est tombée dans un trou

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Schizophrénie, conscience de soi, intersubjec..

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Voyage au bord du vide

je suis restée dubitative à la lecture de ce livre, une écriture hachée, longue succession de mots, de phrases à peine formées qui si elles rendent bien compte de toute la complexité du vécu de déréalisation de l'auteur, n'en demeurent pas moins difficiles à suivre. Heureusement au bout du calvaire qui aura duré dix années, l'auteur s'en est sorti et est devenu psychologue.

Heureuse pour elle, et heureuse d'avoir achevé ce livre malgré tout ....



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Voyage au bord du vide

Caroline Valentiny nous emmène au plus profond de plus rien, de son incompréhension d'elle même, du vide et la confusion qui l'envahit à la fin de son adolescence. Elle nous raconte la douleur, les médecins, les médicaments avec - en écho - sa mère qui craint de la voir disparaitre dans la dépression, l'anorexie et les traitements inutiles.
Lien : http://noid.ch/voyage-au-bor..
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Voyage au bord du vide

Ce livre est formidable ! J'ai également eu des problèmes d'anorexie, j'ai donc pu facilement m'identifier au personnage principale. Dans ce livre, on découvre le monde impitoyable de la mode, moi qui ai toujours fantasmer devant les boutiques de luxe, maintenant je suis bien contente de n'avoir jamais pu y mettre les pieds !
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