Celui-ci commence à Vienne dès 1921, Wilhem est heureux avec sa jeune soeur Myriam.
Peu à peu, Vienne l'idyllique, la merveilleuse, pétrie de culture et d'humanité, va devenir un enfer.
Myriam, jeune mariée, parvient à quitter à temps le vieux continent. Pour Wil, c'est plus compliqué. S'exiler n'est pas une décision facile à prendre, encore moins quand ça implique d'abandonner ses parents. Quand enfin, le jeune couple s'y trouve contraint, les USA ont fermé leurs frontières, et peu de solutions s'offrent à eux.
Si la première partie nous fait revivre les horreurs de l'arrivée du nazisme, la dégringolade de la vie des Juifs dans cette ville qui leur doit tant, jusqu'à la tristement célèbre Nuit de Cristal, la seconde partie, moins classique me semble-t-il, nous entraîne dans une terrible errance de camp en camp, de la Suisse au Portugal en passant par les quelques camps du midi de la France.
Quand pour Wilhem, Almah et leur petit Frederick, il s'avère que New York ne sera qu'un paradis inaccessible, malgré leur famille qui les y attend, ils vont devoir se résoudre à accepter la seule porte de sortie possible : S'installer comme colons en République Dominicaine, dans un pays dont ils ignoraient tout (voire l'existence), pour créer une sorte de brouillon de kibboutz.
Cette aventure ahurissante est en fait un épisode réel, et si comme moi vous n'en aviez jamais entendu parler, c'est une belle découverte que ce roman.
Fallait-il qu'ils soient aux abois pour penser à proposer à des intellectuels, élites de leurs pays, de s'installer dans un pays où la dictature et les troubles politiques sont à peine moindre que là où ils sont partis, pour créer des exploitations agricoles et une ville à partir de rien, alors que la plupart n'ont jamais travaillé de leurs mains.Dans un pays au climat quasiment à l'opposé du leur.
Mais quand on n'a pas le choix, on retrousse les manches ! Quelques rares par idéologie, la plupart par réalisme, vont tout doucement faire leur trou dans ce pays.
Ça, c'est le fond de l’histoire.
Mais ce roman est une merveille par sa façon de nous mettre au plus près de l'intimité des personnages, par ce je ne sais quoi qui fait qu'on n'a plus envie de les quitter, qu'on fait un peu partie de la famille. De l'amour, des amitiés incroyables, une belle analyse sur ce qui dure dans les couples, tout un pan d'Histoire, presque un demi-siècle qui se déroule sous nos yeux. Et une profonde réflexion sur l'exil, être de quelque part, connaître ses racines.
Ça se dévore, mais ça laisse des traces !!
Tout au début, j'ai un peu moins accroché qu'avec le tome suivant qui m'avait entraînée d'emblée.
Un peu trop de descriptions, de vêtements, de lieux, j'aurais sans doute moins accroché si j’avais commencé par celui-ci.
Mais très vite, je me suis laissée emporter avec les personnages dans cette ignoble errance.
Comme dans la suite, j'ai été un peu surprise du passage continu de la narration de la première à la troisième personne, mais c'est toujours Wilhem qu'on suit, même si Almah est probablement le personnage principal et le plus solide de la famille.
Le passage, attendu et redouté, à Ellis Island, m'a évidemment renvoyée à ma lecture récente de Gaëlle Josse Le dernier Gardien d'Ellis Island.
C'est aussi, en plus du reste, une très belle ode à Stefan Zweig, qu'il faut que je relise !
Je n'ai évidemment pas lu tout à fait de la même façon que si je ne connaissais pas la suite, mais j'y ai pris certainement autant de plaisir. Lecture avec moins d'urgence de savoir ce qu’ils allaient devenir, je lis en profitant plus de chaque page.
J'ai terminé en larmes, pas tellement sur la fin, dont je me doutais puisque j'ai lu la suite, que sur la merveilleuse façon juive d'aider à faire son deuil, par la semaine de shiv'ah. Quelle belle façon de dire adieu à celui qui nous a quitté, et de revenir vers le monde des vivants. J'en suis encore émue en écrivant.
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