« Cursed Crowns - Twin Crowns, tome 2 » de C. Doyle et K. Webber lu par Lola Créton I Livre audio
- Tu as l'air de vouloir sauter dans ce tableau, commenta le roi.
- Je préfèrerais être là-bas plutôt qu'ici, admit Wren.
- Comme ça nous sommes deux, marmonna-t-il en poussant la porte.
Wren le suivit dans la pièce.
- Attends. C'est ta chambre à coucher ? balbutia-t-elle.
- Ne te fais pas d'illusions.
- Pitié. Je préfèrerais me jeter dans la gueule de Borvil.
- Tu as un couteau ? l'interrompit-elle. Ou ton épée. Ça fera l'affaire.
- Tu comptes me tuer dans mes propres catacombes ?
- Non. Enfin, j'y aurais songé si j'avais une chance de m'en tirer...
- Charmant. Et dire que j'ai sauvé ta misérable vie hier.
- Nous savons très bien tous les deux que tu m'aurais noyée toi-même si tu n'attendais pas quelque chose de ma part.
Il ne nia pas.
- Hé !
Une vieille femme arriva en claudiquant. Elle portait un bol de fruits à l'odeur sucrée et une expression assassine sur le visage.
- Ce sont les fleurs sacrées du palais de la Lumière Éternelle !
- Eh bien maintenant ce sont les fleurs sacrées de ma poche, rétorqua Wren sans broncher.
Qu'est-ce que tu voulais qu'elle me dise ? Que l'île a tué notre père ? Que les tempêtes sont magiques et que c'est la magie qui nous l'a pris ? Non, Fionny.
Il faut le voir pour le croire.
Son grand-père avait raison lorsqu'il disait qu'on n'avait pas peur pendant l'action, mais il avait oublié de mentionner un détail. On avait peur après. La terreur profita de l'obscurité pour descendre dans sa gorge et l'empêcher de respirer correctement. (pages 203)
-D'après mon expérience, il n'y a pas de peur, aussi petite soit elle, dont il faut avoir honte. Ta grand-mère souffrait d'anatidaephobie aiguë. Le savais-tu?
A peine Fionn avait-il entendu ce mot, que déjà il l'oubliait.
-Elle souffrait de quoi...?
Son grand-père joignit les mains devant ses lèvres.
-Elle avait peur d'être observé par un canard.
Fionn fixa le vieil homme, interloqué.
-Quoi?
-Anatidaephobie, articula son grand-père. La peur que quelque part, un canard vous observe.
- C'est curieux, mon garçon. Je ne sais pas qui tu es, avoua-t-il.
Fionn se décomposa.
- Mais je sais que je t'aime, ajouta son grand-père en fermant les yeux.
Il sourit, et on aurait dit que le soleil se levait au fond de lui. Fionn attendait de pouvoir à nouveau respirer pour répondre :
- Moi aussi, je t'aime, grand-père.
-Elles [baies de lune] ne poussent qu'à la lumière de la pleine lune et, quand tu les manges, tu sens l'amour de toutes les étoiles du ciel dans ton ventre[...].
Et, par-dessus tout, il voulait que son père quitte le canot de sauvetage qui gisait au fond de la mer et vienne reprendre sa place. Il le désirait si fort qu'il caressait cette idée en s'endormant chaque soir, et se réveillait chaque matin en y songeant. Depuis qu'il était tout petit, cette pensée était blottie dans la petite fente entre son âme et son cœur, à l'endroit où le désir se dissolvait dans l'impossibilité.
Vivre une vie d'émerveillement à couper le souffle, si bien que lorsqu'elle s'estompera peu à peu, tu sentiras encore l'ombre du bonheur en toi et le sentiment de béatitude d'avoir ri le plus fort, aimé le plus profondément et vécu sans peur, même si les détails t'échappent.