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Citations de Catherine Faye (39)


Les petites boîtes se ressemblaient toutes, je n’arrivais pas à me décider, je les trouvais mal taillées, trop plates, pas assez colorées, j’en aurais voulu qui soit parfaite. Je les dévorais des yeux, sans oser les toucher, encore moins les ouvrir pour voir dedans. D’un coup, j’ai su laquelle j’allais prendre, j’ai souri, je me suis retournée pour faire signe à ma mère. De là où j’étais, je ne la voyais pas, j’ai tendu la main pour la saisir, mais j’ai eu peur que la libraire ne pense que j’allais la voler, alors, je l’ai reposée, j’ai regardé de tous les côtés et je me suis dirigé vers la sortie, les mains vides. Sauf que, dehors, personne. Elle avait disparu.
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A défaut d'aller à l'école, je me nourrissais de tout ce qu'elle me donnait à voir et à entendre, le monde s'offrait à moi, et quand ça ne va pas, ouvre en grand la fenêtre, me disait-elle. Et regarde.
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Peut-être qu'i était devenu comme ça à force de se pencher. Ou qu'il était né tordu, ça m'a fait de la peine. Ce qui était sûr, c'est que Gaston, quand il plantait son regard dans le mein, je le voyais beau.
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Tu sais, Blanche, si on pouvait traduire ce que nous disent les marques et les blessures, on aurait les réponses qui nous manquent. 
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Quand le corps s’arrête de fonctionner, l’esprit s’en va. Tout disparaît. Comme un morceau de sucre dans de l’eau. Ta mère est maintenant en toi, Marcel. Écoute-la, sens-la. Elle respire en toi. 
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Chez nous, on dit que quand on se tord la cheville, c’est que quelque chose ne tourne pas rond. Qu’on n’arrive plus à faire face. Au turbin, comme sur une machine, sans cheville ouvrière, plus rien ne fonctionne. 
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Finalement, pour un mot, c'était la même chose. Si on le prononçait trop vite et n'importe comment, impossible de l'effacer après. Les mots restent. De vrais poisons.
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J’ai suivi une rue à sens unique. Tout droit. Comme pour ne jamais revenir en arrière.
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Je l’ai perdue comme ça. C’était l’après-midi. Nous avions déjeuné dans un bistrot à étages de Palermo, en sortant, il avait encore fallu faire les magasins. Depuis notre arrivée à Buenos Aires, nous n’arrêtions pas de marcher et d’entrer dans des boutiques. Je ne comprenais pas grand-chose à ce que nous étions en train de faire, on était partis de Paris, comme ça, très vite et très loin, en plein mois de décembre, des vacances ou alors une autre vie. Elle avait décidé de m’emmener dans la ville de son enfance, une enfance de rêve, c’est ce qu’elle me répétait. C’était juste après l’attentat des tours jumelles. 2001, une drôle d’année.
Je me souviens de ses sandales à talons compensés, elle se tordait les chevilles sur les trottoirs cabossés, me tirait par la main, on manquait de tomber tous les deux. Je les vois encore, ses sandales, parce qu’à chaque fois qu’elle les mettait elle me demandait si elles lui allaient, en se tournant dans tous les sens devant le miroir. Elles avaient une bride rouge, fine, on aurait dit un bracelet autour de ses pieds. J’aimais m’amuser avec, faire et défaire la boucle quand elle dormait et que je m’ennuyais. Elle aimait mettre des talons, ma mère, même si elle était grande. Elle disait que l’élégance, c’est de donner l’impression qu’on va s’envoler. Et moi, j’avais peur.
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-Louise, tu ne penses pas qu'on devrait aller voir les flics ?
-Pour leur dire quoi, Thelma ? Pas moins de cent personnes t'ont vue toute la soirée avec Harlan, joue contre sa putain de joue ! Qui va nous croire ? On ne vit pas dans ce genre de monde.
C'était il y a trente ans. Et nous ne vivons toujours pas dans le "genre de monde" où l'on écoute les victimes.
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- Ma mère est grande, avec un long cou, elle me fait penser à une cigogne, mais avec une bouche souvent rentrée en dedans, à cause de la colère.
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Elle a éclaté de rire. J adorais sa façon de rire. Comme une poignée de cailloux blancs lances gaiement en l air.
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- Ici, j ai dix ans ? J avais demandé à ma mère quelques jours après notre arrivée.
- Absolument pas, pourquoi ?
- Ben ... parce que tu m as dit qu avec le décalage horaire on perdait des heures.
- Eh bien non, Lucien.
- Et ailleurs ?
- Ailleurs ?
- Ben oui ... dans l Antarctique, j ai dix ans ?
- Fiche-moi la paix s il te plait avec tes stupidités.
Je m étais tu, comme d habitude, mais au moins elle m avait rassuré. J avais eu tellement peur d avoir perdu un an, comme ça, juste en traversant l Atlantique. Tout un océan. Mais non. Je continuais à grandir, c était ça le plus important. Être grand, le plus vite possible. Et partir.
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Chez lui, le vent. Du vent partout. Derrière le rideau noir déchiré, sous la table en plastique, au-dessus de la couverture soigneusement pliée sur le matelas. Chez lui, une seule pièce, une seule fenêtre et de la terre battue. Dans un coin des champignons accrochés à une planche et, entre les poutrelles qui retenaient le plafond, des paquets de saletés. Je me suis assis en tailleur sur le matelas posé sur le sol, je grelottais, il a ouvert la porte d une table de chevet en bois tailladée et en a sorti une théière en porcelaine blanche - l élégance d un cygne. À la naissance de la poignée, deux initiales peinte en bleu : YL. Il a craqué une allumette, une flamme bleue a jailli du réchaud à gaz. L eau a frémi. D un côté la casserole crasseuse, de l autre la théière. Mon regard passait de l une à l autre, quelque chose ne collait pas.
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Dans un coin, un étalage de petites boites ovales bizarres, jaunes et recouvertes de signes - des croix, des flèches, des yeux -, j étais fasciné. Ma mère s était approchée. Elle m expliquait qu à l intérieur il y avait des poupées minuscules, indiennes (...)
- Donc, vois-tu, quand tu as un souci, n importe lequel ...
Elle avait glissé un blanc.
- ... tu glissses une des petites poupées sous ton oreiller, tu lui confies et le lendemain matin, quand tu te réveilles, plus de souci, il s est envolé.
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Le monde s arrêtait de tourner. Je ne sentais plus rien. J aurais voulu éclater. Disparaitre. J étais de trop. Mourir. La taper. M arracher les cheveux. Me rouler par terre. Tout casser. Me serrer contre elle. De toutes mes forces. L aimer, l adorer, la détester. Mais tout ça n aurait servi à rien. Je le savais.
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Je voyais Lucien dans Paris, à travers la campagne, Lucien, mon passé à peine révolu, et j exhibais Lucio, quatorze ans pour qui voudrait bien le croire, Lucio, mon nouveau moi.
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J 'adorais me raconter des histoires. J avais de l entraînement. Ma mère ne s occupait presque jamais de moi, alors, j avais trouver ça à force de m ennuyer. J appelais ça mes raconte-à-moi. Quand tout commençait à tourner en rond, je filais me cacher sous ma couette, je fermais les yeux et c était parti. La plupart du temps, Cali m y retrouvait. Cali n existait que dans mon imagination. Je lui parlais, on se tenait par la main et on partait en expédition dans les mondes étranges de mes raconte-à-moi. On était magiciens, on était danseurs. Rien ne pouvait nous arriver, on était deux. Mais, depuis l Argentine, Cali avait disparu et j étais seul dans mes mondes.
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- Arrigo, tu trouves que j ai grandi ?
- Bien sure que tu as grandi !
- Tu veux dire que, depuis hier, j ai changé ?
Il s est raclé la gorge, a fait claquer sa langue.
- Che, t exagères pas un peu ? Comment veux-tu que je vois une différence entre hier et ce matin ? Faudrait que j te mesure au millimètre près pour voir si t as grandi comme ça, en une nuit.
Il ne comprenait rien. Les adultes ne comprennent jamais rien. Normalement, on s en rend compte le jour de son anniversaire, qu on a grandi.
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En revanche, ce que j avais appris aujourd hui , c est qu elle soignait les âmes en peine. Des âmes en peine ! Des paumés, oui, vu ce qu elle décrivait !
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