Citations de Catherine Ganz-Muller (44)
En fait, beaucoup d’Allemands, déçus par la défaite de 1918, puis victimes de la crise, se sont sentis abandonnés par le gouvernement Hindenburg. Ils se sont tournés vers le national-socialisme qui leur a fait croire qu’il serait un régime fort, capable de résoudre tous leurs problèmes. Ils sont maintenant à leur merci.
Hans a du mal à maîtriser son émotion. Le cœur serré, les larmes aux yeux, il traverse une ville qui a changé de visage. Il lui semble qu’elle est devenue totalement grise, écorchée par la seule couleur qui émerge comme autant de balafres : le rouge des oriflammes nazis. Le cœur de Hans bat de plus en plus vite. Des images de la librairie saccagée brouillent sa vue.
Hans m'a vendu la Librairie peu de temps avant de mourir. Je l'ai dirigée seul pendant quarante-trois années. Après moi, elle reviendra à Lisbeth. Une femme propriétaire d'une librairie créée par un juif... Le monde évolue bien ! (p. 255)
Seules la culture et la beauté peuvent briser les barrières sociales, n'oubli jamais cela, Hans!
Les embrassades et les voeux de bonheur semblent plus sincères, mais plus hésitants que les autres années. On se serre dans les bras, on se dévisage longuement comme pour ne pas oublier le regard d'un oncle, d'un cousin, d'une tante ou d'une aïeule. (p. 23)
Malgré ces obstacles, il a à coeur de continuer vaille que vaille les traditions de la Librairie. Ce n'est pas uniquement une question d'argent, Hans a la volonté de faire vivre le lieu autant par fidélité à son mentor que pour tenir tête au régime. (p. 82)
Deux jours plus tard, la presse appellera cette nuit du 9 novembre la " nuit de Cristal", Reichskristallnacht. Jusqu'à ce jour, le cristal était pour Hans un verre pur et limpide, donnant un son mélodieux. Il n'ose pas croire que l'épuration de tant de juifs soit associée à la pureté dans l'esprit des nazis ! (p. 121)
S'il cesse de penser, chaque être humain peut agir en barbare.
Hannah Arendt
Hans a recensé le fonds dans l'espoir de refaire un catalogue. Il manque tant de livres que cela ne lui a pas pris plus de quelques jours. Grâce à cet inventaire, il fait des vitrines différentes toutes les semaines avec des titres un peu oubliés. Plus de commandes, plus de nouveautés, il faut improviser avec ce qu'il y a et tenter d'attirer les clients. Cette activité occupe tout son temps et lui remplit la tête. La littérature chasse l'actualité. Il s'y réfugie, comme enfant il se réfugiait dans les pas de Lygie. Il navigue dans ses souvenirs, de Siddhartha aux Scènes de la vie d'un propre à rien. Hermann Hesse et Joseph von Eichendorff sont ses compagnons, mais aussi Tolstoï, Cervantès et tant d'autres qư'il a côtoyés durant ses heures de lecture.
Seules la culture et la beauté peuvent briser les barrières sociales, n'oublie jamais cela, Hans !
Comment réagirait Alexander devant ce qu'il reste de sa librairie? "Un livre, dans quelque état qu'il soit, est important pour ce qu'il contient, non pour son apparence. Souviens-t'en, Hans. Un livre est comme un homme, son habit ne compte pas.
Alexander avait une confiance aveugle en l'homme.
Etait-elle amoureuse ? Déjà ? […] Est-ce que l’amour ressemblait à son envie de passer du temps avec lui, de le connaître, de partager des rires et des découvertes ? Tout ce qu’elle ressentait avec certitude, c’est qu’elle voulait le revoir, très vite.
Ces jeunes filles qui reprennent leurs études me confortent dans l'idée que l'instruction est l'unique moyen d'évolution.
C'est peut-être la guerre qui a apporté cette prise de conscience, le mélange des populations et surtout les femmes qui ont acquis une autre image en prenant la place des hommes.
En fait, tu aimais l'idée que tu te faisais de l'amour, et ce garçon n'y correspondait pas. J'ai lu quelque chose comme ça dans un roman : après son mariage, un vrai fiasco, l'héroïne prend conscience que son sentiment pour son mari n'est pas à la hauteur de ce qu'elle avait imaginé dans ses rêves. Imaginer l'amour et le vivre, c'est tout à fait différent.
Une phrase de La Montagne magique de Thomas Mann lui vient à l'esprit : "l'homme ne vit pas seulement sa vie personnelle comme individu, mais consciemment ou inconsciemment il participe aussi à celle de son époque et de ses contemporains."
N'est-ce pas agréable de voir une jolie femme dans une belle toilette ? Je suis certaine que votre journée en est moins triste ! Allez, fêtons cette nouvelle année en espérant qu'enfin elle nous apporte la paix !
... je voulais que chacun ait la possibilité d'avoir un livre dans les mains, qu'il soit riche ou pauvre. (page 29)
Un livre, dans quelque état qu'il soit, est important pour ce qu'il contient, non pour son apparence.(...). Un livre est comme un homme, son habit ne compte pas.
Lorsqu'il a acquis ce fonds, Alexander, comme tous ses ascendants, bénéficiait, depuis la fin du XVIIIe siècle, du statut de -juif protégé- octroyé par l'archevêque de Cologne. Ce statut particulier signifiait que certaines familles juives étaient dotées à peu près des mêmes droits qu'un non-juif. (p. 72)