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Citations de Catherine Sauvat (24)


Peut-on bien se représenter l'extraordinaire renommée de Victor Hugo et l'attrait inouï qu'il a exercé sur ses contemporains ? Le monstre sacré, académicien et pair de France, dont l'oeuvre monumentale "entasse les superlatifs d'admiration" avec une force qui n'a jamais failli, a en effet placé la poésie au service des hommes. Sa célébrité est telle qu'il ne peut répondre à la multitude de ses solliciteurs, laborieux plumitifs ou apprentis poètes.
En 1840, alors qu'il est au faîte de sa gloire, il reçoit la lettre d'un jeune homme de dix-neuf ans: "Je vous aime comme j'aime vos livres [...] Je suis peut-être bien hardi de vous envoyer bon gré mal gré ces éloges par la poste; mais je voudrais vous dire vivement, simplement, combien je vous aime et je vous admire, et je tremble d'être ridicule." Le signataire, un certain Charles Baudelaire, lui signifie que sa démarche ressemble sans doute à celle qu'il aurait pu faire lui-même, lorsqu'il était un auteur débutant, s'adressant à un aîné, tel Chateaubriand dont son " âme" était tant "éprise". Sans le savoir il a visé juste ! Mais la réponse qu'il "attend avec une impatience extrême" ne viendra pas.Ce n'est que bien plus tard, à la parution des -Fleurs du Mal-, que le grand homme lui adressera enfin un mot... considéré comme sans intérêt par Baudelaire. Qui nonobstant récidive deux ans plus tard en lui faisant parvenir un poème inédit; la missive en retour de Hugo qu'il qualifie de "stupide" l'exaspère tout autant.(p. 83)
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Les choses ne sont pas toutes aussi tangibles et exprimables qu'on voudrait la plupart du temps nous le faire croire; la plupart des événements sont indicibles, ils se déroulent dans un espace où jamais un seul mot n'a pénétré ; et plus indicibles encore que tout le reste sont les oeuvres d'art , mystérieuses existences dont la vie demeure, tandis que la nôtre passe.
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La Hollande est imbibée d’eau, l’eau monte du sol, de la mer, l’eau unit le sol et la mer au ciel qu’on n’aperçoit jamais qu’à travers son voile impalpable que l’or du soleil, l’argent de la rosée, la pâle émeraude des flots teintent simultanément ou tout à tour. – Élie Faure

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Maxime Gorki (1868-1936) à Léon Tolstoï

(...) Gorki comprend vite qu'une amitié avec son modèle peut se révéler risquée. Ses illusions premières se heurtent à une réalité plus dure. " Non ! Il n'était pas simple, l'apôtre de la simplicité !". Même si Tolstoï a abandonné les privilèges de sa classe en se réfugiant à la campagne, il reste à jamais imprégné par le monde de la culture où il a évolué toute sa vie. Un monde que l'autodidacte Gorki n'a jamais pu approcher sans se sentir illégitime et inculte.
Devenu rapidement le centre de toutes les attentions, le jeune auteur fait désormais partie du cercle d'écrivains qui gravitent autour de Tolstoï. Il y retrouve Anton Tchekhov avec lequel il a initié une correspondance amicale. Une occasion pour Gorki de remarquer que si les conversations sur un pied d'égalité sont possibles avec Tchékhov, ce n'est jamais le cas avec Tolstoï. celui-ci ne montre qu'un "intérêt ethnographique" à son endroit, comme s'il "appartenait à une espèce qui ne lui est pas familière"- rien de plus". (p. 139)
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"Votre amitié qui est bien le plus grand trésor que j'aie conquis à la pointe de ma plume."

André Gide (1869-1951) à Joseph Conrad (1857-1924)

A la mort de Conrad en 1924, la NRF publie un numéro en son hommage. Treize ans après leur rencontre, Gide écrit un éloge vibrant en regrettant de ne pas lui avoir signifié "toute l'affection, l'admiration, la vénération, que, malgré tant d'absence et de silence, [il] n'avait cessé de lui vouer". ET lui dédie son -Voyage au Congo- (p. 161)
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"Je suis venu en tant que poète rendre visite à un poète"

Oscar Wilde (1854-1900) à Walt Whitman (1819-1892)

(...) Au vu de leurs comptes rendus respectifs, Oscar n'a pas joué son rôle habituel d'enfant gâté, prodiguant ses traits d'esprit snobs ou narquois. Il s'est assis sur un tabouret face au poète, tel un enfant obéissant face à un père ou un grand-père, attentif à recueillir sa parole. Quand Whitman lui sert du vin de sureau préparé par sa soeur en l'appelant Oscar, celui-ci écrit : " Je l'aurais bu de la même manière si cela avait été du vinaigre car j'ai pour cet homme une admiration que je ne saurais exprimer [...] C'est le plus grand homme que j'aie jamais vu, le personnage le plus simple, le plus naturel et le plus fort que j'aie rencontré de ma vie." Seules certaines exigences sur sa poésie le surprennent, car Whitman, autrefois typographe, pense toujours à ce que ses vers composent une belle page, "comme une épitaphe sur une tombe rectangulaire" (p. 73)
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Introduction

(...) Pascal Bruckner , qui a pu saluer Albert Cohen, s'attendait à trouver un "personnage au moins aussi flamboyant sue son Solal". Mais le vieil homme en peignoir, dans son appartement sans charme, acrimonieux envers sa femme, déstabilise le visiteur: " la légende était trop haute pour son titulaire. Le désensorcellement fut instantané." (p. 13)
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Introduction

Dans son roman -L'Ecrivain des ombres- , Philipp Roth décrit un personnage d'écrivain qui, sur le point de rencontrer son maître, s'imagine déjà dans le sillage d'une filiation. " Car, j'étais venu, figurez-vous, pour poser ma candidature au rôle de fils spirituel [...] pas moins, pour solliciter sa caution morale et pour gagner, si c'était possible, la protection magique de son approbation et de son amour. " (p. 13)
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Ah les écrivains !
On s’interrogerait presque sur la persistance du pouvoir d’attraction qu’ils exercent encore à notre époque, si impatiente, où la brièveté et l’immédiateté du message priment sur sa qualité et sa densité. Et pourtant, il suffit de voir les files devant certains auteurs en signature pour en comprendre le phénomène, comme si les approcher permettait de sentir sur soi les lueurs de leur renommée. Leur autographe est un trophée. Les quelques mots échangés réapparaîtront vite sous forme d’anecdotes valorisantes. Or, parmi les lecteurs, toujours curieux et souvent émerveillés, se glissent parfois de jeunes désirants, prêts à tout pour entrer en littérature. À tant vouloir rencontrer l’objet de leur admiration, leur modèle, ils recréent à leur manière un exercice classique aux allures de rite initiatique : la visite à l’écrivain.
Au XVIII e siècle, le statut de l’écrivain connaît un tournant en se libérant de l’autorité du roi et de l’Église. Son influence gagne, y compris dans les milieux populaires. Voltaire, auteur de contes philosophiques et de textes polémiques, symbolise cette indépendance d’esprit. De toute l’Europe, on vient le visiter pour s’inspirer de ses lumières. Giacomo Casanova fait lui aussi ce pèlerinage, pour en être, mais également pour se frotter à l’érudition et au brio de son hôte. Il fera école.
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La Ruelle par Johannes Vermeer.
"On n'a pas pénétré plus avant dans l'intimité de la matière" (Elie Faure)
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Peter Hanke (1942- ) à René Char (1907-1988)

S'il a pu croiser Char sur le papier-"la plus belle expérience de traduction de ma vie"-il ne connaît pas encore l'homme. (...)Avant que Handke ne se lance lui-même, Char était déjà traduit en allemand, par un immense poète, Paul Celan, dont l'admiration aura été mutuelle-Char devenant un médiateur de la réception de l'oeuvre de Celan en France. (p. 238)
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Les manteaux de fourrure sont habités par de vieilles peaux.
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Victor Hugo (1802-1885) à François-René de Chateaubriand (1768-1848)

"Je veux être Chateaubriand ou rien ! " Victor Hugo n'a que quatorze ans lorsqu'il consigne cette phrase devenue légendaire dans son journal intime.
(p. 79)
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" Vous, le père de mon âme"

Bram Stoker (1847-1912) à Walt Whitman (1819-1892)

Whitman , âgé désormais de soixante-cinq ans, accueille avec grand intérêt ses visiteurs venus d'Angleterre. " Lorsqu'arriva mon tour (...) Je le découvris tel que je l'avais rêvé ou avais souhaité qu'il fut: large d'esprit, curieux de tout, tolérant au plus haut point: la sympathie incarnée, une bienveillance doublée d'une intuition qui paraissait plus qu'humaine." Le poète se souvient de leur échange de lettres. (p. 68)
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Marie Texis décrit de son côté un homme distingué aux manières parfaites, timide et fort modeste, petit avec un long nez et un menton fuyant, mais surtout avec des yeux bleus incroyables.
Elle est une fois de plus surprise par ce qu'elle appelle sa laideur vite oubliée grâce à son charme et son rire presque enfantin.

Mais d'autre part, si vous n'étiez aussi désespéré, vous ne sauriez probablement pas écrire de façon aussi merveilleuse.
Donc, soyez désespéré !
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Elle a évidemment remarqué son attirance pour le luxe et la richesse, lui qui prêche le dénuement et la simplicité. Tout comme il éprouve depuis toujours une affection immodérée pour la noblesse et la mondanité contre laquelle il ne cesse d'opposer sa quête de solitude et de retraite.
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Les légendes se repaissent volontiers d'une telle fin: un poète amoureux des roses dont le sort se voit scellé par une épine prosaïque.
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Introduction

Pour les écrivains visités, la question est plus délicate encore. Comment se montrer à la hauteur des émois que leur plume a fait naître ? Quel conseil donner à celui qui se cherche à tout prix un destin littéraire ? Comment pourrait-il faire coïncider sa réalité et celle qu'on lui prête ? Le voilà redevable d'un enthousiasme qui peut croître ou chuter selon un oscillographe capricieux dont il n'a pas la mesure. Sinon, gare ! Les jeunes ingrats, passés les premières louanges, n'hésiteront pas un jour à déboulonner la statue du commandeur. Du reste, ne sont-ils pas venus, et de façon plus ou moins consciente , pour "tuer le père" ?
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Rainer qui s'est déjà séparé de sa femme est capable de la considérer comme son alter-ego, une complice et une artiste à part entière ... à condition, qu'elle ne vienne pas empiéter sur sa liberté.

Il se comporte comme un enfant qui lutte pour être le préféré et ne supporte pas de partager.

A travers l'admiration qu'il leur voue, il élabore une théorie de l'amour "intransitif" ou de l'amour sans réciprocité, transcendé par l'absence ou le rejet de l'autre.
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L'honnêteté le force toutefois à reconnaître son décalage: "Mais avec le temps, je me méfie de plus en plus de ce monstre que je suis, qui ne s'est jamais préoccupé d'un être quelconque de façon aussi torturante et constante que de lui-même. Un monstre si horrible a- t- il seulement le droit de parler de ce qui se joue entre les êtres, et les met en conflit?"
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