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Citations de Cédric Sire (619)


Mon nom est légion, car nous sommes nombreux.
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Elle se nomme vindicte ; elle n'est pas neutre, et ne vous permet pas de rester neutre. Qui l'aperçoit frisonne du plus mystérieux des frissons.
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Vous avez envie de chasser ? C'est vous qui serez baisé, à la fin. Vous pouvez être certain.
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Tout ce que je veux - la vengeance
Tout ce dont j'ai besoin - la vengeance
Pardonner est divin
Mais la vengeance m'appartient
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Son petit ami pend toujours aux crochets, entre ciel et terre, au milieu des autres corps en décomposition. À présent, sa silhouette se contracte dans les rayons de l'aube, prise de spasmes. Les nuées frénétiques des mouches tourbillonnent de plus belle.
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Tenebres, silence.
Il doit réfléchir.
Ne pas se précipiter.
Ne surtout pas compromettre sa vengeance si
bien entamée.
De nuit, l'accès à l'immeuble est moins aisé qu'il
ne le laissait supposer.
Soit.
Le spectre reviendra.
De jour, cette fois.
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Il hume l'odeur de la mort. Sang et excréments.
Il a obtenu les informations qu'il désirait.
Le reste n'est plus qu'une question de temps.
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– C’est un porc, insista la femme en essuyant ses joues, étalant son maquillage au passage. Vous travaillez pour un un salopard manipulateur. Mais vous devez le savoir, non ?
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– Vous savez, les tragédies, ce sont comme des dominos. Quand elles commencent à tomber, elles s’enchaînent. Il y a une logique que nous ne voyons pas tout de suite, mais tout est lié. Chaque acte que nous faisons renverse une nouvelle pièce.
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– Quel âge avez-vous, Estel ? lui demanda la psy.
– J’ai vingt-deux ans, madame.
– Vous pouvez m’appeler Apolline. Maintenant, racontez-moi, s’il vous plaît. Que s’est-il passé ?
Ce qui s’est passé. Les événements s’étaient déroulés une semaine auparavant, mais n’avaient plus quitté ses pensées depuis. Les détonations de part et d’autre. Le bois de la porte qui éclatait, perforé par les balles fusant à l’aveugle. Sa collègue appuyée contre le mur à ses côtés. Le filet de sang qui dessinait un lent point d’interrogation entre elles.
– Je suis policière…
Elle s’interrompit. Non. Ça, c’était un automatisme. Elle devait au moins être franche avec elle-même, pour commencer.
– Je suis gardienne de la paix stagiaire. J’ai eu mon affectation seulement en janvier dernier, dans le 93.
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Au besoin qu’elle en avait développé, au gré du temps et des combats, du ring à l’octogone, et dans les endroits plus sombres encore. De cela, elle ne dirait rien. Jamais. Elle n’était là que pour parler de ce qui s’était passé avec Inès Alami. Et uniquement parce que sa hiérarchie le lui avait imposé. Parce qu’elle était lâchée entre les crocs de la justice et du lynchage public, et que tout le monde se lavait les mains de ce qui pouvait bien lui arriver à présent.
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La jeune femme restait sans expression. Elle avait comme une lame de métal, au fond d’elle, qui la faisait se tenir droite. Même quand elle pensait aux coups qu’elle donnait, qu’elle avait donnés, toute sa vie. Aux chocs de ses poings sur la chair des autres, et au plaisir qu’elle en avait toujours retiré.
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– Prenez place. Ne vous inquiétez pas. Je suis là. J’espère vous faire prendre conscience que ces séances ne sont pas un devoir. Bien au contraire, elles doivent être un soutien pour vous apprendre à y voir plus clair dans vos émotions.
Estel s’était abstenue de tout commentaire.
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(...), c’était sorti tout de suite, sans qu’elle y réfléchisse, du ton automatique, détaché, avec lequel elle s’exprimait la plupart du temps.
– Je m’appelle Estel Rochand. Je dois vous voir parce que j’ai tué quelqu’un…
La psy l’avait regardée en souriant. Aucun jugement. Nulle appréhension. Juste un hochement de tête bienveillant.
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Pour la jeune femme, les vrais ennuis commençaient. Il allait y avoir l’enquête interne. Le rejet de tous. L’inévitable sanction. Le casier judiciaire, probablement, qui l’écarterait de tout emploi dans la fonction publique. Par-dessus tout, elle priait pour ne pas passer par la case prison. Elle ne savait que trop bien comment on traitait les flics de l’autre côté des barreaux.
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La première fois qu’elle avait poussé la porte de la psy, Estel se demandait ce qu’elle allait bien lui dire, comment elle allait le lui dire. Elle était encore policière – à moins que l’administration n’ait déjà décidé de son renvoi pour mieux se laver les mains de la situation. Pour la jeune femme, les vrais ennuis commençaient. Il allait y avoir l’enquête interne. Le rejet de tous. L’inévitable sanction.
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Le bourreau regarde la caméra et lève un pouce. Les participants tapent des hourras.
La fille sur la chaise se met à secouer la tête et à hurler de toutes ses forces alors que l’exécuteur approche la lame de sa poitrine dénudée.
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Cette fois, le bourreau hoche la tête. Il s’exécute, toujours sans la moindre parole. Le rasoir de barbier arrache la chemise de la fille, cisaillant sa peau au passage.
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Sur le côté droit de l’écran, un rectangle semi-transparent affiche le chat, la zone de discussion où il peut lire les pseudonymes des participants. Six en tout. Quatre ont le statut « Voyeur » accolé à leur alias. Le cinquième arbore celui de « Saigneur ». Quant à lui, il est le seul à prétendre au titre de « Grand Saigneur ».
Six voyageurs des zones les plus sulfureuses du Web Profond. Bien à l’abri chez eux, tout-puissants derrière leur anonymat. Leurs doigts humides sur leurs claviers. Leurs fantasmes en ébullition.
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La victime n’est pas seule, évidemment.
L’indispensable bourreau est présent. Sa silhouette est fine, gainée de noir. Pas du tout ce que l’homme imaginait. Encore mieux que tout ce qu’il imaginait. Le masque est en cuir, ne laissant libres que les yeux, le menton et la bouche du bourreau. Ses mains sont gantées de plastique noir, épais, pratique. Prêtes à saisir la variété d’outils de torture installés sur le présentoir, juste derrière.
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