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Critiques de Chan Jessamine (45)
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L'Ecole des bonnes mères

Dans cette dystopie décrite comme à la croisée de « La servante écarlate » et « Orange is the New Black« , nous suivons Frida, mère célibataire au bout du rouleau qui, dans un moment d’égarement, laisse son bébé seule pendant deux heures. Elle est dénoncée par ses voisins et s’en suivent des conséquences qui s’accumulent. Il faut lui appendre à être une bonne mère et la « redresser ».



Pour une fois, je crois qu’on peut difficilement mieux résumer l’œuvre qu’avec cette accroche pop-culturelle qu’on doit au quatrième de couverture : en quelques mots, on ne peut pas mieux résumer qu’en disant que ce livre est l’enfant de « La servante écarlate » et « Orange is the New Black« .



On retrouve ainsi dans le roman cet aspect dystopique où l’on nie à la femme ses sentiments, son individualité, pour en faire un ventre puis « une bonne mère » (sans se préoccuper une seconde au passage du bien-être de l’enfant qui hurle dans le noir à quel point sa mère lui manque). C’est déchirant, et glaçant : alors que la tendance des « trad wives » fait recette, et que l’on anticipe partout dans le monde l’arrivée au pouvoir de forces réactionnaires… il est assez facile de toucher du doigt ce futur proche de l’Amérique qui nous est décrit, où l’état devient implémente de nouvelles pressions envers ces femmes qu’il juge défectueuses. C’est à mon sens ce qui fait la réussite d’une dystopie : un monde ultra proche du notre, que l’on touche du doigt et qui nous glace tant on imagine facilement le chemin qui nous amènerait dans ce futur atroce.



Ajoutons à cela un mécanisme carcéral très bien pensé, où la sororité se mêle aux rancœurs, à des tortures morales assez marquantes, au racisme et au communautarisme (l’héroïne est descendante chinoise, et l’on touche du doigt avec beaucoup de nuance ce racisme anti-chinois qui est insidieux, et dont on parle finalement très peu). Chose que j’ai beaucoup apprécié également : notre héroïne n’en est pas une, elle est loin d’être lisse. Pas spécialement sympathique ou attachante, on la suit dans son enfer d’autant plus efficacement à mes yeux qu’on ne la glamourise pas : ce n’est pas parce qu’elle est sympa qu’on est choqués par ce qu’elle vit, c’est parce qu’on ne devrait faire vivre une telle chose à personne. La galerie de personnages secondaires aurait mérité d’être étoffée, mais on s’attache également à ces bribes de personnages que l’on entrevoit au travers des yeux de Frida, ce qui permet en outre de multiplier un peu les cas de figure (et l’horreur).



En bref, donc, une lecture qui m’a beaucoup plu, avec des thématiques très fortes. Je ne la recommanderai pas à mes copines jeunes mamans, en revanche : c’est assez flippant, et je ne suis pas sûre que ça soit à lire en plein post-partum.



Merci beaucoup à Babelio et à l'éditeur pour cet envoi dans le cadre d'une masse critique !
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L'Ecole des bonnes mères

Une lecture en demi-teinte pour moi.

Sur le papier, ce livre avait tout pour me plaire, par les thématiques notamment qu'il abordait. Et c'est vrai que j'ai beaucoup aimé le fond du roman mais ... il m'a manqué quelque chose.



Le fond du livre est vraiment intéressant. Il dénonce les différences d'attente autour des mères et des pères : les mères qu'on veut parfaites, les pères qui ont plus le droit à l'erreur et qu'on pardonne plus facilement. L'autrice dénonce également le fait qu'une mère doit "devenir mère à 100%" lorsque son enfant est né, jusqu'à s'oublier en tant que femme alors qu'un homme peut être père et continuer à avoir des désirs personnels sans que cela soit considéré comme de l'égoïsme.



Ces messages sont forts et percutants mais la forme n'a pas su me toucher.

Pourtant, ce livre ne manque pas de scènes choquantes ... qui m'ont laissée de marbre. Je n'ai pas réussi à être touchée par la plume, les mots utilisés. Je n'ai pas su non plus m'attacher aux personnages. Je me souviens avoir ressenti exactement le même sentiment en lisant 1984. D'ailleurs, l'ambiance de ce roman m'a beaucoup renvoyé à ce classique de George Orwell !



En terminant ce livre, je n'ai pas été chamboulée ou bousculée. Pourtant, je soutiens totalement l'idée derrière le livre. Mais je sais déjà que ce livre ne restera pas une lecture essentielle dans ma vie de lectrice.



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L'Ecole des bonnes mères

Ce livre raconte l’histoire de Frida, mère d’une petite fille, Harriet. C’est une mère débordée par la vie après la séparation d’avec son mari, qui a trouvé réconfort dans les bras d’une autre. Un moment d’épuisement la conduit à chercher un court répit, laissant sa fille Harriet seule à la maison. Cet acte entraîne une réaction en chaîne : dénonciation, séparation forcée de sa fille, et une année de rééducation dans une école pour les mères.



Dans cette école, la phrase « Je suis une mauvaise mère, mais j’essaie d’être meilleure » rythme leurs journées. Entre cours théoriques et exercices pratiques avec des poupées-enfants, ces femmes sont confrontées à un système qui les pousse à renier leurs émotions. Les mères sont traitées comme des criminelles et on leur demande d’oublier leurs émotions et de devenir des machines qui s’occupent de robots. Les punitions sont sévères pour celles qui faillissent et certaines iront jusqu’à l’issue fatale, sous le poids de la maltraitance psychologique. J’ai trouvé ce livre long, il bouscule, perturbé, provoque. Ce roman est un voyage glacial au cœur de l’expérience maternelle, marqué par la solitude et le jugement. Il explore sans détour la complexité de concilier les identités de mère et de femme dans une société qui semble souvent les opposer. Malgré sa violence et son pouvoir de provocation, « L’école des bonnes mères » porte en lui un message essentiel sur notre monde.
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L'Ecole des bonnes mères



L’école des bonnes mères.

Jessamine CHAN



Une fatigue extrême, un moment d’absence, la solitude du parent solo et la vie de Frida bascule.

Elle s’est absentée une heure pour aller chercher un café au coin de la rue et un dossier au bureau.

Rien de bien particulier… sauf qu’elle a laissé sa fille de 18 mois seule tout ce temps là.

Sauf que les voisins ont appelé les autorités.

Sauf que maintenant Frida a perdu la garde d’Harriet.

Et que pour la reconquérir les services sociaux placent des caméras chez elle puis l’enjoignent à suivre un stage d’1 an dans un centre de rééducation maternelle où elle apprendra à devenir une bonne mère.

Et ceci avec une poupée plus vraie que nature…

Un concept complètement dingue cette école ! Entre cours, ateliers, brimades et punitions, je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen de s’y prendre.

J’ai bien aimé cette histoire et le côté « fiction » de ces poupées /robots à l’intelligence artificielle sur développée ne m’a pas vraiment dérangé.

C’est original mais surtout ça ferait très peur si ça venait à se réaliser.

Et toujours ce poids sociétal, ces injonctions faites aux mères d’être parfaites dès lors que l’enfant paraît…

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L'Ecole des bonnes mères

S'agit-il d'une dystopie ou bien d'une disposition déjà à l'œuvre dans certains états américains ?

C'est ce que se demande le lecteur en découvrant l'incroyable histoire de Frida Liu, une sino-américaine aux prises avec le Service de Protection des Mineurs.

Délaissée par Gust, le père de sa fille, qui a divorcé pour s'installer avec une femme plus jeune, Frida habite seule avec Hariett qu'elle a en garde alternée. Un jour d'otite et de pleurs lancinants, exténuée par une nuit blanche, Frida s'absente en laissant son bébé seul pour aller récupérer un dossier à la fac où elle travaille. Mais la griserie de cet instant de liberté se prolongeant, elle est dénoncée par des voisins et se retrouve au poste. A l'issue d'une longue garde à vue, elle apprend que la garde de sa fille lui est provisoirement retirée, et que les services sociaux vont enquêter sur elle. Malgré ses protestations, Harriet part vivre chez son père et son aguichante belle-mère, Frida n'aura le droit de la revoir que sous l'étroite surveillance des travailleurs sociaux jusqu'à l'issue de la procédure. Son avocate lui conseille de faire le dos rond et d'accepter tout ce que les services sociaux lui imposeront : les contrôles, les visites, le mouchard sur son téléphone et les caméras placées dans son appartement. Désormais sous haute surveillance, scrutée jusque dans son lit, Frida sera-t-elle une mère suffisamment bonne pour récupérer la garde de son enfant ?



C'est un roman stressant qui se lit les dents serrées. On s'identifie tantôt à cette mère tantôt à ce bébé à qui on commande de jouer sagement dans les temps impartis,sous le regard de l'assistante sociale qui semble trouver que se faire des câlins, lorsqu'on a été séparé, est décidément du temps perdu. un cran est franchi lorsque Frida est contrainte, pour retrouver la garde de sa fille, de passer un an dans une école des bonnes mères, une sorte de pénitencier éducatif où l'on va lui confier une poupée robot pour lui apprendre comment manifester sa tendresse, son amour, et toutes les bonnes manières qu'une mère est censée avoir.



Ce que souligne le livre, c'est le poids des certitudes éducatives des juges et des travailleurs sociaux qui préconisent une longue séparation pour guérir d'une petite absence. Ils savent ce qui est bon pour un enfant, ils ont des recettes et des injonctions pour chaque chose, ils pointent la moindre attitude maternelle et jugent jusqu'aux sentiments les plus intimes.
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L'Ecole des bonnes mères

J’ai lu l’école des bonnes mères de Jessamine Chan

Frida est à bout, son mari l’a quitté pour une femme plus jeune. Elle est épuisée, elle a besoin de décompresser, elle sort prendre l’air en laissant sa fille seule pendant 2 heures. Grosse erreur ! Elle sera signalée aux services de l’enfance.

Sa fille sera confiée à son père et Frida condamnée à un an dans une école pour suivre un programme afin de devenir une bonne mère.

Si elle réussit, elle récupère sa fille, si elle échoue , elle sera déchue de ses droits parentaux et ne la reverra plus

Une dystopie qui nous plonge dans la terreur, dans un futur bien étrange

Ce livre est un best-seller comparé à la servante écarlate, à mon avis un peu surévalué

J’ai lu ce roman en alternance avec un thriller, je l’ai trouvé un peu long et farfelue. Pas assez poussé niveau intelligence artificielle.

On passe par diverses émotions, les 150 premières pages sont longues, des scènes de sexe inutiles, la suite est plus prenante, on rentre enfin dans le sujet. La fin surprenante #lecoledesbonnesmeres #jessaminechan #dystopie #bookstagram #booksta #bookstagramfrance #editionbuchetchastel
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L'Ecole des bonnes mères

En commençant ce roman, les pages ont filé (malgré la taille des chapitres). J’ai été submergée par les émotions.



Une mère fatiguée part de chez elle pour récupérer un dossier au travail en laissant derrière sa fille. Son bébé. Un acte inimaginable me direz-vous. Néanmoins tellement réel.



S’en suivent des jugements envers cette mère. De la réserve. Du pointement du doigt. La garde de sa fille lui est retirée au profit de son ex-mari volage. Elle doit faire ses preuves en tant que mère. Des rendez-vous avec sa fille, pendant des séances de jeux lui sont soumis. Des caméras sont installées chez elle pour vérifier sa vie, son comportement.



Et le flan est retombé. Elle est amenée dans une école pour apprendre à devenir une bonne mère. Je n’ai pas du tout accroché avec cette partie qui est pourtant l’essence de ce roman. Je ne veux pas trop vous en dire, mais une facette de cette école-prison m’a beaucoup gêné. Je n’ai pas réussi à y croire.



De plus, des propos sexuels assez crus qui pour moi n’apporte rien à l’histoire n’ont pas aidé dans ma lecture.



J’avais tellement envie de le découvrir. Je suis passée à côté mais je sais qu’il plaira à beaucoup. La littérature est source d’émotions diverses pour chacune et chacun.
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L'Ecole des bonnes mères

"Je suis une mauvaise mère mais j'essaie d'être meilleure"...



Tel est le mantra que répètent inlassablement les mères envoyées dans ce centre de rééducation maternelle. Après avoir été condamnée à un an de programme et constamment épiée, jugée, piétinée, Frida espère retrouver sa petite fille.



"L'école des bonnes mères" de Jessamine Chan est un roman d'une justesse totale, qu'on lit d'une traite : on ne peut qu'y reconnaitre les injonctions faites aux mères, le racisme qui sévit partout et l'envie profonde qu'a chacun de faire au mieux à défaut de bien !



Êtes-vous tentés par ce roman ? L’avez-vous déjà lu ?
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L'Ecole des bonnes mères

J’ai eu envie de découvrir ce qui se cachait derrière ce titre énigmatique : The school for good mothers.



Nous plongeons dans une dystopie très réussie qui n’est pas sans rappeler La servante écarlate ou la société est devenue folle et extrême. Ici c’est la relation maternelle qui est au centre du roman. Le moindre fait et geste des mères est scrutée, les dénonciations vont bon train et les mères se retrouvent accusées des pires crimes. On retire les enfants et la société veut rééduquer ces mères imparfaites.



Les personnages sont très attachants et notamment Frida. Ce n’est pas une mère parfaite, elle commet des erreurs, elle est humaine et se sent très souvent dépassée par son rôle de mère célibataire, par sa fille, par le manque de sommeil ou par son divorce. Il est facile de s’identifier à elle et dès les premières pages, on ressent énormément de compassion pour elle.



Cette école est effrayante. Elle fonctionne à coup d’humiliations, de chantage affectif et c’est forcément touchant, violent. En tant que lectrice et maman, il m’a fallu parfois faire des pauses dans ma lecture pour pouvoir digérer la violence de ce roman. C’est un roman très réussi, provoquant dont on ne ressort pas indemne.



La fin est complètement inattendue, Frida prend une décision folle mais qu’a telle de plus à perdre ?
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L'Ecole des bonnes mères

Frida liu est née aux États-Unis, de deux parents chinois. Son ex-mari Gust (également né d’un père chinois) l’a quittée pour s’installer avec Susanna, quelques mois seulement après la naissance de leur fille Harriet. Ils vivent à Philadelphie – dans le même quartier – pour cause de garde alternée …



Si Gust et Susanna semblent s’en sortir plutôt bien, ce n’est guère le cas de la pauvre Frida, qui – dans un moment d’égarement – laisse son bébé de dix-huit mois tout seul, dans son appartement, durant deux heures et demie … (Ce qui – sans vouloir lui jeter la pierre – est une pure inconscience, il faut bien l’admettre !)



Dénoncée par son voisinage (qui a entendu l’enfant pleurer) Frida va perdre provisoirement son droit de garde (la fillette est confiée à son père !) Après avoir été condamnée pour – je cite – « négligence et délaissement » … Frida va devoir faire ses preuves en suivant des cours (adaptés à l’éducation des enfants …) dans un centre fermé. Une sorte « d’école-prison » où un bon nombre de mères indignes va être redressé, à l’aide de « poupées-robots » … Le mot d’ordre du programme étant : « je suis une mauvaise mère mais j’essaie d’être meilleure » …



Commence alors un cauchemar éveillé : Frida réussira-t-elle l’examen final ?… Pourra-t-elle espérer récupérer Harriet un jour ? …



Je vais être tout à fait sincère : malgré le « sérieux » du sujet (l’intelligence artificielle au service de la surveillance abusive des individus) je n’ai pas réussi à entrer totalement dans cette intrigue – certes peu banale – mais un tantinet farfelue à mon humble avis … En effet, je parviens difficilement à concevoir de telles dérives de la part de nos gouvernements … (Et j’espère fortement avoir raison ! …) Quand bien même Barack Obama estime qu’il s’agit « d’un des meilleurs livres de l’année 2022 » (comme le prétend le résumé sur la quatrième de couverture) et que les critiques sur les réseaux sociaux sont dithyrambiques – je n’ai pas été réellement convaincue … Peut-être n’ai-je pas choisi le « bon moment » pour découvrir ce roman ? (Ça arrive ! …)



Une écriture sobre toutefois et un récit pourtant fluide et très facile à lire ! … Un simple conseil : faites-vous donc votre propre opinion …
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L'Ecole des bonnes mères

Frida est maman de la petite Harriet. Séparée du père, ils sont en garde alternée. Un jour elle va chercher un dossier au bureau et s'attarde pour prendre un café. Sur le chemin du retour, elle reçoit un appel de la police. Des voisins ayant entendu les pleurs de la petite laissée seule l'ont dénoncée aux services sociaux. Harriet est confiée à son père et Frida sommée, sous peine de se voir déchue de ses droits parentaux, de se soumettre à un nouveau dispositif, une école pour apprendre à être une bonne mère… Au bout d'un an, la justice décidera si Frida est capable d'élever sa fille sans risque…

Légèrement dystopique, le roman brasse des thèmes intéressants tels que la garde alternée, les américains d'origine chinoise, l'éducation des enfants, la surveillance généralisée… Mais la narration au présent, le style plat et le peu d'empathie que l'on peut éprouver pour la protagoniste n'aident pas à en apprécier la lecture. Et les emprunts à d'autres romans et séries télévisées sont flagrants : les enseignantes/surveillantes font penser aux Tantes de la Servante Écarlate, les enfants robots à Real Humans, l'école/prison à Orange is the New Black, la surveillance à Big Brother entre autres…
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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L'Ecole des bonnes mères

Le livre est vendu comme une dystopie à la servante écarlate de Margaret Atwood. Pourtant les 100 premières pages m'ont semblé assez actuelles. Je ne suis pas trop calée dans ce sujet mais j'ai l'impression que lorsqu'un parent est jugé inapte, un engrenage se met rapidement en route.

Il y avait de très bonnes idées, de bons rebondissements scénaristiques, et une bonne analyse psychologique qu'un tel cauchemar puisse engendrer sur une personne, en l'occurrence la mère surtout.

Mais le style choisi pour retracer toute cette histoire m'a complètement rebuté, je l'ai trouvé très peu recherché voir simplet ce qui contrebalançait lourdement avec la gravité du thème.

Un bilan assez mitigé.

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L'Ecole des bonnes mères

Une lecture qui m'a étonnamment touchée ! J'ai beaucoup aimé suivre Frida, que j'ai trouvé très humaine, vulnérable et assez réaliste finalement. Le côté dystopique/futuriste était un peu trop poussé à mon goût (je ne m'attendais pas nécessairement à ça) mais le récit réussit à être angoissant et transmet efficacement la peur, la fatigue, l'injustice que ressentent les personnages. Ce n'est pas le livre le plus subtil que vous serez amenés à lire, mais le message reste toutefois pertinent et a le mérite d'être clair : être mère est un rôle aux attentes quasiment impossibles à attendre (surtout si on compare à celles du père...)

La fin m'a véritablement bouleversée. J'ai trouvé que le dénouement de l'histoire, après 400 pages de descriptions assez répétitives des sévices subit par Frida, était un vrai coup de marteau. Je ne suis pas sûre que ce roman soit, objectivement, si bon que ça, mais il a très bien fonctionné sur moi et j'ai beaucoup apprécié ma lecture, forte en émotions (et pourtant, je n'ai pas d'enfants) !
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L'Ecole des bonnes mères

L'école des bonnes mères est un livre que j'ai découvert un peu par hasard et qui m'a intriguée.



Imaginez, vous êtes une mère divorcée, usée, ne dormant que très peu car votre enfant de quelques mois est malade. Bien entendu, vous travaillez à temps plein. Le père est présent mais, de son côté, tout va bien puisqu'il a une nouvelle compagne qui l'aide dans le quotidien. Alors que vous, malheureusement, vous n'avez que peu de soutien d'amis, ou de votre famille qui habite trop loin.

Alors, un jour, vous laissez votre bébé pleurer dans sa chambre, en sécurité, et vous partez vous aérer une ou deux heures. Quel plaisir de pouvoir boire un café sans entendre brailler...

Et quand vous revenez, tout est calme, trop calme. Votre bébé n'est plus dans son berceau. Vous pensez immédiatement à un enlèvement. Mais non, vos voisins, lassés d'entendre le bébé pleurer, ont contacté la police. Ouf, votre bébé est en sécurité. Mais vous, vous ne serez plus jamais tranquille car les services sociaux ont décidé de vous retirer la garde de votre enfant, le temps d'évaluer si vous êtes une "bonne mère". Vous voilà donc envoyée pour un an dans une "école" spécialisée où vos moindres faits et gestes, vos moindres émotions seront scrutés et étudiés.



Voilà ce qui attend Frida, notre héroïne, qui a eu le malheur de laisser Harriet, sa fille de 14 mois, seule à la maison, après s'être assurée qu'elle ne risquait rien, le temps d'aller chercher un dossier urgent qu'elle avait oublié au travail. Alors, oui, tout le monde le sait, on ne laisse pas un bébé seul. Mais, n'est-ce pas humain d'être imparfait et de prendre parfois de mauvaises décisions?

Car ici, on ne parle pas de personnes mettant délibérément en danger leurs enfants, on ne parle pas de parents maltraitants au sens où on l'entend, on parle de parents, et plus particulièrement de mères, ayant donné une gifle à leur adolescent qui les insultait; de mères qui ont laissés quelques minutes leur enfant dans son siège auto, le temps d'aller récupérer le pain à la boulangerie; de parents, au parc, ayant regardé leur téléphone portable quelques secondes et dont l'enfant est tombé du toboggan et s'est cassé le bras. Oui, on parle de ce genre de parents, responsables, mais qui ont commis une erreur d'inattention. Qui se sont montrés imparfaits.



Ce roman m'a glacée au démarrage car je n'avais alors pas l'impression de lire une dystopie (alors que dès que Frida arrive à l'école, on y est carrément).

En effet, cela semblait tellement réel, tellement capable de se passer aujourd'hui (mais n'est-ce pas aussi le principe d'une dystopie?), que j'ai immédiatement éprouvé beaucoup d'empathie pour Frida, et de la colère envers les services sociaux "moralisateurs".

Cette histoire m'a fait passer par une palette de sentiments très divers, et en ça ce fut une grande réussite.

Jessamine Chan soigne son histoire, nous met en garde contre les dérives de nos sociétés (le trop tout de suite vs. le laxisme ordinaire), nous interpelle sur la charge mentale que l'on fait porter aux femmes, aux mères plus particulièrement, sans oublier de rappeler que la société reste fortement inégalitaire que l'on soit noire ou blanche, riche ou pauvre, alors imaginez le combo si vous être noire ET pauvre. Et elle y parvient très bien.



Sauf que ce roman, très dense, ce qui est une très bonne chose de mon point de vue, souffre aussi de certaines longueurs et se répète parfois un peu trop.

Et aussi, ce qui arrive souvent avec les dystopies, je suis restée sur ma faim même si j'ai beaucoup beaucoup apprécié la toute dernière phrase de ce roman.



En bref, j'ai longtemps hésité entre 3,5 étoiles ou 4 étoiles. Finalement, le 4 étoiles l'a emporté car il m'a quand même bien secouée ce roman.

Ce livre fait forcément écho à La servante écarlate quand on l'aborde, je pense que quiconque l'ouvrira y pensera.

Pour ma part, ce roman m'a aussi fait penser au démarrage d'une plaidoirie d'une avocate qui, pour défendre sa cliente accusée de maltraitance, a dit "Moi aussi, j'avais des principes très forts. Moi aussi, j'étais une très bonne mère. Puis, j'ai eu des enfants".



Un roman que je vous encourage à découvrir.
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L'Ecole des bonnes mères

Un immense merci à Anna des Editions Buchet Chastel pour cet envoi, ce livre me tentait beaucoup et bien je vous le dis c'est une sacré découverte!



Le titre est énigmatique, ne vous fiez pas à sa jolie couverture acidulée ce roman est puissant, dérangeant, angoissant même, c'est un thriller psychologique intense et qui ne vous laissera pas de marbre.



Frida se démène avec sa toute petite fille qui pleure beaucoup, son travail qu'elle tente de ne pas perdre, son divorce et la nouvelle compagne parfaite qui la renvoie à ses cheveux négligés, ses rondeurs de grossesse, ses vêtements informes...



Alors lorsque qu'un jour d'intense fatigue, elle quitte la maison pour récupérer un document au travail laissant Hariet seule, les voisins la dénoncent aux services sociaux qui lui en retirent la garde. Pour obtenir la rédemption et récupérer sa fille, Frida doit passer un an dans un centre de rééducation à la parentalité où chaque jour elle sera observée, scrutée notée selon les critères établis par l'internat, avec pour seule récompense de rares contacts avec sa fille.



La plongée dans cet enfer relaté par Jessamine Chan est violent, nous renvoie à une question en apparence banale c'est quoi un bon parent? Sommes nous chaque jours irréprochables, et si la moindre négligence même la plus insignifiante nous retirait la garde de nos enfants?



Dans une société en constante évolution où tout va tellement vite que l'on est dépassé en un clin d’œil, l'auteure dépeint une sombre réalité dans laquelle être mère ne doit pas empêcher de briller dans son travail, de mener une vie intime active et épanouie tout en pensant constamment au bien être de son enfant.



Un roman profond, sombre et très très dur, je vous le conseille c'est pour ma part une très belle découverte.

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L'Ecole des bonnes mères

« Je suis une mauvaise mère mais j’essaie d’être meilleure »



Frida, mère d’une petite fille de 18 mois, Harriet, va commettre l’erreur de sa vie en laissant son bébé seule chez elle durant deux heures. C’est un coup de téléphone avec la police, lui annonçant avoir sa fille, qui va la plonger dans un cauchemar comme jamais elle n’aurait pu s’imaginer...



Épiée, surveillée et analysée, Frida sera mise à l’épreuve après cet incident. Peut-elle récupérer la garde de sa fille après une telle erreur ? Mais cela est sans compter l’injustice d’une assistante sociale sans scrupules qui va tenter de la piéger et d’une société injuste préférant l’envoyer en centre de réhabilitation pour mauvaises mères durant un an.



Un an où Frida va apprendre à devenir une bonne mère pour prétendre, peut-être, récupérer les droits sur sa fille. Un an où elle passera une batterie de tests et d’évaluations en compagnie d’autres femmes qu’on mettra en compétition au travers de cours. Un an sans voir sa fille à pouvoir l’appeler seulement une fois par semaine en si elle n’est pas elle même punie pour mauvais comportement.



L’école des bonnes mères c’est la représentation dystopiques de ce que notre société et ses diktats imposent aux femmes et aux mères à toujours être parfaites, à ne commettre aucuns faux pas et à être 100% dévouées à ses enfants. Tout est fait pour rendre les femmes coupables, narcissiques et à les faire culpabiliser même lorsqu’elles réussissent leurs tests.



C’est un récit glaçant mais pourtant si réel. On y retrouve une partie dystopique voir SF que j’ai adoré et que j’ai trouvé très pertinente dans ce contexte. Les différences entre l’école des bonnes mères et des bons pères sont sidérantes et injustes. A aucun moment la charge mentale des femmes n’est prise en compte, elles doivent être des mères parfaites à toutes épreuves et ça fait froid dans le dos.

Ce livre se termine sur une fin en apothéose, celle que j’imaginais. J’ai frôlé le 5 étoiles mais je ne peux que vous recommander cette lecture qui mérite sa place aux côtés des plus grands dans son genre !
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L'Ecole des bonnes mères

Jessamine CHAN. L’école des bonnes mères.



Je finis l’année en beauté. Je sors de l’enfer du camp d’Auschwitz avec le roman de Antonio ITURBE : «La bibliothécaire d’Auschwitz », j’ai partagé le goulag aux fins fonds de la taïga en Sibérie avec Gouzel LAGHINA : « Zouleikha ouvre les yeux », avec Frida je viens de subir une année entière dans une école de redressement destinée aux mères de familles négligentes, imparfaites, maltraitantes. Mais qu’est-ce que cette institution ? Nous sommes dans une dystopie, aux parfums âcres, dans un univers lugubre à souhaits… Un environnement glacial et glaçant où toutes les mères sont soumises à de nombreuses pressions.



Frida, la quarantaine, divorcée de Gust, a abandonné Harriet leur petite fille de dix-huit mois pendant deux heures. Elle est partie récupérer un dossier sur son lieu de travail. La petite fille est dans son trotteur. Elle pleure et des voisins appellent la police. Les services sociaux sont alertés et Frida tombe dans un engrenage sans fin. La garde de son enfant va donc lui être retirée, provisoirement mais pour une très longue durée. La petite fille va être confiée à son père et à la nouvelle compagne de ce dernier. Frida va devoir subir une année entière de rééducation afin de devenir une « bonne mère ». Elle va vivre en autarcie dans un pensionnat, une ancienne université reconvertie en centre de redressement pour les mères négligentes, ignorant les besoins de leurs enfants, les privant parfois de nourriture, les soumettant à de mauvais traitements, les punissant, les dorlotant un peu trop, en un mot, des mères humaines….. Laquelle d’entre nous peut se targuer d’être ou d’avoir été une « mère parfaite ». je pense qu’à part moi, il n’y a pas au monde une super maman. Oui je suis très modeste et humble…. J’ai maintes fois demander à ma fille si elle désirait changer de mère, la réponse a toujours été négative donc je suis presque parfaite ! Bien sûr, je suis très caustique surtout en ce qui me concerne personnellement. Mais revenons à nos moutons, non à nos bambins et à leur éducation….



Une longue année, soumise à d’étranges mesures coercitives… Un internat dans lequel des mères négligentes, des « mauvaises mères » reçoivent une éducation afin de devenir meilleures. Une évaluation de leur comportement est continue : chaque semaine ces femmes subissent des épreuves théoriques et pratiques. Afin de les rééduquer, des poupées robots leur sont attribuées. Ces poupées représentent leur fille, leur fils. Ces femmes doivent s’en occuper exactement de la même façon que s’il s’agissait de bébés, de nourrissons, d’enfants en bas âge. Quelle horreur ! Peut-on remplacer un enfant par un robot, si perfectionné soit-il ? Ces poupées-robots éprouvent même du ressenti, des sentiments en fonction de l’attention que leur portent leurs mères adoptives. Nous sommes dans un univers semblable a celui que Margaret ATWOOD nous a décrit dans son roman « La servante écarlate ».



Chaque mère ne dispose que d’une demi-heure hebdomadaire de conversation téléphonique avec son enfant et encore, si cette mère s’est mal comportée avec sa poupée robot, cette communication est interdite. Une enfant séparée, privée de sa maman peut-elle conserver une image positive de cette dernière lorsque l heure de la liberté sonnera. Est-il possible de recevoir une rééducation ? Et qu’est-ce qu’être une bonne mère ? Je ne pense pas qu’il puisse exister une école pour former les mères à leurs devoirs ? Chacun agit du mieux afin de subvenir aux besoins des enfants…. Après avoir subi douze mois d’éducation, toutes ces femmes deviendront-elles de bonnes mères. Elles subissent des épreuves destinées à juger leur efforts et leur progression. Tous ces examens sont minutés, chronométrés et un classement a même lieu toutes les semaines. Il y a de quoi devenir complètement folles à lier. Des amitiés se nouent entre ces femmes, de la jalousie s’installe au sein de cette société hétéroclite. Des guet-apens parsèment le long chemin à parcourir jusqu’à l’ouverture des portes du pénitencier et de la levée d’écrou. Que d’angoisse avant d’être libre et retrouver ses enfants, le passé, le monde du travail, la société.… Ces femmes sont parquées dans un lieu isolé et nanti d’une clôture électrifiée, destinée à réduire et même interdire tout espoir d’évasion ! Oui, cela évoque d’autres camps ! Quel sera le devenir de Frida. Va-t-elle devenir meilleure et quelle sera la réaction de la petite Harriet qui, elle aussi a été privée de sa maman ? Comment se reconstruire après avoir connu de telles épreuves ! Je pense que personne ne peut revenir indemne de tels traitements. Les gardes veillent sur leurs prisonnières. L’espionnage, la délation sont monnaie courante...



Jessamine CHAN dresse ici un état concentrationnaire, un univers inimaginable, insoutenable. Mais la perversité de la justice, des êtres humains est mise en évidence et tout est permis. Est-ce que Frida, sa peine accomplie pourra retrouver sa petite fille dont elle n’a pu accompagner son évolution pendant une année entière : quasi un siècle pour une petite fille de 18 mois… L’écriture est incisive. Nous participons de façon très active à la rééducation de ces femmes, nous souffrons à leurs côtés. Un tel établissement peut-il exister dans nos sociétés. Je crains la déshumanisation apportée à ces femmes vivant de longs mois loin de leur foyer. Après un passage dans cette bonne école est-il possible de réintégrer la société civile, retrouver un travail, revivre en harmonie dans la civilisation. Ce livre nous interpelle. Pour ma part, c’est le dernier roman de l’année 2023. Je vais me pencher sur des narrations un peu plus légères. J’ai besoin de souffler un peu et peut-être relire Tintin, Astérix, le petit Nicolas…. De la légèreté, du feel good, plus de larmes….



Tous mes vœux pour 2024 et partageons nos lectures. Bonne journée.

( lu en décembre 2023). 205 ouvrages à mon compteur.
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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L'Ecole des bonnes mères

Philadelphie, de nos jours. Frida Liu, récemment séparée de son mari Gust, s'occupe de sa fille Harriet, 18 mois, dont elle a la garde alternée. Un jour, pour ne pas perdre son emploi, elle l'a laissée pendant 2 heures seule à la maison pour aller récupérer des papiers importants au travail, et a été signalée par les voisins. C'est la descente aux enfers : sa fille lui est retirée, elle est surveillée en permanence, a des rdv réguliers avec des assistantes sociales, et celles-ci ainsi que la juge statuent sur un placement dans "L'école des bonnes mères", à Pierce Hall, pour réapprendre les codes de la parentalité...



Tout d'abord je tiens à remercier @les_lectures_de_juliie pour l'envoi de ce livre gagné lors du concours de Noël! J'ai énormément aimé l'univers dystopique et pourtant si proche de la réalité créé par l'auteure, qui explore tous les travers de la société américaine, ses codes rigides et racistes, et qui est également une vive critique des services sociaux, qui ici mettent sur le même plan Frida, et Linda qui a enfermé ses enfants dans le vide sanitaire, sans aucune nuance. Le personnage de Frida montre l'importance des racines et de leur transmission à l'enfant, l'amour d'une mère quelles que soient ses erreurs, et les phases de résignation, de soumission, de pensées suicidaires ou combatives par lesquelles elle passe (comme chacune de ses comparses) pendant toute son évaluation.



L'école en soi est le summum de l'infantilisation, mais on y crée aussi des amitiés et des relations. Chaque chapitre s'enfonce un peu plus dans l'ubuesque pour Frida, et dans une certaine mesure cela m'a fait penser aux Sept Étages de Dino Buzzati! Prison sans être une vraie prison, école sans être une vraie école, Pierce Hall est cependant un vrai lieu de privation, et par dessus tout du contact avec son enfant. Les mamans doivent y parler le mamanais avec de fausses poupées, et leurs rares droits sont bafoués aussi rapidement qu'ils ont pu être octroyés. Le dénouement est tout à fait satisfaisant, et je recommande cette lecture singulière, avec une plume aussi incisive que la brèche créée par la situation dans la vie du personnage principal!
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L'Ecole des bonnes mères

Un roman qui m'a fait l'effet d'un coup de poing. J'ai eu le cœur serré tout le long. Une démonstration par la dystopie de la pression et des attentes qui reposent sur les mères. On suit Frida en ayant le souffle coupé, en se disant que ça n'est pas possible, que ça ne peut pas exister. Et pourtant ce roman nous montre à quel point ce glissement peut devenir socialement acceptable, sous couvert d'une protection de l'enfance qui ne sert juste qu'à en faire des citoyens bien dociles.

Je ne suis pas sortie indemne de cette lecture. Bravo à l'autrice.
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L'Ecole des bonnes mères

Frida, devenue mère célibataire après que le père de sa fille l'a quittée pour une autre femme, essaie désespérément de jongler entre les besoins de la petite Harriet, âgée de 18 mois, son travail et la fatigue qui menace de la submerger. Mais voici que l'impensable se produit : un jour d'extrême fatigue, elle s'attarde plus longtemps que prévu au travail en oubliant qu'elle a laissé sa fille seule chez elle, les voisins appellent la police et son enfant lui est retirée. Plongée en plein cauchemar, Frida n'a plus qu'une solution : accepter la seule solution qu'on lui propose, un stage d'un an à la toute nouvelle Ecole des bonnes mères, visant à rééduquer les parents défaillants...



L'Ecole des bonnes mères commence tout d'abord comme un roman réaliste, en décrivant de l'intérieur la vie souvent épuisante d'une mère seule avec son jeune enfant, la fatigue qui s'installe, l'impression de ne jamais avoir un moment à soi, l'envie qu'on peut parfois avoir de hurler même si on adore plus que tout son bébé. L'auteure décrit très bien cet épuisement, ce tourbillon sans fin, et nous fait vivre de l'intérieur le soudain cauchemar de Frida qui certes a fait une grosse bêtise en laissant seule sa fille mais qui n'aurait jamais pensé que cela puisse aller si loin et qu'elle puisse ainsi être privée de son enfant. Et puis à quelques petits détails on comprend que ce roman glisse vers la dystopie : ces voisins si prompts à appeler la police quand ils ont compris qu'Harriet était seule à la maison, ces policiers qui la traitent comme une criminelle et l'accusent de manquer à son devoir, ce tribunal qui semble ne faire preuve d'aucune compassion... L'auteure nous amène ainsi très intelligemment vers le monde qu'elle décrit, un monde où les autorités politiques et sociales se sont vues accusées d'avoir provoqué la mort de jeunes enfants par négligence, un monde où maintenant les parents n'ont plus droit à l'erreur, où l'état considère qu'il est de son devoir de s'assurer que tout parent est bien apte à s'occuper de sa progéniture.



On va ainsi découvrir par les yeux de Frida la glaçante Ecole des bonnes mères du titre... et ça fait froid dans le dos. Combinaison parfaite de technologie, de surveillance, de déshumanisation et de rééducation politique, cet institut d'un nouveau genre qui réunit les mères défaillantes aux yeux de l'état va devenir le nouveau cadre de vie de Frida et de ses compagnes. Le récit déroule ainsi en détails ce que peut être la parentalité vue sous son angle le plus utilitaire et normatif : les câlins sont minutés et ont chacun un but (le câlin consolant pour un enfant qui s'est fait mal, le câlin anti-frustration pour celui qui n'a pas pu avoir le jouet qu'il voulait, le câlin calmant pré-dodo, etc etc), la mère doit être infaillible et se transformer tantôt en pompier pour prémunir son enfant du danger, tantôt en super prof pour lui expliquer le monde, tantôt en Gandhi pour lui apprendre la négociation non violente... Le tout est très réaliste et même si certaines scènes sont poussées à l'extrême et m'ont fait m'exclamer en mode "oh non quand même ils ne vont pas faire ça", on sent bien le parallèle avec notre monde où tout est fait pour encourager la perfection, où pères et mères sont scrutés pour appliquer la "bonne" méthode éducative ou faire le maximum pour leurs enfants.



Ce roman réussit à être à la fois complètement prenant en mode thriller, la vie de Frida à l'école étant tellement difficile et jalonnée d'épreuves que l'on se demande à chaque page si elle va s'en sortir, et aussi très intéressant sur tout ce qu'il dit sur la charge mentale des parents (et sans doute plus particulièrement des mères), la femme vue uniquement à travers le prisme de son rôle de "maman" élevé comme valeur ultime, la volonté de l'état de tout contrôler y compris la sphère privée de l'éducation des enfants et encore bien d'autres questions intelligemment soulevées par ce récit. Seul petit bémol : le style de l'auteur que j'ai trouvé vraiment très plat et peu agréable à lire, au point que j'ai failli abandonner ce livre aux premiers chapitres tant j'avais du mal à apprécier ma lecture ! Heureusement que le propos intéressant et le suspens m'ont ensuite emportée. Au final un récit très original et un roman qu'on ne lâche pas avant d'avoir tourné les dernières pages : à découvrir !
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