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EAN : 9791033915560
464 pages
Harper Collins (06/03/2024)
3.69/5   171 notes
Résumé :
Best-seller du New York Times et l'un des meilleurs livres de 2022 selon Barack Obama " Je suis une mauvaise mère, mais j'essaie d'être meilleure. " " Nous avons votre fille. " C'est le message qu'entend Frida alors qu'elle s'est absentée en laissant seule sa fille de dix-huit mois. Les voisins l'ont vue sortir et ont appelé la police, venue récupérer l'enfant. Mère célibataire, Frida s'occupe seule de sa fille, tout en travaillant pour une université locale.
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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Retirer la garde des enfants à des femmes négligentes, parquer ses mères dans une école qui ressemble à une prison, leur apprendre à devenir des mères parfaites en s'entrainant sur des poupées robots devant des enseignantes qui n'ont jamais eu d'enfants de leur vie…

Adieu empathie, adieu psychologie humaine.

De mon point de vue, les trucs pour lesquels sont condamnées ses femmes, sont légitimes. On ne laisse pas un bébé seul pendant deux heures. On ne perd pas de vue son enfant au parc en regardant Tik Tok. Mais la méthode de répréhension, je la trouve complètement horrible. On ne peut pas traiter ses femmes comme des criminelles. Et pourtant, c'est ainsi qu'elles seront considérées.

C'est assez symbolique le fait qu'on demande à des femmes de retirer tout ce qui fait d'elles un être humain (les émotions, l'imperfection) en s'occupant de robots. En fait, on demande à ses femmes de devenir des machines avec leurs enfants, sur lequel on appuierait sur un bouton : bonne mère, mauvaise mère. Et la nuance humaine dans tout ça? Surtout dans une société où le vecteur de croissance est l'argent, élaborant ainsi un système de classe social? Les mères riches qui négligent leur enfant, ne sont pas perçues comme telles, puisqu'elles ont les moyens de se payer des domestiques. Mais une mère seule qui doit travailler? Quelles sont ses contraintes dans cette société?

J'ai trouvé son roman trop long, surtout la partie dans l'école. On comprend très vite l'absurdité exigée à ses mères, et le temps consacré pour le transmettre devient, personnellement rébarbatif : elles doivent réussir à calmer les pleurs dû à des souffrances physiques en moins de 10 minutes, baisser la température dû à une fièvre grâce à des pensées d'amour, faire des câlins de temps de seconde en fonction des pleurs. Les punitions lorsqu'elles n'arrivent pas à calmer les robots, sont carrément des tortures psychologiques, etc…
L'adage « faites ce que je dis pas ce que je fais » n'a jamais été aussi bien montré que dans cette école. Tandis qu'on enseigne la bienveillance et l'amour maternel à ses femmes, elles subissent tortures psychologiques, dénigrement permanent, menaces affectives et punitions extrêmes. Si tu casses une maman, elle marchera moins bien après.

Et quelque chose a échappé à ma compréhension, la parole de l'enfant dans tout ça ? On lui prend sa mère. Arracher la mère d'un enfant, c'est tout sauf de la bienveillance. On a des enfants émotionnellement fragiles parce que les mères ont fait des bêtises, et au lieu de rassembler ses familles, de les guider pour s'améliorer, on les sépare violemment, on détruit le lien et on s'attend à une progression miraculeuse…
C'est long et émotionnellement insupportable de lire la souffrance de ses femmes. Mais j'avais envie de savoir la fin.
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Parmi la masse des romans dystopiques déjà parus, difficile de se faire une place au soleil. C'est pourtant ce qu'essaye l'américaine Jessamine Chan avec son premier roman, L'École des bonnes mères, dans laquelle elle imagine une société tellement terrifiée par les violences envers les enfants qu'elle a décidé de prendre les choses en main de façon plutôt…radicale.
Traduit en France par l'excellente Anne-Sylvie Homassel et publié par les éditions Buchet Chastel, le roman de Jessamine Chan questionne et file la chair de poule.

« Nous avons votre fille », une phrase simple, percutante, directe.
Ainsi s'ouvre L'École des bonnes mères dans laquelle le lecteur suit la descente aux enfers de Frida, Américaine d'origine Chinoise, qui se voit confisquée la garde de sa propre fille pour négligence.
Mais quelle négligence ? Celle d'avoir laissé seule Harriet, son enfant de 18 mois, dans son appartement alors qu'elle n'en pouvait plus. Qu'elle voulait simplement sortir, respirer. Dénoncée par ses voisins qui ont entendu les pleurs de la gamine, Frida se précipite au poste de police et la voici confronté au Service de Protection des Mineurs.
L'histoire pourrait s'arrêter ici mais dans ces États-Unis-là, on ne plaisante plus du tout avec le bien-être des enfants et tout ce qui peut s'apparenter à de la maltraitance. Envoyée dans une école pour y être rééduquer, une « école de bonnes mères », Frida comprend qu'elle n'est pas prête de revoir Harriet. Laissée aux bons soins de son père, Gust, et Susanna, la nouvelle femme de celui-ci, séparé depuis plusieurs années d'avec Frida, la petite fille commence à grandir dans l'inconnu.
Jessamine Chan se focalise entièrement sur le destin terrible de Frida, une mère imparfaite (une mère ordinaire, donc), qui se retrouve broyée par un système devenu complètement fou et extrémiste, centré sur le bien-être de l'enfant et qui veut transformer les mères en modèles parfaits, calibrés, minutés, rééduqués. Avec un soupçon de Servante Écarlate, à ceci près que le garde-chiourme ici est bel et bien féminin.

La quasi-totalité du roman se déroule donc dans cette école spéciale où Frida va faire la connaissance d'autres « mauvaises » mères.
Certaines coupables sans aucun doute possible de mauvais traitements, d'autres d'atteintes bien plus discutables. Mais la nuance n'existe plus, si vous commettez une erreur dans votre rôle de mère, alors vous êtes une criminelle. Et vous serez traité comme telle.
Imaginant un substitut d'enfants grâce à des sortes de poupées-robots dérangeantes autant qu'attendrissantes, Jessamine Chan explore avec minutie la culpabilité de Frida et les racines de celle-ci qui, on le devine rapidement, est aussi le fruit d'une société où la mère est toujours coupable, quoiqu'elle fasse. Suivant les différentes étapes de la rééducation maternelle, sorte de cours intensifs à la parentalité bienveillante version camp de redressement, le roman glace le sang par les épreuves psychologiques qu'il fait subir à Frida et à ses codétenues.
Souvent absurdes jusqu'à l'extrême — le câlin est minuté en fonction du rôle qu'il doit remplir par exemple — , les consignes et le code moral que l'on inculque à ces femmes n'a plus rien d'humain. L'erreur n'est plus tolérée et une forme de perfection maternelle malade, perverse prend la place de ce qui devrait être un apprentissage progressif et tâtonnant, en réalité naturel.
C'est pourtant la souffrance de mère de Frida mais aussi son histoire personnelle, intimement liée à ses origines chinoises et à ses relations avec ses parents, qui fera toute la force de ce roman. Car Frida n'est pas une mauvaise mère, elle est juste une maman qui a fait une erreur, une maman qui n'en pouvait plus et que la société écrase de tout son poids.
Au fond, le roman de Jessamine Chan raconte sans tabou tout ce qui constitue le rôle de mère, du pire au meilleur, de la solitude qui l'accompagne au jugement constant qui l'éreinte.
Car être mère et être femme, avec tout ce que cela présuppose, de l'amour au sexe en passant par le besoin d'être soi, sont deux choses que la société moderne refuse de concilier.

Dans son versant dystopique, L'École des bonnes mères reconstruit un système totalitaire en huit clos où la femme devient son propre prédateur.
À force de jugements, de mesquineries, de rumeurs et d'inhumanité.
Plus fort encore, Jessamine Chan inclut bel et bien des femmes qui ont maltraité leurs enfants. Mais elle arrive à en tirer quelque chose, à ne pas les réduire aux monstres que les journaux et le cinéma nous vendent, à tenter de comprendre sans excuser pour autant.
En réalité, le roman nous explique aussi comment en utilisant un sujet-choc qui devrait de facto mettre tout le monde d'accord, à savoir la maltraitance infantile, il devient possible d'infliger les pires choses à ces êtres qu'on déshumanise. La mauvaise mère n'est plus vraiment humaine, elle est une chose défaillante et répugnante qu'il faut corriger, qu'il faut punir. En jouant sur l'émotion, il devient possible de tout faire accepter, même le pire. Surtout le pire.
Si le roman semble tout de même tirer à la ligne par moment en démultipliant les enseignements et en diluant ainsi son impact émotionnel, il parvient à capter toute la détresse de celles qui sont piégées et qui ne veulent que serrer leur enfants dans leurs bras de nouveau.
C'est aussi l'occasion de démontrer la différence de traitement entre les pères et les mères, comment ces dernières sont beaucoup plus sévèrement réprimandées et condamnées. Et puis, bien sûr, de comprendre qu'on n'a pas le même destin si l'on est une mère blanche américaine aisé ou une mère noire sans le sou. Que l'environnement et les origines sont toujours là, quoiqu'on fasse.

Dans ce roman-cauchemar où l'on s'enferme avec une mère condamnée au pire, le lecteur passe par toute une palette d'émotions parfois contradictoires, épluchant la maternité et le rôle de mère dans toute sa complexité. Jessamine Chan livre une histoire de notre époque, où la mère se doit d'être parfaite et n'a le droit que d'être jugé encore et encore. Une histoire banale, presque.
Reste à savoir ce qu'est, au fond, une bonne mère dans notre époque malade.
Lien : https://justaword.fr/l%C3%A9..
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Frida, devenue mère célibataire après que le père de sa fille l'a quittée pour une autre femme, essaie désespérément de jongler entre les besoins de la petite Harriet, âgée de 18 mois, son travail et la fatigue qui menace de la submerger. Mais voici que l'impensable se produit : un jour d'extrême fatigue, elle s'attarde plus longtemps que prévu au travail en oubliant qu'elle a laissé sa fille seule chez elle, les voisins appellent la police et son enfant lui est retirée. Plongée en plein cauchemar, Frida n'a plus qu'une solution : accepter la seule solution qu'on lui propose, un stage d'un an à la toute nouvelle Ecole des bonnes mères, visant à rééduquer les parents défaillants...

L'Ecole des bonnes mères commence tout d'abord comme un roman réaliste, en décrivant de l'intérieur la vie souvent épuisante d'une mère seule avec son jeune enfant, la fatigue qui s'installe, l'impression de ne jamais avoir un moment à soi, l'envie qu'on peut parfois avoir de hurler même si on adore plus que tout son bébé. L'auteure décrit très bien cet épuisement, ce tourbillon sans fin, et nous fait vivre de l'intérieur le soudain cauchemar de Frida qui certes a fait une grosse bêtise en laissant seule sa fille mais qui n'aurait jamais pensé que cela puisse aller si loin et qu'elle puisse ainsi être privée de son enfant. Et puis à quelques petits détails on comprend que ce roman glisse vers la dystopie : ces voisins si prompts à appeler la police quand ils ont compris qu'Harriet était seule à la maison, ces policiers qui la traitent comme une criminelle et l'accusent de manquer à son devoir, ce tribunal qui semble ne faire preuve d'aucune compassion... L'auteure nous amène ainsi très intelligemment vers le monde qu'elle décrit, un monde où les autorités politiques et sociales se sont vues accusées d'avoir provoqué la mort de jeunes enfants par négligence, un monde où maintenant les parents n'ont plus droit à l'erreur, où l'état considère qu'il est de son devoir de s'assurer que tout parent est bien apte à s'occuper de sa progéniture.

On va ainsi découvrir par les yeux de Frida la glaçante Ecole des bonnes mères du titre... et ça fait froid dans le dos. Combinaison parfaite de technologie, de surveillance, de déshumanisation et de rééducation politique, cet institut d'un nouveau genre qui réunit les mères défaillantes aux yeux de l'état va devenir le nouveau cadre de vie de Frida et de ses compagnes. le récit déroule ainsi en détails ce que peut être la parentalité vue sous son angle le plus utilitaire et normatif : les câlins sont minutés et ont chacun un but (le câlin consolant pour un enfant qui s'est fait mal, le câlin anti-frustration pour celui qui n'a pas pu avoir le jouet qu'il voulait, le câlin calmant pré-dodo, etc etc), la mère doit être infaillible et se transformer tantôt en pompier pour prémunir son enfant du danger, tantôt en super prof pour lui expliquer le monde, tantôt en Gandhi pour lui apprendre la négociation non violente... le tout est très réaliste et même si certaines scènes sont poussées à l'extrême et m'ont fait m'exclamer en mode "oh non quand même ils ne vont pas faire ça", on sent bien le parallèle avec notre monde où tout est fait pour encourager la perfection, où pères et mères sont scrutés pour appliquer la "bonne" méthode éducative ou faire le maximum pour leurs enfants.

Ce roman réussit à être à la fois complètement prenant en mode thriller, la vie de Frida à l'école étant tellement difficile et jalonnée d'épreuves que l'on se demande à chaque page si elle va s'en sortir, et aussi très intéressant sur tout ce qu'il dit sur la charge mentale des parents (et sans doute plus particulièrement des mères), la femme vue uniquement à travers le prisme de son rôle de "maman" élevé comme valeur ultime, la volonté de l'état de tout contrôler y compris la sphère privée de l'éducation des enfants et encore bien d'autres questions intelligemment soulevées par ce récit. Seul petit bémol : le style de l'auteur que j'ai trouvé vraiment très plat et peu agréable à lire, au point que j'ai failli abandonner ce livre aux premiers chapitres tant j'avais du mal à apprécier ma lecture ! Heureusement que le propos intéressant et le suspens m'ont ensuite emportée. Au final un récit très original et un roman qu'on ne lâche pas avant d'avoir tourné les dernières pages : à découvrir !
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J'ai eu envie de découvrir ce qui se cachait derrière ce titre énigmatique : The school for good mothers.

Nous plongeons dans une dystopie très réussie qui n'est pas sans rappeler La servante écarlate ou la société est devenue folle et extrême. Ici c'est la relation maternelle qui est au centre du roman. le moindre fait et geste des mères est scrutée, les dénonciations vont bon train et les mères se retrouvent accusées des pires crimes. On retire les enfants et la société veut rééduquer ces mères imparfaites.

Les personnages sont très attachants et notamment Frida. Ce n'est pas une mère parfaite, elle commet des erreurs, elle est humaine et se sent très souvent dépassée par son rôle de mère célibataire, par sa fille, par le manque de sommeil ou par son divorce. Il est facile de s'identifier à elle et dès les premières pages, on ressent énormément de compassion pour elle.

Cette école est effrayante. Elle fonctionne à coup d'humiliations, de chantage affectif et c'est forcément touchant, violent. En tant que lectrice et maman, il m'a fallu parfois faire des pauses dans ma lecture pour pouvoir digérer la violence de ce roman. C'est un roman très réussi, provoquant dont on ne ressort pas indemne.

La fin est complètement inattendue, Frida prend une décision folle mais qu'a telle de plus à perdre ?
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Toutes les mères ont un jour éprouvé un sentiment de culpabilité à l'idée d'avoir failli aux exigences de la mère parfaite. Jessamine Chan, pour son premier roman livre une vision dystopique de la maternité moderne en transformant des peurs universelles en cauchemars absolus.
Cette satire, parfaitement exécutée, met en scène une mère célibataire qui partage la garde de sa fille de 18 mois avec son ex-mari. Lors d'une journée particulièrement difficile, "la journée d'enfer ", elle laisse sa fille seule dans son trotteur pendant 2 heures.
Techniquement, l'accusation n'est pas fausse; Frida a vraiment laissé Harriet sans surveillance. Mais alors qu'elle avoue son erreur et se repentit sincèrement , les autorités refusent de l'écouter et interprètent chacun de ses arguments comme la marque de sa perversion et la preuve de son incapacité à être mère.

Pour garder ses droits parentaux et retrouver la garde de sa fille, Frida doit accepter de passer 1 année dans l'école des mauvaises mères, en compagnie de femmes dont les fautes vont de laisser un enfant jouer seul dans le jardin ou de trop le dorloter, jusqu'à la maltraitance.
Le sentiment d'injustice éprouvé par celles qui se sentent accusées à tort ne peut durer. A longueur de journée, elles doivent répéter ces deux mantras humiliants : "Je suis une mauvaise mère, mais j'apprends à être bonne" et, plus terrifiant encore "Je suis narcissique. Je suis un danger pour mon enfant."

Dans cette école du futur où l'intelligence artificielle a une fonction coercitive, chaque femme reçoit une poupée robotique, plus vraie que nature, avec laquelle elle doit pratiquer des compétences maternelles très codifiées, comme la durée d'un câlin, le contact visuel ininterrompu ou le chronométrage du temps nécessaire pour arrêter les pleurs de l'enfant.
Les poupées enregistrent non seulement les réactions des mères qui sont sous la surveillance constante d'instructrices en blouse rose mais également toutes les émotions. "Leurs schémas de clignotement et leurs expressions seront surveillés pour détecter le stress, la peur, l'ingratitude, la tromperie, l'ennui, l'ambivalence et une foule d'autres sentiments."
Chaque séquence est sanctionnée par des examens que personne ne peut réussir tant le niveau d'exigence est impossible à atteindre.
S'ensuivent donc des punitions comme la privation du contact téléphonique avec l'enfant réel ou l'absence de toute nouvelle.
Ce dispositif panoptique est également responsable de dépression et de suicide.

Sous l'oeil de ces Big Mothers, des femmes qui, comme chez Margaret Atwood servent de geôlieres à d'autres femmes, elles doivent apprendre à ne plus avoir ni besoins, ni désirs.

Jessamine Chan a confié avoir mené une enquête sur les services sociaux pour écrire son roman. Elle a découvert sans trop de surprise, que les femmes noires et latinos, ainsi que les personnes à faible revenu ou souffrant de troubles mentaux, sont plus spécifiquement concernées par les contrôles des services de l'état. On pourrait penser, dit-elle, que les familles qui ont des problèmes avec les services de protection de l'enfance sont coupables de maltraitance. C'est ce qu'ils veulent nous faire croire. En réalité, il s'agit plus souvent de négligence, et cette négligence est souvent générée par la pauvreté. Comme ces enfants obligés de jouer dans la rue parce qu'il n'y a pas de place dans l'appartement.

Ainsi, la composition raciale de l'école est majoritairement noire et latino avec une poignée de mères blanches, et Frida qui est d'origine sino-américaine. L'auteure reproduit ici un contexte sociologique réel pour accréditer cette idée d'une surveillance d'état qui se focalise davantage sur les classes sociales en difficulté. Elle veut également montrer qu'un système qui criminalise les mères célibataires peut aussi être un système qui interdit l'avortement et réduit les femmes, toutes les femmes, à leur capacité à procréer et à materner
Jessamine Chan, dans la lignée de Margaret Atwood, met en lumière le prix exorbitant que paient les femmes dans une société patriarcale qui les méprise et qui n'a de cesse de les punir pour assurer leur désir de domination.
Ce code d'éthique maternel, bâti sur la honte et la culpabilité, n'a d'autre vocation que de grignoter la liberté des femmes.


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critiques presse (1)
MadmoizellePresse
03 août 2023
Un texte qui agit comme une bombe à retardement dont l’empreinte reste vivace plusieurs semaines après sa lecture.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les mères des squares la terrifiaient. Elle était incapable de les égaler en ardeur, en habileté ; elle n'avait pas lu assez de livres, elle avait arrêté d'allaiter après cinq mois alors que ces femmes donnaient encore joyeusement le sein à des enfants de trois ans.
Elle pensait qu'en devenant mère, elle ferait partie d'une communauté. Les mères qu'elle a croisées étaient aussi mesquines que les membres d'une sororité nouvellement constituée - comité de travail voué de son propre chef à la défense de l'extrémisme maternel.
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est-il préférable pour elle d'être évaluée par un homme blanc dans la cinquantaine?
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Quelques mois plus tôt, les mères n'auraient eu droit qu'à des cours de parentalité, avec des manuels obsolètes, Mais à quoi cela aurait-il servi ? La parentalité n'est pas un exercice abstrait. Les mauvais parents doivent être réformés de l'intérieur. Ils doivent acquérir les bonnes impulsions, les bons sentiments, les bonnes aptitudes à effectuer en un quart de seconde des décisions qui sauvent, qui nourrissent, les décisions aimantes.
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Avant d'arriver à l'école, nombre d'entre elles n'étaient pas violentes ; après sept mois de cours, elles pourraient toutes trancher la gorge à quelqu'un.
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Personne ne peut deviner son crime. Elle a l'air trop chic. Trop convenable. Trop asiatique.
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« Nous avons votre fille. » C'est le message qu'entend Frida alors qu'elle s'est absentée en laissant seule sa fille de dix-huit mois. Les voisins l'ont vue sortir et ont appelé la police, venue récupérer l'enfant.
Mère célibataire, Frida s'occupe seule de sa fille, tout en travaillant pour une université locale. À la suite de plusieurs nuits sans sommeil, elle s'est aperçue qu'elle avait oublié un dossier important sur son lieu de travail. Sans réfléchir, elle est partie le chercher, déclenchant une série de conséquences qui la dépassent.
Sous l'oeil des services sociaux qui installent aussitôt des caméras chez elle, Frida est mise à l'épreuve. Après une période d'observation, la sanction tombe : Frida perd la garde de sa fille pour un an, temps qu'elle passera dans un centre de rééducation maternelle où elle apprendra à devenir une « bonne mère ».
Entre La Servante écarlate et Orange is the New Black, Jessamine Chan signe un roman glaçant sur les attentes impossibles qui pèsent aujourd'hui sur les femmes, les dérives de la société de surveillance et l'indicible solitude des mères dans une époque qui préfère le jugement au soutien.
https://www.buchetchastel.fr/catalogue/lecole-des-bonnes-meres/
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