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Critiques de Charles Dickens (1088)
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Oliver Twist

Le style de Dickens est inimitable, lui seul a le don de dépeindre des situations graves avec force et justesse.

Oliver Twist, c'est l'histoire d'un enfant qui se retrouve orphelin dès sa naissance, sa mère étant morte en couches. Placé, il échoue chez un croque-mort qui lui inflige privations et mauvais traitements. Suite à une altercation avec un apprenti du fabriquant de cercueils, le petit Oliver s'enfuit à Londres en espérant vivre une nouvelle vie. Une fois de plus, la destin lui jouera un mauvais tour en mettant sur sa route une bande de voleurs, dirigée par Fagin, un vieux juif qui lui fait accomplir des petits larcins. Arrêté pour un vol qu'il n'a pas commis, un gentilhomme, Mr Brownlow, prends Oliver sous son aile, mais la bande à Fagin qui ne compte pas en rester là, retrouve le petit et l'obligent à participer à un cambriolage qui tourne mal. Blessé, Oliver est récupéré par la famille Maylie qui v'a s'occuper de lui jusqu'à ce qu'il puisse retourner avec Mr Brownlow et enfin connaître la vérité concernant ses origines et sa famille...



Ce roman est tout simplement époustouflant, il décrit avec précision la situation des enfants orphelins dans l'Angleterre Victorienne du XIXème siècle. Il met en avant les différences entre les classes sociales et l'injustice qui en découle. Poignant de vérité, à mes yeux Oliver Twist est une très grande oeuvre qui prend aux tripes. A lire et à relire !
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Un conte des deux villes (Un conte des deux..

Imaginez...

Imaginez que vous soyez un journaliste, un journaliste anglais, par exemple, et que vous soyez chargé d'écrire des articles sur la situation de la France dans les années 1789 à 1794, à peu près. En tant que journaliste anglais, vous seriez nécessairement loyaliste. Qu'écririez-vous ?



Vos yeux sortiraient de votre tête, vous seriez épouvanté, terrorisé par ce à quoi vous assistez quotidiennement. Vous écrieriez que le démon s'est abattu sur ce pays naguère si beau, naguère si civilisé, naguère si désirable qu'était la France. Vous diriez que des hordes de terroristes assoiffées de sang tuent pour un oui pour un non des innocents, qu'on casse tout, qu'on descelle toutes les idoles, qu'on détruit les églises, etc. À peu de choses près, vous décririez l'apocalypse, la fin des temps, la monstruosité humaine à l'état brut, l'enfer, etc. À peu de choses près, vous écririez : « Ce sont des Talibans !!! »



Croyez-moi, les Anglais de l'establishment de l'époque le vivaient comme ça, les Autrichiens également, bref, ceux qui étaient aux commandes le vivaient comme ça. Comme c'est étrange, tout de même, par rapport à la façon dont on nous a seriné la Révolution à nous. Je me souviens encore des cérémonies du bicentenaire (j'avais treize ans à l'époque, c'est l'âge où ça nous marque, ce genre de chose), les slogans débiles et mensongers qu'on y accolait " fin de la tyrannie ", " début d'une ère de liberté ", " prise de pouvoir par le peuple ", toutes ces d'âneries mélodieuses qu'on nous demandait d'ânonner bien consciencieusement, avec émotion et admiration.



On ne nous disait jamais que c'était une révolution bourgeoise qui consacrerait l'ère des banquiers et associés, non, c'était le peuple, soi-disant, c'était la République, la démocratie même, car on a toujours essayé de nous faire croire que république et démocratie étaient des notions synonymes, alors qu'on sait très bien qu'à partir du moment où quelqu'un nous représente, nous sommes comme des enfants mineurs face à leurs parents, mais, c'est pas grave, démocratie que ça s'appelle, c'est ce qu'on m'affirme, donc je le crois, moi, je ne suis pas regardante, j'avale tout ce qu'on me dit d'avaler, les orvets, les couleuvres et... les anacondas ! J'ai l'estomac solide et habitué, depuis le temps, vous verriez ça...



Pourtant, souvenez-vous, dans la ritournelle qu'on nous balance avant chaque cérémonie officielle, lors des commémorations sportives, etc., celle à laquelle on est censés s'identifier, il y a le passage suivant (j'ai vérifié) : « Entendez-vous dans nos campagnes, mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans nos bras égorger nos fils, nos compagnes. Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons ! Qu'un sang impur abreuve nos sillons. » Bref, c'est un truc dans ce genre. Et qui étaient ces " féroces soldats " ? Rien d'autre que des soldats des forces d'ingérence étrangères, notamment tous les loyalistes royalistes des environs, désireux de remettre vite fait sur pied le système d'avant et qui leur convenait mieux.



Alors je vais me faire l'avocate du diable, je vais me faire cracher dessus une fois encore, mais je vais prétendre que ce qui se passe en ce moment en Afghanistan n'est pas, par nature, différent ce qui s'est passé chez nous dans les années 1789-1794. Selon moi, ça n'est ni pire ni mieux, c'est comparable. Ne croyez-vous pas que les Afghans, en tant qu'Afghans, n'en avaient pas marre de " ces féroces soldats qui venaient jusque dans leurs bras égorger leurs fils, leurs compagnes ? "



Aussi critiquables, imbuvables, intolérables que puissent être les Talibans, ils valent au moins autant pour un pays qu'une ingérence étrangère. Après la Guerre d'Algérie, on ne peut pas prétendre que ce soient de fervents adorateurs des droits du peuple qui aient pris le pouvoir là-bas. Pourtant, ça a fait partie d'un processus. le peuple algérien, petit à petit, étape par étape, se forge un système. Il est encore loin, loin, loin d'être correct et acceptable, mais il est déjà cent fois mieux que ce qu'il a été : cela s'appelle, l'histoire en marche d'un peuple qui se construit par lui-même.



C'est long, c'est bancal, c'est fait parfois d'un pas en avant et de deux en arrière, mais c'est comme ça. Un peuple doit trouver lui-même ses propres marques, sans qu'aucune puissance étrangère n'ait à lui dicter quoi que ce soit. Si le peuple se trompe ? Eh bien, tant pis, il se trompe ; il apprendra, par tâtonnements, par essais et erreurs, mais je crois au peuple et à sa sagesse immanente, au bout du processus. Assisterons-nous de notre vivant à l'aboutissement de ce processus ? Rien n'est moins sûr, mais il progresse, à son rythme, indépendamment de quiconque et surtout, indépendamment des intérêts étrangers de l'instant t.



Au départ d'une révolution, le nouveau système est toujours violent, et il est logique qu'il le soit : comment imaginer que les anciens apparatchiks laissent à la fois les commandes et leurs privilèges sans riposter ? On disait de la Révolution iranienne à l'époque exactement ce qu'on dit de l'Afghanistan aujourd'hui. Est-ce que la condition des femmes est merveilleuse en Iran à l'heure actuelle ? Absolument non, mais est-elle incomparablement pire que celle des autres femmes des pays musulmans du Golfe et même un peu plus loin ? Je n'en ai pas l'impression.



Vu de chez nous, les Talibans apparaissent comme les derniers des barbares rétrogrades et sanguinaires. Si tel est le cas, pourquoi se sont-ils imposés si rapidement dans le pays ? Les raisonnements primaires s'autojustifient en disant " précisément parce que ce sont des barbares sanguinaires ". Un peu comme on nous a bourré le mou quand nous étions enfants avec les fameuses " invasions barbares ". Comment imaginer qu'une poignée de sauvages puisse mettre à genou un empire tel que l'empire romain si les populations locales n'avaient pas été partie prenante pour le mettre à plat ?



Comment imaginer que les Talibans aient pu prendre l'Afghanistan aussi vite, si le peuple n'en avaient pas ras-le-pakol de l'état en place et de ses corruptions et pourritures généralisées ? Les Talibans se sont imposés surtout — ça nous fait mal au derrière de l'admettre — parce qu'ils rendent la justice de façon plus juste, plus fiable auprès du peuple que les autorités d'avant. Les fascistes, à l'origine, ont pris le symbole des faisceaux, justement en rapport avec l'impartialité et le refus de la corruption qui les caractérisait comparativement aux systèmes capitalistes qui les précédaient. En somme, ce qui a pu séduire dans le fascisme à une certaine époque est exactement ce qui peut séduire aujourd'hui dans les Talibans pour les Afghans.



Est-ce que c'est un système parfait ? Non. Est-ce que des horreurs seront commises ? Oui. C'est le remous, c'est le temps de stabilisation nécessaire pour passer d'un système d'ingérence et de corruption généralisées à un système autonome, émanant des Afghans eux-mêmes, et qui, un jour, sera acceptable. Je prends le parti de faire confiance aux Afghans. Ils ne sont ni plus arriérés, ni plus bêtes, ni plus sauvages que quiconque. le peuple a des défauts, c'est vrai, il peut être haineux, injuste, vengeur, tout ce qu'on veut, mais il est le peuple. Soit on l'accepte tel qu'il est, avec ses qualités et avec ses défauts, soit l'on n'a rien compris à l'humain.



Eh bien c'est exactement ça dont nous parle Charles Dickens dans Un Conte de deux villes. Il nous dit que le système d'avant était inique, épouvantable, inhumain, que ceux qui le subissaient avaient supporté tellement d'horreurs, de brimades et de vexations que, dès qu'ils purent inverser la tendance, ils se montrèrent parfois plus violents, plus sanguinaires, plus impitoyables que leurs oppresseurs eux mêmes.



En somme, semble nous dire Dickens, c'est dommage, mais c'est comme ça : on n'y peut rien, c'est humain. J'imagine que tous les Français de la métropole assassinés lors de la Guerre d'Algérie n'avaient pas tous été d'odieuses personnes vis-à-vis des populations locales. J'imagine qu'il y a eu des injustice de faites, certains ont payé pour les crimes des autres. J'imagine qu'il en va de même en ce moment en Afghanistan.



Charles Dickens s'emploie, avec toutes les qualités de conteur qu'on lui connaît, à nous présenter justement ce point précis des révoltes. (Il l'avait déjà un peu traité dans Barnabé Rudge.) Il veut nous faire bien comprendre que la foule est aveugle, qu'elle ne fait pas de détail, pas de cas par cas, que du gros et pas de quartier. Untel a fait une mauvaise action dans sa vie ? Très bien, je note, ce sera la mort. Untel est le fils d'Untel qui a fait une mauvaise action ? Très bien, je note aussi, ce sera la mort également...



La narration se déroule sur plusieurs périodes de 1775 à 1793 avec, à un moment, un retour en arrière sur les années 1757 et 1767. L'auteur tient à ce qu'on ressente bien l'injustice, il veut faire pleurer dans les chaumières et, c'est selon moi le plus gros défaut de ce roman. Trop larmoyant. Quoique non, à la réflexion, je lui en trouve d'autres, des défauts, et pas des moindres. le fait, par exemple, que Dickens utilise systématiquement des cas limites, du type jumeaux, du type précisément celui qui était embastillé, du type la frangine d'Unetelle qui vit précisément avec M. Untel pour que l'histoire se goupille bien. À un moment, trop c'est trop, quand on voit à l'excès la mécanique sous-jacente, on peine à se laisser embarquer dans la narration.



Ajoutons à cela le caractère trop univoque des personnages : les gentils sont gentils, invariablement gentils. D'ailleurs, ils sont presque à coup sûr gentils ET victimes, histoire que les violons grincent à plein tube. C'est le cas de l'infortuné docteur Manette et de sa fille Lucie. Dans le genre " vivante incarnation de la gentillesse et de la fidélité ", nommons également Jarvis Lorry, le banquier de la Tellson, ainsi que Charles Darnay, le gentil et fidèle professeur de français... On y croit, on y croit.



Bien évidemment, il y a le pendant, c'est à dire le méchant, méchant et invariablement méchant. C'est le cas, par exemple du Marquis d'Évremont. Dans une certaine mesure, l'avocat Stryver appartient lui aussi au domaine de la grosse et grasse caricature de ce type.



Les personnages les plus réussis, d'après moi, sont probablement les autres, c'est-à-dire, ceux qui naviguent entre deux eaux, dont on ne sait trop s'ils sont bons ou méchants. Je les trouve incroyablement plus humains, plus crédibles, quoique la crédibilité ne soit résolument pas le fort de ce roman. Ainsi le troublant couple Defarge, l'hirsute Cruncher ou le placide Sydney Carton appartiennent à cet entre-deux intéressant pendant un bon bout de temps. Mais à la fin, notre bon Charlie di répugne à nous les laisser crédibles et s'emploie, en tout cas pour l'épouse Defarge et Sydney Carton, à nous les rendre enfin univoques et caricaturaux, parce que la petite larme en dépend, vous comprenez...



En somme, un roman pas fantastique quant aux grosses ficelles scénaristiques utilisées, des personnages dont le passé ou le futur se retrouve toujours pile là où il faut et quand il faut. C'est gros, c'est très gros. Un roman que je trouve en revanche plus intéressant quant à son propos sur l'essence du peuple et sur ce qu'on peut en attendre lors des bouleversements révolutionnaires. Enfin, ma note finale tient compte du talent de conteur de Dickens, qui, même quand il se prend un peu les pieds dans le tapis comme ici sur la crédibilité de l'ensemble, est capable de produire un roman malgré tout très agréable à lire. Chapeau Charlie et puis, gardez à l'esprit que, comme d'habitude, ceci ne représente que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.

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Barnabé Rudge

Je ne vais pas vous mentir : Barnabé Rudge n'est probablement pas le meilleur roman de Charles Dickens et c'est peut-être même l'inverse. Toutefois, et parce que c'est un Charles Dickens, il reste largement au-dessus de la moyenne de tout ce qu'il m'a été donné de lire et m'a procuré quelques grands plaisirs à la lecture, ce qui n'est déjà pas si mal.



Le principal défaut que je trouve à ce gros ouvrage (770 pages en pléiade !) tient surtout au fait que ses personnages sont par trop caricaturaux, trop typés, trop monolithiques pour être tant soit peu crédibles. Je reproche également au scénario d'ensemble un peu trop de ces hasards heureux qui font qu'untel rencontre un autre tel pile au bon moment et au bon endroit.



Si l'on veut bien pardonner cela à Charles Dickens ainsi qu'une happy end un petit peu trop happy à mon goût, il vous restera entre les mains un bon grand divertissement de plusieurs semaines (plusieurs mois dans mon cas) qui attirera votre attention sur un fait historique pas forcément d'une grande notoriété publique de ce côté-ci de la Manche mais qui vaut pourtant le coup d'être évoqué.



En fait, il n'est pas totalement illégitime de considérer Barnabé Rudge à l'égal d'un bon gros livre d'Alexandre Dumas, pas du meilleur cru, et vous aurez une idée assez exacte de ce à quoi vous attendre si vous entreprenez d'ouvrir Barnabé Rudge. Il y a aussi en Dickens quelques graines d'humanisme à la Hugo et ce roman est prétexte pour lui à condamner vivement la peine de mort ainsi que le sort réservé aux tranches les plus pauvres de la population.



Mais venons-en au cœur de ce qui fait l'ouvrage, à savoir les émeutes à caractère religieux de l'année 1780 à Londres, sous la houlette de l'ultra protestant Sir George Gordon, lesquelles émeutes sont communément désignées outre-Manche sous le nom de Gordon Riots.



De quoi est-il question ? À l'époque, l'Angleterre est en délicatesse avec sa mouvante colonie d'Amérique auto-proclamée indépendante sous l'appellation grotesque de Unites States of America. Elle aurait même quelque velléité à la démocratie, encore plus drôle, vu du balcon du bon roi George III qui s'en va réprimer tout ça. L'ennui, c'est qu'il faut des bras pour mener à bien cette besogne.



Et, non content d'être des hérétiques catholiques congénitalement ennemis, les Français sont allés prêter main forte à ces lâcheurs d'Américains et cela pose problème car la loi anglaise stipule que seuls sont enrôlables dans les armées du roi les protestants, de même que toute une liste d'avantages et de prérogatives dans divers domaines de la vie civile. De sorte que l'essentiel du contingent irlandais, furieusement catholique, de même qu'une certaine proportion d'Écossais et même de purs Anglais ne peut mathématiquement pas rentrer dans les armées en qualité de chair à canon faut de religion appropriée. C'est regrettable !



Voilà pourquoi une loi fut votée pour assouplir les contraintes réservées aux catholiques en Grande Bretagne. Mais le hic de l'histoire, c'est que certains ultra orthodoxes du protestantisme (pardonnez-moi ces excentricités religieuses dont, malheureusement, je ne me lasse jamais) virent dans cette manœuvre un recul de leurs prérogatives et certains s'en offusquèrent à telle enseigne qu'ils organisèrent une forme de rébellion populaire destinée à montrer aux catholiques qui commandait en Grande Bretagne et qu'on n'allait pas se laisser bouffer la laine sur le dos par les papistes d'où qu'ils soient.



Voilà comment virent le jour les fameuses Gordon Riots, très bel exemple de jusqu'au-boutisme religieux sans fondement aucun, d'embrigadement des franges les plus influençables, les plus pauvres et les moins éduquées de la population dans des actes d'une sauvagerie telle que peu d'animaux s'abaisseraient à y souscrire.



Il arrive alors que la vie d'un homme ne pèse pas bien lourd lorsque la populace chauffée à blanc se persuade qu'il est un ennemi du peuple. Une vie de travail d'un homme et toute ses possessions terrestres ne pèse pas no plus bien lourd face à la flamme et à l’appât du gain, à l'instinct de rapine et à la la joie de nuire à l'autre.



Charles Dickens montre très bien combien cette entité informe peut être irréfléchie et dangereuse, combien l'impunité de l'anonymat se cache derrière le " tout le monde " pour n'être finalement " personne en particulier " et n'en être que plus redoutable. Il montre aussi combien des personnalité au-dessus de tout soupçon, jouent en sous-main pour attiser les braises ou pour faire tirer les marrons du feu à certains afin de ne pas se brûler les doigts eux-mêmes tout en conservant aux yeux du monde, toute leur innocence et leur respectabilité.



Barnabé Rudge est le symbole de tout cela, ce me semble. Lui qui n'est pas spécialement le personnage principal de l'histoire, lui qui est un simple d'esprit, si naïf et influençable qu'il est aisé de le faire prendre part à de tels agissements de foule et que, comme en fin de compte, il faut qu'il y ait des coupables et des sanctions, les pauvres bougres de son espèces apparaissent comme tout désignés pour porter la corde au cou…



On sent dans la partie roman de ce roman historique les ferments des recettes qu'affectionne l'auteur avec ses personnages, une mouture qui n'est pas sans rappeler à bien des égards De Grandes Espérances, mais cuisinée un peu moins à point et avec un peu plus d'approximations et de traits caricaturaux mais qu'on peut très aisément pardonner à Charles Dickens sachant qu'il n'a écrit ce roman qu'à vingt-neuf ans et qu'on peut encore le considérer comme une œuvre de jeunesse.



En somme, malgré les faiblesses indubitables évoquées dès le tout début de cette critique et qui m'ont fait hésiter entre trois et quatre étoiles, je suis tout de même très reconnaissante à Charles Dickens pour ce bon moment passé en sa compagnie et d'avoir ouvert mes yeux sur ce point qui m'était inconnu jusqu'alors de l'histoire de l'Angleterre en général et de Londres en particulier. On y trouve déjà tous les germes qui feront, quelques années plus tard, les gros succès et les grandes réussites romanesques de l'auteur. Mais ceci n'est, bien sûr, qu'un avis, c'est-à-dire, très peu de chose, face à une foule motivée, armée de livres et d'esprit critique…
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De grandes espérances

Je me rappelle fort bien les efforts répétés d’un de mes amis de fac pour m’éduquer moindrement l’oreille à la culture reggae. Je me souviens en particulier d’un des titres des Gladiators où le tempo et la majorité des instruments marquaient une légère pause pour laisser ressortir la phrase que scandait le chanteur : « A good friend is better than pocket money ! » lequel Pocket Money était également le titre de la chanson.

Telle pourrait être la devise de l’ouvrage qui nous occupe aujourd’hui : Un bon ami vaut mieux que de grandes espérances.

J’ai trouvé ce roman réellement remarquable car combinant à la fois une construction romanesque et une efficacité de narration, essentielles dans l’établissement de toute bonne recette de roman réussi. Mais également, ce qui est plus rare, une révélation claire tant de la pensée que de la philosophie de vie de l’auteur et qui, elles aussi, sont très intéressantes.

Charles Dickens nous invite à réfléchir sur la destinée. Les deux personnages centraux du roman ont l’un et l’autre été placés à un moment de leur existence sous l’influence d’un protecteur. D’extraction humble et populaire, ces deux personnages se voient promis à la fortune financière et à l’élévation sociale.

Ce faisant, les deux personnages en question ne sont pas impliqués, ou fort peu, dans le projet de leur protecteur. Dit autrement, on décide à leur place de leur avenir et de ce qui sera bien ou pas pour eux.

Pour alléchantes que puissent être les « grandes espérances », conduisent-elles les bénéficiaires à s’épanouir et à tendre vers le bonheur tel qu’on pourrait être enclin à le penser ?

Outre ces deux personnages, un jeune garçon surnommé Pip et une jeune fille prénommée Estella, l’auteur nous dresse une série de portraits de personnages secondaires tous plus intéressants les uns que les autres.

Parmi ceux-là, trois figures masculines semblent ressortir en constituant pour Dickens l’archétype de l’exemple à suivre. Tout d’abord Joe, le forgeron qui a accompagné Pip dans toute son enfance. Ensuite Wemmick, le clerc d’un avocat en charge des intérêts de Pip et enfin Herbert, compagnon sensiblement du même âge que Pip et qui lui sert de guide dans la vie londonienne.

Ces trois personnages mènent une vie humble, ont des rêves modestes et accessibles et savent se montrer judicieux dans le choix de leurs épouses. Raisonnables, la tête sur les épaules, pas intéressées par l’argent et accessoirement belles mais ce n’est jamais la priorité, les qualités humaines devant constituer l’essentiel de la dot.

Seul Joe semble avoir commis une petite erreur en s’appariant dans sa jeunesse à une femme dont la principale qualité était sa beauté physique.

Parallèlement, une kyrielle de personnages intéressés fourmillent autour de ces trois figures et sont copieusement égratignées par l'auteur.

Une autre figure est à distinguer, celle de l'avocat Jaggers, qui symbolise selon moi l'ambition mais pas la cupidité. Dickens le présente comme quelqu'un d'éminemment compétent dans son domaine, respecté et/ou redouté (l'un entraînant probablement l'autre) qui est l'exemple type de la réussite professionnelle, mais qui a une vie privée aussi aride que les comptes-rendus d'audience et qui ne saurait donc être un parangon d'être accompli.

Pip, quant à lui, bien qu’intimement persuadé qu’il commette une profonde erreur n’arrive pas à se défaire de l’amour qu’il porte à une jeune fille remarquablement belle et dont la beauté, semble la principale qualité.

Nous cheminons dans ce parcours initiatique du jeune Pip tel que pourrait le faire un Candide qui, volant de déroute en déconvenue, apprend à aimer sa Cunégonde pour ce qu’elle est intrinsèquement et plus nécessairement pour sa beauté, élément qui était déterminant pourtant au départ.

L’auteur s’appesantit également sur le tragique destin du protecteur, quel qu’il soit, qui s’expose à être déçu de l’évolution du protégé, qui ne répond pas toujours exactement aux espérances qui étaient fondées sur lui. On pourrait rajouter qu'il en va de même pour le protégé qui espérait certainement un protecteur tout autre. En ce sens, il y a probablement quelque chose de l’ordre de la relation parents/enfants qu’essaie de nous faire percevoir Charles Dickens. Ô vous, chers parents, de par les siècles et de par le monde, vous avez toujours fondé des espoirs sur votre descendance. Tous ces beaux héritages, toutes ces belles situations, tous ces beaux mariages, toutes ces belles écoles, tous ces beaux métiers, vous vous souvenez ? Est-ce que vos soins attentifs et attendris prendront part dans l’éventuel bonheur ou malheur de votre enfant ? Vous sera-t-il reconnaissant d’avoir choisi pour lui l’orientation de sa vie ? Répondra-t-il à vos attentes les plus profondes ? À quoi vous exposez-vous en agissant de la sorte ?

C’est donc un magistral édifice que nous a construit Charles Dickens, que je vous conseille tant pour l’humour qu’il ne manque jamais de distiller à droite à gauche dans ses pages, que pour le plaisir de se laisser embarquer dans la narration, que pour sa portée philosophique, psychologique et sociologique. Au fil du roman, il nous fait l’éloge des gens simples qui savent avoir des ambitions raisonnables, qui mettent en œuvre quelques principes comme la fidélité en amitié ou la droiture morale et qui comptent sur leur propre travail pour se créer un petit paradis, tout petit, à leur image, mais bien à eux.

En manière de conclusion je vous dirais : Ô vous tous qui avez de grandes espérances ; souvenez-vous du message de Dickens et des Gladiators réunis : a good friend is better than pocket money. (Qu’on pourrait transcrire grossièrement en français doctrinal sous la forme : « un ami véritable vaut plus que tout l’argent du monde. » et en langage reggae comme quelque chose du genre : « Yeah man ! à Babylone, avoir un bon pote c’est peut être pas le zion, mais c’est quand même mieux que d’avoir seulement son pèze à qui parler. »)

Mais comme toujours, pour les traductions hautement fidèles comme pour le reste, ceci n’est que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.



P. S. : la traduction de Charles Bernard-Derosne revue par Jean-Pierre Naugrette pour le Livre de Poche est excellente, certaines autres semblent de plus piètre aloi.

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De grandes espérances

Oh comme il va me marquer pour longtemps, ce très beau, ce très grand «De Grandes espérances» de Charles Dickens.



Les personnages, d’abord, sont multiples et c’est incroyable de découvrir que tous, absolument tous, ont un rôle primordial dans l’histoire. S’il y en a un qui nous semble bien banal et de peu d’importance à priori, on découvre quelques chapitres plus tard qu’il est un pilier de l’histoire. Ça, c’est vraiment quelque chose que j’apprécie, et que, je dois l’admettre, je retrouve dans peu de livre.

Pour ma part, s'il fallait mettre en lumière l'un d'entre eux, et l'élire comme personnage favori - en excluant le narrateur, Pip, qui est devenu comme mon frère et qui, s’il devait entrer dans la compétition, relèguerait d'emblée bien derrière lui tous les autres - je dois avouer que je n'ai pas su résister au charme du tendre et fidèle Joe, « le meilleur ami du monde » de Pip avec lequel « il s’amuse royalement », et personne n’a su le détrôner - même si je dois reconnaître qu'Herbert est adorable et attachant, lui aussi. Ce qui est frappant avec ce trio de personnages, c’est leur humilité et les valeurs (notamment celles d’amitié) qui les lient les uns aux autres, et qui nous éblouissent… Et l’on comprend que l’amitié c’est tellement moins superficiel, tellement plus grand que ce que l’on s’imagine…

L’intrigue est pour moi parfaite, tant au niveau de la narration que d’un point de vue romanesque. Outre le fait que la lecture soit (sur)prenante et fluide – un vrai plaisir-, les réflexions, notamment sur la destinée - qu’elle soit modelée par le hasard d’une rencontre, imaginée et contrôlée par autrui, l’auteur nous montre qu’elle nous échappe et nous échappera toujours quoi que l’on fasse – sont absolument et divinement exquises.

L’écriture poétique de Dickens est un délice absolu, il manie l’humour et le tragique à merveille. L’auteur nous propose d’ailleurs deux fins, ce qui est assez original également.



Pour conclure, j’aimerai juste dire que l’idée la plus forte du livre – et celle que j’en garderai incontestablement – est celle de la désillusion, mais pas du désespoir. D’ailleurs, même si tout ne se termine pas comme on l’aurait présagé et que beaucoup d’espérances ne se sont pas transformés en faits, le livre s’achève tout de même sur des espoirs, des nouveaux. Et puis, après tout, toute la beauté d’une espérance, n’est-ce pas qu’elle le reste éternellement ?



Incontestablement un livre que vous devez laisser vous éblouir et vous submerger.
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Oliver Twist

Oliver nait dans un hospice où sa mère vient d’accoucher de façon dramatique et y laisse la vie comme c’était fréquent à l’époque. Il nait de père inconnu et personne ne connaît de détail même insignifiant sur lui, car sa mère a été découverte dans la rue, sans alliance ni papiers.



Monsieur Bumble, le bedeau de l’église qui dirige cet hospice lui donne un nom. Il y a beaucoup d’orphelins à cette époque et il leur attribue un nom en suivant l’ordre alphabétique ; pour lui, il en est à la lettre T et ce sera Twist.

Il réside dans cet hospice jusqu’à l’âge de neuf ans. Il y est maltraité, mal nourri et considéré comme un esclave. Un jour, les enfants ont tellement faim, qu’ils tirent au sort le nom de celui qui va aller demander « un peu plus de gruau » ce qui lui vaut l’enfermement.



Le jour de ses neuf ans, la date limite au-delà de laquelle la loi ne permet plus de le garder à l’hospice, le bedeau le place chez un ramoneur : il est de petite taille, maigre à cause de la malnutrition, il pourra donc facilement entrer dans les conduits.



La maltraitance continue, hélas et un jour il s’échappe et part pour Londres à pieds.



Ce que j’en pense :





Oliver Twist m’a plu autant que la première fois. Dickens décrit de belle façon la vie des orphelins à cette époque Victorienne. Les accouchements se font dans des conditions sordides, les mères mourant souvent en couches, (fièvre puerpérale très fréquente à l’époque, Semmelweis ne mettra en évidence l’importance de l’hygiène à partir de 1847).



De plus, Oliver naît de père inconnu, et on connait la façon dont les femmes adultères étaient considérées : des femmes de rien, des putes… donc pas de raison de les ménager. Il tombe ainsi sous la loi dite « Loi sur les pauvres » (Poor Law) qui leur donne droit à une ration alimentaire minimale.

Pendant leurs neuf premières années, les enfants travaillent dans un atelier attenant à l’hospice où ils fabriquent de la filasse.



L’auteur décrit très bien ces « fermes à bébés » qui maltraitaient les enfants, avec des châtiments corporels, une alimentation insuffisante. Puis l’exploitation chez les employeurs, lorsque les neuf ans sont révolus. Là aussi, tout est prétexte à recevoir des coups, car ces enfants orphelins éveillent peu la compassion quelque soit le milieu où ils vivent.



La souffrance, l’injustice entraînent un cercle vicieux avec, les fugues, la délinquance, car les adultes savent très bien exploiter les enfants pour leur apprendre à voler les passants dans la rue. Cela nous permet de rencontrer des personnages hauts en couleurs, bandits notoires et malfaisants tels, Fagin qui lui apprend les techniques de vol, Bill Sikes,



Dickens nous décrit un enfant, qui a des valeurs morales après tout ce qu’il a traversé depuis sa naissance, et qui aurait pu ou dû le mener tout droit dans la délinquance. Il ne voit que le bon côté des gens, il ne sent pas quand on le manipule. Est-ce de la naïveté ?



Certains personnages sont attachants, tel Mr Brownlow, Mrs Bedwin, ou Nancy du côté des malfrats, d’autres répugnants de méchanceté, de pouvoir : Sikes, Monks… Le bien ou le mal en somme.



Comme dans d’autres romans de l’époque, le héros est souvent pur, et comme Cendrillon, l’histoire va-t-elle se terminer en conte de fées ? On ne peut s’empêcher de penser à Cosette…



On a donc une belle description des bas-fonds, de la société qui est cruelle avec les enfants, des pouvoirs et des méfaits des institutions de l’époque : l’église, l’administration. On peut aussi voir au-delà de notre héros, une étude de l’enfance, de l’adolescence, montrant que ces enfants n’ont aucuns droits, qu’ils sont obligés de travailler très jeunes, et peuvent basculer dans la délinquance, que la maltraitance est quotidienne. Bref, un tableau détaillé de l’injustice sociale que l’auteur dénoncera toujours.



Selon Dickens, l’enfant est innocent par nature, et c’est la société qui va le façonner et déterminer son évolution future. Certes, on est obligé de constater que pour lui, il n’y a que deux possibilités, le bien ou le mal, mais il ne faut pas oublier l’empreinte de l’église, toute puissante à l’époque.



Lors de la première lecture, c’était ce côté-là qui m’avait plu : une belle histoire qui se termine avec une morale. Cette fois-ci, j’ai plus été touchée par les conditions de vie, la violence de la société à l’égard des plus démunis physiquement et mentalement et hélas, les choses ne se sont guère améliorées.



Un roman bien écrit et qui fait du bien. Des personnages bien décrits, qui bien sûr datent un peu mais qui nous touchent. Et je retiens la petite musique gaie, légère qu’on entend en arrière plan, comme une petite note d’optimisme, d’espoir, l’humour de l’auteur n’est jamais bien loin et il ne sombre pas dans le pathos.



Note : 8/10

lu dans le cadre Challenge XIXe siècle
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Contes de Noël

Ho ho ho l'esprit de Noël est arrivé jusque dans mes lectures avec ce recueil de trois contes dickensiens :



- Un chant de Noël : le plus connu, le récit de la rédemption de Mr Scrooge, avare, égoïste, insensible, métamorphosé par la visite de trois fantômes allégories de la mémoire, de l'empathie et de la peur de la mort.



- Les Carillons : un conte onirique qui nous fait suivre les angoisses et les espoirs d'un pauvre bougre, Toby, porteur qui attend les clients sous le beffroi lugubre d'une église londonienne.



- Le Grillon du foyer qui parle d'amour conjugal autour d'un couple modèle soumis aux doutes.



Plus que des contes, ce sont des fables moralisatrices qui permettent à Charles Dickens de déployer ses thèmes fétiches  : l'enfance victime de l'indifférence générale et la dénonciation de la misère qui frappe une partie de la population anglaise.

C'est ce contexte social qui m'a le plus intéressé, parce que pour le reste, j'ai eu du mal à me promener dans cette lecture. Bien sûr, le talent de conteur de Dickens est présent : à ce titre, j'ai adoré le démarrage du Grillon du foyer, une magnifique description de la maison de Dot et John avec le chant du grillon qui suit le chant de la bouilloire.



Mais tout est très manichéens, sans aucune subtilité : les méchants sont très méchants, toujours des riches ; les gentils sont toujours très gentils et vivant dans la pauvreté ou l'extrême simplicité. Même si cela sert un propos politique et le besoin en justice que réclame l’inhumaine société d’alors, même s'il s'agit d’affirmer le bienfondé d’un droit minimum, celui des pauvres, à vivre dans la dignité, ce sont les bons sentiments présentés de façon un peu trop simpliste qui ressortent le plus. D'autant plus, que ces contes ne s'adressent pas vraiment, il me semble, à des enfants, le niveau de lecture étant élevé tout de même ...



A noter que ce livre collector publié par les Éditions Archipel dans leur collection Archipoche est agrémenté de belles illustrations " vintage " de Hugo Von Hofsten et de George Alfred Williams .
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Temps difficiles

Charles Dickens utilise le conte et la satire pour évoquer les problèmes que pose le début de la révolution industrielle au XIXe siècle. L’action se déroule à Coketown (la ville du charbon) qui n’est autre que Manchester.



Ce roman me semble moins connu que les autres œuvres de Dickens comme David Copperfield, Oliver Twist, De Grandes espérances ou Un chant de Noël mais il pose des questions essentielles, en résonance avec notre époque, à travers l’histoire de personnages dont le nom est choisi avec humour : M. Bounderby (plastronneur), Mrs Sparsit (avarice) ou encore M. Gradgrind (moudre), pour faire rire et réfléchir à la fois.



Josiah Bounderby est un riche industriel qui prétend être parti de rien et avoir construit son empire seul, à la force du poignet qui l’a sorti du ruisseau où une mère indigne l’avait abandonné.



M. Gradgrind tient une école où il forme les élèves à avoir l’esprit pratique, à ne se soucier que des « FAITS », à être rationnels et à bannir l’imagination et les distractions qui vont avec.



Ses enfants, Louisa et Tom, sont élevés ainsi, suivant les doctrines utilitaristes et matérialistes car M. Gradgrind est persuadé que ce choix les rendra heureux. Aussi les punit-il quand il les surprend en train de regarder en cachette un cirque itinérant. Qui les a pervertis ?



Sissy, la fille d’un de ces saltimbanques. Son père vient de l’abandonner. Il ne réussissait plus aucun de ses numéros. Sissy croit qu’il l’aimait, voulait son bonheur et ne voulait pas l’entraîner dans sa chute. Thomas Gradgrind va se charger de son éducation et Sissy accepte, pensant que son père désirait un avenir meilleur pour sa fille.



Qui sera heureux, malheureux ? Le pragmatisme et la raison mènent-ils forcément à réussir sa vie et donc au bonheur ? Épouser un homme qu’on n’aime pas parce que c’est un bon parti, qu’on n’a reçu aucune autre demande et qu’il peut placer ton frère à la banque est un choix logique, raisonnable. Est-ce pour autant le chemin de la réussite de son mariage et du bonheur ? Un emploi à la Banque, dans les affaires, la statistique et les chiffres, est-ce forcément l’accomplissement d’une vie ?



Je trouve qu’il y a beaucoup de modernité dans cette œuvre de Dickens et des questions qui sont encore valables aujourd’hui sur l’idéologie et le sectarisme. Le pragmatisme et la raison sont un système de pensée. M. Gradgrind a construit toute son existence et l’éducation de ses enfants sur ce système. Il ne voulait pas faire le malheur de Louisa et Tom. Sissy aura-t-elle un meilleur destin ?



J’ai apprécié passer quelque temps en leur compagnie. Leur histoire m’a émue et fait réfléchir. Ce roman est, pour moi, d’une grande profondeur dans les questions qu’il amène le lecteur à se poser, notamment celle de la place de la liberté à travers le personnage, entre autres, de Stephen Blackpool, un ouvrier accusé de vol qui paie cher son insoumission puisqu’il est obligé de fuir et est en butte à l’hostilité à la fois des patrons et des ouvriers, après avoir refusé de participer à leur syndicat.

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Contes de Noël

"May yours be a Joyful Christmas"...

... peut-on lire sur une ancienne carte de voeux victorienne. L'image montre un couple âgé, qui verse avec un rire maniaque le contenu d'un pot de chambre sur la tête des petits chanteurs de cantiques qui grelottent sous la fenêtre.

Bonhommes de neige sinistres, oiseaux morts, batraciens aux traits humains, insectes géants. Le Père Noël espionne aux fenêtres avec un rictus sournois les chères petites têtes blondes qui dorment à poings fermés.

Ces curieuses cartes postales sont typiques des Noëls de l'Angleterre victorienne... et dans un esprit similaire se déroulaient aussi les conversations autour de la table festive. Certes, on s'amusait aux devinettes et aux charades et la bonne chère était à l'honneur, mais rien de tel qu'une sympathique histoire de revenants pour instaurer une véritable "atmosphère de Noël". Mais... pourquoi ?



D'où vient cette dimension horrifique et angoissante de la période de l'année qui est par excellence joyeuse, cordiale et généreuse ? Une sorte d'humour "british" ? C'est vrai que la morne période hivernale était liée plus que n'importe quelle autre à l'obscurité, aux maladies et à la mort, surtout dans les milieux pauvres. Mais il y a sans doute également un héritage culturel encore plus ancien, qui date de l'époque préchrétienne et qui est lié au solstice d'hiver. Les nuits sont longues, et les entités maléfiques et les morts en profitent pour visiter les vivants...

D'ailleurs, les Puritains anglais ont fait une tentative pour abolir les traditions populaires de Noël, et leur interdiction de tout ce qui était lié de près ou de loin aux pratiques païennes a failli mettre fin au gui et aux histoires de fantômes racontées à la lueur des cheminées. L'époque des Lumières et la révolution industrielle (qui a drastiquement réduit le nombre de fêtes, pour rallonger tout aussi drastiquement le temps de travail) ont presque achevé le désastre, et pourtant... les thèmes fantastiques ont survécu, en retrouvant leur chemin dans les Noëls chrétiens. Tout ceci, en grande partie, grâce au miracle technologique de la presse industrielle, et aussi grâce à un écrivain célèbre, Charles Dickens.



"L'effet Dickens" a joué un grand rôle dans la popularisation des contes de Noël. Les rédacteurs avaient besoin de davantage de textes pour remplir davantage de pages, et ils n'ont pas hésité de revenir puiser dans l'ancienne tradition orale.

C'est exactement ce que faisait Dickens, mais pas seulement lui : Elisabeth Gaskell ou Margaret Oliphant se sont aussi beaucoup inspirées d'histoires anciennes, remises au goût des festivités de fin d'année. Dickens lui-même a écrit un joli paquet de contes de Noël fantastiques, tout en publiant dans son journal les histoires des autres écrivains sur la même thématique. Une occasion inouïe de commercialiser et populariser les vieux récits terrifiants dans toutes les strates de la société, grâce aux journaux à deux pence. Ajoutez-y la thématique sociale, les misanthropes nantis dont le coeur de glace fond au contact de la chaleur humaine, et vous avez la recette du succès des Noëls britanniques... y compris la mode de ces étranges cartes postales : le début de leur diffusion massive coïncide parfaitement avec la première apparition d'"Un Chant de Noël" (1843).



"Un Chant de Noël" et "L'homme hanté" sont les seuls contes du présent recueil qui se passent vraiment à Noël ("Les Carillons" se déroulent à la Saint-Sylvestre, et "Le Grillon du Foyer" vers la fin de janvier).

Le premier cité est aussi le plus célèbre. Il est inutile de raconter une fois de plus l'histoire d'Ebenezer Scrooge et des trois fantômes qui lui rendent visite ; le succès est mérité et vous prendrez beaucoup de plaisir à accompagner le héros sur son chemin de la rédemption.

"Le Grillon du Foyer" est un doux et chaleureux conte hivernal (si je dois le comparer avec la dureté relative des "Carillons) sur les relations du couple et du voisinage. Le discret antagoniste Tackleton n'arrivera pas à briser le bonheur domestique du couple Peerybingle (le criquet "porte-bonheur" y veille !), et à la fin il se laissera même attendrir par la joie ambiante, à l'image du vieux misanthrope Scrooge. Le pauvre fabricant de jouets Caleb Plummer et sa fille aveugle sont les personnages typiquement "dickensiens"... j'ai bien fait de laisser décanter un peu ma lecture, car la confrontation des personnages angéliques à leurs crapuleux adversaires prend alors une toute autre dimension : celle de la "magie de Noël", où tout miracle est possible, et les forces du Mal s'inclinent devant les forces du Bien.

Dickens est un conteur talentueux, et on se laisse facilement séduire par les dialogues amusants, charmer par les descriptions des lieux, ou par les inventaires des objets sortis depuis longtemps de l'usage, des jouets ou des plats (qui semblent tous succulents).

"Les Carrillons" sont plus sombres ; on parle de la nature de l'homme. L'histoire de Trotty est dure, émouvante, et elle accuse la cruauté et l'hypocrisie des privilégiés. Dickens voulait peut-être choquer les "sensibles" lecteurs aisés (et il était parfaitement dans ses droits). Depuis le début, où Meg vient voir son père pour lui annoncer son mariage, jusqu'à la fin où Trotty se réveille (peut-être... à vous de décider !) de son cauchemar, on se demande comment tout cela va se finir. Il y a une certaine ressemblance avec "Un Chant de Noël", mais j'oserai dire que les fantômes de Noël étaient bien plus cléments envers Scrooge que les carillons envers Trotty.

"L'homme hanté" met une fois de plus un fantôme sur scène : cette fois il rendra visite au taciturne professeur Redlaw, insensible aux douceurs de la vie, et il lui propose un curieux marché. Mais est-il vraiment souhaitable de pouvoir effacer d'un coup tous nos mauvais souvenirs, anciennes brouilles et souffrances ? La question vaut le coup d'être posée, car l'idée semble très tentante...



Tous les contes ont évidemment un cadre moral bien défini, mais c'est leur but, après tout. Certes, on peut dire que c'est manichéen, édulcoré et saupoudré d'une fine couche de pathos, mais on reste tout de même très loin d'une naïve histoire plate et sirupeuse, alors pourquoi pas... au moins une fois par an ! Dickens va au coeur même du véritable message de Noël : "Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté", et ses fins heureuses réconfortent autant qu'une bonne bûche dans la cheminée. Je préfère de loin ses romans et ses "ghost stories" classiques, mais rien que pour ce subtil appel à l'altruisme, largement diffusé à l'époque de l'année où tout le monde aspire au calme et à la paix, je lui mets 4/5...

... en espérant que vos histoires de Noël - ainsi que les autres - auront toutes une fin très heureuse. Joyeuses fêtes !
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De grandes espérances

Ce livre est à la hauteur de toutes mes espérances, et même au-delà. Je ne sais comment débuter cette critique sur un roman qui me marquera à jamais...Mais commençons par l'histoire, Philip Pirrip, qui s'est attribué le prénom de Pip vit une existence modeste auprès de sa soeur Mme Gargery et de l'époux de celle-ci, Joe. Toutefois, le jeune garçon mène une vie malheureuse, sans cesse battu par sa soeur qui "l'élève à la cuiller" ; seul Joe l'aime comme son propre fils et le défend tant bien que mal...Pip est également maltraité par les amis de sa sœur, tels M.Pumblechook, M.et Mme Hubble et M.Wopsle. Le début du roman, à savoir, le premier chapitre, le met en scène alors qu'il se promène au cimetière et se fait interpeller par un forçat dont on ignore le nom mais qui sera déterminant dans le reste de l'existence de Pip...



Au fil du récit, Pip grandit, fait de nouvelles rencontres avec Mlle Havisham et Estella à Satis House, ce même lieu qui verra pour la première fois les espérances de Philip.



L'intrigue même de l'histoire débute au moment où Pip, destiné à reprendre la forge de Joe, est l'objet d'un évènement singulier : un héritage qui changera sa vie, ses habitudes, ses relations et surtout ses sentiments...



Tant de personnages plus ou moins importants se croisent que je ne peux pas tous les citer ! J'aimerai particulièrement évoquer Herbert, "le pâle jeune gentleman", personnage au grand coeur, dévoué et fidèle à Pip ; M.Jaggers et M.Wemmick, si sérieux mais tellement attentionnés ; Abel Magwitch, LE personnage incontournable de ce roman ; Biddy, cette jeune femme amie de Pip, qui fournit à Joe l'aide nécessaire pour apprendre à lire et écrire...La majorité des protagonistes auxquels je me suis attachée sont entrés dans ma vie comme si je les connaissais réellement et les rencontrais à longueur de journée !

Et, pour ne rien oublier concernant les personnages, un point sur Pip : jeune homme qui est pour moi, le plus méritant, le plus touchant, le plus modeste, et le plus généreux des narrateurs masculins que j'ai suivis...Proche de la perfection...



Charles Dickens est un auteur que je viens de découvrir, à travers "De Grandes Espérances", et je dois dire que je ne suis pas prête de le laisser tomber ! Son écriture est la plus fluide que j'ai jamais lue, avec un style si envoûtant pour ne pas dire délicieux, et dont chaque mot est un petit plaisir que l'on dévore patiemment...Un brillant écrivain que je considère comme l'un de mes préférés. Il décrit si bien la misère humaine et les sentiments incontestablement généreux des plus pauvres, cet écrivain engagé au coeur d'or !



Ainsi, je ne peux que conseiller ce roman à tout lecteur avide de lecture, qui n'a pas encore vécu d'expérience saisissante, et qui veut découvrir une oeuvre majeure de la littérature. Lisez- le si ce n'est déjà fait ! Ou plutôt, dévorez-le !

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Barnabé Rudge, tome 1

L'œuvre de Charles Dickens est largement sous-estimée et mal connue en France. Seuls deux ou trois de ses ouvrages bénéficient d'une large diffusion : l'inévitable Oliver Twist, De Grandes Espérances, David Copperfield et ses Chants de Noël. Quelques férus pourraient encore vous citer deux ou trois titres supplémentaires mais l'immense majorité des lecteurs francophones ignorent tout de ce qui est pourtant l'essentiel de l'œuvre monumentale de Dickens, le second auteur britannique le plus lu et le plus connu après Shakespeare.



Et c'est bien dommage à la vérité car Charles Dickens est un p'tit gars qui gagne à être connu. On lui affuble à tort une étiquette d'auteur jeunesse, un peu comme pour Alexandre Dumas, qui lui grignote un peu la crédibilité de la part des adultes. Il souffre sans doute aussi de ce qui est pourtant un immense avantage : l'épaisseur de ses livres. C'est vrai, vous vous en tirez rarement pour moins de 500 pages et les 1000 pages sont monnaie courante.



Barnabé Rudge n'échappe évidemment pas à la malédiction ; certes, il ne peut se targuer que de 770 pages en pléiade, ce qui fait pâle figure par rapport à La Petite Dorrit ou Dombey & Fils, mais tout de même, c'est un beau morceau. Et quand on a eu la curiosité de mettre le nez dedans, on ne regrette plus du tout que l'ouvrage ait quelques propensions au gigantisme, bien au contraire.



Ici, avec Barnabé Rudge, Charles Dickens aborde un point de l'histoire d'Angleterre qui m'était totalement inconnu : les émeutes anti-catholiques de 1780. Replaçons-nous dans le contexte ; les années 1770 sont marquées pour la couronne anglaise par la fameuse bataille pour l'indépendance des États-Unis. Les très catholiques armées de notre brave Louis XVI sont dépêchées sur place pour prêter main forte aux Américains.



Et, dans le Royaume, uni depuis 1707, seuls l'Angleterre et le Pays de Galles sont franchement protestants. L'Irlande surtout et l'Écosse dans une moindre mesure sont plutôt catholiques. Ce qui pose quelques petits problèmes de recrutement militaire car la loi est fortement répressive vis-à-vis des catholiques et leur interdit notamment l'enrôlement dans les armées du bon roi George III.



Si bien que face au besoin de chair à canon, le parlement britannique vota en 1778 une loi qui assouplissait les contraintes vis-à-vis des catholiques dans tout le royaume. Cependant, cette " montée en puissance " des catholiques n'est pas vue par tous d'un très bon œil, notamment de la part des intégristes religieux protestants. (Tiens, tiens, Dickens serait-il furieusement d'actualité, finalement ?)



Le très protestant et très puritain lord qui mena la contestation fut Sir George Gordon et c'est pour cette raison que les émeutes en question sont baptisées outre-Manche les Gordon Riots.



Pour inscrire son roman historique dans cette période troublée, Dickens prend le parti d'écrire une longue introduction qui se situe en 1775 et qui couvre environ le tiers de l'ouvrage, soit, une grande partie de ce tome 1. Ceci lui permet de peaufiner le côté fiction de son roman et d'y adjoindre une bonne intrigue.



Il développe la psychologie d'une dizaine de personnages ainsi qu'une histoire familiale trouble, elle aussi. Je vais essayer de faire simple et de vous débroussailler en trois phrases et demie ce qui couvre trois centaines de pages et demie.



Un aubergiste obtus, John Willet, musèle tellement son fils Joseph (Joe) que celui-ci souhaite à tout prix s'extraire de la gangue familiale. Joe en pince beaucoup pour la jolie fille d'un serrurier honnête et bonne pâte, Gabriel Varden. Le brave serrurier Varden a fort à faire au foyer avec sa femme qui est un vrai dragon, sa domestique Miggs, pire encore et son apprenti Simon Tappertit un jeune abruti bouffi d'orgueil, qui lui aussi en pince pour la fille de son patron et qui, donc, voue une haine farouche à Joe Willet.



L'auberge de Willet appartient à un notable local, Haredale, catholique de son état, dont le frère a été assassiné une vingtaine d'années plus tôt avec son homme de main, Rudge. Ceci a laissé la nièce d'Haredale orpheline et c'est donc lui qui en est devenu le tuteur. De même, la femme de Rudge est demeurée veuve et a mis au monde peu après la mort de son mari un petit garçon : Barnabé Rudge. Malheureusement, Barnabé Rudge souffre d'un handicap mental ce qui désespère son infortunée de mère.



La fille du serrurier Varden et la nièce d'Haredale sont les meilleures amies du monde et la première sert de messagère à la seconde qui vit plus ou moins recluse avec son oncle. C'est utile, notamment pour transmettre les courriers d'amour du jeune Edward Chester, follement amoureux de l'orpheline.



Edward Chester est le fils d'un noble aux manières très mondaines, John Chester, vieille connaissance d'Haredale. Les deux hommes se détestent. Haredale est aussi droit et bourru que le vieux Chester est retors et caressant. Les deux sont néanmoins d'accord pour empêcher le jeune couple de poursuivre cet amour mais pour des motivations différentes.



Haredale ne veut à aucun prix que sa nièce se rapproche d'un fourbe comme le père Chester, et ce dernier, complètement ruiné, souhaite que son fils épouse une riche héritière plutôt que la nièce d'Haredale afin de lui fournir les moyens de continuer à vivre la vie de dépenses et d'apparat qu'il mène.



Le canevas serait presque complet si je n'avais omis de vous parler de l'homme de main de l'auberge, Hugues, un enfant trouvé abandonné, à demi sauvage, dont le vieux Willet a fait en quelque sorte son esclave et qu'il tient grâce à l'alcool. Le seul problème, c'est que le brave Hugues jouit d'une force herculéenne, déteste son patron, connaît les environs mieux que personne, aimerait bien poser la main et même un peu plus sur l'une ou l'autre des petites demoiselles qui gravitent autour du domaine d'Haredale et s'est fait soudoyer par le vieux Chester qui s'en sert d'informateur particulier.



C'est donc dans ce terreau explosif que vont prendre lieu les manifestations anti-catholiques cinq ans plus tard, en 1780. Pour information encore, seule la famille Haredale est catholique parmi ces personnages. Tout le reste est la magie de Dickens, un fantastique conteur. J'espère vous avoir juste mis l'eau à la bouche pour vous encourager, pourquoi pas ?, à lire Barnabé Rudge.



Vous noterez au passage que le personnage qui donne son nom au roman a un rôle pour le moins discret jusqu'à présent, mais je m'en voudrais de vous en dévoiler plus. Lisez, prenez plaisir, notamment quand au ton, à l'humanisme et à l'humour qui transparaissent sous sa plume et souvenez-vous, ceci n'est qu'un tout petit avis face au grand, grand, grand Charles Dickens, c'est-à-dire pas grand-chose.
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David Copperfield

Comme toujours après une lecture d'une telle densité, c'est un peu un ami qu'on laisse sur le chemin. Dickens lui-même avouera avoir eu de la peine à quitter David Copperfield après une si longue intimité!

Ce roman est, dit-il dans la préface, son préféré, et lorsqu'il doit lire un extrait devant un public, quelques années plus tard, le choix de cet extrait est angoissant car ce roman est un tout, un ensemble de récits intriqués les uns dans les autres qu'on ne peut séparer sans casser la trame de l'oeuvre.

C'est aussi que ce roman est très personnel et que Dickens a mis beaucoup de lui dans ce personnage! Sur ce point, les notes sont captivantes.



Mais quand je dis que je viens de quitter un ami, ici, je devrais plutôt préciser "une bande d'amis", dont Copperfield est surtout le dépositaire des heurs et malheurs.

David Copperfield, âgé on le suppose d'une quarantaine d'années, se tourne sur son passé, un long fleuve pas tranquille du tout au cours duquel il rencontrera Les Peggoty, les frère et soeur Murdstone, Emily, Steerforth, sa tante, Agnès, les Micawber et enfin Dora dont il deviendra fou amoureux.

D'énumérer ainsi les personnages qui suivront David dans son cheminement - bons, mauvais, les deux parfois - je retrace dans ma tête le fil de l'histoire et je me dis: quel chemin effectué!

Dickens est un fin conteur qui n'a pas peur de jeter de temps en temps quelques informations sur le futur du narrateur nous tenant en haleine pour les quatre cents pages qui suivent, n'hésitant pas à ajouter une bonne dose d'humour à des scènes dramatiques, et un tendre amour quand la mort s'en mêle.

C'est le petit David, orphelin, qui m'a le plus émue, mais je donne toute mon affection à M. Peggoty, à Agnès et bien sûr à la tante de David qui changera du tout au tout lorsqu'elle ouvrira la porte à un pauvre enfant vagabond.

C'est aussi un portrait parfois pathétique de l'Angleterre industrielle et enfin une oeuvre presque cinématographique qui a inspiré les plus grands des années qui ont suivi sa publication.



Au revoir David!
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Oliver Twist

Il me semble que plus je lis Dickens et plus je l'apprécie.

Avec son célèbre "Oliver Twist", cet auteur emblématique de la littérature classique anglaise a réussi le double prodige de m'intéresser à une histoire que je connaissais déjà, et de me faire rire à la lecture d'un drame aussi noir que les bas-fonds de Londres.



Plus encore qu'avec "De grandes espérances" qui souffre de vraies longueurs, et qu'avec "Le magasin d'antiquités" qui pèche par un accès de mièvrerie - et bien que j'aie apprécié ces deux romans -, avec "Oliver Twist" on touche à une telle misère, la narration atteint une telle gravité, qu'on se sent envahi par un respect infini, et pour le thème traité, et pour son auteur.



Orphelin confié dès sa naissance à un dépôt de mendicité de la banlieue londonienne, le jeune Oliver possède une nature qui le préserve des vices et des défauts malgré des conditions de vie plus que spartiates. Chétif et obligeant, Oliver est condamné au rôle de la proie jusqu'au jour où la Providence décide qu'il est grand temps de placer sur son chemin quelques protecteurs aimants et charitables. Longtemps la marionnette d'une bande de brigands vicieux et violents, cible de surcroît d'un demi-frère haineux décidé à le faire disparaître de la surface de la terre, le jeune garçon échappe finalement aux dangers mortels qui le menacent grâce à la chance et à ses amis.



Au-delà du parcours initiatique d'Oliver, Dickens souhaite donner en spectacle un Londres des misérables - Hugo fera de même trente ans plus tard avec Paris. Avec une acuité du détail proprement étonnante pour l'époque, avec parfois même une mise à nue crue de la violence meurtrière et de l'indécence qui animent les crapules dont il a fait ses personnages, Dickens nous emmène très loin du confort de notre fauteuil de lecteur.



Bien sûr, on peut reprocher aux romans de Dickens un certain manichéisme - et "Oliver Twist" n'y échappe pas - mais au-delà de ce petit travers si fréquent en littérature on perçoit un intérêt véritable pour la nature humaine dans ce qu'elle offre de meilleur et de pire. Et puis le verbe est haut, le style est superbe, unique en son genre, reconnaissable entre mille, tout comme cet humour et ce goût pour la moquerie qui font sourire et rire même au coeur des pages les plus sombres.





Challenge PAVES 2016 - 2017

Challenge MULTI-DÉFIS 2016 - 2017

Challenge XIXème siècle 2017

Challenge BBC
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Oliver Twist

Entre Dickens et moi, il y a du passif…et du lourd…

Adolescente, véritable livrophage, je me jetais sur tous les livres qui étaient à la portée de mes petites mains avides de lecture… Je m’étais donc lancée dans la lecture de « Des grandes espérances », et j’avoue que je n’étais pas vraiment sortie enthousiasmée par cette lecture, au contraire…

Ce qui fait que l’on peut vraiment dire que sans le challenge BBC de Gwen, pas du tout sure que je me serais lancée dans une nouvelle lecture d’une œuvre de cet auteur…Cela faisait plus d’un an que je repoussais le moment où j’allais me plonger dans les aventures de Oliver Twist..

Et cette fois, malgré mes appréhensions dont je n’avais pas vraiment réussi à me débarrasser, je peux vraiment affirmer que la magie a fonctionné… Oui, je ressors enchantée de cette lecture et je réalise encore plus pleinement que lire les classiques à un âge un peu trop tendre ( en tout cas en ce qui me concerne ), ne permet pas toujours d’apprécier à leur juste valeur certaines œuvres et certains auteurs…

Je ne raconterai ni n’analyserai cette histoire, car certains babelionautes l’ont déjà fort bien fait, mais je rajouterai ceci : cette histoire, je l’ai lue aussi vite que mon emploi du temps le permettait, car il faut dire que je suis vraiment tombée sous le charme de l’intrigue et des aventures du jeune Oliver…

En conclusion, oserais-je le dire ? , je suis ravie de savoir qu’il me reste encore plusieurs livres de cet auteur à découvrir, et principalement dans le cadre du challenge BBC…





Challenge BBC

Challenge Pavés 2021

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Barnabé Rudge, tome 2

Ce second tome de Barnabé Rudge est, selon moi, très inférieur au premier. C'est sans doute pour le moment ce que j'ai lu de moins bon chez Charles Dickens. Après une très bonne et très alléchante introduction qui se déroule cinq ans avant les émeutes de 1780, l'auteur me semble tomber parfois dans la facilité, notamment au niveau de la construction du roman.



Mais puisqu'il s'agit de Charles Dickens, l'écriture en elle-même est comme chaque fois agréable et très plaisante à dévorer ; on y apprécie son humour toujours distillé par touches ici ou là. Je vous rappelle simplement de quoi il est question dans ce roman.



L'auteur aborde un point de l'histoire d'Angleterre qui m'était totalement inconnu : les émeutes anti-catholiques de 1780. Replaçons-nous dans le contexte ; les années 1770 sont marquées pour la couronne anglaise par la fameuse bataille pour l'indépendance des États-Unis. Les très catholiques armées de notre brave Louis XVI sont dépêchées sur place pour prêter main forte aux Américains.



Et, dans le Royaume, uni depuis 1707, seuls l'Angleterre et le Pays de Galles sont franchement protestants. L'Irlande surtout et l'Écosse dans une moindre mesure sont plutôt catholiques. Ce qui pose quelques petits problèmes de recrutement militaire car la loi est fortement répressive vis-à-vis des catholiques et leur interdit notamment l'enrôlement dans les armées du bon roi George III.



Si bien que face au besoin de chair à canon, le parlement britannique vota en 1778 une loi qui assouplissait les contraintes vis-à-vis des catholiques dans tout le royaume. Cependant, cette " montée en puissance " des catholiques n'est pas vue par tous d'un très bon œil, notamment de la part des intégristes religieux protestants. (Tiens, tiens, Dickens serait-il furieusement d'actualité, finalement ?)



Le très protestant et très puritain lord qui mena la contestation fut Sir George Gordon et c'est pour cette raison que les émeutes en question sont baptisées outre-Manche les Gordon Riots.



Le sujet avait tout pour être très attirant. Dickens arrive parfaitement à tisser une trame romanesque qu'il entrelace avec la réalité historique. Mais la grande faiblesse de ce roman, c'est qu'il brosse des portraits monolithiques, unilatéraux et, pour tout dire, excessivement caricaturaux.



Les méchants sont très méchants et les gentils, très gentils. Dickens (qui est encore très jeune lorsqu'il écrit Barnabé Rudge) commet aussi l'erreur de faire jouer à ses personnages des rôles beaucoup trop éminents dans le déroulement des émeutes.



Et enfin, je trouve qu'il rate le coche, qu'il passe à côté de quelque chose avec son personnage de Barnabé, un simple d'esprit, enrôlé par hasard parmi les émeutiers et jouant, sans le vouloir un rôle de premier ordre lors des événements.



On sent bien que Dickens souhaite s'insurger contre le fanatisme religieux d'où qu'il soit, on sent bien qu'il souhaite nous dire que ce sont toujours les pauvres bougres qui paient l'addition et non les véritables commanditaires et ceux qui tirent les ficelles en coulisses.



Mais que c'est maladroit ! que cette multi-happy end tombe mal et fait rater à l'ensemble l'ampleur et la force que son excellent début nous avait laissé espérer ! Quel dommage ! quel potentiel gâché ou mal exploité…



Ce roman, dans son ensemble, n'est pas un navet, loin s'en faut, mais le désir de vouloir être " gentil " ou " moralisant " décrédibilise sa portée sociale et une bonne part de son intérêt pour la réflexion. Alors qu'en fait, si l'on y regarde de près, il n'est pas si loin d'un immense roman comme Les Misérables, mais où Hugo (qui dans sa jeunesse souffrait des mêmes travers que Dickens) grâce à la patine accumulée au fil des œuvres et à ses soixante ans révolus, a réussit à faire un joyau.



Bref, un roman que l'on peut encore qualifier de jeunesse, qui souffre de certaines faiblesses, mais derrière lequel on voit déjà poindre le monumental écrivain que deviendra Charles Dickens dans ses ouvrages ultérieurs. Mais, ce n'est, bien évidemment, que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Un chant de Noël : Histoire de fantômes pour Noël

Timing parfait pour la lecture du père de tous les contes de Noël.

Je n’avais jamais lu Un Chant de Noël, et pourtant je connaissais l’histoire par cœur, tellement j’ai vu d’adaptations plus ou moins fidèles de ce conte à la télévision au fil des années. Il ne se passe pas un Noël sans un téléfilm présentant un personnage acariâtre, égoïste et haïssable qu’un heureux coup du sort confronte à un esprit de Noël qui lui montre la misère et surtout l’amour alentours et transforme ledit acariâtre en papa gâteau avide de rédemption et distributeur de bonheur.



Ici on a la crème. On a la plume phénoménale de Dickens qui peint l’avarice avec autant de talent que la misère et la joie simple d’être en bonne compagnie. Pas de gris, on est dans le contraste manichéen maximum. Il s’agit de faire passer un message : vous, les nantis, regardez dehors tous les pauvres bougres que vous exploitez, laissez-vous émouvoir et, une fois par an, osez faire preuve de mansuétude, permettez à l’empathie de vous envahir, vous ferez des heureux et le premier d’entre eux, ce sera vous.

La forme du conte est aussi belle que le fond, avec ce Scrooge infâme et solitaire dont des fantômes de Noël vont couche après couche éplucher la carapace de mépris.



Mon troisième Dickens, et toujours le même sentiment : j’en lis trop peu.

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Oliver Twist

Né d’une mère célibataire qui a accouché en cachette, Oliver Twist semblait promis à un avenir peu brillant. Les organismes de charité qui l’ont pris en charge, persuadés qu’il finirait tôt ou tard à la potence comme tous les êtres de son engeance, lui donnaient à peine de quoi survivre (et s’indignaient comme il se doit du manque de reconnaissance envers leurs sacrifices).



On cherche alors à se débarrasser de son encombrant estomac dès qu’il arrive à l’âge d’être apprenti. S’il échappe à un ramoneur peu scrupuleux, il atterrit finalement chez un croque-mort. Sa vie ne s’en trouve pas améliorée : son statut d’orphelin et d’assisté le désigne d’emblée comme coupable dans tous les conflits qui le concerne, ce qui en fait le souffre-douleur de l’entreprise. Il décide un soir de s’enfuir vers Londres, dans l’espoir d’améliorer son sort. Mais il n’y trouve qu’une bande de voleurs, bien décidés à profiter de sa naïveté pour réaliser quelques coups juteux.



Le roman est très proche du conte philosophique par plusieurs aspects. Tout d’abord, le manichéisme des personnages : les gentils ne sont décrits que par des qualités, les méchants uniquement par des défauts (et ils sont inexcusables par dessus le marché), et même si quelques uns se sont retrouvés dans le mauvais camp par un coup du sort, on sait au premier coup d’œil vers qui doit aller notre sympathie, et qui nous devons détester. Ensuite, l’intrigue est remplie de retournements de situation et de coups de théâtre peu crédibles : malgré l’étendue de l’Angleterre, les protagonistes tombent toujours sur la bonne personne au bon moment. Il faut bien avouer que parfois, on frôle la romance de série B.



Malgré ces petits défauts, on se laisse facilement emporter par la plume de l’auteur. L’humour est omniprésent dans l’histoire, et la critique sur les lois sur la pauvreté, le manque d’aide aux démunis et l’hypocrisie des philanthropes est sévère (ah, ces pauvres qui s’obstinent à mourir de faim alors que des gens de la bonne société leur ont assuré qu’ils avaient de quoi se rassasier, quel scandale !)



Un roman plein de bons sentiments donc, et aux mécaniques assez simples. Mais si vous être dans un état d’esprit où vous voulez voir les gentils récompensés et les méchants punis, nul doute qu’Oliver Twist soit une lecture idéale.
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De grandes espérances

Le jeune Pip a perdu toute sa famille : ses parents et ses cinq frères et soeurs.

Nous faisons connaissance avec lui au cimetière sur la tombe de tout ce petit monde.

Un forçat échappé d'une bateau prison des marais de la Tamise le force à lui apporter de la nourriture.

De retour chez sa soeur acariâtre chez qui il habite, il vole de la nourriture pour l' apporter à cet homme.

Joe Gargery, son beau-frère, exerce le métier de forgeron. C'est un homme bon pour Joe et pour tous. Plus tard, Pip deviendra forgeron lui aussi.

Pip se rend chez Miss Havisham pour jouer avec Estrella.

Un jour, on lui annonce qu'il a hérité. Il part habiter à Londres avec l'ordre de ne pas dilapider son argent.

D'où vient-il cet argent ? Je pense au forçat qui dès le départ m'évoquait Jean Valjean mais...mystère !

Il revient au village et se rend compte que cette Miss Havisham lui veut du mal, torture son coeur avec Estrella.

Heureusement que j'ai suivi le roman en feuilleton sur France Culture lors de mes tâches ménagères et en lecture en parallèle.

Je dois avouer que la lecture est plus agréable que l'audition qui est toujours réussie dans ces feuilletons mais cette fois, elle est un peu anarchique.

N'empêche, je n'aurais pas su lire le pavé entier en livre car il a été écrit d'une très belle plume mais avec la lenteur du siècle de Dickens, le 19ème, un peu éloigné du nôtre.

La préface donne des indications très intéressantes sur la vie de l'auteur et les notes en fin de livre apportent des suppléments bien nécessaires sur la vie à cette époque comme les bateaux-prisons par exemple.

Une lecture bien intéressante dont j'avais beaucoup entendu parler, complétée par la version audio bien nécessaire pour varier le plaisir de la découverte.

Une personnage bien humain que ce Pip.

Entre parenthèses, il m'a fallu le temps pour arriver au bout, je crois que je l'ai commencé à la fin du mois d'août.



Challenge pavés 2019

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Bleak-House (La maison d'Âpre-Vent)

Tout au long des 1 470 pages de ce roman, c'est une nouvelle fois toute la virtuosité du grand Charles Dickens qui s'exprime et se déploie à travers les destinées parfaitement maîtrisées de ses très nombreux personnages.



La qualité du travail de conteur, l'ingéniosité mise dans les rouages de la double narration aux multiples facettes, le grand souffle romanesque que Dickens sait, mieux que quiconque, distiller dans chacune de ses phrases, enfin son incomparable humour 'so british' aux accents cyniques, font de "Bleak-House" un monument littéraire.



On s'étonnera peut-être de trouver dans la liste des 110 livres préférés des Anglais pas moins de six romans de Dickens mais lorsqu'on plonge dans son oeuvre titanesque, on ne saurait plus s'étonner de rien. D'un roman à l'autre se retrouveront les thèmes qui lui sont chers mais il arrive si bien à les renouveler à travers les portraits typés de ces personnages - dont beaucoup sont inoubliables - qu'on ne se lasse jamais malgré la densité impressionnante de chaque roman.



Du rythme, de l'action, des rebondissements, du drame, de la tendresse, de l'amour... et un oeil peu conciliant et très critique sur la société qui était la sienne, ainsi que sur la nature humaine, sont les éléments avec lesquels Charles Dickens jongle avec une maestria inégalable.





Challenge BBC

Challenge PAVES 2018

Challenge MULTI-DÉFIS 2018

Challenge XIXème siècle 2018

Challenge PYRAMIDE
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David Copperfield

"David Copperfield" était le roman préféré de Charles Dickens et cette affection particulière s'explique sans doute en grande partie par le caractère partiellement autobiographique du récit.



Ecrit plus de dix ans après son célèbre "Oliver Twist", "David Copperfield" reprend les grands thèmes chers à l'auteur : l'enfance, l'éducation, la misère et l'ascension sociales, la famille, l'amitié et l'amour.



Parfaitement structurée, la narration entraîne le lecteur à travers l'espace d'une existence, celle d'un orphelin à qui la vie va sourire... ou non, selon les circonstances. Ce pourrait être la vie de n'importe qui, d'un héros lambda, mais avec Charles Dickens, il est parfaitement impossible de ne pas ressentir d'empathie ou de détestation pour le moindre personnage et aucun - principal ou secondaire - ne peut laisser indifférent le lecteur sensible et curieux des rapports humains.



Personnellement, c'est encore une fois l'incroyable galerie de figures, fantastiques par leur caractère et leur personnalité, que je salue dans ce roman, davantage peut-être que la trame qui ne contient pas à proprement parler d'"aventures", contrairement à "Oliver Twist" ou "Au magasin d'antiquités" par exemple. "David Copperfield" est un roman social plus psychologique, plus profond et qui semble tendre au lecteur un miroir où se reflètent ses propres doutes et espérances. Suivre l'existence de Maître David de son premier à son dernier âge m'a ainsi semblé moins exaltant que la découverte de ses incroyables parents, amis et ennemis, dans l'intimité de leurs qualités et de leurs vices. Tous se font l'écho de ce que le cœur humain peut receler de meilleur ou de pire, et Dickens sait mieux que personne apporter au spectacle de leurs actes la dose d'humour, de fantaisie, d'émotion et de drame qui marque durablement l'esprit des lecteurs et immortalise les grands romans.





Challenge XIXème siècle 2017

Challenge BBC

Challenge PAVES 2017
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