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Critiques de Christiane Taubira (128)
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Gran Balan

Gran Balan est un texte écrit d'une plume magistrale. À travers un procès, Christiane Taubira nous fait découvrir la Guyane, son histoire, sa culture, sa société.

Une vision d'un pays qui ressemble à la France par sa langue, ses voitures, ses entrées de ville mais n'en a pas la mentalité. Un pays aux multiples cultures : bushningues, les amérindiens, les créoles. Où la jeunesse à du mal à trouver sa place et n'a que peu d'espoir.

J'ai beaucoup aimé tous ses mots : noms de lieux, plantes, fêtes qui m'ont bien dépaysée. Ces histoires incroyables ou amusantes. Ces coutumes : le paré-masqué, le tololo, le carnaval, les superstitions.

L'auteure nous offre une belle réflexion sur la justice. Un texte de qualité avec de nombreuses références littéraires, musicales, des citations, j'avoue que je n'en attendais pas moins de la part de cette passionnée de littérature. Mais Christiane Taubira nous offre aussi un plaidoyer pour un pays qui a subi l'esclavage, la colonisation et qui oscille entre une mondialisation dont il n'a pas les clés et ses racines.

Un voyage confiné que je conseille à tous.

Rentrée littéraire 2020 – Plon

#Gran Balan#NetGalleyFrance

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Nous habitons la Terre

S'il fallait isoler une citation extraite de ce livre précieux et enthousiasmant, il faudrait que je cite toutes les pages dans leur intégralité, n'en omettre aucune!

Christiane Taubira n'est pas la première à écrire cette planète, ce monde où nous vivons et que nous vivons... Mais, dans un style incomparable de fluidité et de densité, elle expose sans esquiver les enjeux primordiaux pour notre survie. Il ne s'agit de rien de moins que de transcender nos peurs, nos égoïsme et d'ouvrir les yeux, d'y voir clair.

Car c'est la tolérance et ce rassemblement des particularisme, l'enrichissement mutuel par nos différence qui guide ce livre exigeant et bienveillant à la fois.

Christiane Taubira ne désespère pas, mais nous enjoint à la lucidité: pas celle, fausse et menteuse qui prône le replis identitaire, mais celle jamais satisfaite, curieuse des autres et indignée devant le malheur et l'injustice. celle qui ouvre les bras et le coeur.

Christiane Taubira convie les arts, au cours vif et onctueux de son livre pour illustrer un propos passionné. C'est aussi cela, bien écrire. C'est aussi montrer et condamner sans ambiguïté ce qui nous fait mal, nous paralyse et nous empêche d'avancer sereinement.

Puisque, ensemble, nous habitons la Terre.

Voilà. le livre est refermé, mais résonne encore dans ma tête avant de gagner d'autres couches de ma mémoire. Il fallait que j'en parle, mais une critique n'est qu'un aperçu et un ressenti dont j'espère qu'il donneront envie de lire le bouquin. Vraiment.





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Frivolités

C'est une proposition théâtrale en trois actes originale.

Une discussion à bâtons rompus à propos de ceux qui les tiennent et qui s'en servent le plus souvent sur le dos des femmes.

C'est donc très féministe, ce qui n'est pas surprenant. Mais c'est surtout "intersectionnel" pour utiliser les concepts et le vocabulaire chers aux militants. A l'intersection de multiples discriminations subies par certaines populations.

On peut le formuler autrement en citant avec actualisation un grand penseur du vingtième siècle :

“Dieu a dit : il y aura des femmes blanches, il y aura des femmes noires, il y aura des femmes grandes, il y aura des femmes petites, il y aura des femmes belles et il y aura des femmes moches, et toutes seront égales ; mais ça sera pas facile… Et puis il a ajouté : il y en aura même qui seront noires, petites et moches et pour elles, ce sera très dur !”

Les dialogues entre ces personnages féminins dont j'ai été incapable de retenir les prénoms sont dynamiques. Y a-t-il un sens caché à cette galerie ; Sequoyah, Dihya, Kayla, Sayna, Faiza, Véra (Scoubidoo?), Solavi, Célia, Tadéa, Keshia, Inaya, Gwendolyne, (Â)Solomiya... ?

J'ai eu un peu de mal avec leur homogénéité : les réparties sont vives et elles rebondissent d'un concept à l'autre avec une aisance suspecte. Il y aurait eu intérêt à glisser parmi elles une influenceuse tiktokeuse et une Marseillaise à n'importe où pour rendre l’ensemble plus proche de la réalité.

Mais le but me semble atteint : que les questions qu'elles se posent sur toutes les questions d'actualité soulevées deviennent par le biais de leurs échanges un peu les nôtres aussi.

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Baroque sarabande

Déjà plus de deux mois que j'ai abandonné à regret ce livre....Tout était pour me plaire : la personnalité dynamique, charismatique, courageuse , brillante de cette femme, devenue ministre de la Justice...

Ma curiosité s'est éveillée lorsque j'ai pris connaissance qu'elle parlerait des livres, auteurs qui l'avaient marquée...



Peut-être n'étais-je pas dans une disponibilité suffisante ou est-ce ce ton fréquemment revendicatif (historiquement, et c'est légitime !) qui a freiné mon élan... L'ensemble m'a semblé distant, froid... à mon avis, éminemment subjectif, je vous l'avoue !!...



Pour l'instant, j'abandonne... le parcours de cette femme est admirable... mais là, je ne parviens pas à entrer dans son ouvrage...Je le mets provisoirement de côté...
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Baroque sarabande

Un très beau titre que Baroque sarabande qui ouvre bien des portes. C’est un des messages de Christiane TAUBIRA. Ne vous interdisez rien, mais ayez le sens de l’analyse et de la critique, et étoffez vos lectures afin de mieux comprendre le monde autour de vous.



Sauf que trop de références au bout d’un moment lasse. Bien des auteurs sont énoncés et viennent éclairer Christiane TAUBIRA sur ses choix dans la vie de tous les jours et son amour pour la langue.



Un livre pour les érudits. Difficile de tout comprendre, vu qu’elle fait référence à des auteurs que je n’ai pas lus et donc pas le même ressenti. De plus, je n’ai pas les billes nécessaires pour apprécier à sa juste valeur les poètes qu’elle cite. Professeur Dan a décrit mieux que moi les difficultés à aborder ce livre.



Bref, il en restera que je lirai vraisemblablement quelques-uns des auteurs dont parle Christiane TAUBIRA. C’est toujours ça.

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Baroque sarabande

Sans parler de politique, puisqu'il n'en est nullement question ici, je peux vous confier que j'ai toujours apprécié Christiane Taubira pour son humanité, son érudition, son éloquence. Et j'ai retrouvé tous ces traits sous sa plume dans Baroque Sarabande.



Bien que le fil rouge de cet essai soit la littérature, l'érudition de Christiane Taubira ne s'arrête pas là et elle n'a de cesse de créer des liens entre la littérature et la peinture, la musique, la chanson, la photographie, la sculpture, le cinéma, la danse et même le sport !

Ses références sont nombreuses et variées même si l'on devine où vont ses préférences (Césaire, les auteurs créoles et surtout les poètes de tous bords ne sont jamais très loin).



Les livres dont elle nous parle mettent aussi en lumière son humanisme : il y est question de la condition féminine, d'esclavage et de colonialisme, de régionalisme et des DOM-TOM...



Christiane Taubira est aussi éloquente et efficace à l'écrit qu'à l'oral. Sa plume peut parfois paraître un peu complexe mais toujours très poétique et musicale.

Dans Baroque Sarabande, il est souvent question de la langue (ou devrais-je dire des langues), une langue mouvante qui s'enrichit inlassablement. Il y sera donc aussi question de traduction, de linguistique...



Un ouvrage donc fort intéressant, qui a emmené ma curiosité vers de nombreux auteurs qui m'étaient inconnus.
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Murmures à la jeunesse

Des clés pour comprendre pourquoi il ne faut pas que la loi sur le retrait de la nationalité soit votée, c'est surtout ce que j'en attendais et les réponses sont claires : en ce qui me concerne mission réussie.

Pour les murmures à la jeunesse, j'aurais aimé savoir écrire les mêmes : épicurisme et culture pour lutter contre l'obscurantisme, pratique du doute pour évincer les fanatismes.

Un essai politique sans haine et sans vulgarité, c'est si rare.
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Gran Balan

Le jeune Kerma se retrouve au tribunal accusé d’avoir transporté dans son taxi clandestin, des amis malfaiteurs pour les amener sur les lieux d’un braquage qui a mal tourné. Kerma aime simplement rendre service rien de plus et le voilà entraîner malgré lui dans une affaire de meurtre.



Ainsi commence le livre de Christiane Taubira, tout le monde connaît la verve de l’ancienne ministre de la Justice, et dans son roman on retrouve toute cette éloquence, cette ardeur, cette chaleur pour nous parler de sa terre natale, un récit coloré, vivant, mais aussi un portrait sans concession de ce pays gangréné par le chômage, le racisme, le manque d’infrastructures et la violence. L’insécurité un véritable fléau, trafic d’armes de drogues, violences gratuites, l’emploi plus rare qu’un 30 février. L’occasion d’évoquer le faible attrait de l’école, l’échec des structures d’insertion professionnelle, de l’ennui, du manque de loisirs, l’attrait de faire la mule pour les trafiquants de drogue, l’argent facile.



Bienvenue au pays des mensonges de bonne foi, dont les rues se transforment pendant deux mois en une liesse païenne où le clergé en prend pour son grade et sa réputation avec des femmes qui le temps du carnaval prennent le pouvoir, elles envoûtent, toutes en séduction, elles sont sensuelles, voluptueuses, libertines, voir lubriques.



Accompagnés par un éducateur, des garçons et de filles, lors des veillées, parlent du passé, de l’esclavage, des ancêtres, des relations entre les familles créoles et les Amérindiens en provenance du Surinam ; la ruée vers l’or, des siècles de misère et de souffrance, du rôle discret, mais primordial des femmes qui ont tissé avec leurs mains le destin des grands hommes. Des mamans créoles qui aujourd’hui plus que jamais veulent faire de leurs enfants des adultes exemplaires.



Mais ces conversations se transforment vite en bavardage et je dois reconnaître que j’ai eu beaucoup de mal à m’immerger dans ce livre qui n’est pas vraiment un roman, entre traité historique et documentaire, les personnages sont secondaires et ils s’effacent rapidement au profit des idées qui foisonnent trop peut-être, c’est un peu fouillis. Reste une grande fresque sociale écrite avec le cœur.

Merci infiniment aux éditions Plon et à Babelio qui m'ont offert l'opportunité de lire ce livre.







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Gran Balan

« Gran Balan » Christiane Taubira (360 pages, Plon).

Quel dommage !

Voici pourtant une remarquable plaidoirie, enthousiaste, très éloquente, pleine d'empathie, d'une belle révolte et d'une saine colère, parfois bouleversante, généreuse et très engagée à laquelle on ne peut être insensible. Une plaidoirie pour ce D.O.M., la terre de Guyane ; pour sa forêt, ses fleuves, ses odeurs, ses couleurs, ses sons. Une plaidoirie de solidarité profonde avec une population pauvre, si souvent humiliée, avec une jeunesse condamnée au désoeuvrement, pour laquelle il est si difficile de s'imaginer un avenir. C'est aussi un hymne à la langue créole colorée, si chantante et dépaysante à laquelle Christiane Taubira fait une large place. Et lorsqu'elle n'use pas du créole, son écriture de femme cultivée, pleine de références est exigeante, protéiforme, gouleyante, très riche (parfois trop ?) Et puis c'est une belle galerie culturelle où défilent des coutumes, une cuisine, une flore et une faune, des poètes, des chanteurs (on peut sur internet découvrir des concerts de « la grande, belle et digne Josy Mass, reine indétrônable du lérol et du Kanmougwé »), des femmes courage, femmes de peu mais si fortes, si dignes.

Et c'est encore un plaidoyer contre les méfaits du colonialisme d'avant-hier et d'hier, un rappel de l'histoire régionale (qui dépasse la Guyane et englobe ses voisins), et de toutes ses horreurs. Mais aussi contre l'emprise coloniale d'aujourd'hui. Contre les jeux et les abus de pouvoir de l'administration et de la fonction publique et de leurs agents importés de métropole à grands frais, au mépris des locaux à qui l'on ne laisse entrevoir que des postes subalternes. L'avant dernier chapitre, centré sur la crise sociale qui secoua la Guyane au printemps 2017 est un vrai reportage, où l'auteure démonte les coulisses du conflit, comment l'Etat français a su, dans une pirouette, se débrouiller pour favoriser de puissants intérêts miniers bien peu légitimes (j'ai juste trouvé assez surprenant que les seuls responsables politiques qui trouvent grâce aux yeux de Christiane Taubira soient les deux jeunes et nouveaux ministres envoyés sur place en mars 2017... ministres d'un gouvernement dont elle faisait partie comme garde des sceaux un an plus tôt). Quant au compte-rendu de procès qui clôt le livre, Christiane Taubira fut assez longtemps aux premières loges pour témoigner avec réalisme d'un système judiciaire qui broie les plus humbles, (ah quelle scène finale poignante en pleine cour d'assise !)

Toutes ces qualités font que si un jour j'ai la chance d'aller là-bas, je glisserai certainement ce livre dans ma valise, pour mieux comprendre et m'approcher avec sensibilité de cette Guyane, de ce monde si proche, et si loin de la métropole.

Et alors, quel est donc le problème ? C'est que là-dedans, le roman, ou le projet même d'un roman est totalement absent. Il n'y a pas d'histoire (le scénario complet ne semble qu'un prétexte et tient en deux lignes), ni aucun rebond narratif. Les descriptions ethnologiques sont exhaustives (par exemple, le chapitre 2 supposément centré sur le personnage Hébert, compte 41 pages, dont 38 de pure description du carnaval local, mode «lonely planet» en plus sympathique et plus vivant). Pire, il n'y a en fait pas vraiment de personnages, ils sont totalement transparents, sans épaisseur, l'auteure ne leur laisse aucune place, elle s'impose, ou s'interpose partout, entre eux et le lecteur. Elle nous livre ses propres commentaires politiques, sociaux et culturels (très intéressants au demeurant), en les mettant maladroitement dans la tête des personnages, voire dans leur bouche, dans la bouche de jeunes qui n'ont pas son parcours, ce qui fait assez « décalé » ... Ils ne sont que les faire-valoir de l'auteure, qui surplombe en permanence le récit. La dimension romanesque est ainsi totalement diluée. Parler ici de roman tient de la publicité mensongère. « Gran Balan » propose en réalité une sorte d'excellente et longue soirée thématique de la chaine Arte. Quant au « premier roman de Christiane Taubira », le vrai premier roman, on espère le lire un de ces jours.

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L'esclavage raconté à ma fille

Il paraît que l'esclavage a toujours existé? Parle-moi de ces nègres marrons que tu aimes tant... La France devrait donc regretter toute l'aventure coloniale ? Quelle est la différence entre l'esclavage contemporain et l'esclavage dit "moderne" ? Une mère militante et passionnée raconte à sa fille l'histoire des souffrances et des révoltes des peuples victimes de l'esclavage. Avec une remarquable force de conviction, elle rappelle que, si cette pratique est abolie en France depuis cent cinquante ans, ses conséquences morales, politiques et économiques affectent aujourd'hui encore des millions d'individus. Le style incisif et flamboyant de Christiane Taubira-Delannon fait d'abord de son livre une oeuvre d'écrivain.

Éditions Philippe Rey 7, rue Rougemont 75009 Paris - Tel : 01 40 20 03 58
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Gran Balan

Quelle écriture, mais quelle écriture !!!



On est immergé dans la Guyane d'aujourd'hui et d'hier, au travers de ses coutumes et de son histoire.

Moi, je suis de métropole, et cela m'a passionnée d'en apprendre plus sur mes compatriotes guyanais. Pourquoi n'apprend-on pas l'histoire des colonies françaises? Parce qu'il faudrait aussi expliquer l'esclavage ?



C'est un cri de colère aussi, celui de la jeunesse abandonnée par le pouvoir central parisien... au travers de l'histoire de Kerma, on navigue entre son histoire personnelle et celle de cette province lointaine.



J'ai beaucoup aimé, le seul bémol, c'est que je me suis un peu perdue par moment, mais franchement aucun regret, Christiane Taubira m'a embarquée en Guyane et c'était magique !
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L'esclavage raconté à ma fille

Voici un livre tout simplement d'utilité publique. Il doit être lu par tous, tout le temps, à tout âge.

Christiane Taubira réussi l'exploit de résumer en un livre de moins de 200 pages, l'histoire et les origines d'un des plus grands fléau de l'humanité : l'esclavage.

Elle va nous exposer les fondements et les idées qui ont menés les être humains durant près de quatre siècles à rationaliser et légitimer le commerce et l'asservissement de tout un peuple : la traite négrière, à mettre en place le fatal commerce triangulaire sur lequel la société occidentale s'est basée et construite mais dont on connait parfois très peu les dessous, comment certains "grands hommes" ont accepté et soutenu ce système, les gouvernements aussi, mais également comment d'autres se sont dressés contre ces pratiques. Mais il y a bien plus encore car elle nous démontre également que l'esclavage ne fut et n'est pas seulement affaire de couleur, mais qu'il prend ses racines dans des mentalités ancestrales et perdure jusqu'à aujourd'hui mais sous d'autres formes.

Dans ce livre, qu'il est impossible de résumer en quelques phrases tant il est dense en informations, en références et en connaissances, Christiane Taubira réussit non seulement l'exploit de passer en revue une page de l'histoire de l'humanité longue et complexe mais aussi et surtout de le faire d'une manière extrêmement pédagogique, — grâce à la forme choisie de questions/réponses avec sa fille — et à la fois claire et précise. Le tout ssans jamais tomber dans la démagogie, ni être emprunt de haine ou de ressentiments (chose que j'admire et dont je serai incapable) mais en restant attelé aux faits, dans leur horreur, dans leur entièreté, d'une manière intelligente et intelligible.

C'est aussi un récit qui tout en expliquant le passé garde les yeux rivés vers l'avenir, avec espoir et même beaucoup de foi dans le genre humain.

Encore une fois, je le répète, un livre d'utilité publique. D'autant que bien des aspects de cette histoire fondamentale sont malheureusement oubliés des manuels et programmes scolaires, et par conséquent des inconscients collectifs.
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Murmures à la jeunesse

Un petit livre d’une personne très brillante avec des convictions, petit mais intense. Il m’importait de lire Christiane Taubira, une femme politique atypique qui a eu le don de me séduire dans le passé mais aussi de m’exaspérer voire même de me mettre très en colère parfois. Après l’émotion immense suscitée par les attentats en 2015, j’étais assez pour la déchéance de nationalité… pour le symbole. Mais quand on commence un peu à réfléchir, c’est tellement inutile et sans doute plus nocif qu’autre chose. C’est pour cela aussi, pour m’éclaircir peut-être un peu les idées, que j’ai eu aussi envie de lire Christiane Taubira. Elle a une grande force de conviction et sait trouver les mots pour convaincre. Très brillante, je vous l’ai dit, avec une culture qui me dépasse amplement. Elle fait référence à de nombreux ouvrages qu’elle a lus, analysés. J’avoue que je ne les connais pas. Parfois je me suis sentie un peu dépassée par son vocabulaire et ses références. Néanmoins, par moments j’ai aimé son discours. Elle revient sur les attentats, les faits, les raisons qui nous y ont mené, ce qu’il faudrait faire…. Elle dit s’adresser à la jeunesse…. On ne le ressent que très peu dans ses paroles. Ce livre s’adresse plutôt à tous, citoyens français, citoyens du monde, humains.

Visiblement je ne suis pas la seule à avoir voulu lire ses convictions, son livre se vend très bien. Voici ce qu’en disait Livre Hebdo, ce matin : « Les ventes de Murmures pour la jeunesse de Christiane Taubira (P. Rey) démarrent en flèche et le livre fait son entrée en 2e position du Top 20 GFK/Livres Hebdo, tous genres confondus, pour la semaine du 1er au 7 février, un palmarès toujours dominé par La France pour la vie de Nicolas Sarkozy (Plon).

Les éditions Philippe Rey, qui l’avaient tiré à 45 000 exemplaires pour sa sortie le 2 février, ont réimprimé le livre de l'ancienne Garde des Sceaux trois fois dans la semaine, si bien qu’il atteint un tirage de 145000 exemplaires, dont 85000 sont sortis ».

Voilà, à vous de vous faire votre propre opinion. Malgré le vote ce jour devant l’Assemblée Nationale, le débat n’est pas clos et la Constitution n’est pas encore changée.

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Baroque sarabande

Christiane Taubira est peut-être une personnalité clivante, on peut lui trouver un caractère trop autoritaire mais nul ne peut nier sa grande culture et sa qualité d'expression écrite et orale. Est-ce générationnel ? Combien d'hommes et femmes politiques peuvent aujourd'hui se targuer d'une telle culture.

Christiane Taubira rend hommage dans cette sarabande à tous les auteurs mais aussi musiciens, cinéastes qui l'ont forgée. Que de références, trop parfois ! Elle explique qu'elle n'a pas souhaité évoquer des auteurs déjà très connus. Elle convoque plutôt des auteurs sud américains, africains, antillais, explique combien la littérature lui est nécessaire comme l'air, la nourriture, la protège et lui fournit des armes. Vous serez peut-être déçus si vous vous attendez à un récit intime, personnel même s'il est un poil autobiographique mais que de réflexions sur la langue, les livres, quelle sincérité, quelles envolées lorsqu'elle évoque toutes les oeuvres qui l'ont marquée. Des oeuvres qui l'ont confortée ou lui ont été hostile mais qu'elle a admirées.

Un très bel hommage à la littérature en général, capable de nous transcender.

"Des livres qui nous réveillent, nous bousculent, nous désolent ou nous réconfortent, nous fouillent nous éclairent, nous sauvent des naufrages"

Très belle plume qui plus est.
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L'esclavage raconté à ma fille

Expliqué à ma fille... c’est vite dit. Il faut que ce soit vraiment une grande fille alors, car même une lycéenne pourrait avoir du mal à le lire. Pas parce que c’est ardu, non ; mais parce que ce livre est empli de références très pointues, et écrit dans un langage très soutenu.

Pour ma part, étant une grande fille depuis quelques décennies je l’ai beaucoup aimé.

D’abord j’ai aimé y reconnaître la voix de Taubira, chantante et ferme à la fois. Dans une introduction d’une vingtaine de pages avant que ne commence le dialogue proprement dit, j’ai aimé sa belle écriture, tout aussi précise que divagante. J’aime ses inventions de langage, comme sa "mondialité" des humains, opposée à la mondialisation financière.

Le livre passe ensuite aux faits.

Dans la première partie, elle retrace de façon détaillée l’historique de la traite et de l’esclavage, déconstruisant au passage les grands textes des Droits de l’Homme, les écrits des Lumières, les idées issues de l’indépendance américaine, citant aussi bien Condorcet que Césaire et Fanon (… et Bob Marley). Elle se place résolument aux côtés de ses aïeux esclaves marrons, et remet à leur juste place les révoltes souvent occultées : non, la France n’a pas "accordé" l’abolition de l’esclavage, ce sont les révoltes noires qui l’ont obtenue en grande partie.

Ensuite elle discute de la notion de réparation, qui "suppose que soient révisés les rapports de force hérités de la période coloniale, qui est fille de la période esclavagiste." La colonisation est vue au prisme de l’Algérie et d’Haïti. Taubira évoque et justifie la loi portant son nom, qui reconnaît l’esclavage et la traite comme des crimes contre l’Humanité, une loi issue d’une profonde réflexion qu’elle explique ici avec ses beaux mots.

La dernière partie aborde l’esclavage moderne, notamment en Mauritanie ou en Haïti, précisant les différences entre des faits aujourd’hui clandestins, illégaux, et l’immense système économique de l’esclavage du 15ème au 19ème siècle.

Un tout petit bémol : beaucoup de "L’Éducation nationale devrait" faire ci ou ça… Elle le fait déjà, Madame Taubira, je peux en témoigner. (Et c’est grâce à des personnes comme vous.)

Livre d'Histoire, plaidoyer... ode à l'Humanité.

Challenge Départements (Guyane)
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Gran Balan

Hasard du calendrier, je lisais le premier "roman" (je m'expliquerai des guillemets plus loin) de Christiane Taubira au moment où elle a fait son intervention pour ouvrir la porte au statut de présidentiable que lui prêtent beaucoup de ses partisans depuis des années.

Autre hasard du calendrier, je disais justement à mon fils l'autre jour : "tu sais, il faut se méfier des livres écrits par des gens célèbres. Souvent, les éditeurs les publient non pas parce qu'ils sont bons (même si ça peut arriver), mais parce qu'ils ont été écrits par des gens célèbres, et qu'ils attendent - non sans raison - beaucoup de ventes pour ce motif."

Avant tout, je précise une chose importante : je ne suis pas là pour "me faire" Christiane Taubira. C'est une dame intelligente, cultivée et courageuse, elle est de mon bord politique et si d'aventure elle se présentait à la présidentielle, il se pourrait bien que je vote pour elle. D'ailleurs, son amour du peuple et des petites gens (critère numéro un en ce qui me concerne pour une personnalité politique) ne transparaît que trop clairement dans son livre.

Et pourtant, je ne l'ai pas aimé, mais alors pas du tout. Revenons déjà sur l'escroquerie principale, constituée des 5 lettres du mot roman, inscrites en lettres italiques et en tout petit sur la couverture, comme si on en avait un peu honte.

Non, ce livre n'est pas un roman.

C'est au mieux un assemblage de nouvelles très politisées avec bien peu de liens narratifs entre elles et de nombreuses digressions politiques et d'opinion, au pire un essai déguisé avec des éléments de narration.

Dans toute cette soupe bien confuse, par ailleurs fort bien écrite (mais ça, ce n'est pas surprenant, c'est précisément par une capacité hors-normes à élever le débat par son niveau d'expression bien au-dessus de la pâle moyenne des personnalités politiques que Mme Taubira s'est forgée un statut de présidentiable), il surnage quelques passages très intéressants, comme la visite de l'éducateur Pol-Alex Hossi dans un établissement pénitentiaire pour mineurs en pleine brousse, ou la plaidoirie de l'avocat de la défense tout à la fin... Des moments trop rares hélas pour donner un intérêt réel à cet ouvrage décousu, dont j'ai dû sauter de nombreux passages et en lire bien d'autres en diagonale, tant c'était rempli de défauts rédhibitoires en ce qui me concerne : passages du coq à l'âne, digressions politiques décrochées de la narration, dialogues dénués d'intérêt, personnages non incarnés.

On sent bien entendu l'amour de sa Guyane, on comprend les injustices coloniales dont certaines perdurent jusqu'à aujourd'hui, le manque de perspectives, le désespoir de cette jeune population, tout cela aurait pu être passionnant, si seulement elle n'avait pas cherché à en faire autre chose qu'un essai.

Mme Taubira est une femme brillante, mais ce n'est pas une écrivaine de romans.

Et le pire, c'est que je soupçonne qu'elle est parfaitement consciente de tout cela, j'en veux pour preuve sa dédicace finale à l'adresse de son éditeur - je suppose -, dont elle loue "l'enthousiasme déraisonnable."
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Gran Balan

Dès les premières lignes de Gran Balan, la fiction s’invite dans le domaine de la justice. Christiane Taubira commence par décrire le moment du procès où le procureur accuse un chauffeur de taxi d’avoir conduit pour 15 euros une bande de copains pour un acte délictueux,

Dans Gran Balan, Christiane Taubira nous présente la jeunesse de son pays avec différents personnages qui vont évoluer entre mardi gras et le mercredi des cendres.

Kerma, le chauffeur, est pauvre même s’il travaille et se rend compte de sa difficulté à dire non. Hubert appartient à la tradition des Touloulous sales, et avec lui, le carnaval de Guyane est découvert. Pol-Alex Hossi est un éducateur spécialisé. Il rassemble dans son séminaire de deux jours des filles et des garçons d’un CER fermé pour apprendre à être ensemble. Avec Dora, Christiane Taubira présente la célébration du Kéti Kiti Day pour la fin de l’esclavage dans le sud du pays. Sula, l’artiste délurée, introduit l’histoire de la conquête de l’or avec la présentation des orpailleurs guyanais. Et tous, vont se retrouver lier au procès du chauffeur.

Avec Gran Balan, Christiane Taubira présente la Guyane, ce département français situé au carrefour de toutes les attentes et des contradictions, avec son histoire, sa culture, sa végétation, sa flore, etc. Loin d’être un relevé touristique, l’auteure dénonce l’abandon du pouvoir central et la main mise des trafiquants. Du coup, l’insécurité monte irrémédiablement. Et, cette jeunesse est en danger !

A l’image de ses femmes dont Christiane Taubira révèle le courage et la force tout au long de son grand bal guyanais, elle prend la plume pour dénoncer et alerter. Alors qu’en France, on s’insurge sur la violence en manifestations, la Guyane demande plus de bleus dans les rues, et pas en stage, non, mais en poste, pour prendre en main ce pays gangréné.

La langue est riche, vive et chatoyante. Le style est passionné à l’image de son auteure sensible et entière. L’abondance de mots inconnus démontre notre méconnaissance abyssale. La Guyane est connue pour avoir hébergé le bagne de la France métropolitaine et le Centre Spatial Guyanais à Kourou. Ici, Christiane Taubira donne une autre identité à cette province luxuriante, pluriculturelle et métissée.

Ce Gran Balan est une ode à la Guyane, à sa beauté et à sa superbe diversité, mais aussi un appel à plus d’attention sur ce département qui va très mal et que l’on panse régulièrement sans le soigner vraiment.

Merci #Massecritique @Babelio et @EditionsPlon @ChTaubira pour #GranBalan #rentréelitteraire2020

https://vagabondageautourdesoi.com/2020/10/05/christiane-taubira/
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Nuit d'épine

Intéressant et souvent poétique, même si parfois on a l'impression que la culture, c'est comme la confiture...
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Murmures à la jeunesse

Ce titre est-il un choix de l'auteur ou de l'éditeur? On dirait une de ces tartes à la crème sur le développement personnel qui nous enseigne à lâcher prise et à respirer avec les doigts de pieds.

Aucun murmure dans ces pages, mais un grand cri pour dénoncer l'absurdité de ce projet de loi visant à priver un individu de l'un de ses droits fondamentaux. Alors moi aussi je m'y mets, je crie AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH!

Car je suis bi-nationale, mes enfants et petits-enfants aussi, et ça ne dérange personne. Je n'ai pas de troubles identitaires, j'aime la France, et j'aime connaitre les cultures et les pays voisins. Si la France adopte des citoyens venus d'ailleurs, vouloir les renier prouve qu'elle n'a pas su les intégrer dans sa "famille" culturelle.

Ce livre s'adresse aussi aux vieux, aux Parisiens, aux Français de l'étranger, aux habitants de St Pierre et Miquelon (dont on ne parle pas assez), à mes voisines venues d'Italie, d'Espagne, du Portugal, de Tunisie, du Maroc, du Mali, du Sénégal, de Guinée, de Serbie, du Kosovo, et dont les enfants sont Français, n'en déplaise à certains.
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Ces morceaux de vie... comme carreaux cassés

Sept nouvelles, et autant de portraits de femmes, sauf pour une...qui est un portrait au vitriol d'un homme plutôt méprisable.



Depuis Gran Balan, Christiane Taubira nous propose une plume émaillée par moment de créole, et ça me plait. Bon il faut parfois chercher la définition de certains mots, mais pas grave.



De découvrir surtout la vie de ces compatriotes si loin de la métropole. Leurs histoires, leurs ressentis, leurs rêves...leurs amours, leurs emmerdes...



J'ai adoré Inès, un personnage très insurgé contre les injustices et Claire, Cécile et Céline qui nous emmènent dans le parcours de leur ancêtre, esclave.



Très réussi, j'ai comme toujours adoré la proposition de Christiane Taubira, que j'aime lire, parce que c'est puissant, très bien écrit et qu'elle ne cède jamais à la facilité.
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