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EAN : 9782259278652
288 pages
Plon (26/09/2019)
3.75/5   69 notes
Résumé :
La nuit, chacun la voit, la vit, la sent, l'apprivoise à sa manière. De celle de Guyane, trouée d'un faible lampadaire sous la lueur duquel, enfant, à la faveur de la moiteur et du silence, elle allait lire en cachette, à celle qui lui permettait de régler ses comptes avec les péchés capitaux que les religieuses lui faisaient réciter dans la journée, la nuit a souvent été, pour Christiane Taubira, une complice, une alliée, une sorte de soeur intime, un moment partic... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Christiane Taubira nous livre ici un "récit littéraire" certes autobiographique, mais surtout magnifié par son exigence d'écriture, parfois même un peu difficile à suivre. Elle use d'une telle précision de vocabulaire dans la description de la nuit d'origine, durant l'enfance en Guyane, que j'ai envisagé de faire des listes pour jouer aux animaux ou règne végétal de A à Z...

Chaque chapitre relate une nuit particulière dans sa vie de femme, et surtout bien sûr, de femme politique. J'admirais déjà la Ministre de la Justice et garde des Sceaux, celle qui a impulsé et porté des lois importantes, comme celle sur la reconnaissance de l'esclavage, ou celle du mariage des couples homosexuels. Ici, j'ai découvert une femme de conviction, une femme plus que cultivée, vraiment érudite, mais aussi une femme qui a eu le courage de ses convictions. Ainsi, une nuit elle marche dans les broussailles pour retrouver, le temps d'un éclair, son mari, militant indépendantiste recherché, en portant son fils contre elle. C'est dangereux, elle est surveillée, mais elle marche, à l'écoute des bruits qui pourraient l'alerter.

Elle raconte encore une nuit sur le fleuve Maroni, en Guyane, alors qu'elle descend par un train de bateaux pour tester un convoi scolaire. Elle combat les aberrations administratives : les enfants peuvent aller à l'école en bateau, mais comme les fleuves ne sont légalement pas navigables, les compagnies d'assurance n'assurent pas. Elle raconte aussi les nuits à l'Assemblée Nationale, lorsqu'elle a défendu la loi pour le mariage des homosexuels, alors qu'elle était vilipendée, même menacée. Ou encore la nuit du Bataclan, la réaction rapide des médecins pour évacuer les blessés... Parfois, les nuits sont plus douces, comme celle de l'International Jazz Day à la Maison Blanche, avec le couple Obama, dans les jardins alentour.

Christiane Taubira revient souvent sur ce qui lui tient à coeur : les injustices coloniales envers son pays (la cité spatiale pour laquelle on a exproprié des villages entiers, le trafic de l'or, la déforestation...), l'esclavage, le racisme ordinaire, et bien sûr la justice, la Constitution, la Déclaration des Droits de l'Homme, les lois. Elle cite à l'appui les poètes, les écrivains (là encore, on pourrait faire des listes, et cela me décide à lire les auteurs de la francophonie), les hommes politiques, elle trouve des musiques et paroles pour les moments traversés. Elle est très mélomane : classique, opéra, jazz - souvent, elle quitte le ministère pour assister à un concert ou à un opéra, un film, puis retourne à une séance de nuit à l'Assemblée, ou lire des dossiers.

Elle a vraiment une écriture très littéraire, exigeante, et raconte avec intégrité et discrétion, sans se mettre en avant, les événements, ses ressentis, perceptions et réflexions.
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Une autobiographie intéressante de cette grande dame politique. On y découvre son enfance guyanaise au milieu d'une fratrie de huit menée par une mère exceptionnelle et tout son parcours jusqu'au ministère de la justice avec les derniers chapitres consacrés aux grands événements de son mandat en tant que ministre de la justice : l'adoption de la loi sur le mariage pour tous, la nuit du 13 novembre et la gestion post-attentats et enfin la loi sur la déchéance de nationalité qui conduira C. Taubira à présenter sa démission à F. Hollande. C'est très dense, remarquablement écrit, émaillé d'éléments poétiques et en particuliers de passage des grands standards de Jazz dont C. Taubira se révèle grande connaisseuse. Mais en effet, c'est pour moi un peu "too much" dans l'égrenage des références culturelles qui finissent par aboutir à l'effet inverse de celui recherché... En tous cas, on aimerait bien que cet humanisme éclairé de gauche soit un peu plus présent parmi notre personnel politique. Pourvu qu'elle revienne !
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Difficile lecture que cette Nuit d'épine. Difficile critique donc. J'ai parfois adoré l'écriture fluide de Christiane Taubira lorsque celle-ci se livre et nous raconte de vrais moments, de vrais histoires personnelles qui nous touche : le chapitre sur le décès de sa mère a été à cet égard le premier à m'émouvoir et il m'a poussé à poursuivre. de même, quel régal que ces pages sur les débats à l'Assemblée Nationale sur le Mariage pour Tous ! le style est alors emporté, passionné, flamboyant, franc et direct ! Et en comparaison, bien d'autres passages m'ont été difficiles à lire tant ils sont ampoulés, parasités par des références à n'en plus finir, décousus dans leur temporalité et leur sujet. J'en ressors donc extrêmement frustré !
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Intéressant et souvent poétique, même si parfois on a l'impression que la culture, c'est comme la confiture...
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Je profite de ce temps pour trouver des moments… J'en ai trouvé un, de moment. C'est la nuit…
La nuit reste moins désordonné que le jour ;
La nuit je vie ;
La nuit je suis ;
La nuit j'ai le temps ;
Et pendant la nuit…
J'ai débuté « Nuit d'épine » de Christiane Taubira… Une femme que j'admire, que je soutiens, qui a un amour des mots, de la littérature et de la culture… Voici le résumé du livre :

La nuit, chacun la voit, la vit, la sent, l'apprivoise à sa manière. de celle de Guyane, trouée d'un faible lampadaire sous la lueur duquel, enfant, à la faveur de la moiteur et du silence, elle allait lire en cachette, à celle qui lui permettait de régler ses comptes avec les péchés capitaux que les religieuses lui faisaient réciter dans la journée, la nuit a souvent été, pour Christiane Taubira, une complice, une alliée, une sorte de soeur intime, un moment particulier.
C'est la nuit des chansons qu'on adore et dévore, la nuit du sommeil qui refuse qu'on annonce la mort d'une mère, la nuit des études passionnées et des yeux en feu à force de scruter les auteurs sacrés, la nuit qui ouvre sur les petits matins des métros bougons et racistes. C'est aussi la nuit des militantismes, de la Guyane qui se révolte, des combats furieux à l'Assemblée autour du mariage pour tous – un cathéter au bras et le courage en bandouillère. C'est enfin la nuit d'un tragique vendredi 13, bientôt suivie de celle où l'on décide d'un adieu.

Ces nuits des espoirs, des questions, des inquiétudes parfois, des colères aussi sont un roman du vrai. Un récit littéraire où l'auteur montre que la vie est souvent plus forte, inventive, poétique, envoûtante, dure, terrible que bien des fictions.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
La nuit permet tout : toutes les audaces, toutes les images, toutes les noces sémantiques, imaginaires, lyriques. Et moi qui ne connais pas encore Moscou, même pas celle de Michel Strogoff, non plus celle des Cosaques de Tolstoï, je la vois, cette ville, plus vivante, qu'elle ne peut être, parce que je la vois la nuit et par les yeux d'un poète.
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Les quelques pirogues que l'on croise sont celles d'orpailleurs clandestins. Le trafic bat son plein , avec tous ses effets, destruction des écosystèmes, pollution du lit des rivières, maltraitance des sols, empoisonnement au mercure, trafic en tout genre : médicaments, carburant, or, matériel, alcools, jeunes femmes et jeunes filles, avec des complicités diffuses. Comme d'habitude, l'administration, dans toute sa splendeur en territoire déshérité, tape sur ceux qu'elle peut, les quelques artisans à demi en règle, ignore ceux qui ignore ses lois et son autorité, pérore, menace, en attendant de retrouver peut-être, un jour, grâce à ses jeunes soldats dévoués, le contrôle du territoire. Pour l'heure, elle hausse le ton en ville à la radio et à la télévision, néglige les comparses probables dans le commerce et les services, procède comme par le passé où elle se souciait au lieu de protéger la forêt, les cours d'eau et la ressource minière, de quadriller l'hinterland par des postes de douanes (oui, oui, neuf au plus fort du deuxième cycle de l'or, à Grigel, Waki, Inini, Maripasoula, Abounami, Beïman, Sparwine, Mana, Saint-Laurent). Elke lève donc taxe sur ce qui ne peut lui échapper : l'activité des bijoutiers. Cela lui suffit pour le moment.
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Ainsi vont les bavures policières aux Etats-Unis. A cette cadence, ce nombre et cette impunité, s'agit-il encore de bavures ? Ils prétendent souvent, les très rares fois où il y a enquête, qu'ils ont cru que... il allait tirer, il dissimulait quelque chose sous sa capuche, il cachait de mauvais desseins d'autant plus dangereux que rien n'en transpirait, il faisait semblant d'avoir les mains en l'air, son pistolet jouet ressemblait à un vrai colt, il allait sortir un mauser de sa poche au lieu de la pièce d'identité requise, il mentait quand il disait qu'il ne pouvait respirer... De quoi ont-ils peur ? De quels dangers se prémunissent-ils ? De quel bord viennent les assassinats depuis des lustres ? Qui tire sur qui ? Qui lynche qui ? Qui exécute qui sans risques ? Qui cherche à décimer quels jeunes mâles ?
Et qui, a contrario, expérimente au plus jeune âge l'insécurité diffuse et insensée ?
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Lorsqu'ils ont assassiné Martin Luther King, il n'avait pas quarante ans. Medgar Evers non plus. Pas plus qu'Ernesto Che Guevara. Ni Malcom X. Ni Zapata, ni Sandino, ni CamilloTorres Restrepo. Ni Sankara. Avant d'être enfermé dans le Jura dans ce petit cachot du fort de Joux sans lumière ni chauffage ni nourriture et d'y périr de froid et de faim, Toussaint Louverture avait bravé Leclerc, général napoléonien qu'il avait fait plier et qui, sournoisement, le mit aux fers : " En me renversant, vous croyez avoir abattu l'arbre de la liberté à Saint-Domingue, mais il repoussera car ses racines sont profondes et puissantes. "
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Le soleil s'éclipse d'un coup à dix-huit heures quarante-cinq. Tout se recouvre d'ombre, opaque d'abord, puis étonnamment légère et diaphane au fur et à mesure que l'oeil s'habitue. Les stridences commencent sans annonces à l'obscurité tapante. Mystérieuse nature. C'est alors que démarre à Mana, plus à l'ouest que Cayenne le long du littoral, la volée de moustiques. Elle fuse, surgie de nulle part ou peut-être du fleuve, à dix-huit heures trente pétantes et s'achève à dix-neuf heures. Tant pis pour les raisonneurs pointilleux qui ne croient pas les insectes capables de telle ponctualité. S'ils tardent à se barricader durant cette demi-heure ils en sont quitte pour une raclée de piqûres, et c'est leur chance quand ils n'en récoltent ni paludisme, ni dengue, ni zika, ni chikungunya. Les fièvres peuvent être aussi redoutables que les noms paraissent exotiques.
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